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Procédure : 2011/2521(RSP)
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Textes déposés :

RC-B7-0039/2011

Débats :

PV 19/01/2011 - 10
CRE 19/01/2011 - 10

Votes :

PV 20/01/2011 - 7.2
CRE 20/01/2011 - 7.2

Textes adoptés :

P7_TA(2011)0021

Compte rendu in extenso des débats
Mercredi 19 janvier 2011 - Strasbourg Edition JO

10. Liberté religieuse et situation des chrétiens en particulier (débat)
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Procès-verbal
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  Le Président. – L’ordre du jour appelle le débat sur la déclaration de la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité sur la liberté religieuse et la situation des chrétiens en particulier.

Je prie la vice-présidente et haute représentante Catherine Ashton de bien vouloir prendre la parole.

 
  
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  Catherine Ashton, vice-présidente de la Commission européenne et haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.(EN) Monsieur le Président, je commencerai en déclarant que je partage pleinement les inquiétudes de cette Assemblée concernant les actes de violence perpétrés récemment contre des populations appartenant à des minorités religieuses et les préoccupations de ceux qui défendent la liberté de religion.

J’ai exprimé mon avis sur cette question très récemment, le 6 janvier, à l’occasion de ma visite à Bethléem et à l’église de la nativité, la veille du Noël orthodoxe. Je me suis rendue en ce lieu pour souligner la nécessité, pour toutes les communautés religieuses du monde, de pouvoir se rassembler pour prier librement. J’ai également insisté sur le fait que l’Union européenne condamne toute forme d’intolérance et de violence contre des personnes en raison de leurs convictions religieuses, où que ce soit dans le monde. J’ai aussi fermement condamné les récents attentats terroristes ciblant des lieux de culte en Irak et en Égypte, ainsi que l’assassinat de Salmaan Taseer, le gouverneur du Pendjab au Pakistan.

Ces attentats sont inacceptables: ils sont perpétrés par des extrémistes motivés par une intolérance qui doit être condamnée et à laquelle il faut s’opposer. Mesdames et Messieurs, partout dans le monde les droits humains fondamentaux sont aujourd’hui trop souvent violés pour des motifs de religion ou de conviction. Et les victimes n’appartiennent pas à une seule communauté religieuse ou à une seule région. Malheureusement, aucune région du monde n’est épargnée par le fléau de l’intolérance religieuse.

Toute discrimination et toute violence exercée contre des personnes en raison de leurs convictions religieuses va à l’encontre des valeurs défendues par l’Union européenne. Toute violation doit être prise en considération et doit être condamnée avec une égale fermeté, quel que soit le lieu où elle est commise et quelle qu’en soit la victime, parce que, comme nous le savons et le reconnaissons, les droits de l’homme sont universels.

Au Moyen-Orient, des communautés chrétiennes établies de longue date sont confrontées à des difficultés qui ont conduit à d’importants déplacements de populations dans certains pays et à une diminution de leur présence dans l’ensemble de la région. L’Union européenne ne fermera pas les yeux sur leurs souffrances. Nous estimons que leur exigence de voir leurs droits de citoyens respectés dans leur propre pays est absolument légitime. La liberté de conscience et de conviction appartient à chacun et chaque État a le devoir de garantir son respect.

L’UE est prête à renforcer sa coopération avec les gouvernements afin de combattre l’intolérance et de protéger les droits de l’homme. Nous ne devons pas tomber dans le piège que nous tendent les extrémistes et les terroristes: nous devons résister à la manipulation consistant à faire de la religion une source de division. La meilleure réponse à l’extrémisme est un front international uni basé sur les normes universelles de la liberté de religion et de la liberté de conviction.

L’Union européenne a été le moteur de la déclaration des Nations unies sur l’élimination de toutes les formes d’intolérance et de discrimination fondées sur la religion ou la conviction, qui a été adoptée par consensus en décembre 2010 par l’assemblée générale des Nations unies. Nous faisons chaque année un effort concerté pour progresser sur la base de ce consensus, afin que la communauté internationale puisse envoyer un message ferme et uni. Nous envisageons une autre initiative visant à rassembler un fort soutien transrégional sur ce thème lors de la prochaine session du conseil des droits de l’homme des Nations unies en mars. Nous examinons également la question de la liberté de religion et de conviction lors de nos dialogues sur les droits de l’homme et nous pressons les pays d’éradiquer la discrimination et l’intolérance.

Nos délégations suivent de près l’évolution de ces questions dans le monde, et le prochain rapport annuel de l’Union européenne sur les droits de l’homme qui sera publié au printemps traitera de la situation des minorités religieuses dans le monde.

Mesdames et Messieurs, je m’engage pleinement à placer la liberté de religion et de conviction au premier rang de notre agenda. Le prochain Conseil «Affaires étrangères» du 31 janvier traitera à nouveau de cette question afin que l’Union européenne puisse renforcer ses efforts de promotion de la liberté de religion.

 
  
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  Le Président. – Madame Ashton, je suis très heureux de vous accueillir au Parlement européen en cette nouvelle année. Nous n’avons pas très souvent l’occasion de pouvoir discuter avec vous personnellement des questions importantes de la politique étrangère de l’Union européenne, alors je vous remercie beaucoup de votre présence ici aujourd’hui.

 
  
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  Elmar Brok, au nom du groupe PPE.(DE) Monsieur le Président, Madame Ashton, vous nous aviez promis que vous viendriez plus souvent devant le Parlement européen afin de régler cette affaire. Je pense qu’il est important pour vous, Madame Ashton, et pour tout le monde d’observer qu’une large majorité du Parlement européen soutient cette question, ce qui montre que cela fait partie d’une série de mesures et qu’il ne s’agit pas simplement d’une résolution normale.

Vous avez raison de dire que nous devons garantir que l’intolérance et la violence fondées sur la religion, indépendamment de la religion concernée, sont considérées comme inacceptables. Toutefois, il est clair que 75 % des attentats commis pour ce motif ces dernières années l’ont été contre des chrétiens. L’Europe chrétienne doit adopter une attitude ferme et se défendre. Elle ne doit pas rester silencieuse sur cette question. Ces attentats ont lieu pour la plupart, mais pas tous, dans des États musulmans. Les chrétiens sont persécutés en Chine, par exemple, et dans d’autres pays. Nous ne devons pas accepter la violence de la discrimination, ni les actes de terrorisme. Condamner une personne à mort parce qu’elle s’est convertie au christianisme est inacceptable, de même que les actes de terrorisme et les organisations terroristes ou le fait que des organes publics, qui ne sont pas directement responsables, ferment les yeux sur ces actions. En effet, tout cela aboutit au fait que la présence traditionnelle et millénaire des communautés et des groupes chrétiens de nombreux pays, notamment en Syrie, en Turquie, en Irak et en Iran, est en passe de disparaître. Si la pression exercée sur les chrétiens à Bethléem, lieu de naissance du Christ, se poursuit, aucun chrétien ne pourra bientôt plus y vivre. Les 20 millions de chrétiens coptes qui vivent en Égypte représentent un problème spécifique que nous prenons très au sérieux. Et dans ce cas, on ne peut parler de minorité.

C’est pourquoi je voudrais mettre en lumière deux exigences présentées dans la résolution. Premièrement, les rapports sur les droits de l’homme produits par les institutions de l’Union européenne, y compris votre organisation et le Parlement européen, doivent inclure des références claires à la persécution des chrétiens. Des ressources doivent être affectées au service européen pour l’action extérieure afin qu’il s’occupe du problème de la chrétienté. Ensuite, les questions de droits de l’homme et de liberté de religion doivent jouer un rôle majeur dans les traités que nous signons avec d’autres pays.

 
  
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  Hannes Swoboda, au nom du groupe S&D.(DE) Monsieur le Président, Madame Ashton, merci pour votre déclaration explicite.

Le nombre croissant d’attentats contre des chrétiens et la montée de l’intolérance religieuse sont extrêmement inquiétants. Nous devons condamner fermement ces actes, parce que nous sommes partisans de la tolérance religieuse, de la liberté et de la diversité. Je voudrais exprimer une fois encore notre très profonde sympathie et notre tristesse à l’égard des attentats contre les chrétiens coptes d’Égypte. C’est un coup très dur porté non seulement aux coptes eux-mêmes, mais également à la tolérance qui est encore largement répandue en Égypte. C’est expressément que je dis «encore», car malheureusement, elle est désormais en danger.

Au nom de mon groupe, je voudrais exprimer mon très profond regret quant à la manière dont les chrétiens sont traités en Irak. Renverser Saddam Hussein n’avait pas pour but d’instaurer à l’égard des chrétiens l’intolérance que nous constatons aujourd’hui. Toutefois, l’intolérance existe également entre les différents groupes musulmans. Par conséquent, notre groupe pense qu’il est particulièrement important de prendre des mesures décisives contre l’intolérance à l’égard des autres convictions religieuses et surtout des minorités religieuses.

Je fais rarement des déclarations écrites, mais dans ce cas je suis heureux de m’être impliqué dans l’invitation de M. Maurer, parce qu’il est très important pour nous de combattre la montée de l’intolérance et de travailler ensemble à son élimination. Je me réjouis que nous ayons pris une résolution commune et que nous ayons une base commune d’action.

Toutefois, autant je condamne clairement ces attentats contre les chrétiens au nom de mon groupe, et pas seulement les attentats récents, mais aussi les autres formes de discrimination, autant je voudrais déclarer spécifiquement que je regrette énormément l’islamophobie croissante dans certains milieux en Europe. C’est un courant de pensée qui, de l’aveu général, est tout simplement fallacieux et invalide, mais c’est un argument de plus en plus utilisé par certaines forces musulmanes radicales comme motif, comme raison et comme justification à la discrimination, ou même aux attentats, contre les chrétiens.

Quelles que soient nos opinions sur chaque religion, nous devons tous admettre que chacun a le droit de pratiquer sa religion en paix. L’existence d’une minorité agressive, violente, qu’elle soit composée de musulmans, de chrétiens, de juifs ou de membre d’autres communautés religieuses, ne peut jamais être une justification à des attentats contre les autres religions.

 
  
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  Marietje Schaake, au nom du groupe ALDE.(EN) Monsieur le Président, la conviction religieuse est une affaire personnelle dont le sens diffère d’une personne à l’autre. Le rôle de l’État est de protéger tous les citoyens indépendamment de leurs convictions et de leur permettre de se réunir et de s’exprimer librement partout dans le monde. Un coup d’œil sur notre monde actuel nous révèle un très sombre tableau: des baha’is d’Iran aux coptes d’Égypte, des lois sur le blasphème au Pakistan aux attentats contre les chrétiens ou contre les lieux de culte en Irak et au Nigeria. Aujourd’hui, nous mettons spécialement l’accent sur la montée de la violence contre les chrétiens, qui suscite une grande préoccupation. Il est extrêmement douloureux de voir que des gens passent à l’attaque et que d’autres sont agressés au nom de la religion, et que des croyants, quelle que soit leur confession, deviennent des victimes.

Il est inacceptable que certains individus extrémistes qui choisissent d’utiliser la violence et même le terrorisme le fassent au nom de Dieu ou au nom d’une religion, en prétendant parler au nom d’autres personnes ou même en se mettant au-dessus des lois, associant ainsi d’innombrables innocents à cette violence.

Mais ne nous laissons pas abuser. En donnant aux extrémistes plus de crédit qu’ils n’en méritent, en acceptant le lien entre religion et terrorisme, nous disqualifions la majorité des croyants qui, chacun à leur manière, pratiquent paisiblement leur religion. Le terrorisme est politique, le terrorisme est un crime. La religion ne peut jamais servir de motif crédible ou acceptable pour recourir à la violence ou pour violer les droits de l’homme. Or, cela se produit trop souvent, non seulement par la violence, mais aussi au travers de la limitation de la liberté d’expression, comme c’est le cas dans l’affaire des lois abusives sur le blasphème.

Personne ne devrait jamais vivre dans la peur à cause de sa religion ou de ses convictions, et c’est à juste titre que le Parlement européen manifeste son opposition aux actes extrémistes commis contre des chrétiens et qu’il soutient ceux qui condamnent cet extrémisme.

 
  
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  Nicole Kiil-Nielsen, au nom du groupe Verts/ALE. – Monsieur le Président, Madame Ashton, chers collègues, les massacres subis par les coptes d’Alexandrie ont provoqué l’indignation internationale. D’une manière générale, la situation des chrétiens d’Orient est préoccupante. En Irak, au Liban, et même en Palestine, où les chrétiens quittent ce qu’ils nomment la terre sainte, épuisés par les humiliations causées par l’occupation israélienne.

