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Compte rendu in extenso des débats
Mercredi 16 novembre 2005 - Strasbourg Edition JO

4. Changement climatique - Vaincre le changement climatique planétaire
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  La Présidente. - L’ordre du jour appelle en discussion commune:

- les déclarations du Conseil et de la Commission sur le changement climatique;

- le rapport (A6-0312/2005) de M. Wijkman, au nom de la commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire sur «Vaincre le changement climatique planétaire» (2005/2049(INI)).

 
  
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  Margaret Beckett, présidente en exercice du Conseil. - (EN) Madame la Présidente, il est désormais presque universellement reconnu que le changement climatique est un problème grave et urgent. Le GIEC prévoit une augmentation des températures globales pouvant atteindre 5,8°C d’ici 2100. Selon une compagnie d’assurance, les coûts économiques estimés du réchauffement planétaire pourraient doubler pour s’élever à 150 milliards de dollars des États-Unis chaque année dans les dix prochaines années, ce qui se traduirait, pour les assureurs, par des demandes d’indemnités atteignant 30 à 40 milliards de dollars. De nombreuses raisons portent à croire que la vague de chaleur qui a frappé l’Europe en 2003 a été influencée par le réchauffement planétaire, provoquant, comme vous vous en souvenez, 26 000 décès de personnes âgées et des préjudices estimés à 13,5 milliards de dollars.

Ces événements et le prix à payer qui en résulte font apparaître très clairement ce qu’un changement climatique non contrôlé signifierait pour nous. Il est évident que l’ampleur d’un problème de changement climatique est énorme et que ce problème est pressant, et c’est pourquoi le Royaume-Uni a décidé de faire du changement climatique une priorité de nos présidences du G8 et de l’UE.

L’année 2005 a été une période critique pour la politique internationale de changement climatique. Le protocole de Kyoto est entré en vigueur. Le système communautaire d’échange de droits d’émission est en place et fonctionne et nous devons, à la fin de l’année, entamer des discussions sur les actions à entreprendre après 2012, un aspect sur lequel je reviendrai.

Bien que le G8 ne représente qu’un petit groupe - mais un groupe clé - de pays, j’espère que les progrès que nous avons accomplis dans ce contexte auront un impact majeur. Les discussions au sommet du G8 en juillet ont été conclues par un communiqué ambitieux, qui comprend l’accord de tous les membres, y compris les États-Unis, sur le rôle de l’activité humaine dans le réchauffement planétaire et sur la nécessité d’agir d’urgence. Un consensus a également été obtenu sur un paquet d’actions pour combattre le changement climatique en agissant dans diverses directions: efficacité énergétique, production plus propre d’énergie, recherche et développement, financement d’énergies plus propres, gestion des impacts du changement climatique, et lutte contre l’exploitation forestière illégale.

Les pays du G8 se sont engagés, avec la Banque mondiale et d’autres banques de développement, à améliorer la gestion du financement des technologies propres et, plus important encore, ils ont également convenu d’ouvrir un nouveau dialogue entre les pays du G8 et d’autres pays ayant des besoins énergétiques significatifs, sur le changement climatique, l’énergie propre et le développement durable. La première réunion de ce dialogue a eu lieu à Londres le 1er novembre. Le Mexique a proposé d’accueillir la deuxième réunion l’an prochain.

Les États membres de l’Union européenne ont été parmi les premiers, dans les années 90, à reconnaître les dangers du réchauffement planétaire, ses liens avec l’activité humaine et la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Dès 1991, la Commission a publié la première stratégie communautaire visant à limiter les émissions de CO2 et à améliorer l’efficacité énergétique. À la lumière des engagements pris par l’UE aux termes du protocole de Kyoto, il est rapidement apparu évident qu’il fallait aller plus loin. C’est ainsi que le programme européen pour le changement climatique a été lancé en 2000. Aujourd’hui, l’UE est à l’avant-garde dans ce domaine, par exemple en se concentrant sur les émissions dues à l’aviation, et nous saluons chaleureusement la récente communication de la Commission sur la réduction des impacts de l’aviation sur le changement climatique. Le fait qu’elle ait annoncé qu’elle soutiendrait l’inclusion des émissions de l’aviation dans le système européen d’échange de quotas d’émissions est très encourageant et nous sommes impatients de favoriser les progrès dans ce domaine et d’en faire une priorité pour notre présidence de l’Union européenne.

L’Europe reconnaît clairement l’importance de l’efficacité énergétique pour affronter le défi posé par le changement climatique, et des travaux sont déjà en cours pour faire bénéficier l’ensemble de la Communauté des économies que procure l’efficacité énergétique. La directive «Services énergétiques», sur laquelle nous espérons nous mettre d’accord pour la fin de l’année, devrait représenter un premier pas ambitieux, tandis que le Livre vert de la Commission sur l’efficacité énergétique, publié à la fin du mois de juin, devrait définir le futur plan directeur d’une stratégie européenne d’efficacité énergétique jusqu’en 2020.

Mais malgré tout ce travail et tous ces efforts, il est clair que les émissions produites dans l’UE ne diminuent pas aussi rapidement que nous le voulons et qu’il faut agir d’urgence dans tous les secteurs, aux niveaux national et communautaire. J’applaudis donc à la décision de la Commission de lancer une nouvelle phase du programme européen sur le changement climatique pour examiner quelles actions supplémentaires pourraient être entreprises.

Parallèlement à cela, la Commission et le Conseil développent une stratégie communautaire à moyen et long terme de traitement du changement climatique et rendront compte des progrès réalisés jusqu’ici au Conseil européen de décembre. La contribution du Parlement dans ce domaine sera cruciale, aussi la résolution que vous avez récemment adoptée représente-t-elle une contribution extrêmement précieuse à ce processus.

La présidence britannique s’emploie à donner un nouvel élan au vaste processus international dans le contexte duquel l’UE joue un rôle crucial. C’est pourquoi nous avions mis le changement climatique à l’ordre du jour des sommets UE-Chine et UE-Inde. Ces deux pays sont des partenaires particulièrement importants pour l’UE en matière de changement climatique. Des discussions bilatérales utiles sur la sécurité et l’efficacité énergétiques ont eu lieu dans le cadre de ces deux sommets.

La nouvelle initiative visant à aboutir à des émissions proches de zéro pour le charbon, avec piégeage et stockage du carbone pour relever le défi crucial de la lutte contre l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre dues au charbon, est un élément clé du partenariat avec la Chine. Nous avons également conclu un nouveau partenariat avec l’Inde. Le sommet UE-Russie a également été une excellente occasion d’examiner quelles expériences nous pouvons partager en ce qui concerne la mise en œuvre du protocole de Kyoto, pour garantir que ses mécanismes soient mis en œuvre le plus vite possible.

En septembre, pour la première fois, les ministres du Conseil «Agriculture» ont rencontré les ministres de l’environnement pour discuter des impacts du changement climatique sur l’agriculture dans l’UE. Nous avons également inscrit le changement climatique à l’ordre du jour des Conseils «Énergie», «Transports» et «Compétitivité».

Toute cette activité va conduire à la première réunion des parties au protocole de Kyoto en décembre à Montréal où, conformément au protocole, les parties entameront des discussions sur l’après-2012. Permettez-moi d’insister sur le fait que l’UE et le Royaume-Uni restent fermement engagés à l’égard du protocole de Kyoto et de la convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique. Comme notre Premier ministre, Tony Blair, l’a déclaré cette semaine au banquet du Lord Maire à Londres, le monde a besoin d’un cadre prévoyant des objectifs adéquats, judicieusement et intelligemment appliqué selon un calendrier opportun qui nous mène au-delà de 2012. Je pourrais peut-être demander à mes collègues de prendre note tout particulièrement de l’utilisation du mot «objectifs», parce que le Royaume-Uni a déclaré à maintes reprises que des accords formels incluant des objectifs sont absolument essentiels à tout régime international de changement climatique, entre autres parce que, pour les entreprises, ce sont des incitants et qu’elles leur apportent une certitude.

Le processus informel du G8 revêt également une importance énorme, mais il est complémentaire. Il n’est pas, et n’a jamais été destiné à être, un substitut au protocole de Kyoto ou à la convention des Nations unies. J’espère que le travail que nous avons accompli cette année dans le cadre des deux présidences servira de base aux travaux de Montréal.

Montréal sera tout d’abord la célébration d’une réussite majeure: l’entrée en vigueur du protocole de Kyoto. L’on a parfois cru que cela ne se ferait jamais, mais l’UE a poursuivi obstinément son travail en vue de ce résultat, et maintenant c’est fait, nous avons le seul accord international contraignant crédible au monde sur le contrôle des émissions de gaz à effet de serre.

La position de négociation de l’UE à Montréal a été définie lors du Conseil «Environnement» d’octobre. Premièrement, nous voulons un accord sur les décisions prises à Marrakech - celles qui constitueront le livre de règlements du protocole. Deuxièmement, nous voulons convenir d’un mécanisme de conformité pour garantir que les parties au protocole en respectent les règles. Troisièmement, nous voulons essayer d’améliorer le mode de fonctionnement des mécanismes de Kyoto - et je parle ici principalement du mécanisme de développement propre. Les échanges de droits d’émissions, le MDP et la mise en œuvre conjointe sont autant d’éléments cruciaux pour le protocole et ils resteront essentiels dans les années à venir.

Enfin, la conférence de Montréal se tournera vers l’avenir et commencera à discuter de ce qui se passera quand la première période d’engagements de Kyoto se terminera en 2012. Cette dernière question sera probablement la plus délicate, tout en étant également l’élément le plus important. Tout ce que nous voulons, c’est préparer l’après-2012 du protocole de Kyoto et lancer une discussion conformément à l’article 3, paragraphe 9, de ce protocole pour examiner les futurs engagements de l’UE avec les autres parties au protocole. Toutefois, il est également évident que, pour qu’un régime global de changement climatique soit réellement efficace, nous avons besoin d’une participation plus large que celle que le protocole offre actuellement. À Montréal, nous chercherons des voies vers un cadre post-2012 qui s’appuiera sur le protocole de Kyoto tel qu’il fonctionne actuellement, en tirera les leçons, et pourra inclure autant de pays que possible.

L’UE devra soutenir clairement notre ambition politique pour la conférence des parties de Montréal, avec la preuve réelle que nous prenons les devants en matière de lutte contre le changement climatique. Le protocole de Kyoto dispose également qu’à la fin de 2005, les parties doivent faire état de leurs progrès en matière de satisfaction à leurs engagements relatifs à Kyoto. Ce sera le moment idéal pour l’UE de réaffirmer son engagement en faveur de Kyoto et sa volonté d’atteindre ses objectifs de réduction d’émissions et de remplir son obligation d’aider les pays en développement. Dans le cadre de la préparation de la conférence, nous rassemblons des données, des faits et des chiffres pour montrer comment nous appliquons dans la pratique notre engagement politique. Nous savons que nous devons en faire plus et nous sommes tous prêts à le faire.

Le débat d’aujourd’hui, ici à Strasbourg, nous permettra de faire le point sur la situation actuelle et nous donnera une occasion supplémentaire de prouver au reste du monde que l’UE prend ce problème très au sérieux et qu’elle s’emploie à fournir des résultats. Ensemble, nous avons déjà accompli beaucoup; nous avons fait preuve de leadership et nous avons réellement fait changer les choses. Nous devons continuer dans cette voie et ne pas faiblir alors que les enjeux environnementaux deviennent de plus en plus importants.

Nous ne verrons pas la solution du problème à Montréal, ni sous l’actuelle présidence britannique de l’UE. Il faut que les futures présidences - celle de l’UE et celles du G8 - poursuivent ce travail, en maintenant le changement climatique en bonne place sur leurs agendas et en s’attaquant aux menaces majeures qu’il représente pour nos économies, notre société et notre environnement. Des signes encourageants indiquent que les prochaines présidences du G8 - la Russie et le Japon - ont bien l’intention d’agir ainsi et je suis convaincue de la détermination permanente de l’UE à s’occuper de cette question vitale.

