Le Président. - Mesdames et Messieurs, après avoir souhaité la bienvenue aux députés de Bulgarie et de Roumanie, je tiens à prendre quelques minutes pour évaluer le travail que nous avons accompli durant la première moitié de cette législature.
Je crois qu’il existe un large consensus sur l’importance croissante du Parlement européen et le rôle majeur que joue celui-ci. Les missions accomplies par le Parlement européen sont à présent mieux connues et reconnues. Nous avons surmonté le défi de l’élargissement et résolu d’importants problèmes internes.
Tout cela est dû à votre travail à tous, à celui du Secrétaire général et de l’administration du Parlement. Je tiens à tous vous remercier.
Je voudrais également vous rappeler les doutes que nous avions il y a trente mois, s’agissant de notre capacité à fonctionner avec un nombre plus élevés de membres, et avec neuf langues supplémentaires - Or, il y a maintenant douze langues supplémentaires - et avec des cultures parlementaires encore plus diverses.
Je crois que nous pouvons désormais affirmer que nous avons surmonté ces difficultés et que le Parlement élargi fonctionne correctement. Il n’y a pas eu de division entre l’ancienne et la nouvelle Europe.
Les députés des nouveaux États membres se sont parfaitement intégrés au sein des différents groupes politiques transnationaux et travaillent dans le cadre du système et dans une perspective européenne.
Nous avons joué un rôle important dans l’apaisement des tensions entre Est et Ouest, et cela nous a permis de conclure d’importants accords, la directive sur les services en étant en excellent exemple.
Les députés des dix nouveaux États membres ont occupé certains des postes politiques les plus élevés au sein de notre Parlement, et beaucoup d’entre eux ont fait fonction de rapporteurs.
J’espère qu’ils continueront de participer de manière intégrée à l’avenir.
Vous vous souviendrez également qu’au début de mon mandat, je vous avais dit que le statut des députés européens constituerait une priorité. Certains, parmi les plus expérimentés d’entre vous, étaient plutôt sceptiques, mais nous disposons à présent d’un statut qui, lorsqu’il sera appliqué, garantira l’égalité de traitement entre tous les députés et la transparence de leurs dépenses. Il s’agissait là d’une question épineuse, qui avait sérieusement terni l’image du Parlement européen. Je crois que nous sommes tous heureux qu’elle ait été résolue.
Afin de pouvoir fonctionner avec un plus grand nombre de députés, nous avons dû effectuer d’importantes réformes internes. Davantage de programmation, davantage de sélectivité, une plus grande orientation politique donnée aux débats, des prises de position plus rapides en réaction aux événements internationaux ainsi qu’aux décisions et propositions de la Commission, plus d’efficacité pour nos délégations dans les pays tiers, un travail plus dynamique de la part de nos commissions parlementaires.
Tout le monde a contribué d’une manière ou d’une autre à trouver et à appliquer des solutions originales et efficaces. Un grand merci à tous, en particulier aux présidents des groupes politiques, aux vice-présidents et aux directeurs qui ont travaillé avec moi au sein du Bureau, ainsi qu’aux présidents de commission. Par ailleurs, si vous me le permettez, j’aimerais exprimer des remerciements tout à fait particuliers au secrétaire général, M. Priestley, qui va prochainement nous quitter.
(Applaudissements nourris)
Croyez moi … et considérez ça comme une des connaissances associées au poste que j’occupe, c’est bien lui, Julian, ainsi que ses collaborateurs, qui sont les véritables architectes du miracle quotidien qui permet à cette institution complexe de fonctionner.
Pour la faire fonctionner, nous avons également dû mettre en place une politique immobilière d’envergure, qui a toujours suscité des controverses. Nous avons lourdement investi dans des travaux de construction à Bruxelles et à Luxembourg, que mon successeur aura le plaisir d’inaugurer dans un futur proche.
Nous avons fait l’acquisition de bâtiments dans les trois villes qui hébergent nos différents sièges de travail, ainsi que dans les vingt-sept pays dans lesquels nous disposons de bureaux d’information. Nous sommes une grande puissance immobilière dans toute l’Europe, et je peux vous dire que cette politique va nous permettre d’économiser 100 millions d’euros par an par rapport à ce que représenterait une politique de location. Cela nous permettra aussi de respecter le statut des députés sans devoir demander de ressources supplémentaires au contribuable européen.
Je tiens à remercier M. Onesta, vice-président, et l’équipe du secrétaire général pour le travail qu’ils ont accompli dans ce domaine.
(Applaudissements nourris)
Vous vous souviendrez également que depuis juillet 2004, nous sommes confrontés à la question de notre relation avec les autres institutions.
Aujourd’hui, tout le monde reconnaît que c’est durant la période pleine de turbulences de l’investiture de la Commission que le Parlement européen a atteint sa maturité politique.
Pourquoi? Tout simplement parce qu’il a exercé ses pouvoirs et ses responsabilités, en rejetant les propositions qu’il estimait inacceptables.
Le Parlement européen a donc démontré que les auditions des commissaires n’étaient pas de simples formalités, que le Parlement n’est pas un tigre de papier et qu’il est capable d’utiliser ses pouvoirs de manière à la fois exigeante et responsable, sans pour autant provoquer de crise.
Je crois vraiment que le Parlement, la Commission et le projet européen sont sortis de cet exercice de démocratie parlementaire renforcés, et nous pouvons aujourd’hui considérer cela comme tout à fait normal.
Depuis lors, nos relations avec la Commission ont été courtoises, franches et coopératives. Je voudrais dire à son vice-président, qui est avec nous aujourd’hui, que nous lui sommes reconnaissants de cette bonne relation.
Le Parlement et la Commission ont l’obligation de coopérer, nos deux institutions représentant l’intérêt général européen. Il est de notre devoir de coopérer, car nous représentons tous les deux d’une manière ou d’une autre cet intérêt général européen. Toutefois, nous sommes aussi l’organe qui contrôle la Commission, ce qui nous conduit parfois à nous affronter.
À certaines occasions, la Commission ne nous a pas écoutés, et nous avons par conséquent rejeté certaines de ses propositions (s’agissant des services portuaires ou du transport ferroviaire). Nous devons donc être déterminés à collaborer plus étroitement sur le programme de travail annuel de la Commission en matière législative.
Nos relations avec le Conseil se sont, elles aussi, améliorées. Même si elles ont quelquefois été difficiles.
En ce qui concerne la perspective financière, je dois une fois de plus déplorer que les États membres ne se soient pas rapprochés de la position ambitieuse et réaliste élaborée par le Parlement européen au moyen de la commission ad hoc que j’ai eu l’honneur de présider. Pour la première fois, le Parlement européen a déterminé sa position avant de connaître la position du Conseil.
Le Parlement et le Conseil sont co-législateurs. Je crois que nous avons tout lieu d’être satisfaits de notre part de travail dans cette mission de co-législation. Nous sommes souvent parvenus à un accord, sauf dans certains cas importants, tels que la directive sur la brevetabilité des logiciels, dans lesquels nous avons rejeté la position commune du Conseil.
