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Compte rendu in extenso des débats
Jeudi 27 octobre 2005 - Strasbourg Edition JO

17. Ouzbékistan
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  Le Président. - L’ordre du jour appelle le débat sur six propositions de résolution sur les droits de l’homme en Ouzbékistan(1).

 
  
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  Józef Pinior (PSE), auteur. - (PL) Monsieur le Président, l’Ouzbékistan, pays de plus de 20 millions d’habitants, a vu naître le légendaire Tamerlan. Il se trouve sur la route de la soie et, bien conscient de son héritage historique, joue un rôle géostratégique clé au carrefour entre l’Europe, le Moyen-Orient et l’Asie. La riche culture du peuple ouzbek le destine à assumer une fonction de premier plan dans l’établissement d’un ordre politique international basé sur la paix, la démocratie et le respect des droits de l’homme.

Le régime autoritaire d’Islam Karimov étouffe les ambitions démocratiques des citoyens ouzbeks. Il viole les droits de l’homme et est le responsable du massacre d’Andijan. Samedi dernier, le 22 octobre 2005, un dirigeant d’opposition, l’homme d’affaires Sanjar Umarov, a été arrêté. Son avocat, Vitaly Krasilovsky, a dressé un tableau alarmant du traitement humiliant réservé à M. Umarov. M. Krasilovsky s’inquiète pour la santé de son client, qu’il n’a pu voir que quelques minutes en prison, d’autant plus que M. Umarov a été alors incapable d’apporter des réponses cohérentes aux questions de son avocat. Ce n’est là qu’un des nombreuses violations des droits de l’homme dont le régime Karimov se rend coupable.

L’Union européenne ne peut rester sans réaction face à la situation en Ouzbékistan. Nos actions doivent être orientées sur la société civile ouzbèke et servir à établir de bonnes relations avec le peuple ouzbek, ainsi qu’à aider ceux qui ont souffert des persécutions politiques du régime autoritaire. Une visite de représentants du Parlement en Ouzbékistan reste fondamentale. Les autorités ouzbèkes doivent accepter qu’une délégation du Parlement européen se rende à Andijan et rencontre des représentants des médias, de l’opposition et des ONG. Si vous me le permettez, je voudrais vous faire part de mon espoir de voir les bonnes relations entre l’Union européenne et l’Ouzbékistan continuer à prospérer parce qu’elles doperont le développement et la prospérité de la population locale. Elles favoriseront également l’ancrage de la démocratie et des droits de l’homme en Ouzbékistan et en Asie centrale en général.

 
  
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  Carl Schlyter (Verts/ALE), auteur. - (SV) Monsieur le Président, le Conseil a adopté, le 3 octobre, une décision judicieuse en faveur d’un embargo sur les armes. L’Ouzbékistan n’a pas besoin d’armes qu’il pourrait utiliser pour opprimer son peuple. Il serait bon que nous demandions maintenant la réalisation d’une enquête indépendante sur les événements d’Andijan.

Les médias sont étroitement contrôlés, et l’opposition et les membres des mouvements populaires ne peuvent se réunir. Les demandes que nous adressons au président Karimov ne sont pas si difficiles à satisfaire. Il doit juste se conformer à la constitution de son pays, qui stipule que la liberté de mouvement, d’association et de rassemblement doivent prévaloir et que les tribunaux doivent être indépendants. Il n’est pas déraisonnable de demander qu’un président respecte la constitution de son propre pays, et c’est ce que nous faisons aujourd’hui en cette Assemblée.

 
  
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  Simon Coveney (PPE-DE), auteur. - (EN) Monsieur le Président, je tiens à m’excuser. Je n’aurais naturellement pas dû négliger la présence du commissaire lors de ma dernière intervention. Je ne commettrai plus cet impair.

Je me réjouis de pouvoir aborder brièvement la proposition relative à l’Ouzbékistan. L’Ouzbékistan est un pays vaste et très influent d’Asie centrale. Sa stabilité se reflète directement sur l’ensemble de la région, et l’UE s’est efforcée à juste titre de nouer des contacts et d’établir des relations avec ce voisin important et géographiquement proche. Pour moi, cependant, cette proposition n’a qu’un seul objectif: redemander ce qui s’est passé à Andijan en mai dernier et appeler de nouveau à l’ouverture d’une enquête transparente et indépendante. Certains semblent d’avis qu’en demandant l’établissement de la vérité, nous prenons d’une certaine manière parti contre les autorités ouzbèkes. Les droits de l’homme et le droit international sont au cœur du système de valeurs de l’Union, et il est de notre devoir d’appeler à l’établissement de la vérité qui se cache derrière cette tragédie.