(Applaudissements)

 
  
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  Stavros Dimas, membre de la Commission. - (EL) Madame la Présidente, je suis particulièrement ravi de cette opportunité qui m’est donnée de débattre avec vous des évolutions récentes relatives au changement climatique ainsi que de la manière de renforcer la politique communautaire y afférente et de parvenir à ce que tous les partenaires participent activement à la coopération internationale constructive dans ce domaine.

Le débat d’aujourd’hui revêt une importance toute particulière à la veille de la prochaine réunion des parties à Montréal, laquelle sera marquée par l’entrée en vigueur du protocole de Kyoto et par des discussions quant au système destiné à lutter contre le changement climatique après 2012.

Les catastrophes qui se sont succédé ces derniers temps nous ont tous préoccupés. Cet été, nous avons connu une grave sécheresse dans la péninsule Ibérique, des inondations en Europe centrale et toute une série d’ouragans - Katrina, Rita, Wilma -, sans parler des autres catastrophes à moindre échelle.

L’année 2005 a déjà battu tous les records, en ce sens que c’est au cours de cette année qu’a été enregistré le nombre le plus élevé de cyclones tropicaux depuis que ceux-ci sont recensés. Si des phénomènes climatiques particuliers ne peuvent être directement rattachés au changement climatique, l’accroissement du nombre de sécheresses et d’inondations ainsi que le caractère plus grave et plus fréquent des ouragans ou tempêtes tropicales confirment néanmoins les mises en garde des scientifiques à propos du changement climatique.

Sans doute la Terre ne s’est-elle jamais, au cours de son histoire, réchauffée aussi rapidement que ces 30 dernières années. Les années 1990 ont été la décennie la plus chaude et neuf des dix années les plus chaudes sont comprises entre 1995 et 2004, la plus chaude étant 1998. Les scientifiques craignent que 2005 ne finisse par être l’année la plus chaude de l’histoire.

Comme nous le savons tous, lorsque le globe se réchauffe, la mer se réchauffe également et, lorsque la température de la mer dépasse 26°C, un cyclone tropical risque de se développer. Ces cent dernières années, la température à la surface de la mer s’est accrue de 0,6 % à l’échelon mondial, ce qui signifie que nous connaîtrons en toute probabilité des cyclones bien plus fréquents et bien plus violents à l’avenir.

Cependant, plutôt que de déterminer la mesure dans laquelle l’ouragan Katrina ou d’autres phénomènes climatiques ont été causés par l’activité humaine, il importe davantage de tirer les enseignements de ces phénomènes climatiques afin de pouvoir vaincre le changement climatique.

Je tiens à me pencher en particulier sur la proposition de résolution du Parlement sur la communication intitulée «Vaincre le changement climatique planétaire» et à remercier notamment le rapporteur, M. Wijkman, ainsi que les membres de la commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire, de la commission du développement et de la commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie pour leurs propositions spécifiques et de qualité.

La proposition de résolution souligne que la stratégie communautaire visant à limiter le changement climatique doit reposer sur une approche qui inclut les éléments suivants: la nécessité de s’appuyer sur les éléments clés du protocole de Kyoto, de fortes réductions des émissions de gaz à effet de serre au sein de l’Union européenne, la participation de tous les grands pays, notamment les États-Unis, la mise en place d’un partenariat stratégique avec les pays en développement d’une importance cruciale, la promotion rigoureuse de la recherche et de l’innovation, et l’amélioration de l’efficacité énergétique au sein de l’Union européenne.

Je fais mienne cette approche et je la soutiens; les initiatives prises par la Commission cette année dans le domaine du changement climatique vont souvent de pair avec les propositions du Parlement.

Permettez-moi de faire brièvement une remarque d’ordre général: en octobre, la Commission a donné le coup d’envoi d’une nouvelle phase du programme européen sur le changement climatique à l’occasion d’une importante conférence à Bruxelles, à laquelle ont assisté les principaux acteurs du secteur concerné. Le nouveau programme européen sur le changement climatique constituera un nouveau cadre pour la politique que nous appliquons en matière de changement climatique au-delà de 2012.

Nous abordons toute une série de questions nouvelles, telles que l’aviation, et nous nous attardons également sur les nouvelles technologies, telles que la capture du carbone, qui nous donne l’occasion de prendre des mesures financièrement efficaces pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Comme première étape, la Commission met sur pied une série de groupes de travail, entre autres celui qui étudiera les progrès accomplis à ce jour au niveau de la mise en œuvre des politiques sur le changement climatique, le groupe de travail qui se chargera de la recherche sur la capture et le stockage du carbone dans des formations géologiques afin de modérer le changement climatique, le groupe de travail qui évaluera l’intégration de l’aviation dans le système communautaire d’échange de quotas d’émission de gaz à effet de serre, le groupe de travail qui préparera la révision de la stratégie communautaire visant à réduire les émissions de dioxyde de carbone des véhicules utilitaires légers et le groupe de travail qui déterminera les ajustements politiques nécessaires que l’Union européenne devra appliquer.

Chacun de ces groupes de travail définira les nouveaux domaines spécifiques dans lesquels l’Union européenne peut intensifier son action pour lutter contre le changement climatique. Le premier de ces groupes de travail devrait commencer à soumettre ses rapports finaux au cours du premier semestre 2006.

Comme Mme Beckett l’a dit, la Commission a également adopté un Livre vert sur l’efficacité énergétique. De même, je voudrais me pencher sur la communication de la Commission intitulée «Réduction de l’impact de l’aviation sur le changement climatique». L’aviation contribue de façon significative aux émissions de gaz à effet de serre. Cette communication arrive à la conclusion que la meilleure méthode pour parvenir à réduire ces émissions est d’intégrer le secteur de l’aviation dans le système communautaire d’échange de quotas d’émission. Après avoir consulté les parties concernées, la Commission projette de soumettre la proposition législative correspondante d’ici fin 2006.

Il va sans dire que les initiatives de la Commission ne se limitent pas à prendre des mesures au sein de l’Union européenne. Nous discutons activement avec des pays tiers et nous demandons leur avis quant aux prochaines mesures à prendre au cours des négociations futures sur le climat ainsi que sur la création de nouvelles structures destinées à renforcer notre dialogue politique et notre coopération technologique.

Le changement climatique et, surtout, sa relation avec l’énergie et la sécurité de l’approvisionnement énergétique figurent parmi les priorités de nos contacts bilatéraux et multilatéraux. Dans ce domaine, nous coopérons étroitement avec la présidence britannique qui, comme Mme Beckett l’a dit tout à l’heure, a placé le changement climatique très haut dans l’ordre du jour du sommet du G8 à Gleneagles et a constamment inclus la question du changement climatique sur sa liste des priorités.

Les résultats sont encourageants. L’accord sur le partenariat entre l’Union européenne et la Chine sur le changement climatique et l’énergie fournit le cadre politique en vue d’une coopération et d’un dialogue plus étroits sur ces questions. Le partenariat UE - Chine a pour objectif premier de développer des technologies avancées à intensité carbonique presque nulle, basées sur la capture du carbone et sur son stockage dans des formations biologiques. Ses autres objectifs sont de promouvoir d’autres sources d’énergie propres ainsi que l’efficacité énergétique, les économies d’énergie et les sources d’énergie renouvelables.

L’initiative UE - Inde sur le développement propre et le changement climatique prévoit plusieurs initiatives visant à développer le dialogue. Elle met en évidence la coopération en matière de développement et d’évaluation des technologies propres, les ajustements nécessaires au réchauffement de la planète et le mécanisme de développement propre du protocole de Kyoto.

La conférence des Nations unies sur le changement climatique débutera à Montréal, au Canada, à la fin du mois et durera deux semaines. La Commission a participé activement à tout un ensemble de rencontres informelles pour préparer la conférence de Montréal. Nos activités, tant au sein de l’Union européenne que sur la scène internationale, ont joué un rôle majeur dans la formulation des conditions nécessaires à la réussite de cette conférence. Quels sont nos objectifs à Montréal?

Tout d’abord, la conférence marquera l’entrée en vigueur du protocole de Kyoto, avec l’adoption des règles et procédures nécessaires à son application. Dans ce contexte, il importe que nous démontrions que l’Union européenne tient ses engagements.

Deuxièmement, le dialogue intensif qui s’est tenu ces derniers mois a imprimé un élan significatif, de telle sorte qu’à la conférence de Montréal, le débat sera lancé à l’échelon international sur la forme de la future stratégie internationale sur le changement climatique.

Néanmoins, les objectifs susmentionnés sont loin d’être atteints. Une poignée de pays, les États-Unis en tête, continue de renâcler à participer au dialogue sur la future stratégie mondiale concernant le changement climatique. Nous redoublerons d’efforts dans les semaines à venir pour que ces pays coopèrent eux aussi au lancement de ce dialogue.

Force est de se rendre compte également que la conférence de Montréal ne sera pas l’aboutissement de la procédure; elle marquera le début du dialogue, mais elle n’apportera pas la solution. Seul un dialogue international intense au cours des prochaines années permettra de trouver cette solution. Dans le cadre de ce dialogue, nous devons trouver les solutions qui répondront aux éléments fondamentaux de la future stratégie sur le climat, telle que définie dans la communication de la Commission publiée cette année. Ces éléments trouvent écho dans la proposition de résolution du Parlement: participation plus large, couverture de tous les secteurs et de tous les gaz, renforcement du développement et de l’utilisation des nouvelles technologies, utilisation des moyens reposant sur les mécanismes de marché et, enfin, recours à des politiques visant à s’adapter aux conséquences du réchauffement accru de la planète.

Pour conclure, si l’on veut que ce dialogue soit couronné de succès, un intérêt politique marqué pour la question du changement climatique s’impose et le rôle déterminant de l’Union européenne doit se voir renforcé. Nous devons prouver que nous pouvons réduire nos émissions et que ces réductions contribuent à notre développement économique. La proposition de résolution indique clairement que, si elle relève ce défi, la Commission pourra toujours compter sur le soutien du Parlement européen.

 
  
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  Anders Wijkman (PPE-DE), rapporteur. - (SV) Madame la Présidente, Monsieur le Commissaire, il me tient à cœur de remercier tout spécialement Mme Beckett, qui était parmi nous aujourd’hui. Le changement climatique compte parmi les menaces les plus sérieuses auxquelles nous devons faire face. Je me dois de souligner qu’il ne peut plus être considéré comme un problème environnemental. Un climat plus chaud est un climat moins stable, qui représente une menace pour presque tous les secteurs de notre société, une menace qui doit être désignée comme l’un de nos problèmes en matière de sécurité. Il s’agit d’une menace pour la sécurité non seulement de l’UE et de ses États membres, mais aussi, bien sûr, pour bon nombre de pays pauvres sous les tropiques.

Tout en disant cela, je tiens à souligner qu’il ne faut pas considérer la question du climat simplement comme un problème et un fardeau. Si nous prenons les bonnes mesures, nous pouvons réduire les risques pour la société à l’avenir. Si nous prenons les bonnes mesures, nous pouvons aussi offrir de nouvelles perspectives à des entreprises et aux technologies dans tout un éventail de domaines. Le monde se targue d’avoir une association connue sous le nom de «Climate Group». Cette dernière rassemble plusieurs grandes entreprises, qui montrent qu’il est possible à la fois de réduire les émissions et de gagner beaucoup d’argent en un laps de temps relativement court. J’estime que la transformation nécessaire des systèmes énergétiques et de transport dans notre partie du monde devrait faire office de tremplin pour le processus de Lisbonne et devrait pouvoir imprimer un certain élan à la création d’emplois et de perspectives d’exportation.

Le rapport du Parlement présente une liste de mesures proposées pour la stratégie post-2012. Nous sommes d’avis que l’UE doit continuer à jouer un rôle décisif dans les travaux sur le changement climatique à l’échelon international. Dans son discours, Mme Beckett vient de confirmer que le Conseil est lui aussi de cet avis. Nous devons consentir davantage d’efforts à court terme pour pouvoir véritablement respecter les exigences du protocole de Kyoto. Or, nous ne sommes pour l’instant responsables que d’une partie des émissions, soit quelque 14 %. Nous devons donc impliquer d’autres acteurs. Il faut de toute urgence impliquer à long terme les États-Unis dans cette coopération constructive. Nous devons arrêter des objectifs à long terme. Ce que nous demandons, et voulons voir, ce sont des réductions de 30 % d’ici 2020 et de 60 % à 80 % d’ici 2050. C’est là une demande adressée constamment par le monde des affaires, qui déclare qu’il a besoin de règles de base à long terme.

