Le Président. - Monsieur le Président de la République fédérale d’Allemagne, Mesdames et Messieurs, avant d’accueillir notre illustre invité d’aujourd’hui, je dois vous informer que, au cours de la réunion que nous avons eue avec le président Köhler avant de venir dans cette Assemblée, nous est parvenue la triste nouvelle du décès de M. Lennart Meri, qui fut président de l’Estonie de 1992 à 2001. Comme vous le savez, le président Meri était considéré comme un symbole de la lutte de l’Estonie pour la liberté et l’identité nationale et son décès nous prive d’une personnalité européenne importante, dont nous allons honorer la mémoire aujourd’hui.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, c’est un grand honneur pour moi et pour l’ensemble du Parlement européen de vous accueillir aujourd’hui à cette séance solennelle.
Monsieur le Président, permettez-moi de souligner votre engagement personnel en faveur du projet européen, qui s’avère particulièrement utile et nécessaire à un moment où la situation de l’Union européenne plonge les citoyens dans le doute. Je sais qu’il s’agit là pour vous d’un motif de préoccupation, que vous exprimez avec passion. Je sais que vous êtes tout à fait conscient de la responsabilité que nous partageons tous en ce qui concerne les problèmes qui préoccupent les Européens aujourd’hui, et qui ne peuvent être résolus sans davantage d’Europe.
Nous avons connaissance des initiatives que vous adoptez dans le but d’étendre et d’approfondir le débat européen. Une de ces initiatives est notamment l’invitation que vous avez envoyée à vos homologues de Finlande, d’Italie, de Lettonie, d’Autriche, du Portugal et de Hongrie pour qu’ils participent à une réunion qui s’est tenue à Dresde - dont je suis certain que vous allez parler ce matin - avec des étudiants et des personnalités venant de ces pays, afin de débattre de l’identité européenne et de l’avenir de l’Europe.
Cette initiative importante n’est pas unique en son genre. Vous saisissez chaque occasion qui vous est offerte d’échanger des points de vue avec les citoyens et, en particulier, avec les jeunes. Curieusement, c’est justement ces jeunes qui expriment le plus grand scepticisme à l’égard de ce projet si important pour leur avenir.
Vous faites également suivre vos discours d’actions: vous ne vous contentez pas de parler de l’«Europe» lors de manifestations officielles, mais vous travaillez aussi au quotidien sur des questions spécifiques qui figurent à l’ordre du jour de l’Europe.
Votre expérience personnelle fait presque de vous le modèle européen. Vous étiez jeune, un enfant réfugié, au cours des dernières étapes de la Seconde Guerre mondiale. Lors de ma visite en Allemagne, vous m’avez raconté vos expériences de façon très directe et personnelle: vous m’avez parlé de la manière dont vous avez subi la guerre et l’exode du camp de réfugiés, de la façon dont vous avez fait de votre vie un succès dans un pays en ruines qui était également en train de bâtir progressivement son avenir sur les décombres de l’histoire.
Votre expérience personnelle vous a éloigné de l’Europe. Vous avez vécu hors des frontières européennes et vous nous avez observés de l’extérieur, et c’est justement pour cette raison, parce que vous avez vécu des choses dramatiques au sein de l’Europe et que vous l’avez regardée se construire de l’extérieur, que vous savez que l’Europe n’a pas d’autre choix que celui qui s’offre à elle par son projet pour l’Union européenne.
Toutefois, vous savez également que ces valeurs et projets doivent être défendus activement au quotidien et qu’ils ne sont pas gratuits ou automatiques, et je voudrais donc vous remercier d’être présent parmi nous aujourd’hui afin de nous transmettre vos idées, qui apporteront sans aucun doute une contribution notable à notre vaste débat sur l’Europe.
Monsieur le Président Köhler, je suis heureux de vous donner la parole.
Horst Köhler, président de la République fédérale d’Allemagne. - (DE) Monsieur le Président, Monsieur le Président de la Commission, chers députés de ce Parlement européen, votre honorable Assemblée représente pour l’UE le centre des politiques publiques et de l’opinion démocratique. Je suis reconnaissant d’avoir la possibilité de m’exprimer dans ce lieu au sujet de l’Europe et de son avenir.
