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Procédure : 2010/2602(RSP)
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Textes déposés :

RC-B7-0188/2010

Débats :

PV 11/03/2010 - 12.2
CRE 11/03/2010 - 12.2

Votes :

PV 11/03/2010 - 13.2

Textes adoptés :

P7_TA(2010)0067

Compte rendu in extenso des débats
Jeudi 11 mars 2010 - Strasbourg Edition JO

12.2. L’escalade de la violence au Mexique
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Procès-verbal
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  Le Président. – L’ordre du jour appelle le débat sur sept(1) propositions de résolution concernant l’escalade de la violence au Mexique.

 
  
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  Ramón Jáuregui Atondo, auteur. (ES) Monsieur le Président, je souhaiterais commencer en disant que le Mexique est une grande démocratie qui a réalisé des progrès réguliers au cours des 20 dernières années. Le Mexique est un pays ami de l’Union européenne avec lequel nous avons signé un accord de partenariat stratégique. Je souhaiterais ajouter que le Mexique mène actuellement une guerre très difficile contre le trafic de drogue organisé.

Cependant, aujourd’hui, nous abordons la question du Mexique dans le contexte des droits de l’homme parce que la violence a augmenté et continue à augmenter fortement dans ce pays et touche en particulier la population mexicaine, mais aussi parce que des plaintes sérieuses ont été déposées quant à des violations des droits de l’homme.

La résolution que les principaux groupes politiques sont sur le point d’adopter aujourd’hui se fonde sur le respect et le consensus. Elle reconnait bien entendu la situation que je viens de décrire et demande instamment au Mexique de continuer ses efforts sur la voie de l’état de droit et de la véritable démocratie.

Cependant, elle pose également quatre questions importantes: elle demande avec insistance au Mexique de garantir le droit à la liberté de la presse parce que des journalistes ont été victimes d’attaques; de garantir la protection des organisations qui défendent les droits de l’homme parce que ces groupes ont été attaqués et menacés; de garantir la protection des femmes qui sont victimes de violence parce que de nombreuses femmes ont été assassinées; et d’éviter les impunités et les abus de pouvoir par les forces de police. Voilà ce que le Parlement demande au Mexique, dans un esprit d’amitié qui est basé sur une relation positive avec ce pays.

 
  
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  Renate Weber, auteure. (ES) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, cette semaine nous célébrons la journée internationale de la femme. À l’intérieur de ce Parlement, nous avons vu de nombreuses affiches dans toutes les langues de l’Union européenne et dont les slogans indiquent que nous pouvons mettre un terme à la violence contre les femmes. Aujourd’hui, nous abordons la question de la violence au Mexique et je pense que nous devons reconnaître que les Mexicaines, tant les victimes indigènes que non indigènes, ne bénéficient que d’une protection minimale de la part des autorités locales et fédérales.

Les femmes mexicaines sont victimes de toutes les formes de violence, de la violence domestique à la violence sexuelle et à la torture infligées par l’armée ou la police et elles sont aussi les victimes de meurtres. Malheureusement, jusqu’à présent, les réponses des autorités mexicaines n’ont pas été efficaces. C’est la raison pour laquelle nous pouvons désormais affirmer que nous nous trouvons face à une situation d’impunité presque totale.

Notre résolution demande au gouvernement mexicain de lutter contre le «féminicide», terme terrible, mais très précis lorsque l’on considère que presque tous les meurtres dont les victimes sont des femmes restent impunis. Par exemple, au cours des quatre dernières années au Mexique, seuls 11 % des criminels qui ont assassiné près de 700 femmes ont été condamnés.

Parallèlement, il semblerait que les femmes soient les victimes favorites du système judiciaire. Il n’est pas possible d’expliquer comment deux femmes indigènes, Alberta Alcántara et Teresa González, ont été condamnées à 21 ans de prison et ont maintenant passé plus de trois ans en prison pour avoir kidnappé six hommes de la Federal Investigations Agency – rien qu’à elles deux – lors d’un incident sur un marché. Espérons que le juge, qui statuera sur l’appel des deux femmes dans une semaine, réalisera à quel point cette situation est ridicule et injuste.

