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Section III.1.1

LE MONDE TROPICAL : PRÉSENTATION ET PRINCIPALES DÉFINITIONS

Sommaire

1.1.0 - Introduction

Bien caractérisé par ses climats, par ses sols, par sa flore et par les aspects remarquables de sa végétation, le monde tropical n'en exige pas moins d'être défini. Des critères variés, plus ou moins complexes, ont été utilisés à cet effet. Les climats tropicaux peuvent se caractériser par des températures constamment élevées, avec de faibles variations annuelles. Ils peuvent être également caractérisés par une absence absolue de gelées. Il s'agit aussi d'un domaine mégatherme, à pluies d'été, où le facteur limitant pour la végétation est la disponibilité en eau. La constance du photopériodisme (faibles variations des durées du jour) en est également un élément.

C'est pourtant la végétation qui reste le meilleur indicateur du monde tropical et qui justifie le mieux les irrégularités de ses grandes limites, en particulier au niveau des grands reliefs intertropicaux (Andes) ou des déserts comme le Sahara. Les flores tropicales forment un ensemble nettement différencié par rapport aux flores tempérées. L'existence de nombreux groupes botaniques communs aux divers pays tropicaux fait leur unité, malgré leur discontinuité spatiale.

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1.1.1 - Les grands climats intertropicaux

Ils seront déterminés par des températures et des régimes pluviaux. Alors que dans les pays tempérés, ce sont les températures (moyennes et extrêmes) qui conditionnent le plus les flores, sous les tropiques c'est bien le régime des pluies (hauteur et répartition) qui est le facteur dominant.

Trois grands types de climats...

Trois grands types de climats peuvent être observés.

...assortis de variantes locales et de fluctuations temporelles

Ces climats fondamentaux présentent des variantes locales liées à la proximité des mers sur les continents, ou à l'insularité, et, bien sûr, liées à l'altitude sur les plus hauts massifs montagneux où températures, hygrométrie et nébulosité jouent un rôle considérable. Dans certaines zones équatoriales ce sont les régimes des vents, précédant ou accompagnant les pluies, qui apportent le plus de variabilité climatique : moussons, cyclones... avec une forte influence sur la végétation naturelle ou cultivée (grandes inondations, dégâts forestiers).

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Il existe par ailleurs une différence fondamentale entre climats secs de types tropicaux et climats secs méditerranéens. Bien que les pluviosités et certains faciès végétaux puissent être assez semblables dans de nombreux cas (mais en zones méditerranéennes, il s'agit alors de faciès de dégradation liés aux feux, au surpâturage et aux coupes abusives), les potentiels biologiques induisant productivité végétale et aptitudes culturales y sont très dissemblables. La longueur de la saison de végétation, à pluviosité égale, est largement supérieure en zone méditerranéenne, en raison de l'existence d'une saison des pluies hivernale, et, en ce sens, le climat sahélien apparaît comme un des climats les plus contraignants au monde. Cette différence explique à elle seule les nombreux échecs d'expériences d'acclimatation de matériel végétal en zone tropicale aride et le très faible niveau de productivité des plantes pérennes, naturelles ou plantées dans cette partie du monde. L'approche de Sarlin, en 1970, lie dans le schéma synthétique ci-dessus les deux notions d'évapotranspiration et de déficit pluviométrique.

Les schémas ci-dessous illustrent les relations étroites entre climat et végétation dans un cas particulier. La longueur de la période humide, au sens bioclimatique, peut être appréciée sous forme de diagrammes :

Relations "climat-végétation" pour quelques stations ouest-africaines - grandes formations zonales

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Source :FAO. - Données agroclimatologiques - Rome, 1987.

Relations "climat-végétation" pour quelques stations ouest-africaines - diagrammes ombro-thermiques

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Source :FAO. - Données agroclimatologiques - Rome, 1987.

