Proposition de résolution - B7-0259/2010Proposition de résolution
B7-0259/2010

PROPOSITION DE RÉSOLUTION sur les massacres au Nigéria

28.4.2010

déposée à la suite d'une déclaration de la Commission
conformément à l'article 110, paragraphe 2, du règlement

Marie-Christine Vergiat, Gabriele Zimmer au nom du groupe GUE/NGL

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B7-0259/2010
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B7-0259/2010
Textes adoptés :

B7‑0259/2010

Résolution du Parlement européen sur les massacres au Nigéria

Le Parlement européen,

–   vu ses résolutions antérieures sur les violations des droits de l'homme au Nigeria,

–   vu le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966, ratifié par le Nigéria le 29 octobre 1993,

–   vu la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples de 1981, ratifiée par le Nigéria le 22 juin 1983,

–   vu l'appel de fonds d'urgence lancé par l'UNICEF pour venir en aide aux enfants des pays du Sahel,

–   vu l'article 110, paragraphe 2, de son règlement,

A. considérant que près de dix millions de personnes sont menacées par une grave crise alimentaire dans les prochains mois dans l'est du Sahel,

B.  considérant que la moitié des habitants du Niger, soit 7,5 millions d'habitants, est en danger, que le Tchad occidental et central, le nord-est du Mali, le nord du Nigéria et certaines régions du Burkina Faso et de la Mauritanie sont également touchés à des degrés divers,

C. considérant que bien que le Nigéria soit le huitième producteur de pétrole au monde, la majorité des 148 millions d'habitants vivent en deçà du seuil de pauvreté,

D. considérant que la manière d'exploiter le pétrole dans ce pays se fait au détriment des besoins sociaux, économiques et environnementaux les plus fondamentaux des populations,

E.  considérant que la mainmise des grands groupes pétroliers (Shell, Total, Exxon, Agip etc.) sur l'exploitation du pétrole au Nigéria bénéficie de la complaisance des gouvernants au détriment des besoins de la population,

F.  considérant les allégations de fraude massive lors des dernières élections présidentielles,

G. considérant que le climat de guerre civile qui règne dans ce pays depuis des années mais aussi les récents actes de violence à l'encontre des compagnies pétrolières (notamment Total), sont fortement liés à la question du contrôle et de l'accès aux ressources naturelles (pétrole et gaz en premier lieu),

H. considérant que les attaques et massacres de janvier et mars 2010 entre les groupes autochtones, en majorité chrétiens ou animistes et les populations du nord ont principalement pour origine l'absence de développement social et économique de ces régions,

I.   considérant que, suite à ces attaques et massacres, 42 000 habitants de l'État du Plateau ont été déplacés dont 90% de femmes et d'enfants,

J.   considérant que les auteurs de ces actes sont souvent des mercenaires et que leur impunité ainsi que celle de leurs commanditaires est généralisée,

1.  demande la mise en place d'un plan d'urgence et le déblocage de fonds à destination des populations de l'Est du Sahel pour pallier la crise alimentaire;

2.  souligne que tout doit être fait pour que les politiques nécessaires au développement économique, social et environnemental soient mises en œuvre dans ce pays;

3.  condamne très fermement la violence au centre du Nigeria et exprime sa préoccupation concernant l'état de guerre civile régnant dans ce pays depuis des années;

4.  invite instamment les autorités nigériennes à protéger la population, à œuvrer pour une solution pacifique, à s'attaquer aux causes profondes de la violence en assurant des droits égaux à tous les citoyens en mettant en œuvre les politiques nécessaires à la résolution les problèmes du chômage et de la pauvreté;

5.  souligne la nécessité d'assurer la sécurité et les conditions sociales nécessaires au retour des 42 000 personnes déplacées depuis le début des conflits;

6.  invite le gouvernement nigérian à enquêter d'urgence sur ces massacres et leurs commanditaires et souligne qu'aucun des auteurs ne doit rester impuni;

7.  condamne très fermement les fraudes massives au Nigéria et l'ingérence dont font preuve les compagnies de pétrole et certains gouvernements occidentaux au niveau de la vie économique et politique du pays;

8.  appelle à ce que le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes soit effectivement mis en œuvre dans ce pays, notamment par la tenue d'élections démocratiques et libres;

9.  rappelle que celui-ci ne saurait être respecté que si le pays s'engage dans la voie du développement social, économique, environnemental et démocratique apte à garantir un accès égal aux ressources de tous ses habitants; engage donc les autorités à œuvrer en ce sens;

10. charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, au Haut Représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, aux gouvernements et aux parlements des États membres, au gouvernement du Nigeria, aux institutions de l'Union africaine, au Secrétaire général et à l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies, aux co-présidents de l'Assemblée parlementaire ACP-UE et au Président du Parlement panafricain (PAP).