PROPOSITION DE RÉSOLUTION
29.6.2005
conformément à l'article 108, paragraphe 5, du règlement
par Brian Crowley, Ģirts Valdis Kristovskis et Eoin Ryan
au nom du groupe UEN
sur l'action mondiale contre la pauvreté: faire de la pauvreté un élément du passé
Voir aussi la proposition de résolution commune RC-B6-0398/2005
B6‑0402/2005
Résolution du Parlement européen sur l'action mondiale contre la pauvreté: faire de la pauvreté un élément du passé
Le Parlement européen,
– vu la "Déclaration du Millénaire" des Nations unies, adoptée par tous les États membres en septembre 2000, qui énonce les tâches à accomplir par la communauté internationale dans un effort commun pour réduire considérablement la pauvreté pour 2015,
– vu les engagements pris par l'Union européenne au Sommet de Barcelone, en mars 2002, en vue de la conférence de Monterrey,
– vu la "Déclaration de New York sur l'action contre la faim et la pauvreté", du 20 septembre 2004, signée par 111 gouvernements nationaux, dont ceux de tous les États membres de l'Union européenne,
– vu les communications de la Commission COM(2005)0132, COM(2005)0133 et COM(2005)0134, du 12 avril 2005, sur l'accélération de la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement,
– vu les conclusions sur le développement adoptées par les ministres des Finances du G8, réunis à Londres les 10 et 11 juin 2005,
– vu les conclusions du Conseil européen des 16 et 17 juin,
– vu l'article 108, paragraphe 5, de son règlement,
A. considérant que plus d'un milliard de personnes vivent toujours sous le seuil de l'extrême pauvreté, qui est de un dollar par jour, et n'ont pas les moyens de survivre aux fléaux chroniques de la faim, de la maladie et des aléas environnementaux; que, chaque jour, la pauvreté tue 20 000 personnes,
B. considérant que plus de 40 pays ont été meurtris par des conflits violents, de sorte que l'on dénombre quelque 25 millions de personnes déplacées, dont près d'un tiers sont hors de portée de l'aide des Nations unies,
C. considérant que, au cours des vingt-cinq dernières années, le monde a connu la réduction la plus spectaculaire de la pauvreté extrême, en raison, principalement, des progrès accomplis en Asie du Sud et de l'Est,
D. considérant que, selon les estimations, la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) nécessitera, au bas mot, le doublement du montant total annuel de l'aide internationale (actuellement 50 milliards de dollars US) et que les deux tiers des pays en développement consacrent plus d'argent au service de la dette qu'aux services sociaux de base,
E. considérant que, dans le cadre du dialogue à haut niveau qui aura lieu en septembre sous l'égide des Nations unies, les chefs d'État ou de gouvernement procéderont à un large examen des progrès accomplis dans la voie de la réalisation des OMD; que la contribution de l'Union européenne présentera une importance cruciale si l'on veut que ce Sommet produise des résultats tangibles,
1. appelle tous les États membres à réaffirmer l'engagement qu'ils ont pris d'éliminer la pauvreté et de promouvoir le développement et la prospérité mondiale; partage la préoccupation qu'inspire à la communauté internationale la lenteur qui caractérise la mise en œuvre de l'agenda pour le développement mondial;
2. se félicite que le développement du continent africain ‑ qui reste à la traîne derrière le monde en développement en ce qui concerne la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement ‑ soit l'une des principales préoccupations qui figurent à l'ordre du jour de l'Union européenne; appuie sans réserve les grandes priorités proposées comme base du partenariat stratégique UE‑Afrique, telles qu'elles ont été approuvées par le Conseil européen;
3. félicite le Conseil européen de s'être mis d'accord pour assigner à l'Union européenne un nouvel objectif collectif consistant à porter à 0,56, d'ici à 2010, le rapport APD/RNB et note avec satisfaction que, en sus de cette décision, l'Union européenne a réaffirmé sa volonté d'atteindre, d'ici à 2015, l'objectif, convenu au plan international, d'un rapport APD/RNB de 0,7%;