Ces schémas font apparaître, sur un gradient sud-nord en Afrique de l'Ouest, les variations des régimes pluviaux et des saisons biologiquement favorables à la végétation. Celles-ci passent de 279 jours à Abidjan, à 204 jours à Ferkessedougou, à 130 jours à Ouagadougou, à 91 jours à Niamey, à 53 jours à Tahoua pour atteindre 0 à Agadez. La zonation végétale qui en résulte correspond très exactement aux transitions habituelles de la forêt sempervirente au désert.

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1.1.2 - Les sols tropicaux

Un point commun : la fragilité

Hors de tous critères génétiques (correspondant à leurs origines et à leur évolution), les sols tropicaux sont caractérisés, à quelques exceptions près, par leur extrême pauvreté. Celle-ci est due le plus souvent à la nature des roches mères (vieux socle hercynien) et au climat (humidité et chaleur). La matière organique y est très faible (taux élevé de minéralisation, passage des feux). Ils sont en outre, très souvent, l'objet de très fortes contraintes physiques : faible profondeur, indurations latéritiques, compacité, hydromorphie, faible capacité de rétention hydrique. Enfin, ils sont sensibles à l'érosion, et plus particulièrement à l'érosion hydrique, quelle que soit la pluviosité, ou, dans le cas des sols sableux à l'érosion éolienne, dès qu'ils ont perdu toute couverture végétale protectrice.

Le danger d'érosion a été quantifié pour l'Afrique ( Fournier (F.). - Carte du danger d'érosion en Afrique du sud du Sahara - CCTA-CEE. - Londres, 1962.). Les pertes en terre (érosion normale) vont de quelques dizaines de tonnes/ha par an à plus de 1 000 tonnes/ha par an et peuvent même dépasser les 2 000 tonnes/ha par an sur la façade guinéenne du continent, le centre Niger, l'Ethiopie et la plus grande partie de Madagascar. Généralement acides, avec des niveaux élevés de toxicité pour certains éléments (aluminium), les sols peuvent être aussi, et pas seulement dans des milieux marins, fortement salinisés (décomposition de roches cristallines halomorphes).

Localement de très bons sols, dérivés le plus souvent de roches volcaniques, peuvent présenter à la fois de bonnes qualités chimiques et des qualités physiques (profondeur, structure, texture) exceptionnelles. C'est le cas d'un certain nombre de pays situés sur les zones sismiques bien connues (Amérique centrale, Rift africain, Philippines, Indonésie, Hawaï). Ces zones sont réputées pour leur densité de population élevée et ce sont celles qui connaissent les plus fort taux de déforestation à des fins agricoles.

L'importance des interactions sol-végétation

En première approche, les relations entre le sol et la végétation naturelle sont déterminées par le niveau de contrainte physique. Lorsque les conditions climatiques sont favorables à la forêt, ces contraintes physiques peuvent être limitantes : c'est le cas dans les zones inondées, les sols salés, les affleurements rocheux... A contrario, dans les zones plus arides, climatiquement moins favorables à la végétation forestière, les éléments physiques peuvent déterminer des conditions plus favorables : présence d'une nappe phréatique accessible, submersion temporaire par des eaux pluviales ou de rivière, sols indurés mais présentant de forts recouvrement sableux. Les principales formations azonales qui en découlent sont les mangroves, les forêts inondées, les forêts galeries, toutes formations liées à l'existence d'un milieu humide(et salé dans le cas des mangroves).

A l'échelle géologique, les forêts ont largement contribué à la formation des sols tropicaux dont elles assurent la pérennité par action physique (protection contre les eaux, le vent) et chimique (recyclage des éléments minéraux). Leur rôle améliorateur est largement démontré, sous tous les climats, par la pratique de la culture itinérante (reconstitution de la fertilité au bout de quelques décennies). Leur rôle protecteur, a contrario, devient évident lors du défrichement de vastes bassins versants (pays andins, Madagascar, Népal...) ou du déboisement de vieilles dunes continentales.