Aux yeux du monde, l’Europe présente plusieurs aspects curieux. Pourquoi, peu de temps après sa réunification, apparaît-elle déjà si divisée? Pourquoi, en dépit du succès du marché intérieur européen, n’a-t-elle pas plus confiance en ses atouts? Pourquoi, malgré toutes ses forces et ses possibilités, fait-elle preuve d’autant d’hésitation?
Dans le cadre de mon travail pour la Banque européenne pour la reconstruction et le développement et pour le Fonds monétaire international, j’ai appris à connaître de nombreux pays à travers le monde. Regarder l’Europe de l’extérieur m’a permis de me faire une idée plus nette de celle-ci, et j’ai pu observer comment d’autres pays percevaient notre continent et l’Union européenne. Pour nous, la démocratie fondée sur la liberté, le règlement pacifique des litiges et la solidarité mutuelle entre les vingt-cinq États membres ont longtemps fait partie de notre quotidien. Mais en regardant de l’extérieur, on perçoit bien plus clairement l’incroyable réussite que nous devons à ce qui constitue aujourd’hui notre quotidien, à peine deux générations après la Seconde Guerre mondiale et une demi-génération après la chute du Rideau de fer.
C’est pour cette réussite que l’Europe fait l’objet de l’admiration de nombreuses personnes à travers le monde, mais bien que celles-ci nous admirent, elles commencent lentement à faire preuve d’impatience et d’incompréhension à notre égard. À leurs yeux, nombre d’Européens manquent étonnamment de conscience de soi, sont assaillis par le doute et manquent de courage, et elles disent gentiment: «Europe, si tu es fatiguée, pousse-toi, nous voulons avancer». Qu’avons-nous à répondre à cela?
Ma réponse est la suivante: l’Europe sera toujours animée d’une effervescence créative. Nous, Européens, n’avons pas peur des défis, nous les utilisons. C’est la raison pour laquelle l’Union européenne se prépare à connaître un avenir florissant.
Je souhaite étayer les trois affirmations que je viens de formuler.
Ceux qui veulent comprendre l’Europe doivent prendre en considération son histoire et saisir quels sont les idées et les idéaux qui nous lient en tant qu’Européens. Selon nous, la valeur inaliénable de tout être humain, dans toute sa spécificité, sa dignité et sa liberté, est au centre de tout. Il y a des milliers d’années déjà, les Européens considéraient ces valeurs comme des cadeaux qu’il fallait se montrer digne de recevoir en les utilisant au maximum et, si nécessaire, en luttant encore et encore pour les protéger. C’est précisément ce que les Européens ont fait - inlassablement et en dépit d’horribles revers. Ils ont exploité leurs talents pour s’ouvrir aux profondeurs de l’esprit, par le biais de la philosophie, des sciences et des richesses des arts. Ce faisant, les Européens ont également appris à remettre en question leurs croyances et à réclamer - et à fournir - de bonnes raisons pour chaque action, et ce processus d’édification ne se terminera jamais.
Nous avons très tôt compris et pris à cœur l’importance de la cohésion sociale, de l’autodétermination et de l’autonomie, pas seulement dans les cités de la Grèce antique, mais aussi dans les républiques de l’Italie médiévale, avec non seulement la conscience de soi de l’Espagne, de la France, de la Pologne et de l’Angleterre, mais aussi avec la diversité colorée du «Saint-Empire romain de la nation germanique».
Dans tous ces lieux, les Européens étaient aussi croyants qu’assidus. Tant chez eux qu’ailleurs, ils percevaient le travail comme une obligation religieuse. Ils faisaient des affaires et apprenaient comment coexister avec des personnes issues d’autres croyances et cultures et comment vivre avec elles.
