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RC-B6-0189/2006

Débats :

PV 22/03/2006 - 12
CRE 22/03/2006 - 12

Votes :

PV 23/03/2006 - 11.9
CRE 23/03/2006 - 11.9
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Textes adoptés :


Compte rendu in extenso des débats
Mercredi 22 mars 2006 - Bruxelles Edition JO

12. Sécurité de l’approvisionnement énergétique de l’Union européenne (débat)
Procès-verbal
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  Le Président. - L’ordre du jour appelle la question orale (B6-0009-2006) au Conseil de M. Chichester, au nom de la commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie, sur la sécurité de l’approvisionnement énergétique (O-0007/2006).

 
  
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  Giles Chichester (PPE-DE), auteur. - (EN) Monsieur le Président, je suis ravi de pouvoir poser cette question au nom de la commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie. Celle-ci fait suite à la question débattue en janvier dernier sur la sécurité de l’approvisionnement énergétique.

Le monde a quelque peu évolué depuis lors. Nous disposons à présent du livre vert de la Commission et des conclusions de la réunion du Conseil de la semaine dernière. Ces deux documents sont d’un grand intérêt et indiquent clairement que nombre des questions soulevées lors des débats précédents ont été prises en considération. Je voudrais en remercier le commissaire et en féliciter le Conseil. Il est également bon que les questions énergétiques soient maintenant en tête des priorités.

L’enjeu porte essentiellement sur la dépendance à l’égard des importations pour toute une série de combustibles. Notre question est donc de savoir ce qu’entreprendra la Commission pour réagir de manière appropriée à l’évolution et aux aléas de la situation géopolitique, stratégique et diplomatique. Je tiens cependant à souligner que, selon moi, ces questions incombent davantage à nos collègues de la commission des affaires étrangères. Je me réjouis que certains de mes collègues, qui prendront la parole au cours du débat, puissent soulever ces différents points.

L’élément essentiel à aborder concernant la sécurité de l’approvisionnement est l’exigence primordiale de diversité: diversité des combustibles, des sources et des technologies. Ce critère est absolument fondamental.

Je tiens à souligner que j’ai été quelque peu déçu par le livre vert - que nous attendons avec impatience de pouvoir débattre en temps opportun -, car le rôle crucial de l’énergie nucléaire comme source essentielle d’approvisionnement au sein de l’Union n’a peut-être pas reçu toute la reconnaissance qu’il mérite. Le Parlement a récemment adopté un amendement visant un objectif ambitieux mais réaliste au titre duquel 60% de l’électricité de l’Union devraient provenir de sources à émissions de carbone très faibles, voire nulles. Cet objectif ne pourra être atteint qu’en combinant les sources d’énergie renouvelables et le nucléaire. Je note avec grand plaisir que les conclusions du Conseil font état de «systèmes énergétiques durables et efficaces». L’énergie nucléaire me vient immédiatement à l’esprit dans ce contexte.

Nous ne devons cependant pas négliger d’autres sources d’énergie. Depuis l’élargissement de l’Union, la part de notre dépendance à l’égard des importations de charbon est passée de 50% à 35%, car un État membre en particulier est un producteur non négligeable de charbon. Nous ne devons pas perdre de vue les avantages et le potentiel de la technologie du charbon propre alors que nous disposons sur notre sol de cette source d’énergie significative.

La proposition de résolution liée à cette question orale met notamment l’accent sur une plus grande efficacité dans le secteur des transports. Elle souligne l’importance de la recherche et du développement dans les technologies énergétiques du futur et examine certaines propositions visant à renforcer l’efficacité énergétique des bâtiments.

Nous avons transmis quatre questions au commissaire, et nous attendons avec impatience ce qu’il pourra en dire le moment venu. Nous voulons savoir ce que nous pouvons faire pour réduire notre dépendance à l’égard des importations de pétrole et de gaz. Nous voulons savoir quelles sont les autres sources que, selon lui, nous pourrions développer. Peut-être a-t-il certaines réflexions à nous transmettre concernant l’approvisionnement en gaz, la gestion des gisements de gaz et les facilités de stockage de cette ressource.

Enfin, nous attendons de la Commission qu’elle intègre à cette question de sécurité de l’approvisionnement la question connexe du changement climatique, ainsi que la manière dont nous pouvons ajuster notre politique énergétique suite au protocole de Kyoto pour respecter notre triple objectif de durabilité, de compétitivité et de sécurité de l’approvisionnement.

(Applaudissements)

 
  
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  Hans Winkler, président en exercice du Conseil. - (EN) Monsieur le Président, je tiens tout d’abord à remercier M. Chichester pour cette question. Elle arrive à point nommé. En réalité, l’Autriche n’assurait la présidence de l’Union que depuis huit heures lorsque l’énergie nous est apparue comme un problème européen, un problème nous concernant tous. En effet, à huit heures du matin, le 1er janvier 2006, le conflit gazier entre la Russie, l’Ukraine et la Moldavie a réellement commencé. Il est apparu évident qu’il nous fallait résoudre ce problème, même si celui-ci n’était pas totalement nouveau. Son importance s’est cependant clairement manifestée, en particulier au cours de cette année.

Il est évident que pour l’Europe, l’approvisionnement énergétique est une question de la plus haute importance. C’est pourquoi la réunion du Conseil de demain en fera l’une de ses priorités.

Nous avons également convenu d’une réunion extraordinaire du Conseil des ministres de l’énergie, à laquelle vous avez fait allusion, afin de préparer du mieux possible la réunion du Conseil européen. Cette réunion des ministres de l’énergie a permis d’avancer des suggestions très utiles, qui seront débattues demain et après-demain.

Il est également apparu clairement, en rapport avec le conflit gazier entre la Russie, l’Ukraine et la Moldavie, que la question de l’approvisionnement énergétique ne devait pas entraîner que des discussions en interne. Lorsque j’ai eu le plaisir, hier, de faire rapport devant la commission des affaires étrangères, il a été souligné très nettement que cette question relevait de la politique étrangère de l’Union - et ce parce que nous devons coopérer avec nos partenaires et nos voisins pour prendre leurs problèmes en considération. Il importe que nous insistions sur la stabilité politique et économique, notamment, du pays de transit. Nous devons également intégrer les pays fournisseurs et les pays consommateurs à nos débats.

C’est la raison pour laquelle nous entretenons des contacts étroits à cet égard avec l’OPEP, la Russie et d’autres pays influents, comme l’Inde et la Chine. Nous sommes également actifs au niveau des instruments internationaux. Je me contenterai de mentionner très brièvement l’Agence internationale de l’énergie, les forums internationaux sur l’énergie et Euromed, qui joue un rôle important. Il existe d’autres accords internationaux d’importance, tels que l’accord énergétique avec l’Europe du sud-est. J’espère, Monsieur Chichester, que nous obtiendrons très rapidement l’assentiment de cette Assemblée. Nous espérons l’obtenir avant la réunion des ministres au mois de juin.

(DE) Il y a bien entendu également d’autres facettes importantes à la sécurité de l’approvisionnement énergétique, notamment la question de la diversification de nos sources d’énergie, surtout de nos sources intérieures et, en particulier également, l’enjeu des énergies renouvelables. Toutefois, la gestion de la demande, y compris l’amélioration de l’efficacité énergétique, revêt aussi la plus grande importance à cet égard.

Lorsqu’il s’entretient avec ses partenaires, le Conseil insiste régulièrement sur le fait qu’il est également crucial d’investir de manière judicieuse dans les infrastructures et la prospection. C’est la raison pour laquelle le Conseil estime capital que la résolution du Parlement européen et du Conseil sur les réseaux transeuropéens de l’énergie soit adoptée prochainement, car si nous manquons de moyens pour étendre ces derniers, il nous sera impossible de diversifier l’offre et, par conséquent, de renforcer la sécurité de l’approvisionnement. S’agissant précisément de la sécurité de l’approvisionnement, le Conseil a déjà par le passé adopté des dispositions juridiques sur lesquelles je ne m’attarderai pas maintenant pour une question de temps. Je mentionnerai également brièvement la directive concernant des mesures visant à garantir la sécurité de l’approvisionnement en gaz naturel, qui date de 2004.

Pour en revenir à présent à votre question relative aux sources d’énergie alternatives, Monsieur Chichester, le Conseil considère que deux composantes principales de la politique énergétique méritent une attention particulière et je viens de les citer brièvement: la question de la diversification des sources de combustibles et l’efficacité énergétique. Comme il a déjà été dit dans le débat d’aujourd’hui - l’énergie a figuré au cœur de la discussion que vous venez de clôturer, et à juste titre -, les États membres doivent convenir eux-mêmes de la solution énergétique qu’ils choisiront dans le cadre de leur politique nationale. Quelle que soit la décision des États membres, la diversification des sources de combustibles implique naturellement - et je pense que c’est particulièrement important - la diversification des pays fournisseurs à l’origine de nos importations d’énergie. Néanmoins, les sources d’énergie renouvelables sont tout aussi primordiales.

À ce sujet, le Conseil peut également relever toute une série d’instruments, que j’évoquerai très rapidement ici. À propos de la diversification des sources de combustibles, essentiellement grâce à l’utilisation d’énergies renouvelables, le Conseil et le Parlement européen ont déjà approuvé en 2001 une directive relative à la promotion de l’électricité produite à partir de sources d’énergie renouvelables. En outre, je voudrais attirer votre attention à cet égard sur la proposition de directive du Parlement et du Conseil ayant trait à la promotion de l’utilisation des biocombustibles ou d’autres combustibles renouvelables pour le transport. En décembre de l’année dernière, un accord a également été obtenu avec le Parlement européen quant au projet de directive sur l’efficacité énergétique et les services dans le secteur de l’énergie qui, je l’espère, se concrétisera dans les quelques prochains mois. Nous travaillons à cette fin. Il y a tant à faire en matière d’économie d’énergie.

Permettez-moi, par ailleurs, de vous faire remarquer que le programme «Énergie intelligente pour l’Europe» joue déjà un rôle important à cet égard, dans le contexte du sixième programme-cadre de recherche. Le septième programme-cadre de recherche et le programme «Énergie intelligente pour l’Europe» actuellement en cours de discussion dans le cadre du PIC contiendront également des priorités opportunes et pertinentes.

Il existe, en outre, des mesures dans le domaine non législatif; l’année dernière, par exemple, les ministres de l’énergie ont apporté leur contribution au Conseil européen du printemps 2005. Le Conseil examine actuellement de toute urgence et avec la plus grande attention le plan d’action sur la biomasse, qui constitue une grande priorité à nos yeux.

Monsieur Chichester, je voudrais conclure en répondant à votre question concernant Kyoto post-2012, la sécurité de l’approvisionnement énergétique et la compétitivité de l’Union européenne. Nous sommes d’avis que les effets peuvent être fondamentalement positifs. Il me semble particulièrement important de réaffirmer notre intime conviction qu’une politique environnementale bien pensée aura des retombées positives sur la croissance et l’emploi.

Les mesures encourageant l’efficacité énergétique conduisent à des innovations écologiques et des technologies respectueuses de l’environnement. Or, la demande réclamant de telles innovations ne cesse de croître partout dans le monde. Cette évolution crée également des opportunités pour nos économies. En diversifiant les sources d’énergie et en favorisant plus spécialement les énergies renouvelables, nous voulons également améliorer la sécurité de l’approvisionnement énergétique et, parallèlement, freiner le changement climatique et renforcer la compétitivité de l’UE dans son ensemble.

(Applaudissements)

 
  
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  Andris Piebalgs, membre de la Commission. - (EN) Monsieur le Président, le débat qui s’achève concernant le programme de travail de la Commission s’est longuement attardé sur l’enjeu de l’énergie. Je m’en réjouis et je vous suis reconnaissant pour la question posée à la Commission qui a permis ce débat.

D’une certaine manière, le Livre vert sur une stratégie européenne pour une énergie sûre, compétitive et durable a donné des réponses quant à la façon dont nous devons procéder pour relever les défis soulevés dans votre question. Nous devons également nous rendre compte qu’il s’agit d’un défi d’envergure mondiale: le fragile équilibre entre l’offre et la demande, le changement climatique, la dépendance à l’égard des importations et les besoins d’investissements dans le secteur de l’énergie sont autant de défis planétaires. La réponse de l’Union européenne prend la forme d’une politique énergétique commune. Nous bénéficions d’un solide soutien de la part des citoyens. Un récent sondage a révélé que 47% des citoyens européens appuyaient notre action à l’échelle européenne. Nous avons reçu beaucoup d’encouragements émanant de nombreux États membres et de parlements nationaux à la suite de la publication du livre vert. Il est évident que le principal atout de ce livre vert se situe dans cette approche commune par laquelle nous soulignons que la sécurité de l’approvisionnement, la compétitivité et la durabilité ne peuvent être séparées au sein de notre politique énergétique. Ces trois composantes doivent interagir.

