Proposition de résolution - B8-0214/2014Proposition de résolution
B8-0214/2014

PROPOSITION DE RÉSOLUTION sur la situation humanitaire au Soudan du Sud

5.11.2014 - (2014/2922(RSP))

déposée à la suite d'une déclaration de la vice-présidente de la Commission / haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité
conformément à l'article 123, paragraphe 2, du règlement

Mark Demesmaeker, Nirj Deva, Charles Tannock, Jan Zahradil au nom du groupe ECR

Voir aussi la proposition de résolution commune RC-B8-0213/2014

Procédure : 2014/2922(RSP)
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B8-0214/2014
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B8-0214/2014

Résolution du Parlement européen sur la situation humanitaire au Soudan

(2014/2922(RSP))

Le Parlement européen,

–  vu ses précédentes résolutions sur le Soudan et le Soudan du Sud, en particulier celles du 16 janvier 2014 sur la situation au Soudan du Sud[1],

–  vu les conclusions du Conseil du 20 octobre 2014 relatives aux conflits qui se déroulent au Soudan,

–  vu le rapport de situation n°59 du BCAH (Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies) du 23 octobre 2014 sur la crise au Soudan du Sud,

–  vu le rapport de situation du BCAH (Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies) du 15 juillet 2014,

–  vu le communiqué de presse publié au nom de l'Union africaine par la présidente de la Commission de l'Union africaine, Mme Nkosazana Dlamini-Zuma, le 4 janvier 2014,

–  vu l'accord révisé de Cotonou,

–  vu la déclaration universelle des droits de l'homme,

–  vu le pacte international relatif aux droits civils et politiques,

–  vu la charte africaine des droits de l'homme et des peuples,

–  vu l'article 123, paragraphe 2, de son règlement,

A.  considérant que la République du Soudan du Sud est l'État le plus fragile et l'un des plus pauvres et des moins développés au monde (en dépit de ses richesses pétrolières potentielles), que la moitié de sa population vit sous le seuil de pauvreté, que son indice de mortalité maternelle est le plus élevé au monde, qu'il présente l'un des taux de mortalité infantile les plus élevés, que son taux d'analphabétisme atteint les 75 % et que seul un tiers de sa population a accès à l'eau potable; considérant que l'insécurité alimentaire représente une menace pour plus d'un million de personnes chaque année;

B.  considérant que, depuis le début de la guerre civile en décembre 2013, plus de 1,7 million de personnes ont fui leurs foyers, parmi lesquelles 450 000 ont trouvé refuge dans des pays voisins;

C.  considérant que le Soudan du Sud est en proie à la plus grave crise mondiale en matière de sécurité alimentaire, crise qui touche près de 7 millions de personnes dont 3,9 souffrent d'insécurité alimentaire aiguë, une situation qui pourrait déboucher sur une famine en 2015;

D.  considérant que les Nations unies ont déclaré que la situation au Soudan du Sud constituait une urgence de niveau 3, niveau le plus élevé de crise humanitaire, et que le pays est classé au deuxième rang de l'indice mondial de vulnérabilité et d'évaluation des crises (Global Vulnerability and Crisis Assessment Final Index) de la DG ECHO, après la République centrafricaine;

E.  considérant que la situation des enfants est particulièrement alarmante; considérant que dans un pays où près de la moitié de la population a moins de 15 ans, ils constituent le groupe le plus vulnérable et sont souvent la cible des recruteurs dans les forces armées;

F.  considérant que les principaux besoins sur le plan humanitaire sont la nourriture, l'eau potable, les soins de santé, l'hygiène, l'habitat et la protection;

G.  considérant que 2,4 millions de personnes au Soudan du Sud ont reçu une aide humanitaire depuis le début de la crise; considérant que l'Union européenne – ses États membres ainsi que la Commission – a fourni à ce jour une aide humanitaire d'une valeur de 245 millions d'EUR en 2014;

H.  considérant que l'aide humanitaire opère dans des conditions extrêmement difficiles, l'hostilité et les attaques envers le personnel humanitaire et le refus d'accès opposé par les autorités entravent considérablement l'accès aux personnes dans le besoin;

I.  considérant que l'arrivée de la prochaine saison sèche devrait voir une intensification des combats, forçant encore davantage de personnes à fuir leurs foyers;

1.  demande à la communauté internationale d'honorer ses engagements de financement en faveur du Soudan du Sud et de la région, et de mobiliser des ressources pour remédier immédiatement à la situation humanitaire dramatique qui sévit au Soudan du Sud;

2.  condamne avec fermeté la reprise des hostilités dans le Soudan du Sud, attribuée au Mouvement populaire de libération du Soudan dans l'opposition;

3.  fait part de sa vive inquiétude face à la guerre civile qui fait rage et aux violences ethniques qui ont de lourdes conséquences humanitaires, sécuritaires, politiques, économiques et sociales dans un pays déjà fragile et instable et qui pourraient déstabiliser l'ensemble de l'Est de l'Afrique; se déclare tout particulièrement préoccupé par la dimension ethnique que revêt le conflit; souligne que le fait de chercher à prendre le pouvoir par la violence ou la division ethnique est contraire au principe d'état de droit démocratique;

4.  invite instamment les deux protagonistes à mettre en œuvre l'accord de paix signé à Addis-Abeba en mai 2014, qui ouvre la voie à un cessez-le-feu permanent, suivi par la formation d'un gouvernement provisoire en vue d'élaborer la nouvelle constitution et d'organiser des élections démocratiques;

5.  se félicite des efforts déployés par l'Union africaine et l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) en vue de faciliter un dialogue inclusif et une médiation; invite l'Union européenne à continuer d'assister l'IGAD tant sur le fond que sur le plan financier, et de mettre du personnel à la disposition du mécanisme de contrôle et de vérification du cessez-le-feu;

6.  réclame des solutions à long terme fondées sur des processus de consolidation de la nation, comme la création d'une fonction publique, d'une administration et d'infrastructures opérationnelles, qui sont les attributs d'un État moderne, au même titre que l'état de droit, la bonne gouvernance et la transparence;

7.  encourage tous les pays voisins du Soudan du Sud et les puissances régionales à coopérer étroitement en vue d'améliorer la situation du pays et de la région en matière de sécurité et de trouver une solution politique pacifique et durable au conflit en cours; souligne que la coopération avec le Soudan, notamment, serait le signe d'une amélioration des relations; estime que la résolution de problèmes, comme ceux liés au partage de la dette et de la manne pétrolière est cruciale afin d'éviter à l'avenir les conflits armés;

8.  charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, à la vice-présidente de la Commission/haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, aux gouvernements et aux parlements des États membres, au gouvernement du Soudan du Sud, au Commissaire aux droits de l'homme du Soudan du Sud, à l'Assemblée législative nationale du Soudan du Sud, aux institutions de l'Union africaine, à l'Autorité intergouvernementale pour le développement, aux coprésidents de l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE ainsi qu'au Secrétaire général des Nations unies.