Tout le monde en Europe reconnaît aussi toutefois que ce Parlement a joué un rôle clef, au moins en ce qui concerne trois des principales questions de cette moitié de législature.
En ce qui concerne la directive sur les services, tout le monde reconnaît que la Parlement a tiré l’Union européenne de cette situation difficile, créée à la suite d’une proposition initiale qui a été profondément modifiée. Le Parlement a exercé de facto une capacité d’initiative législative que, d’un point de vue formel, il ne possède pas. Mais cela n’a pas été un simple amendement, cela a été un changement radical et profond apporté à la proposition initiale.
En ce qui concerne REACH, nous avons facilité le compromis final.
S’agissant de la lutte contre le terrorisme, nous sommes parvenus à un accord sur la rétention des données qu’il aurait été difficile d’obtenir sans notre participation déterminante, de concert avec la présidence britannique.
Nous avons à présent traité ces grandes questions législatives, et je me dois d’alerter le Parlement sur le risque d’une certaine «disette législative», sur le fait que nous courons le risque de ne pas avoir de propositions sur lesquelles légiférer.
Nous devons, très certainement, mieux légiférer, et cela est tout aussi valable pour ceux qui proposent la législation que pour ceux qui y apportent des amendements et l’approuvent, mais nous ne devons pas confondre «better regulation» et «less regulation» (en anglais dans le texte)..
(Applaudissements)
Une amélioration de la réglementation ne doit pas non plus se faire au détriment des droits - particulièrement des droits sociaux et environnementaux - consolidés dans l’acquis communautaire.
Par ailleurs, en cet instant d’adieux, je me dois d’exprimer devant vous ma crainte que nous n’assistions à une dérive de l’Union vers un fonctionnement de type intergouvernemental, qui entraînerait un déclin du rôle joué par le Parlement européen. Nous devrons être sur nos gardes afin d’empêcher que cela ne se produise.
Le Parlement n’est pas seulement co-législateur. Nous ne nous contentons pas d’adopter des lois. Nous prenons également des initiatives, lorsque les circonstances l’exigent. Nous le faisons en créant des commissions temporaires ou des commissions d’enquête.
Nous avons créé deux commissions très importantes. Une sur les activités de la CIA, qui a servi à souligner l’importance de préserver les valeurs démocratiques sur lesquelles notre Union est fondée, et qui doivent servir d’exemple. Nous ne pouvons pas exiger des autres qu’ils se comportent différemment de ce que nous faisons nous-mêmes chez nous.
En ce qui concerne la commission sur Equitable Life, il est clair que nous avons contribué à établir qui était responsable d’une catastrophe financière qui a porté gravement préjudice à des milliers de citoyens européens.
Mesdames et Messieurs, nous nous sommes également occupés de manière intensive de l’immigration illégale, qui est un problème qui affecte l’équilibre socio-économique de l’Europe, au cœur des valeurs que nous défendons, et qui provoque des drames qui nous concernent tous.
Nous avons envoyé des missions à Ceuta, Melilla, Lampedusa, aux îles Canaries, à Paris et à Malte, qui ont permis d’améliorer la manière dont les immigrés clandestins et les demandeurs d’asile sont traités, et ont rappelé aux gouvernements leurs responsabilités dans ce domaine. Cela a été une tâche très importante sur le terrain, qui s’est accompagnée d’une participation très active à la réflexion sur l’avenir de l’Europe.
Vous vous souviendrez certainement que le Parlement a approuvé le Traité constitutionnel à la majorité, qu’en tant que président, j’ai défendu cette position lors des débats menés dans différents pays préalablement aux référendums - et pas seulement dans le mien - et qu’à la suite des votes négatifs français et néerlandais, alors que beaucoup d’autres gardaient le silence, nous avons pris d’importantes initiatives, en coopération avec la Commission, dans le cadre du processus de réflexion que la présidence allemande considère maintenant comme achevé.
La Conférence des présidents s’est particulièrement engagée dans cette tâche, en visitant chacun des pays de la présidence et en organisant des débats avec la société civile dans chaque pays.
Ce n’est pas le moment d’analyser la gravité de la crise à laquelle l’Union se trouve confrontée à la suite du rejet du Traité constitutionnel. Nous sommes tous conscients de la gravité de cette crise. Mais dans mon allocution finale en tant que président, je vais exiger que le Parlement soit étroitement associé à la recherche d’une solution, et je suis ravi que la présidence allemande ait fait savoir qu’elle demanderait au Parlement européen de nommer un représentant pour cette mission, et qu’elle formulerait la même demande auprès de la Commission et des États membres.
Nous avons lancé toute une série d’initiatives sur notre capacité d’absorption, que nous avons rebaptisée «capacité d’intégration», et sur le coût de l’absence de Constitution, appelant la Commission à élaborer un rapport à ce sujet. Nous avons agi ainsi parce que la grande majorité des députés de ce Parlement - mais pas tous, comme nous avons pu le constater au moment d’écouter l’hymne - croient à la nécessité d’une Europe politique qui puisse jouer un rôle au niveau international, en tant qu’acteur mondial, et je puis vous dire qu’il y a dans le monde un très fort désir d’Europe, que l’Europe est appréciée et désirée dans le monde entier, peut-être davantage qu’en Europe même.
Pour faire face à cette exigence pour l’Europe, nous avons élaboré ce que l’on nomme à présent la diplomatie parlementaire.
J’ai personnellement visité différents États non membres afin d’expliquer ce qu’est l’Europe, d’écouter les problèmes que ces pays ont avec le vaste monde, et avec nous en particulier, et parfois aussi dans le but de négocier. Je me suis rendu en Inde, en Chine, dans de nombreux pays d’Amérique Latine, en Afrique, dans tous les pays candidats, et dans presque tous les pays méditerranéens.
Mais je n’ai pas travaillé seul. Nos activités d’observation électorale sont très importantes dans le monde aujourd’hui.
Savez-vous que nous avons envoyé trente-trois délégations dans vingt-six pays et que deux cent quarante-deux députés y ont pris part? Êtes-vous conscients du rôle que nous avons joué en Ukraine, en Palestine, en Afghanistan, au Congo et au Venezuela, pour ne mentionner que les endroits les plus significatifs?
Oui, nous pouvons être satisfaits de notre rôle dans le monde. Satisfaits d’aller dans le monde entier, et de recevoir ici le monde entier.
Les chefs d’État des États membres de l’Union viennent ici mais, à l’invitation du président du Parlement, quinze chefs d’État d’autres pays se sont également exprimés ici même, à des moments importants à la fois pour eux et pour nous.
Leurs noms le montrent parfois très clairement: Victor Iouchtchenko, Hamid Karzaï, Mahmoud Abbas, Fouad Siniora, Evo Morales, Ellen Johnson Sirleaf, pour n’en citer que quelques uns.