Parallèlement à ce constat, il est tout aussi clair que nous ne trouverons pas de remède miracle, car il n’en existe aucun. En d’autres termes, en matière de politique énergétique, nous devons nous concentrer sur une série de mesures ciblant des domaines spécifiques. Tout d’abord, il importe pour la sécurité de l’approvisionnement, la durabilité et la compétitivité, de mettre en place un marché intérieur réellement compétitif, ouvert et transparent au sein de l’UE. C’est également crucial pour la sécurité de l’approvisionnement. Nous menons certaines actions qui favorisent non seulement la concurrence, mais également le commerce transfrontalier, à savoir les transactions énergétiques par-delà les frontières. Il s’agit de facteurs extrêmement importants et je compte sur le soutien de cette Assemblée vis-à-vis de ces enjeux dans le futur.

Un deuxième élément de la plus grande importance - comme l’a signalé le président en exercice -, c’est la solidarité. L’Union est forte lorsqu’elle se montre solidaire. La solidarité implique, premièrement, d’être paré aux situations extrêmes. Deuxièmement, elle suppose que le mécanisme de solidarité fonctionne et troisièmement, elle nécessite de disposer d’énormément d’informations sur l’activité des marchés de l’énergie. Je conviens que la diversité est l’enjeu le plus important, mais pour exploiter au mieux cette diversité, nous avons besoin d’un maximum d’informations et de transparence. Nous mettons en place de telles mesures en reconsidérant la directive relative aux stocks de pétrole, en plaçant davantage l’accent sur la sécurité de l’approvisionnement en électricité et en gaz, mais aussi en recherchant de nouveaux mécanismes répondant véritablement aux besoins de nos citoyens qui aimeraient avoir l’assurance qu’en cas de situation extrême, nous disposons d’une stratégie et de réserves utilisables en pareil cas.

Vient ensuite la question du bouquet énergétique. Il en va de la responsabilité de chaque État membre; c’est une question de subsidiarité. Néanmoins, nous savons que toute initiative d’un État membre donné influence tous les autres, du moins les États membres voisins. Dès lors, nous devons mener des actions en tenant compte des politiques énergétiques de nos voisins et essayer de privilégier les meilleures options possibles.

Il est nécessaire d’effectuer une analyse stratégique de l’énergie au sein de l’UE, ce qui nous permettrait de reconsidérer ces enjeux en permanence et de dégager la meilleure approche en termes de bouquet énergétique pour chaque État. L’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables pèseront certainement de plus en plus sur le choix d’un bouquet énergétique. Toutefois, en même temps, je crois également que l’énergie nucléaire qui figure maintenant dans le bouquet énergétique sera exploitée par bon nombre d’États membres. Il importe cependant de veiller à ce que cette forme d’énergie soit utilisée d’une manière sécurisée et durable.

Je crois, en outre, à la diversité susceptible de nous apporter de nouvelles technologies et au charbon propre, à la séquestration du carbone, etcetera. Nous avons actuellement un excellent exemple avec le projet de Shell et Statoil, qui repose sur la séquestration du carbone et la postcombustion. Il s’agit d’un projet de démonstration: pour la première fois, un véritable projet industriel de 860 mégawatts offre de nouvelles possibilités de diversification du bouquet énergétique, conformément aux objectifs de notre politique en matière d’énergie.

D’aucuns ont déclaré que nous n’insistions pas assez sur l’efficacité énergétique. Je ne suis pas d’accord: nous lui accordons une grande place. Le Parlement a débattu du Livre vert sur l’efficacité énergétique. Nous allons proposer un plan d’action européen très ambitieux en faveur de l’efficacité énergétique, qui mettra largement l’accent sur les transports. Cela étant dit, l’importance accordée à l’efficacité énergétique doit trouver son prolongement dans chaque État membre, à travers son plan d’action national. C’est primordial.

S’agissant des technologies, je ne citerai qu’un seul exemple: l’Europe est capable de fournir de nouvelles technologies, mais nous devons exploiter toutes les possibilités en faisant preuve de cohérence. Je suis convaincu que le plan stratégique européen relatif aux technologies énergétiques peut faire une réelle différence.

Enfin et surtout, je voudrais attirer votre attention sur des considérations internationales. La meilleure réponse pour la sécurité de l’approvisionnement tient non seulement à la diversité, mais elle dépend également des marchés gazier et pétrolier, qui doivent être à la fois mondiaux, transparents et concurrentiels. Cette vision pourrait apporter l’indispensable diversité. Pour que cette diversité devienne réalité, nous devons stabiliser les pays qui possèdent des ressources de gaz et de pétrole. Il faut que nous construisions des infrastructures nous permettant d’acheminer davantage de gaz de différentes régions du monde, parce que c’est la seule manière de garantir la sécurité d’approvisionnement en gaz et en pétrole. Nous devons faire part de notre vision du marché à nos voisins directs. Il convient d’élargir la communauté de l’énergie.

Demain, le Conseil européen aura l’opportunité de débattre de ces enjeux. Je crois que la dynamique engendrée par le Livre vert sur le développement d’une politique énergétique européenne commune se perpétuera. Je vous remercie pour ce débat et je me réjouis de travailler avec cette Assemblée en vue d’établir une politique énergétique européenne qui corresponde aux besoins fondamentaux de nos citoyens.

 
  
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  Paul Rübig, au nom du groupe PPE-DE. - (DE) Monsieur le Président, Monsieur le Président en exercice, Monsieur le Commissaire Piebalgs, Mesdames et Messieurs, nous sommes depuis plusieurs mois au beau milieu d’un nouveau débat stratégique. Nous observons le conflit avec l’Iran, la guerre en Irak, mais nous observons également un conflit avec certains pays de l’OPEP où nous n’aurions jamais pensé qu’une telle situation se produirait. Nous voyons que la Chine effectue des achats stratégiques sur les marchés de l’énergie, que la Russie s’écarte d’une politique continue et fiable et nous voyons également que les marchés mondiaux subissent des changements très rapides. Par conséquent, nous devons nous conformer à nos objectifs, à savoir ceux de l’agenda de Lisbonne.

Nous souhaitons croissance et emploi. Dès lors, la politique énergétique - et je voudrais remercier le commissaire Piebalgs pour avoir centré l’attention sur l’efficacité énergétique - est une priorité absolue. Elle pourrait ouvrir des secteurs d’activité entièrement nouveaux pour nos petites et moyennes entreprises. Elle est susceptible de créer des emplois dans les métiers de l’artisanat et des petits cycles économiques qui nous apportent la sécurité énergétique.

Par ailleurs, nous ne devons pas oublier la compétitivité de notre secteur de l’énergie. À cet égard, j’invite tout particulièrement la Commission à examiner minutieusement les conséquences du protocole de Kyoto post-2012 sur nos industries de base à forte intensité d’énergie, notamment l’industrie de l’acier et de l’aluminium et bien d’autres secteurs, ainsi que sur notre production d’énergie. Je pense que nous devons également analyser les aspects environnementaux de la durabilité, sous l’angle spécifique de la compétitivité.

Je demande à la Commission et à M. Barroso de faire appel aux divers services de leur institution - qu’il s’agisse de la stratégie de communication, de la politique fiscale, des relations économiques extérieures, de la politique étrangère, de la concurrence ou de l’environnement - pour accomplir cette tâche majeure qui revêt une immense importance pour notre avenir en Europe.

 
  
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  Robert Goebbels, au nom du groupe PSE. - Monsieur le Président, nous vivons dans un monde de plus en plus affamé d’énergie. Les grands consommateurs, les Américains et les Européens, ne peuvent pas dénier aux Chinois, aux Indiens et aux autres le droit d’ambitionner notre niveau de vie, de consommer davantage d’énergie.

Avec une demande mondiale croissante, les pays consommateurs doivent s’allier face aux marchés organisés en cartels afin de peser sur la formation des prix. Dans un tel contexte, les économies d’énergie et une meilleure efficience énergétique constituent la première priorité. L’Agence internationale pour l’énergie a calculé qu’il suffirait d’imposer aux constructeurs d’ordinateurs de réduire la consommation en mode veille à un watt, au lieu des dix watts actuels, pour économiser l’équivalent de vingt centrales électriques de 1 000 mégawatts.

Il faut faire davantage appel aux énergies renouvelables: le Brésil produit 700 millions de litres d’éthanol issu de l’industrie sucrière, l’Île Maurice économise 20 000 tonnes de pétrole en brûlant dans ses centrales thermiques des résidus fibreux, la Suède va imposer à toutes les stations-services d’offrir des biocarburants et, aux Fidji, on fait fonctionner des moteurs diesel à base d’huile de copra.

Cela dit, des énergies renouvelables ne peuvent pas remplacer totalement les sources d’énergie traditionnelles. Il faudra des sauts technologiques pour le solaire, la pile à hydrogène, etc. Même l’énergie éolienne, pour laquelle l’Europe dispose pourtant d’un potentiel offshore important, demande des investissements substantiels dans la sécurité des réseaux. Le monde ne pourra pas renoncer de si tôt au charbon, au nucléaire. Ces choix incombent aux États qui doivent décider librement de leur «mix» énergétique.

L’Europe devra investir davantage dans la recherche sur l’efficience énergétique, sur les renouvelables, sur la séquestration du carbone, sur le charbon propre, sur la sûreté nucléaire et sur la fusion. L’Union devra mettre en place une politique énergétique plus solidaire. Elle doit réaliser son marché intérieur en évitant un partage des marchés au profit des oligopoles. Je terminerai, Monsieur le Président, en disant que le Conseil de printemps doit se décider: l’Europe sans politique énergétique commune ne sera qu’une puissance molle.

 
  
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  Lena Ek, au nom du groupe ALDE. - (SV) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, chers Membres de la délégation autrichienne, Mesdames et Messieurs, il est difficile de concevoir à quel point l’Europe est incroyablement dépendante des importations, ce qui nous place dans une situation très inquiétante. Nous devons remanier la production et la distribution, mais aussi réguler le marché de sorte qu’il fonctionne correctement. En d’autres termes, il convient de réglementer les droits des consommateurs et les capacités de transfert, tout en examinant la position dominante des grandes sociétés de services énergétiques.

Nous n’exploitons pas les technologies existantes. Nous réduisons les crédits de recherche lors des négociations budgétaires en cours et l’industrie ne reçoit pas les messages clairs dont elle a besoin pour oser investir et le faire à long terme. Les États membres choisissent eux-mêmes leur bouquet énergétique et c’est très bien ainsi. Voici à présent que nous arrive le livre vert. Au sein du groupe de l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe, nous soutenons ce livre vert et le trouvons extrêmement constructif, ce que nous pensons également du travail de Mme Kroes sur la question de la concurrence.

Monsieur Winkler, vous avez toutefois commencé par dire qu’à 8 heures le 1er janvier, l’Europe avait reçu un électrochoc énergétique envoyé par la Russie. Vu la situation, bon nombre de chefs de gouvernement s’inquiètent désormais et souhaitent un retour à la régulation. Ils veulent le protectionnisme dans le domaine de l’énergie, une solution qui serait diamétralement opposée à ce que le Conseil a précédemment affirmé vouloir, à l’instar de la Commission et du Parlement. C’est une honte, alors que nous sommes en mesure actuellement, en les épaulant, d’aider les nouveaux États membres à stabiliser leur approvisionnement énergétique et de résoudre d’importants problèmes environnementaux. Il est honteux d’avancer ces arguments alors que nous pouvons également créer de nombreux emplois en Europe. Je regrette de devoir dire que notre propre chef de gouvernement en Suède, M. Göran Persson, a déclaré aujourd’hui qu’il souhaite une reréglementation du marché suédois de l’énergie.

Si vous continuez à agir comme vous l’avez toujours fait, vous continuerez à récolter ce que vous semez, comme le dit le proverbe. Nous ne pouvons pourtant plus nous permettre de prolonger cette situation en Europe. Il nous faut des décisions extrêmement fermes et l’Autriche, qui présidera la réunion du Conseil de ministres de demain, a une lourde responsabilité à assumer.

 
  
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  Claude Turmes, au nom du groupe des Verts/ALE. - (DE) Monsieur le Président, les chefs d’État ou de gouvernement se réunissent demain pour un sommet consacré à l’énergie. Vont-ils parler de l’énergie? Je crains que non; demain, M. Berlusconi va organiser un grand spectacle et Enel va annoncer son rachat de Suez. En d’autres termes, il s’agira d’un événement dans la perspective des élections italiennes, et M. de Villepin et le président Chirac profiteront de toute cette affaire pour se présenter à nouveau en héros nationaux dans un gouvernement français qui s’effondre.

Ce n’est là qu’un voile de fumée jeté sur la réalité du marché intérieur. Quel est le véritable enjeu du marché intérieur de l’UE? Son fonctionnement actuel reflète la plus grosse erreur économique que l’Europe ait jamais connue. Enel escroque les consommateurs italiens, Endesa escroque les consommateurs espagnols, Suez escroque les consommateurs belges et E.ON escroque les consommateurs allemands. Et maintenant, nous sommes censés discuter de la création éventuelle de «champions nationaux» ou - comme le dit M. Barroso - de «champions européens» encore plus imposants qui dominent d’autant plus leur marché et menacent le consommateur et la compétitivité en Europe. Non, telle n’est pas la question! La vraie question est la suivante: allons-nous en fin de compte gagner la bataille sur le terrain politique et serons-nous en mesure de réguler les marchés de manière adéquate et indépendante, tout en séparant les réseaux de tout le reste? La politique des transports doit être au cœur de la politique énergétique et tant que cela ne sera pas le cas, tous ces documents resteront sans effet.