Cependant, la violence contre les femmes commence à la maison. J’espère que les législateurs mexicains amélioreront rapidement la loi sur l’accès des femmes à une vie sans violence afin que les différentes formes de violence et les mécanismes de mise en œuvre des lois puissent être correctement définis. Il serait également opportun d’établir que la violence domestique et le viol dans le mariage sont des délits.

En outre, afin que la société mexicaine change et rejette la violence à l’encontre des femmes, il est important que les écoles abordent ce sujet et en fassent une matière de base de l’éducation des jeunes.

 
  
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  Adam Bielan, auteur. – (PL) Cela fait désormais plusieurs années que les autorités mexicaines, et en particulier le résident Felipe Calderón, mènent une guerre sanglante contre les gangs de la drogue. Plus de 40 000 soldats sont impliqués dans cette guerre et ont remporté plusieurs succès. Ces succès incluent, sans aucun doute, les arrestations des chefs des cartels Sinaloa et Juarez, la destruction de plus de 23 000 hectares de culture d’opium et de 38 000 hectares de marijuana, la fermeture de plus de 50 laboratoires illégaux qui produisaient des stupéfiants et les arrestations de plus de 45 000 personnes impliquées dans ce processus.

Nous devons être conscients du fait que les cartels mexicains de la drogue génèrent chaque année des revenus s’élevant à des milliards de dollars, montant incomparablement plus élevé que le montant mis à disposition par le gouvernement mexicain pour lutter contre le problème des stupéfiants. Les gangs dépensent ainsi des sommes énormes pour corrompre les responsables politiques, les juges et les agents de police. C’est précisément pour cette raison que les autorités perdent cette guerre. Depuis 2006, près de 15 000 personnes ont été tuées et plus de 6 000 d’entre elles ont été tuées depuis octobre dernier. Ce sont surtout les journalistes qui sont en danger, étant donné que plus de 60 d’entre eux ont été tués, dont récemment, Jorge Ochoa Martínez.

Nous devons comprendre que sans aide internationale le Mexique ne gagnera pas cette guerre.

(Applaudissements)

 
  
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  Santiago Fisas Ayxela, auteur. (ES) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, le Mexique connait des problèmes considérables liés au trafic de drogue et à la violence qui en découle. Afin de lutter contre cette situation, le gouvernement du président Felipe Calderón a adopté une position inflexible en vue de réussir à l’éradiquer: il a décidé de mobiliser temporairement les forces armées, une mesure qui a eu un impact fort sur le nombre de personnes arrêtées, sur la destruction de drogues et sur la confiscation d’armes. L’armée a accepté l’ensemble des recommandations de la commission nationale sur les droits de l’homme, y compris celles concernant des enquêtes sur des plaintes à propos de la mauvaise conduite de certains de ses membres.

Le gouvernement reconnait également qu’il est nécessaire d’apporter des changements considérables aux secteurs de la sécurité et de la justice et il met actuellement en œuvre une réforme ambitieuse du système judiciaire afin de le rendre plus transparent et de faire en sorte que les responsables de crimes soient jugés, tout en respectant les droits de l’homme.

Le groupe du Parti populaire européen (Démocrates-Chrétiens) souhaite afficher sa solidarité avec le peuple mexicain dans la lutte contre le trafic de drogue et nous apportons notre soutien au président Calderón et à sa volonté de lutter contre le crime organisé.

Pour conclure, je souhaiterais exprimer ma satisfaction envers cet accord qui rassemble les principaux groupes politiques de ce Parlement.

 
  
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  Marie-Christine Vergiat, auteure. − Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, depuis 2007, les atteintes aux droits de l’homme ne cessent de s’aggraver au Mexique.

