RAPPORT sur la crise du virus Ebola: les leçons à long terme et les manières de renforcer les systèmes de santé des pays en développement afin de prévenir les crises à l'avenir
1.10.2015 - (2014/2204(INI))
Commission du développement
Rapporteur: Charles Goerens
- PROPOSITION DE RÉSOLUTION DU PARLEMENT EUROPÉEN
- EXPOSÉ DES MOTIFS
- AVIS de la commission de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire
- AVIS de la commission des droits de la femme et de l'égalité des genres
- RÉSULTAT DU VOTE FINAL EN COMMISSION COMPÉTENTE
- VOTE FINAL PAR APPEL NOMINAL EN COMMISSION COMPÉTENTE AU FOND
PROPOSITION DE RÉSOLUTION DU PARLEMENT EUROPÉEN
sur la crise du virus Ebola: les leçons à long terme et les manières de renforcer les systèmes de santé des pays en développement afin de prévenir les crises à l'avenir
Le Parlement européen,
– vu la résolution 2177 (2014) du Conseil de sécurité des Nations unies du 18 septembre 2014 sur la paix et la sécurité en Afrique,
– vu la résolution 69/1 de l'Assemblée générale des Nations unies du 19 septembre 2014 sur "des mesures visant à endiguer et combattre l'épidémie à virus Ebola qui s'est déclarée récemment en Afrique de l'Ouest",
– vu la décision du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, de mettre en place la première mission sanitaire d'urgence de l'histoire des Nations unies, la mission des Nations unies pour l'action d'urgence contre Ebola (Minuauce), après l'adoption de la résolution 69/1 de l'Assemblée générale et de la résolution 2177(2014) du Conseil de sécurité sur l'épidémie d'Ebola,
– vu le règlement sanitaire international (RSI) de 2005 de l'Organisation mondiale de la santé (WA 32.1),
– vu les recommandations issues de la consultation de l'OMS sur les zoonoses du 5 mai 2004,
– vu la déclaration de l'OMS du 8 août 2014 déclarant l'épidémie du virus Ebola au Liberia urgence de santé publique de portée internationale,
– vu la feuille de route de l'OMS du 28 août 2014 pour la riposte au virus Ebola et ses mises à jour,
– vu le rapport du directeur général de l'OMS à la session extraordinaire du Conseil exécutif sur Ebola réuni à Genève, le 25 janvier 2015,
– vu la déclaration de l'OMS du 9 mai 2015 sur la fin de la flambée de maladie à virus Ebola au Liberia,
– vu les orientations relatives aux programmes de vaccination dans la Région africaine dans le contexte de la flambée de maladie à virus Ebola, publiées par l'OMS,
– vu la déclaration à l'issue de la réunion de printemps 2015 du groupe Banque mondiale – FMI organisée à Washington, du 17 au 19 avril 2015,
– vu la conférence internationale sur le virus Ebola: de l'urgence à la reconstruction, organisée à Bruxelles le 3 mars 2015,
– vu l'institution par l'Union africaine, le 21 août 2014, de la mission d'appui de l'Union africaine à la lutte contre Ebola en Afrique de l'Ouest (Aseowa),
– vu le règlement (UE) n° 1291/2013 du 11 décembre 2013 portant établissement du programme-cadre pour la recherche et l'innovation "Horizon 2020" (2014-2020),
– vu la communication de la Commission COM(2010)0128, ainsi que les documents de travail associés SEC(2010)0380, 0381 et 0382, sur le rôle de l'UE dans la santé mondiale,
– vu les conclusions du Conseil européen du 24 octobre 2014,
– vu les conclusions du Conseil sur le rôle de l'Union dans la santé mondiale adoptées lors de la 3011e réunion du Conseil "Affaires étrangères", tenue à Bruxelles le 10 mai 2010,
– vu les conclusions du Conseil "Affaires étrangères" de l'Union européenne des 15 août 2014, 20 octobre 2014, 17 novembre 2014, 12 décembre 2014 et 16 mars 2015 sur la crise du virus Ebola en Afrique de l'Ouest,
– vu les rapports au Conseil européen, rédigés en novembre 2014 et en mars 2015 par Christos Stylianides, commissaire européen et coordinateur de l'Union pour le virus Ebola,
– vu le cadre d'intervention global de l'Union européenne pour l'épidémie du virus Ebola en Afrique de l'Ouest, élaboré par le Service européen pour l'action extérieure et la Commission,
– vu l'initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) et le rapport d'avancement 2011 de l'ITIE pour la Sierra Leone, le rapport d'avancement 2012 de l'ITIE pour le Liberia et le rapport d'avancement 2012 de l'ITIE pour la Guinée,
– vu le programme français RIPOST (Réseau d'instituts de santé publique en Afrique de l'Ouest),
– vu la résolution sur l'épidémie d'Ebola adoptée par l'assemblée parlementaire paritaire ACP-EU à Strasbourg, France, le 3 décembre 2014,
– vu sa résolution du 18 septembre 2014 sur la réaction de l'Union européenne à l'épidémie d'Ebola[1],
– vu l'article 52 de son règlement,
– vu le rapport de la commission du développement et les avis de la commission de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire et de la commission des droits de la femme et de l'égalité des genres (A8-0281/2015),
A. considérant que les systèmes de santé du Liberia, de la Sierra Leone et de la Guinée comportent d'énormes lacunes et que ces trois pays présentaient déjà avant l'épidémie certains des plus faibles indices de développement humain selon le classement du PNUD, environ 80 % de leurs citoyens vivant dans une situation d'extrême pauvreté, ainsi que les taux de mortalité prématurée des adultes et des enfants de moins de cinq ans les plus élevés du monde, et ce pour des maladies pour la plupart parfaitement guérissables;
B. considérant que la crise Ebola est systémique sur le plan local et régional mais aussi sur le plan de la gouvernance nationale et mondiale;
C. considérant que l'ampleur de la catastrophe peut être attribuée à plusieurs facteurs, parmi lesquels: l'échec politique des pays touchés à sonner l'alarme, la réponse inadaptée de la communauté internationale, les effets dévastateurs de la fermeture des frontières et des restrictions imposées aux individus, l'inefficacité des mécanismes de surveillance et d'alerte, la lenteur de la réponse et son inadéquation une fois l'aide mobilisée, l'absence marquée de leadership de l'OMS, et le manque de recherche et de développement sur les médicaments, les tests de dépistage et les vaccins;
D. considérant que l'on sait encore trop peu de choses sur la prévalence, la transmission et le potentiel de mutation du virus Ebola; considérant que la confusion généralisée et les incompréhensions régnant au sujet des causes et des conséquences de la maladie à virus Ebola ont entretenu la propagation du virus; considérant que la recherche ethnographique est utile pour comprendre la façon dont les collectivités travaillent et la manière d'atteindre des personnes de différentes cultures;
E. considérant que le virus Ebola été retrouvé dans le liquide séminal et le liquide oculaire de patients convalescents; considérant qu'il existe des cas évidents de transmission sexuelle, signe qu'il est difficile d'éradiquer le virus et de déterminer le moment où les pays peuvent être véritablement considérés comme exempts d'Ebola;
F. considérant que dans un grand nombre de pays africains, les systèmes de santé et d'éducation se sont détériorés du fait des programmes d'ajustement structurels imposés par le FMI et la Banque mondiale, qui exigeaient des réductions budgétaires dans le secteur public;
G. considérant que l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest a montré que les systèmes de santé locaux et nationaux dans les pays à faible revenu n'ont pas les moyens ou la solidité nécessaires pour faire face à une épidémie de maladie infectieuse comme celle d'Ebola; considérant que le renforcement des systèmes de santé dans le monde est donc devenu une composante à part entière de la gouvernance de la santé mondiale;
H. considérant le poids de la culture et des mœurs traditionnelles dans la gestion de la crise Ebola[2];
I. considérant que, dans une crise comme celle-ci, les plus marginalisés et vulnérables sont notamment les enfants, les adolescentes et les jeunes femmes, ce qui compromet gravement la participation des femmes à l'activité économique et accentue les inégalités entre les sexes dans l'éducation; considérant que les orphelins risquent d'être répudiés et stigmatisés;
J. considérant que l'épidémie d'Ebola qui a touché l'Afrique de l'Ouest est la plus importante et la plus complexe de toute l'histoire de cette maladie; considérant que l'OMS a initialement été alertée de l'épidémie d'Ebola le 23 mars 2014, mais que celle-ci n'a été déclarée urgence de santé publique de portée internationale par le Comité d'urgence du Règlement sanitaire international que le 8 août; considérant qu'avant cette épidémie, Ebola n'était pas considérée comme un défi de grande ampleur en matière de santé publique;
K. considérant que près de 500 professionnels de la santé sont morts du virus Ebola en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, des pays qui souffraient déjà d'une grave pénurie de personnel avant le déclenchement de la crise d'Ebola; considérant que les hôpitaux et le personnel médical n'avaient pas la capacité de gérer d'autres maladies, puisque les ressources étaient mobilisées pour lutter contre l'épidémie d'Ebola; considérant qu'il est nécessaire de protéger les infrastructures de santé et les professionnels de ce secteur pour pouvoir continuer à fournir des soins médicaux;
L. considérant que de nombreux patients guéris ont été exposés à la stigmatisation des membres de leur famille comme de la société; considérant que cette situation touche tout particulièrement les enfants qui ont perdu un ou deux parents et que bon nombre d'entre eux ont été rejetés par leurs proches survivants par crainte d'être contaminé;
M. considérant qu'il faut veiller à combiner l'épidémiologie, la santé publique et les sciences sociales pour tirer les leçons appropriées de l'épidémie d'Ebola;
N. considérant que dans les tout premiers mois de la crise Ebola, les ONG humanitaires, et notamment Médecins sans frontières et la Croix-Rouge, étaient les acteurs les plus efficaces, les mieux informés et les plus expérimentés, et qu'ils ont ainsi joué un rôle de tout premier plan dans cette séquence de la lutte contre le virus;
O. considérant que la fermeture des écoles et la tendance des enfants orphelins à devenir pourvoyeurs de soins dans les ménages risquent de créer une "génération perdue" d'enfants privés d'éducation formelle pendant de longues périodes;
P. considérant qu'avec leur savoir-faire, sans parler de leur capacité d'agir en réseau, les humanitaires ont prouvé que, le cas échéant, au début de la crise, ils peuvent être plus pertinents et plus efficaces que les "Institutionnels";
Q. considérant que la gestion de la crise Ebola a fait apparaître un autre phénomène que Médecins sans frontières a qualifié de "crise dans la crise", qui a eu pour effet d'éloigner des hôpitaux les personnes atteintes d'une maladie autre qu'Ebola par crainte de se faire contaminer par le virus;
R. considérant que l'Union européenne et ses États membres sont les premiers donateurs d'aide au développement du monde et ont mis à disposition une aide financière de plus de 1,39 milliard d'euros afin de contribuer à contenir l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest; considérant que ce montant permet à l'Union de négocier avec les pays partenaires et d'autres donateurs pour soutenir l'élaboration d'un système national de santé complet sur la base d'une stratégie cohérente, inclusive et fondée sur les besoins;
S. considérant la capacité avérée du Programme alimentaire mondial des Nations unies de déployer une logistique efficace qui pourra à l'avenir également être utile dans le domaine de l'alerte et de la riposte;
T. considérant que la sécurité du personnel soignant est un élément indispensable pour la mobilisation internationale des agents de santé;