Nos politiques doivent surtout viser des objectifs à long terme axés sur les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et la réduction des émissions de CO2. Sans cela, il ne peut y avoir aucune sécurité pour nos investissements. Ce qu’il manque dans ce débat, me semble-t-il, c’est une nouvelle méthode. Nous n’avons pas réussi jusqu’à présent à établir une bonne coordination à tous les niveaux. En d’autres termes, il nous faut de nouveaux partenariats. Et que fait M. Barroso, il avance comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, comme d’habitude? Il place l’énergie, un enjeu qui divise plus que tout autre les citoyens européens, au centre du débat! Est-il encore possible d’agir avec moins de sens politique que ne le fait actuellement M. Barroso à l’égard de la presse?

 
  
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  Esko Seppänen, au nom du groupe GUE/NGL. - (FI) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, Monsieur le Président en exercice du Conseil, nous connaissons les prévisions des grandes sociétés pétrolières. Elles prévoient que d’ici 2030, quelque 80% de l’énergie mondiale seront toujours produits à partir de combustibles fossiles. L’histoire montre que ces prévisions sont crédibles, même si nous faisions tout notre possible pour économiser l’énergie, améliorer l’efficacité énergétique, soutenir l’utilisation de formes d’énergie alternatives et de biocombustibles, et même si nous construisions de nouvelles centrales nucléaires tout en arrêtant définitivement les anciens réacteurs.

Il est de notoriété publique qu’il n’y a plus de gros gisements pétroliers dans les pays de l’UE et que le gaz de notre région sera épuisé dans le courant des 10 prochaines années. Selon le livre vert qui vient d’être publié, la dépendance globale de l’UE à l’égard des exportations aura grimpé à 71% d’ici 2030.

Si les prédictions des sociétés pétrolières affirmant que nos besoins énergétiques seront surtout satisfaits à l’aide de combustibles fossiles s’avèrent vraies, la concurrence sera d’autant plus féroce entre ces combustibles. L’UE veut répondre à tous ses besoins énergétiques croissants par l’utilisation du gaz. Le développement de la liquéfaction du gaz aggravera la situation, favorable aux pays de l’UE, tandis que la majorité des réserves mondiales de gaz se trouvent sur le continent eurasiatique, à l’extrémité des réseaux de gazoducs.

La disponibilité ainsi que les prix du pétrole et du gaz sont influencés de manière décisive par la concurrence ciblant les mêmes ressources naturelles en Chine et dans d’autres pays d’Extrême-Orient, lesquelles ressources ont toujours été jusqu’ici presque exclusivement exploitées par les pays de l’OCDE.

Notre groupe soutient la Commission dans sa recherche d’alternatives. Il n’existe aucune autre solution qui soit aussi simple. Si elle poursuit cette politique reposant sur les combustibles fossiles, l’UE devra tisser d’excellentes relations commerciales avec la Russie.

Pour terminer, permettez-moi de dire un mot au sujet des «solutions européennes». Une politique se traduisant par une hausse du prix de l’électricité dans certains pays pour pouvoir le faire baisser dans d’autres est inacceptable. Pour certains pays, il s’agit d’une forme de solidarité qui coûte trop cher.

 
  
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  Umberto Pirilli, au nom du groupe UEN. - (IT) Monsieur le Président, Monsieur Piebalgs, Mesdames et Messieurs, ce qui s’est passé ces dernières semaines dans le cadre de l’affaire Suez-Enel et ce qui se produit actuellement avec l’offre d’achat d’E.ON sur Endesa, qui a été bloquée par le décret du gouvernement espagnol augmentant les pouvoirs du conseil national de l’énergie, confirme une tendance régressive des États membres par rapport aux principes et règles sur lesquels repose l’Union européenne.

Hier encore, M. Barroso a déclaré: «J’espère que les chefs de gouvernement répondront à la question suivante: ont-ils la volonté politique de trouver des solutions européennes aux problèmes européens?»

La Commission a examiné le problème de l’énergie sous toutes ses facettes en réalisant une analyse précieuse, pratiquement point par point, sur laquelle je ne veux pas revenir ici puisqu’elle est connue de tous. La résolution conjointe déposée par le groupe du parti populaire européen (démocrates-chrétiens) et des démocrates européens, le groupe socialiste au Parlement européen, le groupe de l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe et l’Union pour l’Europe des nations, exprime des inquiétudes partagées aujourd’hui par toute la population européenne et propose des solutions qu’une majorité de citoyens et d’États membres voudraient voir se matérialiser.

La proposition est toutefois insuffisante sur un point, à savoir les centres décisionnels. Combien y en a-t-il et quels sont-ils? Dans sa déclaration d’hier, M. Barroso a de nouveau parlé de l’existence de 25 marchés de l’énergie différents et de 25 politiques différentes dans ce secteur. Au-delà de ce constat accablant au regard de la convergence politique tant espérée à l’échelle de l’UE, il est indispensable de garantir la sécurité physique des infrastructures énergétiques de l’Europe face aux risques de catastrophes naturelles et d’attentats terroristes, ainsi que sa sécurité contre les dangers d’ordre politique, notamment les interruptions d’approvisionnement.

La question que je pose à chacun d’entre vous est la suivante: «L’Europe peut-elle être dirigée par 25 gouvernements différents ou est-il peut-être temps d’imposer un seul centre décisionnel pour la stratégie européenne de politique étrangère, de sécurité et d’énergie, afin de pouvoir gérer d’une manière opportune et cohérente les défis que nous lance aujourd’hui le monde moderne en constante évolution?»

 
  
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  Bastiaan Belder, au nom du groupe IND/DEM. - (NL) Monsieur le Président, les récentes interruptions d’approvisionnement énergétique ont ravivé notre conscience de la vulnérabilité d’un système dépendant de l’énergie importée. L’énergie est indispensable à tout pays. Quelles leçons pouvons-nous tirer à propos de la sécurité de l’approvisionnement?

Il est désormais évident que politique énergétique et politique étrangère sont étroitement liées. L’Union européenne doit se méfier des pressions exercées par les pays producteurs d’énergie et dans ce contexte, une plus grande diversification des fournisseurs d’énergie s’avère une nécessité politique.

En outre, la crise entre la Russie et l’Ukraine a fait une fois de plus resurgir la question de l’importation de gaz naturel liquide en provenance d’autres régions. Le fonctionnement fragile du marché intérieur réclame également toute notre attention et le récent débat sur la création de «champions nationaux» ne doit pas nous détourner de cette préoccupation. Les États membres possèdent déjà des instruments performants pour gérer les problèmes de sécurité d’approvisionnement; outre le fait qu’ils peuvent puiser dans un plus large choix de sources d’énergie, ils peuvent aussi faire davantage appel à leurs réserves d’urgence.

Ces mesures, ainsi qu’une coopération plus étroite entre les États membres, nous permettent d’avancer d’une manière plus probante que ne le permet une politique énergétique détaillée à l’échelle européenne. La prudence est également le maître mot qui doit guider tout accord avec la Russie dans le domaine de l’énergie. Il est préférable de conserver une distance critique en vue d’approfondir l’intégration du secteur de l’énergie avec les pays vis-à-vis desquels nos relations sont très peu stables.

 
  
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  Luca Romagnoli (NI). - (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, la dépendance de l’Europe en matière énergétique est inquiétante, comme l’explique le livre vert de la Commission. L’Italie est encore plus dépendante dans le secteur de l’énergie, comme le confirment irréfutablement les données de l’Enea et de l’Istat. L’Italie présente une capacité de production d’énergie de seulement 30 millions de tonnes d’équivalent pétrole et doit importer de l’énergie provenant de l’étranger. Sa dépendance a grimpé à 85% en 2005, alors qu’elle était de 83% en 2001 et de 81% en 1995.

Au sein de l’Union européenne, seuls l’Irlande, le Luxembourg et le Portugal sont plus dépendants que l’Italie d’un point de vue énergétique. Les besoins énergétiques de l’Italie sont donc fortement tributaires du pétrole (45%) et du gaz (32%). La hausse des prix de l’énergie se traduit pour chacun par des factures de carburant et d’électricité plus lourdes et les inquiétudes environnementales influencent également les choix en la matière, au point que l’option du nucléaire est à nouveau d’actualité.

En vue d’alléger cette dépendance énergétique, nous devons assouplir le système d’approvisionnement, rationaliser l’utilisation de l’énergie, distribuer celle-ci à l’échelon local à partir de petites sources à la fois conventionnelles et renouvelables et investir davantage dans la recherche: il semble que nous ne puissions plus ignorer l’énergie solaire thermodynamique, l’énergie géothermique, l’utilisation de la biomasse, l’introduction de nouveaux cycles combinés au gaz dans les systèmes générateurs d’électricité et, enfin, le retour de l’énergie nucléaire.

Tels sont les enjeux et les défis du futur, mais nous devons nous demander pourquoi l’Italie et l’Europe cèdent toujours du terrain à la Russie et, surtout, à la Chine. Le gaz et le pétrole d’Iran à destination de la Chine et de la Russie, les flux et les ressources énergétiques dans lesquels les entreprises européennes investissent depuis des décennies un énorme capital de recherche, tout cela est gâché au nom de la soumission à des intérêts non européens.

Par conséquent, l’Europe rate une nouvelle fois une importante occasion en termes de développement, de sécurité et de bien-être social; elle accentue ainsi sa dépendance énergétique et politique. L’Europe doit avoir le courage de poser des choix géopolitiques répondant à ses intérêts si elle souhaite vraiment assurer un avenir sécurisé à sa population. C’est le genre d’actions révolutionnaires, dépassant le cadre des directives actuelles, que les Européens attendent de la part de la Commission et du Conseil.

 
  
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  Jacek Emil Saryusz-Wolski (PPE-DE). - (EN) Monsieur le Président, nous avons récemment pu observer que l’énergie est souvent utilisée comme une arme par les États jouissant d’une position quasi monopolistique pour exercer une influence politique, comme dans l’affaire Russie/Ukraine. C’est là ce qui déclenche cet intérêt soudain pour la politique énergétique. Il convient dès lors d’envisager ce problème sous l’angle de la politique étrangère et de sécurité et, par conséquent, outre le commissaire Piebalgs, j’interpellerais volontiers M. Solana et Mme Ferrero-Waldner.

Il est essentiel que l’UE intègre une réelle dimension politique de sécurité extérieure dans le cadre de son approvisionnement en gaz et en pétrole, qu’il faut distinguer des politiques énergétiques stricto sensu. Nous devons veiller à ne pas les mélanger. La question est la suivante: quelle aide l’UE peut-elle offrir en cas de restrictions de l’approvisionnement énergétique motivées par des raisons politiques? Les propositions, telles qu’elles figurent dans le livre vert, vont dans la bonne direction, bien qu’elles restent trop modestes. La solidarité, qui fait partie des grands principes sous-tendant l’intégration européenne, implique l’obligation d’aider tous les États membres qui sont en difficulté. Nous devons impérativement étendre ce principe de solidarité aux problèmes de pénurie d’approvisionnement énergétique provoqués par des actions politiques.

Nous avons besoin de coopération et de solidarité, pas de concurrence entre les États membres comme c’est le cas aujourd’hui, pour sécuriser notre approvisionnement externe en énergie. Le prochain Conseil de printemps doit, avant tout, aborder trois points de la plus grande importance: premièrement, l’assistance mutuelle entre les États membres en cas d’interruption de l’approvisionnement énergétique. Deuxièmement, les mécanismes de consultation mutuelle entre les États membres pour la signature de gros contrats de livraison de gaz. Troisièmement, l’inclusion d’une clause de sécurité énergétique dans tous les traités conclus par l’UE avec des pays tiers, qu’il s’agisse d’un pays possédant une source d’énergie ou d’un pays de transit. Cette clause de sécurité énergétique doit imposer l’obligation de respecter un certain code de conduite et la promesse de ne pas utiliser l’énergie comme un instrument de pression politique. Il est temps d’aller au-delà des déclarations.

 
  
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  Pasqualina Napoletano (PSE). - (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, la politique énergétique revêt une dimension étrangère évidente, qui est apparue de façon spectaculaire lors de la crise de janvier opposant la Russie à l’Ukraine. De son côté, l’Union européenne a mis en place ces dernières années diverses politiques, notamment la coopération stratégique avec la Russie, le partenariat euro-méditerranéen, la politique de voisinage et l’accord avec le Conseil de coopération du Golfe. Ces relations impliquent les principaux pays producteurs de pétrole et de gaz.

