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Tisdagen den 11 september 2018 - Strasbourg Reviderad upplaga

3. Högtidligt möte - Libanon
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  Le Président. – Monsieur le Président, vous êtes le bienvenu au Parlement européen. Pour nous, c’est un honneur, un grand plaisir de vous recevoir ici dans la maison de la démocratie européenne. C’est très important pour nous de vous écouter. La situation dans la Méditerranée est difficile, nous avons un problème d’immigration, de réfugiés. Je veux remercier la République libanaise pour son engagement dans le domaine des réfugiés; vous avez accueilli des centaines de milliers de Syriens et grâce à votre engagement, on a réduit la présence des réfugiés et des immigrés en Europe. Nous ne pouvons pas oublier votre travail et votre engagement. Il faut aller de l’avant et continuer à renforcer la coopération entre vous et nous. Nous savons bien aussi que le Liban est un pays qui a fait du dialogue interreligieux sa force, c’est un bon exemple à suivre partout. Votre pays est aussi très important pour la stabilité dans la région de la Méditerranée. Face à ce qui se passe en Syrie et en Libye, nous avons besoin de pays méditerranéens qui s’engagent pour la paix et le dialogue. Monsieur le Président, un grand merci encore une fois, non seulement pour votre présence ici, mais surtout pour ce que votre pays fait pour la stabilité, la paix et le dialogue dans la région de la Méditerranée. Un grand merci et je vous donne tout de suite la parole.

 
  
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  Michel Aoun, Président de la République libanaise.(Ce qui suit est une transcription de l'interprétation du discours original de l'arabe en français) Monsieur le Président du Parlement européen, Monsieur Antonio Tajani, Mesdames, Messieurs les Députés européens,

Je suis heureux d’être aujourd’hui au siège du Parlement européen à Strasbourg, face aux représentants élus de 28 États qui ont choisi de faire du continent européen un modèle sans égal dans le monde. Un modèle d’échange, d’intégration et d’unité à tous les niveaux, qui transforme les pays de l’Union européenne en un espace unique dans lequel se fondent les rêves des peuples et où l’on partage les principes et les idéaux, tout en sauvegardant chaque spécificité et civilisation ainsi que l’appartenance des peuples à leur terre, à leur langue, à leur patrimoine et à leur patrie.

La force de cette construction et de cet édifice démocratiques a permis de consolider une paix véritable au sein du continent européen, éteignant ainsi les velléités du recours à la guerre comme seule méthode de résolution des problèmes. Ces peuples et ces États ont la conviction que leur force, leurs intérêts et leur prospérité dépendent de leur unité et du partage de leurs valeurs démocratiques, et non du conflit pour assurer leur réussite. Il est très regrettable d’assister actuellement à l’émergence de certaines tendances séparatistes et sécessionnistes qui menacent l’équilibre de cet édifice pionnier dans la rencontre des peuples.

Mesdames, Messieurs, en cette période de notre histoire où la voix de l’humanité s’affaiblit et où les intérêts des grandes puissances dépassent toutes les limites au détriment de la justice et de la solidarité humaines, nous estimons que seuls le dialogue, le respect mutuel et le retour à la mise en œuvre des principes universels des droits de l’homme, des communautés, et des pays permettront de désamorcer la violence, les guerres et l’extrémisme qui ont fait du monde et de notre région du Proche-Orient un lieu enflammé par la haine, la peur et les tensions.

La guerre, bien que l’économie en soit le véritable moteur, ne peut se faire jour sur un socle solide; elle requiert un terrain fissuré, perméable, prêt à s’embraser. Rien de tel que l’incitation à l’intolérance, à l’extrémisme religieux, communautaire et ethnique, rien de tel que le rejet de l’autre pour provoquer cette désintégration, pour fissurer le socle et allumer les flammes de la guerre.

Ce qui se passe dans notre région aujourd’hui nous attache encore davantage aux fondations mêmes sur lesquelles s’est construit l’État du Liban et, avant tout, au régime démocratique qui le caractérise, qui – malgré certaines défaillances – rassemble toutes les composantes du peuple libanais et reflète l’essence même du message du Liban, pays de coexistence, de diversité, de pluralisme et de richesse culturelle.