Je me félicite que notre résolution sur la liberté de religion en donne une définition large et rappelle les fondamentaux: le droit de croire et de ne pas croire, le droit de choisir sa religion sans être discriminé. Alors que notre texte mentionne, à raison, les récents agressions et assassinats commis de par le monde, nous devons aussi admettre que, dans certains pays européens, le respect de cette liberté de religion est mis en péril.

Des actes d’intolérance sont souvent constatés: profanations de cimetières juifs et musulmans, propos islamophobes ou antisémites. L’interdiction de construire des minarets votée en Suisse, par exemple, ou la montée de partis extrémistes tenant un discours intolérant à l’égard de certaines communautés, nous montrent que le combat pour le respect de la laïcité doit être une priorité en Europe. Les réfugiés, les demandeurs d’asile, les migrants ou encore les minorités ethniques et religieuses sont confrontés à une inquiétante augmentation des violations des droits universels fondamentaux.

L’Europe se doit d’être exemplaire en termes de tolérance et de dialogue intercommunautaire. Si les chrétiens d’Orient sont de plus en plus suspectés de représenter les intérêts et les causes de l’Occident, les musulmans d’Europe sont associés à l’islamisme radical et au terrorisme.

Je me permettrai s’il vous plaît de lire deux vers du poète Louis Aragon: «Celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas, et leur sang rouge ruisselle, même couleur, même éclat».

 
  
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  Konrad Szymański, au nom du groupe ECR.(PL) Monsieur le Président, Madame Ashton, je voudrais commencer par remercier Mme Ashton d’avoir réagi si rapidement aux événements d’Alexandrie. Il est vital que nous réagissions rapidement et de manière prévisible, car cela signifie que le monde nous écoutera plus attentivement.

Les chrétiens sont aujourd’hui, sans aucun doute, la minorité la plus négligée du monde. Chaque année dans le monde entier, 170 000 chrétiens sont exposés à la discrimination légale, à des agressions et même au meurtre. Tous ceux qui affirment vouloir sauvegarder les droits de l’homme doivent prendre des mesures actives pour défendre la liberté de religion. La question de la liberté de religion doit être évoquée dans le cadre des discussions sur l’aide au développement avec des pays comme l’Afghanistan, l’Irak et le Soudan. Nous devons faire entendre à la Chine, à l’Inde et au Vietnam nos points de vue sur la liberté de religion dans le cadre des négociations commerciales avec l’Union européenne. Nous devons redynamiser notre politique de voisinage à l’égard de pays comme l’Égypte. Enfin, notre diplomatie doit réagir à chaque violation du droit à la liberté de religion. Nous avons donc les instruments à notre disposition, il ne nous reste plus qu’à les utiliser. Nous devons également convaincre le monde qu’après des années de silence sur cette question, la liberté des chrétiens nous importe réellement. Le monde ne nous écoutera que s’il est amené à penser que cette question est vraiment importante pour nous. Sinon, nous ne devons pas compter sur le succès de notre politique dans ce domaine.

 
  
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  Kyriacos Triantaphyllides, au nom du groupe GUE/NGL.(EL) Monsieur le Président, en vertu de la Charte fondatrice des Nations unies, toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Le droit de toute personne à avoir une conviction religieuse, ou même à ne pas en avoir du tout, doit être sauvegardé et respecté par tous. Nous pensons que la religion ne peut être utilisée comme un moyen à exploiter dans les conflits politiques. Dans ce contexte, nous condamnons tous les attentats perpétrés récemment à Alexandrie et ailleurs et nous exprimons nos condoléances aux familles des victimes.

À Chypre, le régime d’occupation turc a commis un acte sans précédent en interrompant brutalement, puis finalement en annulant, l’office religieux chrétien célébré dans l’église Saint Synesius dans la ville occupée de Rizokarpaso. Cet acte constitue une violation des droits humains fondamentaux, comme la liberté de religion, des Chypriotes grecs enclavés. De même, le jour de l’Épiphanie à Yialousa, l’office religieux a été annulé sur l’allégation infondée que l’autorisation n’avait pas été obtenue dans le délai requis.

Ces actes constituent manifestement une violation du troisième accord de Vienne du 2 août 1975, des articles 3 et 9 de la Convention européenne des droits de l’homme, de l’article 10 de la Charte des droits fondamentaux de l’UE et de l’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Nous condamnons fermement ces actions du régime d’occupation qui sont autant d’infractions flagrantes d’un droit humain fondamental.

Il faut réagir d’urgence. L’Union européenne doit montrer qu’elle attache une importance fondamentale au respect des convictions et des droits.

 
  
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  Fiorello Provera, au nom du groupe EFD.(IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, les attentats terroristes commis récemment en Égypte et en Irak sont des actes criminels qui, même s’il est tragique, ne représentent qu’un aspect des persécutions que subissent les communautés chrétiennes dans le monde et particulièrement au Moyen-Orient.

L’aspect le plus préoccupant de cette situation, du point de vue institutionnel, c’est la répression systématique des droits des chrétiens en tant que citoyens, dans la mesure où il leur est interdit, par exemple, de construire des églises, d’exercer des fonctions publiques, civiles ou militaires, ou de pratiquer librement leur religion, entre autres. La combinaison de ces deux traitements - terrorisme et discrimination - a forcé des centaines de milliers de personnes à quitter ces pays. En Irak, par exemple, plus de 60 % des chrétiens ont été contraints à l’exil, ce qui représente environ 600 000 personnes.

Notre Assemblée se bat pour le droit des gens d’émigrer. Mais dans le cas des chrétiens, des communautés entières se voient nier le droit de vivre dans leur propre pays. Le but du terrorisme est d’expulser le christianisme des pays arabes par l’assassinat collectif. Il faut agir, y compris militairement, pour lutter contre cette situation et empêcher qu’elle ne perdure.

L’Europe, historiquement chrétienne et rempart des droits de l’homme, doit faire pression sur les gouvernements de cette région et les appeler à respecter les droits de leurs propres citoyens.

 
  
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  Bruno Gollnisch (NI). – Monsieur le Président, la liberté de conscience est assurément une liberté essentielle. Dieu ne peut vouloir d’une adhésion contrainte.

Cette liberté fut effroyablement persécutée par les régimes communistes. Il faut avoir le courage de dire aujourd’hui que ces violations sont essentiellement commises contre les chrétiens en pays d’islam. On condamne, à juste titre, les effroyables attentats qui sont le fait de fanatiques et on a raison.

Mais il n’y a pas que les extrémistes. Dans nombre de pays à majorité musulmane, même réputés modérés, les chrétiens sont traités en citoyens de seconde zone. Les conversions au christianisme sont interdites voire punies de mort. Alors que, n’en déplaise à Mme Kiil-Nielsen, personne en Occident n’est empêché d’embrasser la religion musulmane s’il le souhaite.

Dans les mêmes pays musulmans, toute critique de l’islam, réelle ou supposée, expose ses auteurs au même sort. La législation prétendant réprimer le blasphème doit en particulier être abrogée. Nous demandons particulièrement au Pakistan de revenir sur la condamnation d’une malheureuse femme accusée par ses voisines.

En un mot comme en cent, nous ne pouvons nous contenter de bonnes paroles. Nous devons agir et faire savoir clairement à ces États que nos relations avec eux dépendent du respect qu’ils auront de la liberté de conscience.

 
  
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  Mario Mauro (PPE).(IT) Monsieur le Président, Madame la Commissaire, Mesdames et Messieurs, je voudrais remercier chaleureusement la commissaire pour le contenu de sa déclaration, car notre résolution a pour but de garantir une meilleure protection des minorités religieuses, et ce dans l’intérêt de tous.

Toutefois, Madame Ashton, je voudrais, avec la plus grande sincérité, cordialité et amitié, attirer votre attention sur une chose: si vous avez la patience de relire le texte que vous venez de nous lire, vous remarquerez que vous vous êtes arrangée pour prononcer votre discours sans utiliser une seule fois l’adjectif «chrétien». Cela m’a frappé, parce que nos institutions éprouvent actuellement un sentiment de gêne, ce qui fait que nous jouons le jeu des fondamentalistes, qui ont tendance à identifier la présence des chrétiens au Moyen-Orient et dans d’autres parties du monde comme étant précisément celle de l’Occident et de l’Europe.

Mes amis irakiens chrétiens et nos amis palestiniens chrétiens sont des Arabes, ils pensent en arabe, ils aiment leur pays, cette mentalité et ils aiment leur histoire et leur culture. Je voudrais donc vous demander, Madame Ashton, si nous ne devrions pas analyser notre propre attitude en profondeur et la manière dont nous avons traité ce sujet jusqu’ici, parce que c’est l’un de nos points forts de savoir appeler un chat un chat.

Et c’est précisément ce que nous devons faire: nous devons appeler antisémitisme la haine des juifs, islamophobie la haine des musulmans et nous devons donner à la haine des chrétiens le nom qu’elle mérite, parce que c’est le seul moyen que nous avons d’impliquer tous ceux qui, dans ces pays, aiment la justice et la liberté.

C’est la question que je vous pose et je vous prie de bien vouloir lui donner une réponse précise. Nous sommes sur le point d’adopter l’accord sur l’Irak. En plus des principes concernant l’accord commercial, ajoutons-y des règles spécifiques, de telle sorte que les avantages économiques soient accordés en échange de droits humains. Prenons des mesures concrètes et dans l’intérêt de tous, mais faisons-le vite et bien, parce que le monde attend un signal de la part de l’Europe.

 
  
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  Richard Howitt (S&D). – Monsieur le Président, je voudrais commencer par rappeler les termes de la Déclaration universelle. Je cite: «…liberté de manifester sa religion ou sa conviction, seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites». Cela signifie clairement que la protection des ces libertés fait partie intégrante et est inséparable de la protection de tous les droits de l’homme. Notre détermination à les défendre devrait être tout aussi claire.

Il est clair également que nous devrions agir contre toute persécution religieuse, parce que c’est un problème pour toutes les religions dans de nombreux pays, y compris - soyons honnêtes - dans certains pays de notre Union européenne. Le Pew Centre indique que 70 % des six milliards d’habitants de la planète vivent dans des pays où les convictions et les pratiques religieuses sont soumises à de sévères restrictions.

Personnellement, je suis fermement convaincu que la religion peut être une force positive, entretenue par le travail du conseil de la foi de ma circonscription de l’est de l’Angleterre, qui encourage la compréhension mutuelle, un rôle qui est reflété dans les obligations de l’Union européenne en matière de dialogue, ainsi que le définit notre résolution. Mais je sais que lorsque le prédicateur de la haine Terry Jones, qui a menacé de brûler le Coran, a déclaré qu’il viendrait à Luton - qui se trouve également dans ma circonscription - pour provoquer la haine religieuse, on lui a fait savoir qu’il ne serait pas le bienvenu.

Pour certains, la tolérance, le dialogue, le respect mutuel et la compréhension font partie de leur foi. Pour d’autres, ce sont des valeurs en soi. D’une manière ou d’une autre, ce sont des valeurs que nous devons promouvoir et respecter.

 
  
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  Marielle De Sarnez (ALDE). – Monsieur le Président, le fanatisme qui prend pour cible la religion des autres est une barbarie qui doit être dénoncée et combattue par tous les démocrates. C’est pourquoi il est si important que nous disions aujourd’hui notre solidarité avec tous ceux qui sont persécutés pour leur foi partout dans le monde.

Les terribles attentats menés par Al-Qaïda en Irak et en Égypte et les menaces que font peser les fondamentalistes islamistes sur les chrétiens d’Orient ont en réalité un but: créer des tensions entre les religions, attiser les haines, monter les communautés les unes contre les autres et provoquer un choc des civilisations. Cette tentative de déstabilisation échouera en Europe comme elle échoue en France, où toute la communauté musulmane a évidemment aussitôt condamné ces actes barbares.

Aujourd’hui, nous devons réaffirmer solennellement le droit de toutes les minorités à pratiquer librement et en sécurité leur religion partout dans le monde, y compris chez nous en Europe. Nous devons défendre le pluralisme religieux, la tolérance et la compréhension mutuelle chez nous en Europe et partout dans le monde. C’est pourquoi je forme le vœu que la révolution démocratique qui touche la Tunisie s’étende demain à d’autres pays pour que se diffusent les valeurs de respect, de tolérance et de laïcité.