À cet égard aussi, nous avons gagné en importance politique, et c’est pour nous une autre raison d’être fiers de notre travail au sein de cette institution.
Nous pouvons également être satisfaits du rôle joué par le prix Sakharov, qui fait tant pour encourager les gens à se battre pour la liberté, comme Alexander Milinkievitch nous l’a dit au mois de décembre ou comme Leyla Zana me l’a rappelé, lorsqu’elle m’a dit à Istanbul combien il avait été important, pour elle et pour sa cause, de pouvoir venir à Strasbourg et de voir sa photo sur les écrans de télévision du monde entier, et à quel point nous l’avions aidée dans son combat. Je déplore donc que n’ayons pu recevoir les Femmes en blanc, ou Aung San Suu Kyi, qui a remporté le prix Sakharov en 1990 et qui se trouve encore, dix-sept ans plus tard, en résidence surveillée dans son pays.
(Applaudissements)
Mesdames et Messieurs,
Au cours des trente derniers mois, la défense des valeurs démocratiques et des droits de l’homme a été consolidée en tant que l’une de nos principales caractéristiques.
Ce Parlement est renommé pour avoir défendu les droits de l’homme, une question centrale dans nos relations avec les autres pays. Nos délégations travaillent intensivement dans ce domaine, et ce trait a toujours caractérisé tous mes voyages officiels.
J’ai traité cette question - avec, parfois, des résultats concrets - en Colombie, en Chine, en Tunisie, en Égypte, en Algérie, en Turquie. Et à Lahti, en Finlande, j’ai pu m’adresser ouvertement au président Poutine, en lui disant que l’Europe n’échangerait pas les droits de l’homme contre de l’énergie.
Nous avons également travaillé à promouvoir la coopération entre les grands groupes régionaux.
Au sein de l’APEM, nous avons apporté une importante contribution au processus de Barcelone. Malheureusement, toutefois, cela a coïncidé avec l’augmentation des tensions entre le monde occidental et le monde musulman. L’APEM est le seul endroit où il soit encore possible d’adopter des positions communes en réaction à des situations de conflit, comme cela s’est produit dans le cas de la crise des caricatures de Mahomet et la guerre au Liban.
Mesdames et Messieurs, nous devons maintenir l’APEM vivante et active, car le principal problème géopolitique de l’Europe réside dans ses relations avec le monde musulman, parce que la Méditerranée est la frontière la plus inégalitaire au monde, et parce que tous les problèmes de notre époque s’y trouvent concentrés.
Le travail de l’Assemblée paritaire ACP-UE a été capital, s’agissant d’empêcher l’Afrique de devenir le continent oublié de la mondialisation.
Nous avons également été déterminés, s’agissant de mettre en place l’Assemblée parlementaire euro-latino-américaine, et après les travaux intensifs de l’été dernier, celle-ci a été créée. J’espère que le Parlement attachera à ce nouvel instrument destiné aux relations entre l’Europe et l’Amérique Latine toute l’importance qui lui revient.
Nous avons surmonté la méfiance et l’antagonisme avec les parlements nationaux. Nous avons organisé des conférences interparlementaires systématiques, car nous devons travailler de concert, avec des députés et des sénateurs des parlements de chaque pays, et j’espère que l’habitude d’organiser des conférences sous chaque présidence, qui nous permet de travailler ensemble, se poursuivra.
Mesdames et Messieurs,
Au moment de quitter ce poste élevé, j’observe, tout comme vous, que l’Union européenne est à la recherche d’une réponse à la fois économique et sociale à la mondialisation, qui est le grand thème de notre époque. Beaucoup d’Européens, beaucoup des citoyens que nous représentons ici, considèrent maintenant la mondialisation davantage comme un risque que comme une chance. On peut le regretter ou non, il n’en reste pas moins vrai que tel est bien le cas.
Selon Eurostat, 56% d’entre eux étaient favorables à la mondialisation en 2003. Selon la toute dernière étude Eurostat, ce chiffre se situe actuellement à 37% seulement. Une chute de vingt points en trois ans représente sans nul doute un phénomène inquiétant.
Il existe de grandes différences entre pays. Tous les pays européens ne voient pas les choses de la même façon. Je suis pourtant sûr que si chacun d’entre eux devait faire face seul au monde globalisé, ils se sentiraient tous bien seuls et submergés par l’immensité des défis auxquels nous pourrons répondre beaucoup plus efficacement ensemble. Unis, nous pouvons obtenir davantage, il nous faut donc renforcer notre Union dans la quête d’une politique énergétique commune, notamment après le coup de semonce que nous avons vécu s’agissant du gaz en provenance de l’Est.
Nous n’avons jamais eu, jusqu’à présent, de politique énergétique en Europe. Nous n’avons fait qu’appliquer notre politique de la concurrence au secteur de l’énergie, comme s’il s’agissait d’un secteur comme un autre. Or, cela n’est pas suffisant, car les marchés, le marché, y compris le marché le plus efficace, ne crée pas de puissance, pas plus qu’il ne crée de sécurité ou de capacité à négocier avec des pays tiers.
Je suis totalement persuadé que dans le monde de demain, deux choses seront inextricablement liées: l’énergie et l’environnement, et ce partenariat indissociable donnera à l’Europe une nouvelle raison d’être.
Elle peut aussi trouver une nouvelle raison d’être dans le domaine des problèmes posés par l’immigration, qui constitue un contrepoids essentiel à notre faiblesse démographique. À court terme, la pénurie démographique de l’Europe ne pourra être couverte que par un plus grand nombre d’immigrants. Mais alors même que nous sommes à la recherche d’une politique d’immigration, des désespérés venant du monde sous-développé risquent leur vie pour essayer d’atteindre nos rivages. Nous avons tort d’imaginer que nous pourrions, après avoir supprimé les frontières intérieures qui nous divisaient, après avoir décidé de ne plus avoir de frontières entre nous, continuer de suivre, chacun dans notre coin, notre propre politique d’immigration, chacun contrôlant ses propres frontières extérieures.
Nous devons dire aux Européens que nous avons besoin d’immigrés, mais nous devons nous montrer capables d’intégrer ceux-ci. Aucune politique de contrôle de l’immigration ne peut être couronnée de succès sans le développement dans les pays d’origine. Quiconque entreprend un voyage autour du bassin du fleuve Niger comprendra parfaitement cela.
L’Union européenne recherche également ses propres ressources, des ressources qui soient vraiment les siennes propres. Nous y avons d’ailleurs consacré un débat lors des deux dernières conférences interparlementaires. Nous avons besoin d’un système qui nous permette de conclure des accords budgétaires qui ne soient pas dominés par des considérations à court terme portant sur la balance nette de chaque pays en termes purement comptables. Cette manière de discuter de perspective financière ne donnera jamais à l’Union un budget ambitieux.
