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RC-B6-0400/2006

Débats :

PV 06/07/2006 - 13.1
CRE 06/07/2006 - 13.1

Votes :

PV 06/07/2006 - 14.1
CRE 06/07/2006 - 14.1

Textes adoptés :


Compte rendu in extenso des débats
Jeudi 6 juillet 2006 - Strasbourg Edition JO

13.1. Somalie (débat)
Procès-verbal
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  Le Président. - L’ordre du jour appelle le débat sur six propositions de résolution concernant la Somalie(1).

 
  
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  Alyn Smith (Verts/ALE), auteur. - (EN) Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir ouvrir ce débat qui, j’en suis sûr, remportera comme d’habitude une large adhésion de la part de tous les groupes de cette Assemblée. J’imagine qu’il remportera également l’adhésion du commissaire, même si, je tiens à le préciser, la Commission est généralement d’accord avec nous, ce qui est encourageant.

En tant que compatriote des îles Britanniques - même si je suis davantage issu de la tradition politique écossaise européenne plutôt qu’anglo-saxonne -, je voudrais demander au commissaire Mandelson de prendre part à notre discussion d’aujourd’hui, ce que ne font pas toujours ses collègues commissaires. Pourrait-il, en particulier, nous exposer ce que la Commission pense des paragraphes 8 et 6 de cette proposition de résolution et, surtout, ce que la Commission compte faire à leur propos?

Il est difficile de se tourner vers la Somalie sans être envahi par une immense tristesse et frustration. Elle nous confronte à un dilemme fondamental. Si, abandonnés à eux-mêmes, les gens du pays font fausse route, à nos yeux du moins, que pouvons-nous faire vraiment, à part intervenir et diriger leur pays?

L’engagement militaire, ce n’est pas notre style. Nous n’avons ni les tripes, ni l’envie pour cela, ni d’ailleurs les moyens nécessaires pour une telle action. Alors que pouvons-nous faire? En tant qu’Écossais, je regarde avec admiration le rôle que la Suède et la Norvège, deux petits pays indépendants du nord de l’Europe, ont joué en encourageant le dialogue entre les différentes parties impliquées en Somalie. En tant qu’humanitaire, je suis fier de l’aide humanitaire que nous avons apportée. Les discussions au sein du Groupe de contact sur la Somalie, un mécanisme récemment créé sur une base internationale, seront cruciales pour la stratégie présentée dans cette proposition. Les discussions au sein de ce groupe sont le seul moyen d’avancer vers une solution. Une volonté de dialogue constante, agrémentée d’une aide aux plus démunis, voilà le style européen, et dans le long terme, c’est de loin le plus constructif.

Pour l’heure, la situation en Somalie s’est encore aggravée. Espérons que le Parlement, conjointement avec la Commission et le Conseil, pourra les aider à revenir sur la bonne voie. Je suis curieux d’entendre notre commissaire nous expliquer comment la Commission entend coordonner ces efforts, et je lui garantis le soutien de la présente Assemblée.

 
  
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  Tobias Pflüger (GUE/NGL), auteur. - (DE) Monsieur le Président, lorsque l’on aborde le sujet de la Somalie, je pense qu’il est intéressant de s’arrêter un instant sur l’histoire de ce pays. Les actions de l’Occident en Somalie ont entraîné l’application de toutes les mauvaises politiques possibles et imaginables. Souvenons-nous de l’intervention de 1993, qui s’est terminée en fiasco. L’Allemagne avait envoyé en Somalie des troupes dont la mission consistait à soutenir des troupes indiennes qui ne sont en fait jamais arrivées. Nous devons admettre que, dès le retrait des troupes, pratiquement tout intérêt pour la Somalie a disparu.

La situation en Somalie s’est maintenant arrangée. La coalition, dont les membres sont qualifiés d’islamistes, a, lentement mais sûrement, acquis la domination militaire et les troupes que la presse dépeint comme étant soutenues par les États-Unis, c’est-à-dire l’Alliance des seigneurs de la guerre, ont été repoussées de plus en plus loin. Il est évident que le gouvernement américain en particulier a misé sur le mauvais cheval et voit maintenant ses propres politiques tombées en quasi-ruines. La question qui se pose aujourd’hui est de savoir ce que l’Union européenne peut faire face à cet état de choses. Il serait absolument déplacé de soutenir une des parties impliquées dans le conflit sur le terrain. En outre, il faut souligner que l’Éthiopie et l’Érythrée ayant en ce moment un intérêt évident et considérable à utiliser le territoire somalien pour régler leurs différends par les armes, il est très important que l’Union européenne fasse comprendre de façon parfaitement claire, par voie diplomatique, qu’une intervention de l’Union n’est en aucun cas à l’ordre du jour.

