Index 
 Précédent 
 Suivant 
 Texte intégral 
Compte rendu in extenso des débats
Mercredi 6 juillet 2005 - Strasbourg Edition JO

28. Un monde sans mines
MPphoto
 
 

  Le Président. - L’ordre du jour appelle les déclarations du Conseil et de la Commission relatives à un monde sans mines.

 
  
MPphoto
 
 

  Douglas Alexander, président en exercice du Conseil. - (EN) Monsieur le Président, j’ai aujourd’hui l’honneur d’ouvrir ce débat sur «un monde sans mines». Le soutien à l’action internationale de lutte contre les mines est une des priorités politiques majeures de l’Union européenne et j’éprouve une sincère gratitude pour les efforts déployés par le Parlement européen en vue d’assurer que cette problématique continue de figurer à l’ordre du jour international.

L’Union européenne a joué un rôle actif lors de la première conférence de révision de la convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, qui s’est tenue en novembre 2004 et est également connue sous le nom de sommet de Nairobi pour un monde sans mines. L’Union européenne estime que la première conférence de révision de la convention a été une étape décisive pour mesurer les progrès accomplis au niveau de la mise en œuvre de la convention et pour identifier les efforts à fournir afin de renouveler l’engagement des États parties à éradiquer les conséquences inhumaines des mines antipersonnel.

Nous risquons parfois de perdre de vue l’urgence de cette problématique lorsque nous en discutons en toute sécurité au cœur de l’Europe ou, d’ailleurs, à New York ou à Genève. C’est pourquoi je voudrais resituer le cadre du débat de cet après-midi, en rappelant l’ampleur et la gravité du problème et en expliquant pourquoi il est si important que l’Union européenne et le Parlement européen continuent de jouer un rôle de premier plan.

On estime qu’entre 15 000 et 20 000 personnes sont tuées ou blessées par les mines terrestres tous les ans. Ces morts et ces blessures concernent plus de 80 pays dans le monde, de l’Angola au Zimbabwe et même, plus près de chez nous, dans les Balkans. Fait inconcevable, ceci équivaut à plus de 40 victimes par jour, un chiffre tout simplement inacceptable, je suis certain que tout le monde ici en conviendra. L’immense majorité de ces accidents surviennent dans des pays qui ne sont plus en conflit. Mais les mines terrestres ne reconnaissent pas la fin des hostilités. L’horrible vérité est que des millions de mines antipersonnel existent encore et que, dans certaines parties du monde, on continue d’en poser, au détriment des populations les plus pauvres dans les pays les plus pauvres, les personnes le plus complètement démunies pour gérer ce danger et qui dépendent le plus de notre aide et de notre soutien.

Les mines antipersonnel sont impitoyables et frappent aveuglément. On ne peut pas les pointer sur des cibles précises; elles ne font aucune distinction entre les soldats et les civils, les adultes ou les enfants. Les blessures infligées aux malheureux qui tombent sur ces mines sont vraiment atroces. Et ce n’est pas par hasard. Les mines antipersonnel ont été conçues pour mutiler plutôt que tuer leurs victimes. Les victimes de mines souffrent terriblement, car elles sont littéralement déchiquetées. En clair: les mines sont cause de privations, de mort aveugle et d’indicibles souffrances pour de nombreuses populations civiles innocentes.

Il est donc juste que la communauté internationale intervienne et que l’Union européenne figure parmi les acteurs de premier plan. La convention d’Ottawa interdisant les mines antipersonnel a bénéficié d’un large soutien international et compte maintenant 152 signataires. Depuis son entrée en vigueur en 1999, on a enregistré des progrès considérables dans la lutte contre le fléau que représentent ces armes odieuses. Cette convention est une véritable réussite. Avant, on estimait à 34 le nombre de nations faisant commerce des mines antipersonnel: maintenant, mis à part quelques activités illicites, ce commerce a pratiquement disparu. Cinquante-quatre nations produisaient des mines antipersonnel: aujourd’hui, on estime que 15 nations ont la capacité de produire des mines, mais la plupart d’entre elles ne le font pas. Il y a sept ans, 19 pays avaient recours aux mines; maintenant ils ne sont probablement plus que 5. Dans les faits, l’interdiction de ces mines antipersonnel s’est étendue à l’échelle mondiale, car l’emploi de ces armes est désormais considéré à juste titre comme une tare monstrueuse.