Il existe pour l’heure trois versions de la «vérité». La première, la version officielle ouzbèke et celle du président Karimov, est que ces tueries étaient «une réponse mesurée à une révolte islamiste, durant laquelle 187 criminels ont été tués». Vient ensuite la version des médias et des ONG, qui fait état d’un bain de sang dans lequel des femmes et des enfants ont été fauchés par des policiers en armes, des corps ont été traînés dans une école toute proche et y ont été laissés jusqu’au lendemain, alors que certains n’étaient pas morts, avant d’être transportés à l’hôpital. Nous ne savons même pas combien de personnes ont été tuées. Les rapports font état de 500 à 1 500 morts. La troisième source est la population d’Andijan. La plupart des habitants se sont murés dans le silence ou souffrent d’amnésie, craignant de parler du fait que certains de ceux qui l’ont fait ont disparu.

L’Union doit insister pour que soit ouverte une enquête indépendante, et nous devons prendre les mesures qui s’imposent pour garantir que tout refus aura des conséquences sur les relations entre l’Ouzbékistan et l’Union européenne.

 
  
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  Ona Juknevičienė (ALDE), auteur. - (LT) Le président ouzbek, Islam Karimov, ignore ouvertement et de façon éhontée le souhait de la communauté internationale de faire toute la vérité sur ce qui s’est passé à Andijan en mai dernier. Il échafaude sa propre version des faits. Le président Karimov crée cette vérité de toutes pièces en violant ouvertement les droits de l’homme, en effaçant les traces des tueries et en neutralisant les témoins et leurs proches. On dirait qu’il ne peut y avoir qu’une seule vérité en Ouzbékistan, celle qui est totalement censurée par les autorités. Terrorisme et criminalité économique, telles sont les étiquettes floues qui sont utilisées pour dissimuler les traitements violents infligés aux prétendus ennemis de l’État. Quoi qu’il en soit, je pense qu’il faut faire une distinction claire entre la garantie de la sécurité et la répression. Depuis son interdiction, l’opposition s’est radicalisée. L’injustice sociale et la répression des avis divergents font le lit de l’extrémisme religieux. On sait que l’Ouzbékistan est une cible privilégiée des extrémistes islamistes; cependant, de tels actes commis par les autorités n’arrêteront pas le radicalisme islamiste, parce que seules la démocratie et la justice indépendante peuvent aider à lutter contre le radicalisme, mais pas la répression. Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je vous encourage vivement à voter aujourd’hui en faveur de la résolution parce que j’y vois une nouvelle contribution à la promotion de la diversité des opinions parmi les citoyens ouzbeks, ainsi que de la liberté d’expression et des droits de l’homme. Voilà la vraie route qui mène à la démocratie.

 
  
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  Erik Meijer (GUE/NGL), auteur. - (NL) Monsieur le Président, il n’y a pas qu’en Ukraine, en Géorgie ou au Kirghizstan que des régimes autoritaires ont pris le pouvoir après l’écroulement de l’Union soviétique; cela a également et, en particulier, été le cas au Belarus, au Turkménistan et en Ouzbékistan. Là, ce n’est pas la démocratie qui a triomphé, mais plutôt un groupe de personnes qui avaient fait leurs classes dans l’ancien appareil étatique et dans les services de renseignements. N’ayant d’autre objectif que celui de rester au pouvoir, ces individus font des entreprises d’État leur propriété privée, manipulent les résultats des élections, laissent le moins de marge de manœuvre possible à l’opposition, mettent des bâtons dans les roues des organisations libres, musèlent la presse et, si nécessaire, recourent à la violence contre leurs concitoyens.

L’Ouzbékistan est prêt pour le changement radical, mais l’impulsion initiale donnée dans cette direction par les manifestants a été étouffée dans l’œuf le 13 mai avec une brutalité qui a fait des centaines de victimes. Depuis ce jour, le monde extérieur est resté ostensiblement silencieux. Est-ce que cela aurait quelque chose à voir avec ses intérêts économiques et militaires? La dictature en Ouzbékistan va-t-elle être autorisée à rester au pouvoir parce qu’elle s’est avérée utile dans l’intervention militaire en Afghanistan? Allons-nous laisser les Ouzbeks en plan? L’Europe ne doit pas faire passer leurs droits et libertés après d’autres considérations. La proposition de résolution nous aide à adopter la bonne position.

