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Compte rendu in extenso des débats
Jeudi 17 novembre 2005 - Strasbourg Edition JO

21. Accès de l’aide humanitaire au Cachemire
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  Le Président. - L’ordre du jour appelle le débat sur six propositions de résolution sur l’accès de l’aide humanitaire au Cachemire(1).

 
  
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  Elizabeth Lynne (ALDE), auteur. - (EN) Monsieur le Président, les images terrifiantes et les tragiques histoires personnelles qui ont suivi le tremblement de terre du 8 octobre ont peut-être déserté nos écrans de télévision et les unes de nos journaux, mais nous ne devons pas oublier que la nécessité d’une aide urgente reste tout aussi importante, notamment en raison de l’arrivée de l’hiver. On comptabilise déjà 74 000 morts, et l’obtention d’une aide à ceux qui sont dans le besoin est une véritable course contre la montre. Le gouvernement pakistanais a estimé le coût financier du tremblement de terre à 5 milliards de dollars. L’Union européenne a déjà contribué de manière substantielle, mais nous devons en faire plus, beaucoup plus, et le reste de la communauté internationale aussi.

Ce n’est pas uniquement une question d’argent; il en va de l’accès aux zones sinistrées; il s’agit aussi d’utiliser des hélicoptères et d’autres équipements pour atteindre des zones inaccessibles. Le franchissement de la ligne de contrôle entre le Cachemire sous administration indienne et le Cachemire sous administration pakistanaise revêt également une importance cruciale. Je me félicite grandement que l’Inde et le Pakistan aient ouvert les cinq points de passage pour les marchandises et j’espère que d’autres points de passage seront ouverts à l’avenir, et pas seulement pour les biens: les civils devraient également être autorisés à franchir ces points de passage. Les personnes qui ont des parents et des amis de l’autre côté de la frontière sont désireuses d’apporter leur aide. Elles souhaitent apporter un soutien et des secours, qui font cruellement défaut, et elles sont à l’heure actuelle incapables de le faire. D’ores et déjà, 950 habitants du Cachemire du côté indien et 2 000 du côté pakistanais ont demandé des autorisations. Je sais que cela est difficile à cause du contentieux de longue date portant sur le Cachemire, mais j’espère que les demandes pourront être traitées rapidement.

Cette tragédie humaine exige une réponse exceptionnelle. Espérons que quelque chose de bon sortira de cette terrible tragédie et que les survivants auront la possibilité de vivre en paix. J’espère qu’une solution juste à ce conflit vieux de 58 ans à propos du Cachemire pourra enfin être trouvée, et qu’elle associera à la fois l’Inde et le Pakistan, mais, avant tout, la population du Cachemire, qui n’a déjà que trop souffert.

 
  
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  Catherine Stihler (PSE), auteur. - (EN) Monsieur le Président, je tiens à commencer par dire qu’en raison des débats antérieurs qui se sont prolongés au-delà de l’horaire prévu, ma collègue Mme Gill, présidente de la délégation pour les relations avec les pays d’Asie du Sud et l’ASACR, et auteur de cette résolution, ainsi que mon autre collègue, M. Moraes, ont dû prendre congé et vous présentent leurs excuses. Je parle ici en leur nom, ainsi qu’en celui de mes propres administrés écossais, qui m’ont demandé d’exprimer leurs préoccupations face au traitement réservé aux habitants après ce tremblement de terre dévastateur.

Il est extrêmement important que le Parlement européen exprime son avis sur le tremblement de terre survenu au Cachemire le 8 octobre. Lors de la session partielle du mois d’octobre, nous avons donné à ce tragique événement l’importance qui lui revenait, et certains d’entre nous ont présenté leurs condoléances aux victimes et à leur famille. Cependant, six semaines après cet événement qui a détruit la région du nord-ouest du Pakistan et de l’Inde, on continue de mesurer davantage, jour après jour, l’ampleur des destructions et du traumatisme causés par ce tremblement de terre. On estime que 80 000 personnes sont mortes, des centaines de milliers de personnes blessées, et que 3 millions d’habitants sont désormais sans abri.

Les travailleurs humanitaires sont confrontés à de nombreux problèmes, dont les glissements de terrain, le mauvais temps, les répliques sismiques et, de manière générale, une situation difficile sur le terrain. Les personnes habitant les zones les plus reculées semblent être les plus touchées, beaucoup d’entre elles n’ayant reçu aucune aide. Ces problèmes se trouvent aggravés par l’arrivée de l’hiver et, par conséquent, il est impératif d’acheminer le type d’aide adéquat à ceux qui en ont besoin.