Pour nous autres, parlementaires, c’est une question extrêmement importante. Souvenez-vous que dans les premiers temps du parlementarisme, on disait «pas d’impôts sans représentation». Eh bien, s’agissant de la construction de l’Europe politique que nous menons aujourd’hui, nous pouvons peut-être dire, à l’inverse: «pas de vraie représentation sans impôts».
(Applaudissements)
Mesdames et Messieurs,
Les citoyens européens attendant de leur Union qu’elle contribue à résoudre un grand nombre des problèmes qui affectent leur vie. Ils croient souvent que l’Europe n’est pas suffisamment présente lorsque de grandes questions, qu’aucun pays n’est en mesure de résoudre à lui tout seul, sont en jeu, et qu’elle est au contraire trop présente lorsqu’il s’agit de questions sans grande importance.
Comme la Commission nous le rappelle souvent, l’Union européenne a besoin d’accroître sa légitimité en produisant des résultats, et ce par le biais de politiques judicieuses. Cependant, notre problème est que les bonnes politiques ne se trouvent pas sous les sabots d’un cheval. Elles découlent de l’action d’institutions fortes, efficaces et démocratiques.
Ce Parlement, qui est le symbole de la démocratie représentative européenne, et l’embryon de la démocratie supranationale que nous construisons, doit donc continuer d’améliorer sa manière de fonctionner, afin d’aider à la relance de l’intégration européenne.
Ayant exprimé ce vœu, je souhaite conclure par un dialogue imaginaire entre Jean Monnet et le poète espagnol Antonio Machado, un de nos très grands poètes, qui est mort en exil et a écrit un poème que tout Espagnol connaît par cœur:
« Tout passe et tout demeure».
« Mais le sort des hommes est de passer».
Oui, aurait pu répondre Monnet, les hommes passent, mais les institutions demeurent. Personne n’est en mesure de transmettre intégralement son expérience aux autres, et rien ne peut donc être accompli sans les institutions.
Oui, Mesdames et Messieurs, tout passe. Mais l’important n’est pas que chacun de nous passe, mais bien plutôt que nous ayons des institutions qui, elles, durent et qui peuvent témoigner de l’histoire que nous écrivons en commun.
Oui, Mesdames et Messieurs, tout demeure. Les émotions et les sentiments demeurent, personnellement et politiquement, et le capital humain est le plus important dont nous disposions.
Il reste aussi des moments calmes, dont personne n’a connaissance, et il reste des moments officiels, comme les réunions du Conseil européen, auxquelles j’ai eu l’honneur d’assister en votre nom. En votre nom, je me suis adressé aux chefs d’État et de gouvernement, et je puis vous dire que j’ai été entendu toujours plus attentivement et que nous avons été invités à participer de plus en plus intensivement à leur travail. C’est une satisfaction que je souhaitais partager avec vous.
Être le président du Parlement européen a été pour moi un grand honneur.
Je tiens à vous remercier de la confiance que vous m’avez accordée et je souhaite à mon successeur d’avoir le plus de succès possible.
Merci beaucoup.
(L’Assemblée, debout, applaudit l’orateur)
Joseph Daul, au nom du groupe PPE-DE. - Monsieur le Président, chers collègues, au nom du groupe du Parti populaire européen et des démocrates européens, permettez-moi de saluer, de façon très chaleureuse, la Roumanie et la Bulgarie en tant que nouveaux membres de la famille européenne et de souhaiter également la bienvenue aux nouveaux collègues de ces deux pays: ils sont désormais chez eux. Depuis septembre 2005 déjà, nous travaillons avec les observateurs bulgares et roumains. Je suis sûr que nous poursuivrons dans les années à venir notre excellente coopération.
Ces nouvelles adhésions constituent pour notre groupe un événement de très grande importance. Maintenant, l’Europe des vingt-sept doit faire face aux grands défis de l’avenir. Je souhaite qu’elle le fasse de façon aussi soudée que possible, mais surtout de la façon la plus responsable.
Une chose est sûre: les traités actuels ne suffisent plus pour affronter les nouveaux enjeux. Nous avons besoin, et le plus tôt sera le mieux, de nouvelles règles de jeu institutionnelles. Sans cela, l’Europe ne sera pas à même de trancher sur les grands problèmes de notre continent.
Monsieur le Président, depuis votre élection, il y a deux ans et demi, le Parlement européen a fait beaucoup de progrès. Les pouvoirs accrus dont il bénéficie, la façon dont il exerce ses responsabilités ainsi que sa maturité politique sont visibles pour tous les observateurs.
Je n’en prendrai pour exemples que la directive sur les services et le règlement REACH sur les produits chimiques, deux dossiers importants dans lesquels le Parlement a joué un rôle prédominant. Autre évolution positive: les relations avec la Commission européenne ont été mieux définies avec le nouvel accord-cadre. Je ne doute pas, Madame la Vice-Présidente Wallström, que la Commission tiendra tous ses engagements à cet égard, tout comme le Parlement européen.
L’Europe n’avancera que si les institutions européennes, et notamment la Commission et le Parlement, travaillent dans le respect mutuel et en très bonne intelligence.
Monsieur le Président, vous avez beaucoup œuvré pour renforcer le dialogue entre parlementaires européens et nationaux. C’est ainsi que nous pourrons convaincre nos concitoyens de la pertinence de l’action conjuguée des États membres de l’Union pour répondre à leurs préoccupations quotidiennes. Nous devons accélérer et davantage structurer encore ce partenariat. Le groupe du Parti populaire européen et des démocrates européens va prendre des initiatives fortes dans ce sens.
Pendant votre mandat, Monsieur le Président, vous avez démontré que ce Parlement pouvait fonctionner de façon efficace avec des représentants des vingt-cinq pays membres, voire des vingt-sept, en ajoutant les observateurs bulgares et roumains. Et afin qu’à l’avenir, cela fonctionne mieux encore, vous avez eu la sagesse de prévoir la mise en œuvre d’une réforme parlementaire: cela va aussi dans le même sens le jour où nous l’aurons adoptée.
Enfin, vous avez réussi, avec la Présidence luxembourgeoise, à faire adopter un statut des députés. Je vous en félicite. Nous le savons tous, c’est une tâche particulièrement ardue que vous avez eu à accomplir.
Monsieur le Président, cher Monsieur Josep Borrell, vous avez été notre président à tous. Le groupe PPE vous a accordé sa confiance et nous ne le regrettons pas. Vous avez toujours été ouvert aux demandes des membres de notre Assemblée. Vous avez veillé à ce que la voix du Parlement soit entendue haut et fort, lors des réunions du Conseil européen notamment. Au nom du groupe du Parti populaire européen, je tiens à vous en remercier très cordialement. Je vous souhaite bonne chance en empruntant ces mots à Federico García Lorca, excusez mon espagnol: «Caminante, no hay camino. Se hace camino al andar.»
