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RC-B6-0021/2008

Débats :

PV 17/01/2008 - 11.1
CRE 17/01/2008 - 11.1

Votes :

PV 17/01/2008 - 12.1
CRE 17/01/2008 - 12.1

Textes adoptés :


Compte rendu in extenso des débats
Jeudi 17 janvier 2008 - Strasbourg Edition JO

11.1. Arrestation du dissident chinois Hu Jia (débat)
PV
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  La Présidente. (EN) L'ordre du jour appelle le débat sur les cinq propositions de résolution sur l'arrestation du dissident chinois Hu Jia(1).

 
  
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  Milan Horáček, auteur.(DE) Madame la Présidente notre groupe a nommé Hu Jia et son épouse, Zeng Jinyan, pour le prix Sakharov. Comme le couple est assigné à domicile, il a utilisé un lien par webcam pour participer à une audition du Parlement européen sur la situation des droits de l’homme en Chine. Le renouvellement de l'incarcération de Hu Jia n'a fait que démontrer un fait qu'il avait lui-même prévu. Par ses actes, la Chine cherche-t-elle à montrer le mépris qu'elle ressent à l'égard de l'avis du Parlement européen?

Les droits de l’homme doivent être sauvegardés à tout prix car ils sont présents à tous les niveaux des relations entre l'UE et la Chine. Nous aussi, nous devons agir avec cohérence, sans sacrifier nos valeurs sur l'autel des bonnes relations économiques.

En conséquence, nous appelons le Conseil et la Commission à ne pas se contenter d'adopter une position pour Hu Jia mais aussi à profiter du prochain sommet UE-Chine pour demander à ce pays un engagement en faveur des droits de l’homme.

La Chine doit cesser ses intimidations systématiques à l'encontre des activistes des droits de l’homme. Si elle ne change pas d'attitude, nous devrons à nouveau soulever la question de notre participation aux Jeux olympiques. De plus, les prochains Jeux olympiques d'hiver se dérouleront probablement en Russie, un pays dont la situation en matière de droits de l’homme laisse aussi à désirer.

(Applaudissements)

 
  
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  Erik Meijer, auteur. – (NL) Madame la Présidente, le problème des droits de l’homme en Chine continue à apparaître dans ces débats urgents, toujours à juste titre. La croissance économique et la position internationale renforcée de la Chine n'ont pas encore entraîné de différence réelle en ce qui concerne les libertés civiles, l'abus de pouvoir des autorités, les possibilités d'existence de l'opposition et l'indépendance du pouvoir judiciaire.

Des peines sévères continuent d'être imposées, y compris de fréquentes condamnations à la peine de mort. La Chine n'est pas le seul pays qui condamne des gens à mort et exécute ces sentences, mais elle est la championne en la matière. Le seul progrès que nous ayons vu est que les autorités s'assurent davantage de la culpabilité des criminels avant l'exécution de la peine de mort, ce qui réduit le nombre d'exécutions dont les victimes se révèlent innocentes par la suite.

Pendant ce temps, l'attention internationale accordée aux trois grands drames vécus en Chine s'est dissipée dans une large mesure. On parle en effet de moins en moins du bain de sang de la place Tienanmen en 1989, de la persécution des partisans du mouvement Falun Gong et du changement de la composition des populations du Tibet et du Turkestan oriental.

Toute l'attention est désormais tournée sur la croissance économique, les possibilités d'exportation vers la Chine, les possibilités d'importations bon marché de Chine, le rôle croissant de la Chine en Afrique et les prochains Jeux olympiques en Chine. Dans ces circonstances, les pressions visant à l'amélioration de la situation des droits de l’homme en Chine sont en diminution. Les Jeux olympiques sont devenus un motif pour démolir des zones résidentielles et en faire partir les habitants. Les ambassadeurs chinois disent que leur honneur national est bafoué lorsque ces actes sont critiqués de l'étranger.