La situation des pays en développement est, bien entendu, de la plus haute importance. Pour eux, l’énergie est avant tout une question de croissance et de développement, mais il ne faut pas qu’ils répètent nos erreurs. Nous avons besoin de partenariats stratégiques, en particulier avec les grands pays en développement, afin d’encourager les sauts technologiques et les investissements dans la meilleure technologie possible. La coopération mise en place dans ce domaine grâce à l’accord de la Commission avec la Chine est à n’en pas douter extrêmement constructive, mais elle doit s’étendre à d’autres pays et s’intensifier. N’oublions pas que, tous les mois, la Chine inaugure deux nouvelles centrales à charbon.

Nous devons investir davantage dans la recherche et le développement. Il est prouvé que les gouvernements de par le monde investissent moins dans la recherche énergétique, en proportion du PIB, qu’ils le faisaient il y a trente ans. Cela me dépasse. Je compare souvent cette situation avec celle du projet Apollo. Si les Américains ont été capables d’envoyer un être humain sur la lune en 10 ans de temps, nous devrions, par des efforts acharnés dans le domaine de la recherche et développement, pouvoir réaliser quelque chose de comparable en termes de progrès technologique. Pour pouvoir être politiquement crédibles, nous devons prendre des mesures rigoureuses dans nos propres pays. Nous devons encourager les économies d’énergie, ce qui a déjà été souligné à maintes reprises. Cela veut dire, par exemple, que la directive «Bâtiments» devrait être étendue et plus ambitieuse.

Le domaine des transports est particulièrement critique. Nous nous félicitons de l’inclusion du transport par bateau et de l’aviation dans la politique climatique. Nous préconisons des mesures rapides destinées à rendre le transport par voie ferrée plus efficace. Nous estimons que nous devons tirer les conclusions appropriées des difficultés rencontrées pour réduire les émissions du trafic routier. C’est de règles ambitieuses et contraignantes en matière d’émissions de dioxyde de carbone provenant des nouveaux véhicules que nous avons besoin, et c’est ce que nous proposons. Nous devons contribuer à la commercialisation des nouvelles technologies, qui existent d’ores et déjà. Les obstacles sont toutefois légion. L’un d’eux est évidemment le fait que nous continuions à subventionner la technologie conventionnelle, c’est-à-dire celle qui utilise les combustibles fossiles. Nous devons développer les échanges de quotas d’émissions, mais nous devons à l’évidence veiller à ce que le quota ne soit pas aussi ambitieux que l’année dernière. Mieux vaut plutôt rabaisser le plafond petit à petit. Nous devons inviter d’autres acteurs à participer à ce processus pour que l’Europe ne soit pas le seul marché.

La majeure partie des mesures proposées dans le rapport s’adresse aux entreprises et aux fabricants. Nous sommes également d’avis que nos concitoyens devraient s’impliquer plus activement. Nos modes de vie à tous influencent les développements. Nous avons imaginé, à long terme, une sorte d’échange de quotas d’émission au niveau des personnes. Peut-être est-ce impossible à mettre en pratique, mais un premier pas dans cette direction serait de sensibiliser les citoyens sur la teneur en carbone de tout ce que nous achetons ainsi que sur le carbone dégagé par nos moyens de transport.

Au sein du Parlement et des institutions européennes, nous devons bien entendu appliquer les mesures que nous préconisons. Par exemple, nous devons nous assurer que nos bâtiments et nos moyens de transport émettent le moins possible de carbone. Il y a fort à faire dans ce domaine. Pour conclure, je souhaite bonne chance à la Commission et au Conseil à Montréal. Vous devez faire en sorte que l’UE puisse continuer à jouer un rôle déterminant et vous devez guider les travaux sur le changement climatique à l’échelon international pour que l’on parvienne à des résultats positifs.

 
  
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  Paul Verges (GUE/NGL), rapporteur pour avis de la commission du développement. - Madame la Présidente, mes chers collègues, je voudrais, au nom de la commission du développement, féliciter d’abord notre collègue Anders Wijkman pour son excellent rapport sur le changement climatique.

En tant que rapporteur de cette commission, je voudrais formuler quelques brèves observations d’ordre général. Notre collègue a raison de souligner que, si le réchauffement planétaire représente un défi environnemental, il est surtout un défi pour le développement.

En fait, les changements climatiques constituent à nos yeux un véritable enjeu de civilisation. C’est pourquoi notre commission a tenu à souligner que la combinaison des conséquences du changement climatique, de l’évolution démographique mondiale et de la mondialisation économique ouvrent une période d’instabilité sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Il est en effet à craindre que, dans ce contexte, le réchauffement planétaire n’aggrave la fracture entre le monde développé et les pays en retard de développement. Il est malheureusement certain que ces pays seront les plus touchés par les impacts du changement climatique. Cela est particulièrement vrai pour les petits États insulaires, vulnérables à plus d’un titre, notamment face aux cyclones et à la montée du niveau des océans.

C’est la raison pour laquelle nous considérons que l’aide à l’adaptation de ces pays face aux impacts du changement climatique doit constituer une priorité dans la politique d’aide au développement de l’Union européenne. Nous recommandons que l’Union européenne développe une politique de coopération spécifique pour les pays en voie de développement. Vous l’aurez compris, pour la commission du développement, la lutte contre le changement climatique est donc inséparable de la lutte contre la pauvreté et de la réalisation des objectifs du Millénaire.

Le rapport a également raison d’insister sur les efforts restant à réaliser en matière d’atténuation pour atteindre les objectifs du protocole de Kyoto. Une question pour terminer, Madame la Présidente. Alors qu’aujourd’hui, 20 % de la population de la planète consomme 80 % de l’énergie mondiale, qu’en sera-t-il vers 2050 de la pollution de l’atmosphère, et ce alors même qu’il faudra répondre aux besoins d’énergie de 9 à 10 milliards d’habitants?

 
  
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  Cristina Gutiérrez-Cortines, au nom du groupe PPE-DE. - (ES) Madame la Présidente, de toute évidence, le changement climatique est à ce point intense et proche de nous qu’il ne s’agit plus d’un problème intellectuel ou d’un problème qui concerne ces groupes plus sensibles qui l’ont soulevé.

Nous avons là une chance de modifier nos habitudes et nos coutumes, une opportunité de réduire les émissions et de purifier l’air, une chance de développer des sources d’énergie renouvelables et alternatives, et aussi une chance pour l’Europe de se pencher sur sa dépendance à l’égard des combustibles fossiles, souvent dans des régions sujettes à une profonde instabilité politique et à des fluctuations de prix spectaculaires. Je pense dès lors qu’il s’agit également d’une chance de considérer à nouveau l’énergie nucléaire comme l’une des nombreuses solutions, en sus des autres sources d’énergie alternatives.

Nous devons encore améliorer bien davantage les recherches et les connaissances sur les causes du changement climatique. Par exemple, le lien entre agriculture et changement climatique n’a que très peu été étudié. Les recherches menées récemment ont tiré la sonnette d’alarme et ont mis au jour une nouvelle piste; nous ne tenons pour responsable que l’industrie. J’estime que nous devons créer un mode d’agriculture intelligent, orienté vers ces stratégies et bien plus sûr d’un point de vue scientifique.

En outre, nous devons à mon sens améliorer le système de quotas, les modèles mathématiques qui déterminent les quotas; de nombreux pays ne les appliquent pas encore correctement, alors que d’autres pays ont trouvé de bonnes solutions, le Royaume-Uni notamment.

Je pense aussi que nous devons chercher des stratégies destinées à compenser le changement climatique et à déterminer les possibilités qui existent de l’atténuer. Je considère que nous devons revoir notre politique à l’égard de la sécheresse et de la désertification dans la Méditerranée et pallier les dommages et la détérioration subis par l’écosystème, nos ressources animales et notre faune.

 
  
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  Gyula Hegyi, au nom du groupe PSE. - (EN) Madame la Présidente, nous avons vu les visages des victimes de l’ouragan et de l’inondation qui ont frappé la Nouvelle-Orléans. Le réchauffement planétaire ne signifie pas un réchauffement effectif de toutes les régions du monde. Il signifie un nombre croissant de catastrophes, par exemple des irrégularités climatiques, des pertes énormes en vies humaines et en biens. Nous brûlons tout simplement trop d’énergie fossile. Si les nations en développement, y compris les presque trois milliards d’habitants de la Chine et de l’Inde, suivent le modèle américain de consommation, alors nous allons brûler complètement notre planète. C’est pourquoi, au nom du groupe socialiste, je salue le rapport courageux de M. Wijkman.

Toutefois, les belles paroles ne suffisent pas. Nous devons recommander avec insistance à nos partenaires de ratifier le protocole de Kyoto. Nous devons trouver des alliés pour atteindre ce but parmi les responsables politiques et les citoyens américains à l’esprit ouvert qui comprennent l’importance du développement durable.

Pour réduire les émissions, nous devons opter résolument pour les transports publics. Le rail est cinq fois plus efficace que les transports routiers. En outre, il respecte l’environnement. Mais l’Union européenne manque encore d’outils adéquats pour l’encourager. L’UE n’a aucun projet d’amélioration des transports publics urbains, et le nombre croissant d’automobiles dans nos villes signifie que la vie en ville devient de plus en plus stressante et malsaine. Les citadins méritent que nous, les décideurs politiques, leur accordions davantage d’attention en ce qui concerne la salubrité de l’air et la qualité des transports publics.

Les énergies renouvelables se développent dans certains pays, mais dans d’autres États membres elles n’en sont qu’aux balbutiements. Nous devons fixer des objectifs contraignants, sinon pour 2010, alors au moins pour 2020.

Il y a un point sur lequel je ne suis pas d’accord avec Mme Beckett. Je pense que les semi-solutions, telles que le piégeage du carbone, ne peuvent être une solution pour l’avenir. Au lieu de masquer temporairement nos émissions croissantes, nous devons les réduire. Si une centrale nucléaire doit être fermée pour quelque raison que ce soit, elle devrait être remplacée uniquement par des énergies renouvelables. Fermer les centrales nucléaires et utiliser plus d’énergie fossile équivaudraient à une sorte de suicide collectif.

 
  
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  Caroline Lucas, au nom du groupe des Verts/ALE. - (EN) Madame la Présidente, je voudrais remercier la Commission et le Conseil pour leurs déclarations. Je dois dire cependant que je ne partage pas l’évaluation optimiste de Mme Beckett sur l’action de l’Union européenne, malgré la promesse du gouvernement britannique de faire du changement climatique une priorité pour sa présidence. Les progrès sur le terrain ont été très décevants. Entendre dire que le communiqué du G8 sur le changement climatique est ambitieux revient à étirer la langue anglaise jusqu’à la limite du point de rupture. Si la présidence britannique veut vraiment jouer au leader international dans ce domaine, alors il faut qu’elle commence par balayer devant sa porte.

Au début de l’année, nous avons demandé à l’Association pour la conservation de l’énergie d’évaluer dans quelle mesure ce gouvernement met en œuvre la législation européenne existante en matière de réduction de l’utilisation des combustibles fossiles. Les conclusions de cette étude sont claires: ce gouvernement a reporté la mise en œuvre de la directive sur les performances énergétiques des bâtiments, exigé une augmentation du niveau d’émissions de CO2 autorisé au Royaume-Uni dans le cadre du système communautaire d’échange de droits d’émissions, n’a pas fixé d’objectifs contraignants de réduction de la demande énergétique conformément à la directive sur les services énergétiques, et n’a pas promu les centrales mixtes chaleur-énergie à petite échelle conformément à la directive sur la cogénération.