Il est vrai que, ce faisant, les Européens ont commis plus d’une fois de terribles péchés à l’encontre d’autres personnes et cultures, et également à l’encontre des leurs, mais ils en ont tiré des leçons: ils se battent maintenant pour les droits de l’homme, la paix et la démocratie et souhaitent que d’autres tirent les mêmes leçons qu’eux. L’Europe porte également la marque d’une culture d’amour actif pour ses voisins et d’une lutte active pour la justice sociale.
Ces caractéristiques positives existent bien entendu sur tous les continents, et l’Europe les a pris comme modèles, mais le mélange européen spécifique composé d’amour de la liberté, de lutte pour la vérité et d’effervescence créative est unique et apprécié par les nombreuses personnes hors d’Europe qui attendent de nous que nous apportions notre contribution à la paix et au bien-être du monde, tout comme il sera apprécié de ceux qui viendront après nous.
Une fois encore, de grands défis attendent l’Union européenne et ses États membres.
À travers le monde, de nouvelles régions de croissance naissent et les rapports de concurrence changent. De nouvelles sphères d’influence apparaissent et de nouvelles lignes de conflit sont tracées. Dans nombre de pays européens, le chômage se trouve à un taux horriblement élevé.
Les citoyens et l’électorat prennent manifestement leurs distances par rapport à l’Union européenne et le traité constitutionnel européen n’est pas parvenu à gagner l’approbation des peuples de deux des États fondateurs de notre Communauté.
Tant de défis, tant de possibilités! Nous devons nous rappeler les nombreuses fois où l’Europe a réussi à surmonter les épreuves, justement parce qu’elle était capable de renouveau. Il n’y a qu’à voir le marché intérieur européen et l’Union économique et monétaire.
Il y a trente ans, le ministre des affaires étrangères néerlandais, M. Van der Stoel, disait que la devise des Communautés européennes n’était plus «accomplissement, approfondissement et élargissement», mais plutôt «inertie, revirement et fuite». À cette époque, l’Europe était confrontée à une profonde crise économique et institutionnelle.
Il y a vingt ans, l’Acte unique européen faisait du marché intérieur un objectif. Il existait à cette époque tant d’obstacles à la libre circulation des personnes, des marchandises, des services et des capitaux que, pour prendre un exemple, Philips devait produire sept versions différentes du même rasoir électrique pour le marché européen, alors que Siemens devait produire vingt-cinq prises électriques différentes.
Il y a dix ans, l’objectif du marché intérieur a largement été atteint. L’Union européenne l’a maintenant placé sur une base institutionnelle et a renforcé la cohésion économique et sociale entre les États membres. Depuis lors, les sociétés européennes produisent pour un marché intérieur qui compte aujourd’hui 450 millions de consommateurs. De nouvelles possibilités de succès sont apparues, notamment pour les prestataires de services des plus petits États membres, qui sont maintenant en mesure de produire leurs articles en quantités plus importantes et, partant, de façon plus compétitive. Et par-dessus tout, le marché intérieur est un excellent programme pour rendre les entreprises européennes aptes à faire face à la concurrence mondiale. Celles qui réussissent à prouver leur valeur sur le marché intérieur n’ont pas à craindre la concurrence des pays d’outre-mer.
L’union économique et monétaire était et reste l’issue logique du marché intérieur, le protégeant contre la possibilité d’être à nouveau divisé par des dévaluations arbitraires, contre les crises monétaires et les vagues de spéculation que nous connaissions encore en Europe au début des années 90. Elle donne aux entreprises la sécurité de pouvoir planifier, permet aux consommateurs de comparer les prix sans aucune difficulté et supprime les frais élevés associés au change de devises et à la nécessité de se prémunir contre les risques de change. C’est pourquoi l’euro - à l’instar du marché intérieur - a longtemps été synonyme de réussite, et sa force sur les marchés des devises témoigne de la confiance du monde entier dans le fait que les enseignement tirés il y a longtemps restent valables aujourd’hui: l’Europe est capable de transformer des défis en perspectives, et c’est une chose dont vous devez vous souvenir, encore et encore, jour après jour.
