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Czwartek, 14 października 2004 r. - Bruksela Wersja poprawiona

5 - Posiedzenie uroczyste
  

(Se abre la sesión solemne a las 11.05 horas)

El Presidente. Señoras y señores diputados, hoy es un día especial para nuestro Parlamento. Todos estamos encantados de que por fin podamos escuchar la voz de Leyla Zana. El Presidente Klaus Hänsch, en su alocución a la Cámara al concederle a usted el Premio Sajaróv, esperaba con impaciencia el día en que usted pudiera dirigirse a nosotros en persona. Aquel día su esposo, Mehdi Zana, recibió el premio en su nombre y hoy también quiero darle la bienvenida a él, un hombre libre, tras años de cárcel –y no pocos, 16 años de cárcel– y padecimientos en los últimos decenios.

(Aplausos)

Señora Leyla Zana, antes de que tome usted la palabra, quiero recordar a la Cámara las razones por las cuales este Parlamento le concedió el Premio Sajaróv, el premio a la libertad de conciencia, y aprovecho también la ocasión para saludar a la Sra. Roth y a la Sra. Lalumière, que nos acompañan hoy y que, como dirigentes de sus Grupos respectivos, formaban parte de quienes la propusieron para recibir este premio, hará pronto diez años.

Cuatro años antes, durante el peor momento del conflicto en el sudeste de Turquía, usted fue la primera mujer kurda que fue elegida diputada en la Gran Asamblea Nacional Turca. En su toma de posesión prometió –en kurdo– luchar para que los kurdos y los turcos pudiesen vivir juntos en un marco democrático. Y fue por esto y por sus posteriores discursos y escritos por lo que fue condenada a 15 años de prisión por el Tribunal Nacional de Seguridad de Ankara junto con sus tres compañeros, diputados turcos Dicle, Sadak y Dogan.

Usted era plenamente consciente del impacto de las palabras que pronunció en su toma de posesión y del idioma que utilizó para decirlas. Ha pagado un alto precio por ellas, un precio en años y en salud. Pero, a pesar de ello, usted se mantuvo firme en su lucha democrática por los derechos de su pueblo, rechazando la oferta de indulto que le hicieron amparándose en motivos de salud. Se negó a guardar silencio, aún cuando esto significara la prolongación de su sentencia. Y esta carga la tuvo que sobrellevar usted sola. Pero fueron muchos los que en la comunidad internacional la apoyaron.

Este Parlamento –el Parlamento Europeo– denunció las acusaciones presentadas contra usted y su condena como una violación de los principios democráticos. Este Parlamento exigió su liberación en numerosas resoluciones.

Pero puede usted estar muy satisfecha de que su sufrimiento no ha sido en vano y que su lucha personal ha contribuido de manera significativa a los cambios que se han producido en Turquía desde que usted fue elegida diputada. Por ejemplo, hablar en kurdo ya no es ilegal, las emisiones radiofónicas y la enseñanza en kurdo empiezan a estar permitidas, ya no existe la ley marcial y el estado de emergencia en el Sudeste, tras la tregua unilateral del PKK, el largo conflicto armado de quince años de duración, prácticamente ha terminado.

Queda sin duda –y usted nos lo ha explicado estos días– mucho camino por recorrer, muchas mejoras todavía por aplicar en la situación práctica de respeto a las libertades y los derechos del pueblo turco. Pero, cuando por fin Tribunal de Apelación turco decidió liberarla el 9 de junio de este año –no estamos hablando, queridas y queridos diputados y diputadas, de acontecimientos lejanos en el tiempo, el 9 de junio de este año la Sra. Leyla Zana estaba todavía en la cárcel– usted confirmó la fe que depositamos en usted pidiendo a sus partidarios que lucharan por la paz y la reconciliación en el sudeste y exigiendo al Kongra-Gel, sucesor del PKK, que mantuviera el alto el fuego.

Sra. Zana, una y otra vez ha demostrado la verdad de sus palabras cuando la volvieron a juzgar: "Soy ante todo mujer, después madre, y por último política. Tanto en mi condición de mujer, como de madre y de política, juro que lucharé por la fraternidad entre los pueblos turco y kurdo."

Permítame, Sra. Zana que utilice sus propias palabras y la salude en su lengua, en kurdo:

"Sti Leyla Zana, hatenava we yave parlemento e ji bo me serblindi ye"

Sra. Zana, su presencia en nuestro parlamento nos honra mucho.

