François Hollande et Angela Merkel face aux députés européens 

Communiqué de presse 
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La situation actuelle dans l'Union européenne et les défis communs à relever, notamment en matière de migration, ont été au cœur du débat entre les chefs de file des groupes politiques du Parlement européen, le Président de la République française, François Hollande, et la Chancelière de la République fédérale d'Allemagne, Angela Merkel, ce mercredi après-midi.

"La visite de François Hollande et d'Angela Merkel est le symbole de la réconciliation franco-allemande et de l'unité européenne", a déclaré le Président du Parlement européen, Martin Schulz.


"Depuis que vos prédécesseurs, François Mitterrand et Helmut Kohl, sont intervenus devant le Parlement, vous êtes les premiers chefs d'État et de gouvernement à prendre la parole ensemble devant les représentants des peuples européens pour aborder les défis sans précédent de l'Europe", a-t-il ajouté.


"Lorsque la coopération franco-allemande ne fonctionne pas, c'est toute l'Europe qui souffre. Si en temps de crise, elle parvient à un bon compromis, cela est bénéfique pour tous les partenaires et l'ensemble de l'UE", a conclu M. Schulz.


François Hollande plaide pour la solidarité, la responsabilité et la fermeté


M. Hollande a proposé, contre "la tentation du repli national" qui condamne à "l’impuissance", "une Europe offensive" afin de "réaffirmer les principes simples et clairs de solidarité, de responsabilité et de fermeté". Fermeté suite à la "violation brutale du droit international" en Ukraine. Responsabilité contre le terrorisme, qui menace "l’âme de notre continent". François Hollande a également défendu le principe de solidarité avec les réfugiés.


"Face aux épreuves, je suis convaincu que si nous n’allons pas plus loin dans l’intégration, nous nous arrêterons ou reculerons", a affirmé M. Hollande. Il a ainsi proposé "une consolidation de la zone euro" pour en "coordonner les politiques, favoriser la convergence et l’harmonisation fiscale, l’investissement, la politique fiscale et sociale". "Des choix institutionnels seront nécessaires", a ajouté le Président de la République française.


Angela Merkel ne veut pas céder à la tentation d'agir à l'échelle nationale

 

"Le grand nombre de réfugiés représente une épreuve aux dimensions historiques. C'est la tâche de l'Europe et du monde entier de faire en sorte que ces humains aient une vie digne dans leur pays", a dit la Chancelière.


"Nous ne devons pas céder à la tentation de rétrograder, d'agir à l'échelle nationale. C'est le moment où nous avons besoin de plus d'Europe! L'Allemagne et la France y sont prêtes", a-t-elle ajouté, précisant que "c'est seulement en agissant ensemble que l'Europe arrivera à réduire les causes mondiales de départs et d'expulsions."


"Les frontières extérieures seront protégées avec succès seulement si nous agissons pour résoudre les nombreuses crises dans notre voisinage", d'après Mme Merkel. "La Turquie a un rôle clé", a-t-elle expliqué, soulignant "l'importance des programmes européens de rapatriement". "La procédure de Dublin, dans sa forme actuelle, est obsolète en pratique", a-t-elle conclu.


Manfred Weber (PPE, DE) souhaite que l'Europe aille de l'avant


"Il y a 25 ans, vos prédécesseurs ont déclaré ici, devant le Parlement européen, que vos deux peuples s'engageaient pour une Europe démocratique. Aujourd'hui, vous avez renouvelé cet engagement par votre présence. Il s'agit d'une déclaration de l'amitié franco-allemande, de la responsabilité portée par vos deux nations et des perspectives d'avenir, une déclaration selon laquelle la France et l'Allemagne vont continuer à voir leur avenir dans une Europe démocratique pour les décennies à venir", a expliqué Manfred Weber (PPE, DE).


"Si la Turquie, la Jordanie, le Liban et certains pays pauvres sont en mesure d'accueillir des millions de personnes fuyant la guerre civile, l'Europe, bien plus riche que ces pays, doit pouvoir faire ce même effort et nous avons besoin d'encouragement pour cette tâche à laquelle nous sommes confrontés. Nous devons avoir le courage de poursuivre le développement de l'Europe. Le monde ne nous attendra pas, n'attendra pas nos débats internes - l'Europe doit continuer et aller de l'avant", a-t-il conclu.


Gianni Pittella (S&D, IT) en faveur d'un nouveau projet politique de l'UE


Au nom du groupe S&D, Gianni Pittella (IT) a déclaré: "L'histoire nous dit que, dans le passé, le moteur franco-allemand a servi l'Europe car il avait une vision pour l'Europe: l'idée selon laquelle par la réconciliation entre les peuples divisés par des siècles des guerres, la base de l'intégration politique serait établie. Mais aujourd'hui, nous avons besoin d'un nouveau départ, d'une nouvelle vision, d'un nouveau projet politique qui donne un sens à l'Union et qui a pour protagonistes tous les États membres."


"Il faut que l'Union devienne plus démocratique, grâce à une réforme de l'Union économique et monétaire qui renforcerait le rôle du Parlement européen. Cette institution est déjà le Parlement de l'Union et de la zone euro. Nous devons lui donner les moyens de s'affirmer par le biais d'une capacité budgétaire commune qui pourrait déboucher sur un mécanisme européen d'assurance chômage", a-t-il précisé.


Antoni Legutko (ECR, PL) rappelle qu'il faut tenir compte des règles élémentaires de coopération


Parlant au nom des Conservateurs et Réformistes européens, le vice-président du groupe, Antoni Legutko (PL), a blâmé le "moteur franco-allemand de l'Europe" créant "la confusion entre leadership et domination". "Vous ne pensez pas qu'une part du problème réside dans le fait qu'un ou deux pays décident pour l'ensemble des autres?", a-t-il demandé.