(Applaudissements)
Nous allons répéter ce succès, mais à deux conditions: nous ne pouvons pas permettre que nos principes et réalisations qui ont fait leurs preuves soient minés et nous devons, sérieusement et honnêtement, nous atteler à la tâche de corriger ce qui est allé de travers et de mettre de l’ordre là où c’est nécessaire.
Tout ce qu’il y à dire sur la première condition est que ceux dont le protectionnisme affaiblit le marché intérieur européen se font finalement du tort à eux-mêmes.
(Applaudissements)
Ceux qui en reviennent à la vieille attitude «charité bien ordonnée commence par soi-même» sous-estiment la dimension de la concurrence mondiale et offrent à leurs concitoyens une sécurité de façade.
(Applaudissements)
À long terme, ils sapent la capacité de l’Europe à conserver sa place sur la scène mondiale, à créer des emplois durables et à trouver des ressources pour une société plus équitable.
Il s’ensuit donc qu’il ne reste que l’autre méthode. L’Europe doit retrouver sa forme. Pour chacun d’entre nous, cette tâche commence à la maison. Certains États membres ont fait des progrès considérables sur la voie des réformes structurelles et ont dorénavant ce qui est nécessaire. D’autres doivent consentir davantage d’efforts dans ce sens. De nombreux exemples prouvent que les efforts sont payants, et nous ne devons pas épargner nos efforts.
L’Union européenne a également besoin de retrouver sa forme. La première question à soulever est celle des domaines dans lesquels elle doit être active en tant qu’Union. En fin de compte, elle ne doit pas faire tout ce qu’il est possible de faire, mais plutôt tout ce qu’il est nécessaire de faire, et cela n’inclut pas ces choses qui peuvent être mieux accomplies aux niveaux local ou régional ou par des États-nations individuels. Le respect des principes de subsidiarité implique le respect, dans la mesure du possible, de la responsabilité personnelle et de l’identité des citoyens de l’UE, et quiconque connaît la manière dont les décisions sont adoptées au niveau de l’Union européenne sait qu’il s’agit là d’une obligation qui incombe non seulement aux gouvernements des États membres, mais également aux institutions de l’Union européenne.
(Applaudissements)
Néanmoins, si l’Union européenne passe à l’action pour une bonne raison, elle doit le faire avec le moins de paperasserie administrative possible et d’une manière que les citoyens peuvent comprendre. Après tout, nous sommes les héritiers d’une grande tradition de droit et d’administration en Europe, ce qui devrait nous encourager une fois pour toutes à faire un peu le ménage dans l’appareil bureaucratique. Notre enthousiasme passé pour la législation nous a laissé suffisamment d’occasions pour ce faire, et c’est donc une bonne chose que la Commission européenne ait lancé un programme ambitieux visant à débroussailler le maquis juridique dont nous disposons à présent et à simplifier le droit européen. Je viens justement d’avoir une bonne discussion à ce sujet avec le commissaire Verheugen.
Les citoyens apprécieront également que les décisions en Europe soient adoptées de façon plus transparente. À l’heure actuelle, les processus décisionnels au niveau de l’UE sont souvent à des années-lumière des personnes qu’ils affectent, la plupart d’entre elles ne sachant pas vraiment qui est responsable de quoi en Europe et qui doit finalement être tenu pour responsable de ce qui se passe. Par conséquent, les citoyens deviennent apathiques et suspicieux, ce qui n’augure rien de bon.
Toutefois, les citoyens veulent être plus que de simples spectateurs qui comprennent l’intrigue. En plus des élections européennes, ils souhaitent être impliqués autant que possible dans le processus démocratique. Ils veulent être entendus et être en mesure de prendre l’initiative en ayant une influence sur ce que font les institutions européennes.
Vous allez me rétorquer que toutes ces choses - subsidiarité, participation démocratique, droit à l’initiative citoyenne - se trouvent dans le traité constitutionnel européen. Elles s’y trouvent effectivement, et le traité contient bien d’autres choses valables et justes qui ne devraient pas être abandonnées trop facilement, notamment lorsqu’on considère le fait que 14 États membres ont déjà voté en sa faveur.
