L'anglais exerce une domination sans partage dans les communications informelles entre parlementaires, fonctionnaires et collaborateurs. Cette langue est devenue la «lingua franca» contemporaine, dont personne ne remet en cause le caractère pratique.
Mais l'anglais n'est qu'une langue officielle parmi toutes les autres. Or cet aspect semble de plus en plus méconnu par les parties prenantes à la vie de nos institutions, qui n'écrivent qu'en anglais — voire se croient obligées de parler anglais, y compris en présence d'interprètes! L'audition, par la commission du commerce international du Parlement européen, de la nouvelle directrice générale de la direction générale du commerce de la Commission européenne, pourtant francophone, fut à cet égard édifiante.
Les autres langues deviennent secondaires, voire sont ignorées, au mépris de notre devise «unis dans la diversité». Dernier exemple caricatural en date: la lettre de mission de la présidente von der Leyen aux commissaires nommés n'est disponible qu'en anglais, même lorsqu'on tente de la télécharger dans une autre langue(1).
Si prompte à faire respecter les traités à la lettre, la Commission n'hésite donc pas à en violer l'une de leurs dispositions les plus fondamentales. Quelles actions la «gardienne des traités» compte-t-elle entreprendre pour faire scrupuleusement respecter l'usage de toutes les langues officielles de l'Union européenne?