PROPOSITION DE RÉSOLUTION sur le cas de Paul Rusesabagina au Rwanda
5.10.2021 - (2021/2906(RSP))
conformément à l’article 144 du règlement intérieur
Dominique Bilde
au nom du groupe ID
B9‑0507/2021
Résolution du Parlement européen sur le cas de Paul Rusesabagina au Rwanda
Le Parlement européen,
– vu la Déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948, notamment son article 5,
– vu la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants du 10 décembre 1984,
– vu le Pacte international relatif aux droits civils et politiques du 16 décembre 1966, notamment son article 7,
– vu les Directives et principes sur le droit à un procès équitable et à l’assistance judiciaire en Afrique de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples de 2003,[1]
– vu l’Ensemble de règles minima pour le traitement des détenus des Nations Unies,
– vu l’article 144 de son règlement intérieur,
A. considérant que Paul Rusesabagina a, en sa qualité de directeur-adjoint de l’Hôtel des Mille Collines de Kigali (Rwanda), sauvé plus de mille personnes[2] du génocide rwandais de 1994 et que ses actes héroïques lui ont valu, notamment, la médaille présidentielle de la liberté aux États-Unis en 2005 et, en 2011, le prix de la Commission Tom Lantos des droits de l'homme dans ce même pays ;[3]
B. considérant que Paul Rusesabagina, citoyen belge et résident permanent des États-Unis,[4] s’est élevé contre l’action gouvernementale de Paul Kagame, Président du Rwanda depuis le 24 mars 2000,[5] et a fondé le Mouvement rwandais pour le changement démocratique (MRCD),[6] lequel inclurait un « bras armé », le Front de libération nationale (FLN) ;
C. considérant que la Chambre spéciale de la Haute Cour pour les crimes internationaux et les crimes transfrontaliers du Rwanda a, le 20 septembre 2021,[7] déclaré Paul Rusesabagina coupable de huit chefs d’accusation, notamment d’appartenance à un groupe terroriste,[8] et l’a condamné à vingt-cinq ans de prison, mais que la procédure aurait été marquée notamment, par le non-respect des droits de la défense[9] et que, par ailleurs, le transfert de Paul Rusesabagina au Rwanda entre le 27 et le 31 août 2020 serait entaché d’irrégularités ;[10]
1. appelle le Rwanda à garantir à Paul Rusesabagina un procès équitable et un traitement carcéral adéquat, conformément aux standards internationaux et aux garanties nationales en la matière, notamment constitutionnelles, et à enquêter sur les allégations de torture[11], d’interférence avec les droits de la défense et les communications privées, ainsi qu’à la transparence sur les circonstances de l’arrestation de Paul Rusesabagina ;
2. appelle à des enquêtes transparentes sur la disparition ou le décès de personnalités politiques, comme Anselme Mutuyimana en 2019, Venant Abayisenga[12] et Kizito Mihigo en 2020,[13] à l’application stricte de la législation nationale de 2018 contre la torture[14] et à la condamnation de ceux qui s’en sont rendus coupables ;[15]
3. appelle au respect des garanties constitutionnelles du Rwanda concernant les communications privées,[16] eu égard aux allégations relatives à l’utilisation de technologies de surveillance ;[17]
4. rappelle que les mesures d’exception imposées par la lutte contre le terrorisme ne sauraient être détournées à des fins politiques ;
5. charge son Président de transmettre la présente résolution à la Commission, au Conseil, au Vice-Président/Haut-représentant de l’Union européenne ainsi qu’aux autorités rwandaises compétentes.
- [1] https://www.achpr.org/fr_legalinstruments/detail?id=38
- [2] https://www.bbc.com/news/world-africa-58604468
- [3] https://www.hrw.org/news/2021/09/20/rwanda-paul-rusesabagina-convicted-flawed-trial
- [4] “Rusesabagina, a US green card holder and Belgian citizen, was awarded the Presidential Medal of Freedom by George W. Bush in 2005 and the Tom Lantos Human Rights Prize in 2011.” https://www.hrw.org/news/2021/09/20/rwanda-paul-rusesabagina-convicted-flawed-trial
- [5] https://www.universalis.fr/atlas/afrique/rwanda/
- [6] https://www.france24.com/fr/afrique/20210217-paul-rusesabagina-h%C3%A9ros-du-film-h%C3%B4tel-rwanda-face-%C3%A0-la-justice “En 2017, il a fondé le Mouvement rwandais pour le changement démocratique (MRCD), un parti politique soupçonné d'avoir un bras armé, le Front de libération nationale (FLN), un groupe considéré comme terroriste par Kigali.”
- [7] “On September 20, 2021, the High Court’s Special Chamber for International Crimes and Cross-border Crimes sentenced Rusesabagina to 25 years in prison, including for being a member of a terrorist group and for committing terrorist acts.” https://www.hrw.org/news/2021/09/20/rwanda-paul-rusesabagina-convicted-flawed-trial
- [8] https://fr.africanews.com/2021/09/21/rwanda-comment-expliquer-la-condamnation-de-paul-rusesabagina/
- [9] “During the trial, the prosecutors referred to interrogations conducted by Rwanda Investigation Bureau agents without a lawyer present, on August 31, 2020.” https://www.hrw.org/news/2021/09/20/rwanda-paul-rusesabagina-convicted-flawed-trial
- [10] “Rusesabagina’s arrest and detention started as an enforced disappearance in August 2020.” https://www.hrw.org/news/2021/09/20/rwanda-paul-rusesabagina-convicted-flawed-trial
- [11] https://www.thetimes.co.uk/article/hotel-rwanda-hero-tells-terrorism-trial-he-was-tortured-by-regime-7b78gnf0h
- [12] https://www.bbc.com/afrique/region-52967702
- [13] https://www.thecitizen.co.tz/tanzania/news/east-africa-news/popular-rwandan-rapper-dies-in-custody-3536258
- [14] “ In 2018 the government enacted a law that prescribes 20 to 25 years imprisonment for any person convicted of torture.” Rwanda 2020 human rights report, US Department of State.
- [15] https://www.dw.com/en/rwanda-the-mysterious-deaths-of-political-opponents/a-59182275
- [16] « Although the constitution and law prohibit such actions, the government continued to monitor homes, movements, telephone calls, email, and personal and institutional communications. » Rwanda 2020 human rights report, US Department of State.
- [17] “Rwandan authorities used NSO Group’s Pegasus spyware to potentially target more than 3,500 activists, journalists, and politicians. The spyware was also used to infect the phone of Carine Kanimba, Rusesabagina’s daughter.” https://www.amnesty.org/en/latest/press-release/2021/07/rwandan-authorities-chose-thousands-of-activists-journalists-and-politicians-to-target-with-nso-spyware/