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Compte rendu in extenso des débats
Mercredi 12 avril 2000 - Strasbourg Edition JO

12. 2001 : Année européenne des langues
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  Le Président. - L’ordre du jour appelle le rapport (A5-0099/2000) de M. Graça Moura, au nom de la commission de la culture, de la jeunesse, de l’éducation, des médias et des sports, sur la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil établissant l'Année européenne des Langues 2001 [COM(1999) 485 - C5-0278/1999 - 1999/0208(COD)].

 
  
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  Graça Moura (PPE-DE), rapporteur. - (PT) Monsieur le Président, Madame la Commissaire Viviane Reding, Messieurs les Députés, je viens d'un pays dont l'histoire, au cours des dix derniers siècles, est intimement liée à la connaissance des langues étrangères, parlées dans les endroits les plus divers de notre planète. Les Portugais ont toujours dû apprendre la langue des peuples qui ont été leurs interlocuteurs et ont, de leur côté, porté une langue européenne, le portugais, aux quatre coins du monde, dans lesquels elle est à présent parlée par deux cent millions de personnes.

Aussi la portée d'une initiative telle que l'Année européenne des Langues 2001 est-elle pour moi d'une évidence naturelle, à une époque où l'Europe est confrontée à une nouvelle dimension de son histoire et où nous sommes tous pleinement conscients de la richesse extraordinaire que représente la diversité culturelle et linguistique des peuples de l'Europe et nous disposons du vaste travail conceptuel réalisé par le Conseil de l'Europe, et même par ce Parlement, qui conduit à l'inscription de la langue maternelle parmi les droits fondamentaux de la personne humaine.

C'est dans ce contexte, où se conjuguent histoire et civilisation, dynamique des processus culturels et élaboration du droit, urgence du présent et vision nécessaire du futur, que prend toute son importance la proposition d'apprentissage des langues qui est présentée à tous les citoyens de l'Union européenne. Le programme de l'année européenne des langues, campagne qui comporte un défi audacieux, a pour postulat la nature essentielle du patrimoine, oral comme écrit, produit depuis toujours dans toutes les langues parlées en Europe ; il considère la connaissance des langues comme un élément intrinsèque de la construction de la citoyenneté européenne, du fait qu'elle permet une meilleure connaissance mutuelle, stimule tolérance et convivialité et constitue, par là-même, un outil important dans la lutte contre le racisme, la xénophobie, l'antisémitisme et d'autres formes inacceptables de discrimination ; enfin, il tient compte de la dimension économique, car la maîtrise d'autres langues représente un ensemble de qualifications professionnelles, facilite l'accès aux connaissances scientifiques et peut constituer une arme dans la lutte contre le chômage.

Les divers amendements au texte initial déposés par les membres de cette Assemblée ne reflétaient pas seulement ces préoccupations, mais une véritable politique en la matière qui, sans transgresser le principe de subsidiarité, permettrait de garantir la qualité et l'efficacité de la campagne de promotion de l'apprentissage des langues étrangères ainsi que la diversité du public-cible, l'accent étant mis sur les groupes les plus défavorisés.

La méthode suivie pour l'élaboration du rapport que j'ai eu l'honneur de signer et qui sera soumis demain à l'approbation de ce Parlement, a consisté à rechercher systématiquement, de manière tout à fait informelle et par le biais de contacts intensifs et divers avec les coordonateurs des groupes politiques de la Commission de la culture, de la jeunesse, de l'éducation, des médias et des sports, avec des représentants de la présidence portugaise et avec de membres de la Commission, la limite entre ce qui serait acceptable pour les différentes institutions concernées, et ce qui ne le serait pas. Cette méthode a permis d'aboutir à ce que l'on peut qualifier de texte de compromis, car tout porte à penser qu'il rend inutile une éventuelle deuxième lecture et une éventuelle conciliation, c'est-à-dire une solution qui permette que la procédure aboutisse en première lecture et que les mesures visant à la préparation de l'Année européenne des Langues puissent être engagées dès le deuxième semestre de cette année, de manière à ce que le programme puisse entrer en vigueur début 2001. Je pense que les dernières difficultés seront aplanies par la déclaration que nous attendons tous de la commissaire Viviane Reding.

Cela ne signifie pas, Monsieur le Président, Madame la Commissaire, chers collègues, que nous vivions dans le meilleur des mondes possibles. Nous considérons que les ressources budgétaires sont nettement insuffisantes, nous estimons qu'il existe, en amont du programme, des actions qu'il sera impératif de calibrer et d'élaborer et nous estimons également que toute une série d'aspects ont été négligés, car ils relèvent non plus d'une campagne d'apprentissage, mais concernent le statut des langues européennes qui, pour une raison historique ou politique, sont moins parlées ou plus défavorisées dans certains États membres. Ces aspects requièrent de toute urgence l'attention des institutions communautaires, mais ne mettent nullement en cause le fait que le texte de compromis recèle un potentiel énorme de bons résultats, car il correspond à un désir et un besoin véritable des peuples de l'Union et couvre d'ores et déjà, de manière directe ou indirecte une partie importante des grands principes qu'il y a lieu d'adopter en la matière.