Les prochains Jeux olympiques auraient pu être l'occasion d'améliorer la situation. À en juger pour l'instant, ils s'avéreront positifs pour le tourisme et pour l'achèvement de grands travaux publics, mais négatifs pour les droits de l’homme. Entre-temps, un débat a été lancé aux Pays-Bas sur la possibilité de boycotter ces Jeux olympiques.

Une résolution ayant trait à l'arrestation d'un seul activiste des droits de l’homme, Hu Jia en l'occurrence, est nécessaire mais pas suffisante. Le principal facteur dans les relations entre l'Europe et la Chine ne devrait pas être l'intérêt économique mais notre préoccupation pour les droits de l’homme dans ce pays.

 
  
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  Marcin Libicki, auteur.(PL) Je suis d'accord avec M. Meyer, qui vient de dire que nous devrions boycotter les Jeux olympiques en raison des persécutions dont souffre la population de la Chine. Il faut d'ailleurs garder à l'esprit que les Chinois ne sont pas les seuls à subir des persécutions incessantes dans ce pays. La persécution du peuple tibétain et d'autres minorités nationales a souvent été évoquée dans cette assemblée. Nous parlons aujourd'hui de l'arrestation illégale et de la persécution d'un activiste de la liberté, une personne qui lutte pour la liberté en Chine, à savoir le politique Hu Jia. Son épouse et sa famille partagent son sort.

Mesdames et Messieurs, je me souviens encore du boycott des Jeux olympiques organisés par l'Union soviétique voici plusieurs décennies. Cette action a contribué à la chute du régime communiste. Aujourd'hui, nous ne pouvons nous laisser éblouir par la réussite économique de la Chine. Tout en félicitant ce pays pour cette réussite, nous ne pouvons fermer les yeux sur la persécution d'un si grand nombre de personnes ni sur la violation de leurs droits fondamentaux. Comme je viens de le dire, les Chinois ne sont pas les seuls à souffrir de cette situation, qui affecte également d'autres habitants de ce qu'on appelle la Chine. Après tout, le Tibet, dont la cause a à maintes reprises été soulevée dans cette assemblée, ce n'est pas la Chine. J'en appelle au boycott des Jeux olympiques.

 
  
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  Thomas Mann, auteur.(DE) Madame la Présidente, sept mois avant le début des Jeux olympiques, la Chine démontre le peu de cas qu'elle fait des droits de l’homme. L'espoir que la décision du CIO aiderait à améliorer la situation dans l'Empire du Milieu n'a été qu'une illusion.

En octobre et novembre 2007, les services de la sûreté d'État ont enlevé et maltraité les avocats Gao Zhisheng et Li Heping. Fin décembre, ils ont emprisonné l'activiste des droits de l’homme et cyber-dissident Hu Jia au motif qu'il avait utilisé l'internet pour inciter à la subversion du pouvoir d'État.

Le 10 octobre, Hu Jia a participé à une conférence de presse sur les droits de l’homme organisée au Parlement européen à Bruxelles. Pour ce faire, il avait établi avec nous une connexion téléphonique en direct de la Chine. Nous nous devons de le remercier pour cet acte courageux. L'an passé, Hu Jia et sa femme Zeng Jinyan ont été nommés par le Parlement européen pour le prix Sakharov. Sur son blog internet, il fait état des prisonniers politiques et des victimes des confiscations de terres effectuées en vue des prochains Jeux olympiques.

Dans une lettre, Hu Jia a remercié la chancelière Angela Merkel d’avoir reçu le Dalaï Lama. À l'évidence, cet acte n'a pas été toléré par la Chine officielle. Dans une lettre ouverte, quelque 57 intellectuels chinois ont demandé la libération de Hu Jia, une initiative qui a été approuvée par notre Président, Hans-Gert Pöttering. Les arrestations d'activistes des droits de l’homme, surtout en raison de leurs contacts avec le Parlement européen, sont pour nous autant de camouflets. Nous devons employer tous les moyens diplomatiques dont nous disposons pour obtenir la libération immédiate de Hu Jia.

La Chine promet au monde les meilleurs Jeux olympiques jamais vus. Un tel événement ne peut avoir pour prix la censure ni le mépris de l'État de droit.