Plus de 37 millions de mines antipersonnel stockées sont maintenant détruites. De vastes régions du monde ont été déminées et sont redevenues productives. Voilà des résultats dont la communauté internationale peut être fière et qui n’auraient jamais été possibles sans la convention d’Ottawa. Mais cela ne signifie pas pour autant que nous pouvons renoncer à notre objectif d’une adhésion universelle à cette convention; nous devons œuvrer pour conclure un accord garantissant que l’entièreté du plan d’action adopté lors du sommet de Nairobi soit dûment mis en œuvre.

Me tenant devant vous aujourd’hui, je suis particulièrement fier et reconnaissant pour le rôle que l’Union européenne a joué dans la lutte contre les mines antipersonnel. L’UE a contribué au maintien de la coopération politique et de l’assistance technique. J’approuve totalement son objectif visant à «réduire radicalement la menace persistante et l’impact des mines terrestres dans le contexte de l’accroissement de la sécurité locale et de la confiance régionale». D’aucuns objecteront que l’objectif «zéro victime» de l’Union européenne est trop optimiste et irréalisable. Il n’empêche que cela doit rester notre but et nous nous engageons à œuvrer en faveur de sa concrétisation.

La stratégie communautaire d’action de lutte contre les mines pour la période 2005-2007 opère sur la base de trois priorités thématiques: réduire la menace posée par les mines terrestres antipersonnel, apaiser les souffrances des victimes et aider à leur réintégration socioéconomique, et renforcer les impacts locaux et régionaux des capacités effectives de l’action de lutte contre les mines.

En poursuivant nos objectifs, nous avons fait preuve d’engagement à la fois politique et financier pour les concrétiser. Nous continuerons sur cette voie. L’Union européenne s’est employée à promouvoir tous les efforts susceptibles pour concrétiser l’objectif de l’élimination totale des mines antipersonnel, y compris par une action commune et des démarches diplomatiques, le dialogue avec des pays tiers ainsi que des interventions dans les forums internationaux.

Il reste encore beaucoup à faire. L’Union européenne a mobilisé des ressources pour soutenir la politique en la matière et continuera de le faire. Financièrement, il est prévu que pour notre campagne 2005-2007, le montant global de la contribution de l’UE à l’action de lutte contre les mines s’élèvera à 140 millions d’euros au moins, des fonds qui s’inscriront dans les objectifs de développement plus vastes de l’Union. Les États membres y contribueront par des financements bilatéraux supplémentaires à l’adresse des pays dans le besoin.

Il est clair que partout où sont enterrées des mines terrestres, les perspectives de développement sont quasi nulles. La simple présence des mines exacerbe la pauvreté en empêchant l’exploitation des terres et des infrastructures, tandis que le coût du traitement des survivants des accidents dus aux mines épuise les ressources déjà limitées des nations les plus pauvres. C’est pourquoi le déminage humanitaire est particulièrement important. Nous continuerons de soutenir l’action de lutte contre les mines centrée sur les pays les plus pauvres. Les actions futures dépendront dans une large mesure de l’intégration de la lutte contre les mines dans les programmes de développement des pays concernés. En cas d’échec, cela portera un sérieux coup aux espoirs de réaliser les objectifs du millénaire pour le développement, qui seront un thème clé du sommet du suivi de la déclaration du millénaire de septembre.

Permettez-moi de conclure en disant que l’Union européenne est déterminée à éliminer la menace posée par les mines terrestres, en encourageant l’adhésion universelle, en détruisant les stocks, en déminant et en portant assistance aux victimes. Nous faisons cela en collaboration étroite avec la communauté internationale, qu’il s’agisse des gouvernements, des organisations internationales ou des organisations non gouvernementales. Continuons d’agir en concertation jusqu’à ce que la terre soit débarrassée de la dernière mine antipersonnel et que l’objectif zéro victime de mines terrestres soit enfin atteint.

 
  
MPphoto
 
 

  Benita Ferrero-Waldner, membre de la Commission. - (EN) Monsieur le Président, outre son extrême importance pour la communauté internationale et l’Union européenne, la question des mines terrestres revêt aussi pour moi une signification toute personnelle. Pendant la guerre, mon père a marché sur une mine et a dû se faire amputer la jambe, alors vous pouvez imaginer combien cela a marqué toute mon enfance. Dès lors, je me suis sentie très concernée par la lutte contre les mines terrestres en tant que ministre des affaires étrangères. Je pense que c’est une pièce maîtresse de notre travail en faveur de la sécurité des êtres humains. Comme nous l’avons entendu, les mines continuent de faire planer leur menace sur de trop nombreux pays.