En raison des conflits qui sévissent dans notre région, le Liban a connu des divisions au niveau politique, mais pas sur le plan national. Les discours politiques étaient certes enflammés, mais ils n’ont pas mis le feu aux poudres. Lorsque certains ont délaissé la voie normale pour embrasser l’extrémisme et la pensée intégriste, ils ont été aussitôt rejetés, tant par leur communauté que par le pays. En effet, la société libanaise, de par sa nature, ne constitue pas un terreau propice à l’extrémisme et au refus de l’autre. Le respect de la liberté de croyance, de la liberté d’expression et d’opinion ainsi que du droit à la différence sont une partie intégrante de la culture des Libanais.

Cette spécificité libanaise aide le pays à surmonter ses problèmes et à consolider sa paix et sa stabilité. Elle peut aussi servir d’exemple à d’autres pays, afin de bâtir un avenir davantage en syntonie et en phase avec la modernité et les droits de l’homme, notamment si nous parvenons à combler certaines lacunes et à atteindre la maturité démocratique à laquelle nous aspirons.

Dans ce contexte, le Liban apprécie vivement la conscience qu’a l’Union européenne de sa spécificité, de son caractère unique. L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe l’a exprimé au deuxième paragraphe de sa résolution 2150, dans lequel elle insiste sur les nombreuses spécificités et la grande diversité religieuse qui font du Liban un pays unique. Le Liban est la plus ancienne démocratie au Proche-Orient, le pouvoir politique y est partagé de manière équitable entre chrétiens et musulmans, ce qui en fait un exemple de coexistence pacifique que l’on doit soutenir afin qu’il poursuive sur cette voie.

Mesdames, Messieurs, chers Parlementaires, au mois de mai dernier, le Liban a organisé, en dépit de quelques tiraillements politiques qui en ont retardé la tenue, des élections législatives qui ont eu lieu selon une loi électorale moderne, fondée sur la proportionnelle. Ces élections ont abouti à une représentation plus équilibrée et précise des forces politiques en présence, permettant, dès lors, une plus grande diversité au sein du parlement et renforçant ainsi la vie démocratique.

Je me dois donc, dans ce contexte, de saluer le travail réalisé par la mission d’observation électorale de l’Union, emmenée par Mme Elena Valenciano, qui a accompagné les différentes étapes de préparation des élections et du déroulement du scrutin. Cette mission d’observation électorale du Parlement européen a présenté, au mois de juillet dernier, un rapport positif concernant le processus électoral. Ce rapport contient diverses nouvelles recommandations, formulées en vue de combler certaines lacunes. Ces recommandations seront certainement prises en compte à l’avenir.

Nous souhaitons à cet égard renforcer la coopération entre notre parlement et le Parlement européen en intensifiant les réunions conjointes et les échanges d’expériences, afin de promouvoir la performance et l’activité de notre pouvoir législatif, conformément aux exigences actuelles.

Mesdames, Messieurs, mon pays fait face actuellement à de nombreux défis, notamment à une conjoncture économique difficile. Nous avons récemment lancé un plan économique, dont les grandes lignes tracent les contours d’une feuille de route destinée à relancer les secteurs productifs et à moderniser les infrastructures de notre pays. Ce plan vient conforter les décisions prises lors de la conférence «CEDRE».

J’ai placé parmi mes priorités la lutte contre la corruption et la promotion de la transparence. Nous avons déjà engrangé certaines avancées dans ce domaine.

Mesdames, Messieurs, le Liban a pris sa part du poids des crises qui sévissent dans la région sur les plans économique, social et sécuritaire. Des organisations terroristes ont infiltré nos frontières à l’Est et au Nord pour en faire un tremplin de leurs opérations sanglantes dans l’intérieur du territoire libanais. Notre armée a toutefois lancé une offensive militaire couronnée de succès, qui s’est soldée par la défaite des terroristes et la libération de nos territoires. Notre armée a poursuivi son travail en collaboration avec tous les organes et services de l’État, afin de démanteler les cellules terroristes dormantes jusqu’à leur élimination totale. Nous avons ainsi pu rétablir la sécurité et la stabilité du pays.