 
  
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  Filip Kaczmarek, au nom du groupe PPE-DE. – (PL) Madame la Présidente, en 2001, quand il a été décidé que Pékin accueillerait les Jeux olympiques, beaucoup d'entre nous pensaient que, malgré la controverse entourant cette décision, celle-ci contribuerait à susciter un changement politique dans la Chine communiste. Nous avions l'impression que le pays hôte serait poussé à mettre fin aux violations massives des droits de l’homme et à élargir le champ d'application des libertés fondamentales sur son territoire. Je suis d'accord avec M. Mann pour dire que, sept mois avant l'ouverture des Jeux, tous ces espoirs se sont révélés vains. En réalité, c'est même le contraire qui se passe: en
Chine, le règne de la terreur a resserré son emprise.

Les défenseurs des droits de l’homme tels que Hu Jia et son épouse sont arrêtés et incarcérés illégalement, sans procès. Ils sont enfermés dans des endroits inconnus, harcelés, terrorisés et privés du droit à la défense. Les autorités chinoises envoient au monde un signal différent montrant l'absence de démocratie ou d'ouverture dans leur pays. En même temps, le comité olympique chinois a décidé que le slogan principal des Jeux sera «Un monde, un rêve». Il prétend que ce rêve consiste en une aspiration commune à prospérer et à vivre en paix. On est en droit de s'interroger sur le genre de paix que les Chinois ont en tête et de se demander s'ils comprennent réellement l'esprit des Jeux olympiques.

 
  
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  Józef Pinior, au nom du groupe PSE. – Madame la Présidente, l'activiste chinois Hu Jia a été arrêté chez lui deux jours après Noël au cours de l'après-midi. Cette nouvelle est d'autant plus triste que la Chine, grand pays et acteur majeur du monde contemporain, est aussi l'organisateur des Jeux olympiques de cette année.

Le Parlement européen et l'ensemble de l'Union européenne doivent insister pour que la Chine prenne ses responsabilités concernant six questions liées aux droits de l’homme: le fait que la Chine ne mette pas pleinement en oeuvre les nouvelles réglementations autorisant une plus grande liberté de la presse; les engagements superficiels de la Chine en faveur de la promotion de l'État de droit; le soutien limité de la Chine aux efforts internationaux visant à promouvoir la protection civile dans la région soudanaise du Darfour; le soutien limité de la Chine aux efforts internationaux visant à promouvoir les droits de l’homme au Myanmar; l'absence de transparence de l'aide chinoise aux gouvernements coupables d'abus; et, en particulier, la libération de tous les prisonniers politiques en Chine.

 
  
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  Ewa Tomaszewska, au nom du groupe UEN. – (PL) Madame la Présidente, Hu Jia et Zeng Jinyan sont devenus pour nous les symboles de la lutte pour la liberté d'expression et les droits de l’homme en Chine. Tant le mari que l'épouse ont été nommés par notre assemblée pour le prix Sakharov en reconnaissance de leurs activités, alors que ces deux personnes sont visées par la répression dans leur propre pays à cause de ces mêmes activités. Hu Jia a été arrêté le 2 janvier.

Dans les années 1980, au cours de la période de loi martiale en Pologne, la transparence servait de protection contre les formes de répression les plus sévères. La presse et les stations de radio de l'autre côté du Rideau de fer énuméraient les noms des personnes emprisonnées, ce qui nous permettait d'espérer la sécurité. J'ai moi-même pu ressentir ce que signifiait cette aide venant de personnes de l'étranger qui n'étaient pas indifférentes à notre triste sort. C'est pourquoi il est maintenant si important pour moi de veiller à ce que notre voix, la voix du Parlement européen, la voix de centaines de membres des divers pays européens, soit entendue en Chine. Les autorités de ce pays doivent entendre notre appel et arrêter leur répression à l'encontre de Hu Jia et de toutes les autres victimes de persécution.