Il a critiqué le Président et la Chancelière et "une rhétorique fédéraliste assourdissante non ancrée dans la réalité", qui a montré "un jeu de puissance impitoyable dont les acteurs sont le président Hollande et la Chancelière Merkel, plus puissants que ceux qui occupent des postes officiels supérieurs dans la hiérarchie politique", au mépris des "règles élémentaires de coopération".


Guy Verhofstadt (ADLE, BE) a plaidé pour une Europe plus intégrée


"Nous devons regarder la réalité en face. Les crises multiples mettent l'existence même du projet européen en danger. Que se passerait-il demain si l'euro disparaissait, ou si Schengen s'effondrait? Que nous resterait-il? Rien d'autre qu'une vague confédération d'États nations. Faible économiquement et insignifiante sur la scène mondiale. Ne soyons pas naïf. Ce seront alors les Américains et les Chinois qui dicteront nos règles économiques. Et ce seront Assad et Poutine qui décideront de la paix et de la stabilité en Europe."


Gabriele Zimmer (GUE/NLG, DE) pour une union sociale au sein de l'UE


"Peut-être que vous voulez réanimer l'ancien axe, mais le moteur franco-allemand est en panne. Qu'en est-il maintenant, Mme Merkel et M. Hollande ? Vos discours devraient donner du courage. Vous avez évoqué beaucoup de points importants, mais vos discours manquent de perspectives pour plus de démocratie et pour une union sociale au sein même de l'Union européenne. C'est un déficit énorme. Je vous prie d'y faire face", a réclamé Gabriele Zimmer (GUE/NLG, DE).


Rebecca Harms (Verts/ALE, DE) demande de repenser la politique des réfugiés


"Nous avons une longue liste de crises en cours et nous ne pourrons jamais aller nulle part si nous ne terminons pas ce que nous avons commencé", a déclaré la députée Rebecca Harms (Verts/ALE, DE) avant d'ajouter: "Nous devons revenir à la stabilité de l'euro. Sans une politique monétaire commune, nous ne pourrons jamais aller nulle part. Vous êtes tous les deux les mieux placés pour faire ce travail."


"Nous devons repenser notre politique des réfugiés. Mais elle ne peut concerner seulement la militarisation de nos frontières extérieures. Il convient de coopérer avec M. Erdogan, mais pas si nous ne lui disons pas aussi que son escalade contre les Kurdes ne fait qu'aggraver la situation", a conclu l'eurodéputée.


Nigel Farage (EFDD, UK) dénonce une Europe totalement dominée par l'Allemagne


"Quand Kohl et Mitterrand étaient venus ici représentant leurs pays, il s’agissait d’un partenariat entre égaux. Ce n’est plus le cas. La France est maintenant diminuée, bloquée par la monnaie unique. Il est ironique qu’un projet conçu pour contenir la puissance allemande ait abouti à une Europe totalement dominée par l’Allemagne", a déclaré Nigel Farage (EFDD, UK).


Marine Le Pen (ENL, FR) critique vivement M. Hollande et la relation franco-allemande


"Merci Mme Merkel de nous faire le plaisir de venir ici avec M. le Vice-Chancelier de la Province France", a déclaré Marine Le Pen (FR) au nom du groupe de l'Europe des Nations et des Libertés. "Je ne peux vous appeler Président car pas plus que votre prédécesseur vous n'exercez cette fonction", a-t-elle ajouté à l'adresse de François Hollande avant de poursuivre: "Le Président de la République ne doit pas se soumettre à une politique décidée à Berlin, Bruxelles ou Washington mais bien défendre sa souveraineté. Or ,au contraire, quand dans un geste parfaitement irresponsable, la Chancelière Merkel dit qu'il faut accueillir des milliers de migrants, vous applaudissez des deux mains. Quand, quelques temps après, elle ferme ses frontières, vous applaudissez encore."


Angela Merkel souligne l'importance d'un bon accord sur le climat


En conclusion, la Chancelière a souligné que l'essence du compromis est à la base de tout accord européen, mais que les 28 États membres doivent participer.


Elle a ajouté que les chefs d'État ou de gouvernements représentent également des États nationaux et des parlements et que le contact avec ces parlements nationaux est très important. "Sans ce lien, l'Europe ne peut avancer", a affirmé Mme Merkel.


Enfin, la Chancelière a conclu que l'Europe possède de nombreux succès à faire valoir, comme la conférence sur le climat. "Une bonne conférence sur le climat sera aussi un moyen d'empêcher de nouvelles crises de réfugiés", a-t-elle certifié.


François Hollande s'exprime en faveur de la voie du renforcement de l'Europe


M. Hollande a ensuite répondu aux députés: "Si nous sommes là, la Chancelière et moi-même, c’est parce qu’il y a eu deux guerres au cours du dernier siècle qui ont opposé l’Allemagne et la France. Et c’est l’Allemagne et la France, au lendemain de cette tragédie, qui ont voulu que l’Europe puisse se faire. C’est la raison pour laquelle nos deux pays ont toujours voulu être à l’initiative de constructions européennes nouvelles".


Concernant l’avenir de l’Europe, le Président de la République française a déclaré: "Il y a plusieurs voies. Celle de l’entre-deux, qui n’est pas facile à diriger. Ou celle du renforcement, sur laquelle nous voulons travailler avec vous. Nous aurons besoin d’une Europe beaucoup plus forte que ce qu’elle est aujourd’hui. La première des responsabilités, c’est la politique commune en matière de défense, d’asile et de migration (…) Si nous ne voulons pas du renforcement de l’Europe, alors il faut en sortir", a conclu le Président français à l’attention de certains membres du Parlement européen.