L’enjeu de l’énergie a été abordé d’une manière décousue: de la libéralisation des marchés à la sécurité de l’approvisionnement, en passant par l’efficacité et la meilleure utilisation des ressources. À ce jour, tous ces éléments ne font pas l’objet d’une politique structurée. La réunion du Conseil européen qui se déroule demain et après-demain portera sur ces questions, mais les gouvernements européens semblent divisés entre deux choix: avoir une politique commune ou poursuivre les relations bilatérales reposant sur des facteurs historiques, géographiques ou politiques.

Au sein du Parlement européen, nous soutenons les efforts de la Commission tout en lui demandant d’en faire plus. Elle ne pourra cependant pas le faire tant qu’elle n’aura pas répondu à certaines questions capitales. Avons-nous l’intention de réduire notre dépendance globale à l’égard des combustibles fossiles? Dans quelle proportion? Sommes-nous en mesure d’estimer nos besoins futurs à ce stade? Nous fixons-nous l’objectif de coordonner la demande avec d’autres pays importateurs, surtout les pays en développement? Comptons-nous soumettre une proposition unique et unanime lors de la prochaine réunion du G8 à Saint-Pétersbourg?

Les réponses à ces questions présupposent de disposer d’une sorte de plan énergétique européen. Le livre vert constitue une première étape, mais il reste beaucoup à faire et le Parlement européen souhaite naturellement contribuer pleinement à cette politique.

 
  
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  Šarūnas Birutis (ALDE). - (LT) Cette résolution est un document très important et particulièrement opportun, qui exprime la position du Parlement européen quant à l’évolution du secteur de l’énergie au sein de l’Union européenne. Cette résolution ouvre le débat relatif au Livre vert sur une stratégie européenne pour une énergie sûre, compétitive et durable. Outre la consommation rationnelle de l’énergie, la variété des sources d’énergie évoquée dans la résolution est le facteur fondamental qui permettra de réduire la dépendance énergétique des États de l’UE à l’égard des pays tiers. L’énergie nucléaire suscite une grande attention étant donné qu’elle constitue un pan indissociable du tissu énergétique de l’Union européenne. Elle est capitale pour la Lituanie et d’autres États ne disposant pas de suffisamment de ressources d’énergie éolienne, solaire, géothermique, ni d’autres alternatives au gaz et au pétrole. Il est bon que l’initiative de développer l’énergie nucléaire demeure la prérogative des États membres. Il convient d’élaborer la législation de telle sorte qu’une partie des aides allouées à la politique agricole soit consacrée à la croissance de la biomasse, ainsi qu’aux besoins de production et d’énergie. Le principe de solidarité énergétique entre les États membres est extrêmement important. Il est capital dans le cadre des pourparlers avec le reste du monde. Lorsqu’ils planifient des projets dans le domaine de l’énergie, les États membres doivent évaluer les conséquences potentielles sur les autres pays. Par conséquent, j’estime que nous devons nous attacher à revoir les annexes du programme RTE-E. La liste des projets contient des vues divergentes vis-à-vis de ce que j’appellerais le «pipeline nordique politique» de la mer Baltique. Malheureusement, elle ne reprend aucun des projets présentant un intérêt pour les pays baltes et la Pologne, notamment le réseau de pipelines «Ambre» ou les raccordements d’électricité, qui permettraient aux régions baltes isolées de se relier rapidement à la zone européenne.

 
  
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  Dimitrios Papadimoulis (GUE/NGL). - (EL) Monsieur le Président, je crains fortement que la proposition de la Commission relative au gaz naturel, qui fait suite à la crise entre la Russie et l’Ukraine, soit disproportionnée par rapport aux circonstances ou aux exigences. Elle est inadéquate.

Si nous voulons atteindre les objectifs fixés par la Commission, nous devons miser davantage sur la consolidation radicale des sources d’énergie renouvelables, les économies d’énergie, la mise en place de réseaux énergétiques. Avec les budgets que vous êtes en train de préparer, il est impossible de réaliser ces objectifs. Nous ne pouvons pas accomplir de progrès sérieux sur la voie d’une politique énergétique commune, nous ne pouvons pas mettre au point des technologies moins chères et plus performantes favorables aux sources renouvelables, ni réaliser des économies d’énergie avec l’argent fourni par le septième programme-cadre pour ces objectifs. En effet, avec la procédure que vous proposez pour la mise en place d’une politique énergétique commune, nous ne pouvons pas combattre les pratiques des cartels qui gouvernent et font la loi, au détriment des consommateurs et d’une Europe unifiée dans le secteur de l’énergie.

Une dernière remarque: les sources d’énergie renouvelables sont une chose et l’énergie nucléaire en est une autre. N’essayez pas de tout mettre dans le même sac, ni d’utiliser les sources d’énergie renouvelables pour dissimuler la vérité, à savoir qu’une grande majorité des citoyens européens se disent méfiants ou opposés à l’utilisation de l’énergie nucléaire. Vous ne pouvez pas faire disparaître cette vérité d’un coup de baguette magique.

 
  
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  Konrad Szymański (UEN). - (PL) Monsieur le Président, la fiabilité de l’approvisionnement énergétique de l’Union européenne se réduit chaque mois un peu plus, alors que notre dépendance à l’égard des importations d’énergie ne cesse de croître. La seule chose que nous puissions nous permettre de perdre dans cette affaire, ce sont les partenaires non fiables et imprévisibles. Nous devons nous protéger en limitant leur rôle sur le marché européen de l’énergie.

À la grande surprise de beaucoup d’États européens - mais certainement pas de tous -, la Russie s’est récemment avérée être l’un de ces partenaires peu fiables. L’approvisionnement de la Russie a récemment été limité en raison des conditions climatiques en Sibérie, du manque de sécurité des pipelines au nord du pays et de l’envie incontrôlable d’utiliser l’énergie comme moyen de pression politique sur ses voisins aux aspirations occidentales.

C’est la raison pour laquelle nous ne pouvons pas confiner la coopération en matière d’énergie aux pays de l’Union européenne. Nos problèmes énergétiques trouvent précisément leur origine en dehors de l’UE. Toutefois, certaines solutions se situent également à l’extérieur de l’Union européenne, par exemple, les gisements de pétrole norvégiens. C’est pourquoi non seulement la politique énergétique, mais également les réseaux transeuropéens doivent transcender les frontières de l’Union européenne. Dès lors, il convient d’améliorer la politique de voisinage en y incorporant la composante énergétique et d’examiner plus sérieusement, lors du prochain sommet, la proposition polonaise en faveur d’un pacte énergétique reposant sur la solidarité et transcendant avec audace les frontières de l’Union européenne.

La sécurité énergétique est avant tout une question relevant de la politique étrangère et de défense. Il est naïf de prétendre que la solution réside dans les nouvelles sources d’énergie ou l’imposition de restrictions à l’industrie, notamment d’accords liés au changement climatique. Pendant longtemps encore, les sources d’énergie renouvelables resteront un complément onéreux à nos ressources énergétiques. L’imposition de restrictions excessivement sévères à l’industrie européenne, souvent sur la base d’hypothèses scientifiques discutables, nuit à notre compétitivité.

 
  
  

PRÉSIDENCE DE M. TRAKATELLIS
Vice-président

 
  
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  Gerard Batten (IND/DEM). - (EN) Monsieur le Président, la libéralisation incohérente du marché énergétique communautaire a déjà provoqué de fortes distorsions. De bons Européens, comme la Grande-Bretagne, ont rapidement libéralisé leurs marchés mais de mauvais Européens, comme la France et l’Allemagne, ont refusé de s’exécuter.

La libéralisation a immédiatement entraîné d’énormes hausses du prix de gros du gaz au Royaume-Uni. L’UE a augmenté la facture de gaz moyenne britannique de plus de 200 GBP par an. À présent, l’UE veut une politique énergétique commune de manière à pouvoir mettre la main sur ce qu’il reste des réserves britanniques de gaz et de pétrole. M. Chichester demande comment le Conseil et la Commission vont réagir à l’évolution du marché mondial de l’énergie et comment la sécurité de l’approvisionnement sera assurée: la question est bonne, mais elle est posée aux mauvaises personnes. Il devrait la poser au gouvernement britannique.

Le parti conservateur, par l’intermédiaire de M. Chichester, invite néanmoins à nouveau l’Union européenne à se mêler davantage et plus profondément des affaires britanniques. La Grande-Bretagne devrait suivre l’exemple de la France et de l’Allemagne et protéger ses intérêts nationaux ainsi que ceux de ses consommateurs d’énergie.

 
  
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  Alejo Vidal-Quadras Roca (PPE-DE). - (ES) Monsieur le Président, au cours des prochains jours, les chefs d’État ou de gouvernement vont discuter de la possibilité d’élaborer une politique énergétique commune.

Les gouvernements, comme les citoyens, ont pris conscience de la gravité de la situation, de la vulnérabilité de notre système d’approvisionnement, de notre dépendance à l’égard des importations et de la nécessité de prendre d’urgence des mesures adaptées aux circonstances.

Le Parlement européen partage totalement les préoccupations des citoyens et a dès lors le devoir de lancer un signal clair et fort en faveur de l’indépendance énergétique de l’Union.

À cet effet, il faut soutenir un bouquet énergétique complet, dans lequel les sources d’énergie non productrices d’émissions telles que l’énergie nucléaire et les énergies renouvelables ont un rôle proéminent. Le temps est venu d’envisager sérieusement la possibilité d’investir dans d’autres réseaux d’approvisionnement afin de réduire l’impact de situations comme la crise récente qui a éclaté entre la Russie et l’Ukraine.

S’agissant de la demande, nous devons mettre l’accent sur l’amélioration de l’efficacité énergétique à tous les niveaux de consommation et de production. À cet égard, la diffusion des informations et des bonnes pratiques est cruciale.

Il est impératif d’adopter une position ferme en faveur de la constitution d’un véritable marché intérieur libre dans le domaine de l’énergie, d’améliorer les infrastructures et les interconnexions et d’abandonner définitivement le concept suranné de grands champions nationaux.

Nous sommes au XXIe siècle, dans une Union européenne de plus en plus intégrée, et ce n’est pas le moment de faire marche arrière. Soyons clairs: le protectionnisme n’est pas seulement préjudiciable à nos économies et à notre compétitivité, il l’est aussi et surtout au consommateur. Dans un environnement mondialisé, les géants nationaux sont menu fretin à l’échelle mondiale et les discours pro-européens sont de peu d’utilité si, lorsqu’il s’agit de prendre des décisions, ils ne sont pas suivis d’actes concrets.

Je terminerai, Monsieur le Président, en demandant au Conseil de ne pas gâcher cette occasion.

 
  
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  Reino Paasilinna (PSE). - (FI) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, Mesdames et Messieurs, nous sommes coincés dans une crise énergétique persistante. La raison de cette crise est évidente: l’écart entre la consommation et l’offre est tellement faible que pratiquement n’importe quel événement peut faire monter les prix en flèche. Cela peut être, par exemple, une tempête de l’autre côté de l’océan ou bien d’autres choses.

Nous avons une solution valable à ce problème: la coopération énergétique au sein de l’Union. Cette coopération est toutefois empêchée par un «mouvement anti-solidarité» de la part de certains États membres, mouvement qui s’est développé parmi les membres fondateurs de l’Union. Ils n’autorisent pas la concurrence dans leur pays, mais, avec cet argent qui dort, ils rachètent des entreprises du secteur de l’énergie dans d’autres pays. De cette manière, il est impossible de faire quoi que ce soit. Ils ont agi de la même façon dans le secteur des télécommunications, lorsqu’il a fallu ouvrir ces marchés et là encore, des acheteurs étrangers ont fait leur apparition.

Si l’Union européenne ne fait pas preuve de solidarité dans ce domaine, autant oublier les solutions énergétiques dont nous discutons ici. L’une des conditions à une politique énergétique commune est d’avoir des objectifs communs, envers lesquels nos dirigeants s’engagent au lieu de simplement en profiter, comme c’est le cas actuellement.

Comment parvenir à cela? Je suggère que la Finlande organise un sommet sur l’énergie, où les chefs de gouvernement pourront s’accorder sur un modus operandi. De cette façon nous pourrons éviter une situation qui nous place continuellement au bord d’une crise. La Finlande pourrait rendre un service en organisant la rencontre, notamment parce que la question de l’énergie russe la concerne particulièrement, un élément qui a été souligné par de nombreux intervenants. Nous avons une longue expérience dans ce domaine. Le dialogue avec la Russie - qui a très peu progressé et reste relativement secret parce que le Conseil n’y a pratiquement jamais participé - pourrait être rattaché aux thèmes de ce sommet sur l’énergie. Ainsi, nous ferions d’une pierre deux coups et augmenterions la solidarité.

 
  
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  Fiona Hall (ALDE). - (EN) Monsieur le Président, la résolution commune est équilibrée. Il ne s’agit pas d’une réaction-réflexe et je m’en réjouis. L’énergie a bousculé l’agenda politique, mais les initiatives géopolitiques ne sont qu’une partie de la solution au problème de la sécurité de l’approvisionnement. La solution est encore largement entre nos mains. Nous devons nous attaquer à la partie de l’équation qui concerne la demande en nous efforçant réellement de mettre en œuvre des mesures d’efficacité énergétique et en développant des sources d’énergie indigènes, notamment des sources d’énergie renouvelables. Cette nécessité est soulignée dans les paragraphes consacrés aux énergies durables et amplifiée dans plusieurs amendements qui seront soutenus par le groupe ALDE.