 
  
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  Raül Romeva i Rueda, au nom du groupe des Verts/ALE. – (ES) Madame la Présidente, les Jeux olympiques devraient être perçus tant par les autorités chinoises que par le reste du monde comme une occasion pour la Chine de changer son image internationale, qui a été fortement ternie par les nombreuses atteintes aux droits de l’homme que des groupes très divers subissent pour des raisons très diverses.

L'arrestation de Hu Jia et de nombreuses autres personnes montre que la Chine ne saisit pas cette occasion comme elle le devrait. Elle constitue aussi un nouveau démenti pour ceux qui voyaient la Chine comme un pays prêt et suffisamment ouvert pour organiser un événement international soi-disant orienté sur la solidarité comme les Jeux olympiques.

La Chine a encore un peu de temps devant elle pour changer cette image. Toutefois, pour y arriver, elle doit prendre plus au sérieux des questions telles que la liberté d'expression et la liberté d'association, et mettre fin à son obsession de vouloir arrêter, déclarer coupables et punir des Chinois et Chinoises accusés du délit aussi difficile à justifier qu'est l'incitation à la subversion du pouvoir d'État.

 
  
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  Kathy Sinnott, au nom du groupe IND/DEM . – (EN) Madame la Présidente, chaque célébration des Jeux olympiques attire notre attention sur la protection de la dignité humaine, comme le veut la charte olympique. Les Jeux olympiques de Pékin de 2008 attireront spécialement notre attention sur cette protection nécessaire – pour autant que ce soit vrai – en Chine. Nous pouvons espérer que la promotion de cette valeur exercera sur le gouvernement chinois des pressions l'incitant à repenser des actions telles que l'arrestation de Hu Jia. Cet événement donne à la Chine la chance d'améliorer sa situation dans ce domaine, qui laisse fort à désirer.

Au lieu de cela, le gouvernement chinois semble résolu à tirer le rideau sur les atteintes aux droits de l’homme en arrêtant les activistes et contestataires. On ne peut que s'inquiéter de l'achat de matériel de sécurité occidental de haute technologie par les autorités chinoises, qui s'en serviront évidemment pour intensifier la sécurité pendant les Jeux. Ce fait me donne deux raisons de m'inquiéter. En effet, je crains que ce matériel de sécurité ne soit utilisé contre le peuple chinois cet été, et que les autorités ne continuent à en abuser après l'été. Nous devons soit profiter des Jeux olympiques pour promouvoir les droits de l’homme en Chine, soit les boycotter, mais certainement pas faire une grande célébration de ce pays si les droits de l’homme continuent à y être négligés de façon si flagrante.

 
  
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  Desislav Chukolov (NI). – (BG) Chers collègues, pendant le XXe siècle, des millions de personnes des quatre coins du monde sont tombées, victimes du communisme. Malheureusement, cette idéologie extrêmement pernicieuse, misanthrope et généralement antichrétienne continue aujourd'hui à faire des victimes et à avoir des représentants. Même ici dans cette assemblée. Je vais vous donner un exemple pour illustrer mon propos et éclaircir un peu les choses.

Hu Jia est actuellement assigné à résidence en Chine parce qu'il y a là-bas des gens suffisamment nombreux qui le voient comme un adepte de leurs idées. C'est ce soutien qui le rend dangereux pour le régime chinois. Ici, au Parlement européen, grâce à Dieu, il y a un nombre suffisant de membres élus par des millions de citoyens pour représenter leurs vues. Or, les tenants du pouvoir de l'Union européenne, que beaucoup comparent à une «pyramide», ont leurs propres priorités, et un référendum sur le traité de Lisbonne ne figure pas parmi ces priorités.

Cela fait de nous, les membres, des éléments aussi dangereux que Hu Jia l'est pour le régime chinois. Nous ne sommes pas assignés à résidence mais M. Pöttering, s'il devait faire preuve d'assez d'honnêteté et de franchise, reconnaîtrait qu'il pourrait peut-être aller aussi loin. Néanmoins, je l'assure qu'une honorable représentation de nos électeurs compte davantage que cette perspective. Je vous remercie.

 
  
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  Tunne Kelam (PPE-DE). – (EN) Madame la Présidente, le cas de M. Hu Jia et de son épouse n'est malheureusement pas un cas isolé.