 
  
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  Peter van Dalen (ECR).(NL) Monsieur le Président, merci beaucoup de votre présence ici avec nous aujourd’hui, Madame Ashton. N’avons-nous pas déjà maintes fois discuté de la situation des chrétiens en Somalie, au Soudan, en Égypte, Syrie, Turquie, Irak, Iran, Afghanistan, au Pakistan et en Malaisie ici devant ce Parlement? Cette Assemblée, mon groupe et moi-même, n’avons-nous pas déjà posé de nombreuses questions au sujet de la répression systématique des chrétiens dans ces pays islamiques? En gardant cela à l’esprit, je pense que le temps de la discussion et des belles déclarations est terminé. Il est temps d’agir.

J’ai deux questions spécifiques pour Mme Ashton. Tout d’abord, même si la mission du service européen pour l’action extérieure devrait être limitée, il y a une tâche que ce service doit prendre très au sérieux: il doit défendre les chrétiens qui sont persécutés. Il faut donc créer au sein du service une unité séparée qui sera responsable de cette tâche.

Deuxièmement, l’Union européenne a signé des accords bilatéraux avec tous ces pays. Gelez ces accords, mettez-les au frigo aujourd’hui même! Gelez l’argent de ces gouvernements jusqu’à ce qu’ils prouvent qu’ils ont sécurisé les conditions de vie des chrétiens.

Je voudrais entendre votre réponse à mes deux questions spécifiques.

 
  
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  Marie-Christine Vergiat (GUE/NGL). – Monsieur le Président, le groupe de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique ne s’est pas associé à la résolution qui nous est proposée aujourd’hui.

Bien sûr, nous ne pouvons que condamner tous les actes terroristes, quels que soient leurs auteurs, quelles qu’en soient les victimes, quels que soient les lieux où ces actes ont lieu. Mais nous sommes, dans ce groupe, profondément attachés à la laïcité, au sécularisme. Nous condamnons bien évidemment donc le blasphème. Cela veut dire que nous sommes particulièrement attachés à la liberté de pensée, de conscience et de religion, qui comprend la liberté de croire ou de ne pas croire, de choisir sa religion, d’en changer, tout comme de pratiquer librement le culte de son choix et ce, quelle que soit la religion concernée.

Cela veut dire aussi que nous sommes profondément attachés à la séparation du religieux et du politique et que nous dénonçons la montée des intégrismes en Europe comme ailleurs, qui sont souvent réponse au malaise social et à l’incapacité des politiques publiques à lui répondre.

Nous considérons que cette résolution ne va pas dans le bon sens. Je dirais, pour faire court, qu’elle manque d’équilibre, notamment par rapport à celle qui a été déposée par mon groupe. Pour nous, cette résolution donne l’impression que l’Europe chrétienne, la communauté chrétienne de l’Europe vole au secours des chrétiens du monde entier. Nous pensons que ce n’est pas ainsi que nous lutterons contre la montée des communautarismes.

 
  
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  Bastiaan Belder (EFD).(NL) Monsieur le Président, c’est à juste titre que la résolution commune a abordé la question de l’agressivité contre les minorités religieuses en Europe même. Il y a un mois exactement, un étudiant juif de mon pays, les Pays-Bas, écrivait ceci: «Je suis inquiet au sujet du paradoxe inhérent à la protection de la liberté de religion. Si je dois quitter ce pays demain parce qu’il n’y a plus de sécurité, où pourrai-je vivre? Au Royaume-Uni ou en France? Non, le même problème existe là aussi.» Ma question est la suivante: l’Europe se dirige-t-elle vers un avenir où il n’y aura plus aucune communauté juive dans aucun de ses États membres? C’est un test décisif pour nos valeurs spirituelles européennes.

Cela vaut également pour l’attitude européenne à l’égard d’un groupe de chrétiens quasiment oublié du Moyen-Orient, la minorité chrétienne palestinienne de la Bande de Gaza et de Cisjordanie. Ils sont en droit d’attendre un soutien concret de la part de l’Union européenne, d’autant plus que les organisations chrétiennes se chargent d’offrir un vrai foyer aux enfants palestiniens handicapés, indépendamment de leur confession. Les chrétiens palestiniens sont confrontés à des difficultés exceptionnelles sur le marché du travail, surtout en tant qu’entrepreneurs indépendants. Généralement, ils ne disent rien de leurs difficultés quotidiennes pour éviter les problèmes. Madame la Haute représentante, que le Conseil et la Commission, en tant qu’importants donateurs de la communauté palestinienne, s’occupent de leurs intérêts et écoutent aussi leur voix.

 
  
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  Diane Dodds (NI).(EN) Monsieur le Président, je me réjouis de cette occasion de parler d’un sujet qui me tient à cœur. En tant que chrétienne évangélique, je m’aperçois, surtout depuis ces dernières années, qu’exprimer des convictions chrétiennes est largement considéré comme inacceptable dans une société qui nous veut aseptisés et dépourvus de toute conviction fortement affirmée et où nous devons tous croire en la même chose ou croire en rien du tout.

Cette atteinte aux convictions est plus agressive à l’égard du christianisme dans certains milieux. Cette année, nous célébrons le 400e anniversaire de la Bible du roi Jacques, or aujourd’hui, exprimer des convictions fondée sur les contenus de la Bible est souvent considéré comme illicite. Nous sommes confrontés à une situation dans laquelle les chrétiens sont exclus de certaines professions à cause de leur foi et déférés devant des tribunaux à cause de leur foi. Au Royaume-Uni, les lois sur l’égalité sont utilisées plus comme une épée que comme un bouclier, pour punir l’expression de la foi chrétienne.

La récente publication de l’agenda scolaire de la Commission offre un exemple de cette marginalisation du christianisme: les fêtes musulmanes, hindoues, sikhes, juives et chinoises y sont annoncées, mais l’on n’y trouve rien concernant les fêtes chrétiennes. Je suis convaincue que ce n’est pas un hasard, ni un oubli, et je trouve ce fait extrêmement regrettable. J’appelle la vice-présidente et haute représentante à donner une réponse spécifique à cela dans ses remarques.

Dans la société, la liberté d’expression religieuse est un droit fondamental qui devrait être protégé. Ce débat n’est qu’une timide reconnaissance du problème et nous ne devrions pas l’éluder simplement parce que ce sont des chrétiens qui sont persécutés…

(Le Président retire la parole à l’oratrice)

 
  
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  Ernst Strasser (PPE).(DE) Monsieur le Président, Madame Ashton, je voudrais vous remercier vivement pour votre déclaration. Elle est appropriée et elle a été faite au moment opportun. Elle est encourageante aussi grâce à l’approche fondamentale adoptée par vos services et vous-même à l’égard du problème dans son ensemble, du point de vue de la coopération avec les autres pays et des mesures nécessaires. Le débat d’aujourd’hui est également nécessaire, non seulement en raison des événements survenus récemment, mais aussi parce que la liberté de religion est l’une de nos valeurs fondamentales et fait partie de notre identité européenne.

Ce débat est important parce que de nombreux pays dans le monde connaissent des faits de discrimination, de violence et de persécution et qu’il est très inquiétant de constater qu’une proportion importante de toutes les victimes qui meurent à la suite de violences religieuses dans le monde entier sont des chrétiens. Nous exprimons notre sympathie pour tous ceux qui ont été tués, blessés ou torturés lors d’attentats de ce type. Nous exprimons également nos condoléances à leurs amis et à leurs familles. Nous devons faire tout ce que nous pouvons pour atténuer et même éliminer ce type d’intolérance.

Malheureusement, des institutions officielles pratiquent aussi la discrimination à l’égard des chrétiens et nous devons faire notre possible pour combattre et faire évoluer cette situation. Nous devons prendre l’engagement de garantir le droit à la liberté de religion. Cet engagement doit être au cœur de nos relations bilatérales. Il nous faut des instruments efficaces qui nous permettront de protéger les chrétiens et la liberté de religion. En conséquence, je me réjouis que l’engagement de garantir le droit fondamental de liberté de religion soit appelé à être l’un des points à l’agenda de toute forme de contact bilatéral.

Nous devons également prévoir des dispositions de garantie de la liberté de religion dans nos accords avec les pays tiers et je me réjouis de votre intention de consacrer un chapitre du rapport annuel de l’Union européenne sur les droits de l’homme à l’état de la liberté de religion.

 
  
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  Guido Milana (S&D).(IT) Monsieur le Président, Madame Ashton, Mesdames et Messieurs, il est important de lier la condamnation de ces attentats et l’appel à des mesures urgentes et concrètes de protection des chrétiens dans le monde en exigeant de manière générale le respect de la liberté de religion et de la liberté de conscience et de pensée.

Il n’y a pas de différence entre une personne assassinée parce qu’elle assiste à la messe et une personne condamnée à mort pour adultère ou pour appartenance à une minorité musulmane, chrétienne ou juive, ou parce qu’elle est née dans un lieu en particulier, ou parce qu’elle pratique une religion. Le droit à la liberté et à la coexistence est universellement reconnu par la culture humaniste et les conventions internationales. Par contre, nous constatons que le monde est divisé entre ceux qui respectent les droits de l’homme et ceux qui veulent brutalement les abolir.

Seule une attitude d’ouverture au dialogue et d’opposition à toute forme d’intolérance peut fournir une base à la protection des identités et des valeurs. Le défaut de respect de celles-ci peut même conduire à l’expulsion de communautés entières de leurs territoires ancestraux. L’Europe a beaucoup à faire dans ce domaine au niveau politique et diplomatique, ainsi que dans les milieux culturels et sociaux. Aujourd’hui, nous demandons instamment au Conseil et à la Commission, et surtout à la haute représentante pour les affaires étrangères, d’adopter des lignes directrices claires concernant nos relations avec les pays tiers dans le contexte du nouveau service européen pour l’action extérieure.

Il faut également attacher une plus grande importance aux questions de liberté de religion et plus généralement aux droits de l’homme, dans le cadre des accords bilatéraux. Les violations des droits humains fondamentaux devraient entraîner la suspension de ces accords. Je pense aussi que l’Europe devrait jouer un rôle prépondérant dans la promotion du dialogue interreligieux. L’absence d’un tel dialogue va souvent au-delà des incidents isolés et conduit à de vraies guerres, dans lesquelles la religion masque d’autres motifs plus complexes de conflit.

Enfin, nous devons aussi être attentifs à ce qu’il se passe chez nous: il ne manque pas de cas d’intolérance en Europe. Nos villes sont, en pratique, multiculturelles, ce qui veut dire que s’y côtoient des traditions et des valeurs religieuses qui doivent être respectées et auxquelles la liberté d’expression doit être garantie.

Il n’y a donc pas d’autre solution que le dialogue et le respect mutuel. Il est important que nous nous fassions l’écho de l’appel des communautés religieuses.

(Le Président retire la parole à l’orateur)

 
  
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  Niccolò Rinaldi (ALDE).(IT) Monsieur le Président, Madame la Haute représentante, Mesdames et Messieurs, le destin des chrétiens d’Orient est en train de modifier la cartographie des cultures, puisque des communautés millénaires - «copte» signifie «égyptien» en grec - envisagent aujourd’hui d’émigrer à l’étranger pour fuir la violence qu’elles subissent. Toutefois, les médias ou les partis xénophobes ne devraient pas commettre l’erreur de qualifier ce fait de choc des religions ou de choc des civilisations.

Je voudrais vous raconter une brève histoire que je trouve significative. Il y a quelques années au Caire, un vieil homme de la campagne qui livrait le lait chez nous trois fois par semaine resta un jour devant la porte en pleurant. Nous ne comprenions pas ce qu’il voulait, tout ce qu’il pouvait dire à travers ses larmes c’était: «Said Akbar, Said Akbar», le grand vieil homme, le grand vieil homme. Finalement, nous avons réalisé qu’il montrait à ses clients chrétiens son chagrin à cause de la disparition de Karol Wojtyła, qui venait de mourir. C’était un homme simple et sincère, un musulman qui agissait avec tout l’antique respect mutuel des peuples méditerranéens. Cette anecdote brève mais pleine de sens et qui reflète les valeurs largement répandues dans la société égyptienne s’est passée dans le même pays où des coptes ont été massacrés à Noël.