Une mise en valeur rationnelle des terres passe obligatoirement par le maintien d'une couverture forestière minimale ou la reconstitution d'un paysage arboré. Les techniques agroforestières et plus particulièrement les plantations d'arbres à usages multiples jouent à ce niveau un rôle majeur, tant par leurs effets directs que par le maintien d'un équilibre pédoclimatique favorable à toute forme de vie.

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1.1.3 - La végétation tropicale : panorama rapide sur quatre continents

Depuis les régions à haute pluviosité, jusqu'aux régions arides, les paysages botaniques tropicaux se modifient :

forêts denses tropicales humides, sempervirentes puis semi-décidues => forêts denses sèches => forêts claires => savanes => steppes.

Si ces groupements (Ouest africain) se succèdent parfois parallèlement à l'équateur, leur répartition peut être toute différente en fonction de la proximité des côtes et du régime des grands courants atmosphériques (en Amérique du Sud et en Afrique de l'Est, des formations xériques se rencontrent à des latitudes subéquatoriales ou équatoriales). Par ailleurs, si ces paysages sont avant tout liés aux climats, les conditions édaphiques apportent également un élément de variabilité important. Enfin, l'influence humaine (défrichements, feux) a pu être prépondérante dans certains cas (secondarisation).

La nomenclature de ces formations pose donc un problème particulier, largement abordé en tome II au titre du thème spécifique V.0 "Statistiques et méthode". Le survol rapide des continents concernés proposé dans l'encadré ci-dessous adopte comme référence la classification utilisée par la FAO dans sa première évaluation mondiale des ressources forestières (1980) :


LES FORMATIONS FORESTIÈRES D'AFRIQUE TROPICALE

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Les formations feuillues denses

Les forêts denses humides sur sol ferme : la forêt dense humide tropicale constitue en Afrique deux grands massifs séparés par une zone de savane : le massif camerouno-congolais à l'est et le massif ouest-africain beaucoup plus réduit. Du point de vue de la flore, le massif ouest africain a une richesse moins grande que le massif camerouno-congolais. Il comprend :

Dans le massif camerouno-congolais se distinguent le domaine central sempervirent et les territoires périphériques où les forêts semi-decidues prédominent. Les forêts denses sempervirentes de la cuvette sont dominées par le Brachystegia laurentii, en périphérie se trouvent les forêts denses à Gilbertiodendron dewevrei. Les forêts semi-décidues présentent un mélange d'espèces dominé par les Celtis, Antiaris, Canarium, Entandrophagma et Guarea. Elles sont particulièrement riches en espèces de valeur (sud-est Cameroun, RCA, nord Congo). On distingue encore plusieurs variantes comme la forêt biafraise, la forêt gabonaise (dominée par l'okoumé : Aucoumea klaineana), les forêts de montagne du Kenya, de Tanzanie, de l'Ouganda, du Rwanda, du Burundi et du Zaïre où un net étagement résulte de l'altitude.

Enfin, les forêts denses humides de la côte est malgache, bien que moins belles que les forêts denses continentales, renferment une richesse floristique remarquable.

Les forêts denses hydromorphes : d'importantes forêts marécageuses existent sur la côte guinéenne et dans la cuvette congolaise. Elles sont dominées par Symphonia globulifera et présentent en cela de nettes analogies entre elles. Les forêts inondables du Zaïre et du Congo occupent d'immenses surfaces (espèce principale Guibourtia demeusei). Enfin, on compte dans ce groupe les mangroves, moins importantes en étendue que les mangroves asiatiques et américaines, mais présentant avec ces dernières d'évidentes affinités (espèces principales Rhizophora racemosa, autres genres : Avicennia, Laguncularia, Conocarpus). Leur exploitation reste très limitée.