(Applaudissements)
Martin Schulz, au nom du groupe PSE. - (DE) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, permettez-moi de me joindre aux félicitations adressées à M. Daul, qui, je le pense, est, de toutes les personnes présentes aujourd’hui en session plénière, celle qui a accepté la tâche la plus difficile. Je lui souhaite beaucoup de réussite dans la conduite du groupe pas si simple que cela dont il est maintenant devenu le président. Puissent vos décisions, mon cher Joseph, toujours être les bonnes.
Je souhaite la bienvenue aux députés de Bulgarie et de Roumanie. Nous autres, membres du groupe socialiste du Parlement européen, nous nous sommes battus comme peu d’autres dans cette Assemblée, pour que la date limite du 1er janvier 2007 soit retenue, car en ce qui concerne le rétablissement de l’unité de notre continent dans la liberté, la paix et - bientôt - la prospérité sans division, nous estimions que le plus tôt serait le mieux. Ce jour est un grand jour, car désormais, nos amis bulgares et roumains font officiellement partie de nos rangs, et c’est aussi un succès pour notre groupe.
(Applaudissements)
À mon sens, il y a deux raisons pour lesquelles il est important que je vous dise un mot de remerciement, Monsieur Borrell. Je commencerai toutefois par un mot d’excuse. Je dois vous présenter des excuses pour toutes les invraisemblables réunions de la Conférence des présidents que vous avez dû subir en les présidant, et dont vous avez souffert, me mettant à rude épreuve, ainsi que mon tempérament notoirement égal, et que vous avez tenté de modérer en supervisant les procès-verbaux. Vous n’y êtes pas toujours parvenu, et moi non plus d’ailleurs! C’est pourquoi je requiers à titre personnel votre indulgence pour tout ce que je vous ai fait subir.
Je souhaite toutefois vous dire également, au nom du groupe socialiste, que vous avez été un président exceptionnellement digne de cette Assemblée. Que ce soit en Europe ou hors d’Europe, vous avez représenté l’Europe avec beaucoup de dignité et, ce faisant, vous vous êtes attiré un grand respect. Un membre du Conseil européen m’a dit qu’il n’y a pas un seul chef d’État ou de gouvernement qui, lors des Conseils européens, n’écoute attentivement Josep Borrell lorsque celui-ci prend la parole. Il y a deux raisons à cela: votre dignité personnelle d’une part, et d’autre part le contenu intelligent de vos discours, deux raisons qui expliquent autant l’une que l’autre le fait que vous avez été un excellent représentant de cette institution européenne librement élue.
Nous autres, au groupe socialiste, avions voté pour vous; de nombreux membres de cette Assemblée ont placé leur confiance en vous, aussi nouveau et inconnu que vous ayez été, et je pense pouvoir parler au nom de chacun en disant aujourd’hui que vous avez justifié en tous points cette confiance.
Nous nous réjouissons, au groupe socialiste, que vous rejoigniez maintenant nos rangs, pour redevenir un député européen ordinaire. Quiconque vous connaît sait bien que c’est ce que vous serez, un membre ordinaire et sans prétention de cette Assemblée. Car vous êtes capable, après avoir exercé une fonction élevée, de retourner à l’anonymat du rang. C’est peut-être ce genre de modestie personnelle qui est le trait distinctif et éminent de cette personnalité qu’est Josep Borrell.
Un grand merci, donc, de ma part, au nom de mon groupe, pour tout ce que vous avez fait pour cette Assemblée.
(Applaudissements)
Graham Watson, au nom du groupe ALDE. - (EN) Monsieur le Président, je dois être honnête: vous n’étiez pas mon candidat du groupe en 2004. Nous avions proposé Bronisław Geremek, l’un des pères et des architectes de l’Europe d’aujourd’hui à 27 États membres et un symbole de la réunification de l’Europe. Mais vous avez fait preuve d’équité et de distinction au cours de votre présidence de cette Assemblée: vous avez traité ses membres avec courtoisie et ses affaires avec patience et sérénité. En tant que nouveau venu au sein de ce Parlement, il n’est pas aisé d’avoir à le diriger et vous avez relevé le défi. Compte tenu des paroles de M. Schulz, je me demande s’il craint pour sa propre position si vous deviez retourner sur ses bancs!
(Rires)
Monsieur le Président, j’apprécie particulièrement votre promesse de vous engager auprès de nos citoyens. Vous avez invité un grand nombre d’entre nous à vous rejoindre dans vos travaux en tant qu’Européen actif dans votre pays. Vous avez également fait preuve d’un engagement louable et d’une énergie presque sans limite lors de la promotion de l’Union européenne sur tout le continent et votre mission, en particulier avec les jeunes Européens, a marqué vos travaux.
Toutefois, cette mission ne s’est pas limitée à l’Union européenne: vous avez été un président actif de cette Assemblée au-delà de nos côtes avec la promotion de l’Assemblée parlementaire Euromed, la facilitation de la mise en place d’une Assemblée parlementaire euro-latino-américaine et bien au-delà. Néanmoins, j’ai le sentiment que votre plus grand succès durant votre présidence a été la supervision de l’intégration réussie des observateurs bulgares et roumains au sein de cette Assemblée.
La présence aujourd’hui de nouveaux membres indique l’achèvement du cinquième élargissement de notre Union. La vue de deux nouveaux commissaires aujourd’hui, Leonard Orban et Meglena Kuneva, - en fonction depuis le 1er janvier - réchauffe nos cœurs et la présence de ministres issus de deux nouveaux pays au sein du Conseil renforce notre Union étant donné que cet évènement la prépare à un anniversaire important.
Monsieur le Président, votre prédécesseur, Pat Cox, a consacré beaucoup d’efforts à la modernisation de notre Assemblée. Tandis qu’il reconnaît les réformes dont vous avez fait la promotion, mon groupe aurait préféré voir davantage de réformes du fonctionnement de cette Assemblée. Nous savons que vous avez essayé, mais vous vous êtes heurté, comme Gulliver, à tout instant à la bureaucratie de deux groupes politiques. Leur présence - la présence séculaire acharnée- pèse lourd sur nos travaux. Pourquoi le Parlement européen ne se réunirait-il pas officiellement une fois par semaine pour recevoir un rapport de la Commission? Pourquoi chaque parlementaire ne disposerait-il pas d’un écran sur son pupitre afin d’entrer dans le XXIe siècle? Pourquoi notre démocratie devrait-elle être régie par des règles fixées au XIXe siècle par un mathématicien belge appelé D’Hondt? Ces règles produisent des résultats élaborés sur une calculatrice plutôt que sur un bulletin de vote, davantage influencés par la taille et l’influence des nations que par l’engagement européen et la compétence des candidats. Il s’agit là d’une question que nous devons examiner si nous voulons réaffirmer notre crédibilité démocratique sur ce point, la 50e année de l’anniversaire de la signature du traité de Rome, car si nous n’arrivons pas à suivre notre temps, la désillusion des citoyens s’amplifiera. L’appel des forces odieuses du nationalisme primaire dans l’extrême droite pourrait s’étendre.