Aujourd’hui, toutefois, les communautés chrétiennes d’Orient ont besoin de protection. Elles sont parfois prises au piège des règlements de comptes entre terroristes et fondamentalistes et gouvernements autoritaires. La politique étrangère européenne ne devrait pas rester impuissante tandis que le monde change. Elle ne devrait pas craindre de prononcer le mot ...

(Le Président retire la parole à l’orateur)

 
  
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  Marina Yannakoudakis (ECR).(EN) Monsieur le Président, la tolérance à l’égard des convictions des autres est l’une des caractéristiques de toute société civilisée. Les événements atroces survenus en Égypte et en Irak sont contraires aux droits de l’homme et aux principes fondamentaux de liberté de pensée et d’expression. Personne ne devrait être persécuté à cause de ses convictions religieuses. Empêcher des chrétiens ou d’autres croyants, quelle que soit leur foi, de pratiquer leur religion, est totalement inacceptable dans notre société.

Mais avant de critiquer, nous devrions balayer devant notre porte. Le mois dernier, les offices religieux de Noël ont été interdits dans le village occupé de Rizokarpaso à Chypre. Comme nous le savons tous, la République de Chypre, État membre de l’UE est actuellement et depuis 36 ans partiellement occupée par la Turquie. L’action de l’armée turque d’occupation, qui est entrée dans une église, obligeant le prêtre à interrompre le service et les fidèles qui y assistaient à sortir de l’église, est inacceptable. Cet incident est actuellement examiné par les Nations unies.

Alors puisque nous parlons de la situation dans des pays qui n’appartiennent pas à l’UE et de la liberté des chrétiens, je voudrais rappeler à cette Assemblée que nous devons commencer par faire le ménage chez nous. Si notre Assemblée veut être crédible dans un contexte plus large, nous ne pouvons accepter aucune forme de discrimination.

 
  
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  Cornelis de Jong (GUE/NGL).(NL) Monsieur le Président, Madame Ashton, la liberté de religion ou de conviction protège les croyants et les non-croyants, et même les convictions athées. Même si ces points de vue peuvent être incompatibles, les gouvernements ont cependant le devoir de promouvoir la tolérance et de défendre ceux qui sont confrontés à la discrimination et à la violence à cause de leurs convictions.

Je soutiens chaleureusement la résolution commune, sous la forme que nous avons maintenant devant nous, non parce que je pense que nous devrions uniquement nous préoccuper des chrétiens, mais parce que des chrétiens sont actuellement confrontés à l’intolérance dans un nombre croissant de pays. Dans tous les cas, j’aurais agi de même si n’importe quelle autre religion avait été concernée.

L’IIES a besoin de capacités importantes pour agir dans ce domaine. J’ai moi-même déjà assumé une position similaire au ministère néerlandais des affaires étrangères. Débrouiller l’écheveau des violations des droits de l’homme, des tensions et des conflits motivés par des raisons religieuses ou philosophiques exige beaucoup d’efforts et des effectifs importants, de même que les tentatives sincères d’ouvrir le dialogue et de promouvoir la tolérance.

En conséquence, Madame la Haute représentante, j’espère que vous tiendrez compte de cette recommandation: il faut affecter du personnel à cette fin.

 
  
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  Mario Borghezio (EFD).(IT) Monsieur le Président, Madame Ashton, Mesdames et Messieurs, le relativisme qui prévaut dans la politique européenne a exclu de son discours un mot tabou: la christianophobie. Pourtant, depuis de nombreuses années des rapports concernant des événements graves et souvent tragiques témoignant des persécutions subies par les chrétiens sur plusieurs continents nous parviennent de sources fiables et incontestables.

L’Europe doit se réveiller, ouvrir les yeux et prendre des mesures concrètes. Elle doit envoyer des messages clairs, comme celui que nous attendions de la part de Mme Ashton. Elle aurait pu, par exemple, citer les paroles inspirées prononcées par le pape Benoît XVI à l’occasion de la Journée mondiale de la paix il y a quelques jours, lorsqu’il a souligné que refuser de reconnaître la liberté de religion est une offense à Dieu et à la dignité humaine, de plus c’est une menace à la sécurité et à la paix.

Une action concrète est nécessaire. Qu’attendons-nous - comme je l’ai demandé sans détours - pour envoyer une commission étudier la situation de nos frères chrétiens coptes en Égypte, un pays officiellement modéré, où ils ne jouissent pratiquement d’aucun droit humain fondamental, même pas dans la fonction publique, où ils ne peuvent être fonctionnaires?

Réveille-toi, Europe indigne, et souviens-toi de tes racines chrétiennes!

 
  
  

PRÉSIDENCE DE M. LIBOR ROUČEK
Vice-président

 
  
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  Jaime Mayor Oreja (PPE).(ES) Monsieur le Président, les attentats qui ont eu lieu récemment en Irak et en Égypte sont doublement tragiques pour l’Europe, Tout d’abord, il est tragique que de tels événements aient pu se produire, à cause de leur cruauté et des pertes en vies humaines qui en résultent.

Mais ensuite, il est également tragique de constater que ces événements passent trop souvent inaperçus dans notre société. Très souvent, la manière dont nous réagissons signifient que ces événements sont confinés par les médias à la rubriques des faits-divers, comme s’il s’agissait de faits qui ne nous concernent pas, et non comme une attaque dirigée contre nous. C’est comme si cela se passait ailleurs alors qu’en fait ces attentats ont lieu au cœur de notre civilisation et qu’ils sont dirigés contre nous, contre l’Europe.

Le rôle des institutions européennes consiste, fondamentalement, à conscientiser les citoyens quant à la gravité, la signification et la portée des attentats perpétrés contre les chrétiens dans ces lieux. Les institutions européennes ne devraient pas se contenter de publier des déclarations générales condamnant ces attentats; elles devraient également promouvoir une action dans deux directions: premièrement, veiller à ce que cette tragédie ait davantage d’écho dans nos sociétés et nos médias, et deuxièmement, veiller à ce que les institutions européennes soient plus présentes là où la tragédie s’est produite.

Outre cet objectif et ces deux lignes d’action, permettez-moi de dire, Madame Ashton, que les institutions européennes et vous-même devez promouvoir le rôle important des victimes de ces événements. Il faut donner un visage aux victimes. Les victimes doivent être présentes dans nos institutions européennes. Nous devons préparer un programme de visites, de réunions et même de soutien matériel aux victimes, mais ce sont les victimes de cette terrible persécution elles-mêmes qui pourront faire beaucoup mieux que nous ne le pouvons pour défendre leur cause.

 
  
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  Kyriakos Mavronikolas (S&D).(EL) Monsieur le Président, en tant que socialistes, nous respectons les droits de l’homme et nous respectons certainement les droits religieux. Comme M. Swoboda l’a dit à juste titre précédemment, ce n’est pas seulement la religion chrétienne qui nous importe; nous nous préoccupons des droits de toutes les religions, du droit qu’a chacun de pratiquer sa foi comme il l’entend et, plus important encore, de la compréhension entre toutes les religions et de la compréhension de la foi que manifeste toute personne en tant que citoyen.

Toutefois, du fait de mes origines, je voudrais parler d’un incident en particulier qui s’est produit à Chypre et qui est mentionné dans le rapport. Les forces d’occupation turques sont intervenues dans une église dans laquelle des offices chrétiens ont lieu depuis des décennies; non seulement elles ont interrompu l’office, mais elles ont en outre expulsé les fidèles et contraint le prêtre à retirer ses vêtements liturgiques. La différence entre cet épisode et les autres, c’est qu’il s’est produit malheureusement - ou heureusement, parce que cela nous donne l’occasion de nous organiser pour résoudre ce problème - sur le territoire européen.

 
  
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  Frédérique Ries (ALDE). – Monsieur le Président, Madame la Haute représentante, l’attentat barbare de ce 31 décembre à Alexandrie vient s’ajouter à une trop longue série d’attentats meurtriers visant des chrétiens dans de nombreuses parties du monde en Iran, en Irak, au Pakistan, au Nigeria et en Égypte, tout récemment. Une persécution - osons le mot, qui ne figure pas dans le titre de notre résolution - dont sont victimes avant tout les chrétiens d’Orient. Le mal est profond, et les actes de christianophobie sont une réalité.

C’est pourquoi le remède que doit apporter l’Union européenne, que nous devons apporter, doit être à la hauteur des attentes de ces minorités chrétiennes, douze millions de personnes à protéger et qui doivent avoir un autre choix de vie que la valise ou le cercueil. Il ne saurait être question ici, et cela a été dit et répété, de stigmatiser une religion par rapport à une autre mais bien de rappeler l’impérieuse nécessité de lutter contre ces intégristes islamiques qui tuent la liberté et tuent les hommes.

Nous attendons de vous, Lady Ashton, que vous apportiez, au cours de la réunion des ministres des affaires étrangères de la fin de ce mois, une réponse coordonnée à ces violences subies par les chrétiens d’Orient, une réponse et une stratégie aussi. Il me paraît ainsi important de faire pression via, par exemple, les accords d’association que nous avons avec une série de ces pays, de demander à leurs gouvernements respectifs d’enquêter et de déférer les responsables et les coupables devant leurs autorités judiciaires. C’est le point 2 de notre résolution.

La liberté de culte doit être une réalité partout dans le monde, comme d’ailleurs il appartient à chaque individu de croire ou de ne pas croire car, si cette liberté qu’autorise la séparation des cultes et de l’État n’est pas permise, ce sont toutes les autres qui se trouvent en danger.

 
  
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  Tomasz Piotr Poręba (ECR).(PL) Monsieur le Président, dans 75 % au moins de tous les cas de persécution religieuse dans le monde, les victimes sont des chrétiens. L’Union européenne ne peut se comporter en spectateur passif, elle ne peut se croiser les bras sans rien faire à ce sujet. Le débat d’aujourd’hui ne sert pas seulement à rappeler à l’Europe qu’elle doit s’impliquer dans la lutte mondiale pour le respect du droit à la liberté de religion, mais également que nous devrions tous examiner quels instruments l’Union européenne peut utiliser pour empêcher que les persécutions de chrétiens ne se poursuivent.

Que pouvons-nous faire? Il me semble que la première chose que nous devrions faire, c’est garantir que le respect de la liberté de religion soit l’une des priorités de la politique extérieure de l’Union européenne. Quand nous signons des accords avec d’autres pays, il importe que nous veillions à ce qu’ils incluent des dispositions en matière de prévention de la persécution fondée sur l’appartenance religieuse.

Deuxièmement, nous devrions envisager la création d’un centre européen de surveillance de la persécution religieuse dans le monde chargé de collecter rapidement des informations pertinentes qui permettraient à l’Union européenne de réagir sans délai.

Troisième et dernier point, nous devrions mettre fin à notre politique du «deux poids, deux mesures». L’Union européenne et l’Europe dans son ensemble s’ouvrent aux immigrants des divers pays. Nous autorisons la construction de lieux de culte pour ceux-ci et nous leur permettons de pratiquer leur religion. Mais parallèlement nous défendons rarement les droits des chrétiens dans ces mêmes pays, dans les pays où posséder une Bible est souvent passible de nombreuses années de prison, voire de la peine de mort dans de nombreux cas, dans des pays où il ne serait pas seulement difficile mais tout simplement impossible de construire un lieu de culte chrétien.

Aujourd’hui, le temps est venu pour nous de prendre fermement et résolument position pour les droits des chrétiens dans le monde. Aujourd’hui, le temps est venu pour nous d’exiger énergiquement que les chrétiens et les fidèles d’autres religions soient libres de pratiquer leur religion.

 
  
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  Francisco José Millán Mon (PPE).(ES) Monsieur le Président, ce débat est particulièrement nécessaire vu les événements graves qui se sont déroulés récemment aux dépens de la liberté de religion et même de la vie des chrétiens. Je fais particulièrement référence à ce qu’il s’est produit principalement au Pakistan, en Irak, au Nigeria et en Égypte.

La liberté de religion, ou liberté religieuse, est clairement définie à l’article 18 de la Déclaration universelle de droits de l’homme. Malgré cette consécration, c’est un droit qui est malheureusement peu respecté dans certains pays. Nous venons même de voir que ceux qui font profession de foi chrétienne peuvent le payer de leur vie.