Dans l’état actuel des choses, je ne vois absolument aucune raison justifiant une intervention militaire étrangère en Somalie, pays où certaines régions telles que le Somaliland sont stables. Pour cette raison, aucune troupe ne doit être envoyée et aucun soutien pour leur déploiement ne doit être offert. Dans le cas contraire, nous nous retrouverons à nouveau confrontés à ce qui est déjà arrivé suffisamment souvent, j’entends par là la création d’un monstre de Frankenstein: on soutient tel ou tel groupe, qui, par al suite, fait exactement ce qui voulait être évité depuis le début. Je demande dès lors que toute action de la part de l’Union européenne soit purement diplomatique.

 
  
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  Simon Coveney (PPE-DE), auteur. - (EN) Monsieur le Président, voilà plus de 15 ans maintenant que la Somalie n’a pas de gouvernement efficace. Par contre, nous avons assisté à une guerre civile cruelle et tragique entre camps opposés, des milices islamiques et des factions contrôlées par des chefs de guerre rivaux.

Le 4 juin 2006, à la surprise de beaucoup de monde, la milice des tribunaux islamiques a pris le contrôle d’une grande partie de la Somalie du Sud, y compris la capitale Mogadiscio - partiellement détruite à présent; elle a chassé les puissants chefs de faction qui contrôlaient Mogadiscio depuis 1991, année où l’administration centrale fut renversée, ce qui a considérablement modifié le paysage politique dans la région. Ce changement de pouvoir a plongé dans la perplexité le monde extérieur, personne ne sachant plus avec qui on devrait ou pourrait négocier et établir des relations.

L’UE est appelée à reconnaître ces événements et à apporter son soutien aux efforts actuels, dont ceux de la Ligue Arabe qui, le 22 juin, a obtenu l’ouverture d’un dialogue à Khartoum, entre les institutions du gouvernement fédéral de transition et l’Union des tribunaux islamiques contrôlant le Sud. Ils se sont mis d’accord pour suspendre les hostilités et entamer un dialogue visant à la paix et à la réconciliation.

Nous devons également soutenir les efforts de l’Union africaine afin qu’elle puisse suivre la situation de près et, si nécessaire, faire respecter la paix afin de protéger les civils.

Mais il existe effectivement de sérieuses inquiétudes à différents niveaux. Le premier problème, c’est que faire de l’Union des tribunaux islamiques? S’agit-il d’un organe digne de confiance et d’un interlocuteur pour des discussions pacifiques? Je sais que les Américains ont récemment entamé un dialogue avec diverses parties pour évaluer les perspectives de mesures destinées à rétablir la confiance. L’autre problème, plus réel, est que dans la volonté de rétablir la stabilité et de mettre fin à la violence, une loi fondamentaliste islamique stricte sera imposée à une large partie de la population. C’est très préoccupant, mais il s’agit d’une inquiétude bien fondée.

Hier, les médias ont rapporté qu’un cinéma de la région somalienne de Galgadud avait fait été fermé de force; deux personnes ont été tuées suite à des protestations contre la fermeture de ce cinéma. Ce sont là es nouvelles très préoccupantes. Hier également, l’Union des tribunaux islamiques a juré de faire appliquer la Shari’a dans tout le pays, et à Mogadiscio en particulier.

Sheikh Abdullah, l’un des cofondateurs de l’Union, a déclaré hier: «Quiconque ne pratique pas la prière sera considéré comme un infidèle, et notre loi de la Shari’a ordonne que cette personne soit tuée». Ce genre de discours est incendiaire et dangereux. L’UE doit attentivement suivre l’évolution de la situation et faire attention à bien choisir le camp qu’elle soutient.

 
  
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  Marios Matsakis (ALDE), auteur. - (EN) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, depuis de longues années, les populations de Somalie souffrent de la guerre civile et ce Parlement, spécialement préoccupé par les violations des droits de l’homme, a déjà fait voter plusieurs résolutions concernant ce pays.