 
  
  

Alocución de la Sra. Leyla Zana, laureada con el Premio Sajarov en 1995

 
  
MPphoto
 
 

  Leyla Zana, Lauréate du Prix Sakharov. (discours prononcé en turc et en kurde) Monsieur le Président du Parlement, par vos messages en turc et en kurde, vous avez fait un geste plein de signification et, avant d'entamer ce discours, je voudrais vous parler en catalan pour vous remercier.

(Applaudissements)

Monsieur le Président du Parlement, Mesdames et Messieurs les députés, chers amis, je m'étais exprimée en kurde la première fois en 1991 depuis la tribune du parlement pendant la cérémonie de prestation de serment au sein de l'assemblée nationale turque. Lorsque j'ai prononcé les mots "je prononce le serment pour la fraternité des peuples kurdes et turcs", je voulais attirer l'attention sur le fait que les peuples, les langues et les cultures peuvent coexister de façon fraternelle. Les années que j'ai passées derrière des barreaux froids, entourée de murs sourds et muets, resteront dans notre conscience comme un coup sans reconnaissance. En tout état de cause, la lutte pour la liberté, la justice et l'égalité n'aurait pas pu se faire sans coup. Ces années que j'ai passées en prison ne m'amènent pas à avoir le cœur brisé, ni à vouloir faire des reproches, ni à être en colère. J'ai dû vivre ces années pour l'amour de la démocratie, et c'est ce que j'ai fait. Aujourd'hui, j'ai commencé mon discours dans notre langue fraternelle, le turc, et je voudrais le terminer dans ma langue maternelle, le kurde. Mon but, une fois de plus, est de souligner la fraternité entre les peuples, les langues et les cultures. Je vous salue tous avec ces sentiments et cette amitié.

Je voudrais adresser mes remerciements au Parlement, avec ma reconnaissance la plus chaleureuse, pour avoir considéré que j'étais digne du prix Sakharov. Je voudrais également vous remercier pour la solidarité sans défaillance dont vous avez fait preuve envers moi et mes amis pendant les années que j'ai passées en prison. En fait, ce n'est pas à moi seule que vous conférez ce prix, vous l'avez donné au peuple kurde, vous l'avez donné au peuple turc, qui est notre frère, vous l'avez en fait donné à la Turquie, vous l'avez donné aux défenseurs de la paix, de l'égalité, de la liberté et de la fraternité. Vous l'avez donné aux enfants qui ont perdu leurs parents dans des guerres, aux femmes qui ont perdu leurs enfants, à ceux qui sont opprimés, quelle que soit leur couleur, leur langue, leur religion et leur race. En bref, ce prix vous l'avez donné à l'espoir, un espoir plein d'avenir. Vous avez donné à l'opinion publique la possibilité de s'exprimer, vous l'avez encouragée. Le fait que les valeurs qui représentent Sakharov sont des valeurs sacrées et inviolables a accru mes responsabilités morales et humanitaires, et je m'adresse à vous en pleine conscience de ce fait. Mon cœur est brisé de voir que nos enfants sont perdus quelle que soit la région du monde où cela se passe, mais bien sûr, avant tout, dans mon propre pays. C'est une douleur déchirante pour moi. Je vous supplie d'entendre ma voix et de l'entendre comme la voix des mères dont les cœurs sont enflammés par la douleur, comme la voix des enfants, des jeunes, des femmes, des milliers, des dizaines de milliers et des millions de personnes, d'êtres humains. Les guerres ont causé de grandes souffrances, elles ont infligé des blessures profondes; il y a eu beaucoup de souffrance, la nature a souffert, les fleurs, les oiseaux et les papillons ont pleuré. Les guerres en Irak, en Palestine, à Halepche, dans les Balkans, à Beyrouth, en Tchétchénie, en Irlande, en Espagne, et toutes sortes d'autres guerres que je ne me rappelle pas à cet instant, nous ont dit beaucoup de choses et elles continuent à nous les dire. Les expériences amères nous ont appris que la violence engendre davantage de violence, sans apporter de solution. Nous avons également vu que les politiques, qui se fondent sur la répression, le déni, l'extermination et la simulation ont entraîné davantage d'injustice, de pauvreté et de souffrance. Nous devons, par conséquent, refuser la violence et la guerre, quelles que puissent en être la cause et la justification. Nous devrions être en mesure de la refuser. La violence a dépassé son temps. La langue et la méthode de solution de notre époque, c'est le dialogue, le compromis et la paix. Ce n'est pas tuer et mourir, mais vivre et laisser vivre.