Les forêts denses sèches : ce terme désigne des forêts dépourvues de sous-bois graminéen. Au nord de la zone guinéenne, on les rencontre en Casamance (Sénégal), au Mali, en Côte-d'Ivoire, en RCA et au sud du Soudan. Au sud de cette zone elles ont une extension en surface très limitée.

Les formations feuillues ouvertes

Les forêts claires et les savanes boisées : au sud de l'équateur, elles constituent de vastes massifs forestiers tandis qu'au nord, elles ne forment que des îlots épars dans les savanes. Les peuplements sont essentiellement constitués de légumineuses arborescentes. Les forêts claires au nord de l'équateur sont surtout des forêts à Isoberlinia doka, Uapaca et Monotes ou Anogeissus et Boswellia. Au sud, leur flore est plus riche, les formations de "miombo" qui occupent de vastes régions en Angola, au Zaïre, en Zambie, au Zimbabwe, au Malawi et au Mozambique à Brachystegia, Isoberlinia, Parinari et Uapaca, sur les hauts plateaux, et, plus bas, les forêts claires à Colophospermum mopane.

Les savanes arborées : elles se développent autour des grands massifs humides et en Afrique australe. Elles occupent la zone soudanienne, du Sénégal au Soudan, avec, pour espèces principales Bombax costatum (kapokier), Anogeissus leiocarpus, Pterocarpus erinaceus, Parkia biglobosa (néré), Daniellia oliveri, Khaya senegalensis, Detarium senegalense... ; le centre du Zaïre avec des acacias, et le nord-est de l'Angola avec Adansonia digitata (baobab), Sterculia setigera, Guibourtia gossweileri.

Les formations de conifères

Elles se rencontrent en Afrique nord-orientale (Soudan, Somalie, Kenya et Ethiopie) avec les forêts à Juniperus procera du plateau éthiopien, souvent pures, et les forêts à Podocarpus, le plus souvent en mélange avec des feuillus.

Les formations essentiellement arbustives

On les rencontre surtout dans la zone sahélo-soudanienne, au sud du Sahara, où elles sont dominées par les Acacia et dans les formations buissonnantes du Kalahari (Botswana, Namibie) où dominent des Acacia et d'autres espèces ( Boscia, Terminalia). D'autres formations se rencontrent en zones d'altitude (au dessus de 2 500 m) d'Afrique de l'Est et de Madagascar et le long des côtes ouest africaines.

LES FORMATIONS FORESTIÈRES D'ASIE TROPICALE

Les formations feuillues denses

Les forêts sempervirentes humides de basse altitude se rencontrent :

Il y a une grande variation floristique entre les forêts de l'ouest et les forêts de l'est. Les forêts de l'ouest sont hautes (60 m) et sont constituées principalement de Diptérocarpacées (9 genres et 160 espèces en péninsule malaise ; au Sabah, Sarawak et Kalimantan 10 genres et 270 espèces). Le "lauan" des Philippines est constitué par 6 espèces de Shorea et une de Parashorea et de Pentacme. Par contre dans les forêts de l'est (Irian Jaya), les diptérocarpacées n'apparaissent qu'occasionnellement.

Les forêts sempervirentes de montagne ou de collines : elles sont représentées en Inde, au Bhoutan, en péninsule malaise, au Sabah et au Sarawak ainsi qu'en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Elles comportent :

Les forêts semi-décidues : la plus grande partie de ces forêts se trouve en Inde, au Sri Lanka, en Birmanie et en Thaïlande. Elles sont moins riches en espèces, mais restent dominées par les diptérocarpacées.