L’absence durable de gouvernement efficace y a créé un vide de pouvoir central totalement anarchique. Ce qui a pour conséquence que les milices des tribunaux islamiques et diverses factions radicales se disputent le contrôle de différentes parties de la Somalie, aux dépens de la sécurité et du bien-être des civils innocents, comme c’est inévitable dans de telles circonstances.

Les récents combats dans et autour de Mogadiscio ainsi que dans la région de Jowhar ont été particulièrement inquiétants et méritent d’être condamnés. Tout en exprimant son soutien aux initiatives de l’ONU, de l’Union africaine, de la Ligue arabe et de l’AIGD visant à promouvoir la paix et la réconciliation en Somalie, cette proposition de résolution commune exhorte toutes les parties impliquées dans la guerre civile qui mine cette nation à privilégier coûte que coûte la voie du dialogue et de la paix. Elles doivent accepter de coopérer avec le gouvernement fédéral de transition et le Parlement qui, dans le cadre de la Charte fédérale de la transition, sont les autorités centrales légitimes en Somalie. Parallèlement, cette résolution exhorte la communauté internationale et l’UE à renforcer leur aide, en particulier par le biais d’une aide humanitaire à la Somalie.

Nous espérons qu’au bout du compte, ce pauvre pays en développement parviendra progressivement à s’engager sur la voie de la paix et de la prospérité dont il a tant besoin, et ce dans l’intérêt de tous ses citoyens.

 
  
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  Ana Maria Gomes (PSE), auteur. - (EN) Monsieur le Président, la Corne de l’Afrique est minée par des échecs politiques désastreux, mais qui ne sont pas uniquement imputables aux pouvoirs locaux, car ils sont aggravés par une série d’actions internationales malencontreuses, et surtout par l’inaction.

L’échec de l’État de Somalie en est juste l’exemple le plus flagrant. Les tergiversations du régime éthiopien pour résoudre la question des frontières avec l’Érythrée et les rapports épouvantables concernant la situation des droits de l’homme, de la démocratie et du développement sous ces deux régimes, à Asmara et Addis-Abeba, sont un autre exemple désolant du désintérêt international pour cette région. Il n’est donc pas surprenant que des terroristes internationaux profitent de tous ces conflits dans une zone tombée dans l’anarchie. On a l’impression que tout cela vient abondamment alimenter leurs visées meurtrières.

Selon des rumeurs croissantes, le gouvernement du Premier ministre Meles Zenawi veut pousser l’AIGD à violer l’embargo sur les armes imposé à la Somalie par le Conseil de sécurité de l’ONU. Il envoie des centaines de milliers de soldats à Baidoa. La semaine passée, j’étais à Washington et New York; d’importantes sources au sein de l’administration et de l’ONU m’ont confirmé que l’armée éthiopienne se préparait à avancer encore plus loin sur Mogadiscio. Ils ont le soutien et la bénédiction des Américains, partisans d’une politique très malencontreuse. C’est comme si l’on n’avait toujours pas tiré la leçon du dernier fiasco, qui a porté les tribunaux islamiques au pouvoir à Mogadiscio.

Ceci fournira encore plus d’arguments aux actions terroristes d’Al-Qaïda. Le conflit frontalier entre l’Érythrée et l’Éthiopie pourrait se rallumer non seulement en Somalie, mais dans toute la région. Il pourrait y avoir davantage de rébellions en Éthiopie même, ce qui risquerait d’entraîner la désintégration. L’EU doit prendre position à cet égard; je voudrais exhorter le Conseil et la Commission à déconseiller ce genre d’interférence et à assurer que le Groupe de contact sur la Somalie reçoive tout le soutien dont il a besoin pour œuvrer en faveur d’une solution politique qui n’échoue pas comme l’ont fait les 14 tentatives précédentes.

 
  
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  Cristiana Muscardini (UEN), auteur. - (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, l’Europe n’a pas soutenu avec suffisamment de conviction les efforts fournis pour le rétablissement de la paix et de la démocratie au sein des institutions établies par la conférence pour la réconciliation nationale de septembre 2004 à Nairobi. C’est lors de cette conférence que la charte fédérale de transition a été adoptée.