Bien qu’il s’agisse des opérations de secours les plus complexes jamais entreprises, cela ne doit pas nous servir de prétexte pour ne pas faire le maximum. Il convient de saluer le fait que la plupart des victimes du tremblement de terre ont été évacuées. Toutefois, la neige descend des montagnes, jour après jour, et des milliers de survivants sont confrontés à une situation de plus en plus périlleuse, étant chaque jour obligés de lutter pour rester tout simplement en vie. Les conditions qui règnent dans les camps provisoires sont loin d’être encourageantes, et j’estime pour ma part que le niveau d’hygiène dans les camps de réfugiés est intolérable et que les conditions de vie y sont primitives.

Kofi Annan nous a mis en garde contre une deuxième vague massive de décès si les maladies se propageaient parmi les survivants. C’est une course contre la montre qui est engagée et je tiens à ce que les actions suivantes soient menées. Premièrement, même si j’accepte le paquet d’aide de la Commission, d’un montant de 93,6 millions d’euros, nous devons donner davantage et nous pouvons mieux faire. Les estimations officielles affirment que plus de 5 milliards de dollars sont nécessaires sur une période de 5 à 10 ans pour reconstruire les infrastructures de la région. Nous devons reconnaître qu’un ensemble standard de mesures de secours n’est pas approprié à une situation aussi dure que celle-ci, et nous devons donner sur le champ le coup d’envoi de la phase de reconstruction.

Deuxièmement, j’invite instamment la Commission et le Conseil à suivre le précédent du tsunami, lorsque des concessions commerciales spécifiques ont été accordées pour assister les pays touchés par une catastrophe de cette ampleur. Ils devraient en tout cas, à tout le moins, mettre en œuvre le régime préférentiel «SPG+», voté cette année par le Parlement, afin d’améliorer la situation.

Enfin, je salue l’ouverture de cinq points de passage le long de la ligne de contrôle sur la frontière entre le Pakistan et le Cachemire sous administration indienne. Peut-être surgira-t-il de cette tragédie un peu de bonne volonté. J’invite les États membres et la Commission à faire en sorte que nous n’oubliions pas les personnes vulnérables et traumatisées. Je vous exhorte donc instamment à voter tous ensemble en faveur de cette proposition de résolution. Des vies humaines en dépendent.

 
  
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  Le Président. - Juste avant de passer la parole à l’auteur suivant, je précise simplement la règle, car j’ai cru sentir que certains collègues étaient étonnés que je ne donne pas la parole dans l’ordre habituel, en faisant intervenir les plus grands groupes en premier. La règle est la suivante: quand on présente une demande de parole en qualité d’auteur, c’est dans l’ordre d’arrivée auprès des services de la séance que l’on s’exprime. Donc, apparemment, Mme Lynne a été plus rapide que Mme Stihler, qui a été plus rapide que M. Elles, etc. Par contre, au moment où les orateurs vont s’exprimer au nom de leur groupe, nous reprendrons l’ordre habituel, le PPE parlant en premier, suivi des socialistes, etc. Je préférais rappeler la règle parce que je crois avoir senti un léger flottement.

 
  
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  James Elles (PPE-DE), auteur. - Monsieur le Président, je vous remercie pour cette explication très claire. J’étais au courant des règles et c’est en effet la procédure concernant les urgences, dont le traitement a été un peu à part. En ce qui concerne l’ordre des interventions pour les groupes, nous en revenons à la procédure habituelle, donc tout est pour le mieux.

(EN) Monsieur le Président, je souhaite faire trois commentaires au moment d’ouvrir ce débat, dont je me félicite ainsi que d’autres orateurs. Premièrement, il s’agit d’une des plus grandes catastrophes survenues en Asie du Sud-Est. Notre résolution mentionne les chiffres qui ont été rappelés par les orateurs précédents. Ce tremblement de terre a tué ou gravement blessé plus de 200 000 personnes. Des millions de personnes sont encore sans abri, et doivent faire face à des conditions climatiques extrêmes et à toutes sortes de maladies graves. Plus de 1,8 million de personnes se retrouvent sans abri tout comme 85 % de la population de Muzaffarabad, ville dans laquelle je me suis rendu. Il s’agit là de statistiques effrayantes et nous, en Europe occidentale, devons mettre en œuvre tout ce qui est en notre pouvoir pour remédier à cette situation.

