Paweł Pawlikowski: “j’ai essayé de faire un film sur des choses universelles”

Aujourd’hui, le Parlement européen a décerné le Prix LUX 2014 à Ida, la coproduction polonaise et danoise du réalisateur Paweł Pawlikowski. C’est l’histoire d’une jeune femme sur le point d’entrer dans les ordres qui rencontre sa tante et part en voyage pour en savoir plus sur son passé. Nous avons rencontré le réalisateur à l’issue de la cérémonie et l’avons interrogé sur son film, son succès et le cinéma européen.

Paweł Pawlikowski
Paweł Pawlikowski, réalisateur du film Ida qui a remporté le Prix LUX 2014

Monsieur Paweł Pawlikowski, votre film est déjà vu comme un succès. Il y a quelques jours, il a été reconnu en tant que meilleur film européen lors des Prix du cinéma européen à Riga et est nominé aux Golden Globes. Comment expliquez-vous le succès d’Ida ? L’attendiez-vous ?

 

Je m’attendais à un certain succès car je l’ai aimé et je l’ai fait exactement comme je le voulais. Mais le fait qu’il soit sorti dans le monde et ait été vu par des millions de gens est totalement surréaliste.


Que signifie pour vous ce Prix LUX du Parlement européen ?

 

Le prix d’aujourd’hui est très important car il montre que le Parlement européen protège différents films, des films qui ne sont pas évidents et je pense que c’est un bon signe. Je suis très heureux de recevoir ce prix.


Quel est le message principal de votre film ?

 

Le film n’a pas de message. Je ne ferais pas de films si j’avais un message, j’écrirais des livres. Le film est un dialogue avec vous-même.


Vous racontez une histoire en noir et blanc, en utilisant des scènes statiques, ce qui contribue beaucoup à l’ambiance du film. Que répondriez-vous à ceux qui disent que le cinéma européen est souvent trop sombre et déprimant ?

 

Juste parce que vous traitez de certains thèmes qui sont sombres ne signifie pas que le film ne peut pas avoir un effet inspirant, exaltant.


Je détesterais penser que les sujets déprimants définissent le cinéma européen. Ce qui est spécifique au cinéma européen c’est que les films sont réalisés d’une façon très libre et désinvolte. Ils ne sont pas à propos d’une chose ou d’une question spécifique, ils ont une certaine poésie. Les réalisateurs européens trouvent la forme qui s’adapte le mieux au contenu et vice versa et ne réalisent pas des films juste pour gagner de l’argent, ce qui est très difficile aujourd’hui. C’est ce que l’Europe devrait représenter et défendre.


Qu’appelez-vous un film historique ? L’histoire est-elle juste un contexte pour raconter ou joue-t-elle un plus grand rôle ?


Le film n’est pas à propos de l’Holocauste. Il parle de plein de choses, il ne peut être ramené à un seul sujet. J’ai essayé de faire un film à propos de choses universelles : la culpabilité, la faiblesse, le pardon. Ainsi que les paradoxes de l’âme humaine et des situations historiques.


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