U. considérant la nomination par le Conseil européen, le 23 octobre 2014, d'un coordinateur Ebola en la personne du commissaire chargé de l'aide humanitaire et de la gestion des crises, M. Stylianides; considérant que ce dernier s'est rendu dans les pays les plus touchés dès le 12 novembre 2014, en compagnie du commissaire chargé de la santé, M. Andriukaitis;
V. considérant que les Nations unies, l'OMS et la Commission européenne ont mis en place des processus d'évaluation de la gestion de l'épidémie;
W. considérant la déclaration de l'OMS d'avril 2015 qui a admis que "le monde et l'OMS sont mal préparés pour faire face à une épidémie de longue durée";
X. considérant qu'il est impérieux d'améliorer la gouvernance internationale en matière de gestion des crises sanitaires;
Y. considérant que l'accès aux médicaments est un élément important du droit à la santé;
Z. considérant que deux milliards de personnes dans le monde n'ont pas accès aux vaccins ou aux traitements dont ils ont besoin pour rester en vie et en bonne santé;
AA. considérant que l'accès aux médicaments ainsi que la recherche et le développement en la matière doivent répondre en priorité aux besoins des malades, qu'ils vivent chez nous ou dans les pays en développement;
AB. considérant que l'Initiative en matière de médicaments innovants est le plus grand partenariat public-privé du monde dans les sciences de la vie et dispose d'un budget de 3,3 milliards d'euros pour la période 2014-2024, dont 1,638 milliard provient de l'initiative Horizon 2020;
AC. considérant que le traumatisme causé par Ebola engendre de la méfiance à l'égard des établissements sanitaires, une appréhension de la part des professionnels de la santé lorsqu'ils reprennent le travail, ainsi qu'un appauvrissement des communautés et une défiance de leur part; considérant qu'il est urgent de relancer les services de santé de base et qu'il est tout aussi indispensable de mettre en place dans tous les pays en développement un système de santé robuste et performant, prévoyant entre autres une mutualisation des risques, ce qui implique une solide formation du personnel médical local;
AD. considérant que la crise Ebola a fait davantage plonger les pays de la zone affectée par le virus dans la récession et que pour la seule année 2015, selon la Banque mondiale, l'incidence sur le PIB des trois pays les plus touchés serait de 2 milliards de dollars;
AE. considérant que les trois pays ont sollicité auprès du FMI et de la Banque mondiale un "plan Marshall" de l'ordre de 7 500 millions d'euros pour les aider à sortir de la crise économique;
AF. considérant que certaines ONG ont appelé la Banque mondiale à lever autour de 1,7 milliard de dollars pour aider les pays à améliorer durablement leurs infrastructures sanitaires;
AG. considérant que la communauté internationale doit rester vigilante et que l'objectif est d'arriver au stade post-Ebola, sans plus aucun cas de nouvelle contamination sur une longue période;
AH. considérant que les bonnes pratiques en matière d'hygiène sont indispensables; considérant que ces trois pays manquent toutefois d'eau courante et de systèmes d'assainissement;
AI. considérant qu'il est à craindre qu'en cas de nouvelle épidémie, ces pays enregistrent des taux de mortalité comparables;
AJ. considérant que la haute représentante et vice-présidente, Federica Mogherini, le commissaire européen chargé de l'aide humanitaire et coordinateur Ebola de l'Union, Christos Stylianides, le commissaire européen chargé de la coopération et du développement international, Neven Mimica, les députés du Parlement européen, ainsi que les gouvernements et les parlementaires des États membres ont à plusieurs reprises appelé au renforcement des systèmes de santé;
AK. considérant que, selon le 11e Fonds européen de développement, le renforcement des systèmes de santé et des services d'eau et d'assainissement figure parmi les secteurs prioritaires en Guinée, mais pas au Liberia ni en Sierra Leone;
AL. considérant que la communication de la Commission sur le rôle de l'UE dans la santé mondiale (COM(2010)0128) présente une stratégie mondiale, complète, globale et basée sur les besoins en matière de santé qui a été approuvée par les États membres;
AM. considérant que tous les États n'ont pas pleinement mis en œuvre le RSI; considérant que le RSI devrait être révisé au vu de l'expérience accumulée à l'issue de la dernière épidémie d'Ebola;
AN. considérant qu'on sait peu de choses sur les zoonoses potentiellement dangereuses; considérant que les pratiques alimentaires et agricoles, le déboisement et le commerce d'animaux ou de produits d'origine animale ont conduit à l'émergence de nouvelles zoonoses comme la grippe aviaire, le virus Ebola et le VIH;
AO. considérant que l'OMS recommande une coordination entre les secteurs de la santé publique et vétérinaires;
AP. considérant qu'une délégation de la commission du développement se rendra en Sierra Leone en novembre 2015;
1. critique les lenteurs prises au niveau international pour répondre à cette crise dans les tout premiers mois; souligne la mobilisation et l'engagement de l'Union européenne et de ses États membres dès le mois de mars 2014 pour aider à contenir la propagation du virus Ebola; prend acte de l'application à plus grande l'échelle de l'engagement de l'Union et des États membres dans les domaines de l'aide humanitaire et de l'aide au développement, de la logistique et de la recherche pour répondre à la crise;
2. salue la mise au point d'un nouveau vaccin (en un temps record) qui s'était avéré efficace dans 100 % des cas en Guinée au 23 mars 2015, et demande que ce vaccin soit mis à disposition de manière urgente et certaine, à un prix abordable pour tous au Liberia et en Sierra Leone;
3. demande à tous les acteurs concernés, et en particulier aux gouvernements des pays en développement, aux institutions européennes et aux organisations internationales, de tirer les leçons de cette crise, y compris des effets négatifs des conditionnalités du FMI et des facilités d'ajustement structurel de la Banque mondiale sur le secteur de la santé dans les pays en développement, et de mettre au point des méthodes de lutte efficaces contre les crises sanitaires d'envergure internationale;
4. prend acte, à cet égard, de la réforme annoncée le 18 mai 2015 par la directrice de l'OMS et notamment la création d'un nouveau programme d'urgence et d'une réserve mondiale de personnel pouvant être déployée rapidement sur le terrain, ainsi que la mise à disposition d'un nouveau fonds de réserve de 100 millions de dollars spécifiques aux urgences; se félicite de l'engagement pris d'augmenter de 10 % le budget de l'OMS d'ici deux ans de manière à atteindre 4,5 milliards de dollars;
5. invite la communauté internationale à promouvoir des campagnes d'information et d'éducation dans les pays concernés; souligne l'importance capitale des campagnes de prévention et d'information dans la gestion de la crise, en particulier pour la limitation de la contamination et la sensibilisation aux pratiques à risque qu'il convient d'éviter; insiste sur l'importance de trouver d'autres moyens de diffuser des informations;
6. souligne avec force l'importance de lutter contre la montée des tensions entre les groupes résultant de l'épidémie d'Ebola, étant donné que des mythes pourraient accuser des groupes ethniques d'être à l'origine de l'épidémie d'Ebola;
7. estime que la réponse sur le long terme de l'Union européenne au-delà de l'aide d'urgence devra se situer d'abord sur le plan de l'aide au développement, qui inclut les investissements qu'il importe de réaliser dans le secteur de la santé pour en favoriser la résilience, notamment pour ce qui est de l'organisation et de la gestion des systèmes de santé, de la veille et de l'information sanitaires, des systèmes d'approvisionnement en médicaments, de la gouvernance nationale et de la consolidation de l'État, et ensuite se pencher sur l'indispensable aide au redémarrage économique des trois pays;
8. demande aux autorités de tenir compte des enseignements tirés concernant le phénomène de stigmatisation et de les appliquer dans toute crise humanitaire similaire qui surviendrait;
9. réaffirme l'importance de la prévention des conflits, dans la mesure où les conflits et la fragilisation des États ont une incidence très négative sur les systèmes de santé;
10. demande la mise en place d'une équipe européenne d'action rapide permanente comprenant des experts, des équipes de soutien en laboratoire, des épidémiologistes et une infrastructure logistique, y compris des laboratoires mobiles, qui puisse être déployée dans les plus brefs délais; souligne, en particulier, la valeur ajoutée que l'Union pourrait apporter dans le domaine du "dépistage aux frontières", au niveau terrestre et maritime, alors que les autorités sanitaires américaines excellent dans le dépistage exercé dans les aéroports – excellence que l'Union pourrait également émuler et dont elle pourrait tirer profit;
11. invite également l'Union européenne à soutenir la mise en place d'un réseau de points de contrôle dans les pays en développement afin de permettre la détection la plus rapide possible de nouveaux cas de maladies infectieuses à potentiel pandémique, afin de créer un réseau de sentinelle maillant le territoire de ces pays;
12. reconnaît la nécessité de soutenir la création de coopérations entre l'Union européenne et ses États membres et les pays en développement, et notamment ceux de l'Afrique de l'Ouest, en matière de formation du personnel médical;
13. souligne l'importance de renforcer les systèmes de protection et d'évacuation rapide pour les agents internationaux de santé;
14. déplore que les ajustements, les réformes et les politiques de développement inéquitables précédemment mis en œuvre aient contribué à l'inefficacité des systèmes de santé; demande instamment à la Commission d'aider les trois pays à développer leur propre système de santé publique afin qu'une réponse soit apportée à leurs besoins sanitaires de base et qu'ils puissent se doter des infrastructures susceptibles d'assurer l'accès aux soins publics de tous leurs citoyens; est d'avis en particulier que, pour développer un système de santé robuste à long terme, il convient, notamment, (i) d'investir des ressources dans les services de santé publique de base, (ii) de veiller à la sécurité et à la qualité des soins en consolidant les ressources destinées à former, à superviser et à rémunérer de manière adéquate les professionnels de la santé et en donnant accès à des médicaments sûrs, et (iii) d'impliquer les parties prenantes et les communautés locales dans la réponse aux crises et la planification du développement; invite les donateurs internationaux à augmenter l'aide publique au développement (APD) à destination de ces pays, à travers des systèmes nationaux tels que l'appui budgétaire; invite la Commission à élaborer, en coopération avec les pays partenaires, l'OMS, la Banque mondiale et d'autres donateurs, des plans de santé cohérents basés sur les besoins et des procédures de contrôle;
15. affirme que les réponses devraient porter sur les causes sous-jacentes des déficits de représentation des femmes, les difficultés d'accès à la santé et aux services et les incidences sur les moyens de subsistance; souligne en particulier qu'il est nécessaire d'offrir des services de base et des soins de qualité, en accordant une attention particulière aux soins maternels et aux services obstétriques et gynécologiques;