Deuxièmement, pour ce qui est de juger les réactions montrées à ce jour, j’applaudis l’action rapide de la Commission et des États membres visant à apporter une aide immédiate. Dans cette région du monde en proie à des troubles, nous devons aussi, en particulier, saluer les importants efforts des gouvernements pakistanais et indien visant à faire en sorte que les personnes puissent se rencontrer de part et d’autre de la ligne de démarcation, qui était restée imperméable depuis plus de 50 ans. Espérons que cette mesure pourra être mise davantage encore en pratique.

Chose plus importante, et très urgente, je tiens à interroger la Commission à propos de chiffres récents des Nations unies indiquant qu’à l’heure actuelle, seule une très petite partie de l’aide promise a été reçue. Nous souhaiterions savoir quelle est la part de l’aide offerte par l’Union européenne et ses États membres qui est bien parvenue à destination. Mais peut-être pouvons-nous déployer des efforts supplémentaires dans le cadre du règlement du budget 2006 qui aura lieu la semaine prochaine, de façon à nous assurer que les sans-abri d’aujourd’hui recevront à tout le moins des couvertures élémentaires à l’approche de l’hiver. Cette mesure s’ajoutera aux fonds durement gagnés que mes administrés, entre autres, ont récoltés pour venir en aide à ces gens qui se trouvent aujourd’hui dans une grave détresse.

 
  
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  Jaromír Kohlíček (GUE/NGL), auteur. - (CS) Je m’adresse à vous en qualité d’auteur et de remplaçant de Neena Gill, présidente de l’Association pour la coopération régionale de l’Asie du Sud. Mesdames et Messieurs, la région frontalière entre la Chine, l’Inde, le Pakistan et l’Afghanistan est l’une des régions du monde les plus touchées par les tremblements de terre. Elle est également le théâtre de l’un des conflits les plus longs en Asie du Sud. Dans cette région, la frontière n’est pas encore nettement démarquée, ni sécurisée par des accords bilatéraux ou multilatéraux. Des conflits armés continuent de couver sous la surface. Dans la zone contrôlée par le Pakistan, qui est quasiment inaccessible, plusieurs millions de personnes sont sans abri et, dans certains cas, il y a un manque total non seulement de nourriture et de médicaments, mais aussi de tout contact avec le monde extérieur. C’est pourquoi nous demandons à tous les pays et à toutes les organisations d’aider les victimes. Dans la résolution qui nous est présentée, nous soutenons naturellement l’ouverture totale de routes transfrontalières ainsi que le rétablissement des liaisons par autocar avec l’Inde. Le fait de planifier d’autres liaisons par autocar permettant de mettre en contact les personnes des deux côtés de la frontière du Punjab est certainement une avancée positive. Des discussions sont également en cours concernant les liaisons ferroviaires et la perspective d’un accord pour la construction commune d’un gazoduc dans la région. Nous nous félicitons naturellement de ces évolutions. Ces mesures aideront à rétablir la confiance entre les factions rivales.

Pour rester sur le thème de l’assistance aux personnes touchées par le tremblement de terre, le but est de fournir une aide aussi rapide que possible à ceux qui en ont besoin. En effet, la solidarité entre les peuples de cette région divisée peut permettre de faciliter la résolution de conflits séculaires. Il est totalement justifié de demander d’urgence aux organisations locales de distribuer l’aide de façon équitable. Dans le même temps, la Commission et les gouvernements des États membres de l’UE doivent agir pour accélérer l’aide accordée aux victimes. Les besoins sont connus et nous sommes tous conscients, notamment à l’approche de l’hiver, que le dicton «celui qui donne vite, donne deux fois» s’applique plus que jamais. Je souhaite vous remercier tous, Mesdames et Messieurs, pour le soutien que vous apporterez à cette résolution. Je crois que nous reviendrons sur le problème de la résolution pacifique des conflits dans cette partie du monde et que la Commission nous soumettra bientôt un rapport sur les mesures qui ont été prises.

 
  
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  Raül Romeva i Rueda (Verts/ALE), auteur. - (ES) Monsieur le Président, le contexte socio-économique et les conditions politiques exacerbent souvent ce qui ne devrait être, au sens strict du terme, qu’une catastrophe naturelle. Le Cachemire est l’un de ces cas.