Madame Ashton, l’Union européenne doit défendre vigoureusement le droit à la liberté de religion en général, en l’intégrant clairement à son action extérieure et en exigeant le respect, la liberté et la sécurité de ce qui est maintenant le groupe religieux le plus persécuté au monde, à savoir la communauté chrétienne. Nous devons exiger de tous les gouvernements concernés qu’ils fassent le nécessaire pour empêcher ces attentats et, quand cela est impossible, pour arrêter et punir les coupables.

Mesdames et Messieurs, Madame Ashton, la liberté est un symbole de l’identité européenne, et cela inclut la liberté de religion, l’un des éléments fondamentaux des droits de l’homme. Cette liberté est également un chemin vers la paix, comme le pape Benoît XVI l’a déclaré dans son message le 1er janvier. Je voudrais également insister sur le rôle essentiel du christianisme dans le façonnement de l’identité européenne. Il serait donc tristement paradoxal que l’Union européenne n’exige pas aussi fermement qu’il est possible de le faire que les droits les plus fondamentaux des chrétiens soient protégés partout dans le monde et qu’elle ne les soutienne pas là où elle le pourrait.

La résolution du Parlement européen propose des méthodes pour mieux défendre la liberté de religion en général et la liberté des chrétiens en particulier. Je me réjouis du fait que le prochain Conseil «Affaires étrangères» les examinera de très près, et - je termine, Monsieur le Président - que le prochain Conseil européen du 14 février donnera son avis sur ces graves événements, comme le président Sarkozy, par exemple, l’a fait très courageusement.

 
  
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  Mitro Repo (S&D).(FI) Monsieur le Président, Madame Ashton, en matière de politique étrangère la crédibilité de l’Union européenne est mesurée à l’aune de son respect pour ses valeurs fondamentales, à savoir les droits de l’homme, la démocratie, l’état de droit et la liberté de religion.

Le système juridique de l’Égypte est menacé d’être évincé par la charia, dont les victimes sont justement les chrétiens coptes. La conférence des Églises européennes appelle au dialogue en Europe entre chrétiens et musulmans. Le dialogue religieux européen, la tradition culturelle religieuse et la tradition de l’instruction religieuse sont également une ressource que la politique européenne peut utiliser.

Le christianisme et les autres religions sont des mouvements pacifiques, comme l’Union européenne. Quand elle est au plus fort de sa plénitude, la religion unit les peuples, elle ne les divise pas. Nous ne pouvons pas laisser les terroristes se servir de la religion comme d’un instrument de barbarie.

 
  
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  Zbigniew Ziobro (ECR).(PL) Monsieur le Président, d’après les organisations d’observation des persécutions religieuses, plus de 200 millions de chrétiens vivent chaque jour sous la menace de persécutions. Ces deux dernières années, plus de 170 000 personnes sont mortes simplement parce qu’elles étaient chrétiennes, aussi difficile qu’il soit de le croire. Ces chiffres sont fournis par des organisations d’observation des persécutions subies par les chrétiens, et ils signifient qu’en fait ce sont les chrétiens qui souffrent le plus de la persécution religieuse, un fait dont nous devrions nous souvenir ici au Parlement. La situation est particulièrement tendue dans un bon nombre de pays islamiques, où les chrétiens sont traités comme des citoyens de seconde zone.

L’Europe ne peut plus tolérer cette situation, et pas seulement à cause de ses racines chrétiennes. Des populations innocentes meurent uniquement parce qu’elles sont fidèles à une religion et pas à une autre. L’Union européenne ne réagit pas assez résolument aux attentats et à la discrimination contre les chrétiens. La question de la persécution des chrétiens doit être évoquée au cours des négociations et dans le cadre des relations bilatérales entre l’Union européenne et les pays où se produisent ces événements extrêmes et tragiques. Le Parlement devrait également exiger que Mme Ashton soit plus proactive et plus ferme dans ses actions.

 
  
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  Gay Mitchell (PPE).(EN) Monsieur le Président, je suis très heureux que ce débat ait lieu et je soutiens pleinement la résolution, que je parraine également. Je pense que la violence gratuite et haineuse à l’égard des chrétiens est en train de réveiller le géant qui dormait. Si cette haine et cette violence étaient dirigées contre des musulmans ou contre la communauté juive, je serais tout aussi préoccupé. L’Europe est une mosaïque: l’unité dans la diversité, telle est notre devise.

Cependant, à Chypre, le gouvernement turc et ses représentants pensent qu’il est bon d’exiger des chrétiens qu’ils demandent la permission de prier et de les chasser de leur église quand ils décident de pratiquer collectivement leur foi. Le représentant de la Turquie auprès de l’Union européenne a-t-il été convoqué? Dans la négative, pourquoi? Je voudrais rendre hommage aux musulmans qui ont aidé leurs voisins chrétiens qui étaient agressés. Alors ne prenons pas cette résolution contre qui que ce soit. Prenons-la en faveur des chrétiens et en faveur de ceux qui sont agressés.

Je suis contre, et je m’oppose à toute violence à l’égard de populations, de personnes ou de communautés à cause de leurs convictions religieuses. Ce débat concerne les chrétiens. Trop nombreux sont ceux qui s’attendent à ce que les chrétiens acceptent les habituels commentaires. Ils pensent que c’est un anachronisme. Il est temps que nous commencions à nous respecter mutuellement. Je respecte les membres de cette Assemblée qui n’ont aucune conviction religieuse ou qui ont une foi religieuse différente de la mienne. Il est temps que les membres de cette Assemblée commencent à manifester du respect pour ceux qui ont des convictions chrétiennes; c’est dans la diversité que se fait l’unité.

 
  
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  Maria Eleni Koppa (S&D).(EL) Monsieur le Président, les agressions violentes pour des motifs religieux se sont multipliées ces derniers temps dans le monde, suscitant préoccupation et indignation. Interdire la pratique d’une confession religieuse est une infraction flagrante aux droits fondamentaux et au droit international qui prévoit que le droit à la liberté de religion est inaliénable et absolu.

L’interdiction d’un office chrétien à Rizokarpaso dans la partie occupée de Chypre par les forces d’occupation et l’attaque à la bombe d’une église copte à Alexandrie ne sont que deux exemples de la tension croissante et de la haine religieuse qui se développent dans plusieurs endroits pas très éloignés de l’Europe.

L’Union européenne doit élaborer une série d’instruments afin de protéger concrètement le droit à la liberté de religion. Le message que l’Union européenne ne tolèrera pas un tel comportement doit être clair et fort. Je voudrais appeler la haute représentante à inclure dans ses priorités une évaluation de la situation de la liberté d’expression religieuse. Enfin, au niveau du Conseil et de la Commission européenne, ce serait une bonne idée d’inclure la protection de la liberté de religion dans toutes les discussions avec des pays tiers.

 
  
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  Mirosław Piotrowski (ECR).(PL) Monsieur le Président, le christianisme a toujours été un élément de l’identité européenne et les valeurs de l’Union européenne en découlent. L’UE ne peut donc se croiser les bras pendant que des chrétiens sont persécutés, et cela inclut les persécutions dans d’autres régions du monde. Dans les pays arabes et asiatiques, les chrétiens sont la minorité religieuse la plus menacée, comme le confirment les récentes agressions contre des chrétiens en Égypte et en Irak et précédemment en Inde, où l’on a compté de jeunes enfants parmi les victimes. Nous avons à notre disposition de nombreux instruments de prévention et de dénonciation de tels attentats, et l’Union européenne doit résolument condamner ces agressions contre des chrétiens. L’un des moyens les plus efficaces de le faire serait de prévoir, lors de la conclusion d’accords avec l’UE, par exemple les accords commerciaux avec des pays tiers, des dispositions garantissant que le pays concerné respectera les droits des chrétiens, ainsi que des clauses de suspension de l’accord en cas de violation de ces droits.

 
  
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  Doris Pack (PPE).(DE) Monsieur le Président, Madame Ashton, en 2009 nous avons encouragé l’ouverture d’un dialogue interculturel en Europe, entre chrétiens et musulmans, entre chrétiens orthodoxes et catholiques et entre protestants et chrétiens orthodoxes. Dans notre communauté, nous avons essayé d’instaurer une confiance croissante. C’est ce que nous faisons parmi nous-mêmes. Bien sûr, cela signifie que nous avons nos points de vue et le courage de les exprimer. Parfois, ce n’est manifestement pas le cas. J’ai lu et entendu récemment que la Commission européenne a publié un calendrier scolaire indiquant les dates des congés de toutes les religions, en oubliant la religion chrétienne. Tout ce que je puis dire, c’est que des faits de ce genre ne peuvent qu’encourager des gens, en Égypte et ailleurs, à continuer de perpétrer des actes atroces.

Nous avons le devoir d’aider les chrétiens qui vivent dans ces pays déjà mentionnés à plusieurs reprises. La majorité d’entre eux vivent dans des pays comme la Palestine, l’Égypte, l’Irak et l’Iran, qui sont le berceau du christianisme. Nous ne devons pas permettre que ces gens soient chassés de leur foyer. Il ne s’agit pas de minorités, ce sont des Égyptiens et des Palestiniens comme tous les autres résidents de ces pays. Ils veulent continuer d’y vivre, mais cela devient difficile pour eux. Nous devons soutenir Mme Ashton. Nous devons obtenir la garantie que l’Union européenne intégrera une garantie de liberté de religion dans tous les traités qu’elle est appelée à conclure avec des pays tiers, et en particulier avec les pays dont nous avons parlé. Nous devons veiller à ce que personne ne soit contraint de quitter son pays pour des motifs religieux.

 
  
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  Ria Oomen-Ruijten (PPE).(NL) Monsieur le Président, quand je vois ce qu’il se passe à Bagdad et à Alexandrie, j’ai l’impression que nous sommes revenus 500 ans en arrière, au temps où dans mon pays, les Pays-Bas, la guerre des hameçons et des cabillauds faisait rage entre les protestants et les catholiques. Monsieur le Président, il n’y a plus de place pour ce genre de chose dans la société européenne moderne. Pourtant, en réfléchissant aux événements de Bagdad et d’Alexandrie, je réalise qu’ils ne sont que la manifestation brutale d’une violence qui est latente dans de nombreux pays.

C’est pourquoi le message que je vous adresse est que, dans le cadre de ce dialogue culturel et des libertés que nous avons établies ensemble, l’Union européenne doit garantir l’importance primordiale de la liberté de religion dans tous les traités qu’elle adopte, dans tous les pays avec lesquels elle fait du commerce et dans tous les rapports qu’elle produit, comme je l’ai en fait souligné dans le rapport sur la Turquie. Cela signifie aussi - bien que Mme Pack ne l’ait pas mentionné - que ces libertés doivent être réciproques et que la liberté de religion doit également être respectée dans les pays où l’islam n’est pas la religion majoritaire.

Monsieur le Président, je pense que les actes d’intolérance et de violence qui ont été perpétrés sont inacceptables et que nous devons engager les parties en conflit au dialogue. J’appelle donc Mme Ashton et ses services diplomatiques à s’assurer que nous sommes parfaitement cohérents lorsque nous discutons de la liberté de religion dans toutes les relations que nous avons avec les autorités de tous ces pays. Vous pouvez compter sur la solidarité du Parlement à cet égard.

 
  
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  Eleni Theocharous (PPE).(EL) Monsieur le Président, les persécutions et les massacres de chrétiens au Moyen-Orient sont généralement l’œuvre d’organisations fanatiques et terroristes. La persécution des Grecs chypriotes chrétiens dans la partie occupée de Chypre est l’œuvre de l’armée régulière d’un pays qui ambitionne d’adhérer à l’Union européenne.

J’ai entre les mains une lettre du soi-disant «Ambassadeur de la République turque de Chypre du Nord» à Bruxelles - une entité basée purement et simplement sur la force de l’armée turque d’occupation -, dans laquelle il essaie de me ridiculiser tout en admettant que l’office religieux à Rizokarpaso a été interrompu parce que les Grecs chypriotes chrétiens n’avaient pas obtenu l’autorisation.

Madame Ashton, depuis quand exige-t-on d’une personne qu’elle ait une autorisation pour pratiquer sa foi religieuse? Combien de temps tolèrerez-vous des infractions aussi flagrantes aux droits de l’homme et à la liberté de religion de citoyens européens commises par un pays qui ambitionne d’adhérer à l’Union européenne?

 
  
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  Miroslav Mikolášik (PPE). (SK) Monsieur le Président, Madame Ashton, je m’adresse à vous et je vous lance un vibrant appel à ce sujet, car nous considérons qu’il est tout simplement inacceptable que les chrétiens du Moyen-Orient continuent de subir des attentats aussi atroces.

