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 Texte intégral 
Compte rendu in extenso des débats
Mercredi 17 avril 2019 - Strasbourg Edition révisée

Débat avec Krišjānis Kariņš, Premier ministre de Lettonie, sur l'avenir de l'Europe (débat)
MPphoto
 

  Nicolas Bay, au nom du groupe ENF. – Monsieur le Président, Monsieur le Premier ministre, l’effroyable incendie qui a frappé Notre-Dame de Paris nous conduit bien sûr à prendre conscience de la fragilité de notre patrimoine. Voir l’un des plus beaux joyaux et des plus beaux symboles de notre civilisation européenne ravagé par les flammes a meurtri le cœur des Français et des Européens. Heureusement, l’action admirable des sapeurs-pompiers a permis de sauver une large partie de l’édifice, qui pourra ainsi être restauré et retrouver sa splendeur. Et quelle joie d’apprendre que le trésor de Notre-Dame, la couronne d’épines et la tunique de Saint-Louis ont été sauvés! Mais cette tragédie doit provoquer un sursaut, une prise de conscience sur la nécessité de protéger, de transmettre notre patrimoine, bien sûr, mais, d’une manière plus générale, notre héritage de civilisation européenne et chrétienne.

Monsieur le Premier ministre, vous avez évoqué tout à l’heure ceux que vous appelez les eurosceptiques, considérant qu’ils seraient opposés à l’idée même de la construction européenne. Vous faites une erreur totale: nous croyons en l’Europe. Nous sommes convaincus qu’il y a une civilisation européenne, une culture commune, et qu’il y a d’immenses défis à relever ensemble. Mais cette volonté exige aussi de la lucidité. Vous avez dit tout à l’heure, s’agissant de l’immigration, que vous n’aviez pas de solution, que nous ne pouvions rien faire pour empêcher cette immigration. La réalité est que nous pouvons agir et Matteo Salvini, en Italie, le montre chaque jour. Mais il y a clairement deux choix: d’un côté, M. Avramopoulos, le commissaire européen, qui nous disait qu’il fallait de l’immigration pour compenser le déficit démographique et, de l’autre, les gouvernements courageux en Italie, en Hongrie, qui mettent en œuvre de grandes politiques – sociales, fiscales, de soutien aux familles, d’encouragement à la natalité européenne. Clairement, il y a deux visions qui s’affrontent, entre ceux qui acceptent ou qui encouragent l’immigration et ceux qui veulent au contraire la fermeté migratoire et l’encouragement à la natalité européenne.

En matière d’économie, l’Union européenne s’est caractérisée par la suppression de toutes les protections: à l’intérieur, avec le marché commun, avec la concurrence déloyale, avec le travail détaché, et à l’extérieur, en multipliant les accords de libre-échange et l’abaissement des tarifs douaniers. Aujourd’hui, la Chine ou les États-Unis se protègent, sont capables de mettre en place toutes les protections utiles pour leur marché intérieur et, évidemment, sont conquérants, offensifs, dans le reste du monde. Ils utilisent bien souvent le continent européen comme un espace où ils peuvent agir économiquement très librement, souvent au détriment de notre économie réelle, de nos unités de production et de nos salariés. Là encore, clairement, deux visions politiques s’affrontent, entre ceux qui considèrent l’Espace économique européen comme un terrain de jeu totalement ouvert et ceux qui, comme nous, veulent une Europe qui soit économiquement et commercialement protégée.

S’agissant de son organisation institutionnelle, l’Europe doit renouer aussi avec la démocratie. Face au pouvoir aujourd’hui exorbitant de la Commission européenne, j’ai entendu tout à l’heure M. Weber, les socialistes, mais aussi les soutiens d’Emmanuel Macron en France, nous dire qu’il fallait aller encore plus loin en supprimant la règle de l’unanimité – un nouveau cliquet dans le fédéralisme. Les mêmes d’ailleurs demanderont demain la suppression de la majorité qualifiée, puis la fin de la majorité simple pour aboutir finalement à un fonctionnement de plus en plus opaque et de plus en plus autoritaire. Clairement, là encore, deux visions s’affrontent: l’Europe des nations, l’Europe des coopérations, ou l’Europe de la Commission avec l’accélération vers le fédéralisme.

Nous sommes à cinq semaines des élections européennes. La construction européenne est évidemment à la croisée des chemins. Le continent européen détient en lui les capacités du sursaut et du renouveau pour assurer le rayonnement à nouveau de nos nations, collectivement, sur la scène mondiale. Mais il faut pour cela rompre avec les grands dogmes actuels de l’Union européenne et s’affranchir enfin de la logique technocratique. L’Europe protégera son économie ou elle deviendra le laquais des autres grandes puissances. L’Europe remettra les nations et les peuples au cœur de son projet ou elle se disloquera. L’Europe défendra ses racines, son identité et sa civilisation ou elle disparaîtra.

 
Dernière mise à jour: 9 juillet 2019Avis juridique - Politique de confidentialité