À la suite du tremblement de terre qui s’est produit en octobre, qui a causé la mort de 70 000 à 90 000 personnes et fait sept millions de sans-abri, nous devons répondre de façon immédiate et urgente. Tel est l’appel que nous lançons clairement et qui doit être adressé à l’Union européenne, au Conseil et à la Commission.

Nous ne pouvons que réitérer nos condoléances et garantir que nous nous engageons pleinement à fournir cette aide. Dans le même temps, cependant, nous ne devons pas nous contenter uniquement de l’aide d’urgence. Nous devons aborder les aspects plus structurels et, dans ce domaine également, l’Union européenne doit s’engager à soutenir la réforme et la résolution des problèmes structurels qui nécessitent une réponse non seulement en termes d’infrastructures, mais aussi d’un point de vue socio-économique afin que, lorsque des évènements similaires se produiront, les conséquences ne soient pas aussi graves que celles que nous observons en ce moment.

C’est pourquoi nous devons insister pour faire comprendre aux gouvernements des pays touchés qu’il s’agit d’une bonne occasion pour donner la priorité aux besoins sociaux et internes, pour freiner les dépenses militaires et consacrer tous leurs efforts - et c’est là que nous devons les aider - à s’assurer que les meilleures structures possibles sont en place pour réduire, autant que possible, les effets des tremblements de terre de ce type.

 
  
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  Marcin Libicki (UEN), auteur. - (PL) Monsieur le Président, bien que ce débat se concentre sur un sujet d’une grande tristesse, la tragédie qui a touché des centaines de milliers de personnes dans la région du Cachemire, je pense que nous avons toutes les raisons de nous réjouir que ce débat ait lieu. La raison pour laquelle je dis cela est que le problème concerne les interventions d’urgence en cas de crises, lesquelles, selon moi, constituent un domaine dans lequel l’Union européenne doit et peut prendre des mesures efficaces. Personne ne conteste la nécessité de telles interventions et nous pouvons atteindre nos buts, dans ce domaine, en utilisant les ressources méthodologiques, financières et logistiques existantes. C’est pourquoi j’ai été ravi d’entendre les remarques faites par tous les orateurs précédents, y compris celles de la députée qui s’est elle-même rendue au Cachemire. Le fait que ce débat ait lieu quelques semaines après la tragédie doit également être salué.

Je crois que les personnes touchées par cette catastrophe ont besoin de notre aide de toute urgence. Il ne fait aucun doute qu’elles sont bien plus méritantes que les régions et les pays qui ont récemment subi des émeutes et je fais référence à un pays en particulier. Alors que ces émeutes résultent des politiques mêmes du pays, nous avons entendu dire que l’UE souhaitait également leur venir en aide.

Les populations démunies du Cachemire méritent bien plus d’être aidées que les pays riches qui sont les seuls à blâmer pour leurs propres problèmes.

 
  
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  Bernd Posselt, au nom du groupe PPE-DE. - (DE) Monsieur le Président, à la suite du tremblement de terre au Cachemire, j’ai vu dans un journal un titre épouvantable qui disait: «Même le tremblement de terre ne peut mettre un terme à l’hostilité entre l’Inde et le Pakistan.» Ce titre montre que, même dans cette situation extrêmement tragique, ce sont toujours les populations qui souffrent des tensions politiques - que Dieu leur vienne en aide.

Quand on parle de division artificielle d’un pays, les Allemands pensent immanquablement à Berlin. Moi-même, j’ai vu des endroits au cœur de Berlin où des personnes se sont noyées dans les canaux parce que, le long du mur, personne ne pouvait et ne devait leur venir en aide. Cela signifie que les personnes devaient s’empêcher d’agir de façon parfaitement rationnelle - c’est-à-dire sauver quelqu’un de la noyade - parce qu’à cette époque, le rideau de fer était en place et les considérations politiques leur interdisaient de le faire.

Ceci vous donne une idée de ce qui se passe au Cachemire. Nous ne devons pas oublier qu’un tremblement de terre est déjà une terrible tragédie humaine mais, à l’approche de l’hiver, la mortalité parmi la population civile sera massive si les pouvoirs en place des deux côtés ne dépassent pas leur incapacité et en partie aussi leur manque de volonté à coopérer et s’entraider et si l’aide ne parvient pas à ceux qui en ont besoin.