16. salue la communication de la Commission sur le rôle de l'Union dans la santé mondiale (COM(2010)0128) et sa vision globale sur les systèmes de santé complets, son approche transversale et ses efforts en faveur de la couverture universelle des soins de santé; encourage la Commission à revoir cette communication à la lumière des nouvelles connaissances acquises pendant la crise d'Ebola en conservant son approche globale et transversale et à présenter et à mettre en œuvre un programme d'action en temps voulu;
17. souligne, en général, la nécessité, pour les pays en développement, de prévoir prioritairement des lignes budgétaires pour mettre en place des systèmes de sécurité sociale et de santé publics solides et résilients, construire un nombre suffisant d'infrastructures sanitaires durables bien équipées (notamment des laboratoires, des installations d'approvisionnement en eau et d'assainissement) et offrir des services de base et des soins de qualité; souligne la nécessité de disposer d'une proportion suffisante de professionnels de la santé par rapport à la population et demande aux gouvernements des pays touchés de veiller à ce que les professionnels de la santé soient rémunérés et que l'argent destiné à la santé parvienne à la population; reconnaît néanmoins que cette crise telle que nous la connaissons ne peut être résolue par les seuls systèmes de santé, mais qu'une approche globale impliquant différents secteurs, tels que l'éducation et la formation, les infrastructures sanitaires, la sécurité alimentaire et l'eau potable, est nécessaire pour remédier aux lacunes critiques dans tous les services essentiels; relève par ailleurs que l'éducation à la dimension culturelle et aux croyances des pays concernés est également essentielle pour sortir de la crise;
18. rappelle que les investissements dans le secteur de la santé représentent un vecteur important de développement économique et contribuent à faire reculer la pauvreté dans les pays en développement; se félicite de l'intégration de l'objectif 3 "Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge" dans la proposition des futurs objectifs de développement durable (ODD);
19. souligne que les plans chiffrés à long terme nécessaires pour développer des systèmes de santé complets et robustes doivent en outre prévoir un nombre adapté de professionnels de la santé qualifiés, l'accès à des quantités suffisantes de fournitures médicales et des systèmes d'information médicale solides;
20. demande le renforcement des infrastructures de recherche par la création d'un "centre régional de recherche sur les maladies infectieuses" en Afrique de l'Ouest et la création de coopérations interuniversitaires avec la participation de l'Union européenne et de ses États membres;
21. souligne la nécessité de s'attaquer aux inégalités sociales pour développer un système de santé public durable et robuste; soutient, à cette fin, la mise en place d'une couverture universelle de santé financée par des fonds publics et gratuite pour l'usager, et demande instamment à la Commission de présenter le plus tôt possible, en collaboration avec les pays partenaires et les autres donateurs, un programme de mise en place d'une couverture de santé universelle garant de la mutualisation des risques sanitaires;
22. demande à tous les pays de s'engager à fournir une couverture universelle de santé et d'élaborer un plan d'identification des ressources nationales et du financement international potentiel permettant d'atteindre cet objectif; soutient l'objectif d'augmenter les dépenses de soins de santé dans tous les pays au seuil minimum reconnu de 86 dollars par personne pour les services de santé essentiels;
23. salue la conférence internationale de haut niveau sur Ebola du 3 mars 2015, organisée sous l'égide de l'Union européenne et des principaux partenaires dans le but d'éradiquer Ebola, mais aussi d'évaluer les incidences sur les pays touchés afin de s'assurer que l'aide au développement sera fondée sur les efforts humanitaires;
24. soutient l'idée de la mise en place d'un "plan Marshall" pour faire redémarrer l'économie de ces pays; propose d'offrir une assistance technique à l'administration pour renforcer ses capacités et veiller à ce que l'argent parvienne effectivement à la population et ne soit pas perdu du fait de la corruption ou détourné à d'autres fins;
25. salue les efforts internationaux destinés à alléger les obligations internationales en matière de dette des pays affectés par le virus Ebola;
26. estime que l'efficacité des partenariats entre l'Union européenne et la zone de crise ne sera assurée que si le Liberia, la Guinée et la Sierra Leone sont en mesure de prendre le contrôle le plus rapidement possible de leur propre développement;
27. estime que la programmation du 11e Fonds européen de développement devrait être réexaminée afin de s'assurer que les investissements dans le domaine de la santé et de la bonne gouvernance deviennent des domaines prioritaires pour tous les pays dotés d'infrastructures publiques fragiles; est préoccupé par le fait que la santé, l'approvisionnement en eau et l'assainissement ne figurent pas parmi les secteurs prioritaires des programmes indicatifs nationaux du Liberia et de la Sierra Leone; invite la Commission à mettre en place des mécanismes pour surveiller l'aide plus étroitement;
28. estime que la révision à mi-parcours du cadre financier pluriannuel (CFP) ne pourra plus ignorer le risque de sous-financement structurel des actions humanitaires de l'Union européenne;
29. félicite l'action des acteurs humanitaires et du personnel médical présent sur place, qui, au risque de leur propre vie, se sont investis pour contenir cette crise sanitaire majeure;
30. félicite la mission des Nations Unies pour l'action d'urgence contre Ebola (Minuauce), les organisations partenaires et les organisations humanitaires non gouvernementales, telles que Médecins Sans Frontières, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et Emergency, entre autres, pour leurs actions menées sur le terrain, et considère très précieux les conseils et l'aide qu'elles apportent pour aider à contenir l'épidémie; déplore qu'une partie du personnel médical et des autres acteurs participant à la gestion de l'épidémie aient fait l'objet de discriminations à leur retour d'Afrique;
31. estime que l'accès aux médicaments ne devrait en principe plus être fonction du pouvoir d'achat des patients mais répondre aux besoins du malade, tout comme le marché ne devrait pas décider seul du choix des médicaments à produire;
32. demande à l'Union européenne et à ses États membres de respecter le principe de l'Union de la cohérence des politiques au service du développement, consacré par l'article 208 du traité FUE, à travers la promotion d'un commerce international juste et équitable, de la recherche médicale et de politiques d'innovation qui favorisent et facilitent l'accès universel aux médicaments;
33. invite la Commission à explorer d'autres modèles que ceux basés sur les monopoles de brevets lorsqu'il s'agit de la mise au point de médicaments ou de vaccins par des partenariats public-privé, comme l'Initiative en matière de médicaments innovants, qui peuvent garantir l'accès des patients aux traitements, la viabilité des budgets des soins de santé et une réponse efficace aux crises comme celle causée par le virus Ebola ou des menaces similaires;
34. rappelle l'importance de renforcer la capacité de recherche dans la lutte épidémiologique mondiale, de développer des "tests rapides" et de garantir l'accès aux vaccins; se félicite, à cet égard, du fait que de nombreux fonds européens de recherche aient été mobilisés pour lutter contre le virus Ebola et notamment via l'Initiative en matière de médicaments innovants, le programme Horizon 2020 en encore le partenariat des pays européens et en développement sur les essais cliniques (EDCTP); souligne que, si les vaccins sont les bienvenus, ils ne sont probablement pas adaptés pour éradiquer le virus Ebola, puisque celui-ci est en pleine mutation; souligne donc que la priorité de financement doit être accordée au renforcement du système de santé général, à l'hygiène, au confinement, aux tests rapides et fiables dans les zones tropicales et à la conception de médicaments qui ciblent le virus et les symptômes qu'il provoque;
35. demande instamment à tous les acteurs concernés de promouvoir la formation citoyenne en matière de santé en mettant l'accent sur la question des mœurs traditionnelles incompatibles avec la lutte contre la propagation épidémiologique;
36. souligne que l'Union doit promouvoir le financement efficace et équitable de la recherche au service de la santé de chacun et veiller à ce que les innovations et les interventions donnent lieu à des solutions abordables et accessibles; réaffirme, en particulier, qu'il convient d'explorer les modèles qui dissocient les coûts de recherche et de développement des prix des médicaments, et notamment la possibilité de transférer des technologies vers les pays en développement;
37. réaffirme la nécessité d'investir dans les maladies négligées; invite, à ce titre, la Commission à poursuivre le débat en la matière et à ouvrir une grande coopération publique-privée, à condition que des mesures de garantie soient introduites pour empêcher que le partenariat public-privé ne nuise aux plus vulnérables dans un marché non réglementé, coopération visant à renforcer les systèmes nationaux de santé et à faciliter le transfert des résultats à la population concernée; se félicite à cet égard du fait que, pour répondre au besoin urgent de nouveaux traitements, l'Union a débloqué 138 millions d'euros pour des projets qui développent des essais cliniques de nouveaux vaccins, des tests de diagnostic rapides et des traitements dans le cadre de l'initiative Horizon 2020 et de l'Initiative en matière de médicaments innovants; félicite l'industrie pharmaceutique européenne, qui a également engagé des ressources importantes pour soutenir les efforts de recherche;
38. souligne que l'Ebola et d'autres épidémies sont des menaces transnationales qui nécessitent une coopération à l'échelle internationale; demande à l'OMS de réviser le RSI en vue d'y inclure une responsabilité interdépendante et un soutien financier, notamment pour remédier aux causes profondes des crises;
39. salue, face à la mise en œuvre sommaire du RSI et au manque de surveillance épidémiologique, le programme français RIPOST (Réseau d'instituts de santé publique en Afrique de l'Ouest);
40. souligne que, maintenant que l'épidémie est sur le déclin et vu que le virus persiste dans les gonades plusieurs mois après la guérison, des services de conseil sexuel et de planning familial doivent être proposés dans le cadre du système de santé et de mesures d'éducation;
41. souligne qu'il est de plus en plus probable qu'une crise alimentaire survienne à la suite de l'épidémie, qui a eu des effets dévastateurs sur les petits exploitants agricoles; appelle les États membres, la Commission et la communauté internationale à investir dans le développement à long terme afin de garantir que les ménages agricoles et la sécurité alimentaire de l'Afrique de l'Ouest ne continuent pas d'être menacés à l'avenir;
42. demande à sa commission compétente d'assurer le suivi de la gestion de la crise en étroite collaboration avec le coordinateur de l'Union pour Ebola et après la mission du Parlement européen en Sierra Leone avant de soumettre une évaluation définitive basée sur des critères bien définis;
43. charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, à la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, aux gouvernements et aux parlements des États membres, aux gouvernements et aux parlements des pays de l'Union africaine, au secrétaire général des Nations unies et à l'Organisation mondiale de la santé.