Même sur la question de l’approvisionnement en gaz, une grande partie de la réponse est entre nos mains. Dans le nord-est de l’Angleterre, les gros utilisateurs industriels ont dû se battre pour obtenir du gaz, même au prix fort, tout simplement parce que le marché ne fonctionne pas. Le Conseil de printemps qui se tiendra demain doit prendre le taureau par les cornes, dénoncer et blâmer les États membres qui n’ont pas ouvert leur marché du gaz.

 
  
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  Diamanto Manolakou (GUE/NGL). - (EL) Monsieur le Président, en matière d’approvisionnement énergétique et d’exploitation de toutes les sources d’énergie, l’option politique doit être d’adopter une approche qui intègre toutes les exigences de base telles que la réduction de la dépendance énergétique, l’économie d’énergie, la sécurité des résidents, la protection de l’environnement et la sauvegarde des produits énergétiques en tant que matière première sociale et non commerciale.

L’Union européenne défend la politique de libéralisation en négligeant de satisfaire les exigences de base au profit de la rentabilité d’investisseurs privés. Le Livre vert est publié dans ce contexte de compétitivité ainsi que dans le contexte de la stratégie de Lisbonne, qui méprise les mouvements populaires. Il utilise même les sources d’énergie renouvelables comme moyen pour introduire des capitaux privés dans le secteur de l’énergie. Mentionner la protection de l’environnement est hypocrite et masque les objectifs spéculatifs de l’Union européenne par rapport à l’accélération de la libéralisation, à la promotion des produits communautaires pertinents et à la diminution de la dépendance à l’égard des combustibles importés.

Une manière d’en sortir serait de créer une agence unique de l’énergie, une agence qui appartiendrait aux citoyens et qui fonctionnerait dans le contexte d’une économie avec nationalisation des moyens de production de base. Toutes les questions cruciales seraient réglées et nous aurions la garantie que l’énergie reste une matière première sociale et non commerciale.

 
  
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  Zbigniew Krzysztof Kuźmiuk (UEN). - (PL) Monsieur le Président, la Pologne est particulièrement sensible aux politiques qui utilisent l’approvisionnement d’un pays en gaz naturel et pétrole brut comme moyen de pression politique. Ces politiques sont menées par le principal fournisseur de ces combustibles, la Russie. C’est ce qui a motivé l’initiative du gouvernement polonais présentée aux institutions européennes, une initiative qui permettrait de résoudre le problème de la sécurité énergétique sur la base du principe «un pour tous, tous pour un», en d’autres termes, sur la base du principe de solidarité. Malheureusement, cette initiative a été accueillie assez froidement par la majorité des États membres de l’UE étant donné que la plupart d’entre eux tentent de faire adopter des solutions dont eux seraient bénéficiaires, fût-ce aux dépens d’autres États membres.

La construction du gazoduc nord-européen sous la mer Baltique, à la suite d’un accord conclu entre la Russie et l’Allemagne, est une parfaite illustration de cette politique. Certes, cela va fortement améliorer la sécurité énergétique de l’Allemagne, mais cela va également menacer les intérêts économiques et la sécurité énergétique de pays comme la Pologne, la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie et d’autres pays tiers tels que l’Ukraine.

Une action concertée des États membres est dès lors requise, en d’autres termes, une politique énergétique commune. C’est pourquoi l’initiative polonaise dont je viens de parler mérite un débat sérieux.

 
  
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  Elmar Brok (PPE-DE). - (DE) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, Monsieur le Président en exercice du Conseil, je souhaite m’exprimer non pas sur la politique énergétique en tant que telle, mais sur les actions y afférentes en matière de politique étrangère et de sécurité. Puisque la Russie, semble-t-il, utilise cet hiver l’énergie comme arme politique et compte tenu de la situation au Proche-Orient, nous devons prendre conscience que la question de la sécurité de l’approvisionnement énergétique est, plus que jamais, problématique. C’est la raison pour laquelle il nous faut préparer et mettre en œuvre un certain nombre de choses, en coopération étroite avec la commission des affaires étrangères et la vôtre, Monsieur Chichester. Il faut par exemple inviter la Russie à régler et ratifier enfin la charte de l’énergie afin de garantir la sécurité énergétique.

Il faut indiquer clairement - éventuellement par des actions de politique étrangère, mais aussi par la promotion de la concurrence - qu’il est inadmissible que les producteurs d’énergie et les fournisseurs possédant les pipelines soient les mêmes afin, par exemple, de ne pas donner à Gazprom une occasion encore plus grande non seulement de devenir le plus gros producteur, mais aussi de contrôler toute la chaîne d’approvisionnement et d’avoir ainsi toutes les cartes en main.

Je pense que nous devons collaborer plus étroitement avec l’Ukraine et le Caucase du Sud afin de moderniser et développer des réseaux énergétiques. En particulier, je pense en tout état de cause que nous devrions former un réseau dans l’Union européenne, un réseau qui ne serait dirigé contre personne - il ne s’agirait pas d’un «OTAN-Énergie» - mais qui garantirait que si quelqu’un veut couper l’approvisionnement à un pays, ce pays serait automatiquement approvisionné par les autres pays. Cela ne menacerait pas l’approvisionnement de ces pays, pour une simple raison: cela coûterait trop cher au pays fournisseur, notamment parce que cela le priverait de tout revenu.

Je pense qu’avoir des clauses de solidarité comparables à celles prévues par l’OTAN n’est pas la bonne solution. Ce qu’il nous faut, c’est un réseau de solidarité qui ne soit pas dirigé contre les autres. C’est au moyen de ce type de réseau que nous devons organiser concrètement une solidarité interne.

Je tiens dès lors à dire que la décision du précédent gouvernement allemand de construire ce gazoduc sous la mer Baltique en contournant la Pologne et les États baltes est une mauvaise décision. Dans le cadre de cette organisation en réseau, il faut au contraire s’assurer qu’il y a des embranchements vers la Pologne, pour garantir la sécurité de l’approvisionnement. Compte tenu de la situation des États baltes, ils ont eux aussi besoin d’avoir la possibilité de sécuriser leur approvisionnement énergétique, au cas où plus rien ne viendrait de Russie. Cela aussi doit pouvoir être résolu en interne. C’est une chose dont nous devons discuter.

 
  
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  Mechtild Rothe (PSE). - (DE) Monsieur le Président, je tiens tout d’abord à remercier M. Winkler et le commissaire Piebalgs pour leurs contributions. Je vous rejoins totalement sur le fait qu’il est indispensable d’avoir une politique énergétique commune.

La question n’est pas de savoir si c’est nécessaire, mais comment nous pouvons mettre en place une politique énergétique commune répondant aux objectifs de sécurité de l’approvisionnement, de compétitivité et de durabilité. Comme certains députés l’ont déjà mentionné, une partie de cette politique consiste à créer un marché intérieur de l’énergie dans un contexte de concurrence véritablement loyale, et nous savons que nous en sommes encore loin. J’espérais d’ailleurs une déclaration plus claire de votre part à cet égard. (Puis-je savoir pourquoi l’horloge ne fonctionne pas? Je ne peux pas contrôler le temps qu’il me reste.)

Vous avez tous deux mis l’accent sur la nécessité d’un développement accru des énergies renouvelables. Je partage totalement cet avis. Parallèlement, toutefois, j’avais espéré quelques propositions plus concrètes. Comme vous le savez, nos objectifs s’arrêtent actuellement à 2010, que ce soit pour l’électricité, les biocarburants ou l’énergie dans son ensemble. Comme vous le savez également, le Parlement européen a demandé la fixation d’un objectif de 20 % d’ici 2020.

Le livre vert de la Commission soulève la question de l’opportunité de fixer de nouveaux objectifs. Si j’ai bien compris, le Conseil discute actuellement d’un nouvel objectif de 15 % d’ici 2015, ce qui constitue clairement un pas en arrière. Il serait plus important de s’assurer de la réalisation de notre objectif fixé pour 2010, à savoir, accroître de 12 % la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique totale. Il est dès lors indispensable que soit proposée - comme vous l’avez annoncé au Parlement, Monsieur Piebalgs - la directive en matière de chauffage et de refroidissement grâce aux énergies renouvelables, car c’est précisément dans ce domaine qu’il y a des déficiences.

C’est extrêmement important si nous voulons progresser en matière de sécurité énergétique. L’exemple de l’Allemagne le montre clairement: l’abandon progressif du nucléaire par l’Allemagne signifie que 33 milliards de kilowatts-heure vont devoir provenir d’une autre source d’ici 2010. Selon les estimations actuelles, d’ici 2010, 51 milliards de kilowatts-heure seront produits à partir de sources d’énergie renouvelables. À ce jour, la réalité a toujours dépassé les estimations relatives aux sources d’énergie renouvelables.

Dès lors, à ceux qui affirment que l’énergie nucléaire est si importante, je dis ceci: nous avons la possibilité de remplacer cette source d’énergie. C’est également un devoir parce que c’est une source non renouvelable et que nous sommes totalement dépendants des importations d’uranium. En outre, il est vital de promouvoir l’efficacité énergétique. Vous y avez tous deux fait référence et j’espère sincèrement, Monsieur Piebalgs, que le plan que vous nous présenterez en matière d’efficacité énergétique sera un plan ambitieux.

 
  
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  Patrizia Toia (ALDE). - (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, il est grand temps que l’Europe ait une stratégie globale et complète en matière d’énergie et nous souhaitons, Monsieur Piebalgs et Monsieur Winkler, que dans cette stratégie, le Parlement joue un rôle central. La création d’un marché européen unique et d’une politique communautaire cohérente est un élément essentiel de cette stratégie.

La libéralisation des marchés nationaux est aujourd’hui chose faite, mais ce n’est pas suffisant. Dans le domaine de l’énergie, certains pays ont dépassé la logique du monopole, mais d’autres non. Si nous nous limitons simplement à demander l’achèvement des marchés nationaux, nous aboutirons à un marché européen asymétrique, donc faible. Ce marché sera faible à l’intérieur, en d’autres termes, incapable de corriger les distorsions que nous connaissons bien et les lacunes que nous avons analysées dans nos rapports. Il sera également faible à l’extérieur parce que dénué de tout pouvoir de négociation avec les pays consommateurs. En outre, le risque sera grand qu’il soit, comme l’indique un amendement à notre résolution, la victime de nouveaux oligopoles qui pourraient apparaître dans différentes régions productrices du monde.

Le second point essentiel est le suivant: dans le bouquet énergétique auquel nous devons parvenir, il importe de définir non seulement les choix nationaux, mais aussi des objectifs européens et les indicateurs de référence y afférents en matière d’économie d’énergie et d’efficacité énergétique. Nous attendons une attitude plus courageuse du Conseil dans ses choix d’objectifs et d’infrastructures, ainsi qu’une politique dans le domaine de la recherche. Tels sont les objectifs européens d’une politique énergétique communautaire.

 
  
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  Jerzy Buzek (PPE-DE). - (PL) Monsieur le Président, après ces commentaires politiques, permettez-moi de soulever quelques point techniques. Les crises énergétiques surviennent toujours en Europe en raison d’une pénurie de l’approvisionnement de deux sources d’énergie, à savoir, le gaz et le pétrole. Nous n’avons pas une autonomie suffisante dans ces domaines, ce qui nous laisse deux options. La première consiste à produire davantage d’énergie à partir de nos propres sources européennes et la seconde consiste à diversifier les sources d’approvisionnement.

Produire davantage d’énergie en interne nécessite surtout des mesures de recherche et développement, une plus grande efficacité énergétique et une plus grande utilisation des énergies renouvelables. Nous oublions que l’Europe dispose de vastes réserves de lignite et de houille. Je ne comprends pas pourquoi les technologies du charbon propre ont été totalement ignorées dans la résolution du Parlement. D’autres ont des programmes de recherche et des programmes commerciaux dans ce domaine depuis des années. L’énergie nucléaire est une autre nécessité, notamment face à la menace de l’effet de serre. Le Parlement européen doit réclamer nettement plus de ressources pour la recherche et les nouvelles technologies.

J’en viens maintenant à la deuxième option, c’est-à-dire à la diversification des sources d’approvisionnement. Jusqu’à présent, nous n’avons pas fait usage des vastes ressources dont dispose l’un de nos voisins, l’Ukraine. Hier soir, pas très loin d’ici, chez Solvay, le gouvernement ukrainien a présenté le potentiel de ce pays, qui possède les plus grandes réserves de gaz naturel d’Europe et par lequel transitent les gazoducs et oléoducs provenant du Turkménistan et de la mer Caspienne, indépendants de Gazprom. Tout ceci pourrait faire l’objet d’une coopération entre l’Union européenne et l’Ukraine. Coopération veut dire laisser les pipelines ukrainiens aux mains des Ukrainiens. À cet effet, il faut investir, construire et réparer des pipelines. L’Union européenne doit aider l’Ukraine dans ces tâches. Nous avons pour cela à notre disposition la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, les réseaux transeuropéens et une politique de voisinage renforcée. Nous parviendrions ainsi à une plus grande sécurité, ferions montre d’une plus grande solidarité et disposerions ainsi d’une base solide pour une politique énergétique commune dans l’Union européenne.