La mise en place du parlement fédéral, l’élection du président du parlement et de ses vice-présidents, la nomination par le parlement d’Abdullah Yusuf Ahmed au poste de président de la République le 10 octobre 2004 ainsi que la nomination du Premier ministre du gouvernement fédéral ont constitué des avancées importantes. Cependant, l’aide et le soutien fournis par l’Union ont manqué d’enthousiasme et l’absence de mesures rapides destinées à aider la population a permis la réapparition d’un intégrisme radical devenant d’autant plus dangereux qu’il est allié au terrorisme.

Depuis 1991, la guerre civile ensanglante Mogadiscio et les régions avoisinantes, causant des effets dévastateurs pour la population. Il y a quelques années, le terrorisme régional et international, avec ses camps d’entraînement en Somalie, a orchestré les attentats de Nairobi, Dar es-Salaam et Mombasa et, au cours des derniers jours, l’Union des tribunaux islamiques a exécuté au moins 350 civils.

Au sein du Parlement, nous soulignons depuis de nombreuses années la nécessité pour l’Europe de porter davantage d’attention aux problèmes de la Somalie et à son ambition de devenir un État démocratique. Ces derniers jours, la grande majorité du parlement fédéral a approuvé l’intervention en Somalie des forces internationales de maintien de la paix dans le cadre du Plan national de sécurité et de stabilisation. Il s’agit là d’un effort de réponse aux tribunaux islamiques.

Nous devons être conscients du danger posé par le plan de déstabilisation politique mis en œuvre dans toute l’Afrique par le vaste réseau d’extrémisme international ainsi que du danger posé par le message d’Oussama Ben Laden déclarant son soutien au Conseil suprême des tribunaux islamiques somaliens et son opposition au président légitime de la République. L’Union et la communauté internationale doivent soutenir et protéger le rôle que le président Abdullah Yusuf Ahmed joue dons son pays à travers un dialogue constant entre les institutions et la société civile, l’objectif étant d’établir le fédéralisme en Somalie tout en respectant les identités et les droits des minorités.

Nous demandons au Conseil de sécurité de lever partiellement l’embargo sur les armes en Somalie afin que les forces nationales de sécurité puissent être renforcées en toute légitimité. Nous demandons également que la communauté internationale renforce l’initiative de lutte contre le terrorisme créée en 2003 par les présidents d’Afrique de l’Est. Nous devons rendre efficaces les mesures destinées à lutter contre le dangereux effet domino du terrorisme dans toute la Corne de l’Afrique.

L’Union doit nommer un envoyé spécial pour la Corne de l’Afrique et établir de façon formelle une représentation diplomatique somalienne à Bruxelles. Il est urgent d’accélérer notre soutien au président, au parlement, au gouvernement, au système judiciaire et aux forces de sécurité ainsi que de protéger la santé et la vie des Somaliens.

 
  
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  Józef Pinior, au nom du groupe PSE. - (PL) Monsieur le Président, l’autorité de l’Union des tribunaux islamiques est établie dans le sud de la Somalie. Depuis le début du mois de juillet 2006, des forces radicales ont une influence croissante dans le territoire contrôlé par l’Union. Le nouveau dirigeant du Conseil suprême des tribunaux islamiques s’appelle Cheikh Hassan Dahir Aweys, un islamiste radical de soixante ans. Cheikh Aweys est soupçonné d’être lié à Al-Qaïda et, après le 11 septembre 2001, a été ajouté par les États-Unis à la liste noire des terroristes internationaux.

Cheikh Aweys ne reconnaît pas le gouvernement somalien soutenu par les Nations unies, gouvernement avec lequel Cheikh Sharif Ahmed, le premier dirigeant du Conseil suprême des tribunaux islamiques et un homme considéré comme plutôt modéré, avait signé un traité de paix après avoir pris le pouvoir à Mogadiscio. Les factions islamiques ont annoncé leur intention de prendre le pouvoir dans l’ensemble de la Somalie et il existe un réel danger que l’Union des tribunaux islamiques attaque le nord du pays, qui, jusqu’à présent, était considéré comme une région relativement paisible. Cette dernière est composée de provinces divisées en deux régions autonomes, le Somaliland et le Puntland, qui bénéficient de ports stratégiques le long de leurs côtes. De telles actions transformeraient la Somalie en un nouvel Afghanistan, dirigé par les Talibans.

