Les députés des libertés civiles veulent faciliter la suspension de dispenses de visa 

Communiqué de presse 
 
 

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Des projets pour renforcer le mécanisme européen de suspension de visa, qui lui permettraient de réintroduire temporairement l'obligation de visa pour les ressortissants de pays tiers en cas de pics soudains d'immigration irrégulière, de demandes d'asile infondées ou d’un manquement à coopérer avec l'Union européenne sur les "réadmissions" (i.e. retours), ont été modifiés et approuvés par les députés de la commission des libertés civiles jeudi.

Les députés ont élargi la gamme des motifs pour lesquels une exemption de visa peut être suspendue.


Avec les nouvelles règles, il sera plus facile pour les États membres de notifier la Commission européen et un autre État membre d'une situation dans laquelle une exemption de visa peut être suspendue - pour une période initiale de six mois - et la procédure pour le faire sera plus rapide. La Commission sera également en mesure de déclencher le mécanisme de suspension de sa propre initiative.


Le rapport législatif, préparé par Agustín Díaz de Mera (PPE, ES), a été approuvé par 42 voix pour, 9 contre, avec 1 abstention.


"Nous devons nous doter d'un outil flexible et solide, mais il faut aussi inclure des garanties solides en matière de droits de l'homme. Voilà pourquoi le Parlement propose plusieurs dispositions visant à faire en sorte que les droits de l’homme soient respectés dans les pays qui bénéficient d'une exemption de visa", a expliqué M. Díaz de Mera après le vote.


Compte tenu de la crise migratoire actuelle et des propositions récentes de libéralisation des visas pour la Géorgie, l'Ukraine, la Turquie et le Kosovo, la Commission a proposé en mai d’examiner le mécanisme de suspension, qui a été inscrit dans la législation européenne en 2013, pour le rendre plus flexible. Parmi les autres changements, l’exécutif européen a suggéré que cet outil soit disponible pour une utilisation non seulement dans "des situations d'urgence, en dernier recours", mais aussi en cas de tensions dans les flux de migration irrégulière, de demandes d'asile infondées ou de demandes de réadmission rejetées.


Jeudi les députés ont soutenu la plupart des modifications proposées par la Commission et inséré d'autres changements. Ils ont ainsi élargi les motifs sur base desquels un État membre peut demander qu'une exemption de visa pour un pays donné soit suspendue, y compris "une augmentation des risques ou une menace imminente pour l'ordre public ou la sécurité intérieure" relative aux ressortissants de ce pays. Ces risques doivent être étayés par des "des informations objectives, concrètes et pertinentes" fournies par les autorités de l'application des lois nationales et Europol, ajoutent-ils.


Évaluer les conséquences avant de réintroduire les visas

 

Les amendements des députés stipulent que la suspension de l'exemption de visa devrait être le "dernier recours" et devrait être basée sur des "données strictes et objectives". La Commission devra régulièrement informer le Parlement et le Conseil quant au fait que les pays dont les citoyens peuvent voyager dans l'Union européenne sans visas continuent à remplir les critères de la libéralisation des visas, tout particulièrement en matière de droits de l'homme et de libertés fondamentales.


Avant de décider de suspendre temporairement l'exemption de visas, la Commission devra examiner la situation des droits de l'homme dans le pays tiers concerné et "tenir compte des conséquences éventuelles" pour les citoyens si les visas étaient à nouveau imposés.


Le Parlement examinera les décisions de la Commission


Afin de faire face au besoin de réponse rapide quant aux prompts changements qui prennent place dans les pays tiers par des implications adéquates du Parlement et du Conseil, la Commission aura le pouvoir d'approuver les décisions de suspension à l'aide d'un "acte délégué", auquel pourront s’opposer à la fois les députés européens et les États membres. Après avoir reçu une notification d'un pays, ou sur base de son propre rapport, la Commission aura un mois pour décider de suspendre ou non l'exemption de visas.


Les visas seront réintroduits pour une période initiale de six mois. Avant le terme de cette période, la Commission devra présenter un rapport au Parlement et au Conseil qui sera, si besoin est, accompagné d'une proposition législative qui visera à inscrire de manière permanente le pays tiers sur la liste des pays dont les ressortissants requièrent un visa pour voyager au sein de l'Union européenne.


La régulation du mécanisme de suspension des visas ne concernera par le Royaume Uni ni l'Irlande.


Prochaines étapes

 

La commission des libertés civiles a également soutenu jeudi, avec 42 voix pour, 9 voix contre, et 1 abstention, une proposition visant à ouvrir les négociations avec le Conseil, afin de trouver un accord à la première lecture. Les négociations débuteront la semaine prochaine.