Selon les ONG et les médias mexicains, plus de 6 500 homicides, imputables aux cartels de la drogue, ont été recensés pour la seule année 2009, dont l’immense majorité dans l’État de Chihuahua. Le gouvernement du président Calderón a envoyé des milliers de soldats dans les zones les plus touchées.

Depuis lors, les exactions commises tant par ces forces militaires que par les forces de police se multiplient en toute impunité. Les ONG multiplient les rapports et parlent de crimes d’État. Les journalistes, les populations indigènes, et notamment les femmes, indigènes ou non, sont particulièrement touchés. J’ai rencontré certaines d’entre elles venant de San Salvador Atenco, violées et torturées par les forces de police. Et j’ai été atterrée par ce qu’elles m’ont raconté. Les auteurs de ces actes commis en mai 2006 jouissent toujours d’une totale impunité.

Nous ne pouvons donc partager les préoccupations des autorités mexicaines, dont les agents violent régulièrement les droits de l’homme. Nous ne nous associerons donc pas à la résolution commune et déposerons des...

(Le Président retire la parole à l’oratrice)

 
  
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  Barbara Lochbihler, auteure.(DE) Monsieur le Président, les images du recours brutal à la violence dans la rue dans le cadre de la guerre contre la drogue menée au Mexique sont régulièrement diffusées chez nous par les moyens de communication de masse. Les meurtres de centaines de femmes, travaillant en particulier dans le nord du pays, font les grands titres et ont engendré le terme «féminicide». Le Parlement européen a rédigé son propre rapport sur ce sujet. Tout en étant conscient de l’augmentation considérable des graves violations des droits de l’homme, le gouvernement mexicain semble être incapable de la stopper, si c’est du moins ce qu’il souhaite. Pointer du doigt le caractère implacable de la lutte contre les dealers ne peut remplacer une action cohérente du gouvernement. L’augmentation considérable de la présence et de la puissance militaires, la compétence des tribunaux militaires pour juger les crimes commis par les soldats, l’impunité presque totale – telles sont les causes réelles de l’escalade de la violence dans le pays. Même la commission mexicaine sur les droits de l’homme a fait part à plusieurs reprises de l’augmentation des crimes violents commis par les militaires.

Le gouvernement lui-même ne veut pas admettre cette situation. Il ne cesse d’étouffer certains crimes. Hier, par exemple, les médias relayaient l’information selon laquelle le ministère de la défense a payé une somme énorme aux familles des victimes de violence afin d’acheter leur silence. Qui étaient les auteurs de ces crimes? Des soldats. L’UE doit aborder la question de la lutte contre l’impunité dans toutes ses relations avec le Mexique. Étant donné la gravité des violations des droits de l’homme, il est absolument nécessaire pour l’UE de ne pas revoir l’accord complet conclu avec le Mexique. Elle ne doit pas le faire avant que la situation des droits de l’homme dans ce pays ne se soit améliorée.

 
  
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  Cristian Dan Preda, au nom du groupe PPE.(RO) L’escalade de la violence dans les États mexicains à la frontière avec les États-Unis, en particulier à Ciudad Juárez, est très préoccupante. Les événements de ces derniers mois ont été particulièrement sanglants, car parallèlement à l’intervention des autorités fédérales dans cette région, une augmentation considérable du nombre de crimes liés au trafic de drogue a aussi été enregistrée. Dès lors, la guerre contre les trafiquants de drogue s’accompagne d’une guerre entre gangs criminels rivaux, d’où une série de meurtres d’une brutalité exceptionnelle.

J’estime que la situation du Mexique est un exemple extrême de la difficulté à lutter sérieusement contre les crimes afin de protéger la sécurité nationale. Il est extrêmement important que nous, membres du Parlement européen, envoyions un signal clair afin de soutenir les efforts du gouvernement mexicain en vue d’éradiquer ces meurtres, en améliorant ainsi la situation de la population civile.