Irak, Iran, Égypte, Nigeria, Turquie, Pakistan: ces pays sont leur foyer - le foyer des chrétiens - depuis des siècles et ils ne souhaitent pas le quitter. Il est scandaleux de voir des religieux islamistes promouvoir des sentiments antichrétiens dans leurs prêches à leurs fidèles. Dans le Nord de l’Irak, les gens ont peur d’orner leur maison. À Bagdad, des individus armés ont fait irruption dans une église, tuant 52 personnes et en blessant 200.

En décembre, nous avons eu l’occasion de rencontrer les évêques irakiens qui effectuaient une visite au Parlement européen. Ils ont insisté sur le fait qu’ils ont besoin de notre soutien et du soutien de l’ensemble de la communauté internationale afin que des populations innocentes ne soient pas tuées pour leurs convictions religieuses. Où en sommes-nous à ce sujet?

Dans ce contexte, je voudrais mentionner la Turquie, qui fait des efforts importants dans la perspective de son intégration européenne, alors que d’un autre côté elle interdit l’établissement de communautés ou de congrégations religieuses chrétiennes. Nous autorisons la construction de minarets en Europe, tandis qu’ils refusent la construction de clochers.

Je voudrais également demander où sont tous les défenseurs des droits de l’homme, les partisans des droits des animaux et autres. Je me demande parfois s’il ne serait pas nécessaire de créer un groupe de protection des chrétiens dans le monde.

 
  
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  Peter Šťastný (PPE).(EN) Monsieur le Président, l’augmentation du nombre d’attentats pervers et violents contre des chrétiens et leurs communautés provoque un malaise grave. Les responsables sont principalement des extrémistes islamistes fanatiques. Il s’agit de haine pure. Il faut que cela cesse. Cela doit cesser.

L’UE et ses institutions, y compris cette Assemblée, doivent faire davantage pression sur les gouvernements des pays dans lesquels ces incidents ont lieu, en particulier les pays où l’État pratique des politiques faibles ou ferme les yeux sur lesdits incidents.

Ici, nous chérissons et protégeons toute vie; nous punissons sévèrement quiconque menace la vie humaine et la sanction est plus sévère si les attentats meurtriers visent une minorité et sont motivés par la haine. Nous devons insister auprès des autres pays pour qu’ils garantissent une protection similaire de la vie humaine et qu’ils punissent sévèrement les auteurs de ces crimes haineux, et nous devons aider les pays concernés à cet égard.

Nous savons tous quelles conséquences graves en découleront si rien n’est fait et si l’accélération de la tendance actuelle n’est pas stoppée. L’ensemble du monde civilisé doit donc consacrer tous ses efforts à l’inversion de cette dangereuse tendance.

 
  
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  Sari Essayah (PPE).(FI) Monsieur le Président, Madame la Commissaire, je ne veux pas du tout sous-évaluer la pression exercée sur les autres religions, mais les statistiques parlent d’elles-mêmes: 75 % des personnes menacées ou tuées pour des motifs religieux sont chrétiennes, et 100 millions environ de chrétiens dans le monde sont confrontés à la persécution et à la violence à cause de leur foi.

Comme nous l’avons évoqué ici, la situation est récemment devenue particulièrement préoccupante au Moyen-Orient. Des dizaines de personnes, dont des enfants, ont été tuées lors d’attentats visant des offices religieux en Irak, en Égypte et en Syrie. Ailleurs dans le monde aussi, il y a des défis. La croissance économique spectaculaire des pays asiatiques masque de graves violations des droits humains fondamentaux. En Chine, en Inde et au Vietnam, par exemple, la liberté de religion n’est guère reconnue que sur le papier. Nous devons reconnaître que l’UE et ses États membres ferment les yeux sur ces faits, pour cause de relations commerciales, par exemple.

Pourtant, si elle le voulait, l’UE pourrait en faire beaucoup plus pour améliorer la situation des chrétiens et pour promouvoir la liberté de religion dans le monde, par exemple en imposant l’intégration d’une clause relative à la liberté de religion dans tous les accords conclus avec des pays tiers. C’est pourquoi je voudrais vous demander, Madame la Commissaire, si votre intention à l’avenir est d’insister sur une telle clause et, en outre, de contrôler sa mise en œuvre.

L’attitude timorée de l’Europe est due en partie au fait que nous perdons nos anciennes valeurs. Nous voulons confiner la religion à la vie privée. Le débat sur le crucifix qui a eu lieu en Italie, par exemple, reflète cette désaffection. De même, Mme Pack a mentionné ici le calendrier publié par la Commission, où les dates des fêtes religieuses chrétiennes ont été complètement omises. Le sécularisme n’est pas la réponse à ces problèmes. La réponse consiste à respecter ceux qui ont d’autres opinions que les nôtres et les convictions des autres.

 
  
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  Traian Ungureanu (PPE).(EN) Monsieur le Président, la situation critique des chrétiens au Moyen-Orient, en Asie et en Afrique n’est pas accidentelle. Il ne s’agit pas d’une série d’attentats regrettables, mais non coordonnés. Au contraire, il s’agit d’une persécution de masse classique. Les chrétiens font l’objet d’intimidations, sont chassés ou tués avec un objectif clair: le nettoyage religieux. C’est ce qu’il est en train de se produire pendant que nous, ici en Europe, nous courbons l’échine pour ménager les infinies susceptibilités des fidèles musulmans. Le résultat, c’est une Europe pleine de mosquées et un Moyen-Orient purgé des chrétiens.

Mais il ne s’agit pas de chiffres. Il s’agit de liberté et d’identité. Même pour ceux d’entre nous qui ne sont pas croyants, le christianisme devrait être davantage qu’une secte démodée, exotique et en perte de vitesse. Nous sommes libres de croire ou de ne pas croire, mais nous ne sommes pas libres de voir nos libertés bafouées.

Cette approche signifie que nous devrions faire de la liberté de religion une condition préalable à nos relations avec les États souverains. Cette approche devrait être inscrite dans le droit et faire partie du mandat de la haute représentante.

 
  
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  Tunne Kelam (PPE).(EN) Monsieur le Président, je voudrais dire à la haute représentante que face à cette situation, les condamnations et les déclarations ne suffisent pas. Les attentats contre les communautés chrétiennes connaissent une augmentation spectaculaire, surtout dans les pays du Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Il est difficile de trouver dans ces régions un État où les chrétiens peuvent vivre normalement et, surtout où ils peuvent librement manifester leur foi.

Les personnes récemment converties au christianisme courent le risque d’être tuées. Or, il ne s’agit pas de nouvelles minorités: les chrétiens sont des habitants traditionnels de longue date de ces pays. De nos jours, ils sont de plus en plus contraints de quitter leur pays, ils sont confinés dans des ghettos ou deviennent des réfugiés à l’intérieur de leur propre pays, comme en Irak. Par conséquent, il est urgent que l’UE élabore une stratégie européenne en matière de liberté de religion et qu’elle prenne une série de mesures concrètes contre ces États qui négligent délibérément de protéger les minorités religieuses.

Je voudrais également mentionner l’idée de mon collègue, M. Mayor Oreja, qui consiste à établir une liste de victimes que les services extérieurs de l’UE devraient activement chercher à contacter. Cela ne signifie pas dresser une religion contre une autre. Il s’agit d’une réelle égalité des chances, parce qu’il devrait être aussi facile de construire une église chrétienne à Alexandrie ou à Ankara que de construire une mosquée à Bruxelles.

 
  
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  Simon Busuttil (PPE).(MT) Monsieur le Président, les attentats contre la communauté chrétienne d’Égypte et dans d’autres pays devraient être condamnés, et il est de notre devoir de réagir. Ma question est la suivante: si l’Europe, en tant que berceau du christianisme, échoue à défendre les chrétiens et leur liberté de pratiquer leur religion, alors qui le fera?

Cependant, nous devons également essayer d’empêcher que les communautés musulmanes ne se radicalisent et soient manipulées par les extrémistes. Nous devons aussi prendre garde à ne pas qualifier tous les musulmans de terroristes, car ceux d’entre eux qui privilégient la violence et l’extrémisme ne sont qu’une minorité. Parallèlement, les communautés musulmanes du monde entier ont le devoir de condamner les extrémistes qui se prévalent de leur religion; elles devraient se dissocier de ces fanatiques pour les empêcher d’entacher la réputation de la religion musulmane.

En outre, nous devons user de toute notre influence sur les autorités de ces pays pour protéger les communautés chrétiennes de la persécution.

Mais avant tout, malgré ces événements qui se déroulent sous nos yeux et provoquent notre colère, il nous faut raison garder. Comme le disait le Mahatma Gandhi, «Œil pour œil, dent pour dent: avec cette règle, nous finirons tous aveugles et édentés».

 
  
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  Carlo Casini (PPE).(IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, ceux de mes collègues qui se sont déjà exprimés ont pratiquement tout dit. Ils ont rappelé les faits, les ont évalués et ils ont présenté des demandes spécifiques.

Par conséquent, comme mon intervention est la dernière de prévue, je voudrais ajouter quelque chose qui n’a pas encore été dit, et ce qui me vient à l’esprit ce sont les pensées d’un très grand Européen, le pape Jean-Paul II, un homme qui a contribué très efficacement à la chute du mur de Berlin. Dans son testament spirituel, il évoque les quatre valeurs qui sous-tendront notre future civilisation, c’est-à-dire la civilisation de l’amour: il s’agit de la vie, de la paix, du pain et de la liberté de religion.

Ensuite, je pense à tout ce qu’a écrit Giorgio La Pira, ancien maire de Florence, qui est à l’origine des congrès internationaux pour la paix et la civilisation chrétienne au plus fort de la guerre froide. Dans son livre intitulé Premesse della politica («Préambule à la politique»), il écrit que toute idée politique repose sur une conception particulière de l’homme. Pour l’Europe chrétienne, écrit-il, l’homme est essentiellement un être qui prie, c’est-à-dire un être capable de dialoguer, de concevoir l’infini et de parler à Dieu.

Enlever à un homme sa capacité de participer au dialogue privé et public est non seulement une négation de la religion, c’est aussi une négation de l’homme lui-même. Je laisse ces pensées à l’Assemblée et à vous-même, Madame la Haute représentante, en tant que contribution à un engagement concret et efficace de l’Union européenne, qui plonge ses racines dans son identité chrétienne et ne manque jamais de proclamer son objectif de défense et de promotion de la dignité humaine et des droits de l’homme.

 
  
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  Le Président. – Chers collègues, l’ordre du jour appelle la procédure «à mains levées», mais j’ai un petit problème parce que j’ai plus de 25 questions, et il ne nous reste que cinq minutes. Alors il est évident que tout le monde ne pourra pas avoir la parole. Je vais faire de mon mieux et essayer de répartir également et équitablement le temps mais, malheureusement, tout le monde n’aura pas la parole.

 
  
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  Magdi Cristiano Allam (PPE).(IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je me limiterai à demander à la haute représentante, Madame Ashton, d’inscrire à l’agenda de nos relations avec l’Égypte une requête spécifique: nous appelons les autorités égyptiennes à éliminer des documents officiels toute information sur l’appartenance religieuse, qu’il s’agisse des cartes d’identité, des passeports, et de tous les documents nécessaires à l’obtention d’un emploi.

En Égypte, une discrimination est exercée à l’égard des chrétiens depuis que le mot «chrétien» est inscrit sur leurs documents d’identité. Maintenant, dans un contexte où la discrimination contre les chrétiens est institutionnalisée, le terrorisme islamique est devenu légitime.

Si elle est mise en œuvre, cette demande spécifique pourrait libérer les chrétiens d’une forme de discrimination institutionnalisée.

 
  
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  Antigoni Papadopoulou (S&D).(EN) Monsieur le Président, l’article 3 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme interdit les «traitements inhumains ou dégradants» et l’article 9 protège le droit «de manifester sa religion ou sa conviction […] par le culte». Ces principes ont été confirmés par la Cour européenne des droits de l’homme dans son arrêt relatif à la quatrième affaire interétatique Chypre contre Turquie depuis 2001.

Je voudrais dire ceci à Mme Ashton: malheureusement, au cours des 36 dernières années, la Turquie, pays candidat à l’adhésion à l’Union européenne, a détruit des édifices religieux à Chypre et transformé des églises chrétiennes en mosquées et en étables. Et récemment elle a interrompu des messes de Noël et de l’Épiphanie dans des églises chrétiennes dans les villes occupées de Rizokarpaso et Yialousa.