Pour toutes ces raisons, et en remerciant mes collègues, la présidence portugaise et la Commission de leur collaboration, j'ai l'honneur de demander l'approbation de la proposition de décision commune relative à l'Année européenne des Langues, telle qu'elle figure dans le texte de compromis dont je viens de présenter les caractéristiques.

 
  
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  Pack (PPE-DE). - (DE) Monsieur le Président, chers collègues, j’ai rarement vu tous les groupes de cette Assemblée faire preuve de tant de bon sens et de raison qu’aujourd’hui. C’est sans doute dû au sujet dont tout le monde comprend l’urgence et l’importance. Nous voulons que l’Année européenne des langues soit bien préparée. C’est pourquoi les trois Institutions ont mis de l’eau dans leur vin et se sont épargné les conciliations fastidieuses. Je remercie vivement M. Graça Moura pour son travail. Il a tellement bien travaillé que tous les coordinateurs de la commission n’ont pu que se rallier à ses vues. Je pense que son charme et sa compétence ont également joué un grand rôle.

Que veut cette action que nous soutenons maintenant avec tant de ferveur ? Nous voulons faire prendre conscience à nos citoyens des avantages de la maîtrise de plusieurs langues. Les langues font partie intégrante de la diversité culturelle, et la richesse de notre culture repose en particulier sur la connaissance des langues. Il est tout simplement merveilleux de lire et de comprendre les poèmes de Verlaine, de Heine ou de Vasco Graça Moura dans le texte original ! Même dans la vie de tous les jours, on ne va plus très loin sans les langues. Le marché intérieur se s’offre pleinement qu’à ceux qui parlent plusieurs langues.

En tant que rapporteur sur le programme Socrates, je suis particulièrement favorable à ce que l’apprentissage des langues des voisins européens joue un rôle en vue lors de l’Année européenne des langues et que des projets-pilotes voient le jour dans ce cadre.

Nous espérons bien sûr tous que les mesures prévues pour cette Année européenne des langues ne seront pas éphémères et qu’elles iront plus loin.

Je souhaite à cette Année européenne des langues tout le succès qu’elle mérite et dont nous avons tous besoin !

(Applaudissements)

 
  
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  Prets (PSE). - (DE) Monsieur le Président, Madame la Commissaire, l’Année européenne des langues devrait permettre d’atteindre plusieurs objectifs, notamment de renforcer la prise de conscience de la richesse culturelle de la multiplicité linguistique de l’Union européenne. Il faut en outre faire comprendre au plus grand nombre possible les avantages de la connaissance de plusieurs langues en tant qu’élément essentiel du développement personnel, de la vie professionnelle et de la communication.

Il me semble particulièrement important d'atteindre non seulement des étudiants mais aussi des groupes-cibles que constituent les personnes socialement désavantagées et les immigrés, et de leur donner des perspectives d’avenir. L’échange d’informations, la collecte et le traitement des expériences et le développement de méthodes modernes permettant d’améliorer l’accès aux langues se trouvent également au cœur de ce projet.

Avec le budget disponible de 8 millions d’euros, il n’est malheureusement pas possible de mettre en avant et d’aider, comme l’ont demandé de nombreux collègues, les langues minoritaires. Certes, celles-ci doivent être prises en considération. Je parle d’expérience, étant originaire d’une région où on rencontre trois langues minoritaires.

L’objectif de cette Année européenne des langues est tout d’abord, comme on l’a déjà dit, d’inciter nos citoyens à apprendre plusieurs langues, pour leur usage personnel et pour assurer une meilleure compréhension et une plus grande cohésion de l’Union européenne. En peu de temps, on est parvenu à terminer ce rapport et à atteindre l’unanimité sur plus de 100 propositions d’amendements. La flexibilité et la disposition au compromis de toutes les parties furent exemplaires. Le rapporteur, M. Graça Moura, s’est révélé un négociateur particulièrement circonspect et engagé dans l’intérêt de ce projet. Qu’il accepte mes remerciements et mes félicitations !

Je voudrais toutefois faire part de quelques critiques à l’adresse du Conseil, qui n’a pas accordé la confiance nécessaire au Parlement. Il y a deux semaines, nous avions trouvé un accord avec les représentants du Conseil, de la Commission et du Parlement, mais cet accord a hélas été remis en question ce lundi. Nous ne pouvons accepter cette façon d’agir et nous attendons que le Conseil donne mandat à ses représentants ou nous confirme que d’autres discussions seront nécessaires. Nous pourrons ainsi à l’avenir nous épargner des pertes de temps inutiles. Je crois qu’il est primordial d'aller l'un vers l'autre et, si la culture est un soutien important, la langue est essentielle.