Nous devons en même temps encourager les autorités mexicaines à continuer à mener des réformes essentielles afin de consolider l’État de droit, en particulier la réforme de la justice et du système pénal.

Merci.

 
  
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  Ana Gomes, au nom du groupe S&D. (PT) La violence au Mexique est liée au trafic de drogue et aux inégalités sociales qui sont aggravées par la crise économique. La lutte contre l’impunité est la clé du problème. Il est essentiel d’investir dans le système judiciaire afin de punir les criminels et d’assurer la protection des témoins et des victimes, dont beaucoup sont de jeunes femmes qui travaillent et qui sont prises dans la vague de violence par les trafiquants de drogue.

Il est choquant de constater que Juárez est la capitale mondiale des féminicides, mais ce qui l’est encore plus c’est la culture macho qui explique l’inaction des autorités qui ne poursuivent pas les responsables de ces meurtres et ne protègent pas les défenseurs des droits de l’homme, notamment les journalistes.

L’Europe doit se servir du partenariat stratégique avec le Mexique pour apporter son soutien de manière constructive à toutes les personnes qui luttent pour les droits de l’homme. Ce sont ces mêmes personnes qui luttent pour défendre l’état de droit et la démocratie. Sans respect des droits de l’homme, l’état de droit et la démocratie ne peuvent exister.

 
  
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  Ryszard Czarnecki, au nom du groupe ECR. (PL) Monsieur le Président, j’ai entendu il y a quelques minutes, au sein de ce Parlement, un appel à ne pas signer l’accord avec les autorités mexicaines. Je ne comprends pas pourquoi. Après tout, nous faisons l’éloge du président du Mexique – et ceux qui viennent de prendre la parole avant moi l’ont fait aussi – pour sa lutte déterminée contre les barons de la drogue et la mafia. Nous devrions dès lors faire l’éloge des autorités mexicaines pour leur action, tout en mentionnant bien entendu qu’elles ne doivent pas jeter le bébé avec l’eau du bain, et que, dans le cadre de cette lutte, elles devraient toujours essayer de respecter les droits de l’homme. Cela est évident. Nous devons nous rendre compte de la situation d’un pays qui lutte depuis des décennies contre des gangs puissants du crime organisé et la mafia. Si le président du pays déclare la guerre dans ce domaine, nous devons lui apporter notre soutien total. Mais bien entendu, nous avons parlé de journalistes et d’autres victimes. Il convient de souligner que ces personnes ne doivent pas être les victimes de discriminations.

 
  
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  Rui Tavares, au nom du groupe GUE/NGL. – (PT) Mesdames et Messieurs, pas plus tard que ce matin, le siège du syndicat mexicain des électriciens a été encerclé par environ 100 à 200 policiers. C’est ce même syndicat qui, après l’annonce d’une grève générale, a vu l’un de ses dirigeants, Domingo Aguilar Vázquez, être capturé le lendemain, le 16 mars, et arrêté sur la base de fausses accusations.

Cette attaque contre la liberté des syndicats au Mexique, menée directement par le gouvernement, est d’autant plus scandaleuse que nous parlons ici du fait que le gouvernement fédéral mexicain ne punit pas les crimes commis, par exemple, par ses propres militaires, ou de l’inefficacité de sa lutte contre le trafic de drogue.

Il est vrai que cette situation est complexe. Il s’agit d’attaques menées par les forces armées contre les trafiquants de drogue, mais aussi d’attaques contre les syndicats. Ce qui se passe c’est que, dans un contexte d’inefficacité, d’impunité et d’autoritarisme croissant, une démocratie comme la démocratie mexicaine échappe à tout contrôle.

Ce Parlement doit condamner vigoureusement le gouvernement mexicain et doit surtout exiger qu’il mette enfin un terme à son inefficacité en ce qui concerne la lutte contre les criminels, et à son autoritarisme, par exemple à l’encontre des syndicats, des travailleurs et des mouvements de la société civile.