Vous, qui êtes des députés européens, vous êtes ici réunis aujourd'hui dans la paix en dépit de divisions et de guerres qui ont duré pendant des siècles et des générations. Est­ce que l'unité que vous avez formé tout en préservant vos caractéristiques nationales n'est pas l'un des symboles les plus frappants de la coexistence pacifique?

Monsieur le Président du Parlement, Mesdames et Messieurs les députés, en tant que personne qui recherche la justice, le premier appel que je lance en votre présence, c'est à moi­même que je le lance: je m'engage sur l'honneur à répondre aux attentes de mon peuple, de mon pays et de l'opinion publique démocratique, même si c'est au prix de ma vie. C'est un engagement que je prends sans attendre quoi que ce soit en retour.

Le second appel que je lance s'adresse à mon pays, à la Turquie. Le gouvernement turc doit inscrire à son ordre du jour la solution démocratique au problème kurde en lui donnant un nom approprié. Tout être vivant sur terre a son nom: les fleurs, les arbres, les oiseaux. Tous ont leur nom. Il n'y a que les Kurdes qui soient sans nom. Il n'y a pas de raison de ne pas définir ce problème et de ne pas lui donner un nom approprié. Il n'y a pas de raison de redouter le dialogue et la paix. Les Kurdes veulent une solution pacifique à l'intérieur de l'intégrité territoriale de la Turquie. Ils sont les éléments fondateurs, les éléments premiers de la République de Turquie. Ils respectent toutes les valeurs qui symbolisent la République de Turquie mais le gouvernement semble être inflexible en ne voulant pas comprendre l'initiative sincère des Kurdes, fondée sur l'ouverture au dialogue. Et si une solution pacifique n'est pas placée à l'ordre du jour, quel que soit le parti politique qui peut être au pouvoir, ce dialogue sera condamné à disparaître. Des mesures importantes ont certainement été prises dans le sens de la démocratie, mais la mise en œuvre de ces mesures semble n'être que cosmétique. Il faut que les critères de Copenhague soient mis en œuvre quant au fond, et pas seulement dans les mots.

(Applaudissements)

Faire disparaître la base du conflit armé et la violence, tel est le besoin le plus urgent. Un système juridique qui entraînerait le désarmement sera un premier pas important dans la direction de la paix. Et pourtant, il y a encore un autre besoin urgent, qui est de permettre l'inclusion des prisonniers politiques, de l'intelligentsia, des écrivains, des hommes politiques dans la vie démocratique. Une autre chose que nous souhaitons, c'est d'ouvrir des espaces démocratiques sans entraves à la liberté de pensée et d'association. Des mesures sociales et économiques qui aient pour but de faire disparaître les différences entre régions sont d'une importance vitale. Il faut éliminer les obstacles à l'utilisation de notre langue maternelle dans les médias et il devrait être possible d'apprendre cette langue au niveau de l'enseignement élémentaire. Une nouvelle constitution démocratique qui corresponde à la loi universelle doit être élaborée et, dans cette constitution, comme l'a dit le président turc, Monsieur Sezer, les Kurdes doivent être reconnus comme éléments de la majorité et ils doivent être protégés. Personne ne doit douter du soutien des Kurdes aux mesures prises pour la démocratisation.

Mon troisième appel, je le lance au monde, et en tout premier lieu à l'Europe. La paix en Turquie voudra dire la paix au Moyen­Orient, la paix en Europe et la paix dans le monde. Aujourd'hui, la paix est dans vos mains, dans nos mains. Nous y arriverons en nous donnant la main les uns aux autres et, pour ce faire, ce qu'il faut commencer par faire, c'est savoir ce qui est juste. Si vous savez ce qui est juste, vous savez également ce qui est injuste. Mais si vous ne savez que ce qui est injuste, vous n'arriverez pas à ce qui est juste. Ce qui est juste, c'est de commencer par donner un nom au problème, et ensuite de le reconnaître et de le définir. Tout ce qui n'a pas de nom et qui n'est pas défini est sans identité. Cela veut dire que l'élément en question est considéré comme inexistant. Il est temps que le monde reconnaisse les droits politiques, sociaux et culturels des Kurdes qui ont une population de plus de 40 millions d'êtres humains. Les Kurdes ont exprimé ouvertement leur volonté de parachever leur renaissance et de s'intégrer dans le monde actuel. Ce que nous attendons du monde, c'est le respect de notre volonté et que l'on ne puisse pas utiliser cela comme outil de négociation, de marchandage dans les relations internationales. Si ce problème n'est pas abordé du point de vue de la conscience et de l'esprit humanitaire, une menace potentielle continuera à peser sur la paix régionale et mondiale. Les nations ont été laissées seules parce qu'elles ont érigé des murs plutôt que de construire des ponts. L'Europe a connu cette souffrance pendant des années et l'humanité a démoli ces murs, les uns après les autres. L'Europe et le monde devraient être en mesure de démolir les murs invisibles qui ont été construits entre eux et les Kurdes et, par ailleurs, servir de pont pour trouver une solution à ce problème. Il faut tenir compte du fait qu'une Turquie, membre de l'Union européenne, qui aura résolu le problème kurde, permettra à la civilisation occidentale d'aller au devant de la richesse culturelle si grande de la Mésopotamie. Ce n'est qu'à ce moment là que la civilisation occidentale se transformera en une civilisation démocratique actuelle.