 
  
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  Andreasen (ELDR). - (DA) Monsieur le Président, je voudrais remercier M. Graça Moura pour son important travail et l'énergie qu'il a consacrée à l'élaboration de ce rapport. Je voudrais également remercier le Conseil pour l'accueil qu'il a fait à ce rapport et la Commission pour son rôle de médiateur, surtout ces derniers temps. Le groupe des Libéraux soutient activement des initiatives qui peuvent provoquer une plus grande conscience des valeurs de pluralité linguistique au sein de l'Union européenne. Il est important que l'on incite les citoyens européens à apprendre des langues étrangères le plus tôt possible, à l'école - et durant toute leur vie. La connaissance des langues est essentielle car les langues européennes ont une grande importance pour la culture et la civilisation européennes, et naturellement, de bonnes connaissances linguistiques sont aussi une des conditions pour que les travailleurs puissent trouver un emploi dans un autre pays de l'UE que le leur. Le programme pour une année européenne des langues est un magnifique point de départ pour diffuser des informations sur les nombreuses possibilités qui existent pour apprendre une langue étrangère, et c'est primordial. La proposition de M. Graça Moura mentionne les 11 langues officielles de l'UE ainsi que d'autres langues reconnues par les États membres, comme l'irlandais et le luxembourgeois. Le groupe des Libéraux pense aussi que le programme doit également reprendre des langues réellement présentes dans les États membres. Laissez-moi citer à titre d'exemple des langues comme le catalan en Espagne et le frison au Pays-Bas. Pour conclure : dans le programme de l'année européenne des langues, on a tenu compte de l'élargissement de l'Union, ce que nous, au sein du groupe des Libéraux, considérons comme capital pour tous les programmes européens. Au nom du groupe des Libéraux, je recommande de soutenir ce programme

 
  
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  Vander Taelen (Verts/ALE). - (NL) Monsieur le Président, je tiens moi aussi à remercier le rapporteur pour son excellent travail. Je voudrais apporter quelques commentaires en marge de la campagne européenne qui se propose d’apprendre aux Européens les langues d’autres communautés.

Nous sommes bien évidemment tous convaincus de l’utilité de cette campagne. Ce qui bien souvent ne va pas avec les campagnes européennes - je ne suis heureusement pas devenu homme politique depuis suffisamment longtemps pour ne plus savoir comment le simple citoyen considère ce genre de campagne - c’est que les citoyens n’y voient souvent qu’une simple affiche publicitaire très attrayante sans doute mais qui reste sans aucune suite. J’ose espérer que cette campagne offrira autre chose et que l’on se penchera sur la question de savoir pourquoi les gens en Europe apprennent si difficilement les langues et quel est le moment le plus propice pour l’apprentissage des langues. Je suis moi-même originaire d’un pays bilingue et j’ai pu constater que certaines personnes dans ce pays ne connaissent pas la deuxième langue du pays et sont incapables de la parler même après avoir suivi un enseignement pendant plusieurs années, dans certains cas même pendant douze ans. Cette constatation est inquiétante. J’espère que dans le cadre de cette année dédiée aux langues européennes, on recherchera quelles sont les meilleures méthodes d’apprentissage des langues et surtout comment inciter les Européens à apprendre d’une façon à la fois agréable et moderne les langues de leurs concitoyens d’Europe.

 
  
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  Fraisse (GUE/NGL). - Monsieur le Président, chers collègues, la multiplicité des langues est source de richesse culturelle. Je remercie le rapporteur, M. Graça Moura, d'avoir restitué cette dimension qui manquait cruellement au départ, d'avoir établi d'emblée, que nous ne sommes pas simplement face à un problème technique d'information et de communication, d'avoir rappelé que la diversité des langues est le produit d'une civilisation écrite et orale. Il faut se garder d'une approche fonctionnaliste et utilitariste des langues, car cette approche ignore que la langue permet la pensée et que la pensée permet la citoyenneté. Apprendre au moins deux langues me paraît donc un minimum pour accompagner la dynamique de la démocratie européenne, autant que pour assurer la mobilité des étudiants et des salariés.

Je me demande simplement quels sont les moyens que nous avons désormais, autres que les quelques bonnes paroles, et un tout petit peu d'argent, pour mener à bien cette politique. Nous devons pouvoir penser avec notre langue maternelle, avec ou dans d'autres langues. La Française que je suis est convaincue que la francophonie va de pair avec l'usage des langues étrangères. Voilà pourquoi il faut convaincre parents, enseignants et politiques que l'apprentissage des langues doit commencer dès le niveau scolaire primaire, voire dès le préscolaire. Voilà aussi pourquoi l'interprétation et la traduction ne peuvent être reléguées comme c'est encore le cas sous l'appellation d'aptitudes connexes.