 
  
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  Eija-Riitta Korhola (PPE). – (FI) Monsieur le Président, je souhaiterais attirer l’attention sur deux points de notre résolution sur le Mexique.

Premièrement, comme nous l’avons entendu, la violence a augmenté cette année. Le Mexique est la proie des grands cartels de la drogue et, d’après les estimations, les actes de violence qu’ils ont commis auraient déjà tué 15 000 personnes. La situation est grave, en particulier près de la frontière entre le Mexique et les États-Unis d’Amérique. Le gouvernement mexicain essaie de ramener la situation sous contrôle au moyen d’opérations militaires et de police de grande ampleur. Cette stratégie est fortement critiquée. Bien entendu, les responsabilités liées au commerce de la drogue, au blanchiment d’argent et aux problèmes qu’ils engendrent s’étendent aussi à d’autres pays et le Mexique a besoin d’aide et de coopération.

Deuxièmement, je souhaiterais mentionner des rapports récents d’Amnesty International concernant le manque de volonté des autorités de protéger les défenseurs des droits de l’homme. Ceux qui défendent les indigènes et les communautés défavorisées sont particulièrement en danger. Lorsqu’il devient dangereux de promouvoir les droits de l’homme, il se pourrait que beaucoup d’entre eux reconsidèrent les risques liés à leur travail. Les personnes en faveur desquelles ces activités sont menées perdent alors espoir.

Ces problèmes, liés au commerce de la drogue, ainsi que la question des droits de l’homme devront aussi être abordés lors de discussions en mai, lorsque nous évoquerons les projets de coopération lors du prochain sommet UE-Mexique.

 
  
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  Silvia-Adriana Ţicău (S&D).(RO) Le gouvernement mexicain doit s’engager fermement à lutter contre le trafic de drogue et à respecter les droits de l’homme et l’état de droit.

Le trafic de drogue est à l’origine d’actes de violence qui engendrent la perte de vies humaines. Les villes de Tijuana et de Ciudad Juárez figuraient parmi les dix villes les plus dangereuses du monde en 2009. Depuis 2007, 15 000 meurtres ont été commis dans le cadre de la lutte contre la drogue, dont 7 724 rien qu’en 2009.

Les jeunes et les femmes sont les plus fortement touchés par le trafic et la consommation de drogue. Au Mexique, la crise économique pourrait évoluer en un conflit social; la pauvreté et le manque d’éducation comptant parmi les facteurs pouvant faire des jeunes les victimes de la consommation de drogue. Dans ce pays, près de 7,5 millions de jeunes n’ont aucune chance, en 2010, d’avoir accès au système d’éducation officiel, ce qui signifie aussi qu’ils n’ont aucun espoir de pouvoir gagner décemment leur vie.

En guise de conclusion, je souhaiterais ajouter que le dialogue entre l’Union européenne et le Mexique doit être intensifié afin de promouvoir le développement économique et social, ainsi que le respect des droits de l’homme et de l’État de droit.

Merci.

 
  
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  Bernd Posselt (PPE).(DE) Monsieur le Président, nous abordons souvent le sujet des dictatures au sein de cette Assemblée. Le Mexique n’est pas une dictature, mais une démocratie. Nous débattons pour le moment de certains cas précis de graves violations des droits de l’homme. Il ne s’agit pas du sujet-clé pour le Mexique. Le sujet-clé, c’est le fait que cette grande démocratie, qui est l’un de nos partenaires stratégiques, souffre d’une maladie grave, peut-être même mortelle, depuis des décennies.

Elle nécessite dès lors un traitement adapté et du bon médecin. Le président Calderón et ses compagnons d’armes sont ces médecins. Cela ne signifie pas qu’ils soient capables d’utiliser, ou qu’ils soient autorisés à utiliser, tous les traitements existants, mais nous devons leur apporter notre soutien.