Par conséquent, Monsieur le Président, je suis confiant quant au fait que vos successeurs s’engageront avec tous les membres de cette Assemblée dans un débat portant sur l’organisation des affaires du Parlement afin de préserver et de développer les valeurs que vous avez soutenues si courageusement au cours de votre mandat en tant que président.
Pour clôturer, permettez-moi de féliciter M. Daul pour sa première intervention en tant que chef de groupe. Il ne fait aucun doute que nous aurons encore le plaisir de l’écouter dans les années à venir.
(Applaudissements)
Brian Crowley, thar ceann an Ghrúpa UEN. - A Uachtaráin, is mór an onóir dom labhairt i mo theanga dhúchais anseo tráthnóna inniu. Ba mhaith buíochas ó chroí a ghabháil le rialtaisí uilig an Aontais Eorpaigh agus le Feisirí an tí seo as ucht a gcuid tacaíochta chun stádas oifigiúil oibre a bhaint amach don Ghaeilge. Tá cur chun cinn teangacha rí-thábhachtach ó thaobh forbairt iomlán a dhéanamh ar an Aontas Eorpach. Tá ceangal láidir idir éagsúlacht chultúir agus comhoibriú eacnamaíochta san Eoraip agus creidim, a Uachtaráin Borrell, gur éirigh leat an dá aidhm seo a bhaint amach le linn do théarma in oifig an Uachtaráin.
(EN) C’est un grand honneur et un grand privilège pour moi de pouvoir m’exprimer en gaélique - ma langue maternelle - pour la première fois au sein de ce Parlement. Je vous remercie Monsieur le Président, et tout spécialement vos services, mais aussi M. Priestley et son personnel pour leur patience et leur résistance qui ont rendu ceci possible à cette occasion. Alors que nous fêtons cet évènement historique d’un point de vue irlandais, nous commémorons un évènement historique encore plus important avec l’adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie. J’accueille mes nouveaux collègues en tant que députés de cette Assemblée, d’égal à égal, des membres du Parlement européen qui, en 2007, vont participer, voter et donner des impulsions. Je les félicite pour leurs efforts en vue de satisfaire aux critères fixés par les institutions européennes afin de participer à ce merveilleux processus de paix, de prospérité et de stabilité.
Monsieur le Président, lors de la Conférence des présidents, je n’ai laissé planer aucun doute quant à mes remerciements et à ma gratitude pour toutes les fois où vous m’avez aidé moi, l’Irlande ou les Irlandais qui avaient besoin d’un soutien au niveau institutionnel. Bon nombre de mes collègues ont cité différents poètes espagnols. Je citerai simplement un vieux poète irlandais qui a dit: «Il vint en étranger et nous vîmes la peur, pourtant, grâce à son travail, son temps, ses efforts, mais par-dessus tout son honnêteté, il devint notre ami et à présent nous le regrettons, mais le plus important est que nous marchions sur ses traces parce qu’elles nous mènent à la grandeur».
(Applaudissements)
Monica Frassoni, au nom du groupe Verts/ALE. - (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je souhaite, au nom du groupe des Verts/Alliance libre européenne également, souhaiter la bienvenue aux députés de Roumanie et de Bulgarie ainsi qu’à nos nouveaux commissaires. Je tiens aussi à vous remercier, Monsieur le Président, de nous avoir donné l’occasion de réécouter l’hymne européen; c’est vraiment le plus bel hymne du monde, et il est toujours émouvant de l’entendre.
À compter d’aujourd’hui, dans les bonnes périodes comme dans les mauvaises, nos problèmes, nos aspirations et nos objectifs seront aussi un peu les vôtres, et vos inquiétudes, vos faiblesses et vos objectifs seront, eux aussi, un peu les nôtres. Nous espérons qu’au lendemain de cette adhésion, le difficile chemin de la réforme se poursuivra, même si malheureusement, je dois dire que faire partie de l’Union européenne ne constitue pas toujours une garantie suffisante de stabilité et d’élimination de tous les déséquilibres et problèmes, comme le démontrent clairement les exemples de certains anciens et nouveaux pays membres, parmi lesquels je suis au regret de devoir citer mon propre pays.
Monsieur le Président, je tiens à vous remercier également au nom de mon groupe. Vous avez exposé, dans cette Assemblée, un résumé des événements de ces deux dernières années et demie, dont je ne me souvenais pas qu’elles avaient été aussi denses et, par certains côtés, si capitales. Je souhaite donc vous remercier au nom de mon groupe, et ceci, même si vous savez que nous n’avons pas soutenu votre élection, pour des raisons qui, très clairement, n’ont rien à voir avec votre personne, mais je tenais tout particulièrement à vous remercier parce que vous avez toujours agi de votre mieux pour faire de ce Parlement un forum crédible de débat, et pour propager ses valeurs de démocratie et d’harmonie dans le monde entier.
Nous vous avons souvent soutenu précisément au moment où deux groupes majoritaires, qui, contrairement à nous, avaient voté en votre faveur, vous ont quelque peu laissé en plan, par exemple quand vous souhaitiez que des progrès soient accomplis dans le domaine de la Constitution, avec une perspective financière et des réformes internes qui restent tristement inachevées.
Aujourd’hui, vous quittez vos fonctions de président du Parlement européen; Il ne fait aucun doute que vous en assumerez d’autres, ou que vous siégerez à nos côtés ici, en session plénière. Une fois de plus, je souhaite vous remercier de votre gentillesse et de votre amitié et, si je puis dire, de votre amabilité personnelle.
Francis Wurtz, au nom du groupe GUE/NGL. - Monsieur le Président, au début de cette législature, je répondais de la manière suivante à votre première allocution dans laquelle vous précisiez les grandes orientations de votre présidence. «Vos propos», disais-je alors, «nous confortent dans notre conviction que nous pourrons développer des relations de coopération très constructives avec vous». Tel fut effectivement le cas et je vous en remercie pour plusieurs raisons.
D’abord je viens saluer en vous l’authentique progressiste. Malgré les contraintes dues à votre fonction et aux conditions particulières de l’exercice de votre mandat, vous avez su honorer les idéaux qui nous sont communs. Il y a quelques jours encore, dans votre discours à la Humboldt-Universität, vous fustigiez la tendance, je vous cite, «à laisser se développer la concurrence sociale et fiscale entre nos États, qui conduit à ce que l’Europe n’apparaisse pas comme une réponse constructive à la mondialisation mais plutôt comme un cheval de Troie qui sape les liens sociaux». Je partage cette analyse. À lui seul, ce type de convergence pourrait justifier l’excellence nos relations.