Afin d'avoir le privilège d'accueillir à Pékin les Jeux olympiques de cette année, le gouvernement chinois a pris des engagements supplémentaires relatifs aux respect de normes des droits de l’homme reconnues au niveau international. Contrairement à ces engagements, Pékin profite des Jeux olympiques pour justifier une répression accrue à l'encontre des activistes des droits de l’homme. Ainsi, par une violation systématique de ses propres engagements, le gouvernement chinois démontre qu'il ne compte pas respecter les valeurs fondamentales de la tradition olympique. En réalité, il est en passe de perdre sa crédibilité.

Face à cette situation, les États démocratiques ne peuvent donc pas se contenter d'émettre de simples plaintes. Si les autorités chinoises n'apportent pas de changements crédibles à cette situation, les participants démocratiques aux Jeux risquent leur propre crédibilité par rapport aux valeurs qu'ils professent.

 
  
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  Lidia Joanna Geringer de Oedenberg (PSE). – (PL) Madame la Présidente, en 2001, Liu Jingmin, vice-président du comité organisateur de Pékin pour les jeux des XXIXes olympiades, a déclaré que l'attribution de l'organisation des Jeux olympiques à Pékin contribuerait à promouvoir le développement des droits de l’homme. Ces derniers mois, les autorités chinoises se sont toutefois permis d'enfreindre la liberté d'expression plus souvent qu'à l'accoutumée. Elles ont également exercé une répression à l'encontre de journalistes et d'activistes. L'arrestation de Hu Jia, l'un des chefs de file de l'activisme des droits de l’homme, nommé au prix Sakharov en 2007, a envoyé des ondes de choc dans la société. Hu Jia a été arrêté sous le prétexte qu'il incitait autrui à renverser le gouvernement national. On continue à lui refuser le droit de consulter un avocat et de recevoir des soins médicaux.

Il faut obliger la Chine à appliquer les normes internationales en matière de droits de l’homme et à respecter ces droits. Ce pays doit aussi arrêter d'utiliser les Jeux comme excuse pour la détention illégale de journalistes et de dissidents. Nous devrions rappeler aux autorités chinoises quelle est l'idée inspiratrice du mouvement olympique, à savoir le fait de lier le sport à une société pacifique et à la protection de la dignité humaine. En même temps, nous devrions appeler les autorités chinoises à libérer immédiatement Hu Jia et tous les autres activistes incarcérés sans procès, afin que ces personnes puissent retrouver les leurs et recevoir les soins médicaux dont ils ont besoin.

 
  
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  Zbigniew Zaleski (PPE-DE). – (PL) Madame la Présidente, je souhaiterais simplement savoir si la stratégie «mains levées» fonctionne également ici. Dans l'affirmative, je voudrais faire une brève déclaration sur le fait que, en Chine, même si on ne peut déceler de signes évidents du fonctionnement du système de contrôle, celui-ci fonctionne pourtant. Les citoyens se sentent fortement tenus par le régime d'oppression imposé par ce système. Nous croyons qu'il est de notre devoir de sensibiliser le reste du monde à cette situation, comme d'autres membres l'ont déjà déclaré. L'information est la seule arme dont nous disposons. Nous pouvons éprouver du respect pour le développement économique atteint par la Chine, mais il n'y a plus beaucoup d'autres endroits du monde dont les habitants sont à ce point saturés de crainte et d'autocensure. Pour cette raison, je suis plein d'admiration pour ces courageux habitants de la Chine qui osent risquer leur carrière, leur liberté et même leur vie dans le but d'attirer l'attention sur la situation qu'ils vivent. Nous avons le devoir moral d'être coude à coude avec eux. Il n'y a pas d'autre solution ni d'autre manière de progresser.