C’est la raison pour laquelle j’estime que le paragraphe 12 de la résolution, dans lequel il est indiqué que nous entendons avoir davantage recours à notre instrument financier afin de renforcer, en vertu de l’état de droit, la bonne gouvernance, l’état de droit, les structures d’un État contre la désintégration de l’État, contre le crime organisé, contre l’impunité, qui a été critiquée à juste titre, est si important. Nous ne pouvons cependant pas y parvenir en gelant ou en abandonnant nos contacts, nous devons plutôt les renforcer.

 
  
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  Francisco José Millán Mon (PPE). (ES) Monsieur le Président, nous nous préoccupons tous de l’escalade de la violence à Ciudad Juarez, mais j’ai confiance dans les importantes mesures mises en place par les autorités mexicaines afin de lutter efficacement contre cette situation complexe. J’apporte également mon soutien à la bataille vigoureuse menée par le président Calderón contre le trafic de drogue, qui est une menace mondiale très sérieuse nous préoccupant tous. C’est la raison pour laquelle nous devons aider les autorités mexicaines dans cette lutte difficile.

Mesdames et Messieurs, au cours des dix dernières années, le Mexique a entrepris un processus de modernisation politique et gouvernemental très positif. Le président Calderón promeut régulièrement des réformes. Le Mexique assume davantage de responsabilités au niveau international et joue un rôle actif, par exemple, au sein des Nations unies et du G-20.

Dans ce Parlement, j’ai toujours soutenu, avec mes capacités modestes, l’établissement d’un partenariat stratégique entre le Mexique et l’Union européenne qui a finalement été signé en 2008. J’espère que nous pourrons adopter un plan d’action commun ou un programme ambitieux lors du sommet qui aura lieu en mai à Madrid, parce que l’Union européenne et le Mexique doivent collaborer dans de nombreux secteurs, tant au niveau bilatéral qu’au sein de forums multilatéraux, afin de relever les défis et de lutter ensemble contre les menaces, y compris le trafic de drogue et d’autres formes de crime organisé.

 
  
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  Charles Tannock (ECR). – (EN) Monsieur le Président, le Mexique est depuis longtemps l’une des principales voies d’accès au plus grand marché de stupéfiants illégaux au monde, les États-Unis. Dès lors, le Mexique est marqué par la brutalité et la violence qui vont de pair avec le commerce de la drogue. En outre, le Mexique lui-même, avec sa population de 100 millions d’habitants et en tant que partenaire stratégique essentiel de l’UE, s’est malheureusement transformé en un marché important de la cocaïne. L’augmentation croissante de la consommation des jeunes est particulièrement inquiétante.

La violence liée à la drogue au Mexique semble empirer: de plus en plus de meurtres effroyables sont commis et les journalistes qui rapportent ces cas sont eux-mêmes visés. Le chômage et la pauvreté endémiques n’arrangent probablement pas non plus la situation et engendrent un climat d’anarchie dans certaines régions du Mexique. Le président Calderón doit faire face à d’énormes défis, mais il est déterminé à les relever, et l’UE devrait le soutenir fermement. Nous devons en particulier soutenir ses efforts en vue de réformer et de restructurer la police et le système judiciaire pénal afin de rompre les liens de corruption entre les cartels de la drogue et les forces de police. J’estime que son utilisation de l’armée en tant que mesure d’urgence temporaire est justifiée.

 
  
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  Janez Potočnik, membre de la Commission. (EN) Monsieur le Président, une montée sans précédent de la violence a provoqué dans ce pays un sentiment profond d’insécurité parmi la population. La Commission est bien entendu très préoccupée par cette situation. Nous savons que les autorités mexicaines prennent ce problème au sérieux et ont mis en place de nombreuses mesures pour le résoudre.

La guerre que le président Calderón mène contre le crime organisé est sa principale priorité. Le Mexique ne déploie pas seulement de nombreux militaires aux quatre coins du pays afin de lutter contre le crime organisé, il fournit également un effort considérable afin de renforcer les forces de police et le système judiciaire.