 
  
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  Marcin Libicki (UEN), auteur. - (PL) Monsieur le Président, il est malheureux que la percée historique qui a débouché en Pologne sur la formation d’un gouvernement démocratique en 1989 et ensuite à la chute du Mur de Berlin et à la désintégration du bloc communiste à la botte de Moscou, n’a pas entraîné l’émergence d’un régime démocratique respectueux des droits de l’homme dans tous les pays de l’ancien bloc de l’Est. Les transformations observées en Pologne, en Slovaquie, en République tchèque et en Hongrie, par lesquelles des systèmes basés sur les droits de l’homme ont été établis, ne se sont pas vérifiées au début en Ukraine. Elles se font toujours attendre au Belarus, et on n’en perçoit malheureusement aucun signe en Ouzbékistan non plus.

Les événements du 13 mai 2005 ont illustré la situation actuelle en Ouzbékistan. L’attitude du gouvernement, qui refuse d’autoriser les observateurs étrangers à enquêter sur les causes des nombreux décès, intimide les journalistes et empêche tout contrôle extérieur, fait que le Parlement doit adopter une position ferme à ce sujet. C’est pourquoi nous en appelons à une enquête sur toutes ces questions et à l’instauration de la démocratie en Ouzbékistan.

 
  
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  Bernd Posselt, au nom du groupe PPE-DE. - (DE) Monsieur le Président, l’Ouzbékistan est un paysage culturel ancestral qui, ayant donné naissance à des États tels que les khanats de Bukhara ou de Kokand, a ensuite été la victime d’un colonialisme agressif. Nous avons aujourd’hui parlé du colonialisme européen en Afrique, mais dans le cas qui nous préoccupe, le colonialisme fut soviétique et communiste et suivit les traces du colonialisme tsariste en Asie centrale. Ce n’est qu’en 1989, avec le renversement du régime communiste en Europe centrale, que ce colonialisme a cessé. Je voulais le dire à l’attention de M. Kohlíček.

Nous avons l’obligation de considérer la situation dans cette région d’un point de vue réaliste. Ces pays ont été punis en étant transformés en monocultures, ils ont été pillés et saignés à blanc. Aujourd’hui, ils tentent laborieusement de trouver la voie menant à un État. Nous nous devons d’éprouver une certaine compassion pour leur situation, et nous devons leur apporter toute l’aide intensive que nous pourrons leur offrir. Cela ne signifie toutefois pas que nous pouvons fermer les yeux sur les violations des droits de l’homme.

Ce que nous demandons est clair et sans ambiguïté: nous demandons que le gouvernement ouzbek cesse d’entraver les enquêtes qui ont déjà pris pas mal de retard, qu’il relâche tous les prisonniers et respecte les libertés fondamentales et les droits de l’homme. Si nous devons progresser dans cette voie, ce sera par le dialogue et non en traitant l’autre partie comme un enfant.

Nous devons être conscients de la présence de terroristes et d’éléments déstabilisants dans toute la région, sans parler de l’influence constante de Moscou, qui a récemment livré à l’Ouzbékistan de grandes quantités de mines antipersonnel - dont nous avons souvent eu l’occasion de parler en cette Assemblée -, qui serviront, entre autres, à la fortification des frontières. Les troupes russes sont toujours présentes sur le sol ouzbek, comme s’il s’agissait toujours d’une colonie. Voilà autre chose que nous ne pouvons accepter comme cela, parce que c’est une région où les intérêts géostratégiques vitaux des grandes puissances se heurtent les uns aux autres, notamment dans le secteur de l’énergie.

Disons donc haut et clair que deux options antagonistes s’offrent à la région: le respect des droits de l’homme et le partenariat ouvert et équitable d’un côté, et le colonialisme - sous quelque forme que ce soit - de l’autre.

 
  
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  Karin Scheele, au nom du groupe PSE. - (DE) Monsieur le Président, la résolution aujourd’hui à l’examen condamne le refus du gouvernement ouzbek d’assurer la transparence sur ce qui s’est passé en mai 2005 et montre l’importance d’une commission d’enquête internationale et indépendante capable de mettre rapidement en lumière les détails de ces événements et d’observer les processus en cours sans être victime d’interférences.