Nous ne pouvons nous contenter de plaider pour la diversité des langues et de réclamer le respect des différences. Il y va d'une Europe assumant une identité des identités et pas seulement une mutualité des différences. Et cela nous amène au débat sur les langues officielles de la Communauté et les langues reconnues, nationales ou régionales, de tous les pays d'aujourd'hui et de demain, notamment dans le cadre de l'élargissement, qui nous préoccupe, nous le savons, sur le plan des langues.

Le citoyen européen a un patrimoine aussi, qui commence avec le grec ancien et le latin ; nous l'avons tous souligné au sein de la commission et nous ne devons pas perdre ces langues. Le citoyen ne doit négliger aucune langue ; il ne doit pas non plus oublier celles des immigrants très présents dans nos pays, ni même la langue des signes qui est la langue minoritaire par excellence. Et à mon avis, une campagne de sensibilisation réussie doit bien sûr présenter la langue comme un sujet d'apprentissage et une mécanique d'échange, mais aussi rappeler que la langue est également un plaisir et un jeu.

(Applaudissements)

 
  
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  Marinos (PPE-DE). - (EL) Monsieur le Président, après avoir félicité à mon tour le rapporteur, M. Graça Moura, qui a fait un si bon travail que celui-ci a recueilli le soutien unanime de la commission de la culture, je voudrais m’attacher à un seul point : en plus de son intérêt humain, culturel et politique, la nécessité d’enseigner plus d’une langue s’impose comme un élément majeur de dynamisme économique. Comme le souligne également le rapport, tous les spécialistes ont constaté qu’une bonne connaissance de la langue maternelle et l’apprentissage des langues classiques, notamment du latin et du grec ancien, facilitent l’apprentissage des autres langues. J’ajouterai : et aussi de notre langue maternelle. Il s’agit là d’une grande vérité, comme il ressort du fait - ignoré sans doute par beaucoup - que la langue anglaise, par exemple, comprend environ 75 000 mots ayant une racine grecque. Je répète, 75 000 mots anglais sont issus du grec ancien. Il existe un chiffre analogue dans la langue française, comme du reste dans la plupart des autres langues européennes modernes. Il est également certain que le latin présente autant d’importance pour la plupart des langues européennes.

La connaissance est pouvoir, a dit le savant anglais Francis Bacon, et donc, la connaissance des langues fondamentales d’où sont issues les langues européennes modernes améliore notre savoir, en général, et renforce la culture européenne, laquelle, en dehors de sa valeur humaniste, est aussi une arme pour notre survie et notre réussite comme Européens dans une économie mondialisée. Du reste, les professeurs allemands contemporains August et Werner Karl Heisenberg ont qualifié la langue grecque ancienne - tout comme la langue grecque moderne - de mère et nourrice de la culture universelle. Je pense que la renaissance de l’enseignement du latin et du grec ancien dans le cycle secondaire dotera aussi les nouvelles générations d’armes culturelles qui leur permettront de résister à l’envahissement du message culturel américain, en règle générale niveleur, en ne gardant que ses éléments positifs.

 
  
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  Paasilinna (PSE). - (FI) Monsieur le Président, chers collègues, je remercie le rapporteur. L'Année européenne des langues est importante et doit être soutenue. Toutes les langues européennes sont aussi importantes l'une que l'autre et égales du point de vue culturel.

On peut dire que la langue est l'âme de toute chose. La langue maternelle n'est pas un simple moyen de communication ; elle représente en fait plus que tout. C'est la pensée elle-même. La langue constitue le moyen le plus pacifique de communiquer. L'indépendance, c'est la langue et la langue, c'est l'indépendance. Les Kurdes sont un peuple dépourvu de pays et de frontières. C'est la langue qui les unit. La langue est un pouvoir formidable. C'est le plus important liant d'une nation. Les grandes puissances et même plusieurs États plus petits oppriment souvent au moyen de la langue. C'est un instrument d'occupation.

Dans mon pays, nous avons une législation sur les langues qui compte parmi les plus libérales du monde. Dans l'histoire finlandaise, deux langues étrangères différentes ont été considérées comme la langue officielle. C'est seulement au début du siècle passé que notre propre langue est devenue officielle. Pour cette raison, nous avons assuré une position importante aux langues minoritaires.