En août 2008, un paquet de mesures de sécurité a été adopté afin de réorganiser les forces de police et le système judiciaire mexicains. Votée en 2008 par le Congrès mexicain, cette réforme donne au système judiciaire les moyens de lutter contre les principaux problèmes systémiques de la justice pénale du Mexique, même si nous savons que la mise en œuvre de cette réforme exigera un engagement à long terme.

Le Mexique consent également à un effort considérable afin de répondre aux préoccupations concernant les violations des droits de l’homme, en particulier l’impact des groupes du crime organisé sur les droits acquis de liberté des médias et la liberté d’expression, qui ont été portées à l’attention de l’UE par des organisations de la société civile. Dans ce contexte, le gouvernement mexicain a créé un poste de procureur spécialisé pour enquêter sur les crimes commis contre des journalistes en 2006.

Il fournit des efforts visibles afin de lutter contre d’autres lacunes, comme le prouvent l’approbation d’une loi fédérale visant à éradiquer la violence contre les femmes et la nomination d’un procureur spécial sur cette question, et la nouvelle loi fédérale visant à lutter contre le trafic d’êtres humains.

En tant que membre du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, le Mexique s’est engagé à adopter une politique fédérale sur les droits de l’homme et à rester ouvert au niveau international dans le domaine des droits de l’homme. La question de la protection des droits de l’homme dans le cadre de la lutte contre le crime organisé et celle de l’intégrité des défenseurs des droits de l’homme sont mentionnées dans les recommandations acceptées par le Mexique à la suite de sa participation à la revue périodique universelle des Nations unies.

Le Mexique a montré son intérêt et sa volonté d’aborder toutes ces questions avec l’Union européenne, et récemment lors de la session du conseil conjoint UE-Mexique qui s’est tenue à Bruxelles les 26 et 27 novembre 2009. Ce domaine fait en effet l’objet d’une coopération spécifique.

Les 3 et 4 décembre 2009, l’UE et le Mexique ont organisé de concert un séminaire international à Cancún intitulé «L’utilisation légitime de la force et la protection des droits de l’homme» («The Legitimate Use of Force and the Protection of Human Rights»). Ce séminaire a été l’occasion de consulter des experts sur un projet de document de politique générale concernant la responsabilité des forces de police locales en matière de droits de l’homme.

Après le séminaire, ce projet de document de politique générale a été présenté au congrès local de l’État de Quintana Roo. Cette initiative complète la loi fédérale récemment adoptée sur la réforme du système judiciaire et pourrait être reprise par d’autres États du Mexique.

Nous estimons que le partenariat stratégique UE-Mexique constitue le cadre le plus approprié afin que l’UE puisse apporter son soutien au Mexique dans les domaines de la sécurité publique et de l’état de droit. Le document directeur du partenariat stratégique qui est actuellement négocié prévoit l’établissement d’un dialogue politique officiel entre l’EU et le Mexique sur les questions de sécurité, ainsi qu’une coopération accrue avec les agences de l’UE comme le CEPOL, Europol, Eurojust et l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT).

La Commission a déjà apporté son soutien à un projet (2004-2007) visant à renforcer l’administration de la justice au Mexique. Une coopération accrue dans ce domaine est prévue pour la période 2011-2013.

En guise de conclusion, il est évident que le Mexique doit relever d’importants défis dans les domaines de la sécurité publique et du respect des droits de l’homme. Cela n’est pas facile et la situation est loin d’être idéale, mais il convient aussi d’affirmer que le Mexique fait preuve de volonté et de détermination afin d’assurer la compatibilité d’une politique de sécurité publique efficace avec le respect des droits de l’homme. Nous continuerons à soutenir le Mexique dans ses efforts.

 
  
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  Le Président. – Le débat est clos.

Le vote aura lieu à la fin des débats.

 
  

(1) Voir procès-verbal.

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