- [1] Textes adoptés de cette date, P8_TA(2014)0026.
- [2] Cas des mœurs qui interdisent de brûler les morts, par exemple.
EXPOSÉ DES MOTIFS
Depuis mars 2014, la Sierra Leone, le Liberia et la Guinée sont victimes de la plus forte épidémie d'Ebola que l'humanité ait jamais connue. La perméabilité des frontières a favorisé le passage du virus d'un pays à l'autre. Les trois pays en question se retrouvent parmi les derniers dans le classement du PNUD pour ce qui est de l'indice du développement humain. Leur espérance moyenne de vie est soit égale soit inférieure à 60 ans, la scolarité y excède rarement trois ans et environ 80 % de leurs citoyens vivent dans l'extrême pauvreté.
Ces indicateurs révèlent une situation de très grande vulnérabilité de ces populations. Il est évident que les trois pays en question ne peuvent pas s'en sortir tout seul. L'ampleur et la complexité de l'actuelle épidémie d'Ebola constitue un vrai défi pour ces trois États, dont les lacunes en matière de santé et d'éducation sont pour ainsi dire structurelles. Au plan local, régional et national, la crise d'Ebola est donc systémique.
Systémique, la crise d'Ebola l'est aussi sur le plan de la gouvernance globale. En effet, la communauté internationale a pris trop de temps avant de comprendre la gravité de la situation et de réagir.
Ce n'est qu'à partir de septembre 2014 que les choses ont vraiment commencé à bouger. Avec sa décision de confier à M. Stylianides, nouveau commissaire de l'action humanitaire, la mission de coordinateur de l'Union européenne en matière d'Ebola, le Conseil européen donne un signal fort à la fois aux États membres et à la Commission. Il ne suffit désormais plus d'improviser. Qu'il soit rappelé, en passant, que la base juridique d'une telle mission est d'ores et déjà inscrite dans le traité de Lisbonne.
Le mandat du commissaire pour l'action humanitaire est très vaste et constitue une vraie épreuve pour l'ensemble des acteurs européens sur le plan de la recherche, de l'innovation, de l'encadrement de l'urgence, de l'envoi de personnel médical sur le terrain, de la mise en place d'un système d'évacuation et des efforts à déployer dans le plus long terme en matière de coopération au développement.
Le Parlement européen est fidèle à sa tradition en rappelant qu'en l'occurrence, sa mission consiste à contrôler l'exécutif, à assumer sa fonction de législateur et à donner finalement des impulsions politiques. Pour la commission du développement du Parlement européen, l'Union européenne, premier acteur de développement dans le monde, a une responsabilité particulière en matière de promotion du droit d'accès universel aux soins. On peut exiger de l'Union européenne qu'elle ait une ardeur d'avance sur tous les autres acteurs. Il faut que sa voix soit entendue, notamment au cours de cette année, qui est consacrée au développement sous le slogan "Notre monde, notre avenir, notre dignité."
Ainsi, en matière de lutte contre Ebola, l'Union européenne doit répondre aux défis et questions centrales suivantes:
Quel est son rapport à l'OMS, qui est censée donner des informations sur le développement d'une épidémie à un stade très précoce? Par ailleurs, c'est l'OMS qui donne des orientations au monde scientifique, dont on attend qu'il se mobilise pour le développement d'un vaccin et de médicaments en réponse à la maladie d'Ebola.
Est-elle à même de se doter des capacités de transport et de déploiement logistique indispensables à l'endiguement de l'épidémie? À titre d'exemple, les États-Unis ont été en mesure de déployer très rapidement des milliers de militaires et du matériel considérable en un temps record dans la zone contaminée par le virus Ebola.
Par ailleurs, la gestion de la crise Ebola a fait apparaître un autre phénomène – "la crise dans la crise", comme l'a rappelé Médecins sans frontières dans l'un de ses appels. Beaucoup de personnes atteintes d'une maladie autre qu'Ebola cessent de fréquenter les hôpitaux par crainte de se faire contaminer par le virus. De l'Union européenne, on attend qu'elle s'efforce de trouver une solution à ce phénomène en étroite collaboration avec ses partenaires africains.
De plus, ne faudrait-il pas aider les pays africains à se doter progressivement de davantage de capacités de recherche propres?
Parlons aussi du rôle du politique dans la recherche. Ce n'est pas le marché qui doit définir les priorités de recherche, nous rappellent à juste titre les partisans du droit à la couverture universelle en matière de santé. Quelles sont dès lors les initiatives à prendre par l'Union européenne dans ce domaine, à son échelle, mais aussi dans les forums internationaux?
Votre rapporteur reste persuadé que dans les tout premiers mois de la crise Ebola, les ONG humanitaires, et notamment Médecins sans frontières et la Croix-Rouge, étaient les acteurs les plus efficaces, les mieux informés et les plus à même de jouer un rôle de tout premier plan dans cette séquence de la lutte contre le virus dont on sait à quel point elle est lourde de conséquences pour la suite. Avec leur niveau indiscutable d'expérience, de connaissances, ainsi que leur capacité de savoir-faire et de faire savoir, sans parler de leur capacité d'agir en réseau, les humanitaires ont prouvé que, le cas échéant, au début de la crise, ils peuvent être plus pertinents et plus efficaces parce que plus préparés que les "Institutionnels". Il importe, dès lors, de lancer une réflexion sur la manière de mieux valoriser les capacités des acteurs humanitaires à l'avenir. Il ne s'agit pas, bien entendu, de remettre en question leur statut et leurs principes fondamentaux. Ce n'est pas parce que la question est extrêmement délicate qu'il ne faille pas la poser.
Aussi faut-il déjà penser dès à présent à la période post-Ebola. Le stade de post-Ebola est atteint lorsqu'il n'y a plus un seul cas de nouvelle contamination pendant 42 jours. Dans ce cas, la réponse de l'Union européenne devra se situer sur deux plans: premièrement, sur celui de l'aide au développement, qui inclut les investissements qu'il importe de réaliser dans le domaine de la santé, et, deuxièmement, sur le plan de l'indispensable aide au redémarrage économique des trois pays. Pour ces trois pays, on avait tablé, avant la crise, sur une croissance annuelle de leur PIB en moyenne bien supérieure à 5 %. Toutefois, Ebola ayant sensiblement freiné l'activité économique, les trois pays se retrouvent aujourd'hui en récession. Plus tôt ces trois économies seront en mesure de dégager suffisamment de ressources, mieux ce sera pour l'autonomie de leurs pays et leur capacité de financer les besoins indispensables en matière de santé.
Les partenariats entre l'Union européenne et la zone de crise ne seront efficaces que si le Liberia, la Guinée et la Sierra Leone sont en mesure de s'approprier le plus rapidement possible leur propre développement. La programmation du Fonds européen de développement (FED) en faveur de ces trois pays va devoir être réexaminée au regard des défis nombreux qu'a fait apparaître la crise d'Ebola. Aussi importe-t-il de signaler dès à présent que la révision à mi-parcours du cadre financier pluriannuel (CFP) ne pourra plus ignorer le risque de sous-financement structurel des actions humanitaires de l'Union européenne.
Pour terminer, exprimons l'espoir que tous les acteurs feront preuve d'une hauteur de vue suffisante, permettant à chacun d'assumer ses responsabilités dans la période qui suit, malgré le fait qu'Ebola a déjà disparu depuis belle lurette du journal de 20 heures, du moins dans nos pays.
Pour conclure, il y a lieu de rappeler que l'actuelle crise d'Ebola est à la fois un révélateur des lacunes structurelles qui subsistent dans nombre de pays et un rappel aux responsables de l'Union européenne de persévérer dans leur volonté de consacrer au moins 20 % de son aide publique au développement des secteurs sociaux de base, dont prioritairement la santé.