La diversité des langues de l'Union européenne constitue donc une richesse. En même temps, c'est le droit de chaque citoyen des États membres. Il faudra préserver le multilinguisme après l'élargissement aussi. Rien ne l'empêche. Il est erroné de considérer le multilinguisme comme cher et inefficace. L'interprétation ne coûte en effet pas cher, c'est la meilleure façon d'œuvrer à la paix dans la pratique.

 
  
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  Ortuondo Larrea (Verts/ALE). - (ES) Monsieur le Président, je voudrais féliciter le rapporteur et souligner dans ce débat que l’idée de cette célébration émane du Conseil de l’Europe, institution dotée d’un sensibilité toute particulière envers les aspects culturels et sociaux du vieux continent qui, avec son initiative visant à améliorer la connaissance et l’usage de plusieurs langues chez les Européens, a pour but de renforcer la compréhension, la tolérance et le rapprochement entre les citoyens.

Cela dit, si l'on parle de langues européennes, on ne peut oublier que le terme n’englobe pas seulement les langues officielles des États. En Europe, on parle beaucoup d’autres langues, certaines millénaires, comme l’euskera du Pays basque ou le gaélique, dont les origines se perdent dans la nuit des temps, et d’autres comme le catalan, le galicien ou l’alsacien que l’on parle ici même à Strasbourg. Il faut que toutes ces langues régionales et minoritaires bénéficient également de cette initiative. Il faut aussi intégrer aux organismes désignés par les États pour organiser la participation à l’Année européenne des Langues les représentants de ces autres langues, qui sont également européennes et qui constituent l’essence et le fondement de la richesse de notre unité dans la diversité.

Par ailleurs, en apprenant d’autres langues, on prend conscience de la diversité culturelle et contribue à l’éradication de la xénophobie, du racisme et de l’intolérance, ce qui fait partie de notre acquis et de nos objectifs communautaires.

 
  
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  Gutiérrez Cortines (PPE-DE). - (ES) Monsieur le Président, je voudrais remercier la Commission et le rapporteur, M. Graça Moura pour avoir accepté autant d’amendements, dont bon nombre visaient à élargir l’Année et à étendre cette initiative au milieu rural et aux régions les plus défavorisées. Mais je voudrais également manifester certaines préoccupations concernant les limitations économiques. Je conseillerais que l’on admette de nombreux projets car il est évident que les projets culturels attirent beaucoup d’investissements des communautés autonomes et d’initiatives privées, investissements que nous ne pouvons pas manquer.

Je demanderais aussi, en cette période où l'émotion l’emporte souvent sur l’équité, que l’on ne soutienne pas de projets signifiant l’exclusion et l’utilisation de la langue afin d’affirmer des positions qui bien souvent visent à séparer les peuples, alors que l’objectif de ce programme est de les unir.

Je voudrais également que l’Union européenne commence à traiter avec attention et tendresse les langues sans patrie, les langues maternelles qui bien souvent n’ont ni école, ni enseignant ; des langues qui sont même disséminées sur tout le territoire européen, n’ayant pas d’État pour les accueillir et qui n’arriveront jamais à être reconnues comme officielles. Je parle, par exemple, du ladino ou du yiddish. Des langues qui, en outre, ne disposent pas de leurs propres médias. Parmi les 150 langues parlées en Europe, il faudrait établir une liste de celles que seules les mères transmettent à leurs enfants, qui sont seulement parlées au foyer et auxquelles il reste, à l'heure actuelle, très peu d’années d’existence, en raison de l’invasion des médias et de l’officialité des langues dans les écoles. Je voudrais que cette Année européenne des Langues s’ouvre également à celles-ci, qu’on leur fasse une petite place afin de les préparer à d’autres programmes susceptibles d'être élaborés à l'avenir.

 
  
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  Poignant (PSE). - Monsieur le Président, mon propos s'adressera bien sûr à mes collègues parlementaires, puisqu'il s'agit de langues, mais aussi à nos interprètes, qui font vivre ce Parlement, au rapporteur, bien sûr, pas parce qu'il est rapporteur, mais parce qu'il est aussi un poète dans le Parlement, et en plus un poète qui parle, je l'ai découvert, à la perfection ma langue maternelle. On ne pouvait pas trouver meilleur rapporteur que celui-là.

Ici, quand on est nouveau parlementaire, comme c'est mon cas, on découvre qu'on s'occupe de tout : du chocolat, des vieilles voitures, de la majorité qualifiée, des haricots secs, des lentilles d'Espagne, de tout. Et puis, tout d'un coup, on découvre qu'on va s'occuper de ce qui fait l'épaisseur historique de l'Europe, l'épaisseur culturelle du continent, c'est-à-dire ses langues. Et quand on repense à des périodes anciennes, je pense à la Renaissance, grande période d'échanges, grande période de commerce, il n'empêche qu'aujourd'hui subsiste de cette période ce qui est culturel, ce qui est patrimonial, et il en sera ainsi et toujours ainsi.