Il n’en reste pas moins que la crise occasionnée par les déplacés syriens est celle qui pèse le plus sur le Liban. Ses conséquences sont dévastatrices pour les secteurs économique, sécuritaire et social. Le Liban a accueilli, au nom de la solidarité humaine, plus d’un million et demi de réfugiés qui ont fui l’enfer de la guerre en Syrie. Cependant, dans un petit pays comme le nôtre, à forte densité de population, aux ressources limitées et qui pâtit déjà de la faiblesse des infrastructures et de la hausse du chômage, cette charge est très difficile à assumer. Vous n’êtes pas sans connaître les effets dévastateurs de la présence des réfugiés syriens. La communauté internationale n’a pas pris sa part de responsabilité dans le soutien du Liban face aux effets de la présence des migrants.

Nous appelons, dès lors, à mettre en œuvre les décisions en matière de soutien financier, notamment celles adoptées lors de la conférence de Bruxelles. Nous demandons aussi qu’il soit tenu compte des réserves que nous avons émises concernant certains points du communiqué final de la conférence de Bruxelles, notamment ceux qui ont trait au retour volontaire des réfugiés ou des déplacés, en particulier le lien entre ce retour et la solution politique, ou encore l’intégration des migrants ou des déplacés sur le marché du travail dans les pays d’accueil. Il convient de rappeler à cet égard que le Liban est un pays d’émigration et non un pays d’implantation, encore moins un marché de travail. Les Libanais dispersés à travers le monde, et sur le continent européen en particulier, en sont la preuve.

Aujourd’hui, le Liban vise à assurer le retour digne et sûr des déplacés syriens et rejette toute manœuvre dilatoire à cet égard. Mon pays appuie toute démarche visant à trouver une solution au déplacement massif des Syriens sur son territoire, à l’instar de l’initiative russe, et refuse de lier le retour des déplacés à une solution politique qui pourrait se faire attendre. Je tiens à rappeler à cet égard que le peuple palestinien vit depuis 1948 dans des camps, notamment au Liban, dans l’attente d’une solution politique et de la mise en œuvre de la résolution 194. Après 70 ans d’attente, en lieu et place d’une solution au problème palestinien, c’est malheureusement un projet d’implantation définitive qui commence à se profiler à l’horizon, comme si la communauté internationale adoptait la politique de l’adage «donner ce que l’on ne possède pas à celui qui ne le mérite pas».

Mesdames, Messieurs, en ce jour du 11 septembre, nous commémorons les événements du 11 septembre 2001, date charnière qui a changé le cours de l’histoire du monde et poussé les États-Unis à déclarer la guerre au terrorisme, avec la promesse d’instaurer la liberté, d’asseoir la démocratie et de mettre un terme au terrorisme. Malheureusement, depuis 17 ans et jusqu’à ce jour, la guerre contre le terrorisme a eu pour effet de diffuser ce dernier dans le monde au lieu d’y mettre un terme.

Je cite à ce propos un passage d’une lettre ouverte que j’avais adressée aux dirigeants du monde en 1995, dans laquelle je les mettais en garde contre le danger de la montée du fondamentalisme qui commençait à émerger dans certains pays.

Voici ce que j’y écrivais: «Les derniers événements en Bosnie-Herzégovine, en Algérie et, dans une moindre mesure, à Paris, ne sont que des signes prémonitoires de conflits qui nous menaceront demain et que ni la dissuasion nucléaire, ni la guerre conventionnelle ne pourront arrêter. Le fondamentalisme, né de l’inégalité dans l’application du droit international et des frustrations que nourrit le développement déséquilibré, risque de noyer toute une civilisation dans l’obscurantisme. Personne n’est à l’abri de la violence que suscite le déchaînement des passions ethniques et intégristes, et aucune frontière ne saurait les contenir. Ces virus cultivés dans des laboratoires du réalisme politique ne risquent-ils pas de contaminer ceux-là même qui, indifférents ou complices, les ont laissé germer?».