 
  
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  Adam Gierek (PSE). - (PL) Monsieur le Président, la politique énergétique de l’UE comporte deux dimensions: une dimension externe ou géopolitique et une dimension interne, parce que la sécurité dans ce domaine implique également une utilisation rationnelle de l’énergie.

L’Europe doit maintenant organiser son propre potentiel énergétique et améliorer l’utilisation de ce potentiel en augmentant l’efficacité thermodynamique. Parmi les solutions figurent la modernisation de l’isolation thermique des bâtiments et autres structures, la modernisation et l’utilisation accrue de sources diversifiées d’énergie pour le chauffage et la production d’électricité - notamment dans les nouveaux États membres de l’UE dont le potentiel de cogénération et de conservation de l’énergie est très vaste - ainsi qu’une utilisation importante des sources d’énergie renouvelables, en particulier de la biomasse. Parallèlement, toutefois, je pense que l’utilisation de la biomasse pour produire de l’électricité est une erreur.

En construisant des réseaux transfrontaliers, l’Union européenne élargie pourrait exploiter les décalages horaires considérables entre ses frontières orientales et occidentales en vue de réduire les charges de pointe sur les réseaux électriques et pourrait également exploiter les variations saisonnières de température sur son axe nord-sud.

L’énergie utilisée pour générer un revenu national nécessite également de nouvelles réductions et cela doit se refléter dans la politique douanière. Il est dès lors incompréhensible que des droits de douane de 6% soient prélevés sur l’aluminium de première fusion à forte intensité énergétique. L’importation de cet aluminium équivaut à une importation d’énergie dont l’Union européenne pourrait dès lors faire l’économie.

 
  
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  Herbert Reul (PPE-DE). - (DE) Monsieur le Président, Monsieur le Président en exercice du Conseil, Mesdames et Messieurs, j’ai l’impression que la nouvelle donne depuis le début de cette année a fait comprendre à tout le monde que l’énergie n’est pas seulement importante pour le développement économique de l’Europe. Il devient également de plus en plus clair que les sources d’énergie se raréfient et que les dépendances politiques qui apparaissent n’avaient manifestement pas été prévues à une telle échelle par une grande part de la société.

Cette crise nous offre toutefois l’immense chance de discuter enfin des questions d’énergie de manière objective et raisonnable, voire, peut-être, de revenir sur Terre, d’oublier tous les vieux conflits et d’en finir avec les dogmes ronflants. Cela implique cependant - et c’est la que je me pose beaucoup de questions sur ce que la Commission a proposé - de marquer une pause et de faire le point. Quelle est la situation, quelles sont les possibilités, qu’en est-il des quantités disponibles, où se trouvent-elles, quels sont les risques, quel est le potentiel? Je suis à peu près certain que nous ne trouverons pas une réponse avec une seule solution. Ce ne sera pas le cas et cela ne l’a jamais été. Il n’empêche que nous devons tous faire l’effort de discuter de tout cela de manière franche et trouver des solutions suffisamment larges.

Comme mon collègue polonais vient de le dire, nous ne pouvons pas ignorer les ressources actuelles de charbon. C’est hors de question. Nous devons trouver comment utiliser ce charbon de manière propre, mais nous ne pouvons absolument pas nous en passer. Nous ne pouvons en fait ignorer aucune source d’énergie potentielle, y compris les sources renouvelables. Cependant, il nous faut être suffisamment honnêtes et reconnaître qu’il y a des limites à leur potentiel et qu’elles ne résoudront pas nos problèmes d’approvisionnement. Je pense dès lors aussi que nous ne pouvons pas écarter et même, pour être franc, que nous devons compter avec l’énergie nucléaire. Notre mot d’ordre ne peut pas être «non au charbon, non à l’énergie nucléaire, mais oui à la production d’énergie sans émissions de CO2 et respectueuse de l’environnement».

Je crois qu’il faut cesser de débattre sur la base de rêves et de dogmes. Notre débat doit être réaliste et raisonnable. Nous le devons à nos enfants, pour qu’ils disposent encore d’énergie plus tard et en suffisance, parce qu’il s’agit une condition essentielle de prospérité dans nos pays européens.

Acheter tous les potentiels énergétiques dans le monde parce que nous en avons les moyens me paraît par ailleurs également immoral, étant donné que nous pourrions ainsi mener à la ruine les pays ne disposant pas de tels moyens - j’entends par là les pays en développement. Nous avons également le devoir d’utiliser des technologies modernes. L’utilisation de l’énergie nucléaire est, pour nous, une obligation morale.

 
  
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  Katerina Batzeli (PSE). - (EL) Monsieur le Président, l’importance d’une aide financière communautaire à la recherche et au développement de technologies nouvelles offrant une plus grande efficacité énergétique dans le domaine des sources d’énergie renouvelables est désormais incontestable. De plus, en soutenant une diversification des types d’énergie - dont l’énergie éolienne et l’énergie solaire - ainsi que des pays producteurs et des pays de transit, nous contribuerons à la création de nouvelles conditions de développement, à l’emploi et au renforcement du développement durable.

Dans cette même optique, je tiens également à souligner l’importance du soutien à la production de biomasse par l’adoption de plans nationaux qui préserveront la sécurité de l’économie et des entreprises ainsi que la confiance des investisseurs et des producteurs, tout en offrant une alternative à la production agricole. Il importe également que l’harmonisation du marché intérieur dans le secteur de l’énergie vise la protection des consommateurs et ne leur impose pas des coûts supplémentaires. Il est clair les opérations de concentration de type oligopolistique ne peuvent poursuivre de telles politiques.

Enfin, par rapport au renforcement des investissements dans des formes d’énergie nouvelles et plus respectueuses de l’environnement, ceux-ci peuvent, selon moi, être encouragés par l’instauration d’une fiscalité «verte», dont l’énergie nucléaire doit être exclue.

Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, depuis la nuit des temps, tous les grands conflits et guerres ont éclaté pour deux motifs: l’énergie et l’eau. L’Europe doit faire face à ce problème international avec des politiques stables.

 
  
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  Charles Tannock (PPE-DE). - (EN) Monsieur le Président, la problématique de la sécurité énergétique et de la diversification des sources d’approvisionnement a fortement bousculé l’agenda politique depuis l’utilisation, par Gazprom, de «l’arme du gaz» contre l’Ukraine et la Moldavie au tout début de cette année. Il ne s’agit plus d’une question technique réservée aux technocrates, mais d’une question qui relève aujourd’hui tout autant de la PESC que de la compétence des ministres de l’énergie.

En tant que rapporteur sur la politique européenne de voisinage, je me suis rendu compte que bon nombre des pays membres - par exemple, l’Algérie et l’Azerbaïdjan - étaient des producteurs de pétrole et de gaz et que certains autres, par exemple l’Ukraine, occupaient une position centrale dans les systèmes de transit des combustibles vers l’Europe occidentale. À plusieurs reprises, j’ai argumenté en faveur de l’intégration d’un Kazakhstan stable dans la PEV, parce qu’il est urgent d’écarter le risque d’une domination économique et politique de la Russie et de la Chine et parce que ce pays pourrait fournir non seulement du pétrole et du gaz, mais aussi de l’uranium à l’Union européenne. Or, nous devrons inévitablement construire davantage de réacteurs nucléaires pour remplir les objectifs de Kyoto et, pour ce qui est des combustibles fossiles, nous ne pouvons rester excessivement tributaires de régions instables du monde telles que le Proche-Orient, le Venezuela ou le Nigeria, pour ne citer qu’eux.

Je respecte les pays opposés au nucléaire comme l’Autriche ou l’Irlande, mais je pense que de nouvelles technologies telles que la transmutation apaiseront un jour les inquiétudes à long terme des citoyens concernant les déchets hautement radioactifs.

De toute évidence, les États membres ont également fort à faire - de préférence en recourant à la coopération intergouvernementale - pour parvenir à une plus grande efficacité énergétique, pour développer davantage de technologies utilisant des énergies renouvelables, mais aussi pour interconnecter leurs réseaux électriques dans un système paneuropéen, ce qui fera baisser les prix et offrira des capacités de réserve. Il importe aussi de relier les oléoducs et gazoducs existants entre les États membres de l’UE. L’Espagne est apparemment virtuellement autonome mais isolée à cet égard. Quant aux États baltes, ils sont trop tributaires des connexions avec la Russie, mais viennent toutefois d’opter - et c’est tout à leur honneur - pour la construction commune d’une nouvelle centrale nucléaire.

Je pense également qu’il faut encourager la Russie à ratifier la charte de l’énergie de manière à l’empêcher de pouvoir interdire l’utilisation de ses pipelines à des pays tiers. Par ailleurs, le fait que l’Agence internationale de l’énergie autorise uniquement les réserves stratégiques de pétrole et non de gaz est clairement une lacune. Certains États membres de l’Union européenne semblent n’avoir pas de réserves du tout.

 
  
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  Toomas Hendrik Ilves (PSE). - (ET) Je voudrais tout d’abord rappeler pourquoi nous discutons ici aujourd’hui de cette question. Au début de cette année, le conflit qui s’est intensifié entre l’Ukraine et la Russie au sujet du gaz a montré à quel point le système énergétique européen est très vulnérable et, plus important encore, à quel point l’énergie peut être utilisée comme un instrument politique extrêmement puissant.

Le conflit opposant l’Ukraine et la Russie a montré que si un pays a un dirigeant «adéquat», comme Loukachenko, il obtiendra de la Russie de l’énergie à bas prix. Par contre, si la ligne de conduite du pays ne sied pas à la Russie, comme c’est le cas de l’Ukraine, ce pays n’obtiendra pas l’énergie à bas prix. Les effets de cette politique ont provoqué des ondes de choc dans tout le système énergétique européen.

Tant que l’Union européenne n’aura pas une politique énergétique commune et tant que chaque État membre ou chef de gouvernement tentera d’obtenir pour lui le meilleur accord possible avec une société établie dans un grand pays tiers, nous resterons dépendants, mais aussi victimes de ces accords conclus en aparté.

L’Europe a besoin d’une politique énergétique commune, tout comme nous avons besoin de notre politique commerciale commune qui rend l’Union européenne extrêmement efficace dans les négociations. Imaginez seulement dans quelle position seraient l’Allemagne ou la France - sans parler de mon petit pays, l’Estonie - si elles étaient seules dans les négociations avec les États-Unis ou la Chine au sein de l’OMC. En matière d’énergie, la situation actuelle, où chaque pays est responsable de son propre approvisionnement énergétique et négocie des accords bilatéraux, est pourtant exactement pareille à celle-là.

À tout cela s’ajoute le fait que le projet de construction de deux gazoducs entre la Russie et la Chine pourrait menacer l’ensemble de l’approvisionnement.

Si vous devez 100 000 euros à la banque, vous êtes à la merci de la banque. Si vous devez 100 millions d’euros à la banque, la banque est à votre merci. Il en est va de même pour l’énergie. Tant que nous aurons une politique énergétique désunie, nous serons à la merci des caprices politiques d’un quelconque monopole public d’un pays. Par contre, une politique énergétique commune serait décidée par l’Europe elle-même.

 
  
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  Ján Hudacký (PPE-DE). - (SK) En ce qui concerne la stratégie géopolitique de l’UE, je tiens à mettre en exergue le fait important (bien que connu) que la plupart des nouveaux États membres sont totalement dépendants de la Russie pour leur approvisionnement en pétrole et en gaz, une situation très différente de celle de nombreux anciens États membres, dont les sources d’approvisionnement en combustibles sont plus diversifiées. Dans ce contexte, je pense qu’il est inutile de rappeler les récentes conséquences négatives de cette dépendance vécues par l’Ukraine.

Les nouveaux États membres observent avec une sensibilité particulière le traitement des questions de sécurité de l’approvisionnement énergétique. Dans la course pour rattraper les niveaux de performance économique des anciens États membres, la sécurité de l’approvisionnement énergétique devient encore plus urgente. En matière d’électricité, plusieurs nouveaux États membres ont hérité d’un bouquet énergétique dominé par la production d’énergie nucléaire. Pour ma part, je pense que le principe de subsidiarité doit s’appliquer par rapport au développement de ce type d’énergie. Cependant, je ne peux ignorer le principe de solidarité qui doit permettre à chaque État membre de développer ce type d’énergie sans s’exposer à des interférences externes négatives. Je salue l’initiative de la Commission visant à soutenir la recherche dans ce domaine afin d’améliorer encore la sécurité en matière de production d’énergie nucléaire, par exemple par des recherches dans le domaine des technologies de recyclage ou de fusion nucléaire ainsi que dans d’autres domaines connexes. Je note toutefois que les nouvelles perspectives financières manquent de moyens suffisants pour cette recherche spécifique.