En matière linguistique, l'Europe a connu des périodes où une langue dominait : le latin, le français aussi. Aujourd'hui, c'est plutôt l'anglais. Alors, que dire à nos concitoyens pour cette année 2001. Quelques sujets que j'égrène rapidement. D'abord, que l'unité de l'Europe ne peut pas vouloir dire l'uniformité linguistique. Ensuite, que toute langue est respectable et mérite d'être promue et défendue. On le fait pour des quantités de choses : des monuments, des objets, des ceci, des cela. Pourquoi ne le ferait-on pas pour ce que l'homme produit de mieux et de plus durable, c'est-à-dire le mode et la façon de communiquer avec ses semblables ? Et puis, toute langue est d'abord apprise dans la famille. C'est pour cela qu'elle porte le nom de "maternelle" et qu'aucun État, quel qu'il soit, ne peut avoir comme but direct, indirect, explicite ou implicite, de détruire ou de laisser disparaître une de ses langues maternelles.

En plus et enfin, il n'y a pas d'Europe sans diversité linguistique, parce que nous sommes aussi un des rares, peut-être le seul, parlement au monde où l'expression se fait en onze langues, à tel point qu'on parle ici parfois pour être traduits et non pas pour être entendus en direct. À nous de construire cette dialectique de l'unité européenne et de sa diversité linguistique.

 
  
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  Klaß (PPE-DE). - (DE) Monsieur le Président, Madame la Commissaire, Mesdames et Messieurs, on doit pouvoir reconnaître un bon rapport. Je voudrais à mon tour remercier M. Graça Moura, mais également souligner la bonne collaboration qu’on a observée ici entre le Conseil, la Commission et le Parlement, et ce afin de pouvoir rapidement mettre ce rapport aux voix. Cela prouve que tout le monde a perçu l’urgence de la promotion de la connaissance des langues chez les citoyens de l’Union européenne et de les inciter à en apprendre de nouvelles.

Les langues reflètent la multiplicité de l’Union européenne. Pouvoir discuter signifie se comprendre et favorise la mise en place de structures sociales. Notre culture se base toutefois - dans toute sa diversité - sur des origines historiques communes et nos langues sont organisées sur le latin et le grec. Maîtriser ces langues classiques facilite l’accès aux autres langues. Je suis originaire de la région de Trêves - près de la frontière avec le Luxembourg et la Belgique, mais la France n’est pas loin non plus -, et pour nous la connaissance des langues de nos voisins est tout bonnement indispensable. Nombre des habitants de ma circonscription travaillent au Luxembourg ou commercent avec la France et la Belgique. La connaissance des langues ne revêt pas seulement un aspect social, elle représente également un potentiel économique important dans le cadre du marché intérieur.

Ceux qui veulent conquérir un marché doivent parler et connaître la langue de ses habitants. Dans certaines zones de notre région, on apprend par exemple les langues des voisins d’une façon ludique au jardin d’enfants. Les enfants apprennent vite et je suis d’avis qu’il faut en profiter. À côté d’une campagne d’information à grande échelle, il faut proposer des actions concrètes. L’apprentissage doit être amélioré, les enseignants doivent être formés en conséquence et le choix de cette formation complémentaire ne doit pas relever de leur seul intérêt. Saisissons l’occasion de cette Année européenne des langues pour renforcer la compréhension entre les citoyens de l’Union européenne !

 
  
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  Reding, Commission. - Monsieur le Président, chers collègues, je suis très heureuse de pouvoir être ici ce soir pour discuter avec vous et surtout pour avoir pu vous entendre. Tout d'abord parce que le thème des langues me tient à cœur. Je viens moi-même, en tant que Luxembourgeoise, d'une région de l'Europe où on pratique le trilinguisme actif. C'est un peu un laboratoire qui pourrait servir de base aux autres qui voudront faire ce que nous voulons tous faire au cours de cette Année européenne des langues, promouvoir l'apprentissage de la langue maternelle, plus deux langues supplémentaires.

D'autre part, nous sommes à un moment crucial, où un accord en première lecture entre le Parlement et le Conseil se dessine. Or, un accord en première lecture est essentiel, puisque nous travaillons avec un calendrier très serré. 2001 n'est plus loin et les préparatifs de la mise en œuvre sont urgents.

Quels objectifs voulons-nous atteindre en organisant l'Année européenne des langues ? Premièrement, il est important de sensibiliser les citoyens européens à la diversité linguistique et à la richesse que cette diversité représente. Nous savons très bien que la diversité culturelle est peut-être le plus grand bien de l'Europe et nous devons soutenir cette diversité culturelle, qui se fonde sur la diversité linguistique. Jamais les différentes langues de l'Union européenne ne seront remplacées par une seule langue. J'en suis persuadée. Et même si une langue de communication se répand de plus en plus, cela n'enlève rien au besoin d'apprendre des langues pour pouvoir fonctionner dans l'Union européenne. Vous l'avez tous dit. Je vous soutiens.