Les forêts décidues humides tropicales : ces forêts se rencontrent principalement en Inde, au Népal et au Bangladesh, du niveau de la mer à 1 000 m d'altitude. Bien que moins belles physionomiquement et moins riches spécifiquement que les forêts denses, elles contiennent plus d'essences de valeur. Les forêts de teck d'Asie du Sud en sont le meilleur exemple. Les bambous en sous-bois en sont une caractéristique ( Bambusa arundinacea dans les endroits humides et Dendrocalamus strictus dans les endroits les plus secs). D'autres exemples sont fournis par les forêts à sal ( Shorea robusta) et à Pinus roxburghii. D'autres forêts, sans teck ni sal, se rencontrent en Inde avec les espèces suivantes : Pterocarpus dalbergioides, divers Terminalia, Albizzia lebbek... Les forêts de mousson du Sud-Est asiatique appartiennent aussi à ce groupe, avec le teck comme espèce dominante.

Les forêts édaphiques : il s'agit de formations dont la physionomie et la composition sont conditionnées par les caractéristiques du milieu.

Les forêts décidues sèches : la plupart de ces forêts se rencontrent sur les plateaux et dans les plaines. Elles sont très souvent parcourues par les feux. En Inde, les formations à teck et à sal prédominent. En Thaïlande, outre le teck, on y trouve des Pterocarpus, des Lagerstroemia, des Afzelia et de nombreuses espèces de bambous. En Papouasie- Nouvelle-Guinée elles assurent la transition entre les forêts sempervirentes et les savanes.

Les forêts de conifères

En Inde, au Pakistan, au Népal et au Bhoutan, les forêts de conifères sont situées en région himalayenne. Les espèces principales sont le Pinus roxburghii et le Pinus insularis, souvent mélangées à des chênes. Les principales espèces commerciales apparaissent entre 1 650 et 3 000 m ( Cedrus deodora, Pinus, Picea, Abies, Juniperus). En Thaïlande les forêts de conifères se situent sur des sols sableux dans les zones nord et centre ( Pinus merkusii et Pinus kesiya). En Indonésie on ne rencontre que des forêts à Pinus merkusii à Sumatra et des forêts à Agathis en Irian Jaya. En Irian Jaya, vers 3 500 m d'altitude on trouve encore des Araucaria, Dacrydium, Podocarpus. Aux Philippines se rencontrent des forêts pures de Pinus insularis et Pinus merkusii.

Les formations forestières ouvertes et formations arbustives

Les forêts à épineux : ces forêts résultent généralement de la dégradation de forêts originelles en raison des conditions climatiques, des sols et de l'action humaine. Ce sont des formations basses et ouvertes dans lesquelles les plantes à épines dominent. Les forêts riveraines de la région du Terai en Inde, au Népal et au Pakistan en sont les représentants, avec Acacia arabica, Prosopis spicigera, Tamarix, Dalbergia sissoo. Dans les régions arides du sous- continent indien et du Sri Lanka, les espèces les plus communes sont l' Acacia leucophloea, l' Acacia chundra, le Dichrostachys cinerea, et le Ziziphus. En Papouasie-Nouvelle-Guinée les savanes à Eucalyptus et à Melaleuca sont des exemples de formations ouvertes.

Les forêts sempervirentes sèches : ces formations sont communes en Asie du Sud dans les régions d'altitude moyenne (1 000 m et plus). Elles sont souvent dégradées par le pâturage et la surexploitation de bois de feu. Les espèces les plus fréquentes sont l' Acacia modesta, le Ziziphus jujuba, Dodonea viscosa...

La fruticée subalpine : on la rencontre en Inde, au Népal, au Bhoutan et au Pakistan à des altitudes comprises entre 3 000 et 4 600 m (forêts à Rhododendron).

LES FORMATIONS FORESTIÈRES D'AMÉRIQUE DU SUD TROPICALE

Les formations forestières feuillues denses

Elles regroupent les forêts denses sur terre ferme et les forêts marécageuses ou inondées. Les forêts denses de terre ferme se distinguent essentiellement selon les conditions climatiques et, en particulier, selon l'existence ou non d'une saison fraîche.