Le Livre vert sur la politique énergétique se concentre davantage sur les sources d’énergie renouvelables. Je n’ai pas de problèmes majeurs avec cela. Cependant, la Commission doit agir de manière responsable et accepter le fait que certains États membres souhaitent poursuivre le développement de l’énergie nucléaire, et ce pour deux raisons spécifiques. Premièrement, le potentiel de développement des sources d’énergie renouvelables n’est pas important dans ces pays et il n’est donc pas possible de compter sur leur durabilité à long terme. Deuxièmement, ces pays ont une expérience très positive de l’énergie nucléaire, qui est sûre, respectueuse de l’environnement et durable à long terme.

 
  
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  Eluned Morgan (PSE). - Monsieur le Président, je salue cette résolution qui reconnaît l’existence d’une crise énergétique en Europe. Je peux vous le confirmer en tant que députée représentant le Royaume-Uni, un pays où le prix du gaz est trois fois plus élevé que le prix du gaz aux Pays-Bas et où des usines ont été averties qu’elles pourraient être contraintes de fermer temporairement en raison de pénuries de gaz. Le marché unique européen de l’énergie ne fonctionne pas. Il ne s’agit pas de réagir en faisant preuve de nationalisme étroit, mais de coopérer et de rendre le système plus efficace. Nous avons besoin de développer une politique énergétique européenne commune.

L’ouragan Katrina et le récent comportement de Gazprom/de la Russie sont deux événements majeurs qui nous ont forcés à nous pencher sur ce problème. Après les propos encourageants entendus à Hampton Court, nous avons malheureusement vu certains mouvements décevants de la part des États membres: leur échec persistant à mettre en œuvre la législation existante dans ce domaine, la fixation des prix sur le marché de l’énergie, un nouvel élan protectionniste et l’apparition de nouveaux champions nationaux. Rien de tout cela n’est de bon augure pour la réunion de demain, où nous espérons ne pas voir le Conseil faire davantage machine arrière.

C’est la première fois que le Parlement a l’occasion de présenter ses commentaires sur le Livre vert. Notre première réaction ne peut être que la déception: il n’y a ni nouveaux objectifs, ni propositions concrètes pour mettre en place une politique énergétique commune. Il n’y a aucune chance d’obtenir des investissements de l’ordre d’un trillion d’euros sans une planification à long terme.

Ce document esquive totalement la question du transport et de l’aviation et leur contribution au débat sur l’énergie. Il nécessite un travail important du Parlement. J’espère que nous serons capables de coopérer et que nous n’aurons pas besoin d’un troisième incident sérieux pour faire comprendre aux États membres qu’il faut agir dans ce domaine.

 
  
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  Vytautas Landsbergis (PPE-DE). - (EN) Monsieur le Président, la sécurité de l’approvisionnement comme solution à un problème réel doit contenir des éventualités concrètes de situations d’insécurité qu’il faut répertorier de manière spécifique. Nous devons prévoir des mesures de réaction, y compris en cas de bombardement de pipelines ou de câbles de transmission d’électricité. Ces deux cas ont été vécus récemment par la Géorgie et personne n’a eu de doutes quant au cerveau politique à la base de ces actes. Certaines catastrophes naturelles peuvent également provoquer une rupture de l’approvisionnement. Le document sur la sécurité de l’approvisionnement énergétique ne mentionne pas la préparation de l’Europe face à de telles catastrophes, encore moins face aux lubies d’un individu qui pourraient affecter l’approvisionnement. Un agresseur potentiel pressé d’utiliser l’énergie en tant qu’arme ne peut être stoppé dans son projet que par la prise de conscience que son acte n’apportera aucun bénéfice politique mais uniquement des désavantages personnels, tandis que le pays visé sera immédiatement soutenu par des actions de solidarité commune de l’Union.

C’est pourquoi nous devons œuvrer dans ce sens sans plus tarder. La résolution n’en parle pas. Puisque que nous débattons de sécurité et d’insécurité, il y a également la réelle insécurité environnementale liée à la construction d’un pipeline et à l’approvisionnement de l’Occident d’une manière aussi vulnérable que par le fond de la mer Baltique. Il règne un étrange silence autour des obus chimiques et des bombes de la Seconde Guerre mondiale qui reposent sur le fond en quantités énormes, en train de rouiller et attendant leur Armageddon.

Tandis que le temps passe, ce travail mécanique de construction de pipelines pourrait se transformer très vite en un énorme désastre. Qui en souffrirait? Personne, sauf quelques insignifiantes petites nations sur la côte est de la mer Baltique. Qui garantit aux nations baltes une survie énergétique et biologique? L’Allemagne? Les commissaires de l’Union divisée? Nous sommes en droit d’attendre des politiques appropriées et des garanties européennes concrètes. Alors, et alors seulement, l’Europe pourra valablement utiliser le mot solidarité.

 
  
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  Gunnar Hökmark (PPE-DE). - (SV) Monsieur le Président, il me paraît important de définir et clarifier deux points concernant notre mission européenne commune en matière de politique énergétique.

Premièrement, l’une de nos tâches conjointes évidentes consiste à garantir le bon fonctionnement du marché intérieur. Nombre d’obstacles existent déjà en la matière. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour atteindre cet objectif, en veillant à ce que les entreprises puissent se développer par-delà les frontières et à ce que le marché intérieur puisse fonctionner correctement, tant sur le plan juridique que sur le plan technique.

Nous avons besoin de réseaux communs, parce qu’ils nous offrent un moyen de réaliser un grand nombre de nos objectifs communs. Grâce aux réseaux communs, nous renforçons la concurrence et bénéficions de prix moins élevés. Si l’on entend promouvoir l’essor des combustibles renouvelables, nous avons aussi besoin d’un marché plus étendu, où ils peuvent être développés et commercialisés sur une base commerciale. Avec les réseaux communs, nous réduisons notre vulnérabilité tout en ayant la possibilité d’accéder à une électricité garantie et bon marché.

Deuxièmement, une autre tâche conjointe en matière de politique énergétique est manifestement liée aux questions relevant des politiques étrangère et commerciale. Dans ces domaines également, je pense qu’il est crucial de disposer de réseaux communs aux fins de la solidarité entre nos pays. On peut discourir aussi longtemps qu’on veut à propos de la solidarité et des clauses de solidarité, mais il est un fait fondamental: seuls les réseaux communs permettront à des pays comme l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie - ou tout autre pays susceptible d’être confronté à un chantage politique - de concrétiser la solidarité dans la pratique. Cette solidarité deviendra alors réalité et ne sera pas réduite à un ensemble d’objectifs politiques.

En ce qui concerne les politiques étrangère et commerciale, toute coopération avec la Russie doit reposer sur des conditions claires et transparentes régissant les échanges commerciaux et la distribution. L’UE doit soutenir une politique qui incite la Russie à assurer, dans des conditions bien définies, l’approvisionnement énergétique de chaque État membre. Cette approche devrait se traduire par une politique énergétique saine, une réelle solidarité et une meilleure Europe.

 
  
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  Peter Liese (PPE-DE). - (DE) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, Mesdames et Messieurs, l’Europe est trop dépendante des combustibles fossiles. Ces dernières semaines ont démontré plus clairement que jamais la nécessité de mettre un terme à cette situation. Les prix augmentent sensiblement, pour l’industrie comme pour les particuliers. Il n’y a aucune sécurité d’approvisionnement et aucune garantie quant à la durabilité de nos approvisionnements énergétiques actuels sur le plan climatique. Mme Morgan a parlé de Katrina ce matin. Il y a eu toute une série d’autres ouragans, et de l’avis des scientifiques, il s’agit très probablement d’un signe indiquant un changement climatique.

Voilà pourquoi nous devons réduire notre dépendance à l’égard des combustibles fossiles. Trois points sont déterminants à mes yeux. Le premier concerne l’énergie nucléaire: nous ne devons pas fermer des centrales nucléaires sûres pour de simples raisons politiques. Je préconise dès lors d’adopter les amendements déposés par le groupe du parti populaire européen (démocrates chrétiens) et des démocrates européens à ce propos. Il est regrettable que la chancelière allemande, Mme Merkel, n’ait pu le dire dans son intervention de ce matin en raison de la coalition avec les sociaux-démocrates, mais je suis satisfait de constater que les sociaux-démocrates présents au sein du Parlement européen commencent à reconsidérer la question; d’ici un an, Mme Merkel pourra peut-être défendre l’énergie nucléaire au nom du gouvernement fédéral tout entier.

Mme Merkel et nous tous pouvons accorder notre soutien à une série d’autres points et elle ne manquera pas de le faire dans son discours principal, lors du sommet de demain: l’efficacité énergétique est indispensable. L’Europe se livre à un véritable gaspillage de l’énergie, nous ne pouvons continuer à le tolérer. Nous avons besoin d’une expansion efficace des énergies renouvelables, sans toutefois l’accompagner de subventions à long terme. Je voudrais donc souligner une fois encore la demande de cette Assemblée, qui réclame une directive sur le chauffage et la réfrigération. Il s’agit d’un domaine qui présente un énorme potentiel et dans lequel les coûts sont relativement faibles; nous devrions dès lors nous acheminer rapidement vers la phase de réalisation.

Je soutiens cette résolution parce qu’elle répond ces exigences et parce qu’elle encourage la Commission et le Conseil à progresser plus rapidement sur le sujet.

 
  
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  Renato Brunetta (PPE-DE). - (IT) Monsieur le Président, Monsieur Pielbags, Mesdames et Messieurs, la Commission doit avant tout terminer la libéralisation du marché de l’électricité et du gaz afin de créer une politique énergétique commune. C’en est assez des asymétries et des fourberies. La Commission doit combattre toutes les mesures conçues pour bloquer la libre circulation des capitaux, en évitant toute forme de distorsion de la concurrence due au soutien protectionniste des gouvernements en faveur de leurs «champions nationaux»; votre propre crédibilité en dépend, Monsieur Piebalgs.

L’énergie, c’est bien connu, est à la fois un facteur de production et un bien de consommation; ces deux dimensions sont essentielles pour le développement de notre économie et le maintien d’un niveau de vie élevé. La politique énergétique commune, combinée à une politique étrangère commune, sont les instruments qui doivent nous aider à réaliser ces objectifs au sein de l’Europe élargie. La question politique est donc la suivante: en serons-nous capables?

L’Europe est divisée en deux camps: ceux qui font confiance à la Russie et ceux qui se montrent hypercritiques à son égard, même si nous dépendons de ses ressources énergétiques de manière quasi exclusive. La Russie est un fournisseur incontournable sur le marché énergétique européen, auquel nous ne devrions toutefois pas rester trop étroitement liés. La diversification de l’approvisionnement énergétique est donc essentielle et il est vital de trouver des solutions européennes en matière d’approvisionnement. Bref, nous devons parler d’une seule voix - en serons-nous capables?

Diversifier les sources d’approvisionnement semble la réponse obligatoire, tout comme il est nécessaire d’améliorer les réseaux de transport de l’énergie, les pipelines de gaz et les ports. Il importe de développer une dimension énergétique dans la stratégie et la sécurité de l’Union européenne, ainsi que d’accroître les investissements publics et privés destinés aux énergies alternatives et renouvelables. En serons-nous capables?

Pour résumer, la politique énergétique doit être considérée comme une composante fondamentale de la nouvelle Europe, tel est le message à faire passer auprès de nos concitoyens. En serons-nous capables?

 
  
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  Avril Doyle (PPE-DE). - (EN) Monsieur le Président, lorsque les lumières se sont éteintes en Californie, à Turin et à Wexford, ma ville natale - pour ne pas mentionner le récent incident Gazprom -, nous nous sommes brusquement souciés de la sécurité de l’approvisionnement énergétique, qui revêt pour nous une importance capitale en termes stratégiques et économiques, plus particulièrement en ce qui concerne la dépendance à l’égard des importations énergétiques et la hausse exponentielle des coûts. Comme le souligne le récent livre vert sur la politique énergétique, 70 % des besoins énergétiques de l’Union - contre 50 % seulement aujourd’hui - devront être couverts par des produits importés, à moins que nous parvenions à rendre notre énergie domestique plus compétitive au cours des prochaines décennies. La plupart de ces importations sont issues de régions instables d’un point de vue géopolitique.

Ce chiffre dissimule cependant la dépendance élevée, en termes d’importations énergétiques, des marchés périphériques et géographiquement isolés tels que les États baltes, l’Irlande et d’autres communautés insulaires. Les importations énergétiques de l’Irlande s’élevaient à 65 % en 1990 et dépassent 90 % aujourd’hui. Nos approvisionnements nationaux en combustibles fossiles - tourbe et gaz naturel - s’épuisent rapidement depuis 1995, tandis que la croissance économique et industrielle record stimule la demande.