Ceci m'amène au deuxième grand objectif de l'Année européenne des langues : il faut encourager les citoyens à apprendre des langues, et à le faire tout au long de la vie, en commençant très tôt, dès l'école maternelle. En effet, apprendre des langues est important pour le développement personnel et pour la compréhension interculturelle. Certains collègues l'ont dit. C'est une des meilleures armes pour combattre la xénophobie. C'est aussi, et certains l'ont dit, essentiel pour la recherche d'un emploi et pour les perspectives de carrière de chaque individu. Et puis, il ne sera pas possible d'anticiper les besoins de chacun. L'école devra donc, au-delà d'une formation de base, préparer à un apprentissage tout au long de la vie, et, dans ce cadre, le principe de la langue maternelle plus deux autres langues est à souligner. L'apprentissage d'une seule langue ne suffit pas comme base au plurilinguisme.

L'Année européenne est aussi le cadre permettant de diffuser des informations sur la façon d'apprendre des langues. Les méthodes ont évolué au-delà des méthodes traditionnelles et beaucoup de travail a été fait en ce sens. Je suis d'avis que cette Année doit nous montrer les meilleures pratiques et comment aller au-delà d'un apprentissage tout à fait théorique des langues, pour aller vers l'apprentissage d'une langue parlée.

L'Année européenne est aussi complémentaire des initiatives existantes. Elle s'adresse au grand public et constitue une grande campagne d'information. Mais pour réussir, il faut, d'une part, créer une image, développer des logos, des slogans, des matériels d'information. Mais, d'autre part, il est prévu de cofinancer des projets présentés par les autorités régionales et locales ou des associations, et je dis très clairement aux collègues qui viennent des régions frontalières qu'apprendre la langue du voisin doit être un des grands et forts moments mis en relief lors de cette Année des langues.

L'Année sera organisée en étroite coopération avec le Conseil de l'Europe, ce qui est très important. Le Conseil de l'Europe a une longue expérience dans le domaine de l'enseignement des langues et il est donc bien de pouvoir joindre nos forces. De nombreux contacts fructueux ont déjà eu lieu et l'échange permanent d'informations entre nos services est essentiel pour la mise en œuvre de cette Année.

J'aimerais maintenant en venir au débat de ce soir. Et tout d'abord, je voudrais féliciter notre rapporteur, Monsieur Graça Moura, pour le travail excellent qu'il a fait, et aussi pour me réjouir de l'esprit constructif et de la bonne coopération qui s'est établie entre le rapporteur et les parlementaires, entre les parlementaires et mes services, et aussi entre les deux institutions et le Conseil. Ceci permettra, je l'espère de tout cœur, pour mener cette initiative à bonne fin, d'arriver à un accord en première lecture afin de pouvoir démarrer l'Année.

Il y a un très grand nombre d'amendements. Ils ont entre-temps pu être regroupés en un nombre plus limité. Il est important de souligner que les amendements votés par le Parlement européen doivent aussi être acceptables par le Conseil pour arriver à un accord en première lecture. J'ai bien noté l'intérêt des collègues pour l'inclusion des langues régionales et minoritaires. Vous savez d'ailleurs combien ces langues me tiennent personnellement à cœur. Mais vous savez en même temps combien ce sujet est sensible pour certains États membres.

Je pense que la définition des langues cibles, telle qu'elle figure à l'article 1, amendement 15, offre une ouverture suffisante, tout en permettant de rallier l'accord de tous. Et je compte beaucoup, croyez-moi, sur les débats qui auront lieu pendant l'Année 2001, parce que ces débats vont nous permettre de surmonter des difficultés, des peurs, qui existent encore vis-à-vis de langues minoritaires. Et je voudrais qu'à la fin de cette Année, il n'y ait plus de résistance face à des langues, parce que, cela a été dit très clairement, il n'y a pas de petites langues, il n'y a que des langues maternelles qui sont toutes de grandes langues.

Je compte donc sur les débats pour pouvoir préparer des activités futures dans ce domaine, et j'attire aussi votre attention sur les considérants additionnels qui répondent à cette préoccupation : les amendements 2, 3 et 4. Les considérants permettent également de tenir compte d'autres préoccupations spécifiques, et beaucoup de collègues l'ont dit, telles que les cultures et les langues classiques, qui ne seront pas oubliées pendant l'Année européenne des langues.