Cinq ans après l’entrée en vigueur de la convention d’Ottawa et suite à l’issue favorable de la conférence de révision de Nairobi l’an dernier, la communauté internationale, emmenée par l’Union européenne, a réalisé des progrès considérables sur la voie d’un monde sans mines. À l’heure actuelle, 144 pays ont ratifié la convention d’Ottawa.

Mais même si nous avons effectivement engrangé de belles réussites, il reste beaucoup à faire et il ne peut y avoir de sécurité à long terme sans sécurité pour les êtres humains. Le soutien à l’action internationale de lutte contre les mines continue donc de figurer parmi les priorités politiques majeures de l’Union européenne.

Nos efforts pour combattre les mines terrestres font partie intégrante de notre politique extérieure humanitaire et de développement. En réponse au plan d’action de Nairobi, la Commission européenne a adopté,à la fin de l’an dernier, la deuxième stratégie d’action de lutte contre les mines pour la période 2005-2007. Son objectif global est d’atteindre le niveau «zéro victime». Ce que nous voulons, c’est un monde où plus personne ne soit blessé ou tué par des mines. Il ne s’agit pas d’un rêve politique lointain, mais d’un objectif réalisable. Pour le concrétiser, la Commission renforce encore davantage son assistance internationale à l’action de lutte contre les mines, en encourageant vivement les États à ratifier la convention d’Ottawa et en les aidant lors de sa mise en œuvre.

À ce propos, j’ai le plaisir d’annoncer que suite à la récente ratification de la convention d’Ottawa par le parlement ukrainien, la Commission et le gouvernement ukrainien viennent de convenir des modalités d’un projet majeur visant à détruire les stocks de mines terrestres. Nous avons expliqué à nos partenaires ukrainiens qu’ils devaient ratifier la convention d’Ottawa avant que nous puissions libérer des fonds. Il s’agit donc d’un exemple encourageant de coopération concrète en faveur de l’adhésion universelle à cette convention.

Notre stratégie est étayée par un budget de 140 millions d’euros, soit 10 % de plus que pour la période 2002-2004. Cet argent est dépensé à bon escient, non seulement pour le marquage, l’enlèvement et la destruction des mines, mais aussi pour apaiser les souffrances des victimes, promouvoir leur réintégration socioéconomique et améliorer les capacités locales et régionales. Pour vous citer un chiffre spécifique: entre 2001 et 2006, nous aurons dépensé approximativement 40 millions d’euros en Afghanistan afin de sécuriser le pays pour la population civile.

Je voudrais souligner que, depuis la signature de la convention d’Ottawa, le soutien financier global de la Communauté et des États membres a atteint un chiffre record de plus d’un milliard d’euros, soit presque la moitié du budget mondial pour les mines terrestres. Une preuve qu’ici aussi, l’Union européenne est un acteur mondial capable de faire bouger les choses, et que le Parlement européen et la Commission forment avec le Conseil une équipe solide sur le plan des affaires étrangères. Je salue et soutiens tous vos projets de résolution, en vous remerciant de les avoir présentés.

Enfin, je tiens à dire que même si nous sommes actuellement pris dans la tourmente, ce n’est pas une raison pour nous replier sur nous-mêmes. Nous devons rester fermes en poursuivant notre principal objectif de politique extérieure, à savoir une Europe sûre dans un monde meilleur et plus sûr.

(Applaudissements)

 
  
MPphoto
 
 

  Geoffrey Van Orden, au nom du groupe PPE-DE. - (EN) Monsieur le Président, je voudrais remercier Mme Ferrero-Waldner pour ses remarques et son engagement. Je souhaite également la bienvenue au ministre d’État britannique des affaires européennes, M. Douglas Alexander. C’est un grand plaisir de le voir ici.

Depuis une dizaine d’années, je suis engagé dans la lutte contre le fléau des mines antipersonnel. Il est désolant que nous devions encore aborder ce sujet. Comme M. le ministre l’a mentionné, nombre des régions les plus pauvres du monde ont toujours à souffrir de ces armes. On estime qu’elles font encore environ 15 000 victimes tous les ans, alors que des millions de mines continuent d’être stockées. Le fait est que les forces armées des pays concernés ne sont pas suffisamment impliquées dans le déminage. On se repose trop souvent sur les ONG et la communauté internationale. Par ailleurs, il existe un risque que la campagne politique de soutien à l’action de lutte contre les mines se disperse au lieu de se concentrer sur l’essentiel: sécuriser les régions où la présence présumée de mines entrave la vie normale et le développement économique tout comme l’aide aux victimes.