 
  
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  Ryszard Czarnecki (UEN). – (PL) Madame la Présidente, pour faire suite aux commentaires de mes collègues de Pologne, j'aimerais profiter de la présence parmi nous de la commissaire Kuneva pour lui poser la question suivante: au vu de l'évolution de la situation ces dernières années, peut-on réellement dire qu'il y a un respect accru des droits de l’homme en République populaire de Chine? La tenue des Jeux olympiques à Pékin en juillet prochain signifie-t-elle un sentiment de plus grande sécurité pour les dissidents et des relations plus civilisées avec Taïwan? La liberté d'accès à l'internet s'est-elle améliorée au cours des deux ou trois dernières années? Je serais reconnaissant à la commissaire de bien vouloir répondre à ces questions. Après tout, ne lit-on pas dans la Bible: «Demandez, et vous recevrez…»?.

 
  
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  Meglena Kuneva, membre de la Commission. − (EN) Madame la Présidente, voici à peine quelques mois, ma collègue la commissaire Ferrero-Waldner a exprimé ici même la profonde préoccupation de la Commission face à la répression continue et systématique exercée en Chine à l'encontre des défenseurs des droits de l’homme. La Commission a donc ressenti encore davantage d'inquiétude à l'annonce de la détention arbitraire de M. Hu Jia. Elle rappelle que les activités en faveur des droits de l’homme menées par cette personne lui ont valu de nombreux actes de harcèlement par le passé.

Nous nous inquiétons également de la santé de M. Hu Jia, qui souffre d'une hépatite B et a besoin d'une médication quotidienne. Nous ne sommes pas sûrs que son traitement médical soit garanti chaque jour ni qu'il puisse compter sur l'aide de médecins pendant sa détention dans le centre municipal de détention de Pékin, situé à Dougezhuang.

La Commission estime que la détention de M. Hu Jia oblige l'UE à agir avec fermeté. Il est en effet clair que cette personne a été arrêtée pour s'être exprimée librement et franchement sur la répression des défenseurs des droits de l’homme, par l'intermédiaire d'une connexion téléphonique établie avec une réunion de la sous-commission «droits de l’homme» du Parlement européen en novembre 2007.

À ce titre, cette détention évoque le cas de Cao Dong, un des pétitionnaires de Falun Gong, qui a été arrêté et se trouve encore en prison parce qu'il a rencontré le vice-président du Parlement européen à Pékin en mai 2006. La détention de M. Hu Jia appelle aussi une réaction de l'UE en sa qualité d'acteur international de la protection des défenseurs des droits de l’homme. Hier, la troïka de l'UE a accompli une démarche ferme demandant aux autorités chinoises la libération immédiate de M. Hu Jia. Nous espérons sincèrement que les autorités chinoises comprendront que la question des défenseurs des droits de l’homme influence beaucoup la réputation de leur pays aux yeux du public européen, et qu'elles agiront en conséquence.

Je tiens à assurer cette assemblée que l'UE suivra de très près l'évolution de l’affaire de M. Hu Jia.

La Commission voudrait saisir cette opportunité pour demander instamment au gouvernement chinois d'autoriser l'expression des opinions de toutes sortes. Ce facteur détermine de façon importante la perception qu'a le public international de la Chine, surtout en cette année où les yeux du monde entier sont tournés sur la Chine et ses préparatifs des Jeux olympiques. Nous sommes convaincus que la liberté d'expression permet de former une société beaucoup plus stable.

Pour conclure mon intervention, je dirai que la Commission intensifiera ses efforts pour chercher une amélioration de la situation générale des droits de l’homme en Chine. À cet égard, nous continuerons à jouer un rôle actif au sein de la troïka en préparant le dialogue et le séminaire UE-Chine sur les droits de l’homme, cela afin que les discussions continuent à s'orienter vers la fixation d'objectifs.

Malgré la lenteur des progrès de la situation des droits de l’homme en Chine, nous croyons fermement que le dialogue UE-Chine sur les droits de l’homme reste l'un des moyens les plus efficaces d'engager avec la Chine des débats francs et détaillés en vue d'arriver à des réformes en matière de droits de l’homme visibles sur le terrain.

 
  
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  La Présidente. (EN) Le débat est clos.

Le vote aura lieu à la fin du débat.

 
  

(1)Voir procès-verbal.

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