Relations avec la Russie : un défi stratégique majeur pour l’Union européenne

En pleine vague de froid, les habitants de la ville d’Avdiïvka, dans l’est de l’Ukraine, ont dû faire face à des coupures d’électricité et de chauffage la semaine dernière après que des rebelles pro-russes aient décidé de reprendre les hostilités dans la région. Dans un contexte d’incertitude quant à la politique étrangère des États-Unis et face à une Russie qui multiplie les provocations, les députés se sont penchés ce lundi 6 février sur la situation dans l’est de l’Ukraine.

SEDE commission meeting - Deterioration of the security situation in the East of Ukraine, in particular around Avdiivka -with Deputy Prime Minister of Ukraine Ivanna Klympush-Tsintsadze
Les députés de la sous-commission sécurité et défense ont débattu de la situation dans l'est de l'Ukraine © Union européenne 2017 - Parlement européen

Ce lundi 6 février, les députés de la sous-commission sécurité et défense ont débattu des conditions de sécurité qui se dégradent dans l’est de l’Ukraine en présence d’Ivanna Klympush-Tsintsadze, vice-première ministre ukrainienne en charge de l’intégration européenne et euro-atlantique. Ils ont notamment fait part de la nécessité de préparer une nouvelle résolution autour des dernières évolutions du conflit.


Reprise des combats dans l’est de l’Ukraine


« Le glas sonne pour nous tous », a averti Ivanna Klympush-Tsintsadze au sujet de la reprise des combats dans l’est de l’Ukraine. « Les Ukrainiens ne défendent pas seulement leur pays mais nous tous, car il ne s’agit pas d’une guerre civile mais bel et bien d’une attaque menée par un État contre la souveraineté d’un autre », a expliqué Jaromír Štětina, député démocrate-chrétien tchèque et Président de la sous-commission sécurité et défense. Selon lui, les dernières actions menées par la Russie représentent une véritable crise du droit international.


Ivanna Klympush-Tsintsadze a également souligné les conséquences humanitaires des bombardements et des coupures d’électricité dans la région d’Avdiivka, alors même que les températures atteignaient -22 degrés.


Pour Ioan Mircea Pascu, député démocrate socialiste roumain, ces attaques représentent en quelque sorte un test politique. L’ensemble des députés s’est entendu sur le fait que la Russie était en train de tâter le terrain dans le contexte de la nouvelle administration américaine.


Au cours du débat, de nombreux députés ont insisté sur la nécessité de mettre en œuvre l’accord de Minsk. Ils ont rappelé que les sanctions européennes à l’égard de la Russie étaient liées au respect de ces accords et qu’elles devaient donc être maintenues pour le moment. « Nous devons faire tout notre possible pour empêcher que cette guerre ne se transforme en conflit gelé », a exhorté Petras Auštrevičius, député libéral lituanien.


Certains députés se sont néanmoins interrogés sur la viabilité à long terme de l’accord de Minsk. La députée verte allemande Rebecca Harms a par exemple appelé à une réévaluation du texte face aux difficultés pour l’Ukraine à contrôler ses propres frontières.


Évolutions en Géorgie


« L'attitude de la Russie à l’égard de la région du Caucase du Sud est enracinée dans une compréhension très spécifique du système international, où les pays voisins doivent remplir la fonction de zone tampon », a expliqué l'ambassadrice de Géorgie auprès de l’Union européenne Natalie Sabanadze.


Devant les députés, Natalie Sabanadze a réaffirmé la volonté de son pays de décider en toute indépendance de son orientation stratégique : « La Géorgie ne veut pas agir contre la Russie mais pour la Géorgie ».


Le Parlement européen a récemment salué les réformes menées par le pays en approuvant une exemption de visa pour les citoyens géorgiens séjournant pour de courtes durées dans l’Union européenne.


Un futur incertain


« On note aussi beaucoup de tensions à l’est de la Russie mais le sujet est bien souvent passé sous silence », a expliqué Herbert Salber, représentant spécial de l’Union européenne pour le Caucase du Sud. Devant les députés, il a notamment évoqué une éventuelle division de la région en zones d’intérêt, même si la situation apparaît encore comme très incertaine.


Selon une étude du service de recherche de recherche du Parlement européen, la Russie serait désormais prête à affirmer son rôle de centre d’influence à l’échelle mondiale. L’Occident, y compris l’Union européenne, serait perçu comme un obstacle aux projets et à la sécurité de la Russie.


Au cours des discussions, de nombreuses questions ont porté sur les conséquences de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis. Les résultats des élections en France et en Allemagne pourraient également avoir un impact sur le futur des relations de l’Union européenne avec la Russie.


En attendant, les sanctions économiques à l’égard du pays, introduites pour la première fois en juillet 2014, devraient encore être prolongées en juin et en décembre prochain.