Il est crucial que le problème des mines soit résolu d’ici 2010, c’est-à-dire dans tout juste cinq ans, et qu’il ne devienne pas un de ces problèmes qui n’en finissent jamais. Cela exige un engagement plus actif de la volonté politique et des ressources au niveau de la communauté internationale et des pays concernés.

Il convient de féliciter la Commission pour l’envergure, la qualité et la continuité de sa contribution, mais elle doit accorder une priorité encore plus haute à ce problème. Nous devons garantir un engagement pluriannuel judicieux des fonds ainsi que leur affectation correcte.

Il importe également que nous restions très déterminés, en gardant à l’esprit les besoins de nos propres forces armées, professionnelles et responsables. Certains semblent oublier que le problème ne se situe pas au niveau des démocraties occidentales. Pour la majeure partie, celles-ci font plutôt partie de la solution. Je me réfère à nos propres gouvernements - le gouvernement britannique et les autres gouvernements européens, de même que celui des États-Unis, qui compte parmi les principaux donateurs du monde à l’action de lutte contre les mines.

Le groupe PPE-DE présente sa propre résolution et n’est pas en mesure d’apporter son soutien aux résolutions des autres groupes politiques, qui mettent l’accent sur un élargissement de la campagne afin d’y inclure les mines antichars et d’autres catégories de munitions.

Cette semaine, l’Afrique est au cœur des discussions du sommet du G8 à Gleneagles et ici, au sein des institutions européennes. Rappelons que beaucoup de pays africains figurent parmi les pays les plus touchés par les mines; leur présence est un obstacle majeur au développement rapide qui doit s’effectuer sur tout le continent si les peuples africains veulent avoir une chance d’échapper à la pauvreté. Renouvelons notre engagement afin d’éradiquer l’horrible impact des mines terrestres antipersonnel.

 
  
MPphoto
 
 

  Ana Maria Gomes, au nom du groupe PSE. - (PT) J’ai été moi aussi émue par les interventions du président en exercice du Conseil et de la commissaire, qui ont fait référence à un événement qui doit avoir eu lieu pendant la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, les statistiques indiquent que 20 000 personnes par an sont encore victimes de mines ou de munitions abandonnées, parmi lesquelles 8 000 à 10 000 enfants tués ou mutilés, en général par des mines antipersonnel. Ces armes immorales ont encore des effets sociaux, économiques, environnementaux et humanitaires sur la population et représentent par conséquent une menace intolérable pour la sécurité de communautés tout entières.

La convention d’Ottawa est un immense pas en avant dans la lutte contre ce fléau, mais il reste fort à faire, comme l’ont dit Jody Williams et l’ambassadeur Wolfgang Petritsch lors de la journée d’information organisée le 16 juin au sein de cette Assemblée. Indépendamment des obligations internationales auxquelles les États parties sont soumis, la communauté internationale a le devoir d’éliminer une bonne fois pour toutes non seulement les mines antipersonnel, mais toutes les mines et tous les dispositifs susceptibles de tuer ou de mutiler sans distinction. Des pays tels que le mien, qui ont placé des mines dans d’autres pays au cours de guerres coloniales ou autres ont à présent une responsabilité particulière et doivent contribuer à supprimer ces mines et à soutenir la réadaptation des victimes et leur réintégration dans la société.

L’Europe en particulier doit continuer de jouer un rôle de premier plan dans ce domaine et étendre ce rôle à d’autres aspects du désarmement. La production, le commerce et l’utilisation de mines antivéhicule, d’armes à sous-munitions et d’armes légères posent des défis qu’il faut relever sans délai, sous peine de perdre le dynamisme actuel. Les États membres et les membres de la Commission doivent faire front commun et parler d’une seule voix. Ils doivent hausser la voix et s’exprimer de manière plus efficace pour promouvoir l’universalisation de la convention d’Ottawa dans tous les forums internationaux et dans les relations avec des pays tiers, soulignant la nécessité de sa ratification et de son application. À cette fin, les pays de l’Union européenne qui doivent encore la signer ou la ratifier doivent le faire dans les plus brefs délais et se joindre aux 144 pays qui considèrent cet aspect et d’autres du désarmement au niveau international comme essentiels à la stabilité durable de notre planète et à la sécurité de chacun.