AVIS de la commission de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire (27.3.2015)
à l'intention de la commission du développement
sur la crise du virus Ebola: les leçons à long terme et les manières de renforcer les systèmes de santé des pays en développement afin de prévenir les crises à l'avenir
(2014/2204(INI))
Rapporteur: Josu Juaristi Abaunz
SUGGESTIONS
La commission de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire invite la commission du développement, compétente au fond, à incorporer dans la proposition de résolution qu'elle adoptera les suggestions suivantes:
A. considérant que l'épidémie d'Ebola survenue en 2014 en Afrique de l'Ouest est la plus importante et la plus complexe de toute l'histoire de cette maladie, a touché de nombreux pays et infecté ou tué des milliers de personnes[1]; considérant que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a initialement été alertée de l'actuelle épidémie d'Ebola le 23 mars 2014, mais que celle-ci n'a pas été déclarée urgence de santé publique de portée internationale par le Comité d'urgence du Règlement sanitaire international avant le 8 août; considérant qu'avant cette épidémie, Ebola n'était pas considérée comme un défi de grande ampleur en matière de santé publique;
B. considérant que 150 cas nouveaux, confirmés, de la maladie à virus Ebola ont été signalés durant la semaine qui s'est achevée le 15 mars; que durant cette même semaine, 95 nouveaux cas, confirmés, ont été signalés en Guinée, soit le chiffre le plus élevé enregistré dans ce pays en 2015, et que, toujours durant cette même semaine, le Sierra Leone a enregistré 55 nouveaux cas, confirmés, soit le chiffre hebdomadaire le plus faible bas depuis la fin juin 2014; que le Liberia n'a pas signalé de nouveaux cas, confirmés, de la maladie pour la troisième semaine consécutive;
C. considérant que l'épidémie a touché plus de 20 000 personnes, principalement en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, et qu'elle s'est étendue, au départ de l'Afrique, à deux autres continents qui ont fait état de cas isolés; que les pays les plus gravement touchés par l'actuelle épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest sont des pays dont les systèmes de santé sont particulièrement vulnérables et manquent de moyens et de personnel; considérant que l'aggravation de l'épidémie d'Ebola est à l'origine non seulement d'une crise médicale causant la mort de milliers de personnes, mais aussi de pressions sociales et économiques ainsi que d'une instabilité politique dans les pays touchés et dans toute la région;
D. considérant que cette épidémie est imprévisible et constante par manque de structures d'isolement et de personnels soignants qualifiés, tandis que le personnel soignant étranger éprouve des difficultés à gagner la confiance des populations concernées; que l'aide internationale doit couvrir tous les aspects essentiels de l'épidémie, de la sensibilisation et de la mobilisation de la communauté en améliorant la qualité et l'efficacité des systèmes de santé et en assurant la formation de personnel de santé, ainsi que des soins médicaux auxiliaires, en passant par le contrôle épidémiologique, un suivi et une surveillance coordonnés; rappelle que l'introduction d'un cas dans un pays non touché reste un risque tant que des cas sont signalés dans un pays quel qu'il soit;
E. considérant que le manque d'expérience de la maladie causée par le virus Ebola, la mobilité élevée de la population, la méconnaissance largement répandue de cette maladie et de ses modes de transmission dans le grand public, ainsi qu'une forte résistance de la communauté à un traitement préventif accompagnée d'un comportement agressif à l'encontre du personnel médical international, ont constitué les plus grands défis dans les trois pays les plus touchés par la maladie;
F. considérant que la qualité et l'efficacité des systèmes de santé ont été essentielles afin de maîtriser efficacement l'épidémie;
G. considérant que l'incidence de la crise du virus Ebola dépasse les taux de mortalité et affecte la stabilité politique et la prospérité des économies des régions touchées, et constitue une menace pour leur sécurité alimentaire et leur cohésion sociale; et que pour la seule année 2015, selon la Banque mondiale, l'incidence sur le PIB des trois pays les plus touchés sera de 2 milliards de dollars, en conséquence directe de la crise;
H. considérant qu'en février 2015, l'OMS a mentionné pour la première fois de l'année une augmentation de l'incidence hebdomadaire dans les trois pays où la transmission est intense (Guinée, Liberia, et Sierra Leone) et où la réponse à Ebola représente encore un défi important;
I. considérant que la communauté internationale a sous-estimé l'importance de l'épidémie et que, par conséquent, la réponse apportée au début de celle-ci a été hésitante et principalement axée sur le financement et la construction de structures de gestion de l'épidémie d'Ebola, laissant aux autorités nationales, aux employés des structures médicales locales et aux ONG le soin d'embaucher des employés pour lesdites structures;
J. considérant que l'Union européenne a constitué une aide financière de 1,1 milliard d'euros provenant de plus de 434 fonds de la Commission; considérant que l'OMS a récemment préconisé trois mesures pour éradiquer totalement Ebola: un fonds supplémentaire d'un milliard d'USD (800 millions d'euros), une meilleure coordination et une meilleure gestion des situations d'urgence et la garantie d'accès au marché des nouveaux médicaments;
K. considérant que la Commission européenne joue un rôle actif depuis le tout début de l'épidémie, qu'elle a intensifié sa réponse à l'épidémie et suit la situation par l'intermédiaire de son Centre de coordination de la réaction d'urgence, qui sert à coordonner l'assistance de l'Union européenne sous l'autorité du coordinateur Ebola de l'Union, Christos Stylianides;
L. considérant que l'éradication de la maladie à virus Ebola connaît des difficultés considérables telles que le début de la saison des pluies, l'expansion géographique de la maladie, sa transmission à grande échelle, la résistance permanente de la communauté et des enterrements contraires aux normes de sécurité;
M. considérant que l'activation du mécanisme de protection civile de l'Union européenne a facilité le déploiement rapide et coordonné des fournitures d'urgence et des experts mis à disposition par les États membres;
N. considérant que cette région reste dépourvue d'équipements adaptés dans les lieux dédiés à la mise en quarantaine et à l'examen des patients; qu'en de nombreux endroits d'Afrique de l'Ouest, leur coordination, leur répartition géographique et leur flexibilité représentent encore un énorme défi;
O. considérant que, d'après les données de l'UNICEF, l'épidémie a laissé plusieurs milliers d'enfants orphelins; considérant que de nombreuses victimes d'Ebola souffrent de discrimination, de la perte de leur statut et d'exclusion sociale;
P. considérant que l'épidémie d'Ebola a mis en lumière de graves lacunes des systèmes locaux de prévention et de gestion de crise sanitaire; considérant que la réponse de la communauté internationale aux pays touchés par Ebola devrait comporter différents aspects tels que, les capacités de laboratoire nécessaires pour diagnostiquer et confirmer l'infection, des campagnes de sensibilisation, un engagement plus fort de la communauté et une meilleure compréhension des cultures, la mobilisation sociale, le suivi et le contrôle des personnes ayant été en contact avec le virus, les alertes et la surveillance ainsi que l'accès aux soins de santé pour les patients non atteints par le virus Ebola et la garantie d'enterrements respectant les normes de sécurité; considérant que la protection des installations sanitaires – lesquelles demeurent insuffisantes dans certaines zones d'Afrique de l'Ouest – et du personnel des services de santé – lequel joue un rôle essentiel dans ces situations d'urgence –, doit être mise en place grâce à une formation aux soins médicaux d’urgence en vue de remédier à la grave pénurie de personnel médical local et de contenir l'épidémie;
Q. considérant que la Commission a lancé, via l'IMI (Innovative Medicines Initiative), huit projets consacrés aux vaccins et aux diagnostics menés dans le cadre du nouveau programme Ebola+ et dotés d'un budget total de 215 millions d'euros; rappelle que 114 millions d'euros proviennent d'Horizon 2020, et les 101 millions restants, des sociétés pharmaceutiques participant aux projets; considérant que des moyens financiers supplémentaires seront encore nécessaires pour aider les pays touchés à importer des vaccins, reconstruire les systèmes de santé qui se sont effondrés et rétablir leurs services d'immunisation; considérant que les résultats d'essais cliniques pour des vaccins contre Ebola devraient être disponibles au premier trimestre 2015 et qu'entretemps, deux vaccins candidats sont actuellement testés sur des êtres humains et que les deux se sont révélés sûrs et efficaces sur les animaux;
R. considérant que l'épidémie a eu des répercussions dramatiques sur le personnel de santé local et sur le processus de formation en Afrique de l'Ouest; considérant que le personnel médical court encore un grand risque d'être infecté par le virus Ebola;
S. considérant que les mesures prises dans la lutte contre Ebola devraient constituer une partie du processus coordonné permettant de garantir davantage de transparence et de clarté et d'accorder une plus grande attention aux abus et à la satisfaction des besoins;
T. considérant que le ciblage de l'aide internationale exclusivement sur le virus Ebola et non sur le renforcement des capacités locales à faire fonctionner des systèmes de soins efficaces peut générer des effets pervers comme la recrudescence de l'incidence d'autres maladies pour lesquelles les efforts de prévention et de traitement sont relâchés, comme les diarrhées provocant la mortalité chez les enfants et la malaria;
U. considérant que l'incidence des taux de mortalité dans les pays touchés est encore aggravée par des systèmes de santé en difficulté, incapables de fournir des services de base tels que des services d'immunisation, de garde d'enfant et de santé maternelle;
1. déplore la perte en vies humaines dans la région dévastée par l'épidémie d'Ebola et présente ses sincères condoléances aux gouvernements et aux populations des pays touchés directement et indirectement par l'épidémie;
2. salue la mission des Nations unies pour l'action d'urgence contre Ebola (MINUAUCE), la création de la task-force européenne et la nomination du commissaire Christos Stylianides au poste de coordinateur de l'UE pour la lutte contre Ebola, ainsi que l'importante contribution et l'aide des nombreuses organisations partenaires, des institutions nationales et internationales spécialisées, des bailleurs de fonds, des ONG nationales et internationales, du personnel médical local et international et des volontaires pour leur travail sur place dans la lutte contre Ebola;
3. note les progrès accomplis et les contributions apportées au niveau international et européen, mais souligne qu'un travail considérable reste à accomplir afin d'aider les pays à contenir et éradiquer l'épidémie d'Ebola; réaffirme l'importance d'une stratégie européenne afin de coordonner la réponse à Ebola au niveau européen et d'améliorer l'état de préparation et la protection dans l'Union elle-même;
4. invite les États membres, la Commission et la communauté internationale à coordonner et à renforcer la recherche médicale et la production de médicaments et de vaccins efficaces contre Ebola et d'autres maladies émergentes, lesquelles, autrement, sont négligées par le secteur pharmaceutique, en veillant à garantir les conditions éthiques de déroulement des essais via le consentement éclairé préalable des patients sujets aux essais, la transparence des données cliniques issues de ces recherches ainsi que l'accès effectif, gratuite dans la mesure du possible, de ces vaccins et traitements aux populations visées (personnels qualifiés et infrastructures adéquates pour l'administration du traitement, prix n'excédant pas le coût réel de production); déplore cependant que les accords de subvention des projets Ebola+ soient signés après le déblocage des fonds IMI et pas avant, et espère que les sociétés pharmaceutiques impliquées adhéreront aux principes de responsabilité sociale d'entreprise et les respecteront, en particulier en veillant à ce que le traitement par vaccin innovant soit financièrement abordable;
5. accueille favorablement les huit projets de recherche menés par l'Union dans le cadre du programme Ebola + de l'initiative en matière de médicaments innovants en vue de mettre au point des vaccins et des tests de diagnostic rapide;
6. souligne que la communauté internationale devrait tirer des enseignements de son autocritique sur la réponse tardive compte tenu des caractéristiques particulières de cette épidémie; insiste sur la nécessité de continuer à soutenir des institutions telles que l'OMS, qui s'est avérée essentielle au niveau international pour coordonner et promouvoir les questions de santé publique;
7. se réjouit de la mobilisation par la Commission de 24,4 millions d'euros en 2014 et de 114 millions d'euros en 2015 issus d'Horizon 2020, pour financer des projets de recherche en matière de lutte contre Ebola grâce à la mise au point de vaccins, de tests de diagnostic rapide et d'essais cliniques afin de tester les traitements combinés contre Ebola nouveaux et existants;
8. salue le fait qu'en janvier 2015, le premier essai d'un candidat médicament pour traiter Ebola ait débuté dans un centre de Médecins Sans Frontières au Liberia et se réjouit que les essais des vaccins, qui prennent normalement des décennies, soient à présent ramenés à quelques semaines ou mois dans les pays touchés par Ebola;