C’est pourquoi le Conseil devrait prendre note attentivement du rapport du Parlement européen sur le changement climatique, un rapport très circonstancié rédigé par Anders Wijkman. Il y trouvera un véritable appel à l’action, énergique et ambitieux. Le rapport exige, notamment, de fortes réductions des émissions sur le territoire de l’UE, à commencer par une réduction de 20 à 30 % au niveau national d’ici à 2020, pour passer à une réduction de 60-80 % pour 2050. Il appelle l’UE à mettre en place une stratégie visant à faire de l’Europe l’économie la moins consommatrice d’énergie au monde en fixant pour objectif une réduction de la consommation d’énergie de l’ordre de 2,5-3 % par an et à établir une stratégie solide pour Montréal. Et, dans notre amendement, nous, les Verts, nous appelons l’UE à garantir un mandat formel et un calendrier de négociation des futurs engagements sur le climat, avec une date limite pour la conclusion d’un accord fixée à la fin de 2008.

Je terminerai avec deux brèves questions au Conseil. Premièrement, quel est son point de vue sur la contraction et la convergence comme cadre pour une action future? Deuxièmement, outre l’inclusion de l’aviation dans le système d’échange de droits d’émissions, le Conseil proposera-t-il parallèlement des instruments pour l’impact climatique global de l’aviation puisque, comme on le sait, le système d’échange de droits d’émissions ne couvrira pas les émissions qui ne sont pas liées au CO2?

 
  
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  Kartika Tamara Liotard, au nom du groupe GUE/NGL. - (NL) Madame la Présidente, pour aller droit au but, un système de marché libre n’est pas la meilleure solution pour régler le problème du changement climatique. Une économie de marché libre et débridée, sans aucune restriction à la consommation excessive et à la production, entraîne une émission croissante de gaz à effet de serre et exacerbe ainsi le problème. La croissance économique est telle une vache sacrée: elle est sacro-sainte et le moindre produit de consommation doit être disponible sur le marché aux quatre coins du monde au même moment. N’oublions cependant pas que les vaches sacrées peuvent elles aussi émettre des gaz nocifs, et ce n’est pas qu’une métaphore, c’est littéralement exact si l’on considère la proportion de l’élevage intensif dans le taux d’émissions de CO2.

Le groupe de pression en faveur de l’énergie nucléaire s’est emparé du problème pour revenir à la charge. Bizarrement, ils ne soufflent mot des gigantesques montagnes de déchets qu’ils engendrent et qui nous poseront de sérieux problèmes pour les dix prochains millénaires. Évitons de résoudre une crise écologique en en créant une autre. Les milliards qui sont aujourd’hui encore injectés dans le développement et la promotion de l’énergie nucléaire pourraient être dépensés de façon bien plus intelligente dans l’énergie éolienne, solaire et hydraulique.

En 2030, les niveaux d’émission dans le secteur des transports seront encore 28 % plus élevés que ceux de 1990. Étant donné la valeur symbolique que représente ce secteur pour une économie de marché libre à l’échelon international, il est difficile de prendre des mesures dans ce secteur et, par conséquent, je réclamerais des taxes sur les transports aériens et maritimes. Contrairement aux échanges de droits d’émission, nous ne pouvons pas, au moyen de l’imposition, passer le problème aux pays en développement.

 
  
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  Johannes Blokland, au nom du groupe IND/DEM. - (NL) Madame la Présidente, je suis impressionné par le programme de travail présenté hier dans cette Assemblée par le président de la Commission, M. Barroso. Il renferme de nombreux points positifs en ce qui concerne la lutte contre le changement climatique également. Par exemple, je soutiens vivement l’inclusion du trafic aérien dans le cadre du système d’échange des quotas d’émission, ainsi que la révision de la directive fixant les plafonds d’émission nationaux, qui remonte à 2001. Malgré ces éléments positifs, la Commission ne s’est pas, à mon sens, montrée très ambitieuse en la matière. Cela fait des années que nous parlons de réductions massives des émissions de gaz à effet de serre, mais les niveaux d’émission continuent d’augmenter d’année en année, non seulement à l’échelon mondial, mais au sein des différents États membres aussi.

Si nous voulons être pris au sérieux à Montréal, il ne suffit plus d’oser mentionner des réductions, il faut aussi s’engager cette fois à prendre véritablement des mesures. Au besoin, nous devrions impliquer un nombre plus réduit de pays. Je prie instamment le commissaire Dimas de présenter une stratégie contenant des mesures capables de nous aider à atteindre notre objectif à long terme, car malgré l’effet positif des propositions qui ont été présentées ici cette semaine, la vision dont elles s’inspirent reste à court terme.

 
  
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  Liam Aylward, au nom du groupe UEN. - (EN) Madame la Présidente, il y a une dizaine d’années, les spéculations sur le changement climatique allaient bon train, mais aujourd’hui celui-ci est devenu une réalité et nous pouvons déjà constater ce qui nous attend dans l’avenir: les populations de l’Arctique assistent à la disparition des glaces de l’Arctique; les habitants des bidonvilles d’Amérique latine et d’Asie du Sud subissent des tempêtes et des inondations désastreuses; les Européens constatent la fonte des glaciers, des feux forêt et des vagues de chaleur mortelles. Cette année par exemple, alors que des ouragans ravageaient les États-Unis et les Caraïbes, à des milliers de kilomètres de là, au Brésil, la région amazonienne connaissait la pire sécheresse enregistrée en quarante ans et les habitants d’une petite ville de pêcheurs observaient l’assèchement du lac dont ils dépendent pour leur nourriture et le transport, une catastrophe due au réchauffement des océans, de même que la plus violente saison d’ouragans enregistrée dans le golfe du Mexique.

La signature du protocole de ratification de Kyoto par certains acteurs majeurs a été une excellente nouvelle. Le protocole de Kyoto n’a plus besoin «d’assistance respiratoire» puisque la Fédération de Russie l’a ratifié. Toutefois, les acteurs majeurs doivent maintenant se montrer plus proactifs pour convaincre les pays affichant les niveaux les plus élevés de pollution: les États-Unis et les pays en développement.

Je continue à être très préoccupé par le fait que les États-Unis persistent à préférer traiter la question du changement climatique par le biais d’activités unilatérales. Le changement climatique doit être traité comme un problème global. Si les émissions de dioxyde de carbone ne diminuent pas, la banquise de l’Arctique disparaîtra, ce qui affectera la qualité de vie des habitants des régions côtières et des communautés insulaires. C’est un fait scientifique, non un commentaire politique subjectif de ma part.

L’Irlande est beaucoup plus économe en énergie qu’il y a dix ans. J’encourage les autres États membres à l’imiter. L’on a jamais dit qu’il était facile de s’attaquer au changement climatique, mais être content de soi lorsqu’on s’y attaque est bien pire.

Il y a un fait qui étonne de nombreuses personnes, c’est qu’à cause du niveau de gaz à effet de serre déjà présent dans l’atmosphère, un réchauffement planétaire significatif et une élévation du niveau des océans sont déjà inéluctables. Si nous devenons d’excellents élèves maintenant en termes d’émissions de gaz à effet de serre, nous souffrirons tout de même de la pollution antérieure, mais plus nous attendons pour nous attaquer sérieusement au problème des émissions de gaz à effet de serre, et plus les engagements seront contraignants.

Des augmentations de température ont déjà été constatées. Le demi-degré de hausse de température enregistré est similaire à celui observé à la fin du vingtième siècle. Toutefois, ce qui est plus alarmant, c’est l’élévation prévue du niveau des océans, qui est deux fois plus importante que l’élévation de sept centimètres et demi constatée pendant la dernière partie du siècle précédent. Ces chiffres ne tiennent pas compte de l’eau douce produite par la fonte des neiges et des glaciers et qui pourrait multiplier au moins par deux l’augmentation du niveau des océans provoquée par la seule expansion thermique.

Les scientifiques ont affirmé que la température des eaux de l’Atlantique Nord et dans le golfe du Mexique s’était élevée de plus de 3,6 degrés au-dessus de la normale cette année. Cela a contribué à alimenter les ouragans qui ont dévasté la côte américaine du golfe du Mexique et les Caraïbes. Cela a également favorisé la génération de courants d’air plus chauds que la normale qui se sont déversés dans le bassin de l’Amazone, empêchant la formation des nuages de pluie. Greenpeace a averti que les événements survenus cette année pourraient être un signe de ce qui nous attend si des pratiques telles que la déforestation et les émissions dans l’atmosphère de gaz retenant la chaleur ne cessent pas.

En nous attaquant sérieusement à la question du changement climatique, non seulement nous préserverons notre planète pour nos petits-enfants et pour les futures générations, mais nous leur épargnerons ainsi qu’à nous-mêmes un coût monétaire, car les coûts du changement climatique encourus lorsque nous essayons de protéger les espèces et les habitats en voie de disparition sont très élevés.

Les régions en développement comme l’Asie du Sud, l’Amérique latine et l’Afrique ont besoin de politiques de réduction des émissions qui ne nuiront pas à leur développement économique. Les politiques de changement climatique doivent donc être conçues pour contribuer à la croissance économique des pays en développement.

Comme je fais partie de la délégation européenne qui se rendra à Montréal le mois prochain, je suis impatient de voir les acteurs mondiaux affronter la réalité de cette année et travailler ensemble en tant que partenaires pour s’attaquer à ce problème mondial extrêmement important.

 
  
  

PRÉSIDENCE DE M. ONYSZKIEWICZ
Vice-président

 
  
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  Irena Belohorská (NI). - (SK) L’Europe a été l’une des premières régions du monde à observer les changements climatiques qui sont la conséquence des dangereux transferts climatiques mondiaux. Les étés sont devenus plus chauds, les hivers plus pluvieux, le niveau des rivières a baissé, l’humidité du sol a diminué et nous avons enregistré des inondations plus nombreuses, de même que des sécheresses extrêmes et des ouragans.

Il ne fait aucun doute que ces changements sont le résultat direct de l’activité humaine, surtout dans les pays développés, qui sont les principaux responsables des fortes émissions de gaz à effet de serre. Parmi les plus grands pollueurs, l’Union européenne. Chaque année, des catastrophes provoquent des pertes économiques significatives, des décès et une incidence accrue des nombreuses maladies liées à la pollution environnementale. Une action commune de la part des plus grands pollueurs - la Chine, les États-Unis, l’Union européenne et l’Inde - dans la lutte contre les changements climatiques est essentielle.

Il est irréaliste d’attendre de l’humanité qu’elle renonce au confort de la vie moderne, par exemple aux automobiles et autres moyens de transport, en faveur des bicyclettes. Nous avons donc besoin d’innovation au niveau des technologies existantes et de développement de sources d’énergie plus respectueuses de l’environnement. Il faut utiliser davantage l’énergie solaire, hydraulique et éolienne et intensifier la recherche sur ces nouvelles formes d’énergie.

En Europe, nous assistons à un exode de nos jeunes scientifiques vers les États-Unis, parce l’Europe ne leur offre pas des ressources adéquates pour mener à bien des recherches efficaces et de haut niveau dans ce domaine. En outre, certains domaines de recherche ne sont même pas couverts en Europe. Le changement climatique aura des répercussions sur la santé des Européens. À la suite des changements climatiques, l’Europe prêtera le flanc à des maladies qui ne sont pas originaires de ce continent, mais typiques des zones géographiques plus méridionales. Le réchauffement planétaire peut renforcer l’incidence de maladies infectieuses transmises par les arthropodes, tels que les moustiques, qui propagent la malaria ou certaines inflammations virales du cerveau.

 
  
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  Peter Liese (PPE-DE). - (DE) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, permettez-moi de commencer par faire remarquer que la présidence du Conseil nous a fait attendre 10 à 15 minutes avant l’ouverture de ce débat. J’aurais souhaité au moins une explication ou une excuse, peut-être en recevrons-nous une.

Tous mes remerciements vont à M. Wijkman pour son dévouement et son travail acharné. Il n’a pas eu la tâche facile et ce n’est bien sûr un secret pour personne qu’il y a eu des discussions au sein du groupe du parti populaire européen (démocrates-chrétiens) et des démocrates européens, bien que nous soyons parvenus à résoudre ces problèmes de façon satisfaisante. Le rapport que nous avons sous les yeux est de qualité et je voudrais en souligner une des caractéristiques en particulier. En Allemagne, un accord a été dégagé lundi sur une nouvelle grande coalition, un accord dont certains aspects ont été à juste titre critiqués: il est certains compromis sur lesquels tout le monde ne peut être d’accord.