Le quatrième appel que je lance s'adresse à l'opinion publique démocratique et aux partisans de la paix. Il ne suffit pas d'être partisan de la paix et d'être pacifique soi­même, cela ne suffit pas à apporter la paix. Si les hommes ne mènent pas la guerre contre eux­mêmes et contre la guerre eux­mêmes, rien ne pourra faire disparaître les guerres. Par conséquent, partout où il y a des guerres, il faut que nous soyons les guerriers de la paix et que nous nous organisions.

Et, mon dernier appel c'est aux Kurdes que je le lance, eux qui luttent pour la démocratie dans toutes les régions géographiques où ils vivent; ils doivent tout d'abord être en paix entre eux. Ils doivent favoriser la démocratie, autoriser les libertés et faire preuve de cohésion. Il n'y aura pas de solidarité sans respect mutuel des valeurs, pas de cohésion sans solidarité, pas de force sans cohésion et pas de paix sans force. Il faut savoir que chacun essaie en fait de façonner sa propre variété de Kurde parmi les Kurdes qui se trouvent à ce qu'on appelle "le festin des loups". La seule façon de prévenir et d'éviter cela, c'est d'avoir l'unité et la cohésion à l'intérieur, la paix entre nous, la solidarité et les politiques propres.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députés, pourquoi est­ce que les Turcs, les Kurdes, les Allemands, les Français, les Laz, les Circasiens, les Espagnols, les Géorgiens, les Assyriaques, les Américains, les Tchèques, les Arabes, les Yazidis, les Bretons, les Catalans, les Perses, les Tchétchènes, les Aborigènes, les Américains indiens, les Alawites, les Sunnites, les Africains, les Palestiniens, les Juifs, les catholiques, les protestants, les musulmans, les chrétiens, les blancs, les noirs et les peuples entiers du monde ne pourraient pas vivre ensemble dans la paix et l'harmonie?

Nous regardons tous les mêmes étoiles et nous sommes tous des voyageurs qui vivons ensemble sur la planète. Nous vivons tous sous le même ciel. Comme l'a dit Victor Hugo puisque "la paix c'est le bonheur qui absorbe tout", il faut que nous oubliions tout ce qui a un rapport avec la guerre, la douleur, l'esprit de vengeance et la haine. Il faut absorber tout cela. Sans cela, nous ne pourrons pas voyager ensemble et être heureux.

Je dédie ce discours à la fraternité et au bonheur des peuples turc et kurde. Je vous salue tous avec amour et amitié.

(Applaudissements)

 
  
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  El Presidente. Señora Leyla Zana, usted en sus palabras ha hablado de Turquía como su país y ha pedido el reconocimiento a la identidad del pueblo turco dentro del respeto a la integridad territorial turca. Por eso, señora Zana, de igual manera que antes la he saludado en su idioma, en kurdo, permítame que ahora le dé las gracias en el también su idioma, el turco:

"Konuşmanız için içten teşekkürler"

Que quiere decir "muchas gracias por su discurso".

La Sra. Zana nos ha hablado, y muy bien, de identidad, del proceso de superación de las alteridades antagónicas, de las identidades antagónicas que se han estado destrozando mutuamente a lo largo de la historia. Un buen ejemplo de construcción de una identidad común, más compleja que la originaria de cada uno de nosotros, porque engloba una realidad más rica. Es precisamente la búsqueda de una identidad múltiple y compatible con las originarias de cada cual lo que representa el ejemplo de Leyla Zana. Por eso, señora Zana, de nuevo "Konuşmanız için içten teşekkürler".

(Aplausos)

(Se levanta la sesión solemne a las 11.35 horas)

 
  
  

VORSITZ: Ingo FRIEDRICH
Vizepräsident

 
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