4. se félicite de la participation active des nouveaux États membres qui ont adhéré à l'Union européenne après 2002 à la politique communautaire de don et note avec satisfaction leur engagement d'atteindre des rapports APD/RNB de 0,17% pour 2010 et de 0,33% pour 2015;
5. exprime l'espoir que la Commission et le Conseil veilleront à ce que les nouveaux engagements se traduisent par une véritable coopération au développement qui bénéficie en totalité, sur les plans du développement et de la réduction de la pauvreté, à ceux qui sont dans le besoin; dans ce contexte, rappelle la nécessité d'améliorer la qualité et l'efficacité de l'APD qui va aux pays partenaires;
6. souligne la nécessité impérative d'augmenter les investissements dans les pays en développement; à cet égard, fait remarquer l'importance d'un débat international visant à identifier des sources de financement innovantes et supplémentaires destinées à financer des investissements publics et des politiques qui relèvent directement des objectifs du Millénaire pour le développement et établissent les bases d'une croissance mue par le secteur privé;
7. appelle tous les pays en développement à prendre conscience qu'il leur incombe, au premier chef, d'assurer leur propre développement, en ce compris le renforcement de la gouvernance, la lutte contre la corruption et la réalisation des politiques et investissements que nécessite une croissance mue par le secteur privé;
8. se félicite des propositions faites par le G8 en vue de l'annulation des obligations en souffrance des PPTE envers le FMI, la Banque mondiale et le Fonds africain de développement;
9. souligne qu'il convient de s'attaquer à la question de la soutenabilité de la dette, afin de parvenir à un niveau d'endettement qui permettrait à un pays en développement à la fois de réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement et d'arriver à 2015 sans connaître d'augmentation de ses taux d'endettement; dans ce contexte, note que, pour la plupart des PPTE, cela nécessitera un financement exclusivement fondé sur des dons et une annulation complète de la dette, tandis que, pour de nombreux pays lourdement endettés qui ne sont pas des PPTE et pour de nombreux pays à revenu moyen, cela nécessitera une réduction beaucoup plus forte de la dette que celle qui a été proposée jusqu'ici;
10. appelle l'Union européenne et les États-Unis à contribuer à la mise en place et au financement d'une politique agricole commune pour l'Afrique, afin d'encourager les pratiques agricoles durables, de permettre la mise en place d'un marché agricole intérieur en Afrique, de permettre le développement d'une stratégie d'exportation de produits alimentaires et de garantir un approvisionnement alimentaire suffisant pour l'Afrique tout entière,
11. souligne que la Conférence ministérielle de l'OMC qui doit se réunir à Hong Kong en décembre 2005 devra arriver à des résultats ambitieux et équilibrés, qui donnent aux pays en développement la possibilité de s'intégrer pleinement dans l'économie mondiale; souligne la nécessité d'aborder, dans le contexte des relations commerciales avec les pays en développement, les questions des obstacles à l'accès aux marchés et des subventions nationales qui faussent la concurrence;
12. appelle les donateurs internationaux, y compris les États membres de l'Union européenne, à mobiliser un soutien aux activités de recherche scientifique et de développement dans les domaines de la santé, des ressources naturelles, de la gestion environnementale, de l'énergie et du climat, en vue de répondre aux besoins spécifiques des pauvres;
13. note le rôle déterminant de force motrice que les organisations de la société civile doivent jouer, au sein des pays, sur des questions de développement urgentes, en mobilisant de larges mouvements et en faisant pression à partir de la base pour que les dirigeants aient à rendre des comptes au regard de leurs engagements; se félicite donc de l'initiative du mouvement mondial "Action mondiale contre la pauvreté";
14. charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, aux gouvernements et aux parlements des États membres et des pays en voie d'adhésion, aux Nations unies et au Comité d'aide au développement de l'OCDE.