Les chapitres sur l’environnement, l’énergie et le changement climatique sont toutefois parfaitement respectables et je crois qu’ils permettront à l’Europe aussi de progresser. De nombreux éléments repris dans l’accord de la coalition sont identiques à ce que la commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire propose dans le rapport Wijkman, ce qui représente pour la Commission un encouragement à redoubler d’efforts dans la poursuite de ses objectifs dans des domaines tels que le transport aérien.

S’agissant des énergies renouvelables, nous voulons - non seulement au sein de la grande coalition allemande, mais aussi dans les amendements que nous avons déposés au rapport Wijkman également - que le réchauffement se voie accorder à nouveau la priorité, car c’est un domaine dans lequel nous pouvons épargner de grandes quantités de CO2 à moindres frais. Voilà pourquoi la Commission souhaitait soumettre une proposition de directive à ce propos.

À mon avis, il existe une question que ni la grande coalition en Allemagne ni la commission de l’environnement ne sont parvenues à résoudre de façon satisfaisante, et c’est l’énergie nucléaire. Je rejoins Mme Gutiérrez: l’énergie nucléaire est indispensable si nous voulons résoudre le problème du climat.

J’espère néanmoins que le rapport sera soutenu par une large et convaincante majorité et je terminerai en soulignant ce que M. Wijkman a dit au sujet de l’existence d’un problème de sécurité également. D’après une étude effectuée par le Pentagone, le changement climatique représentera à long terme une menace plus grande pour l’espèce humaine que le terrorisme international. Voilà qui devrait nous convaincre tous qu’il est temps d’agir.

 
  
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  Dorette Corbey (PSE). - (NL) Monsieur le Président, je souhaite avant toute chose remercier M. Wijkman pour son excellent rapport, dans lequel il ne mâche pas ses mots. Je tiens également à féliciter Mme Beckett pour son engagement en faveur de la politique climatique. Aujourd’hui, cette Assemblée réclame une fois de plus une politique climatique ambitieuse et le commissaire Dimas vient de nous expliquer pourquoi elle avait toutes les raisons de le faire.

À Montréal, nous devons poser les jalons d’une nouvelle politique climatique. Nous avons à relever un défi colossal: fournir une énergie propre et des moyens de transport plus propres, tout en réduisant dans le même temps la consommation énergétique.

Jusqu’ici, l’Europe a joué un rôle prépondérant, qui a véritablement porté ses fruits. Nous avons clairement quelque chose à fêter à Montréal.

La mission première de l’Europe est maintenant de veiller à ce que le plus important émetteur de CO2, les États-Unis, accepte également ses obligations et que la participation de pays tels que la Chine et l’Inde à l’ensemble du processus soit honnête. Pour ce faire, il faut impérativement que l’UE s’attelle elle-même aux problèmes et qu’elle prouve que l’économie européenne recevra en réalité un coup de fouet grâce à l’innovation, à une efficacité énergétique accrue et à la commercialisation de produits durables. Malheureusement, à l’exception toutefois de la Grande-Bretagne, la plupart des pays eux-mêmes ne respectent pas leurs obligations et, hélas, les voitures les plus propres ne viennent pas d’Europe, mais du Japon. Nous devons faire mieux et davantage! La seule façon d’y parvenir, c’est en impliquant les citoyens dans la politique climatique.

(Applaudissements)

 
  
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  Alyn Smith (Verts/ALE). - (EN) Monsieur le Président, j’approuve pleinement les commentaires de ma collègue de groupe, Mme Lucas, sur les performances plutôt inégales du gouvernement britannique en matière de traitement sérieux du changement climatique. Toutefois, si le Conseil est à la recherche de quelque ambition, alors il pourrait faire pire que d’examiner soigneusement et d’adopter le rapport de M. Wijkman.

Le fait est que nous devons changer progressivement la manière dont nous discutons du changement climatique, en particulier en public. Nous devons commencer par nos propres actions, parce que ce sont celles que nous pouvons le mieux contrôler. Nous devons réaliser que si nous relevons le défi, nous pouvons profiter de notre propre exemple. L’énergie renouvelable est l’élément clé de la solution. Mon propre pays, l’Écosse, pourrait être un modèle mondial en matière d’énergie renouvelable propre, verte. Nous avons des vagues, des côtes très longues, des collines balayées par le vent, de la biomasse et de l’énergie géothermique, et la matière première nécessaire à l’énergie hydroélectrique tombe du ciel régulièrement. Pourtant, nous sommes loin d’investir suffisamment dans les technologies renouvelables, en Écosse comme en Europe. Dans le cas de l’Écosse, c’est parce que le Royaume-Uni contrôle la politique énergétique et reste accroché à l’agenda nucléaire, lequel à mon avis n’offre aucune solution à long terme.

Nous, dans cette Assemblée, nous pouvons jouer un rôle dans ce changement progressif en faveur de l’énergie renouvelable et le débat sur le changement climatique, et nous devons nous unir autour du rapport de M. Wijkman. La Commission peut jouer son rôle en faisant de l’énergie renouvelable un thème prioritaire du 7e programme-cadre.

 
  
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  Roberto Musacchio (GUE/NGL). - (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, l’effet de serre est le problème le plus grave auquel nous devons faire face, parce qu’il implique un changement structurel dans les conditions nécessaires à la vie. Notre capacité à répondre à ce problème doit être un élément essentiel dans ce que nous faisons. À cette fin, nous devons accepter la stratégie de Kyoto et sa mise en œuvre en tant que facteurs déterminants dans toutes nos décisions, en tant que base juridique et en tant que base de planification, de même qu’en tant que facteur essentiel dans les politiques internes et internationales de l’Europe pour la période post-Montréal.

Les idées maîtresses du protocole de Kyoto, à savoir convergence et contraction, montrent que nos modèles économiques et de développement doivent changer radicalement et s’orienter vers une gestion des ressources plus juste, plus rationnelle. Je pense que nous pouvons parvenir à un chiffre d’une tonne d’équivalent pétrole par habitant. Un tel engagement devrait nous encourager à économiser l’énergie et à utiliser des sources d’énergie alternatives, renouvelables et démocratiquement gérées.

Toute idée de recourir à l’énergie nucléaire - qui est une source finie et extrêmement dangereuse, comportant des problèmes insolubles tels que les déchets nucléaires, et qui n’est pas démocratique - pour atteindre cet objectif et répondre à cette nécessité serait tout à fait inacceptable.

 
  
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  Urszula Krupa (IND/DEM). - (PL) Monsieur le Président, il m’est difficile d’accorder mon soutien à un rapport qui renferme si peu de suggestions constructives concernant les mesures pratiques à prendre pour empêcher le changement climatique et qui ne comporte en outre aucune analyse financière. Par ailleurs, les objectifs du Millénaire pour le développement et les recommandations contenues dans le protocole de Kyoto sont suffisants. Ces dernières engagent chaque gouvernement et chaque entreprise à mettre en œuvre des programmes destinés à réduire les gaz à effet de serre et à mettre en place des systèmes d’échange de quotas d’émission ainsi que des règlements pour économiser l’énergie.

La principale responsabilité de la destruction environnementale incombe aux pays industrialisés. Les modes de vie libéraux dont ils jouissent et les attitudes de consommation qu’ils promeuvent sont à la source de cette catastrophe, qui a des conséquences inimaginables pour la santé et pour l’avenir de la planète en général. Au-delà des mesures dont ont déjà parlé les orateurs précédents, il importe tout autant de changer la mentalité des citoyens et de veiller à ce qu’ils se développent en tant qu’individus. C’est ce qui a été très justement décrit comme le passage à une culture de la satisfaction, en inversant la tendance à la possession à tout prix et à l’accumulation incontrôlée des biens.

 
  
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  Bruno Gollnisch (NI). - Monsieur le Président, si le réchauffement climatique paraît aujourd’hui une évidence, il convient encore de vérifier les analyses qui l’attribuent presque exclusivement aux gaz à effet de serre, ce que contestent certains scientifiques, du fait que d’autres causes sont possibles. Cela dit, en cas de réponse affirmative, les défenseurs de l’environnement devraient se demander s’ils n’ont pas été excessifs dans leur combat acharné contre toute forme d’énergie nucléaire, laquelle présente certes des risques mais ne rejette aucun gaz à effet de serre.

Comme le propose le rapport Wijkman, les énergies alternatives doivent être encouragées, notamment l’énergie solaire et la géothermie. Mais on ne saurait imposer des restrictions aussi considérables aux seuls pays européens quand la Chine, les États-Unis et bien d’autres augmentent massivement leurs rejets de CO2. Quant au stockage des gaz carboniques, permettez-moi de préconiser une méthode naturelle, efficace et bénéfique, à savoir la reforestation, d’autant qu’une reforestation systématique pourrait faire l’objet d’un vaste programme de coopération internationale.

 
  
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  Avril Doyle (PPE-DE). - (EN) Monsieur le Président, le débat touche à sa fin et le jury scientifique est quasiment unanime quant à l’impact des gaz à effet de serre sur notre climat. Les pertes économiques dues aux catastrophes naturelles liées au climat ont sextuplé depuis les années 60. La température du globe s’élève de manière alarmante. L’UE 15 n’atteindra pas les objectifs actuels de réduction des émissions de CO2 fixées par le protocole de Kyoto et rien ne sera fait à ce sujet.

La réunion COP 11/MOP 1, qui aura lieu à Montréal le mois prochain, sera centrée sur l’après-Kyoto et sur ce qui se passera après 2012. S’il n’y a pas de véritable coopération mondiale, surtout de la part du plus gros producteur de gaz à effet de serre du monde, les États-Unis, tout accord sera dépourvu de sens. Le défi est énorme. Nous attendons l’examen par la Commission du fonctionnement du système d’échange de droits d’émissions en juin prochain pour faire échec aux cyniques et aux «je vous l’avais bien dit» et asseoir la crédibilité du système d’échange de droits d’émissions. Il est essentiel que nous élargissions sa portée et que nous fixions des objectifs horizontaux sectoriels. Trop de secteurs sont exclus, ce qui crée des écarts et des inefficacités sur le marché et risque de rendre plus coûteux le fait de faire des affaires. En matière d’efficacité énergétique, nous ne faisons pour le moment que dire de belles paroles, alors que ce domaine a une contribution énorme à apporter. Nous devons également nous concentrer sur le développement de carburants de substitution et de technologies alternatives. Les véhicules de transport public et les flottes captives devraient utiliser des carburants propres et alternatifs pour fournir un stimulant au marché, pour le secteur privé, et pour faire démarrer le processus d’installation de points de vente de ces carburants.

Il nous faut des régimes de taxes qui favorisent les biocarburants et les «flexifuels». Pourquoi ne pas légiférer de sorte que tous les carburants contiennent un mélange de carburants provenant de sources renouvelables, par exemple 5 % de bio-éthanol mélangé à l’essence, 2 % de mélange biodiesel dans les véhicules diesel, sans aucune modification nécessaire pour les véhicules? Nous devons penser et agir de manière radicale. Si nous sommes convaincus que les émissions de CO2 doivent être radicalement réduites, alors nous devons cesser de bricoler avec les marges de l’énergie renouvelable et effectuer une véritable libéralisation des marchés de l’électricité. Joignons l’argent à la parole: tournons-nous vers le 7e PC et investissons dans ce domaine.

 
  
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  Anne Ferreira (PSE). - Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, le rapport de M. Wijkman mérite toute notre attention. Ce texte doit être considéré comme notre feuille de route pour mieux lutter contre les changements climatiques dans les années à venir. Les pistes sont réalistes, à nous de les décliner le plus rigoureusement possible en nous appuyant sur tous les partenaires de sa mise en œuvre, de l’État au citoyen, et en faisant évoluer nos modes de production et de consommation.