La situation des droits de l’homme dans le territoire contrôlé par l’Union des tribunaux islamiques s’est détériorée de manière spectaculaire. La semaine dernière, Martin Adler, un journaliste suédois indépendant, a été assassiné lors d’un rassemblement organisé par les partisans de Cheikh Aweys. L’un des premiers décrets promulgués par les radicaux islamistes à Mogadiscio a consisté à ordonner la fermeture des cinémas et des salles censés diffuser la Coupe du monde. Selon les agences de presse, la police militaire islamique a tué deux personnes et en a blessé quatre autres durant le match Allemagne-Italie. Le propriétaire du cinéma ainsi qu’une jeune femme ont été tués lorsque le cinéma où le match était diffusé a essuyé le feu des policiers.

 
  
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  Luca Romagnoli (NI). - (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, si nous voulons éviter la radicalisation du conflit en Somalie, il serait utile d’octroyer aux Tribunaux islamiques un rôle au sein des institutions fédérales de transition du pays. Il est indispensable de renforcer les institutions somaliennes en reconnaissant que les Tribunaux ont, du moins jusqu’à présent, soutenu le système de répression de ceux que l’on nomme les seigneurs de la guerre, qui étaient tolérés et par la suite appuyés par les gouvernements américains.

L’Union européenne doit à nouveau jouer un rôle de premier plan en Afrique, tout comme l’Italie, en raison de son histoire, devrait le faire en Somalie et dans toute la Corne de l’Afrique. Nous devons par exemple lever l’interdiction d’entrée des immigrés somaliens en Italie, comme le voulait M. Dini. Cette interdiction n’a fait qu’affaiblir les bonnes relations entre l’Italie et la Somalie et provoquer la dispersion des Somaliens dans tous les pays d’Europe excepté l’Italie, où les liens et les responsabilités historiques auraient dû les encourager à se rendre. Alors qu’elle ignore les Somaliens, l’Italie accueille des immigrés en provenance de nombreux pays avec lesquels elle ne partage aucune affinité culturelle ou responsabilité historique remontant au temps des colonies.

Il serait beaucoup plus logique que chaque pays européen réponde aux besoins de chacune de ses anciennes colonies. Chaque pays se verrait évidemment confié un mandat de protectorat international sur ces pays.

 
  
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  Marek Aleksander Czarnecki (NI). - (PL) Monsieur le Président, je voudrais exprimer ma vive inquiétude quant à la persistance de la guerre civile en Somalie.

La Somalie n’a plus de gouvernement national stable depuis quinze ans. La situation menace grandement le processus de paix et de réconciliation dans ce pays. Elle menace également la sécurité et la stabilité dans toute la région de la péninsule somalienne. Nous devons condamner sans détour les récents combats à Mogadiscio et les événements à Jowhar et dans d’autres régions du pays, qui ont coûté la vie à de nombreux Somaliens. Parallèlement, nous devons lancer un appel pour qu’aucune action prise ne puisse engendrer une escalade des tensions. Nous devons appeler à la poursuite du dialogue et demander que le parlement et le gouvernement fédéral intérimaires, les autorités centrales qui gouvernent la Somalie sur la base d’une loi fédérale temporaire, soient impliqués dans les efforts de coopération.

Nous ne devons pas non plus oublier de fournir au peuple somalien une aide humanitaire pour venir en aide aux personnes déplacées et aux communautés dans le besoin. Nous devons dès lors soutenir toute action menée dans le but de faire respecter le droit humanitaire international et de garantir aux organisations d’aide humanitaire l’accès aux communautés dans le besoin. Il est aussi de notre devoir de veiller à garantir la sécurité du personnel travaillant pour les organisations humanitaires.

 
  
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  Peter Mandelson, membre de la Commission. - (EN) Monsieur le Président, ce Parlement et la Commission font certainement œuvre commune dans la recherche d’une existence pacifique et démocratique pour les populations de Somalie. Ceci ressort clairement du débat de cet après-midi, suite à l’introduction originale de ce sujet par M. Smith. J’espère que je serai en mesure de répondre aux paragraphes 6 et 8 en particulier, lesquels concernent la gouvernance et la mise sur pied des institutions somaliennes ainsi que la protection de l’aide humanitaire et du personnel des organismes humanitaires, comme il m’a demandé de le faire.