Les forêts sous climat constamment chaud présentent des allures quelque peu différentes selon la présence et la durée d'une saison sèche. Les forêts sous climat chaud et très humide constituent la grande majorité des forêts denses humides de l'Amérique du Sud tropicale : au Brésil et dans tous les autres pays et territoires périphériques couvrant les bassins de l'Amazone (à l'exception de la Bolivie) et de l'Orénoque et le massif des Guyanes (Guyane française, Surinam, Guyana, Venezuela). Au niveau le plus élevé de pluviosité correspondent les formations de la côte atlantique, au nord de l'embouchure de l'Amazone, le bassin supérieur du Rio Negro et la côte pacifique colombienne. Une deuxième formation, correspondant à des pluviosités plus faibles (mais au moins 2 000 mm), constitue un ensemble compact de plus de 350 millions d'ha répartis entre les 8e degré nord et 13e degré sud de longitude et les 46e et 78e degrés de latitude ouest. Une troisième enfin, est constituée par les forêts denses de la Côte atlantique (ces forêts ayant été presque partout défrichées). La composition floristique de ces trois zones est très hétérogène du fait de leur étendue (8 fois celle d'un pays comme la France). Les légumineuses sont les plus représentées (genres Andira, Eperua, Inga, Parkia, Peltogyne, Schizolobium, Swartzia, Vouacapoua).

Les autres familles les mieux représentées sont les anacardiacées, annonacées, euphorbiacées (hévéa), guttifères, lauracées ( Ocotea) lécythidacées ( Bertholletia, Eschweilera), méliacées ( Carapa, Cedrela, Swietenia), rosacées ( Licania, Parinari), sapotacées ( Manilkara, Mimusops), sterculiacées ( Theobroma) et vochysiacées ( Qualea, Voschysia). Les espèces de palmier y sont également très nombreuses.

Dans les Guyanes dominent les Eschweilera, les Licania et les Eperua, ainsi qu'au Venezuela. En Colombie, outre les habituelles légumineuses, sont présentes de nombreuses bombacacées, euphorbiacées, moracées et rubiacées. Il faut aussi y signaler la présence du balsa. En Equateur, on trouve Brosimum utile et Cedrela odorata et les légumineuses finissent par régresser à partir du Pérou. En altitude apparaît une saison fraîche. On y trouve les forêts semi-décidues du sud de l'Etat de Mato Grosso et de l'Etat de Paranã et les forêts des versants montagneux andins et guyanais. La végétation y est normalement étagée et, dans les Andes moyennes, on trouve successivement, des plaines vers les sommets, la forêt à lauracées (de 600 à 900 m), la forêt à myrtacées ( Eugenia) entre 800 et 1 200 m, la forêt à "nogal" ( Juglans australis) et à "pino" ( Podocarpus parlatorei) qui s'élève jusqu'à 1 700 m et, au-dessus, et jusqu'à 2 700 m, la forêt à "aliso" ( Alnus jorullensis).

Les forêts denses feuillues essentiellement édaphiques sont déterminées par l'abondance de l'eau dans le sol et occupent 5 % de la superficie totale des formations arborées d'Amérique du Sud tropicale. Ceci est à mettre en relation avec la faible déclivité des bassins de l'Amazone, de l'Orénoque et du Paranã qui n'est, en moyenne que de 0.03 %. Les forêts marécageuses couvrent de vastes surfaces le long des grands fleuves et rivières avec des concentrations particulières dans le delta de l'Amazone et sur la côte colombienne du Pacifique. L'élément type, au Brésil, est la forêt de "varzea". Les bombacacées y sont bien représentées ainsi que les légumineuses. L'espèce de bois d'oeuvre la plus importante est le Virola surinamensis. Les palmiers les plus fréquents y sont le palmier açaï ( Euterpe) et Mauritia flexuosa.

Les mangroves bordent la côte atlantique d'une manière discontinue depuis le 28oS jusqu'à l'isthme de Panamã, et la côte pacifique en Equateur et Colombie. Cinq genres de palétuviers constituent ces mangroves avec des combrétacées ( Bucida, Conocarpus et Laguncularia), des Avicennia et des Rhizophora (dont le Rhizophora mangle, le plus important).