Mais s’il est un domaine essentiel dans lequel nous devons nous engager bien plus fortement en nous dotant de moyens financiers à la hauteur de l’enjeu, c’est celui de la politique de la recherche, car il n’est pas de nouvelles technologies ni d’innovations sans recherche. La matière grise de nos chercheurs constitue pour l’Union européenne une ressource que nous devons valoriser pour relever le défi du développement durable et du changement climatique, sans oublier, bien sûr, notre responsabilité à l’égard des pays les plus pauvres. Alors demain, nous devrons disposer d’un budget de la recherche à la hauteur de nos ambitions.

 
  
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  Lena Ek (ALDE). - (SV) Monsieur le Président, j’ai trouvé gratifiant d’entendre le commissaire Dimas, lors de la conférence internationale sur l’énergie à Pékin l’autre jour, exprimer son soutien à l’égard de l’ambition nourrie par le Parlement, qui est de parvenir à 25 % d’énergie renouvelable d’ici 2020, tout comme j’ai trouvé gratifiant d’entendre le commissaire déclarer que l’énergie renouvelable était essentielle pour surmonter des problèmes tels que le changement climatique et la pauvreté, ainsi que pour promouvoir le développement économique global.

Si nous voulons créer un marché pour l’énergie renouvelable, force est d’indiquer clairement quels sont les coûts engendrés par l’insoutenable dépendance actuelle à l’égard des sources d’énergie fossiles. Il ne s’agit pas seulement de montrer les effets sur l’environnement et la santé publique des niveaux d’émission extrêmement élevés. En lieu et place, les effets doivent être exprimés en euros et en centimes. L’Europe a déjà introduit un système d’échange des quotas d’émission régi par le marché. À l’évidence, la part de l’aviation dans le système fait l’objet de discussions, mais je souhaite également l’inclusion du transport maritime et, surtout, du transport terrestre. Ce n’est que lorsque nous connaîtrons précisément les coûts liés aux émissions de dioxyde de carbone causées par ce secteur que nous pourrons sérieusement encourager la demande et l’offre de sources d’énergie renouvelables.

Ainsi, ma première question consiste donc à savoir si - et, le cas échéant, quand - la Commission envisage d’inclure le secteur du transport dans le système européen d’échange des droits d’émission. Ma deuxième question concerne la proportion de sources d’énergie renouvelables. Nous souhaitons accroître cette proportion, mais elles doivent bien entendu aussi être utilisées. Quand la Commission envisage-t-elle de proposer que la directive «Auto-oil», comme on l’appelle, soit remplacée par un mélange de 10 % d’éthanol au minimum dans les carburants des véhicules?

 
  
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  Bairbre de Brún (GUE/NGL). - (EN)(1)Le rapport de M. Wijkman montre clairement que respecter les exigences de Kyoto est la priorité majeure de l’UE. Même si Kyoto ne représente qu’un petit pas dans la lutte contre le changement climatique, nous devons lui apporter tout notre soutien et presser ceux qui ne l’ont pas signé de le faire immédiatement.

J’ai été contente d’entendre ce matin la Commission et le Conseil souligner l’importance de la prochaine phase, parce que le véritable défi est de fixer des objectifs ambitieux pour l’après-2012 et d’impliquer tous les grands acteurs mondiaux. Je veux également apporter mon soutien aux amendements déposés par mes collègues du groupe GUE/NGL, notamment l’affirmation selon laquelle la promotion d’une économie de marché débridée, sans freins à la consommation et à la production excessive, débouche sur une augmentation constante des rejets de gaz à effet de serre.

 
  
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  Georgios Karatzaferis (IND/DEM). - (EL) Monsieur le Président, je voudrais que nous abordions un thème très sérieux. Je me demande combien de femmes ce matin n’ont pas vaporisé de la laque sur leurs cheveux et combien d’entre nous n’ont pas utilisé de spray déodorant pour les aisselles. Ce faisant, nous contribuons à l’effet de serre. Il s’agit de petites choses auxquelles nous ne prêtons même pas attention.

Vous pédalez dans le vide, Monsieur Dimas, si vous ne faites pas respecter les règles aux Américains. Laissez-moi vous citer deux statistiques: les États-Unis émettent plus de polluants que les trois quarts des membres de l’ONU et l’État de New York émet plus de polluants que toute l’Afrique. Par conséquent, quoi que nous fassions en Europe, si nous ne persuadons pas les récalcitrants habituels, à savoir les États-Unis, de prendre leurs responsabilités, nous échouerons. Telle est la tragique vérité.

Reste aussi à voir ce que va faire la Chine, le pays le plus densément peuplé du monde, qui représente à lui seul un quart de la population mondiale. Quoi que nous fassions en Europe, nous ne parviendrons à rien. Nous sommes face à l’énorme problème du climat, qui ne connaît pas de frontières. Nous ne pouvons pas dresser des barrières de fil barbelé. Nous devons donc convaincre les Américains si nous voulons éviter des résultats catastrophiques. Selon des prévisions d’une précision mathématique, nous courrons au même sort que les dinosaures. Nous devons tous comprendre que la menace de Ben Laden et du terrorisme est bien plus petite que la menace environnementale qui pèse sur les Américains. En conséquence, si nous voulons parvenir à des résultats, nous devons faire respecter les règles aux Américains.

 
  
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  Françoise Grossetête (PPE-DE). - Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, Madame le Ministre, il y a encore quelques années, quand on parlait de changement du climat, certains souriaient d’un air dubitatif. Aujourd’hui, personne ne remet en cause l’évidence de ces changements. Il y a même urgence. Il faut agir tout de suite pour répondre à cette menace. Certainement l’une des plus graves de l’histoire de l’humanité, avec un nombre croissant d’inondations, de sécheresses, d’ouragans, la fonte de la banquise, la fonte de nos glaciers, peut-être un jour le développement de certaines maladies.

Alors, face à cette menace, nous avons une chance inouïe de lancer un vrai programme technologique, permettant de susciter l’innovation dont nous avons tant besoin pour la création de nouveaux emplois en Europe. L’Europe, le monde, ont tenu beaucoup de discours, mais les actes ne sont pas suffisants. Alors le temps est venu d’avoir le courage politique de remettre en œuvre le protocole de Kyoto. Biocarburant, énergie solaire, énergie éolienne, hydroélectrique, hydrogène, efforts en matière d’efficacité énergétique, ces technologies existent. Il nous appartient d’accélérer leur utilisation dans nos politiques d’urbanisme, dans nos modes de construction.

Il faut utiliser toutes les possibilités qui s’offrent à nous. Il n’y a pas une solution unique et idéale, mais nous devons combiner l’utilisation de ces différentes sources. Il existe encore trop de freins à la mise en œuvre et à la commercialisation des innovations technologiques telles que les véhicules hybrides ou les véhicules électriques. Nos concitoyens sont prêts à prendre leur part de responsabilité dans cette maîtrise de l’énergie. États-Unis, Inde, Chine, prennent déjà des initiatives, notamment dans le domaine du nucléaire. Nous ne pourrons pas nous passer de l’énergie nucléaire qui ne rejette aucun gaz à effet de serre. Qu’attend d’ailleurs l’Europe pour vraiment ouvrir de débat sur le nucléaire. Un débat sérieux, dénué de passion. Je vous demande de ne pas le retarder.

 
  
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  Marie-Noëlle Lienemann (PSE). - Monsieur le Président, chers collègues, pour être crédible aux yeux des citoyens, l’Union européenne doit sortir des bonnes intentions et agir concrètement en se donnant des ambitions liées à des investissements. Quel argent pour le ferroutage? À quand des grands réseaux transeuropéens, que l’on attend toujours? À quand des crédits de la PAC pour les biocarburants? À quand une hausse des budgets de la recherche au service des grands défis énergétiques, comme la filière de l’hydrogène? À quand une orientation des Fonds structurels, des subventions, subordonnée à l’efficacité énergétique et l’économie d’énergie? Je pense au milieu urbain, au logement et au logement social. À quand des écotaxes sur les transports de marchandises, en particulier les transports maritimes? À quand une régulation des échanges au regard de la lutte contre l’effet de serre? Nous attendons des réponses concrètes, opérationnelles, prévoyant des actions immédiates. L’Union européenne doit agir ici et maintenant pour convaincre, servir de modèle, nouer de nouveaux partenariats avec les pays du Sud. Nous n’en sommes encore qu’aux intentions. Passons aux actes.

 
  
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  Gunnar Hökmark (PPE-DE). - (SV) Monsieur le Président, je tiens à remercier M. Wijkman pour son rapport équilibré sur un problème d’une importance majeure. Je voudrais mettre l’accent sur le fait qu’il est pour l’heure difficile d’imaginer que l’Europe atteindra les objectifs de Kyoto, dès lors qu’ils sont très exigeants et que la politique appliquée pour l’instant ne semble nullement capable de nous permettre de remplir ces objectifs lors de la première phase. L’une des raisons en est que les demandes posées par une politique environnementale moderne en matière de politique énergétique sont largement ignorées.

En l’état actuel des choses, nous ne pourrons pas remplir les objectifs de Kyoto en ce qui concerne les attentes formulées à propos des combustibles renouvelables. Ces combustibles seront développés et joueront un rôle de taille, mais ils ne résoudront pas les problèmes. Nous ne pouvons pas atteindre les objectifs de Kyoto en réglementant l’économie ou en économisant, parce que ces mesures iraient à l’encontre de l’objectif visant à créer les conditions de base pour une meilleure économie, qui consente davantage d’efforts pour répondre aux exigences environnementales. Nous ne pouvons pas résoudre les problèmes en ralentissant la croissance de l’économie. En lieu et place, nous devons mettre en œuvre une politique environnementale compatible avec une politique énergétique cohérente et crédible, auquel cas nous devons aussi nous pencher sur les fondements de notre offre énergétique.

Le pétrole et le gaz ne sont pas des solutions d’avenir et, pourtant, nous voyons bien à quel point c’est surtout la consommation de pétrole et de gaz qui augmente lorsque l’on supprime progressivement l’énergie nucléaire, ce qui se traduit par un accroissement des émissions de dioxyde de carbone. Vu la part actuelle des différentes énergies, la production d’énergie nucléaire en Europe représente 50 % des émissions de dioxyde de carbone et entraîne des émissions de dioxyde de carbone réduites équivalentes à celles des voitures privées. Voilà le genre de chiffres dont il est question. Dans ces circonstances, on ne peut renoncer à l’énergie nucléaire. L’énergie nucléaire ne résoudra pas nos problèmes environnementaux, mais ces problèmes ne pourront être résolus et les objectifs de Kyoto ne pourront être atteints sans l’énergie nucléaire. Il importe donc que ce Parlement et les États membres pratiquent une politique énergétique crédible, qui ne vise pas à remplacer progressivement l’énergie nucléaire par le pétrole et le gaz. Nous devrions plutôt veiller à ce que l’énergie nucléaire puisse jouer un rôle significatif dans la politique énergétique équilibrée qui est de mise.

 
  
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  Justas Vincas Paleckis (PSE). - (LT) Tous mes compliments à M. Anders Wijkman et aux autres députés qui estiment que sauver la planète relève de notre responsabilité et non de celle de quelqu’un d’autre.

L’Union européenne doit exercer toute son influence pour inciter les pays qui n’ont pas encore rejoint le protocole de Kyoto à le faire, et même les plus puissants. Il serait naïf d’affirmer que si les États-Unis avaient respecté les exigences du protocole de Kyoto, ils n’auraient pas été dévastés par les ouragans Katrina et Wilma. Mais la nature s’est vengée en frappant précisément le pays qui lui nuit le plus. À moins que la communauté internationale ne prenne des mesures urgentes et radicales pour stopper le réchauffement planétaire, notre globe terrestre se transformera en un monstre crachant le feu, l’eau et les ouragans.

Le rapport à l’examen propose à juste titre de renforcer davantage encore le rôle de l’UE en termes d’utilisation des sources d’énergie renouvelables. J’accorde également tout mon soutien à la proposition relative à la sensibilisation des citoyens européens et à leur implication dans la préservation de l’environnement. Nous devons consacrer plus d’énergie au développement d’un système d’imposition, de sanction et de promotion qui encouragerait les entreprises à adopter des modes de fonctionnement efficaces et respectueux de l’environnement. Le mode de vie est plus important encore. Chaque citoyen de l’UE devrait se rendre compte que vivre en polluant le moins possible et en influant le moins possible sur le climat est un exercice noble et grand, qui, en outre, vaut la peine.