Cette discussion sur la Somalie arrive à point nommé, car la situation du pays et de la région dans son ensemble demeure très fragile. La Commission est très préoccupée par le risque que la Somalie retourne à la guerre et au chaos.

Depuis la mise sur pied des institutions de transition en 2004, la Commission a chapeauté les efforts de la communauté internationale pour soutenir les institutions de transition fédérales somaliennes. Mon collègue, M. Michel, suit la situation de très près et entretient des contacts réguliers avec le président Yusuf et le Premier ministre Ghedi de Somalie, ainsi qu’avec des dirigeants de la région.

Je voudrais focaliser mon intervention sur trois aspects principaux: primo, le degré d’avancement du dialogue entre les institutions de transition fédérales et le conseil des tribunaux islamiques; secundo, la dimension régionale de la crise somalienne; et, tertio, l’ampleur du soutien que la Commission apporte au processus de paix, en ce qu’il est le moyen le plus valable de promouvoir le respect des principes démocratiques, des droits de l’homme et de la loi.

En ce qui concerne le premier point - le degré d’avancement du dialogue entre les institutions de transition fédérales et le conseil des tribunaux islamiques -, le gouvernement de transition fédéral et les représentants de l’Union des tribunaux islamiques se sont rencontrés à Khartoum le 22 juin; ils sont parvenus à un accord de principe sur l’ouverture d’un dialogue, la reconnaissance mutuelle et une seconde rencontre avec des discussions de fond qui se tiendra le 15 juillet, à Khartoum également. Cet accord a été salué par le haut-représentant Solana et par la Commission. La Commission estime que c’est l’occasion de faire progresser un dialogue politique inter-somalien et qu’il est capital d’y impliquer les tribunaux islamiques, afin de parvenir à une solution politique dans le cadre des institutions de transition fédérales.

S’opposer aux tribunaux islamiques n’est pas la solution: cela contribuerait non seulement à radicaliser les positions de toutes les parties impliquées, mais fournirait aux extrémistes une raison supplémentaire de vouloir concrétiser leur intention de créer un État islamique, d’introduire la Shari’a et d’offrir un refuge sûr pour toutes les cellules d’Al-Qaïda.

Secundo, la dimension régionale de la crise somalienne est cruciale. Il est essentiel que tous les partenaires régionaux fassent preuve d’une volonté commune et s’engagent de manière constructive dans le processus de paix somalien. Les interventions déstabilisantes d’autres pays de la région dans les affaires de la Somalie doivent être rejetées et condamnées.

Nous nous engageons à travailler en étroite collaboration et à soutenir les initiatives de l’AIGD, de l’Union africaine et de la Ligue arabe en vue de trouver une solution politique à la crise, comme M. Coveney nous a demandé de le faire. La Commission a l’intention d’ancrer la Somalie dans une stratégie régionale plus large visant à assurer la paix, la sécurité et le développement de la Corne de l’Afrique. Les grandes lignes de cette stratégie ont été présentées par le commissaire Michel aux chefs d’État de l’AIGD en février dernier.

Enfin, la Commission est le principal donateur pour la Somalie, avec un programme d’aide globale de 300 millions d’euros, qui est toujours en cours. Nous avons apporté notre soutien à la Conférence somalienne de réconciliation nationale et à la mise sur pied des institutions de transition fédérales; nous nous sommes maintenant engagés à améliorer le fonctionnement de ces institutions.

Le 28 mai 2006, le président Barroso et le commissaire Michel ont signé un protocole d’accord avec le gouvernement de transition fédéral. Je puis confirmer que la Commission a l’intention de fournir immédiatement 22 millions d’euros afin de soutenir la gouvernance à court terme et le développement des capacités figurant dans les priorités que s’est fixé le gouvernement de transition fédéral.

Nous sommes toujours résolus à soutenir le processus de paix. Le bras humanitaire de la Commission, ECHO, fournit également une aide et une assistance directes aux populations civiles affectées par les combats ainsi que par les conséquences de la sécheresse. Chacun est responsable de faciliter la fourniture de cette assistance humanitaire ainsi que d’assurer la bonne garde et la sécurité du personnel des organismes humanitaires qui sont impliqués dans ce travail essentiel.

 
  
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  Le Président. - Le débat est clos.

Le vote aura lieu à l’issue des débats de cet après-midi.

 
  

(1) Cf. procès-verbal.

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