9. estime que la réponse initiale apportée par les États membres et la Commission a été hésitante et n'a pas correspondu pas à la véritable ampleur de la crise; salue et encourage à cet égard l'actuelle intensification de l'engagement financier de la Commission européenne et des États membres dans les domaines de l'aide humanitaire et de l'aide au développement, de la logistique et de la recherche afin de répondre à la crise; souligne toutefois la nécessité de garantir l'accès au marché des médicaments innovants, ainsi que l'accès des équipes médicales, des travailleurs de santé qualifiés, des laboratoires, des épidémiologistes et de l'équipement de protection, aux régions touchées par Ebola;
10. invite l'Union européenne à rester au premier plan de la lutte contre l'épidémie d'Ebola; souligne que, bien que les efforts consentis afin de contenir l'épidémie aient donné des résultats significatifs, il est nécessaire d'éradiquer la maladie; salue à cet égard la conférence internationale de haut niveau sur Ebola du 3 mars 2015, organisée par l'Union européenne et les principaux partenaires en vue d'éradiquer le virus, mais aussi d'évaluer les incidences sur les pays touchés afin de s'assurer que l'aide au développement sera fondée sur les efforts humanitaires;
11. invite la Commission à mettre en place des systèmes de contrôle rigoureux permettant de garantir que la totalité du budget affecté au renforcement des infrastructures de soins et d'assainissement permettant la lutte contre les inégalités en matières de santé globale via la lutte contre l'épidémie d'Ebola et la prévention de crises sanitaires ultérieures est effectivement et exclusivement utilisée à cette fin dans les pays touchés par le virus;
12. estime qu'un suivi approprié est nécessaire pour s'assurer que le budget dégagé est effectivement distribué de manière transparente et claire, et véritablement adressé aux pays concernés;
13. souligne que la crise actuelle constitue une menace pour le faible niveau d'activité économique et la stabilité politique et sociale, non seulement dans les pays concernés, mais aussi dans toute la région de l'Afrique de l'Ouest; souligne que la seule amélioration du système de santé ne permettra pas d'éliminer Ebola; est d'avis qu'une approche concertée à long terme impliquant les acteurs internationaux, nationaux et régionaux, ainsi que les différents secteurs (soins de santé, éducation et formation, infrastructures sanitaires, hygiène, désinfection, aide alimentaire et eau potable, systèmes de collecte des eaux usées efficaces, élimination des déchets, économie) est nécessaire pour remédier aux carences critiques dans tous les services essentiels; relève que l'éducation couvrant la dimension culturelle et les croyances des pays concernés, tout en appréhendant la crise actuelle d'Ebola dans sa globalité, y compris la diffusion appropriée d'une information claire, est essentielle dans la recherche d'une solution globale au problème; rappelle son engagement de consacrer 20 % des fonds disponibles au titre de l'instrument de la coopération au développement aux services de santé;
14. se déclare préoccupé par le fait que les informations relatives au virus Ebola et à sa propagation ne bénéficient pas à toutes les personnes concernées, en raison du faible taux d'alphabétisation; insiste sur l'importance de trouver d'autres moyens de diffuser des informations, telles que la diffusion d'informations étendues par radio; constate une méfiance à l'égard des autorités dans les zones touchées et estime qu'il importe d'apporter également des soins médicaux nécessaires dans les zones rurales;
15. souligne qu'il est de plus en plus probable qu'une crise alimentaire survienne à la suite de l'épidémie, qui a eu des effets dévastateurs sur les petits exploitants agricoles; appelle les États membres, la Commission et la communauté internationale à investir dans le développement à long terme afin de garantir que les ménages agricoles et la sécurité alimentaire de l'Afrique de l'Ouest ne continuent pas d'menacés à l'avenir;
16. reconnaît qu'afin d'éradiquer totalement le virus Ebola, chaque personne qui a eu un contact à haut risque avec une personne contaminée par le virus doit être identifiée; fait observer que la traçabilité et le suivi des contacts sont deux des principaux défis auxquels nous sommes confrontés et rappelle que les mesures liées à la quarantaine nécessitent un soutien spécifique aux personnes contaminées, comme la fourniture de denrées alimentaires, d'eau ou de soins médicaux;
17. souligne qu'il importe que l'Union européenne évite d'appliquer une approche uniforme au moment de venir en aide aux pays en développement en temps de crise, et en particulier qu'il est nécessaire de prêter attention aux systèmes de santé infranationaux en augmentant la main-d'œuvre qualifiée dans le secteur de la santé; demande à la communauté internationale et à l'Union européenne de contribuer à la mise en place de systèmes de santé résilients, par le biais de plans nationaux qui serviront de base aux acteurs et partenaires internationaux pour définir les rôles et les responsabilités, et travailler avec les pays touchés par le virus à l'établissement d'un programme de formation aux soins médicaux d’urgence en vue de remédier à la grave pénurie de personnel médical local et veiller à ce que des mesures soient appliquées sur le terrain pour immuniser la population;
18. souligne l'importance de tirer des enseignements de la crise d'Ebola et la nécessité de mieux coordonner et renforcer les systèmes de santé dans les États membres également;
19. invite la communauté internationale à prendre les mesures nécessaires afin de lutter contre les conséquences sociales négatives de l'épidémie, en particulier pour garantir la protection et la prise en charge des enfants qui se retrouvent orphelins des suites d'Ebola et l'intégration sociale des victimes d'Ebola;
20. félicite la Mission des Nations Unies pour l'action d'urgence contre Ebola (MINUAUCE), les organisations partenaires et les organisations humanitaires non gouvernementales, telles que Médecins Sans Frontières, la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, entre autres, pour leurs actions menées sur le terrain et considère très précieux les conseils et l'aide qu'elles apportent pour aider à contenir l'épidémie; déplore qu'une partie du personnel médical et des autres acteurs participant à la gestion de l'épidémie aient fait l'objet de discriminations à leur retour d'Afrique;
21. invite les États membres et la Commission à apporter un soutien financier aux familles des membres des organisations visées au paragraphe 20 de la proposition (la MINUAUCE, les organisations partenaires et les organisations humanitaires non gouvernementales, telles que Médecins Sans Frontières) qui sont décédés après avoir contracté le virus Ebola en tentant de contenir l'épidémie;
22. invite les États membres à garantir aux membres du personnel médical le droit à tous les soins médicaux en cas de contagion et, naturellement, l'évacuation sanitaire vers leur pays d'origine s'il s'agit d'un pays qui, comme ceux de l'Union, dispose des structures appropriées pour faire face à Ebola;
23. invite les États membres, la Commission et la communauté internationale à continuer de renforcer les systèmes de santé dans les pays touchés en Afrique de l'Ouest; souligne que Ebola est, à n'en pas douter, une maladie présentant un taux élevé de mortalité mais qu'il existe dans cette même région d'autres maladies mortelles qui doivent également être traitées (telles que la malaria); souligne combien il est important que l'Union investisse dans le renforcement des capacités dans ce domaine et l'encourage afin de satisfaire aux exigences du règlement sanitaire international et de combler les carences des systèmes de santé qui ont empêché les populations de nombreuses régions d'Afrique de l'Ouest d'avoir accès aux soins de santé de base, pour que le personnel local puisse bénéficier d'une formation et de ressources adaptées pour faire face aux épidémies futures (Ebola ou toute autre maladie); souligne qu'il est de la plus haute importance de protéger le personnel médical participant à la gestion de l'épidémie et qu'il importe de ne pas considérer la récente épidémie d'Ebola comme un cas isolé, mais comme un signe qu'un investissement à long terme est nécessaire pour lutter contre le virus;
24. demande la mise en place d'une action de formation et d'information pour sensibiliser aux symptômes et aux mesures de prévention, afin d'inspirer confiance à la population et de faciliter sa coopération avec les mesures de lutte contre Ebola, car l'information et la communication constituent des aspects importants de la lutte contre cette épidémie; relève que la situation générée dans certains États membres par l'arrivée de personnes potentiellement contaminées a montré qu'il est nécessaire de mener une campagne d'information et de communiquer plus efficacement en Europe;
25. souligne que les orphelins ayant perdu leur famille en raison du virus Ebola doivent être pris en charge dans les pays touchés au moyen d'un accueil en orphelinat et d'un accompagnement;
26. souligne avec force l'importance de lutter contre la montée des tensions entre groupes résultant de l'épidémie d'Ebola, étant donné que des mythes pourraient accuser des groupes ethniques d'être à l'origine de l'épidémie d'Ebola; se déclare également préoccupé par la situation très vulnérable des enfants, dans la mesure où les enfants dont les parents sont décédés sont considérés comme étant porteurs du virus et sont isolés de la société et forcés de vivre seuls dans les rues;
27. estime que les États membres ainsi que les institutions de l'Union devraient envisager la possibilité de créer une base de données de professionnels de la santé répertoriant les spécialistes des urgences formés pouvant être déployés en temps voulu, et afin d'aider les pays en développement pour ce qui est du renforcement de leurs systèmes de santé publique;
28. encourage la prise de mesures immédiates en vue de créer un environnement financier propice à la recherche afin de prévenir d'autres épidémies, de coordonner et de renforcer la recherche médicale ainsi que la production de médicaments, les essais cliniques et les politiques, non seulement pour lutter contre le virus Ebola mais également contre d'autres maladies virales mortelles pouvant provoquer des épidémies et étant la cause d'un nombre élevé de décès en Afrique, et de publier les données relatives à la sûreté et à l'efficacité des vaccins; souligne la nécessité de ne pas relâcher les efforts de recherche, étant donné la nécessité d'un contrôle continu de l'épidémie, en prenant soin de garantir les conditions éthiques de déroulement des essais via le consentement éclairé préalable des patients sujets aux essais, la transparence des données cliniques issues de ces recherches ainsi que l'accès effectif de ces vaccins et traitements aux populations visées (personnels qualifiés et infrastructures adéquates pour l'administration des soins, prix n'excédant pas le coût réel de production); espère que les conditions, les conditionnalités et les procédures d'attribution des conventions de subvention au titre du programme Ebola+ seront publiées;
29. invite les États membres à faire des efforts supplémentaires en ce qui concerne la mise à disposition des ressources matérielles et humaines nécessaires pour le Centre de coordination de la réaction d'urgence de l'Union européenne; appelle les États membres à se consulter mutuellement dans le cadre du comité de sécurité sanitaire, avec la participation de la Commission, et souligne l'importance de la poursuite de la collaboration et de l'échange d'informations concernant le dispositif de mise en commun volontaire, qui assure une réaction européenne efficace en cas de catastrophe;
30. invite la communauté internationale à garantir une réserve d'équipements de protection individuelle suffisante et à prendre des mesures visant à garantir à l'avenir une évacuation médicale sans risque du personnel international;
31. se félicite à cet égard de la mobilisation des capacités d'évacuation médicale (Medevac) pour les travailleurs humanitaires internationaux infectés déployés dans les pays touchés;
32. demande à tous les acteurs impliqués dans la gestion de l'épidémie d'adopter une approche plus souple et d'allouer les ressources en tenant compte:
– des besoins locaux les plus urgents à tout moment et en tout lieu, en tenant compte de l'objectif à long terme consistant à éradiquer le virus Ebola et à éviter de futures épidémies.
– de la nécessité de préparer la transition vers une situation post-crise durable et favorable à la paix;
insiste sur le fait que les zones rurales éloignées devraient obtenir un plus grand soutien international;
33. est préoccupé par le fait que l'épidémie d'Ebola réduit également les moyens de subsistance des femmes, étant donné que l'agriculture et le commerce à petite échelle ont considérablement diminué depuis l'éclosion du virus, ce qui expose les femmes à un risque encore plus élevé d'infection; note également le rôle que jouent les femmes dans les préparatifs des obsèques et souligne qu'il est important de lutter contre le virus, sans menacer les structures de culture;
34. demande qu'après l'éradication d'Ebola, des mesures soient prises en vue de rétablir la confiance dans la sécurité des pays touchés afin de favoriser le retour des investisseurs et la relance économique comme conditions préalables pour empêcher l'apparition de nouvelles épidémies à l'avenir;
35. demande à la Commission, une fois que cette épidémie sera sous contrôle, de présenter un rapport tirant des enseignements de l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, en insistant sur les aspects de la réponse de l'Union qui pourraient être améliorés en cas de crises sanitaires similaires à l'avenir.