 
  
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  Bogusław Sonik (PPE-DE). - (PL) Monsieur le Président, à la fin de ce mois et au début du mois prochain, le Parlement européen présentera une fois de plus sa position sur le changement climatique à l’occasion d’une conférence des Nations unies. Avant que cette position ne soit soumise à la communauté internationale pour débat, il est capital de s’assurer qu’elle reflète au mieux les intérêts de tous les États membres de l’UE. Comme Mme Grossetête et M. Hökmark ont eu raison de l’observer, le rôle de l’énergie nucléaire mérite aussi notre attention.

Les émissions de gaz à effet de serre restent à la hausse dans bon nombre d’États membres. Chaque citoyen devra donc jouer un rôle plus actif dans les efforts communs destinés à limiter les émissions et à trouver un mode de vie plus durable si l’on veut que la convention des Nations unies et le protocole de Kyoto soient pleinement respectés. À cet égard, un aspect important de la lutte visant à réduire les émissions de CO2 est l’approche intégrée, qui implique les responsables politiques, le secteur industriel et la société.

Adopter cette approche intégrée serait une manière plus efficace et moins coûteuse de réduire les émissions de CO2. Elle part du principe que la réduction des émissions relève de la responsabilité des fabricants de voitures et des fournisseurs de combustibles, mais aussi de celle des utilisateurs de véhicules. D’autres facteurs qui méritent notre attention sont notamment les conditions de l’infrastructure routière et les systèmes de gestion du trafic routier, comme indiqué dans le programme européen sur le changement climatique II lancé en octobre 2005.

Bien que le renoncement à une économie fondée sur les combustibles fossiles nous place face à une perspective commerciale sans précédent, il ne faut pas oublier que de nombreux pays disposant d’abondantes ressources d’énergie renouvelable ne disposent actuellement pas des technologies nécessaires pour les exploiter. C’est notamment le cas des pays en développement. La question des subventions énergétiques revêt donc une importance toute particulière dans les négociations sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

De nombreuses méthodes ont déjà été trouvées pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les technologies économes en énergie et à faible émission constituent un instrument efficace dans la lutte contre la pollution environnementale, mais elles ne doivent pas être combinées à la réduction des subventions accordées en faveur des combustibles fossiles proposée par le rapporteur en tant que condition sine qua non pour l’utilisation de solutions modernes pour protéger l’environnement.

 
  
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  Edite Estrela (PSE). - (PT) Monsieur le Président, Madame la Ministre, Monsieur le Commissaire, comme un grand chef indien l’a dit un jour, la terre ne nous appartient pas, nous l’avons empruntée à nos enfants.

Si nous ne parvenons pas à vaincre le changement climatique, quel genre de Terre allons-nous laisser à nos enfants? Le diagnostic a été établi. La seule chose qui fait défaut, c’est le courage de mettre en pratique des politiques plus ambitieuses et plus efficaces. Le rapport de M. Wijkman est un pas dans la bonne direction. Les actes sont plus éloquents que les paroles et, conformément à la stratégie de Lisbonne, de nouvelles technologies doivent être adoptées, de même que la communauté internationale doit se battre pour honorer les obligations de la convention de Kyoto.

Les États-Unis doivent assumer leurs responsabilités. Je me réjouis que l’UE ait entamé un dialogue avec la Chine et l’Inde, mais il est nécessaire également d’impliquer des pays tels que le Brésil, l’Afrique du Sud, la Russie, le Japon et l’Indonésie et de supprimer les contradictions telles que les subventions accordées en faveur des combustibles fossiles. M. Dimas a déclaré que la conférence de Montréal n’apportera pas toutes les solutions que nous cherchons. Nous espérons néanmoins que certaines solutions en sortiront. Nos enfants et les générations futures n’en attendent pas moins.

 
  
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  Richard Seeber (PPE-DE). - (DE) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, Madame Beckett, je suis ravi que la présidence du Conseil assiste à notre débat et, avant toute chose, il me tient à cœur de remercier mon cher ami M. Wijkman pour le rapport très ambitieux qu’il a rédigé sur ce sujet.

La nécessité d’agir est tout simplement illustrée par les phénomènes naturels qui se produisent tout autour de nous, que ce soit les incendies qui font rage dans toute l’Europe méridionale, les ouragans en Amérique ou, en effet, les inondations dans le Tyrol autrichien, dont je suis originaire. Il est toutefois une erreur que nous ne pouvons nous permettre: nous devons prendre garde à ne pas tout attribuer au changement climatique planétaire et à ne pas prétendre que ce changement n’est causé que par les émissions de CO2 provoquées par l’homme et que, dans un sens, nous en sommes responsables. Il est regrettable que les effets se produisant dans la nature coïncident avec ceux qui sont attribuables à l’activité humaine; des efforts plus conséquents doivent être déployés dans la recherche en la matière si nous voulons qu’il soit possible à l’avenir de fournir des pronostics fiables sur l’évolution du climat et, surtout, d’évaluer l’effet de l’activité humaine.

Cependant, il importe également que des stratégies à long terme soient en place pour nous permettre de réagir et pour nous apporter une certaine sécurité dans notre planification. Il faut tout simplement bien faire comprendre aux entreprises et aux industries où ce chemin mène et quelles options seront disponibles pour elles à l’avenir. C’est d’une importance capitale pour l’Europe en tant que lieu d’implantation pour les entreprises. Gardons aussi à l’esprit que la Communauté n’est actuellement responsable que de 14 % des émissions de CO2 et, partant, il est vital que les pays en développement, mais aussi bien sûr les États-Unis - qui sont la source principale des émissions -, soient de la partie. Le point du rapport qui doit être souligné encore et encore est: «nous avons besoin d’une stratégie mondiale».

Je dois avouer que je ne suis pas d’accord avec mes collègues en ce qui concerne l’énergie nucléaire, que je ne considère pas comme une source alternative aux technologies qui dégagent du CO2, dès lors que ses effets à long terme sont trop néfastes. Surtout, nous ne devons pas l’offrir aux pays en développement comme source d’énergie alternative, tout simplement parce qu’ils ne pourraient pas s’en servir en toute sécurité.

Il importe également que nous attachions davantage d’attention aux transports et que, dans ce domaine, nous tâchions d’utiliser pleinement le potentiel de réduction du CO2.

 
  
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  Rebecca Harms (Verts/ALE), rapporteur pour avis de la commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie. - (DE) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je vais saisir cette occasion de reprendre là où l’orateur précédent s’est arrêté. Après ma visite au Royaume-Uni la semaine dernière, je dois dire que je trouve très irritant que Tony Blair et consorts orientent le débat sur le changement climatique vers l’idée selon laquelle les objectifs de protection du climat pourraient être atteints en ayant davantage recours à l’énergie nucléaire, prétendument plus propre.

Je voudrais saisir cette occasion pour vous mettre en garde contre cette idée fausse et vous demander ce qu’en Angleterre, vous entendez par énergie nucléaire plus propre. Parlez-vous de l’extraction d’uranium, une activité particulièrement sale? Parlez-vous de l’enrichissement du combustible, une activité particulièrement polluante? Parlez-vous de la conversion de l’hexafluorure d’uranium, un processus difficile qui entraîne de hauts niveaux de pollution environnementale? Lorsque vous parlez d’énergie atomique propre, parlez-vous de la production de barres de combustible en Russie? Avez-vous jamais discuté, en Angleterre, des quantités de déchets dont vous devrez vous débarrasser, de quand vous le ferez et de combien il vous en coûtera? Comment évaluez-vous les dangers et les risques liés au retraitement? Le site de Windscale n’est qu’un exemple de toute l’expérience que vous avez acquise en ce qui concerne les véritables dégâts que le retraitement cause à l’environnement et aux populations. Je suis pour le moins étonnée que ce soient les Britanniques, ceux-là même qui ont abandonné l’énergie nucléaire pour des raisons économiques, qui alimentent à présent ce débat loufoque sur «la protection du climat par une utilisation accrue de l’énergie nucléaire».

Analysons le tableau dans son ensemble: si nous voulons contribuer efficacement, au moyen de l’énergie nucléaire, à la protection du climat, nous allons devoir construire des centaines, des milliers d’autres réacteurs nucléaires. Cela impliquerait, en fait, l’expansion massive d’une nouvelle génération de réacteurs surgénérateurs rapides, lesquels se sont déjà avérés être un échec cuisant en Europe. Des installations de retraitement devraient tourner dans le monde entier, parce que les stocks d’uranium disponibles seraient loin d’être suffisants pour une telle expansion de l’énergie nucléaire.

S’engager dans une pareille expansion alors que nous débattons du terrorisme et des risques de prolifération est irresponsable. Même s’il est bien plus difficile de répondre aux problèmes de l’énergie en maximisant l’efficacité énergétique, en réduisant notre consommation ou une autre approche, commençons enfin à le faire et continuons à le faire, plutôt que de revenir à une technologie qui, en réalité, est déjà reléguée au siècle dernier, ainsi qu’à la pollution et aux déchets qu’elle engendre et auxquels nous n’avons même pas encore commencé à nous attaquer.

 
  
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  Margaret Beckett, présidente en exercice du Conseil. - (EN) Monsieur le Président, nous avons eu un débat intéressant et stimulant, marqué par une approbation quasi-totale - à juste titre - du rapport de M. Wijkman et de son contenu, et par un consensus très réel sur la nature et l’ampleur du défi. Il a également été marqué par un fort accent placé par de nombreux orateurs sur les ressources renouvelables, dont divers exemples ont été cités, et également par de fortes différences de point de vue sur l’énergie nucléaire. Je voudrais dire à la dernière oratrice, Mme Harms, que si le seul aspect du débat sur le changement climatique qu’elle ait entendu au Royaume-Uni était celui de l’énergie nucléaire, alors elle a dû fréquenter des cercles très restreints, parce que de nombreux sujets sont discutés au Royaume-Uni qui, en réalité, n’a pas pris de nouvel engagement en faveur de l’énergie nucléaire, malgré une promesse d’en discuter. En fait, l’efficacité énergétique est au premier rang de la liste des politiques britanniques de lutte contre le changement climatique, précisément comme elle le souhaite.

L’on a beaucoup insisté sur ce que l’on appelle dans le jargon les «co-bénéfices». Certains orateurs ont souligné les dommages causés par la pollution atmosphérique et dus aux mêmes gaz que ceux qui contribuent au changement climatique, tandis que d’autres ont souligné qu’en nous attaquant au changement climatique nous tirerons de la réduction de l’utilisation de ces gaz d’autres bénéfices potentiels en matière de santé.

Mme Gutiérrez-Cortines a posé une question sur le rôle de l’agriculture. Comme elle le sait peut-être, dans des pays comme la Nouvelle-Zélande, la source de la quasi-totalité des émissions de gaz à effet de serre est le bétail, ce qui rend le problème particulièrement difficile à résoudre. Il n’y a donc pas de doute que l’agriculture peut, dans certains cas, faire partie du problème. Toutefois, comme plusieurs orateurs l’ont mentionné au sujet de la biomasse et des biocarburants, elle pourrait aussi faire partie de la solution. C’est une question qui sera étudiée de manière plus approfondie.

Je suis désolée que M. Hegyi soit opposé au piégeage et au stockage du carbone. Il est un fait qu’il faut dire sans détours, c’est que des pays comme l’Inde et la Chine, qui ont besoin de croître et de se développer pour vaincre la pauvreté - et c’est aussi un sujet qui a été mentionné, à juste titre, encore une fois, dans le débat - possèdent d’énormes réserves de charbon qu’ils veulent utiliser, parce qu’ils pensent qu’ils n’ont pas le choix. Il vaut certainement mieux pour nous que nous essayions de trouver des moyens de les aider à le faire durablement, au moyen de technologies comme le piégeage et le stockage du carbone, plutôt que de simplement leur dire de ne pas utiliser ces sources d’énergie, ce qui, je le crains, serait inutile.

