Centenaire de la Grande Guerre: "ne tenez jamais la paix et la stabilité pour acquises"

Il y a un siècle, l’Europe était sur le point d’entrer dans un des conflits les plus meurtriers de son histoire, qui allait changer à jamais la carte: la Première Guerre mondiale. Les députés européens ont averti que la paix et la stabilité ne doivent jamais être tenues pour acquises lors d’un débat le 16 avril sur le centenaire de la Grande Guerre. Ils ont appelé à plus d’intégration et souligné l’importance de la lutte contre le nationalisme pour assurer paix, stabilité et sécurité en Europe.

Photo des orateurs, de gauche à droite: Martin Schulz, Evangelos Venizelos, José Manuel Barroso, Joseph Daul, Hannes Swoboda, Guy Verhofstadt, Daniel Cohn-Bendit, Martin Callanan, Gabriele Zimmer, Nigel Farage
Les députés européens ont débattu au Parlement européen du centenaire de la Grande Guerre.

La Première Guerre mondiale a été la première grande catastrophe du 20ème siècle, a déclaré le président du Parlement européen Martin Schulz, soulignant l’importance de la coopération des peuples à travers les frontières.


Evangelos Venizelos, le ministre grec des affaires étrangères, s’est exprimé au nom du Conseil et a souligné que « pour cet anniversaire, l’Europe est à nouveau confrontée à des situations qui testent sa présence politique internationale, de la Syrie à la Lybie et de l’Iran à l’Ukraine ». Il a également souligné que la mémoire historique doit être la base des grandes initiatives politiques nécessaires en Europe.


Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a déclaré que l’Union européenne « nous donne les moyens d’éviter la perversité du nationalisme tout en conservant la culture de nos pays ». Il a défini la crise actuelle des pays voisins de l’est de l’Union européenne comme un contraste entre « une Europe moderne, ouverte, démocratique » et « l’ancien concept d’une Europe qui continue à penser et à agir en catégories de pouvoir, sphères d’influence, diktats, méfiance et dans la logique de diviser pour mieux régner ».


Joseph Daul, député démocrate-chrétien français, a rappelé que la Première Guerre mondiale était « un accident causé par des nationalismes égoïstes » et a appelé à plus d’intégration et de politiques communes. « Si l’Europe devait succomber au populisme et à l’eurosceptisme, nous ferions machine arrière. Ce serait revenir au chaos et à la guerre en Europe », a-t-il ajouté.


« De nouveaux groupes et partis fondés sur la haine et la xénophobie surviennent en Europe », a averti Hannes Swoboda, député démocrate socialiste autrichien. « Le nationalisme va coûter la paix sociale, la sécurité, la prospérité et l’influence internationale. Ce serait un lourd prix à payer pour les citoyens », a-t-il ajouté.


Selon Guy Verhofstadt, député démocrate libéral belge, la guerre ou l’absence de celle-ci était autrefois le seul argument de l’intégration européenne. Cependant, il a déclaré :  « soyons honnêtes à ce sujet. Nous ne convaincrons pas la jeune génération en mettant le doigt sur un passé horrible mais lointain. Nous devons leur expliquer comment l’Europe et l’intégration européenne sont des outils pour un meilleur avenir ».


Le député vert français Daniel Cohn-Bendit a appelé le Parlement européen à « défendre un intérêt communautaire et laisser derrière les intérêts nationaux » ajoutant que « le fédéralisme européen est une clé pour l’avenir sur la scène mondiale ».


Martin Callanan, député conservateur et réformiste britannique, a rappelé que malheureusement, tous les pays n’ont pas appris les leçons de la Première Guerre mondiale puisqu’ils comptent encore sur les menaces et la force militaire.


Le Parlement européen doit donner le signal que « l’Union européenne ne soutiendra jamais la guerre, que la paix est fragile et ne peut être considérée comme acquise en Europe [ ... ] et que c’est la racine de nos actions communes », a déclaré Gabriele Zimmer, députée allemande membre de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte.


L’idée qu’il existe des États-nations qui ont conduit à la guerre et que par conséquence ils doivent être supprimés est « un mensonge potentiellement dangereux » a rappelé Nigel Farage, député britannique membre du groupe « Europe de la liberté et de la démocratie ».


Daniël Van der Stoep, député non inscrit néerlandais, a déclaré que le Parlement européen a les mêmes objectifs que les dirigeants hors de contrôle des guerres mondiales : créer un État aussi puissant que possible sur le continent européen. « Il y a des électeurs, qui diront clairement le 22 mai qu’ils s’opposent à l’occupation illégale et dictatoriale de leurs États-nations », a-t-il expliqué.