36. prie instamment tous les acteurs impliqués dans la crise d'envisager les possibilités qu'offrent les nouvelles technologies pour améliorer la rapidité d'intervention.
RÉSULTAT DU VOTE FINAL EN COMMISSION
Date de l’adoption |
26.3.2015 |
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Résultat du vote final |
+: –: 0: |
66 0 0 |
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Membres présents au moment du vote final |
Marco Affronte, Margrete Auken, Zoltán Balczó, Catherine Bearder, Ivo Belet, Simona Bonafè, Biljana Borzan, Nessa Childers, Alberto Cirio, Birgit Collin-Langen, Miriam Dalli, Seb Dance, Angélique Delahaye, Ian Duncan, Stefan Eck, Bas Eickhout, Eleonora Evi, José Inácio Faria, Karl-Heinz Florenz, Iratxe García Pérez, Elisabetta Gardini, Jens Gieseke, Sylvie Goddyn, Matthias Groote, Andrzej Grzyb, Jytte Guteland, György Hölvényi, Anneli Jäätteenmäki, Jean-François Jalkh, Benedek Jávor, Karin Kadenbach, Kateřina Konečná, Giovanni La Via, Peter Liese, Norbert Lins, Valentinas Mazuronis, Susanne Melior, Massimo Paolucci, Gilles Pargneaux, Piernicola Pedicini, Bolesław G. Piecha, Pavel Poc, Annie Schreijer-Pierik, Renate Sommer, Dubravka Šuica, Tibor Szanyi, Nils Torvalds, Glenis Willmott, Jadwiga Wiśniewska, Damiano Zoffoli |
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Suppléants présents au moment du vote final |
Soledad Cabezón Ruiz, Herbert Dorfmann, Linnéa Engström, Luke Ming Flanagan, Jan Huitema, Karol Karski, Merja Kyllönen, Anne-Marie Mineur, James Nicholson, Aldo Patriciello, Marit Paulsen, Bart Staes, Theodor Dumitru Stolojan, Tom Vandenkendelaere |
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Suppléants (art. 200, par. 2) présents au moment du vote final |
Marie-Christine Boutonnet, Emilian Pavel |
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- [1] Rapport de situation: http://www.who.int/csr/disease/ebola/situation-reports/archive/en/
AVIS de la commission des droits de la femme et de l'égalité des genres (4.3.2015)
à l'intention de la commission du développement
sur la crise du virus Ebola: les leçons à long terme et les manières de renforcer les systèmes de santé des pays en développement afin de prévenir les crises à l'avenir
(2014/2204(INI))
Rapporteure: Teresa Jiménez-Becerril Barrio
SUGGESTIONS
La commission des droits de la femme et de l'égalité des genres invite la commission du développement, compétente au fond, à incorporer dans la proposition de résolution qu'elle adoptera les suggestions suivantes:
A. considérant que sa résolution du 18 septembre 2014[1] reconnaissait que les femmes sont touchées de manière disproportionnée par la maladie à virus Ebola, puisqu'elles représentent en moyenne 55 à 75 % de l'ensemble des victimes; considérant que des éléments probants suggèrent que les femmes enceintes sont très durement touchées, étant donné que le taux de mortalité des femmes enceintes contaminées par le virus est proche de 100 %, et qu'à cela s'ajoutent leur vulnérabilité à l'infection lorsqu'elles reçoivent des soins maternels et leur crainte à cet égard;
B. considérant non seulement que les femmes sont plus susceptibles d'être contaminées que les hommes, mais aussi que leur éducation, les soins de santé qui leur sont destinés, leur sécurité alimentaire et leurs moyens de subsistance pâtissent également en conséquence de l'expansion de la maladie;
C. considérant que les femmes et les filles sont particulièrement exposées à cette maladie en tant que principales pourvoyeuses de soins, que personnel des services de soins chargé des naissances, que patientes recevant des soins relatifs à la maternité, mais également du fait que ce sont principalement elles qui sont chargées de s'occuper des dépouilles avant les rites funéraires; que les femmes sont également durement touchées par la perte de revenus en tant que petites exploitantes agricoles ou que commerçantes transfrontalières confrontées à une baisse de la production alimentaire; que les femmes sont confrontées à une flambée des prix des denrées alimentaires, ce qui réduit la sécurité alimentaire, et à la fermeture de frontières, les empêchant de faire face au remboursement de leurs prêts de microcrédit et rendant encore plus difficile la situation des femmes qui doivent nourrir leur famille;
D. considérant que les militants pour l'égalité des hommes et des femmes et les groupes de revendication des droits des femmes dans la plupart des pays touchés ont exhorté les dirigeants à prendre des mesures pour remédier aux effets disproportionnés de la maladie à virus Ebola sur la population féminine;
E. considérant que les femmes dominent le secteur de l'économie informelle, qui est durement frappé;
F. considérant que la maladie à virus Ebola cause de nombreux avortements spontanés, étant donné qu'il est rare qu'une mère qui tombe malade parvienne à poursuivre sa grossesse;
G. considérant que les mères contaminées qui allaitent leurs enfants exposent ces derniers à un risque de contagion élevé, et que dans ces circonstances, il conviendrait de faciliter la transition, de la part de la mère malade, à l'allaitement artificiel;
H. considérant que l'accès des femmes enceintes aux soins reste problématique au vu du caractère invasif de ces derniers;
I. considérant que, dans la lutte contre cette maladie, la santé des mères et des enfants a été protégée par des travailleurs œuvrant pour la lutte contre la poliomyélite qui participaient à l'intervention d'urgence au Nigeria; qu'au Nigeria le virus Ebola a pu être maîtrisé en partie grâce à la reproduction des centres d'opération d'urgence créés dans le cadre de la lutte contre la poliomyélite;
J. considérant que les femmes dans les systèmes de santé sont non seulement vulnérables mais sont aussi, eu égard à leur rôle social, des acteurs clés pour contenir la maladie à virus Ebola, par exemple en tant qu'infirmières, que femmes de ménage ou blanchisseuses dans les hôpitaux, et pour sensibiliser au sujet de cette maladie, planifier les moyens d'y répondre et promouvoir les stratégies de prévention dans leurs communautés;
K. considérant que les infirmières représentent la majorité du personnel médical qui a été contaminé par le virus et en est décédé; que la crise humanitaire a alourdi la charge pesant sur l'équipement, le matériel et le personnel médical, en privant les femmes enceintes de ressources déjà limitées; que l'accès des femmes, et en particulier des femmes enceintes, aux services de santé reproductive est une catastrophe sanitaire majeure sur le point d'exploser[2];
L. considérant que les femmes sont les principales personnes chargées de dispenser les soins dans les foyers et au sein de la communauté dans la plupart des sociétés africaines et que ce sont leurs sœurs, filles, tantes, mères et grands-mères qui se sont occupées des proches contaminés par Ebola en s'exposant à de grands risques;
M. considérant que la confusion généralisée et les incompréhensions régnant au sujet des causes et des conséquences de la maladie à virus Ebola ont entretenu la propagation du virus;
N. considérant que les familles qui se nourrissent de viande de brousse et les chasseurs qui sont en contact avec des animaux sauvages contaminés ou leur sang sont rarement conscients des risques liés à la consommation et à la transformation de cette viande;
O. considérant que la maladie à virus Ebola représente non seulement une catastrophe sanitaire publique mais qu'elle a en outre des effets psychologiques, sociaux et économiques à long terme surtout sur les femmes et les filles; considérant qu'après le décès d'un proche, les rumeurs et les craintes liées à la maladie à virus Ebola concernant les femmes et les filles perdurent, notamment quand il est question de leurs droits de succession et de leur statut d'orphelines, tandis que la fermeture d'écoles et la tendance d'attribuer aux orphelines le rôle de pourvoyeuses de soins dans les familles risquent de créer une "génération perdue" d'enfants privés d'enseignement formel pendant très longtemps et accroît également le risque de grossesses adolescentes, de mariages d'enfants et de violence à l'égard des femmes;
P. considérant que beaucoup de survivantes rencontrent des difficultés à se réintégrer dans leur famille et leur communauté et peuvent être victimes de répudiation et de stigmatisation;
Q. considérant que ce sont principalement des femmes qui se chargent des rites funéraires lorsque leurs proches meurent de la maladie à virus Ebola;
R. considérant que les femmes qui ont trop peur de la contamination cessent de faire appel aux services de soins médicaux et de planning familial;
S. considérant que les contaminations au virus Ebola en Afrique ont été associées à la chasse, à l'abattage et à la transformation de la viande de brousse d'animaux sauvages contaminés comme les chauves-souris et les singes;
T. considérant que l'aide d'urgence de l'Union européenne en réponse à la pandémie de maladie à virus Ebola aurait pu être meilleure, entre autres parce qu'une assistance technique rapide faisait défaut sur place, que les États membres n'étaient pas suffisamment disposés à coopérer et en raison d'une coordination centrale inadéquate au niveau de l'Union;
1. reconnaît le rôle joué par la communauté internationale dans la lutte contre la maladie à virus Ebola et l'invite, lorsqu'elle formulera d'autres stratégies de réponse, à se pencher, à l'aide d'actions ciblées, sur les réalités auxquelles les femmes et les filles sont confrontées; souligne l'importance que la composition des équipes de spécialistes de la santé reflète la parité entre hommes et femmes et que des données et des recherches ventilées par sexe soient disponibles, et souligne la nécessité de promouvoir des initiatives visant à renforcer le soutien psychologique et sanitaire des femmes contaminées par le virus après avoir dispensé des soins à des patients;
2. invite la communauté internationale à promouvoir des campagnes d'information et d'éducation visant à informer les femmes sur les pratiques à risques qu'elles doivent éviter, et à diffuser des informations correctes contribuant à limiter les risques de contamination tout en ne bouleversant pas les coutumes locales;
3. souligne que l'autonomisation des femmes devrait supposer d'associer des femmes à la conception de projets et au processus décisionnel au niveau local, puisque le renforcement des capacités humaines dès à présent, en particulier pour les femmes et les filles, contribuera à la reconstruction de leurs sociétés;
4. est convaincu que l'effet négatif de la désagrégation des systèmes de santé sur la santé maternelle est très préoccupant, avec une acuité encore accrue dans les régions rurales, compte tenu de la disponibilité de plus en plus réduite de lits d'hôpital, du manque de personnel spécialisé et du risque que les (futures) mères soient empêchées de se rendre à l'hôpital alors que cela est nécessaire, ou qu'elles s'abstiendront de le faire à l'avenir; souligne, par conséquent, que ce type de perceptions négatives poussent les patients à rester chez eux entre les mains de femmes qui leur dispensent des soins; insiste sur la nécessité d'investir dans des actions ciblées à destination des femmes enceintes afin de leur apporter des soins adéquats et d'installer une relation de confiance entre la patiente et le personnel soignant; demande à la Commission et aux États membres de soutenir financièrement ces efforts; appelle la Commission et les États membres à appliquer la parité hommes-femmes dans l'élaboration du budget à tous les fonds pertinents de l'Union, en accordant la priorité au financement destiné aux femmes, aux enfants, à la santé et aux droits sexuels et reproductifs;
