Terrorisme : « La menace semble s'aggraver dans l'Union européenne et ailleurs »

Jeudi 21 janvier, les députés réunis en session plénière à Strasbourg ont débattu de la menace terroriste qui touche l'Europe et de solutions pour y faire face. Ils ont notamment souligné l'importance d'améliorer l'échange d'informations entre États membres ainsi que le besoin de renforcer les contrôles aux frontières. La plénière a également appelé les gouvernements nationaux à intensifier leur coopération à l'échelle européenne.

Montage avec les photographies des différents intervenants lors du débat
Ioan Mircea Pașcu (Vice-Président), Bert Koenders, Dimitris Avramopoulos, Elissavet Vozemberg-Vrionidi, Birgit Sippel, Petr Ježek, Angel Dzhambazki, Inês Cristina Zuber, Jan Philipp Albrecht, Steven Woolfe, Vicky Maeijer et Lampros Fountoulis

La lutte contre le terrorisme continue de dominer l'agenda politique du Parlement européen en 2016. Le Ministre néerlandais des Affaires Étrangères Bert Koenders, qui représente le Conseil de l'Union européenne, a estimé qu'à en juger par les récents événements, « la menace terroriste semble s'aggraver dans l'Union européenne, mais également dans son voisinage et ailleurs ».


Renforcer la coopération à l'échelle européenne


De nombreux députés ont souligné la nécessité pour les États membres de travailler main dans la main, mais aussi de coopérer plus étroitement avec les pays ne faisant pas partie de l'Union européenne.


Bert Koenders a rappelé que le partage d'informations et la coopération opérationnelle étaient des priorités pour le Conseil. Le Ministre néerlandais a notamment cité la directive sur les données des dossiers passagers, estimant que « l'accord conclu sur le PNR européen permettra d'aider les agences de police et de renseignement dans la traque de potentiels terroristes et de criminels, en rendant possible l'accès aux détails de voyage des passagers ».


Le Commissaire européen à la migration et aux affaires intérieures Dimitris Avramopoulos a rejoint l'avis du Conseil : « [les États membres] doivent se faire davantage confiance, partager plus d'informations entre eux et avec Europol. Les menaces auxquelles nous faisons actuellement face sont communes. Nos approches face à ces menaces doivent donc être également communes. Il ne s'agit pas d'une compétition : nous nous renforcerons mutuellement si nous coopérons ».


Le député vert allemand Jan Philipp Albrecht a demandé aux pays européens de prendre leurs responsabilités : « Ce sont les États membres qui ont bloqué de nombreuses mesures visant à mettre en place des normes communes dans le domaine d'une coopération concernant les procédures pénales liées à la criminalité organisée et au terrorisme, en particulier en ce qui concerne le partage d'informations entre les institutions et les autorités des États membres et Europol, et les autres agences au niveau européen. Et cela ne fonctionne toujours pas. »


Cet aspect a été appuyé par Dimitris Avramopoulos : « Personnellement, je peux vous dire que jusqu'ici, je ne suis pas satisfait de la coopération. Malheureusement, la plupart des États membres gardent les meilleures informations pour eux ».


Le député conservateur bulgare Angel Dzhambazki a souligné le rôle des pays tiers : « Les organisations terroristes ont été sous-estimées. La radicalisation a été sous-estimée. Le multiculturalisme a échoué. De nombreux pays continuent de mener une politique plutôt irresponsable à l'égard de pays comme la Turquie, l'Arabie saoudite ou le Qatar, qui soutiennent des organisations terroristes. Il est temps de mettre fin à cela ».


La question de l'immigration


La question de l'immigration a été évoquée à plusieurs reprises lors du débat. Ces derniers mois, un nombre sans précédent de personnes a rejoint l'Europe. Face à la crise migratoire, certains pays ont réintroduit temporairement des contrôles aux frontières à l'intérieur de la zone Schengen. Certains craignent que de potentiels terroristes utilisent cette situation à leur avantage, afin de parvenir à entrer en Europe.


La députée démocrate-chrétienne grecque Elissavet Vozemberg-Vrionidi a mis en garde la plénière contre les possibles amalgames entre les questions de l'immigration et du terrorisme : « Ces deux phénomènes ne peuvent pas être liés », a-t-elle notamment rappelé.


Pour le député britannique Steven Woolfe du groupe Europe de la liberté et de la démocratie directe, « la majorité des migrants sont des migrants économiques. La grande majorité des demandeurs d'asile sont des personnes qui fuient véritablement le terrorisme ». Steven Woolfe s'est également exprimé contre l'ouverture des frontières.


Vicky Maeijer, députée néerlandaise appartenant au groupe Europe des Nations et des Libertés, a souligné l'importance des contrôles aux frontières : « Si vous voulez protéger les Européens, alors il est temps d'accepter que la seule solution est de fermer nos frontières nationales et de renvoyer tous les soi-disant demandeurs d'asile ».


Pour Lampros Fountoulis, membre non-inscrit grec, « les pays européens ont permis au terrorisme d'arriver en Europe (…) Nous observons du racisme, et toutes sortes d'autres phénomènes. Nous avons besoin de moyens sensés pour faire face aux terroristes ».


Une réponse équilibrée

 

Quelques députés ont rappelé l'importance d'apporter une réponse juste et équilibrée à la menace terroriste.


Pour Birgit Sippel, députée démocrate socialiste allemande, une définition à l'échelle européenne des actes terroristes et d'autres types de crimes est nécessaire. « Il faut garantir des procédures justes, de sorte que les procès ne soient pas abandonnés par manque de preuves. Il faut prévenir, et poursuivre ».


Le député libéral tchèque Petr Ježek a appelé à mettre en place des mesures pour promouvoir la sécurité extérieure et intérieure, tout en soulignant que « ces mesures doivent être efficaces, mais pas excessives ».


Enfin, Inês Cristina Zuber, députée portugaise du groupe de la Gauche unitaire européenne - Gauche verte nordique, a souligné que les mesures adoptées pour lutter contre le terrorisme pouvaient porter atteinte aux libertés. « Ces mesures sont indissociables d'une militarisation et de la guerre, ce qui mène au racisme et à la xénophobie », a-t-elle déclaré. La députée a également plaidé pour la fin de l'ingérence dans les affaires des États souverains, qui selon elle est l'une des causes du terrorisme.