Le Cachemire est victime du refus de l’Inde, au moment de sa propre fondation, d’accepter le droit de ce pays à l’autodétermination. Il y a aujourd’hui également des problèmes avec le Pakistan. Nous devrions en conclure que le Cachemire n’est pas seulement un problème bilatéral entre ces deux États, mais avant tout un problème pour le peuple cachemiri et donc aussi pour nous. Nous devrions non seulement entretenir le dialogue sur place avec les deux puissances - même si leur taille et leur puissance atomique ne doivent pas être négligées -, mais également intensifier les contacts directs avec le peuple cachemiri et ses représentants, notamment au niveau local, et cette catastrophe humanitaire nous donne l’opportunité de le faire.

Nous devons tout d’abord aider ces personnes sans arrière-pensée idéologique. Nous devons ensuite travailler à trouver une solution aux problèmes de cette région.

 
  
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  Lidia Joanna Geringer de Oedenberg, au nom du groupe PSE. - (PL) Monsieur le Président, le 8 octobre 2005, la région du Cachemire, qui se situe à la frontière entre le Pakistan et l’Inde, a été frappée par un tremblement de terre qui a eu des conséquences tragiques. Quatre-vingt huit mille personnes sont portées disparues et plus de 245 millions ont été sévèrement touchées par les suites de cette catastrophe. Encore aujourd’hui, il est difficile d’obtenir une estimation exacte des pertes matérielles, mais il est certain qu’elles sont sans précédent. L’ONU a demandé à la communauté internationale de fournir une assistance financière d’urgence d’un montant de 500 millions de dollars américains, mais les pays affectés par cette catastrophe n’ont reçu que 20 % de la somme prévue alors que plus d’un mois s’est écoulé depuis le tremblement de terre.

Bien que la région du Cachemire ait longtemps été une source de conflit entre l’Inde et le Pakistan, l’année dernière, les deux pays se sont engagés dans un dialogue constructif en vue de mettre fin à ce conflit. À la suite de cette catastrophe naturelle, ils ont donc décidé de mettre en place des points de passage spéciaux le long de la ligne de contrôle afin de faciliter la délivrance de l’aide humanitaire aux victimes au Cachemire. Cependant, en ce moment, seuls les biens sont autorisés à transiter par ces points de passage et non les personnes. Cela rend les choses bien plus difficiles pour distribuer l’aide. Pire, la distribution de l’aide se trouve encore ralentie par la nature montagneuse de la région, les infrastructures détruites et le manque d’accès aux routes.

Le Parlement européen a le devoir de pousser le Pakistan et l’Inde à se mettre d’accord pour autoriser les citoyens des deux pays, et pas seulement l’aide humanitaire, à transiter par ces points de passage. Cela permettrait à l’aide de la communauté internationale d’atteindre ceux qui en ont le plus besoin.

 
  
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  Alyn Smith, au nom du groupe des Verts/ALE. - (EN) Monsieur le Président, Madame la Commissaire, l’attentat à la bombe commis aujourd’hui dans la partie du Cachemire contrôlée par l’Inde, qui a tué 4 personnes et en a blessé plus de 100, souligne l’urgence de ce débat sur l’urgence, ainsi que les douloureuses conséquences politiques de ce qui aurait dû rester une catastrophe naturelle. Le tremblement de terre qui a dévasté la région vient s’ajouter à des décennies de violence politique, et maintenant l’hiver les menace, alors que les infrastructures et les ressources demeurent si fragiles.

La question du Cachemire n’est pas étrangère à cette Assemblée. Voici quelque temps, notre délégation a entrepris de rechercher une solution politique à long terme. Il faut reconnaître que sur place, les progrès politiques ont été plutôt lents. Espérons seulement que ce tremblement de terre puisse recentrer les esprits sur la coopération et le dialogue. Dans l’ensemble de ma région, l’Écosse, nous avons vu des Asiatiques écossais venir en aide à leurs amis et à leurs proches au Cachemire. Nous avons assisté à des collectes de fonds, à des dons et à la mise à disposition d’une assistance pratique. Leur générosité d’esprit est pour nous un défi.