Même si le bouquet énergétique doit rester une compétence nationale propre à chaque État membre, sur un marché unique, une attaque dirigée contre un des membres équivaut à les attaquer tous sur le plan énergétique. La solidarité au sein de l’UE sera vitale pour garantir une distribution équitable des approvisionnements extérieurs à nos frontières, grâce à la mise en place d’un marché intérieur énergétique compétitif et intégré. Il est impossible d’y parvenir sans augmenter la capacité physique, par le biais de réseaux énergétiques transeuropéens, afin de nous connecter tous à un réseau européen.

La «dissociation» des activités de réseau et de fourniture dans le secteur du gaz et de l’électricité doit devenir réalité au sein de chaque État membre: en Irlande, ce n’est pas encore le cas.

À travers les incitations mises en œuvre au niveau de l’UE et des États membres, nous devons nous concentrer sérieusement sur le développement et l’intégration des 21 types d’énergies renouvelables, notamment en raison des obligations qui nous incombent en matière de changement climatique. J’ai l’impression que l’intérêt est bien présent, surtout en ce qui concerne les biocarburants: les milieux de recherche et d’investissement se penchent sur la question, mais ont peur de sauter dans l’inconnu. Les discussions, la bonne volonté et l’intérêt ne sont toutefois pas suffisants: il nous faut de solides catalyseurs financiers et régulateurs pour intensifier la recherche et assurer le déploiement de projets pilotes fondés sur des technologies renouvelables à la pointe du progrès.

Nous ne pouvons ignorer le découplage de la croissance économique et de la consommation énergétique, d’une part, et de la gestion de la demande énergétique, d’autre part. Selon les prévisions, la demande énergétique mondiale et les émissions de dioxyde de carbone vont augmenter de 60 % d’ici 2030. En renforçant les mesures d’efficacité énergétique d’ici 2020, nous pouvons réduire la demande de plus de 20 %.

Monsieur le Commissaire, n’attendez pas la prochaine panne d’électricité! Agissons maintenant et gardons la sécurité énergétique en haut de l’agenda politique en temps de paix.

 
  
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  Romana Jordan Cizelj (PPE-DE). - (SL) L’énergie est fondamentale pour nos activités et pour la mise en œuvre réussie des politiques définies. La situation dans le secteur de l’énergie déterminera dans une large mesure la façon dont nous réaliserons les objectifs de la stratégie de Lisbonne et, tout simplement, si nous les réaliserons.

Monsieur le Commissaire, vous connaissez la situation en la matière, c’est d’ailleurs pour cette raison que vous avez fait avancer les choses et publié ce mois-ci le livre vert consacré à une politique énergétique européenne commune. Il est en effet grand temps de chercher des réponses à ces questions: comment allons-nous garantir des approvisionnements énergétiques sûrs et appropriés à des prix compétitifs, sans perdre de vue le respect de l’environnement? Comment devrions-nous formuler notre futur bouquet énergétique? Quelle est la stabilité des régions à partir desquelles nous pouvons importer des ressources énergétiques? Quels sont les coûts actuels et comment évolueront-ils à l’avenir? Quel est l’impact de l’utilisation des ressources énergétiques sur l’environnement, etc.?

Les réponses à ces questions doivent s’appuyer sur une évaluation réaliste de la contribution des sources d’énergie primaire dans le bouquet énergétique européen global, de même que sur une évaluation honnête de l’efficacité des technologies existantes et du potentiel des nouvelles technologies, en constante évolution, tout en tenant compte des ressources naturelles des États membres. L’heure est venue d’éviter toute rhétorique politique et de faire face à la réalité.

Je voudrais souligner en particulier que l’énergie nucléaire ne peut et ne devrait pas être un sujet tabou dans l’arène politique européenne. L’énergie nucléaire ne produit pas de gaz à effet de serre, elle nous permet d’importer de l’uranium de toute une série de pays, y compris de pays stables sur le plan politique, et c’est pour cette même raison que son prix reste stable et compétitif. Les futurs travaux de recherche et de développement devraient améliorer son efficacité, réduire la quantité de déchets radioactifs et renforcer la sécurité. L’énergie nucléaire doit donc occuper la place qui lui revient eu égard à tous ces facteurs, tant dans les documents stratégiques européens que dans l’adoption de mesures concrètes.

 
  
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  Hans Winkler, président en exercice du Conseil. - (DE) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, Mesdames et Messieurs, le débat d’aujourd’hui était des plus importants, tant au regard du Conseil de demain que des discussions très animées que les chefs d’État ou de gouvernement mèneront demain, et je tiens dès lors à remercier sincèrement toutes les personnes qui y ont pris part. Je n’ai pas le temps de réagir à tous les points soulevés ici - et des choses extrêmement importantes ont été dites -, mais je voudrais revenir sur quelques éléments en guise de conclusion.

M. Rübig a fort justement déclaré que ce problème exige un débat plus complet et que tous les secteurs d’activité de l’Union européenne doivent se préoccuper de la question de l’énergie. La présidence le sait et travaille main dans la main avec la Commission dans ce domaine; je voudrais à ce propos adresser des remerciements particuliers au commissaire Pielbags pour la coopération qu’il nous a offerte dès le début. Je pense qu’il est le premier commissaire avec lequel nous collaborons étroitement et je lui en suis très reconnaissant.

Cependant, les États membres doivent aussi s’impliquer, car seul un effort conjoint nous permettra de nous rapprocher de notre triple objectif - sécurité d’approvisionnement, compétitivité et durabilité -, qui doit rester au cœur de la politique énergétique européenne.

L’Europe doit parler d’une même voix aux pays tiers dès lors que la politique énergétique est en jeu. Nombre d’intervenants l’ont souligné, notamment M. Brunetta et M. Brok, le président de la commission des affaires étrangères. C’est un point particulièrement important et une tâche à laquelle nous devons nous appliquer.

M. Goebbels et le commissaire Piebalgs ont tous deux évoqué la solidarité. La solidarité est en effet un facteur essentiel et les chefs d’État ou de gouvernement ne manqueront pas de le souligner demain dans leur déclaration et dans les conclusions qu’ils adopteront. M. Goebbels a réclamé une politique énergétique plus solidaire, une formulation qui convient parfaitement.

M. Turmes a déjà anticipé les déclarations que prononceront demain les chefs d’État ou de gouvernement. Je dois admettre que je n’en sais rien: peut-être certains sont-ils mieux informés. Je peux toutefois affirmer une chose: le débat de demain consacré à l’énergie a été minutieusement préparé, y compris par les ministres de l’énergie et par le conseil «Affaires générales et relations extérieures». Nous ne savons bien entendu pas à quoi le texte adopté par les chefs d’État ou de gouvernement ressemblera au final, mais il renfermera - c’est du moins ce que je présume - des éléments très importants. Il ne s’agit pas d’une déclaration d’intérêts nationaux, c’est une politique énergétique européenne qui sera adoptée demain. Nous pouvons déjà l’affirmer aujourd’hui.

(EN) Mme Ek a souligné la nécessité de maintenir la concurrence. Je voudrais avant tout vous parler du débat qui s’est tenu voici dix jours à Strasbourg, où j’ai, au nom du Conseil et de concert avec la commissaire en charge de la concurrence, exprimé très clairement que nous y sommes favorables et qu’il faut préserver les règles de concurrence, tout spécialement dans le secteur de l’énergie. Je voudrais citer un petit paragraphe sur la politique énergétique de l’Europe. Le paragraphe qui traite précisément de vos interrogations insiste sur le fait que, pour atteindre ses principaux objectifs, la politique énergétique de l’Europe devrait garantir la transparence et des marchés non discriminatoires, être cohérente avec les règles de concurrence, ainsi qu’avec les obligations de service public et respecter pleinement la souveraineté des États membres à propos des sources d’énergie primaire et du choix du bouquet énergétique.

(DE) Nombre de ces points ont été évoqués ici, je ne peux que les confirmer et les souligner une fois encore.

Mme Rothe a réclamé des objectifs spécifiques en ce qui concerne le développement des sources d’énergie renouvelables et je souscris entièrement à son point de vue. La présidence autrichienne est extrêmement engagée et ambitieuse. Comme ce débat l’a cependant démontré, on note l’absence d’accord sur de nombreux points. Il est impossible de mettre en place une politique énergétique européenne cohérente et conséquente du jour au lendemain.

Il est essentiel que les chefs d’État ou de gouvernement donnent demain une impulsion significative à la question et que les États membres, le Conseil et la Commission bâtissent ensuite sur les principes établis et adoptés demain, pour finalement réaliser ce vers quoi nous tendons tous: la sécurité d’approvisionnement, une efficacité accrue et un dialogue constructif avec les pays tiers, de façon à garantir l’utilisation d’une énergie propre à l’avenir et pour les générations futures.

 
  
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  Andris Piebalgs, membre de la Commission. - (EN) Monsieur le Président, après un débat aussi stimulant et intéressant, je voudrais prendre la liberté de parler un peu plus longuement que d’ordinaire pour clôturer le débat.

Face à la situation actuelle, nous nous tournons généralement vers l’histoire pour trouver des décisions courageuses prises en matière de politique énergétique. J’en ai trouvé une jusqu’à présent: c’était avant la Première Guerre mondiale, lorsque Winston Churchill, alors responsable de la marine, décida de changer de combustible pour la marine britannique; il délaissa le charbon - qui était produit au pays de Galles - au profit du pétrole. Lorsqu’on l’interrogea au sujet de la sécurité, il déclara que la diversité était la bonne réponse. Nous voilà confrontés à un défi aussi important que lui à l’époque. Nous devrions néanmoins faire preuve de courage. Ni l’OPEP ni la Russie n’ont l’avantage dans ce jeu de poker. Nous bien.

Je pense que, face au défi actuel, l’avantage le plus concurrentiel résidera dans le fait qu’une partie du monde sera non seulement efficace en matière d’énergie, mais également capable de gérer la demande. Telle est la clé du succès. Faute de cela et même avec la meilleure diversification qui soit, nous ne pourrons assurer la durabilité. C’est là l’un des défis clés qu’il nous faut relever.

Deuxième point important: si nous voulons, dans un environnement plus complexe - où il ne s’agit pas seulement de passer du charbon au pétrole -, atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés, nous devons être conscients que nous sommes capables de les réaliser, tout comme nous avons pu réaliser les objectifs précédents. Ce point est crucial.

La solidarité est extrêmement importante. Nous devrions toutefois tous comprendre que la solidarité nous astreint à faire nos «devoirs» pour nous y préparer, c’est le prix à payer. Nous devrions par exemple considérer que le pont énergétique entre la Lituanie et la Pologne est non seulement une question commerciale, mais aussi de solidarité. Ce pont devrait être construit, mais pas sur la base d’arguments commerciaux.

J’ai entendu bon nombre de remarques sceptiques en rapport avec les marchés. C’est pourtant le marché qui est véritablement à l’origine de la puissance de l’Union européenne. Les «champions nationaux» suscitent une forte charge émotionnelle. Chaque cas sera cependant évalué en fonction de la législation européenne applicable en matière de concurrence. S’il faut renforcer la législation, c’est une autre histoire. Le débat avivera toujours les émotions. Mais le droit sera appliqué comme il se doit et la concurrence prévaudra.

La mise au point de nouvelles technologies est assurément indispensable. Le prix du pétrole encourage en fait leur élaboration. J’ai reçu il y a peu une proposition très intéressante concernant des super-réseaux rassemblant de nombreux parcs d’éoliennes au large des côtes. Lorsque vous rencontrez des représentants de petites et moyennes entreprises actives dans le secteur des énergies renouvelables et du chauffage et si vous leur demandez quelles solutions ils encourageraient, ils vous répondent que les prix du pétrole devraient rester inchangés. Cette situation crée davantage de diversité et stimule le développement technologique parmi nos chercheurs. Une fois de plus, nous en revenons au fait que notre force dépendra uniquement de notre volonté. Si nous faisons montre de faiblesse et si nous n’y croyons pas, personne ne nous aidera - ni la Russie, ni l’Arabie saoudite. Nous devons nous aider nous-mêmes.

À cet égard, je pense que de tels débats sont nécessaires. L’examen stratégique des questions énergétiques de l’UE engendrera un débat très satisfaisant et veillera à ce que les bonnes décisions soient prises. Je crois cependant que la réponse fondamentale réside dans nos forces en tant qu’Union, c’est-à-dire dans la démocratie, notre vision des relations internationales et le marché. Pour que le marché fonctionne, nous devons assurer des conditions d’investissement stables et prévisibles. Le marché fournira ensuite ce qu’on lui demande.

Je vous remercie pour ce débat. Je suis réellement convaincu que nous reviendrons pour le débat et que nous trouverons un accord sur le contenu d’une politique énergétique européenne.

 
  
  

PRÉSIDENCE DE M. DOS SANTOS
Vice-président

 
  
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  Le Président. - J’ai reçu cinq propositions de résolution(1), déposées sur la base de l’article 108, paragraphe 5, du règlement.

Le débat est clos.

Le vote aura lieu demain à 11 heures.

 
  

(1) Cf. procès-verbal

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