Mais il y a une deuxième qualité dont vous avez fait preuve et que je tiens en particulier à souligner. En effet, pour être proches sur bien des aspects, vos positions politiques et celles que défend mon groupe ne se superposent pas pour autant, pour certaines même loin s’en faut, s’agissant par exemple du projet de traité constitutionnel. Et pourtant, nous avons apprécié chez vous, y compris sur ce sujet si délicat, votre aptitude à écouter des points de vue différents. Je ne parle pas de l’écoute polie sur fond d’indifférence, mais de l’écoute attentive sur fond de respect de l’interlocuteur et, partant, de volonté de comprendre ses motivations.
Je vous sais gré à ce propos d’avoir compris l’idée qu’on peut être attaché à la construction européenne tout en s’affirmant profondément opposé à sa fuite en avant, mercantile et financière et à la concurrence généralisée qui l’accompagne: ce que nous appelons l’Europe libérale. Je le répète en effet aujourd’hui, au moment où nous souhaitons la bienvenue à nos collègues de Roumanie et de Bulgarie: si nous voulons sortir tous ensemble par le haut de la crise de confiance, voire de sens, que traverse l’Europe, nous avons besoin d’esprit critique par rapport au modèle actuel. Si nous appelons à des changements profonds, c’est pour que les citoyens et les citoyennes de nos vingt-sept pays reconnaissent l’Union comme la leur. Notre critique est donc constructive, et je vous suis reconnaissant de l’avoir compris.
Enfin, à l’heure du bilan politique d’un Président du Parlement, il y a presque toujours un fait qui émerge, un acte qui se distingue, une marque de fabrique en quelque sorte. Si je devais identifier ce moment clé de votre mandat, je dirais qu’il s’est situé l’été dernier en pleine guerre contre la Palestine et le Liban. Comme tout responsable politique devrait le faire en pareil cas, vous vous êtes vraisemblablement demandé: à la place où je suis, qu’est-ce que je peux faire, même modestement, contre une telle injustice? Votre réponse fut de rappeler de congé tous les présidents de groupe pour faire, au nom du Parlement, ce que, à leur niveau, les vingt-cinq s’étaient montrés incapables de faire: exiger à tout le moins un cessez-le-feu immédiat, le retour à la légalité internationale, l’ouverture de pourparlers pour l’échange des prisonniers et la tenue rapide de négociations globales sur la base de toutes les résolutions pertinentes des Nations unies concernant le Proche Orient. Par notre résolution unanime, nous n’avons certes pas changé la face du monde, mais au moins avons-nous, grâce à votre initiative, sauvé l’honneur de l’Europe.
Pour toutes ces raisons, Monsieur le Président, je vous remercie. J’espère que vos responsabilités futures nous permettront de poursuivre notre excellente et fructueuse coopération.
(Applaudissements)
Jens-Peter Bonde, au nom du groupe IND/DEM. - (EN) Monsieur le Président, bună seara, Roumanie; добър ден, Bulgarie; bienvenue et permettez-moi, en ma qualité de doyen des députés, de vous montrer l’Assemblée de l’intérieur. 84 % des lois allemandes viennent de Bruxelles - un manque alarmant de démocratie et une suspension de facto de la séparation des pouvoirs, pour reprendre les termes de Roman Herzog, l’ancien président de l’Allemagne. Malheureusement, il a raison.
Si l’UE devait introduire sa candidature pour l’adhésion à l’UE, elle se verrait répondre, «désolé, veuillez d’abord résoudre votre déficit démocratique». L’essence même de la démocratie est normalement d’organiser des élections, de dégager une nouvelle majorité, et ensuite, d’adopter de nouvelles lois. Il est difficile de trouver ce principe de base ici. Par conséquent, amis roumains et bulgares, vous entrez dans un Parlement où aucun débat vivant n’a lieu et où le sacre du prochain président est déjà prévu.
Bienvenue dans le monde du gaspillage de 22 jours ouvrables, de 50 factures d’hôtel supplémentaires, de 250 millions d’euros dépensés pour le cirque ambulant entre Strasbourg, Luxembourg et Bruxelles et bienvenue dans l’univers des 5 500 votes annuels; votes pour lesquels il est difficile de savoir exactement sur quoi vous avez voté.
Le système D’Hondt vous empêchera d’obtenir les postes et les rapports les plus intéressants. Dans vos commissions, les jeunes assistants et les jeunes recrues du Conseil s’assiéront derrière vous avec tous les documents législatifs secrets que vous n’avez pas le droit de lire. L’UE dispose de plus de 90 000 pages de législation - bureaucratie - qu’en votre qualité de député élu vous ne pourrez jamais amender. Pour changer quoi que ce soit, vous devez vous adressez à un non élu. Sur 480 millions de citoyens, seuls 27 commissaires non élus sont autorisés à émettre des propositions pour une nouvelle loi ou à amender une loi existante.
En 2005, nous avons décidé plus de 3 000 règles différentes dans l’UE, appliquant le principe de codécision dans seulement 57 cas. Ce sont les fonctionnaires, qui travaillent dans 300 groupes de travail secrets au sein du Conseil qui décident de la plupart des règles et ce sont 3 000 autres groupes de travail secrets au sein de la Commission qui les préparent.
Chers nouveaux collègues, bienvenue dans la lutte pour la transparence, la proximité et la démocratie. Mon cadeau de bienvenue est ce nouveau guide orange qui contient une longue liste des victoires pour la transparence et une liste encore plus longue des tâches actuelles. Les députés de tous les groupes et les députés indépendants ont préparé un programme «présidence équitable» pour notre prochain président. Nous pourrions simplement avoir un siège principal, mettre un terme au cirque ambulant, introduire des débats vivants, voter sur des questions majeures et transformer le système D’Hondt en un système plus juste afin d’éviter les discriminations vis-à-vis des délégations plus petites au sein des grands groupes, des groupes plus petits et des indépendants. Un million de citoyens ont signé la pétition en faveur d’un lieu de travail unique et M. Poettering ne nous donnera même pas la possibilité de débattre de la pétition pour un siège unique. Le vote de demain sera secret; utilisez votre premier vote à 10 heures afin de témoigner votre soutien en faveur d’un siège unique et d’une présidence équitable.
(ES) Monsieur Borrell, vous aurez demain la possibilité de changer ce système. Merci beaucoup, Monsieur le Président.
Bruno Gollnisch, au nom du groupe ITS. - Monsieur le Président, un président s’en va, un nouveau groupe arrive, le groupe Identité-Tradition-Souveraineté.
Je voudrais, en commençant, remercier les patriotes roumains, bulgares, flamands, italiens, autrichiens, britanniques, et bien sûr français, qui nous ont permis de constituer ce groupe, en attendant, j’espère, l’arrivée d’autres députés courageux et lucides. J’adresse également mes félicitations personnelles à notre collègue Daul pour son élection.
Avec ce groupe, nous aurons davantage de visibilité, de moyens, de pouvoirs au sein de cette institution et nous serons les porte-parole de ces dizaines de millions d’Européens, vingt-trois millions selon mes calculs, qui sans nous ne seraient pas représentés ici, au Parlement européen.