Le grand public ignore toujours combien de personnes sont mortes en mai à Andijan. Les chiffres avancés par les organisations de défense des droits de l’homme vont de 500 à 1 000, tandis que le gouvernement ouzbek parle de 176 victimes. Une fois de plus, le président Karimov utilise l’islamisme comme un instrument contondant pour mettre ses opposants politiques - de quelque couleur politique qu’ils soient - hors d’état de nuire. C’est pourquoi il est crucial que nous insistions sur la libération des défenseurs des droits de l’homme, des journalistes et des membres de l’opposition politique qui sont toujours en prison.

 
  
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  Tobias Pflüger, au nom du groupe GUE/NGL. - (DE) Monsieur le Président, quiconque a observé les violations brutales des droits de l’homme en Ouzbékistan s’attendrait à une critique incisive du régime en place plutôt qu’à une atténuation des événements, comme vient de le faire M. Posselt. Au lieu de cela, l’Ouzbékistan profite de la coopération la plus étroite possible de la part d’un État membre de l’UE. Cet État membre, c’est l’Allemagne, qui possède à Termes une base militaire d’une importance géopolitique vitale, en particulier pour les opérations militaires en Afghanistan. J’ai appris de la part de l’OTAN qu’il ne s’agissait pas d’une de ses bases, même si elle est utilisée par des pays signataires du pacte atlantique et par les Pays-Bas, la Belgique, la Suède, la Norvège, le Danemark, le Royaume-Uni, la France, la Grèce et l’Espagne, soit autant d’États membres de l’UE.

L’Allemagne octroie à l’Ouzbékistan une aide économique et militaire généreuse estimée à deux milliards d’euros, en plus d’une aide à la construction d’usines d’armement et de la fourniture d’armes usagées, etc. La politique de l’UE en matière de droits de l’homme est hypocrite si, d’une part, on critique à juste titre les violations brutales des droits de l’homme alors que, d’autre part, les considérations géopolitiques font que le régime en place en Ouzbékistan reçoit une aide militaire et économique.

 
  
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  Urszula Krupa, au nom du groupe IND/DEM. - (PL) Monsieur le Président, le Parlement européen tient de nouveau un débat sur les droits de l’homme à l’approche des élections législatives en Ouzbékistan, prévues pour décembre.

L’Ouzbékistan est une ancienne république soviétique. S’il a acquis une indépendance partielle par rapport au régime communiste, le pouvoir est toujours exercé de la même façon. Islam Karimov, l’ancien premier secrétaire du parti communiste local qui occupe la fonction de président, s’est avéré être lui-même un dictateur. Il tente d’apaiser les puissances rivales russe, européenne et américaine, les États-Unis ayant même utilisé des bases militaires dans le pays jusqu’il y a peu. L’Ouzbékistan est une région d’importance politique et économique stratégique pour la Russie et les États-Unis, ce qui complique encore plus la situation. Depuis 2001, le pays est un des principaux alliés des Américains dans la lutte contre le terrorisme en Asie.

Au même titre que la Russie, l’Ouzbékistan est également membre des Cinq de Shanghai, un forum visant à combattre le terrorisme en Asie. Moscou brandit la menace du fondamentalisme islamiste pour obliger l’Ouzbékistan à rester dans sa sphère d’influence.

L’Ouzbékistan possède d’abondantes ressources naturelles, y compris du pétrole et du gaz naturel. Grâce essentiellement à l’aide américaine, il a engrangé un certain nombre de succès économiques. C’est également un pays où des populations musulmanes, orthodoxes et catholiques d’origine ethnique diverse cohabitaient pacifiquement par le passé. Ces derniers temps toutefois, à cause notamment des frictions entre les pressions extérieures et les pratiques autoritaires de Karimov, le pays a été le théâtre de violations des droits de l’homme et de persécutions de l’opposition, en particulier de l’opposition islamique.

Le 13 mai, une manifestation a été violemment réprimée à Andijan, et les estimations parlent de plusieurs centaines de victimes civiles. En dépit des protestations, les auteurs de ce massacre n’ont pas été traduits en justice, et la presse a passé la tragédie sous silence. Les rapports des observateurs étrangers, d’Amnesty International et de Human Rights Watch font état d’actes de torture barbares sans précédent perpétrés dans les geôles ouzbèkes contre les opposants au régime, de violations des droits de l’homme et de persécutions à l’encontre des journalistes indépendants et des activistes politiques qui ont dévoilé la vérité sur les événements du 13 mai. Après plusieurs attentats manqués contre sa personne, le président Karimov fait maintenant référence aux critiques musulmans en termes de fanatiques et de terroristes, justifiant de ce fait la persécution des penseurs politiques indépendants de l’opposition.