Pour reprendre les conclusions de la conférence d’examen de Nairobi, la priorité est d’œuvrer à l’existence d’un monde sans mines. Nous le devons aux milliers de communautés dont le développement est entravé par ces armes et d’autres, qui tuent et mutilent sans distinction. Nous le leur devons au nom des droits de l’homme, de la sécurité des personnes, de la paix, des valeurs mêmes sur lesquelles l’UE repose, un esprit que reflète la résolution que nous venons de déposer.

 
  
MPphoto
 
 

  Jelko Kacin, au nom du groupe ALDE. - (SL) Alors qu’un grand nombre de pays ont interdit l’utilisation, le stockage, la fabrication et la distribution de mines antipersonnel et se sont engagés à les éliminer en ratifiant la convention, il reste des mines antipersonnel et d’autres types de mines. Pas plus tard qu’hier, un véhicule militaire slovène a touché une mine en Afghanistan. Elles sont enfouies sous terre à la campagne et autour de localités habitées, menacent les personnes et le bétail, apportent la mort et infligent des dommages physiques et psychologiques aux conséquences sociales et autres à long terme. Le monde ne s’est toujours pas débarrassé de cette menace, la plus inhumaine des armes qui polluent notre planète.

Je comprends la situation et les circonstances historiques dans les trois États membres de l’Union européenne qui n’ont pas encore ratifié la convention, mais il est à présent temps de changer quelque peu les choses. Il convient de recourir à d’autres moyens pour prévenir le danger de conflits armés en Europe.

Il existe plus de victimes de mines que nous le pensons, ou dont nous sommes conscients. Les victimes ne sont pas que des civils innocents, principalement des agriculteurs et leur famille, qui, s’ils survivent, sont lésés psychologiquement et physiquement et marqués pour le reste de leur vie. Leurs parents, leurs proches, leurs voisins et leurs amis en sont victimes eux aussi. Nous avons raison d’évoquer dans notre résolution un soutien financier en faveur de la réadaptation et de la réintégration des victimes. Ramener ces personnes dans la société est un processus long et extrêmement exigeant si l’on veut garantir une réadaptation pleine et entière.

Quoi qu’il en soit, toute opération de déminage vaut bien plus que le traitement des conséquences d’une explosion ou la réadaptation des victimes. Dans le sud-est de l’Europe, à moins de 1 000 kilomètres de Strasbourg, on enregistre également encore de nouvelles victimes de mines. Nous devons par conséquent poursuivre les activités de déminage jusqu’à ce qu’il n’y ait plus aucune mine en Europe. Si nous n’agissons pas plus vite, nous aurons de nouvelles victimes et nous ne serons pas en mesure d’agir avec persuasion et efficacité sur d’autres continents si nous ne parvenons pas d’abord à faire le ménage chez nous.

Seul un monde sans mines peut permettre le retour des réfugiés et la régénération de l’agriculture, un facteur économique crucial, surtout dans des pays qui ont connu la guerre.

 
  
MPphoto
 
 

  Caroline Lucas, au nom du groupe des Verts/ALE. - (EN) Monsieur le Président, il y a quelques semaines à peine, un bus au Népal a sauté sur une mine antichars que les rebelles avaient placée sur la route. Plus de 60 civils sont morts. Cet incident - juste un parmi des milliers - illustre les dégâts épouvantables que peuvent causer les mines antichars modernes.

L’interdiction des mines antipersonnel stipulée par la convention d’Ottawa a été une première étape d’importance. Cependant, pour un monde véritablement exempt de mines, il est vital d’aller plus loin et d’exiger une interdiction complète englobant tous les types de mines, y compris les mines antichars et les bombes à fragmentation. Je regrette que le groupe PPE-DE ne puisse pas nous rejoindre sur ce point. L’horrible incident au Népal montre qu’il est urgent d’autoriser les ONG spécialisées à impliquer des acteurs non étatiques dans le déminage des zones sous leur contrôle.

Par ailleurs, n’oublions pas le rôle joué par les institutions financières. Je salue l’initiative prise par des banques privées belges, qui ont cessé d’investir dans des sociétés impliquées dans la production de mines terrestres. L’UE et les États membres devraient s’évertuer à rendre ce bel exemple de responsabilité sociale dans le secteur des entreprises juridiquement contraignant pour toute l’Europe. J’espère que demain, nous enverrons un message fort en adoptant cette excellente résolution et en poursuivant une campagne cruciale pour éradiquer le fléau des mines, qui a tué et mutilé tant de personnes.

