Proposition de résolution - B6-0531/2006Proposition de résolution
B6-0531/2006

PROPOSITION DE RÉSOLUTION

18.10.2006

déposée à la suite de déclarations du Conseil et de la Commission
conformément à l'article 103, paragraphe 2, du règlement
par Marielle De Sarnez, Jean-Marie Cavada, Margarita Starkevičiūtė, Baroness Nicholson of Winterbourne et Karin Riis-Jørgensen
au nom du groupe ALDE
sur l'assassinat de la journaliste russe Anna Politkovskaïa

Procédure : 2006/2565(RSP)
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B6-0531/2006
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B6-0531/2006
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B6‑0531/06

Résolution du Parlement européen sur l'assassinat de la journaliste russe Anna Politkovskaïa

Le Parlement européen,

–  vu l'accord de partenariat et de coopération entre l'UE et la Russie (APC), entré en vigueur le 1er décembre 1997, qui exprime l'objectif de consolider la démocratie et les libertés civiles dans la Fédération de Russie,

–  vu ses résolutions et ses déclarations antérieures concernant la liberté de la presse et la liberté d'expression en Russie, notamment le rapport Malmström du 4 mai 2005,

–  vu l'article 103, paragraphe 2, de son règlement,

A.  rappelant les obligations qui incombent à la Fédération de Russie en matière de droits de l'homme, notamment du fait qu'elle préside le Comité des Ministres du Conseil de l'Europe depuis mai 2006,

B.  considérant que les assassinats sous forme d'exécutions des adversaires politiques constituent un phénomène préoccupant en Russie,

C.  considérant que la Russie est devenue l'un des pays les plus dangereux pour les journalistes, vingt-et-un journalistes y ayant été tués du fait de leurs activités professionnelles depuis le 26 mars 2000[1], date de l'élection de Vladimir Poutine à la présidence de la Fédération de Russie,

D.  considérant que les enquêtes sur ces meurtres ont été entachées d'irrégularités et que, dans la plupart des cas, les meurtriers n'ont jamais été identifiés,

E.  considérant que l'opinion publique exprime, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la Russie, une inquiétude réelle au sujet de l'érosion croissante de la liberté de la presse et de la liberté d'expression, dans un climat de plus en plus délétère pour la société civile et les ONG,

1.  condamne, dans les termes les plus vifs, le meurtre d'Anna Politkovskaïa perpétré le 7 octobre et invite instamment les autorités russes à procéder à une enquête indépendante et efficace afin de trouver les responsables de ce crime et de les traduire en justice;

2.  exprime ses sincères condoléances à la famille d'Anna Politkovskaïa et rend hommage à son travail et à tout ce qu'elle a entrepris en tant que journaliste particulièrement respectée et considérée comme le symbole d'un journalisme honnête en Russie, de même qu'en tant que personne qui s'est posée en défenseur de la vie et de la dignité humaine, qui s'est exposée et a rapporté honnêtement toute forme de violation des droits de l'homme, notamment en Tchétchénie,

3.  exprime sa solidarité avec les collègues d'Anna Politkovskaïa au journal Nova Gazeta et avec tous les journalistes russes qui travaillent dans les mêmes circonstances dangereuses et difficiles;

4.  souligne que ce crime fait suite à une série d'intimidations, de harcèlements et de meurtres systématiques de journalistes indépendants ainsi que d'autres personne qui ont émis des critiques à l'égard du gouvernement et rappelle que le climat résultant de l'impunité qui permet aux tueurs de ne pas craindre la loi porte sérieusement préjudice à la réputation de la Russie, alors qu'elle assure actuellement la présidence du Comité des Ministres du Conseil de l'Europe;

5.  demande l'ouverture d'une enquête indépendante sous l'égide du Conseil de l'Europe ou du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, afin que ce crime ne reste pas impuni comme celui de Paul Klebnikov en 2004;

6.  souligne à quel point il est dangereux pour la démocratie de laisser proliférer les groupes et les partis ultranationalistes et extrémistes qui contribuent à la déliquescence de la société russe en entretenant un climat de haine et de suspicion;

7.  rappelle que les autorités et les dirigeants russes sont tenus de garantir l'État de droit et de faire respecter les droits de l'homme fondamentaux et les valeurs démocratiques; souligne que la liberté des médias, la sécurité des journalistes et des activistes des droits de l'homme, de même que la liberté pour la société civile et les ONG de travailler et d'agir, constituent des piliers fondamentaux d'une véritable démocratie;

8.  s'inquiète du processus de démantèlement de la liberté de la presse, entamé depuis de nombreuses années, ainsi que de l'absence de pluralisme dans le secteur audiovisuel, notamment à l'approche des élections législatives, en 2007, et de l'élection présidentielle, en 2008;

9.  demande instamment à la Commission et aux États membres de l'UE de prendre clairement position sur la restauration de la liberté de la presse et le respect du journalisme indépendant, élément qui sera primordial lors des négociations pour le renouvellement de l'accord de partenariat et de coopération en 2007;

10.  charge son Président de transmettre la présente résolution à la famille d'Anna Politkovskaïa, à la Commission, au Conseil, aux États membres, au Conseil de l'Europe, au Secrétaire général des Nations unies, à la Douma et au Président de la Fédération de Russie.