PROPOSITION DE RÉSOLUTION
16.2.2005
conformément à l'article 108, paragraphe 5, du règlement
par Luisa Morgantini, Vittorio Agnoletto, Helmuth Markov, Gabriele Zimmer, Pedro Guerreiro, Marco Rizzo et Miguel Portas
au nom du groupe GUE/NGL
sur la lutte contre la faim et la pauvreté
B6‑0110/2005
Résolution du Parlement européen sur la lutte contre la faim et la pauvreté
Le Parlement européen,
– vu l'article 108, paragraphe 5, de son règlement,
A. considérant que selon le rapport de la CNUCED sur les pays les moins avancés, le nombre des personnes vivant dans l'extrême pauvreté a plus que doublé au cours des trente dernières années et que si la tendance se maintient, le nombre de personnes disposant de moins d'un dollar par jour pour survivre passera de 307 millions à 420 millions en 2015,
B. considérant que les solutions et les ressources matérielles et humaines nécessaires pour résorber la faim et les grandes épidémies existent et que leur adoption ne dépend que de décisions politiques et économiques,
C. considérant que les objectifs du Millénaire arrêtés par les Nations unies prévoient de réduire de moitié la pauvreté et la faim dans le monde d'ici à 2015, en assurant une éducation à tous, en améliorant les conditions de santé, en enrayant les grandes épidémies et en réduisant la destruction de l'environnement, mais que la réalisation de ces objectifs est fortement menacée par le manque d'engagement dans ce sens des dirigeants des pays industrialisés,
D. considérant que les Nations unies ont fixé le seuil minimal d'aide au développement à 0,70% du PIB, mais que ce seuil n'est pas atteint par les États‑Unis ni par l'Union européenne, exception faite de quatre pays européens, et que certains pays sont particulièrement en deçà, comme par exemple l'Italie, qui ne consacre que 0,17% de son PIB à l'aide au développement,
E. considérant que les politiques d'ajustement structurel, la dette extérieure et les politiques commerciales néolibérales de dérégulation, d'ouverture brutale des marchés et de privatisation des services publics ont encore appauvri davantage les pays en développement et ont réduit leur souveraineté alimentaire,
F. considérant que certaines exportations subventionnées de produits alimentaires des pays industrialisés et notamment de l'Union européenne continuent à ruiner l'agriculture et l'élevage des pays en développement,
G. considérant les énormes revenus générés par les transactions financières et la proposition d'instaurer une taxe mondiale sur ces activités afin d'alimenter un fonds contre la faim et la pauvreté, idée appuyée par divers chefs d'État,
1. demande que la Commission et les États membres accélèrent le processus d'annulation complète et inconditionnelle de la dette extérieure des pays en développement;
2. demande que la Commission et les États membres fassent une proposition de réforme profonde du système international du commerce et des institutions financières internationales afin que ces institutions soient démocratisées et répondent aux impératifs de développement et de bien-être des populations;
3. demande à la Commission de réviser sa stratégie de négociation commerciale avec les pays en développement, en retirant l'exigence de réciprocité de l'accès au marché, tant au sein de l'OMC que dans les négociations APE afin de la rendre conforme aux objectifs de développement de ces pays;
4. demande en particulier à la Commission européenne de retirer toute demande de privatisation des services publics dans ses négociations commerciales avec les pays en développement, au sein de l'OMC, dans les négociations APE et autres, en particulier en ce qui concerne des services aussi essentiels pour le développement que l'accès à l'eau, la santé et l'éducation;
5. demande à la Commission européenne de retirer toute demande de libéralisation concernant les "sujets de Singapour" dans ses négociations commerciales des Accords de partenariat économique (APE) avec les pays ACP, tout comme ces sujets ont été retirés du paquet du cycle du Millénaire à l'OMC à la demande des pays en développement;
6. demande que soit reconnu effectivement, dans toutes les négociations commerciales, le droit des pays de protéger leur agriculture et leur souveraineté alimentaire contre les exportations subventionnées ou faites en situation de dumping;
7. rappelle l'objectif minimal fixé par les Nations unies, demandant aux États de consacrer 0,70% de leur PIB à l'aide au développement et demande à la Commission et aux États membres d'accélérer la réalisation de ce résultat;
8. demande à la Commission et aux États membres de prendre, au cours de l'année 2005, l'initiative de créer un nouvel instrument de financement de la lutte contre la pauvreté, qui ne remplacera pas l'objectif de 0,70% mais s'ajoutera, en instaurant une taxe sur les transactions financières au niveau européen, à laquelle elle associera les partenaires de l'Union européenne, tout en œuvrant pour qu'une telle taxe devienne mondiale;
9. demande que les produits de cette taxe soient intégralement versés à un Fonds contre la pauvreté et la faim géré par les Nations unies;
10. charge son Président de transmettre la présente résolution à la Commission, au Conseil et au Secrétaire général des Nations unies.