Opérations militaires de la Turquie dans le nord-est de la Syrie et leurs répercussions (débat)
François Alfonsi (Verts/ALE). – Madame la Présidente, l'agression de l'armée turque au Rojava ou Kurdistan syrien soulève des enjeux fondamentaux pour l'avenir de l'Europe.
Premier enjeu, celui de la stabilité de cette partie du monde. Les Kurdes ont opposé énergie et courage jusqu'à la victoire contre Daech, alors même que la Turquie a fait preuve et fait encore preuve de duplicité. S'attaquer aux Kurdes, c'est compromettre le seul véritable rempart contre le terrorisme.
Deuxième enjeu, celui des valeurs démocratiques à promouvoir. En ce qui concerne le droit des femmes, notamment, le Kurdistan propose un modèle nouveau à tout le monde musulman, aux antipodes de ce qui existe dans la plupart des pays musulmans. C'est capital pour l'avenir du monde.
Troisième enjeu, celui de la sécurité de l'Europe dans un monde de plus en plus dangereux, où nous aurons besoin d'alliés. Comment l'Europe trouvera-t-elle des alliés demain si elle ne protège pas ses alliés d'aujourd'hui?
L'Union européenne peut agir fortement de son propre chef en décidant de sanctions économiques et diplomatiques effectives fortes et immédiates. Le commerce entre la Turquie et l'Europe est le plus important, bien plus que celui avec les États-Unis. Notre responsabilité est donc d'imposer dès aujourd'hui des sanctions dissuasives à l'égard de la dictature de M. Recep Tayyip Erdoğan.