 
  
MPphoto
 
 

  Douglas Alexander, président en exercice du Conseil. - (EN) Monsieur le Président, la tenue de cet important débat est pleinement justifiée. J’ai apprécié la discussion animée et réfléchie que nous avons menée pendant le court laps de temps qui nous était imparti aujourd’hui. Nous avons entendu l’émouvant témoignage de la commissaire et vu son engagement personnel pour cette problématique et ce programme.

Comme nous l’avons entendu, il existe un consensus quasi universel sur la nécessité de s’attaquer aux terribles problèmes causés par les mines antipersonnel. On peut aussi constater que, partout sur ce continent, les gens qui partagent nos valeurs n’en attendent pas moins de nous. Permettez-moi de répondre à quelques points majeurs qui ont été soulevés au cours de notre débat.

Je commencerai par rendre hommage au travail de longue haleine que M. Van Orden a fourni dans ce contexte. Il a parlé avec une profonde connaissance des faits et un sentiment de l’urgence, en tenant compte de l’ampleur du défi auquel nous sommes confrontés. Je me joins à lui pour féliciter la Commission pour son travail et saluer les efforts déployés dans ce domaine. Je reconnais, comme il l’a souligné, le défi singulier que doit relever l’Afrique en matière de déminage. Animés par une préoccupation sincère pour la situation de ce continent, nous reconnaissons tous à quel point l’élimination des mines pourrait y favoriser la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement.

Mme Gomes a plus spécialement abordé les risques que les mines font courir aux enfants, tout en reconnaissant l’avancée significative que représente la convention. Je suis d’accord avec sa remarque initiale, selon laquelle l’Europe a un rôle de premier plan à jouer dans ce contexte. De fait, l’Union européenne a été à la pointe de la lutte contre les mines antipersonnel. Je puis lui assurer que nous continuerons sur cette voie. Dans le cadre de la stratégie pour la période 2005-2007, nous visons l’objectif ambitieux d’un niveau «zéro victime», où plus personne ne sera blessé ou tué par les mines terrestres. Cette stratégie représente un objectif commun partagé par les 25 États membres.

M. Kacin a évoqué le danger toujours très actuel que représentent les mines terrestres en évoquant un incident récent survenu en Afghanistan. En ce qui concerne l’universalisation de la convention, un élément du plan d’action adopté par la première conférence de révision de la convention d’Ottawa de décembre dernier, l’Union européenne s’est engagée à promouvoir l’adhésion universelle à cet accord. La communauté internationale progresse: 152 pays ont à présent signé la convention et 144 l’ont ratifiée, de sorte que la convention d’Ottawa est maintenant pratiquement devenue la norme internationale. Néanmoins, cela ne signifie pas que nous puissions cesser nos efforts en vue d’obtenir une adhésion universelle.

Mme Lucas a rendu un hommage à mon sens légitime à l’important travail fourni par les acteurs non étatiques dans le cadre du processus d’universalisation de la convention. Nous devons continuer à plaider en faveur d’actions supplémentaires. En entreprenant notre action de lutte contre les mines, nous avons eu la possibilité de vraiment faire changer des choses dans la vie de millions de personnes dans le monde, et je crois qu’il est maintenant de notre responsabilité de poursuivre sur cette voie. C’est une occasion pour les aider à se libérer de la peur sournoise que les mines antipersonnel font planer sur leur vie quotidienne, semaine après semaine. Nous avons la responsabilité de relever résolument ce défi et d’obtenir des résultats concrets qui permettront d’apporter la prospérité et la sécurité aux générations futures, non seulement sur ce continent mais sur tous les continents de la planète.

Je vous remercie pour les interventions que j’ai entendues durant le débat de cet après-midi. J’ai été encouragé par l’engagement de la Commission. Je puis vous assurer que la présidence du Royaume-Uni continuera de s’investir dans cet important domaine.

(Applaudissements)

 
  
MPphoto
 
 

  Le Président. - J’ai reçu six propositions de résolution(1) pour clore le débat, déposées conformément à l’article 103, paragraphe 2, du règlement.

Le débat est clos.

Le vote aura lieu le 7 juillet 2005.

(La séance, suspendue à 17h50, est reprise à 18 heures)

 
  
  

PRÉSIDENCE DE MME KAUFMANN
Vice-présidente

 
  

(1) Cf. procès-verbal.

Avis juridique - Politique de confidentialité