Il appartient à présent aux responsables politiques d’agir, et nous-mêmes, au sein de cette Assemblée, ainsi qu’à la Commission, pouvons jouer notre rôle dans la coordination urgente des aides et, à long terme, dans la recherche d’une solution politique viable, car s’il n’y a pas de solution politique, quelle autre solution peut-il y avoir?

Il y a peut-être déjà des signes positifs. L’ouverture, hier, d’un cinquième point de passage de la ligne de contrôle pourrait constituer le début d’un processus qui conduira à une solution pacifique. Les problèmes immédiats que connaît la région sont désespérés, mais comme l’indique cette résolution, nous nous tenons prêts à participer à une reconstruction à très long terme, et tel est notre devoir.

 
  
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  Ryszard Czarnecki (NI). - (PL) Monsieur le Président, on oublie trop souvent que la région du Cachemire est divisée entre trois pays, l’Inde, le Pakistan et la Chine. Cependant les tremblements de terre ne connaissent pas de frontières et la récente catastrophe a touché à la fois l’Inde et le Pakistan, les unissant ainsi dans le malheur. L’ampleur de cette tragédie peut être évaluée par le fait qu’elle a coûté la vie d’une génération entière. La majorité de ses victimes était des enfants et des jeunes, et pratiquement aucune école n’est restée debout.

L’UE a l’obligation morale et politique de fournir une assistance charitable et d’aider à reconstruire la région à l’avenir. Les 20 millions de dollars américains accordés par la Banque mondiale et le don de l’UE de moins de 4 millions d’euros ne représentent que d’une aide à court terme pour les victimes de cette catastrophe.

Il faut également penser à moyen terme, car les effets de cette catastrophe se feront encore sentir dans les décennies à venir. Notre débat sur ce problème devrait être un point de référence pour la Commission et le Conseil. Je souhaiterais conclure avec une dernière observation. Selon mes calculs, l’aide financière de l’UE pour les victimes de la tragédie au Cachemire est 16 fois inférieure à celle qui doit être accordée à la France à la suite des émeutes qui s’y sont produites. Je dois dire que je trouve cela vraiment absurde.

 
  
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  Simon Coveney (PPE-DE). - (EN) Monsieur le Président, je suis heureux d’avoir l’occasion de m’exprimer brièvement sur ce qui est une tragédie effroyable dans le nord-ouest du Pakistan, ainsi qu’en Afghanistan, en Inde, et principalement au Cachemire.

Les destructions provoquées par le tremblement de terre sont difficiles à évaluer dans leur intégralité, même après avoir vu à de multiples reprises des images de ces souffrances sur les écrans de télévision et dans nos journaux. Les 12 derniers mois ont vu se produire tellement de tragédies et de catastrophes naturelles qui ont frappé différentes régions du monde: tsunamis, sécheresses, glissements de terrains, inondations, ouragans à répétition, typhons, et maintenant un tremblement de terre. Il est difficile de maintenir l’attention et les priorités sur le besoin de générosité et de secours rapide, étant donné que nous sommes de plus en plus habitués aux catastrophes naturelles, qui ne cessent de se succéder.

Dans l’immédiat, la nécessité de collecter de l’aide et de coordonner sa distribution est fondamentale, particulièrement dans des parties inaccessibles des zones touchées par la catastrophe. Des dizaines de milliers de personnes sont toujours sans abri, dans des régions inaccessibles du Pakistan et du Cachemire; or, les températures hivernales inférieures à zéro approchent. Les questions politiques dans cette région doivent être mises de côté dans le but de sauver des vies, et cette proposition de résolution salue la coordination et l’ouverture de nouveaux itinéraires entre le Cachemire sous administration indienne et le Cachemire sous administration pakistanaise.

Nous soutenons pleinement une réaction immédiate et généreuse à l’appel adressé par les Nations unies aux donateurs afin qu’ils contribuent à hauteur de plus d’un demi-milliard de dollars à l’aide d’urgence, dont une grande partie ne s’est pas encore concrétisée.

J’espère que la Commission sera en mesure de mettre à disposition des fonds supplémentaires lors des discussions budgétaires de la semaine prochaine. En ce qui concerne la présente proposition de résolution, je crois que l’Union européenne doit faire preuve d’initiative et encourager la communauté internationale à élaborer des projets et à se préparer aux futures catastrophes naturelles. La réalité est que les catastrophes naturelles sont prévisibles dans de nombreux cas. Nous connaissons les régions où les ouragans sont susceptibles de frapper l’année prochaine et où les tremblements de terre peuvent frapper, et nous devons nous concentrer sur l’augmentation des capacités régionales dans ces zones, au lieu de déployer ce type d’efforts spectaculaires d’aide dans lesquels nous sommes actuellement impliqués. Nous avons donc besoin d’une planification de l’avenir à plus long terme, et nous devons satisfaire aux exigences que requiert l’aide immédiate.