Toutes les références aux nations les plus vulnérables, et aux plus vulnérables au sein d’autres pays, rendent plus évidente la nécessité pour l’UE de prendre des mesures d’adaptation, et de soutien à l’adaptation, aux impacts que nous ne pouvons pas éviter. L’on a insisté tout particulièrement sur le rôle des nombreux autres pays impliqués et sur la nécessité d’un dialogue global - ce que le Conseil approuve pleinement - et par conséquent il y a un large consensus sur le fait que l’UE devrait continuer à prendre les devants au plan international et que nous devrions continuer à faire de notre mieux pour que nos programmes produisent des résultats.

Mme Doyle et M. Hökmark ont tous deux suggéré qu’il est peu probable que l’UE atteigne ses objectifs de Kyoto. Ce n’est pas la conclusion que je tire de la dernière évaluation de la Commission. Toutefois, c’est un rapport que nous publierons un peu avant Montréal, et il ne fait pas de doute que nous devons continuer à poursuivre et même à accélérer notre activité.

Cela m’amène aux commentaires de Mme Lucas et de M. Smith, qui ont loué à juste titre l’ambition du rapport Wijkman qui fixe un objectif de 60 % de réduction des émissions pour 2050, apparemment sans savoir que c’est l’objectif que le gouvernement britannique a fixé dans son Livre blanc sur l’énergie en 2003. Cependant, cela n’a peut-être rien de surprenant, puisque Mme Lucas n’avait rien de positif à dire sur l’approche du Royaume-Uni. Toutefois, je dois fermement mettre les choses au clair pour elle et au nom de ce Conseil: exiger que l’UE dépose un mandat formel et un calendrier formel à Montréal serait une perte de temps pour tout le monde. Cet organe doit avant tout admettre que le monde de l’impérialisme est mort. Nous ne pouvons pas aller manifester à Montréal et dicter au reste du monde comment il doit se conduire et gérer ses affaires, surtout quand nous nous adressons à certains des pays les plus pauvres et les plus vulnérables du monde dont la priorité, et on les comprend, est de se développer et de nourrir leur population. Nous n’agirons pas de cette manière. Si nous parvenons à ouvrir un dialogue et à déclencher un processus à Montréal, ce sera un succès véritable et substantiel, tout comme le fait d’expliciter le langage et de garantir le programme d’action convenu à Gleneagles. Nous sommes tous d’accord sur le fait que nous devons aller plus vite, mais reconnaissons au moins le fait que nous faisons quelques progrès.

(Applaudissements)

 
  
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  Stavros Dimas, membre de la Commission. - (EN) Je remercie tous ceux qui ont participé à ce débat animé et important.

La nécessité d’agir d’urgence pour contrer le changement climatique a été soulignée par M. Wijkman et d’autres intervenants. Je pense que l’action et la série de nouvelles initiatives lancées par la Commission depuis l’adoption de sa communication en février démontrent clairement sa détermination à agir dans ce domaine.

La première des priorités de l’Union européenne à Montréal est de rassembler un large soutien international en faveur de la poursuite de l’action et d’obtenir un accord sur le lancement d’un processus formel de discussion sur la forme d’un futur régime multilatéral relatif au changement climatique. Une fois les discussions lancées, l’Union européenne devra choisir le moment opportun pour mettre en avant son point de vue sur les objectifs à fixer dans le cadre de ce futur régime. Les objectifs s’avèrent être un outil très utile à l’élaboration des politiques environnementales. Pour les décideurs en prise avec la société, ils reflètent nos lignes directrices. Ils sont particulièrement utiles pour l’industrie et le secteur privé quand ils doivent prendre des décisions d’investissement à long terme. Les objectifs resteront donc un élément central de tout futur programme sur le changement climatique. Nous avons besoin d’objectifs.

Comme vous le savez, le Conseil européen de mars dernier a fixé un objectif indicateur de 15 à 30 % de réductions des émissions pour 2020. Toutefois, la Commission pense que le temps n’est pas encore venu de fixer des objectifs concrets pour les pays développés à Montréal en décembre. Cela ne se fera que lorsque nous y verrons plus clair quant à l’avancement des négociations sur l’après-2012.

M. Seeber a souligné que tout futur régime de changement climatique devra s’appuyer sur la participation de tous les principaux émetteurs, ce qui revêt une importance clé pour que notre coopération soit réellement efficace.

La Commission et les États membres travaillent assidûment à promouvoir un dialogue plus approfondi avec les États-Unis et les pays en développement. Nous avons entamé un dialogue politique avec l’administration américaine dans le contexte de la convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique et d’autres forums et réunions, tels que l’atelier conjoint scientifique et technologique sur le changement climatique. Cela couvre des sujets concrets tels que l’énergie renouvelable, l’efficacité énergétique et le piégeage du carbone.

Les États-Unis affirment qu’ils ont une approche différente de la lutte contre le changement climatique, basée principalement sur la recherche et développement de nouvelles technologies. La différence entre leur approche et la nôtre, c’est qu’ils ont enregistré une augmentation d’environ 15 % de leurs émissions de dioxyde de carbone, alors que l’Union européenne à 25 a connu une réduction considérable par rapport aux niveaux de 1990, et que les 15 pays membres engagés par les obligations au titre du régime de Kyoto ont un niveau inférieur de 1,7 % par rapport à 1990. Ce n’est pas suffisant, mais nous sommes sûrs que, pour la fin de notre période d’engagement, nous aurons atteint notre objectif de Kyoto. Voilà la différence entre les deux approches.

En ce qui concerne les pays en développement, l’Union européenne fera preuve d’ouverture d’esprit quant à la manière dont ils devraient participer à la future coopération multilatérale pour le climat. Il est clair que nous ne pouvons exiger d’eux les mêmes engagements que pour les pays développés. Quel que soit l’engagement qu’ils prendront, il sera basé sur le principe des responsabilités communes, mais différenciées.

La Chine et d’autres pays en développement ont contribué à la formation du phénomène de l’effet de serre dans une mesure bien moindre que les pays développés et, en Chine, les émissions par habitant représentent actuellement moins d’un dixième des niveaux du monde développé, donc nous devrions suivre cet exemple. Là où le revenu par habitant est beaucoup plus faible et où le développement a besoin de plus de liberté, nous devons appliquer ce que la convention des Nations unies appelle judicieusement une politique commune mais différenciée.

M. Verges a mentionné que nous devrions accorder une attention particulière aux pays en développement et à leurs besoins croissants découlant du réchauffement planétaire. Nous devrions réellement nous préparer à cet impact. La Commission assure déjà un financement et approuve l’intention du Canada de préparer un programme de travail de cinq ans sur l’adaptation à la conférence de Montréal.

En outre, l’Union européenne est le principal donateur de la déclaration politique de Bonn de 2001 qui prévoit 410 millions de dollars des États-Unis par an de financement du changement climatique pour les pays en développement, à partir de cette année.

Au Conseil «Environnement» d’octobre, les ministres se sont engagés à communiquer, à Montréal, les progrès accomplis en matière de réalisation de cet objectif. En outre, pour soutenir les pays en développement, nous devons veiller à ce que les mécanismes de développement propre fonctionnent effectivement. La question clé est l’efficience du conseil de direction à Bonn, et l’Union européenne fournit déjà un financement, mais il est clair qu’un soutien supplémentaire est nécessaire. L’Union européenne est encore le principal donateur de fonds au conseil de direction.

Il y a eu certaines préoccupations au sujet de la coopération bilatérale en dehors du contexte des Nations unies, et surtout dans le cadre du partenariat Asie-Pacifique. Permettez-moi de souligner que cela ne peut en aucun cas être considéré comme une alternative au processus des Nations unies. Toutefois, ce partenariat peut favoriser nos efforts dans le contexte de la convention sur le changement climatique et le protocole de Kyoto, par le biais d’une coopération bilatérale plus étroite qui inclut un dialogue politique renforcé et une focalisation sur la technologie. C’est également ainsi que l’on devrait voir les partenariats Union européenne-Chine et Union européenne-Inde. Cela se traduit en actions très concrètes: nous avons récemment tenu deux ateliers en Inde et en Chine sur le mécanisme de développement propre et les mécanismes axés sur le marché. En ce qui concerne la Chine, nous comptons également mettre un fort accent sur le développement et la démonstration de production d’énergie à émissions proches de zéro, et je conviens avec Mme Beckett que le piégeage et le stockage du carbone est l’un des moyens de lutter contre le problème du changement climatique. Ce n’est pas la panacée, mais c’est l’un des nombreux moyens que nous pouvons utiliser. Ces partenariats auront un effet positif et immédiat qui favorisera les discussions sur un régime multilatéral de changement climatique pour l’après-2012.

M. Blokland a posé une question sur l’efficacité des mesures actuelles de l’Union européenne. Si nous mettons pleinement en œuvre toutes les mesures, cela conduira à une réduction de 4 % par rapport à 1990, ce qui n’est évidemment pas suffisant pour atteindre l’objectif de -8 % que nous nous sommes fixés. C’est pourquoi nous avons inclus des mesures supplémentaires dans le programme sur le changement climatique que nous avons lancé il y a un mois. Cela implique que nous devrions réduire davantage les émissions, ce qui nous permettrait d’atteindre l’objectif de Kyoto et de faire encore des progrès après 2012. Il est important de savoir que, pour l’Union européenne à 25, le résultat que donneront les mesures existantes sera de -7 %.

Mme Doyle, Mme Grossetête et d’autres s’interrogent sur les émissions produites par les voitures. Je conviens parfaitement qu’il s’agit d’une question vitale et c’est pourquoi, en 2006, la Commission révisera son accord avec l’industrie automobile pour évaluer la possibilité d’atteindre à un certain moment l’objectif communautaire de 120 g/km, en veillant, bien sûr, à ce que nous atteignions l’objectif, volontairement convenu avec l’industrie automobile en Europe, au Japon et en Corée, de 140 mg.

Mme Ek a parlé de l’inclusion des transports dans le système européen d’échanges des droits d’émissions. La Commission a déjà fait une proposition concernant l’aviation, comme vous le savez. La Commission évaluera cette question pour les autres secteurs des transports dans le cadre du réexamen de 2006.

En matière d’énergie renouvelable, la Commission présentera, dans les semaines à venir, un nouveau rapport évaluant un objectif en matière d’énergie renouvelable pour 2020. En ce qui concerne l’énergie nucléaire et les remarques de M. Hökmark, certains États membres voudraient que l’énergie nucléaire soit un élément de leurs futures ressources énergétiques. Toutefois, nous devons veiller à disposer d’une vaste série de sources d’énergie à faible teneur en carbone. L’énergie nucléaire ne pourra pas satisfaire les demandes accrues d’énergie et nous devrions également être conscients des problèmes de déchets nucléaires et d’opinion publique que pose l’énergie nucléaire.

En ce qui concerne les remarques de Mme Gutiérrez-Cortines sur l’agriculture, la Commission convient que des synergies peuvent être trouvées entre le changement climatique et l’agriculture. Nous avons eu une réunion extrêmement intéressante à Londres, organisée par Mme Beckett et la présidence britannique, sur le changement climatique et l’agriculture et de très importantes conclusions ont été tirées à cette occasion. La Commission va proposer un plan pour soutenir les biocarburants.

Enfin, gagner la bataille contre le changement climatique exige une action déterminée, à lancer dès maintenant. Cela exige, comme l’a dit M. Smith, une action de la part de tous les acteurs et de tous les secteurs de la société. Nous ne devrions pas sous-estimer l’ampleur du défi. Gagner la bataille contre le changement climatique prendra du temps, un temps précieux et qui nous est compté, et des efforts dont certains prétendront que nous ne pouvons pas nous les permettre. Avec votre fidèle soutien, nous sommes déterminés à réaffirmer le leadership de l’Union européenne face à ce défi clé pour l’humanité. Je vous remercie de votre attention.

 
  
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  Le Président. - Le débat est clos.

Le vote aura lieu aujourd’hui à 12 heures.

(La séance, suspendue à 11h55, est reprise à 12h05)

 
  
  

PRÉSIDENCE DE M. TRAKATELLIS
Vice-président

 
  

(1)L’oratrice s’est exprimée en irlandais.

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