La Turquie doit être condamnée pour ces délits commis sur le territoire de l’UE. L’UE ne doit pas rester passive. Les chrétiens de Chypre sont en danger.

 
  
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  Alexandra Thein (ALDE).(DE) Monsieur le Président, Madame Ashton, nous discutons aujourd’hui d’une proposition de résolution sur la liberté religieuse et la situation des chrétiens en particulier. Le Parlement européen défend les libertés fondamentales et les droits de l’homme partout dans le monde. Le groupe de l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe est l’un des moteurs de ce soutien, ce qui nous distingue des conservateurs qui se concentrent spécifiquement sur la situation des chrétiens.

Généralement parlant, il ne s’agit pas seulement de la situation des chrétiens. Dans une perspective libérale, cela concerne la liberté de religion dans son ensemble. Je veux dire par là toutes les religions dans le monde entier. Il s’agit de la protection des minorités religieuses et de l’obligation de tout État de protéger au mieux de ses capacités les membres des minorités religieuses qui sont menacées.

Nous avons également des problèmes en Europe. Je viens de Berlin et, rien que dans cette ville, nous avons enregistré six incendies volontaires contre des mosquées en l’espace de six mois - heureusement aucun décès n’est à déplorer - à la suite de la flambée de violence allumée par un ancien responsable social-démocrate de la banque centrale. Toutefois, l’État allemand fait de son mieux pour assurer la protection des édifices religieux. De même, l’Égypte renforce également ses mesures de protection après le second attentat terroriste commis contre des chrétiens.

Bien entendu, nous ne pouvons pas poster un policier devant chaque église, chaque mosquée ou chaque synagogue. Je regrette que dans de nombreux pays, y compris le mien, les bâtiments juifs finissent par ressembler à des établissements de haute sécurité. C’est pourquoi il est important que nous, en tant que responsables politiques, nous prenions la responsabilité de l’attitude à l’égard des minorités religieuses dans nos pays et que nous encouragions une approche ouverte et amicale de toutes les religions.

 
  
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  Charles Tannock (ECR).(EN) Monsieur le Président, quand j’ai été élu pour la première fois à cette Assemblée il y a onze ans, on considérait comme quelque peu extravagant, presque embarrassant - même au sein du PPE notamment, je dois le dire - que je soulève fréquemment la question de la persécution des chrétiens dans les pays islamiques et communistes, persécution qui malheureusement n’a fait qu’empirer depuis lors.

Je suis donc très heureux qu’aujourd’hui même certaines des forces les plus radicalement anticléricales de cette Assemblée se soient réveillées devant la menace qui pèse sur l’existence des anciennes communautés chrétiennes telles que les assyriens d’Irak, dont je me suis fait le défenseur au Royaume-Uni, et les coptes d’Égypte. Samedi dernier, j’étais devant le 10 Downing Street à Londres avec mes électeurs coptes pour exiger du gouvernement britannique qu’il en fasse davantage pour presser l’Égypte et son gouvernement de protéger ses propres citoyens. Aujourd’hui, Madame Ashton, je vous appelle, en votre qualité de haute représentante de l’Union européenne, à en faire autant.

 
  
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  Nikolaos Salavrakos (EFD).(EL) Monsieur le Président, j’ai écrit récemment un article intitulé: «Monologue pluriel». «Pluriel» signifie que plusieurs d’entre nous parlent et «monologue» signifie qu’une seule personne parle. C’est précisément le problème de nos communautés aujourd’hui. Chacun parle - principalement d’idées - mais chacun n’écoute que lui-même. Cela inclut le problème de la flambée de fondamentalisme islamique observée ces jours-ci, ainsi que les attentats du Nouvel An en Égypte.

Je voudrais souligner qu’en un siècle, depuis le début du XXe siècle jusqu’à aujourd’hui, on estime que la part des chrétiens d’Orient dans la population est tombée de 22 % à moins de 10 %. Nous devons prendre garde à cette flambée d’islamisme parce qu’en Égypte et en Libye et dans d’autres pays, les leaders sont âgés et nous ne savons pas ce qui pourra arriver quand ils disparaîtront ni quelle direction ces pays prendront.

Ceci étant, j’en appelle à vous, Madame Ashton, pour que vous preniez des initiatives et que vous utilisiez votre influence afin d’apaiser le fanatisme religieux, qu’il soit chrétien ou musulman.

 
  
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  Franz Obermayr (NI).(DE) Monsieur le Président, l’évêque copte Anba Damian a récemment appelé à l’établissement d’une alliance chrétienne, en particulier pour les chrétiens d’Égypte, à la suite des campagnes incendiaires menées dans les mosquées et de l’atroce massacre de la messe de Noël. Dans son index mondial de la persécution, l’ONG «Portes ouvertes» cite 50 États dans lesquels les chrétiens subissent de graves persécutions.

Je ne vois pas très bien pourquoi nous faisons état de nos préoccupations aujourd’hui. Nous ne devrions pas nous étonner de ce qu’il se passe, parce que les problèmes commencent au sommet. Si nous-mêmes, dans l’UE et à la Commission, nous distribuons à 3 millions d’élèves de 21 000 écoles européennes, un calendrier qui est un parfait exemple de reniement de soi-même puisqu’il recense les fêtes islamiques, sikhes, hindoues et chinoises, mais aucune fête chrétienne, alors il ne s’agit plus de reniement de soi-même, mais de haine de soi-même. Madame Ashton, nous devons être courageux, nous devons préserver nos valeurs. Nous ne devons pas tolérer l’intolérance.

 
  
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  Anna Záborská (PPE). (SK) Monsieur le Président, l’Union européenne ne peut rester silencieuse, elle ne peut se contenter de réagir seulement après les faits, tandis que des chrétiens meurent et sont chassés de leur foyer. La protection offerte aux chrétiens par l’Union européenne est déficiente parce que l’Union est terrorisée par le politiquement correct, qui réprime la liberté de religion. L’idéologie de la laïcité nous lie les mains et réprime la liberté de religion.

Si l’Union a des difficultés à protéger et défendre les chrétiens dans le monde, c’est parce qu’elle ne respecte pas elle-même la philosophie chrétienne. Certains députés désapprouvent également que des chefs religieux viennent prendre la parole dans notre le Parlement. Ce Parlement a refusé de condamner l’enlèvement de l’archevêque de Mossoul, qui a été assassiné par la suite. Un groupe politique de ce Parlement a assuré que le pape avait été accusé de violation des droits de l’homme. La Commission a oublié de mentionner les fêtes chrétiennes, sans parler des crucifix en Italie.

J’attends impatiemment l’établissement à Vienne d’un Observatoire européen de l’intolérance et de la discrimination contre les chrétiens et je pense qu’il aura énormément de travail.

 
  
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  László Tőkés (PPE).(HU) Monsieur le Président, en tant que membre d’une minorité de Roumanie, je sais ce que la persécution religieuse signifiait au temps de la dictature de Ceaucescu. Je suis heureux d’entendre le Premier ministre Viktor Orbán placer aujourd’hui la lutte contre la persécution des chrétiens parmi nos priorités. Je pense que la haute représentante Ashton devrait contribuer à ce combat en coopération avec la Présidence hongroise, et je lui demande de le faire. Notre récente visite à Istanbul a été l’occasion de nous rappeler que des millions de chrétiens arméniens et grecs ont péri au cours du XXe siècle. Je suis affligé de constater que la persécution des chrétiens se poursuit encore aujourd’hui dans le monde. De concert avec Mme Hautala, je propose que cette question actuelle figure aussi à l’ordre du jour de la commission «Droit» en tant que sujet à part entière. Par ailleurs, je demande à Mme Ashton de soumettre la protection des chrétiens à un débat approfondi à la réunion des ministres des affaires étrangères le 31 janvier et d’en faire une priorité de la politique étrangère.

 
  
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  Le Président. – Je donne la parole à Mme Catherine Ashton afin qu’elle résume le débat et réponde à un certain nombre de ces questions.

 
  
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  Catherine Ashton, vice-présidente de la Commission et haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.(EN) Monsieur le Président, je voudrais, si je puis me permettre, sélectionner deux ou trois des nombreux domaines d’idées qui m’ont été soumis. Tout d’abord, je remercie les députés et je reconnais la force des sentiments et de la manifestation de soutien pour certains des efforts que nous essayons de faire dans ce domaine.

Comme je l’ai déjà mentionné, si je suis très heureuse de pouvoir participer à ce débat, c’est en partie parce que cette question a été évoquée une fois au Conseil «Affaires étrangères» - mais nous y reviendrons à la fin de janvier - et que les préoccupations exprimées par les députés font écho à celles que diverses sources ont manifestées devant moi, les moindre n’étant pas celles de certains États membres et de certains ministres qui se sont montrés les plus préoccupés par ces questions.

Je tiens à préciser qu’en fait, j’ai effectivement parlé de la chrétienté. J’ai commencé par expliquer les raisons spécifiques pour lesquelles je me suis rendue à Bethléem, à savoir que, si je me trouvais au Moyen-Orient, en un sens j’étais également au cœur de nombreuses religions - particulièrement à la veille du Noël orthodoxe. Il s’agissait d’une déclaration très forte en soi et agir ainsi était une démarche délibérée et très personnelle. M. Mauro n’est malheureusement plus ici pour entendre ma réponse, mais j’espère qu’il sera informé que j’ai mentionné ce fait dans ma réponse.

Je voudrais seulement reprendre deux ou trois choses. Plusieurs parmi vous ont posé la question de savoir comment nous utilisons les instruments à notre disposition pour apporter des solutions à ces questions. Je vous rappelle que presque tous les accords commerciaux et de coopération que nous avons conclus depuis 1995 prévoient une clause en matière de droits de l’homme et que nous avons des accords avec, je crois, 134 pays maintenant.

Ces clauses ont pour principal objectif de prouver que nous partageons un engagement en faveur des droits de l’homme, mais elles constituent également la base juridique des sanctions dans l’éventualité de violations graves des droits de l’homme. Les députés se rappelleront que dans le cadre de mes précédentes fonctions, c’est moi-même qui ai soulevé la question du «SPG plus» et du Sri Lanka. Vous n’ignorez pas que nous avons pris des mesures pour exclure ce pays de ce régime, précisément pour des raisons liées aux droits de l’homme. Il est très important, comme vous l’avez dit, que nous continuions à veiller à la manière dont nous concluons des accords et aux instruments dont nous disposons pour ce faire, et que nous nous assurions qu’ils sont utilisés si nécessaire.

Un point dont je pense qu’il sera très intéressant lorsque la Commission commencera à envisager l’avenir du règlement SPG consiste à examiner si les aspects de ce règlement qui concernent la ratification et la mise en œuvre des droits de l’homme et des conventions pourraient être améliorés.

Je voudrais également évoquer le pendant de cette question, à savoir naturellement, les instruments que nous utilisons pour promouvoir et soutenir la démocratie dans les droits de l’homme. Comme vous le savez, nous soutenons dans le monde entier des projets de lutte contre le racisme, la xénophobie ou la discrimination quels qu’en soient les motifs. Nous avons financé des ONG antidiscrimination dans quelque 60 pays. Par conséquent, nous établissons un équilibre entre l’utilisation des outils à notre disposition pour garantir que nous sommes capables de montrer quand nous sentons très fortement que cela a été violé, et l’utilisation de ces outils en combinaison avec la volonté que nous avons et la disponibilité que nous avons pour soutenir ces ONG, notamment celles qui sont actives dans le domaine de la lutte contre la discrimination.

Je voudrais aussi aborder rapidement un autre domaine, celui du rôle des délégations dans le monde et de la fonction de contrôle de ce qu’il se passe. Plusieurs d’entre vous ont en effet évoqué spécifiquement ce point. J’ai déjà dit que je pense qu’il est réellement important que nous assurions un suivi des questions dans le monde.

J’ai été particulièrement frappée par une question que vous avez évoquée dans plusieurs de vos interventions et qui, dans une certaine mesure, a acquis une plus grande reconnaissance au cours de ces derniers mois et semaines, mais qui préoccupe néanmoins nombre d’entre vous depuis très longtemps: le fait que des populations croyantes, quelle que soit leur religion, subissent un traitement discriminatoire de manière régulière dans le monde, et la nécessité pour nous d’être attentifs et vigilants à l’égard de ce problème, non quand la violence éclate - si elle éclate, il va sans dire que nous devons agir - mais également avant que la violence n’éclate, quand il s’agit d’une source régulière de discrimination.