Les forêts de conifères

On les trouve en conditions montagnardes (Pérou, Equateur) avec des mélanges de Podocarpus qui peuvent parfois former des peuplements purs, mais d'étendues réduites, et dans la partie subtropicale du Brésil méridional avec Araucaria angustifolia comme élément dominant. Ces forêts à Araucaria ont été très surexploitées et il n'en resterait que moins d'un million d'ha sur les 16 millions originels.

Les formations feuillues ouvertes

Les types climatiques correspondent principalement au "cerrado" du Brésil et aux formations du Chaco. La quasi- totalité du cerrado se trouve dans les Etats de Maranhão et Piaui au nord et de Goias, Bahia, Matto Grosso et Minas Gerais. Ces formations correspondent aux différents états de la savane, depuis les faciès les plus boisés jusqu'aux formations exclusivement herbeuses. Les forêts claires du Chaco se situent à cheval sur le Paraguay, la Bolivie et le nord de l'Argentine. Y dominent l' Apidosperma ( quebracho blanco) et le Schinopsis balansae ( quebracho colorado). On trouve encore de telles formations, à base d'épineux, dans les zones de plaine au nord de la Colombie et du Vénézuéla et dans les vallées sèches interandines entre le Pérou et l'Equateur (principaux genres : Acacia, Caesalpinia, Mimosa, Prosopis...). Les types édaphiques sont constitués principalement par des savanes (campinas) sur sables blancs incluses dans le massif amazonien, les "ilanos" de l'Orénoque au Venezuela, les formations sur savanes côtières des Guyanes, des formations inondées à palmier Copernicia en Bolivie et au Paraguay et le "pantanal" du Mato Grosso.

Les formations arbustives

La "caatinga" du nord-est brésilien couvre près des trois quarts de ces formations en Amérique tropicale. Elle est constituée par des arbustes et arbres souvent épineux, de nombreuses plantes succulentes (cactacées) et des broméliacées terrestres. Les légumineuses sont bien représentées avec des Acacia, Caesalpinia, Mimosa, Pithecellobium. On rencontre d'autres formations du même type sur le littoral vénézuélien, au nord du lac de Maracaïbo.

LES FORMATIONS VÉGÉTALES DU MEXIQUE ET D'AMÉRIQUE CENTRALE

Bien que de loin non comparable en surface à l'immensité du sous-continent sud-américain, la région centre-américaine et le Mexique présente néanmoins des caractéristiques intéressantes au niveau forestier, tant par leur richesse économique (bois précieux de Cedrela ou de Swietenia, bois de pins) que par leur rôle dans la conservation des sols et la diversité génétique. Elles sont en outre particulièrement menacées par les mises en culture traditionnelles, les grands projets agro-industriels, l'exploitation forestière et sont, pour les plus sèches, particulièrement vulnérables au feu.

Dans le domaine des forêts feuillues denses, les grands massifs du Yucatãn (Mexique), du Peten (Guatemala, Belize), de la Mosquitia (Honduras) et du Darien au Panamã méritent d'être signalés. Les forêts de conifères du Mexique sont d'une grande richesse : 35 espèces de pins ( Pinus oocarpa, patula, pseudostrobus, tenuifolia, ayacahuite...) et 7 espèces de sapins aux altitudes comprises entre 1 500 et 3 000 m, ainsi que celles du Guatemala où existent encore dix espèces de pins différentes. Les formations ouvertes sont caractérisées ici par les "mezquitales" du Mexique, formations à Prosopis, et dans celui des formations essentiellement arbustives les "chapparales" et "matorrales" de ce même pays à plantes succulentes (agave, yucca, Euphorbia, Opuntia).


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Parlement européen
Révisé le 1er septembre 1996
URL: http://www.europarl.ep.ec/dg7/forest/fr/s3-1-1.htm