(Applaudissements prolongés; huées à droite)
L’Europe s’accorde aujourd’hui une «pause de réflexion», appelée «Denkpause» en allemand, ce qui peut à la fois signifier une pause pour réfléchir et une pause dans la réflexion. Nous devrions utiliser cette pause comme une occasion de mener une réflexion approfondie. D’ici là, nous devons dialoguer avec pondération et sérieux - non seulement au sein des institutions et des partis européens, mais aussi dans les forums publics destinés aux débats politiques des États membres - notamment dans le cadre de discussions avec ceux qui n’étaient pas contents d’entendre ce que j’avais à dire.
(Applaudissements)
Ce débat européen ne pourra que bénéficier de la diversité et de la créativité, mais la seule chose qui comptera sera le pouvoir d’une argumentation solide. La tenue d’un débat approfondi dans les États membres sur l’objet et la substance de l’intégration européenne sera instructive, dans le meilleur sens du terme. À long terme, cela permettra aux citoyens de mieux accepter l’UE. Je fais confiance aux peuples d’Europe, au public européen. Nous devons au moins leur faire confiance pour quelque chose.
Nous, Européens, réclamons et fournissons de bonnes raisons; c’est un élément qui, selon moi, nous caractérise. Je pense dès lors qu’il existe plus d’une bonne raison pour que l’Europe, dans le nouvel ordre mondial qui est en train d’émerger, s’exprime d’une seule voix sur des questions de politique étrangère et de sécurité commune. Cela nous confère plus de poids, par exemple lorsque nous discutons avec d’autres de la dimension internationale de la responsabilité sociale et de la protection de l’environnement. Le public a toujours été conscient du fait que, dans le cadre de la concurrence mondiale, plus nous sommes chers, plus nous devons être bons. Pour les perspectives d’avenir de l’Europe et pour les trop nombreux jeunes qui sont sans emploi, l’éducation, la formation, la recherche et le développement sont donc des éléments cruciaux, et cette raison suffit pour dégager de nouveau à cette fin des sommes considérables provenant du budget européen et pour récolter, ce faisant, les applaudissements de nos États-nations.
(Applaudissements)
Les citoyens se réjouiront également du fait que l’UE se fixe de nouveaux objectifs et entreprenne le type d’actions qui facilitent la vie des Européens et qui leur assurent une plus grande sécurité. C’est en effet possible, comme la politique énergétique l’a récemment démontré de manière criante. Toute personne sensée sait que tous les États membres ont un intérêt vital à ce qu’il y ait une fourniture sécurisée et abordable d’énergie écologique et qu’ils doivent travailler de concert pour trouver le moyen le plus efficace d’atteindre cet objectif. L’attitude «charité bien ordonnée commence par soi-même» ne tiendra pas la route. La Commission européenne a présenté un livre vert sur la politique énergétique, dont je me réjouis énormément. Lorsque ces questions sont en jeu, nous devons prendre aussi vite que possible les bonnes décisions. Les débats dont j’ai parlé et qui garantiront à l’Union européenne un avenir prometteur sont déjà en cours.
Permettez-moi de vous donner un petit exemple de ceci: il y a quelques semaines, je me suis rendu à Dresde avec six autres présidents européens. Nous avons poursuivi un dialogue entamé par l’ancien président portugais Sampaio, et nous avons parlé avec des jeunes, avec une centaine d’étudiants provenant de sept États membres. Nous leur avons demandé ce qu’ils pensaient de l’Europe, quels étaient selon eux les bienfaits qu’elle peut apporter et ce qu’ils attendaient de l’Union européenne et de ses États membres. Ces étudiants n’avaient pas été triés sur le volet. Ils avaient été sélectionnés au moyen d’une loterie publique, mais ils étaient bien préparés. Ils avaient passé une journée et demie à discuter entre eux et ils ont appelés les conclusions de leurs propres délibérations les «revendications de Dresde pour la cohésion européenne». Ils pensent, par exemple, à un droit de vote unique et souhaiteraient la création d’une maison européenne de l’histoire. Ils proposent de mettre de côté cinq pour cent du produit intérieur brut pour la recherche et le développement.
