Barroso : « la crise n’a pas été créée par l’Europe »

Après deux mandats et donc dix ans passés à la tête de la Commission européenne, José Manuel Barroso est prêt à passer le flambeau à Jean-Claude Juncker. Nous avons parlé avec le Président de la Commission européenne juste après son discours devant la session plénière ce mardi 21 octobre sur le bilan de son second mandat. Il a déclaré que la crise n’a pas été créée par l’Europe mais par un comportement irresponsable dans les marchés financiers et certains pays.

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Monsieur Barroso, dix ans ont passé. Votre second mandat a été marqué par deux mots : crise et austérité. Vous avez parlé d’être prudent avec le prestige du pessimisme de l’Europe. Qu’en pensez-vous aujourd’hui ?


Je pense qu’il est important pour les Européens de savoir que la crise n’a pas été créée par l’Europe. La crise a été créée par un comportement irresponsable dans les marchés financiers ainsi qu’un comportement irresponsable des gouvernements qui ont accumulé une dette excessive. L’Europe n’est pas la cause de la crise, elle est une partie de la solution. La Commission européenne, de concert avec le Parlement européen et le Conseil ont travaillé durant des années pour trouver une solution. Mais l’Union européenne n’est qu’une partie de l’Europe. Je pense que nous avons tout fait pour ramener la stabilité en Europe, pour créer de bonnes conditions pour la croissance. Maintenant, si vous me demandez si je veux plus d’action en termes d’investissement, je vous répondrai que oui et que je l’ai proposé. Le Parlement européen m’a soutenu lorsque j’ai demandé un budget plus ambitieux, mais nous devons respecter le souhait de tous nos États membres. Je pense que la critique disant que l’Union européenne n’a pas tout fait pour lutter contre la crise est injuste et incorrecte.


Qu’auriez-vous fait différemment si vous deviez recommencer ?

 

J’ai beaucoup appris et il y a beaucoup de choses que j’aurais faites différemment. Tout ce que nous avons fait, nous l’avons fait avec les meilleures intentions et nous mettions en place les bonnes propositions selon les informations que nous avions à l’époque. Si après cela elles n’ont pas pu toutes être adoptées, je ne peux pas prendre la responsabilité car l’Union européenne n’est pas seulement la Commission européenne. C’est une idée fausse. C’est ce que les populistes disent : la Commission européenne décide de tout à Bruxelles, et c’est faux. Nous prenons l’initiative mais les décisions sont prises par le Parlement européen et les gouvernements d’Europe. Dans certains cas, les gouvernements prennent trop de temps ou ne sont pas prêts pour plus d’ambition. Je pense que ce que nous avons fait était globalement correct et je resterai sur cette position.


Comment décrivez-vous la relation entre le Parlement européen et la Commission européenne de ces dix dernières années ?


Le Parlement européen est une partie importante de notre Union européenne. Je le respecte beaucoup. Des forces politiques ont choisi si elles voulaient juste être une force de protestation ou une partie de la gouvernance économique. Il y a eu des moments très difficiles durant les dix dernières années mais au final, nous avons obtenu tous les compromis nécessaires et je veux remercier le Parlement européen pour cela.