5. suggère que les organisations actives dans la lutte contre l'épidémie d'Ebola recourent à divers modes de communication – y compris le dialogue communautaire, la radio et la télévision lorsque cela est possible – afin d'associer les femmes aux efforts déployés pour sensibiliser le public à la maladie;
6. souligne la nécessité de systèmes mobiles novateurs pour garantir une couverture de soins dans l'ensemble du territoire à la fois dans les agglomérations et dans les régions rurales et appelle l'Union à fournir un financement dédié à la formation et à l'embauche d'infirmières, de travailleurs sanitaires dans les communautés et de sages-femmes;
7. estime indispensable que, lorsque les campagnes de vaccination à grande échelle débuteront, les femmes, en tant que principales victimes, pourvoyeuses de soins et souvent responsables de l'éducation des enfants, en bénéficient en priorité;
8. soutient la promotion de traitements prophylactiques permettant de prévenir la contagion et ciblant en particulier les femmes;
9. considère nécessaire que des ressources adéquates soient dédiées à la lutte contre d'autres types de maladies particulièrement dangereuses pour les femmes enceintes, comme le paludisme;
10. souligne le besoin de réponses claires et non équivoques qui reconnaissent le rôle des femmes en tant qu'acteurs clés pour la protection de leurs familles et communautés et pour briser les chaînes de transmission de la maladie à virus Ebola; souligne la nécessité de favoriser le rétablissement, y compris des mesures visant à faire participer les associations de femmes à des programmes d'information sur l'importance des soins de santé, comme des sessions d'information qui traitent des précautions en lien avec la maladie à virus Ebola destinées aux femmes et aux filles, à former comme infirmières, femmes de ménage et blanchisseuses des survivantes de cette maladie, et à assurer une protection égale à tout le personnel des hôpitaux; souligne également l'importance de fournir une information détaillée concernant la santé sexuelle et reproductive, en particulier les risques liés aux rapports sexuels après guérison, aux hommes et aux femmes;
11. encourage les gouvernements des pays concernés à prendre les mesures nécessaires pour lutter contre la stigmatisation et l'isolement des femmes et des filles lors d'un décès d'un proche et à assurer la protection de leurs droits fondamentaux, en particulier le droit de succession et le droit à l'éducation;
12. souligne le travail précieux et efficace d'organisations humanitaires internationales et le développement du financement de projets locaux décentralisés, qui permettront en particulier un meilleur accès des femmes et des filles aux ressources disponibles et leur offriront des perspectives d'emploi dans la région grâce à des structures de formation décentralisées, tout en contribuant à stopper la fuite des compétences médicales depuis les régions concernées;
13. reste vivement préoccupé par les lourdes conséquences de la maladie à virus Ebola sur les femmes et les filles, et insiste sur le fait que si les questions spécifiquement liées à la dimension de genre ne sont pas traitées, elles auront une incidence négative sur les perspectives de rétablissement à long terme ainsi que sur le niveau d'égalité entre les femmes et les hommes dans les pays concernés; insiste sur la nécessité de réintégrer les survivantes de cette maladie dans la société, tant socialement que financièrement, et souligne l'importance de promouvoir des bonnes pratiques sanitaires et des campagnes de sensibilisation dans les pays les plus touchés par le virus; appelle l'Union européenne et les États membres à financer des programmes de formation visant à aider les femmes à devenir des acteurs clés de cette sensibilisation;
14. insiste sur la nécessité de reconnaître et d'aborder la dimension de genre de ce type de crise sanitaire, aussi bien dans le cadre de l'intervention d'urgence que dans l'effort de reconstruction à long terme;
15. prie instamment les autorités publiques de tenir compte du fait que la dynamique de genre pourrait permettre de sauver des vies, notamment par des messages ciblés adressés aux femmes sur l'importance d'appliquer des mesures de protection à l'intérieur et en dehors de chez elles;
16. insiste sur la nécessité de décrire avec justesse dans les médias le rôle des femmes ainsi que les réalités auxquelles elles sont confrontées, afin d'éviter que des coutumes sociales soient délibérément utilisées pour renforcer les rôles sexués qui sont, du moins en partie, à l'origine du taux excessif de contamination parmi les femmes;
17. se déclare préoccupé par le fait que les informations relatives à la maladie à virus Ebola et à sa propagation ne bénéficient pas à toutes les personnes concernées, en raison du faible taux d'alphabétisation; insiste sur l'importance de trouver d'autres moyens de diffuser des informations, par exemple en utilisant davantage la radio; constate une méfiance de la part des autorités dans les zones touchées et souligne l'importance d'apporter également des soins médicaux essentiels dans les zones rurales;
18. appelle l'Union et ses États membres à tenir compte de l'urgence d'allouer des ressources afin de renforcer les systèmes de soins maternels, de l'incidence à long terme de la reconstruction des infrastructures de santé et de la nécessité d'assurer un soutien psychologique aux personnes concernées;
19. appelle la Commission européenne et la communauté des chercheurs de l'industrie pharmaceutique à ne pas seulement axer la recherche et les financements alloués au titre d'Horizon 2020 sur les besoins des régions riches du monde, mais à s'intéresser également aux pays émergents, en prenant spécialement en considération les femmes, les futures mères et les enfants, afin de fournir à terme aux pays en développement des médicaments à un prix abordable pour les maladies qui les affectent;
20. appelle la communauté internationale, y compris les entreprises privées, à combler le fossé existant dans la recherche empirique et à analyser davantage les effets spécifiques de la maladie à virus Ebola sur la vie des femmes et des filles, et à bien comprendre le rôle unique qu'elles jouent au moment de formuler des réponses à ce type de crises sanitaires;
21. souligne avec force l'importance de lutter contre la montée des tensions entre groupes résultant de l'épidémie d'Ebola, étant donné qu'il existe un risque que l'on accuse certains groupes ethniques d'être à la cause de l'épidémie d'Ebola; se déclare également préoccupé par la position très vulnérable des enfants, dans la mesure où les enfants dont les parents sont décédés sont considérés comme étant porteurs du virus et sont isolés de la société et forcés de vivre seuls dans les rues;
22. demande à la communauté internationale de s'attaquer au problème majeur du coût économique et psychologique de la maladie à virus Ebola pour les femmes et à favoriser l'autonomisation des femmes afin qu'elles puissent s'occuper correctement de leur famille, désormais souvent agrandie;
23. est préoccupé par le fait que l'épidémie d'Ebola affaiblit également les moyens de subsistance des femmes, étant donné que l'agriculture et le commerce à petite échelle ont considérablement diminué depuis l'épidémie, ce qui expose les femmes à un risque encore plus élevé de contamination; note également le rôle que jouent les femmes dans les préparatifs des rites funéraires et souligne qu'il est important de traiter le risque de contamination qui y est lié, sans menacer les structures culturelles.
RÉSULTAT DU VOTE FINAL EN COMMISSION
Date de l’adoption |
26.2.2015 |
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Résultat du vote final |
+: –: 0: |
21 4 1 |
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Membres présents au moment du vote final |
Daniela Aiuto, Anna Maria Corazza Bildt, Viorica Dăncilă, Anna Hedh, Teresa Jiménez-Becerril Barrio, Elisabeth Köstinger, Vicky Maeijer, Angelika Mlinar, Krisztina Morvai, Maria Noichl, Marijana Petir, Liliana Rodrigues, Jordi Sebastià, Ernest Urtasun, Ángela Vallina, Beatrix von Storch, Jadwiga Wiśniewska, Anna Záborská |
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Suppléants présents au moment du vote final |
Inés Ayala Sender, Linnéa Engström, Eleonora Forenza, Arne Gericke, Constance Le Grip, Dubravka Šuica, Marc Tarabella |
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Suppléants (art. 200, par. 2) présents au moment du vote final |
José Inácio Faria |
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- [1] Textes adoptés de cette date, P8_TA(2014)0026.
- [2] http://www.unwomen.org/en/news/stories/2014/9/ebola-outbreak-takes-its-toll-on-women.
RÉSULTAT DU VOTE FINAL EN COMMISSION COMPÉTENTE
Date de l’adoption |
22.9.2015 |
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Résultat du vote final |
+: –: 0: |
25 1 0 |
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Membres présents au moment du vote final |
Louis Aliot, Beatriz Becerra Basterrechea, Ignazio Corrao, Nirj Deva, Doru-Claudian Frunzulică, Nathan Gill, Charles Goerens, Enrique Guerrero Salom, Heidi Hautala, Maria Heubuch, Teresa Jiménez-Becerril Barrio, Arne Lietz, Linda McAvan, Norbert Neuser, Maurice Ponga, Cristian Dan Preda, Lola Sánchez Caldentey, Elly Schlein, Davor Ivo Stier, Paavo Väyrynen, Bogdan Brunon Wenta, Rainer Wieland, Anna Záborská |
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Suppléants présents au moment du vote final |
Eleni Theocharous |
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Suppléants (art. 200, par. 2) présents au moment du vote final |
Liliana Rodrigues, Estefanía Torres Martínez |
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VOTE FINAL PAR APPEL NOMINAL EN COMMISSION COMPÉTENTE AU FOND
25 |
+ |
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ALDE |
Beatriz Becerra Basterrechea, Charles Goerens, Paavo Väyrynen |
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ECR |
Nirj Deva |
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EFDD |
Ignazio Corrao |
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ENF |
Louis Aliot |
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GUE/NGL |
Lola Sánchez Caldentey, Estefanía Torres Martínez |
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PPE |
Teresa Jiménez-Becerril Barrio, Maurice Ponga, Cristian Dan Preda, Davor Ivo Stier, Eleni Theocharous, Bogdan Brunon Wenta, Rainer Wieland, Anna Záborská |
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S&D |
Doru-Claudian Frunzulică, Enrique Guerrero Salom, Arne Lietz, Linda McAvan, Norbert Neuser, Liliana Rodrigues, Elly Schlein |
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VERTS/ALE |
Heidi Hautala, Maria Heubuch |
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1 |
- |
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EFDD |
Nathan Gill |
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0 |
0 |
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Légende des signes utilisés:
+ : pour
- : contre
0 : abstention