Malheureusement, le monde entier souffre aujourd’hui des répercussions des expérimentations des laboratoires du réalisme politique et de la négligence des signes prémonitoires qui auraient pu nous mettre sur la voie. J’ajoute à cela que la politique internationale menée au Proche-Orient ne fait qu’exacerber la radicalisation et la haine, et qu’elle ouvre la voie à la violence et au terrorisme. Il ne fait nul doute que ces politiques dénuées de justice jettent le trouble dans l’application de la démocratie, et cela dans les pays pionniers, ceux qui avaient été les premiers à l’ériger en système politique. Préserver les droits de l’homme chez soi et les sacrifier hors de ses frontières peut-il aider à servir les intérêts des grandes puissances et être synonyme de démocratie?

Cette même politique a poussé Israël à judaïser Jérusalem et à en faire sa capitale, ignorant toutes les résolutions internationales ainsi que les votes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale de l’ONU. Israël ne s’est pas arrêté là, il a même adopté la loi de «l’État-Nation juif».

À cela s’est ajoutée la récente décision américaine de mettre un terme au financement de l’UNRWA, ce qui signifie le début de l’implantation de facto des Palestiniens dans les pays qui les ont accueillis, dont le Liban. Une implantation que nous refusons au nom de la justice et de l’égalité.

Mesdames, Messieurs, je viens ici aujourd’hui au nom du Liban, «pays message», tel que le Saint-Père Jean-Paul II l’avait qualifié. Sa civilisation vieille de 5 000 ans, aux racines multiples et profondes, a permis à ses enfants, par ses facettes et dimensions nombreuses et variées, de se répandre à travers le monde et de s’intégrer à toutes les cultures, où qu’ils aillent.

Je saisis l’occasion qui m’est donnée d’être parmi vous aujourd’hui pour renouveler un appel, déjà lancé en particulier depuis la tribune des Nations unies, visant à faire du Liban un centre permanent de dialogue entre les civilisations, les religions et les races. Ce projet est suivi par nos ambassadeurs aux quatre coins du monde et nous espérons qu’il sera proposé lors de la session à venir de l’Assemblée générale des Nations unies en 2019, tout comme nous espérons qu’il recueillera le soutien des pays européens. Car qui mieux que les pays d’Europe pour connaître l’importance du dialogue afin de combler les lacunes, de panser les blessures et d’instaurer une culture de paix?

Je vous remercie de m’avoir accueilli parmi vous aujourd’hui. Je vous remercie pour votre attention. Vive l’Europe, vive le Liban.

(L’Assemblée, debout, applaudit l’orateur)

 
  
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  Le Président. – Merci beaucoup, Monsieur le Président, pour vos mots. Il faut continuer à aller de l’avant avec la coopération entre votre pays le Liban et l’Union européenne.

Il faut travailler tous ensemble pour le dialogue, pour la paix et pour résoudre le problème des réfugiés, chez vous comme chez nous.

Cela n’est pas facile, mais grâce à la volonté de ceux qui travaillent, hommes d’État ou députés, tous ensemble nous pouvons parvenir à un résultat positif pour nos concitoyens et pour tous les réfugiés, qui ont le droit de rentrer chez eux.

Moi, je pense que tous les Syriens ont le droit de rentrer en Syrie pour vivre en paix dans leur ville ou leur village et pour bénéficier d’une bonne démocratie.

La Syrie est un grand pays avec une histoire importante et un héritage parmi les plus importants de la Méditerranée; il faut empêcher que ce pays soit détruit par la guerre civile.

Grâce au Liban, des centaines de milliers de citoyens syriens ont pu résister, mais il faut maintenant leur permettre de rentrer chez eux.

Encore une fois, Monsieur le Président, un grand merci à vous et à votre pays pour ce que vous faites.

(La séance est suspendue quelques instants dans l'attente de l'heure des votes)

 
  
  

PREȘEDINȚIA: IOAN MIRCEA PAŞCU
Vicepreședinte

 
Senaste uppdatering: 6 december 2018Rättsligt meddelande - Integritetspolicy