 
  
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  Danuta Hübner, Commission. - (EN) Monsieur le Président, la Commission a enclenché une réaction rapide et généreuse pour aider les victimes de cette terrible catastrophe. En effet, dans les quelques heures qui ont suivi ce tremblement de terre dévastateur, le premier financement a été mis à disposition, et des équipes de terrain ont été dépêchées. Un montant de 13,6 millions d’euros a été affecté en quelques jours. La première tranche a été mise à disposition dans les heures qui ont suivi la catastrophe.

Alors que les fonds humanitaires de la Commission pour 2005 étaient bien dégarnis, la Commission, à travers ses départements ECHO et Relex, a demandé 30 millions d’euros provenant de la réserve du budget de la Commission pour l’aide humanitaire, et 10 millions d’euros pour la reconstruction. Nous apprécions sincèrement la coopération du Parlement dans le déblocage de ces fonds supplémentaires. En conséquence de quoi, la Commission a été en mesure de fournir, comme nous l’avons déjà mentionné, un paquet financier global de 93,6 millions d’euros en réaction à la crise, dont 43,6 millions d’euros iront aux secours humanitaires, et 50 millions d’euros à la réhabilitation.

Le financement versé à ce jour est principalement destiné aux abris, aux soins de santé - y compris l’hôpital mobile de la Croix-Rouge à Muzaffarabad - à l’eau et aux installations sanitaires, à la coordination et à la logistique, y compris 11 hélicoptères, comme cela a été mentionné plus tôt dans la journée.

La commissaire Ferrero-Waldner part aujourd’hui pour le Pakistan, où elle participera au cours des deux prochaines journées à la Conférence sur la reconstruction, avec le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan et d’autres grands bailleurs de fonds internationaux.

Aujourd’hui, je vais partager avec vous certaines de nos principales préoccupations. La Commission est pleinement consciente que l’emplacement et l’ampleur de cette catastrophe rendent très difficile le déploiement rapide et la mise à disposition, par toutes les organisations humanitaires, de l’aide aux victimes. La capacité de mise en œuvre des organismes d’aide a entravé davantage la réponse aux besoins et l’attribution des fonds disponibles. Il faut améliorer rapidement la situation, notamment pour ce qui est de pénétrer au-delà des principaux points névralgiques.

Je suis entièrement d’accord avec vous pour dire que la coordination est très importante. Une partie du rôle des équipes de terrain d’ECHO à déploiement rapide consiste ou consistait à garantir la coordination. De plus, ECHO attribue également des fonds au Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires pour son rôle de coordination, y compris la coordination civile et militaire de l’aide logistique militaire.

Concernant la question des mesures commerciales spécifiques, qui a été évoquée par l’un des députés de cette Assemblée, nous sommes déterminés à prendre en considération les intérêts commerciaux du Pakistan, dans les limites de nos obligations internationales. Le Pakistan bénéficiera du nouveau SPG à partir de janvier 2006. Pour la première fois en 10 ans, toutes les exportations du Pakistan seront couvertes, ce qui signifie que le Pakistan recevra un traitement identique à celui des pays touchés par le tsunami.

La Commission est très préoccupée par le risque d’une deuxième catastrophe humanitaire à l’approche de l’hiver. C’est également votre préoccupation à vous, alors que des milliers de personnes blessées restent bloquées dans des zones montagneuses isolées, sans nourriture, sans abri et sans installations sanitaires. Il faut donc une action de secours à grande échelle durant toute la période hivernale. Ceci est une obligation pour nous tous.

Au vu de ces considérations, je vous informe que la Commission, par le biais de sa DG ECHO, vient de recevoir un montant supplémentaire de 30 millions d’euros provenant des réserves d’urgence. Je tiens à vous remercier pour votre soutien dans ces efforts conjoints visant à aider les personnes dans le besoin.

 
  
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  Le Président. - Le débat est clos.

Le vote aura lieu à l’issue des débats.

 
  

(1)Cf. procès-verbal.

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