Je ne m'attarderai pas sur les amendements sur lesquels nous sommes d'accord, les 1 à 34, que j'accepte favorablement, et je vais reprendre avec l'amendement 35. La Commission, dans sa proposition de texte, avait proposé un nombre limité d'études ayant un rapport direct avec la réalisation de l'Année européenne des langues. Les parlementaires ont proposé un grand nombre d'études supplémentaires. Il va de soi que le domaine de l'apprentissage des langues est un domaine en évolution constante, pour lequel ces études sont nécessaires.

La Commission pourrait donc accepter ces suggestions dans la mesure où il s'agit de thèmes possibles. En effet, l'Année européenne des langues est par définition une initiative de courte durée, avec un budget limité, trop limité. Vous avez soulevé le problème et tout ne peut pas être fait dans ce cadre ; mais il existe aussi d'autres possibilités et je vais y revenir.

Le Conseil en revanche n'est pas prêt à accepter une longue liste d'études qui ne pourraient pas être réalisées toutes dans le cadre de l'Année européenne. Or, je pense que tout le monde est d'accord pour dire que ce point ne saurait être un motif pour ne pas obtenir un accord en première lecture. C'est la raison pour laquelle je prends devant vous, devant le Parlement, l'engagement solennel suivant : la Commission a pris bonne note des thèmes possibles d'études sur les langues repris dans les amendements introduits par le Parlement lors de l'examen de la proposition concernant l'Année européenne des langues 2001. La Commission, consciente de l'importance de l'aspect des langues dans le processus d'intégration européenne s'engage à développer ces thèmes dans la mise en œuvre de son programme d'études, réalisé dans le cadre et selon les procédures des différents programmes et activités qui peuvent être mobilisés à cette fin dans l'esprit de l'article 8 de la proposition de décision.

En particulier, en tant que commissaire responsable du programme Socrates, qui comprend notamment les volets Comenius, Lingua et Eurydice, ainsi que Leonardo et Culture 2000, je voudrais souligner que ce programme offre le cadre approprié pour entreprendre les études suivantes qui permettront d'examiner les meilleures pratiques dans le domaine de l'enseignement et de l'apprentissage des langues et les raisons pour lesquelles l'apprentissage des langues est si fréquemment un échec, celles sur l'amélioration de la qualité de l'enseignement des langues dans l'Union prévues dans l'amendement 35, deuxième partie, et l'amendement 39, celles sur les contacts linguistiques établis à partir des communautés de migrants, prévues à l'amendement 37, celles sur les possibilités d'accélérer l'accès à la compréhension par les méthodes d'enseignement simultané des langues d'une même famille, prévues par l'amendement 38.

En ce qui concerne la promotion de l'édition bilingue, évoquée par l'amendement 41, elle est couverte par le programme Culture 2000, et je veillerai à ce que les projets menés dans ce domaine bénéficient de la priorité qu'ils méritent.

Enfin, il est vrai que l'élargissement de l'Union et l'accroissement du nombre des langues officielles auront des conséquences certaines, comme l'indique l'amendement 36. Toutefois, il s'agit là d'un sujet qui dépasse le cadre de l'Année européenne des langues et qui concerne en plus les trois institutions politiques. Je m'engage donc à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour stimuler la réflexion sur ce point dans le contexte approprié en espérant pouvoir compter sur le soutien nécessaire du Parlement européen.

Finalement, je voudrais dire un mot sur les amendements présentés en séance plénière. Les amendements 43 et 12 ont le même contenu, mais la formulation de l'amendement 43 est meilleure. Les amendements 44, 45 et 46 qui sont des amendements techniques visant à adapter le texte à la comitologie, ne posent donc pas de problèmes. Toutefois, les amendements 47, 48, 49, 50 et 51 qui concernent notamment les langues régionales et minoritaires, ne seront pas acceptés par le Conseil, comme nous le savons, puisque nous avons déjà eu ce débat au sein de la commission de la culture. Comme ces amendements mettraient l'accord en péril en première lecture, je ne peux pas les accepter.

En résumé, Monsieur le Président, il est important d'obtenir rapidement un accord pour pouvoir lancer l'Année européenne des langues. Je puis vous assurer que j'ai pris connaissance de vos préoccupations avec beaucoup d'intérêt et que je les partage. Je suis convaincue qu'elles ont été reprises dans le texte, dans la mesure du possible, et j'en tiendrai compte aussi dans les autres activités et programmes qui nous permettent d'agir en faveur de la promotion et de l'apprentissage des langues, et cela non seulement en l'an 2001, mais bien au-delà, parce que l'année 2001 ne sera qu'un point de départ dans la lutte engagée pour que toutes les langues maternelles soient reconnues au niveau européen.

(Applaudissements)

 
  
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  Le Président. - Merci beaucoup, Madame la Commissaire.

Le débat est clos.

Le vote aura lieu demain à 11 h 30.

 
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