Le Saint Père, Jean-Paul II, aimait à nous rappeler que la liberté est toujours un défi. Il disait aussi que le pouvoir est un défi pour la liberté et qu’il ne pouvait être exercé qu’au service des autres. La communauté internationale et ceux qui occupent le pouvoir devraient toujours accorder à la dignité humaine et aux droits de l’homme la préséance sur les intérêts économiques. C’est pour cette raison que nous appelons à la fin des persécutions, au respect de la dignité humaine et à l’observation des obligations de base découlant de la Charte des droits fondamentaux et des principes démocratiques.

 
  
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  Olli Rehn, membre de la Commission. - (EN) Monsieur le Président, à la suite du massacre d’Andijan et du refus permanent de l’Ouzbékistan d’ouvrir une enquête internationale indépendante sur ces événements, l’Union européenne a adopté une position très ferme à l’égard du pays via l’adoption des conclusions du Conseil du 3 octobre dernier, qui font suite à celles adoptées depuis mai.

Le paquet de mesures restrictives inclut la suspension partielle de l’accord de partenariat et de coopération, un embargo sur les armes, une interdiction sélective de visas ainsi que la possibilité de prendre des mesures dans le cadre des Nations unies et de l’OSCE. Il s’agit d’un signal politique très clair et très ferme adressé par l’Union à l’Ouzbékistan.

La Commission soutient pleinement les États membres dans l’application de l’interdiction de visas, dont les modalités sont en cours de finalisation. Elle soutient tout aussi pleinement la mise en œuvre de l’embargo sur les armes et a préparé pour le Conseil une législation à effet immédiat.

Pour ce qui est de l’accord de partenariat et de coopération (APC), la Commission a immédiatement suspendu toutes les réunions techniques prévues avec l’Ouzbékistan. Cela signifie que nous avons suspendu les sous-comités en charge du commerce et de l’investissement ainsi que de la justice, de la liberté et de la sécurité, tout comme le comité de coopération.

Bien que l’initiative concernant la réunion du conseil de coopération soit du ressort des États membres, la Commission estime que ladite réunion pourrait être maintenue, de manière à ne pas rompre totalement notre dialogue politique avec l’Ouzbékistan.

Elle prend note de la décision de reporter la sixième réunion du comité de coopération parlementaire UE - Ouzbékistan et regrette que la délégation n’ait pas été autorisée à se rendre dans la région d’Andijan ni à rencontrer sans restrictions les représentants de l’opposition, les organisations non gouvernementales et les médias indépendants.

Concernant l’aide communautaire, la Commission a accepté une réduction et une réorientation de celle-ci; elle passera de 11 à 9,25 millions d’euros cette année et de 9 à 7,25 millions d’euros l’année prochaine. En dépit de ces réductions, nous sommes fermement convaincus que l’aide ciblée de l’Union doit être maintenue. Elle devrait se concentrer sur la réduction de la pauvreté dans la vallée du Fergana et sur le développement d’une société civile, ainsi que sur les réformes juridiques et judiciaires et le développement de l’enseignement supérieur.

Je tiens à saisir l’occasion qui m’est offerte pour souligner que la situation des droits de l’homme qui prévalait avant les événements de mai était déjà bien sombre et qu’elle était une source de graves préoccupations pour la Commission. Pour ne citer qu’un de ces sujets de préoccupation, la Commission accueillerait très favorablement un engagement public qui viendrait étayer la condamnation de la torture par le président Karimov.

La Commission continuera par ailleurs de presser les Ouzbeks à instaurer un moratoire immédiat sur toutes les condamnations à mort prononcées avant l’abolition de la peine capitale en 2008. Elle s’inquiète également des rapports sur la détention et le harcèlement de personnes telles que des militants des droits de l’homme, des journalistes et des activistes locaux qui ont mis en doute la présentation officielle des événements.

Elle poursuivra ses efforts en matière de lutte contre le trafic de drogue, d’amélioration de la gestion des frontières, de réseaux énergétiques et de réseaux de transport. L’exclusion de l’Ouzbékistan de ces programmes régionaux nuirait davantage aux voisins de l’Ouzbékistan qu’au pays lui-même.

 
  
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  Le Président. - Le débat est clos.

Le vote aura lieu aujourd’hui à 16 heures.

 
  

(1)Cf. procès-verbal.

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