(Applaudissements)
Et ils veulent une armée européenne et un service civil européen.
(Applaudissements)
Je joins à mon discours une copie de ce que ces jeunes ont écrit afin qu’elle soit ajoutée aux archives de cette honorable Assemblée. C’est vrai, leur groupe n’était pas représentatif et leurs demandes semblent idéalistes, mais leur idéalisme est impressionnant. Il témoigne d’un enthousiasme semblable à celui des citoyens qui ont reconstruit l’Europe après la guerre et qui ont combattu pour son unité dans la liberté. La voilà, l’effervescence créative typique. Les voilà, les Européens qui attendent quelque chose de l’Europe et qui sont prêts à faire quelque chose pour elle. Ils se trouvent en Europe.
(Applaudissements)
Au fait, certains de ces étudiants avaient bénéficié d’une bourse du programme Erasmus. Réjouissons-nous de cette génération Erasmus et encourageons-la!
(Applaudissements soutenus)
Et tant que j’en suis à parler de cela, les stagiaires et apprentis devraient également se voir offrir plus de possibilités d’apprendre de leurs voisins et d’apprendre par l’expérience la valeur de l’Europe.
(Applaudissements)
C’est Jacques Delors qui a proposé le chèque-formation européen et j’implore cette Assemblée de tirer ce chèque.
(Applaudissements)
Prenons l’enthousiasme de ces jeunes gens en exemple. Montrons-nous de vrais Européens. Au lieu de nous inquiéter pour l’avenir, montrons-nous pétris d’agitation créative, pour l’Europe et pour l’Union européenne. Regroupons-nous pour transformer tous nos défis en perspectives, dans l’intérêt de tous; l’Europe demeurera ce qu’elle est aujourd’hui, c’est-à-dire un endroit agréable à vivre et une force au bénéfice du bien dans ce monde qui est le nôtre.
(L’Assemblée, debout, applaudit l’orateur de manière soutenue et prolongée)
Annexe
Réclamations de Dresde pour la coopération européenne (5 février 2006)
I. Rapprocher l’Europe des citoyens
1. Programme d’échange pour toutes les tranches de la société
2. Droit électoral uniforme à travers l’UE
3. Donner un visage à l’Europe au moyen d’un président directement élu
4. Une Constitution européenne courte et compréhensible
5. Donner à l’Europe un «habillage visible» par le biais de symboles plus forts tels que:
- une maison de l’histoire européenne;
- une croix du mérite européenne;
- une journée de l’Europe qui serait un jour férié dans toute l’Europe;
- un passeport européen bleu, etc.
6. Organiser des «études européennes» dans toutes les écoles d’Europe et créer un «centre européen pour l’éducation politique»
7. Développer «Euro-News» en une «chaîne européenne» populaire
8. Une campagne «Nous sommes l’Europe»
9. Un «Eurobus» pour amener l’Europe dans les campagnes
II. Saisir les occasions de l’Europe
1. Utiliser 5% du PIB des États membres de l’UE pour la recherche et les sciences
2. Accorder au Parlement européen les pleins pouvoirs concernant le budget
3. Réduire et réformer les subventions agricoles
4. Développer le «service volontaire européen»
III. Ensemble pour la sécurité et la responsabilité
1. Mettre le Belarus à l’agenda politique
2. Créer une «armée européenne» dans le cadre de la politique étrangère et de sécurité commune
3. Ancrer de façon permanente le principe de durabilité dans la législation européenne
Le Président. - Merci, Monsieur le Président.
Avant de poursuivre la séance, je voudrais adresser quelques mots de remerciement à l’intention du président pour son discours.
Il est vrai qu’à une époque, nous disposions de vingt-cinq types de prise différents. Aujourd’hui, nous avons la même prise, mais vingt-cinq réseaux électriques différents.
Comme vous l’avez souligné, l’étape suivante est de progresser vers l’Europe de l’énergie et dans nombre d’autres aspects qui doivent devenir communs.
Merci beaucoup pour votre discours et pour vos encouragements, Monsieur le Président.