Je pense qu’il est important que nous considérions nos délégations dans le monde comme une source capable de repérer et de reconnaître le type de discrimination que vous considérez comme des «bulles sous la surface», si je puis utiliser cette expression, et de nous en avertir quand elles en sont les témoins.

Je pense aussi qu’il est important - et comme je l’ai dit c’est une question que nous avons abordée lors du dernier Conseil «Affaires étrangères» - que dans notre travail sur les droits de l’homme et dans le rapport que nous avons produit, nous abordions également la situation des minorités religieuses dans le monde. La chrétienté a pris une place très importante dans nos discussions d’aujourd’hui, mais beaucoup d’entre vous ont souligné que cela vaut également lorsqu’il s’agit de garantir le respect et la tolérance pour les autres confessions dans toutes nos activités.

Je pense qu’il importe d’essayer de comprendre ce qu’il se passe réellement, grâce à notre suivi par les rapports et aussi grâce à nos délégations dans le monde. Je pense que cela nous permettra de mieux appréhender la manière dont nous devons utiliser les instruments à notre disposition, particulièrement du côté de la Commission; cela nous donnera également une certaine volonté politique, pas seulement de ma part, mais - comme vous l’avez souligné à juste titre - en tant que parlementaires vous avez une forte influence et un rôle important dans ce contexte, avec les États membres et les ministres impliqués dans les États membres.

J’ai dit au début que je m’engage à m’efforcer de faire sorte que nous utilisions ce que nous avons de mieux, que nous contrôlions de près ce qu’il se passe et que nous utilisions les instruments politiques et économiques à notre disposition afin de maintenir ce sujet au cœur de notre agenda à l’avenir. Je vous suis reconnaissante de toutes vos contributions. À ceux dont les commentaires et les questions n’ont pas reçu de réponse: ce n’est pas un manque de volonté, je les examinerai de très près et tout cela contribuera à alimenter le débat que nous aurons au Conseil «Affaires étrangères» à la fin de janvier.

 
  
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  Le Président. – J’ai reçu, conformément à l’article 110, paragraphe 2, du règlement, sept propositions de résolution.

Le débat est clos.

Le vote aura lieu jeudi 20 janvier 2011, à 12 heures.

Déclarations écrites (article 49)

 
  
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  Elena Oana Antonescu (PPE), par écrit.(RO) Des populations innocentes sont devenues les victimes d’un acte criminel insensé qui n’a rien à voir avec une quelconque religion ou un principe moral. Nous, les citoyens de l’Union européenne, nous soutenons et promouvons la liberté de religion et nous avons le devoir de souligner qu’elle doit être respectée, protégée et promue comme étant l’un des droits humains fondamentaux. En fait, le but du terrorisme, dans l’ensemble de ce contexte, est de provoquer des troubles et des conflits par des attentats que les auteurs essaient de justifier en se référant à un motif religieux sous-jacent. Je voudrais souligner que le terrorisme n’est basé sur aucun type de religion. C’est justement la raison pour laquelle tous les types d’idéologie fondamentaliste doivent être laissés à la porte des mosquées, des églises et des synagogues. Les religions du monde n’encouragent pas les attaques violentes. En fait, ceux qui participent à de tels attentats ne devraient pas croire qu’ils combattent pour une cause. C’est tout le contraire. Je pense qu’ils se battent contre la morale, contre leurs frères humains et contre l’humanité même.

 
  
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  Gerard Batten (EFD), par écrit.(EN) La persécution des chrétiens dans les pays islamiques et dans certains pays non islamiques comme la Chine communiste est une tendance ignoble et croissante. L’une des plus récentes flambées de violence antichrétienne s’est produite à Alexandrie le jour du Nouvel An, où un attentat à la bombe contre une église a fait 25 morts et 80 blessés. Le contexte de cet attentat m’a été expliqué par la communauté copte de Londres et ailleurs au Royaume-Uni. Ils estiment que plus d’une centaine d’attentats contre des chrétiens ont été commis en Égypte l’an dernier, faisant de nombreuses victimes.

Les auteurs de ces violences sont motivés par une idéologie islamiste fondamentaliste et extrémiste. Le parti britannique Independence que je représente et moi-même, nous ne voulons pas d’une politique étrangère de l’UE ni d’un ministre des affaires étrangères de l’UE - incarné actuellement par Mme Ashton. Toutefois, puisque Mme Ashton occupe le poste, elle devrait tenir compte du fait que l’UE signe des contrats valant des milliards d’euros avec des pays qui comptent parmi les pires persécuteurs de chrétiens. L’UE devrait utiliser sa force économique pour insister sur le fait qu’elle ne conclura pas d’accords préférentiels et n’accordera pas de traitement de faveur aux pays qui tolèrent la persécution des chrétiens. C’est le minimum absolu qu’elle puisse faire.

 
  
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  José Manuel Fernandes (PPE), par écrit.(PT) Les statistiques sur la liberté de religion montrent que la majorité des actes de violence religieuse commis ces dernières années l’ont été contre des chrétiens. En 2010, le nombre des attentats dirigés contre des communautés chrétiennes a augmenté de manière inquiétante. De nombreux morts sont malheureusement à déplorer à la suite des attentats sanglants contre les communautés chrétiennes au Nigeria et au Pakistan, des attentats contre les coptes d’Alexandrie et aux Philippines, des attentats terroristes djihadistes contre les familles assyriennes, et des attentats à la bombe coordonnés contre des chrétiens à Bagdad. En outre, j’exprime ma vive désapprobation face à la persécution honteuse des chrétiens par le gouvernement de la République islamique d’Iran, et à la répression inacceptable des activités de l’Église catholique et d’autres communautés religieuses au Vietnam. L’Union européenne doit renouveler l’engagement qu’elle a toujours montré en faveur de la liberté de religion, de la liberté de conscience et de la liberté de pensée, qui sont des principes fondamentaux de l’acquis communautaire. Les gouvernements ont le devoir de garantir ces libertés. En conséquence, et vu l’augmentation de la violence antichrétienne dans le monde, j’appelle le Conseil, la Commission et la haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité à prendre des mesures rapides, fermes et énergiques pour assurer la défense de la liberté de religion dans le monde.

 
  
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  Filip Kaczmarek (PPE), par écrit.(PL) Manifestement, tout ne va pas pour le mieux en matière de respect du droit des chrétiens à pratiquer leur religion. Rien que l’an dernier, le Parlement européen a dû réagir à des cas exceptionnellement nombreux de violations des droits humains des chrétiens. J’ai été le co-auteur de trois résolutions sur des sujets en rapport avec cela - une sur l’Irak, notamment sur la peine de mort (y compris le cas de Tarek Aziz) et les attentats contre les communautés chrétiennes, adoptée le 24 novembre 2010, une sur les récents attentats contre des communautés chrétiennes, adoptée le 20 janvier 2010, et une sur la liberté de religion au Pakistan, adoptée le 19 mai 2010.

Les événements survenus cette année à Alexandrie viennent nous rappeler que le Parlement européen a appelé le gouvernement égyptien, il y a un an, à garantir aux coptes et aux membres des autres communautés et minorités religieuses la possibilité d’exercer tous les droits de l’homme et toutes les libertés fondamentales - y compris le droit de choisir et de changer de religion librement - et à empêcher toute discrimination contre de tels groupes. À part cela, nous aurons demain un autre débat sur la liberté des chrétiens au Pakistan. La méthode statistique n’est pas idéale, mais parfois elle nous permet d’effectuer une meilleure évaluation de l’étendue d’un problème. Les journalistes de Deutsche Welle ont fait quelques calculs intéressants concernant les violations des droits des chrétiens: ils ont calculé qu’en moyenne, un martyr chrétien meurt toutes les trois minutes quelque part dans le monde à cause de ses convictions. Il est vraiment choquant que de telles choses se produisent littéralement sous nos yeux.

 
  
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  Jarosław Kalinowski (PPE), par écrit.(PL) En tant qu’Européens, nous nous efforçons de garantir que chacun en Europe puisse librement pratiquer la religion qui lui permet de satisfaire son âme et sa conscience. Nous adoptons également des dispositions législatives qui protègent les citoyens de la discrimination fondée sur la confession religieuse. Nous enseignons la tolérance et l’égalité des droits dans nos écoles, et nous autorisons les immigrants à utiliser librement leurs symboles religieux. Il se trouve que nous faisons tout cela aux dépens de la religion majoritaire en Europe. Notre tradition et notre civilisation reposent essentiellement sur des racines chrétiennes et il y a parmi nous plus de chrétiens que d’adhérents à toute autre religion. Je dis cela également en tant que représentant d’un groupe politique dont le nom inclut l’expression «démocrates-chrétiens». Nous n’avons pas d’influence sur la manière dont les chrétiens sont traités dans de nombreux pays dans le monde. Toutefois, nous pouvons et nous devons garantir la liberté de religion de tous les Européens.

 
  
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  Alfredo Pallone (PPE), par écrit.(IT) Nous sommes hélas confrontés à une attaque mondiale contre la chrétienté. Les chiffres parlent d’eux-mêmes: l’an dernier, 75 % des agressions violentes motivées par la religion ont été dirigées contre des chrétiens.

Toutefois, quand les différences religieuses sont utilisées comme moyen d’empêcher la croissance et le développement, le problème devient politique. La haine provoquée par ces attentats terroristes vise précisément à déstabiliser les systèmes sociaux et politiques des pays où cette violence survient. Considérant le rôle de promoteur du respect des droits de l’homme et des libertés civiles et démocratiques de l’Union européenne, et surtout ses origines et racines chrétiennes, elle a le devoir, face à ces événements, de réagir fermement en condamnant toutes les formes d’extrémisme et en encourageant le dialogue, la liberté de religion, le respect mutuel entre les communautés et la tolérance.

J’espère toutefois que l’UE ira plus loin que cela et qu’elle intégrera une clause relative à la protection de la liberté de religion à tous les accords économiques qu’elle signe avec d’autres pays, et que des sanctions seront infligées aux pays qui violeraient cette clause.

 
  
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  Debora Serracchiani (S&D), par écrit.(IT) L’Union européenne a le devoir de défendre la liberté de chacun de pratiquer sa religion et elle ne devrait pas se montrer timorée ou réticente face à ce devoir.

Considérant l’évidente exacerbation de la violence contre les chrétiens dans diverses régions du monde, l’UE doit d’urgence prendre clairement position contre toute violation du droit à la liberté de chacun de pratiquer sa foi religieuse. Le sujet de la liberté de religion doit être intégré aux politiques européennes, principalement en incluant une clause contraignante relative au respect de la liberté de religion dans nos accords avec les autres pays. Ces principes sont l’étendard de l’Europe et il ne peut être question de leur accorder des dérogations en la matière, sous aucun prétexte.

 
  
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  Bogusław Sonik (PPE), par écrit.(PL) Les chrétiens sont actuellement persécutés dans plus de 70 pays dans le monde. Ce qui signifie que le droit fondamental à la liberté de religion est violé dans un pays sur trois. L’Union européenne commence à se rendre compte que la persécution pour des motifs religieux constitue une violation grave de la dignité humaine et de la liberté. Le débat sur la liberté de religion et la situation des chrétiens, qui est en cours au Parlement depuis plusieurs mois maintenant, est également significatif en termes formels, puisque le traité de Lisbonne a renforcé la position des Églises dans le débat européen. En effet, elles ont maintenant le droit d’être des partenaires officiels dans le dialogue avec la Commission européenne. Le Parlement européen, qui agit en tant que gardien des droits de l’homme, devrait trouver au plus vite des moyens de défendre la liberté de religion dans le monde.

En gardant à l’esprit les violences récemment perpétrées contre les minorités chrétiennes dans certains pays du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Asie, je pense que ce serait une bonne idée d’évoquer cette question lors du prochain Conseil «Affaires étrangères» de l’UE et d’élaborer, avec la haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, des instruments spécifiques pour protéger la communauté chrétienne. Le Parlement européen devrait appeler les pays où a lieu la persécution à prendre des mesures efficaces pour protéger les minorités religieuses, malgré les difficultés que cela implique. En conséquence, nous devrions également commencer à être vigilants en matière de liberté de religion quand l’UE signe des accords de coopération avec des pays tiers.

 
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