Les forces nationales sont l’avenir de l’Europe, la vraie, celle des peuples et des nations souveraines, celle des identités et des traditions, comme l’indique notre groupe. À titre d’exemple, dans les cinq dernières années, trois patriotes sont arrivés en finale de l’élection présidentielle dans leurs pays respectifs: M. Siderov en Bulgarie, M. Tudor en Roumanie, M. Le Pen en France, et ce n’est encore qu’un début. C’est vous dire le poids politique qui est le nôtre, à l’Est comme à l’Ouest de l’Europe.
Permettez-moi, Monsieur le Président, de saluer au moins à la fin de votre présidence, bien que vous ayez parfois pu être abusé par des calomnies qui couraient sur le compte de tel ou tel d’entre nous, le fait que vous ayez de façon parfaitement correcte interprété, et le règlement, et la déclaration de groupe que nous avons faite, et que vous ayez, dans l’exercice de votre fonction présidentielle, résisté aux demandes qui vous étaient faites et que je trouve tristement totalitaires. En quoi en effet, mes chers collègues, est-il anormal qu’en démocratie, des parlementaires se regroupent pour faire valoir leurs idées et pour défendre leurs opinions, celles sur lesquelles les électeurs les ont désignés et celles qu’ils veulent entendre?
Je trouve extrêmement regrettable la confusion des genres et l’espèce de collusion qui existe entre les deux forces principales de cette Assemblée, qui sont opposées devant les électeurs, qui présentent des programmes différents, que l’on croit rivales et concurrentes et qui s’entendent aussi bien pour la désignation du Président que pour exclure telle ou telle minorité qui ne se trouveraient pas en accord avec leurs opinions dominantes.
Un mot, Monsieur le Président, sur le bilan. Le Parlement, certes, s’est affirmé à l’égard du Conseil et de la Commission en modifiant profondément la directive sur les services avec le rapport Gebhart, ou la directive REACH. Je regrette que dans ce que l’on appelle le triangle institutionnel, il ait refusé l’investiture du commissaire italien Buttiglione, cette véritable chasse aux sorcières intellectuelle et morale n’était, je le crois, pas digne de notre Assemblée. Par contre, la majorité de ce Parlement a subi un certain nombre de revers, en particulier en ce qui concerne la constitution européenne, rejetée dans sa rédaction par les peuples français et néerlandais. Je souhaite que l’on tienne compte de ce rejet.
Que se passera-t-il au deuxième semestre 2008, sous la présidence française, c’est-à-dire sous la présidence, peut-être, de Jean-Marie Le Pen, comme nous l’espérons tous?
(S’adressant à MM. Schultz et Cohn-Bendit qui l’interpellent)
Eh oui, on a vu des choses plus surprenantes, Monsieur Schultz, dans l’histoire. Monsieur Cohn-Bendit, on vous a même vu devenir député européen.
Quelle sera la politique énergétique de l’Europe? Quelle sera sa politique migratoire? Quelle sera la politique de Bruxelles sur la libéralisation des services publics? Sur toutes ces questions, bien sûr, et sur beaucoup d’autres, nous serons présents. Rassurez-vous, mes chers collègues, rassurez-vous, Monsieur le Président, nous serons la mauvaise conscience de ce Parlement européen, son censeur vigilant, le défenseur inlassable des peuples et des nations européennes qui ont fait la grandeur de notre continent et de notre civilisation.
(Applaudissements de son groupe)
Irena Belohorská (NI). - (SK) Nous avons maintenant dépassé la moitié de notre mandat, et pour beaucoup d’entre nous, cela a été la toute première expérience de la politique européenne à haut niveau. Il serait judicieux de nous arrêter un peu pour faire le bilan et, peut-être, évaluer ce que nous avons effectivement réalisé par rapport à nos intentions de départ.
Si j’examine les activités du Parlement européen, et les réglementations, directives et recommandations que nous avons adoptées pour les États membres et leurs citoyens. Je peux dire que nous avons bien travaillé, en effectuant un travail efficace pour le plus grand profit de nos électeurs. Toutefois, pour obtenir des résultats positifs, nous devons nous montrer à la hauteur des réalités de la situation et tenir compte de ce que nous n’avons pas su réaliser ou dans quels domaines nous n’avons pas su répondre aux attentes de nos électeurs. Je pense que le principal échec est le degré insuffisant d’acceptation des dix nouveaux États membres. Cela apparaît de façon particulièrement flagrante dans notre très piètre représentation aux postes clés, le nombre restreint de nos ressortissants travaillant à la Commission européenne et notre représentation quasi-nulle dans les organismes satellites de l’Union européenne. Sans parler du fait que nos ressortissants sont nommés aux postes les moins élevés. J’essaie de m’expliquer cette situation par notre manque d’expérience de la politique européenne. Cela n’est pourtant déjà plus vrai, et j’espère bien que dans la deuxième moitié de la législature cette situation sera corrigée. Il ne s’agit pas, dans cette affaire, de faire progresser le niveau des individus, mais avant tout d’accepter les dix nouveaux États membres en tant que partenaires égaux, non seulement pour ce qui est de leurs devoirs, mais aussi de leurs droits.
Nous nous sommes fixé le but formidable de devenir un leader mondial et de l’emporter dans la concurrence avec des acteurs majeurs tels que les États-Unis ou la Chine. Cependant, la réalité de la situation est quelque peu différente. L’Union européenne est incapable de s’identifier aux buts qu’elle s’est elle-même fixés. Nous marquons une pause, et sommes désemparés sur la question du Traité constitutionnel, alors même que nous savons que son adoption nous serait profitable. La compétitivité dépend de notre niveau d’avancement dans les technologies modernes, or de jeunes scientifiques, médecins et ingénieurs quittent l’Europe chaque jour, car ils manquent ici de soutien.
Monsieur le Président Borrell, ce sont les derniers jours de votre présidence du Parlement européen. Permettez-moi de vous exprimer ma gratitude et mon respect pour le travail que vous avez accompli au cours d’une période pleine de défis, parmi lesquels l’adhésion des dix nouveaux États membres. Vous avez fait face avec compréhension et sang-froid à des situations difficiles et vous vous êtes montré soucieux d’écouter patiemment autrui. Je vous souhaite bonne chance dans votre vie professionnelle et personnelle. C’est un jour important pour l’Union européenne, non seulement en raison de cette relève de la garde à des postes clés du Parlement européen, mais aussi parce que c’est le jour où les objectifs du Traité de Nice sont accomplis, avec l’adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie à l’Union européenne. Cette adhésion met fin à une période très importante de changements politiques en Europe. Je sais, par ma propre expérience, combien l’attente de ce jour fut longue et épuisante. La satisfaction aux critères d’adhésion a également nécessité l’adoption de mesures dures et souvent impopulaires. Nous avons donc maintenant derrière nous une période qui a été importante. Votre participation au Parlement européen exigera toutefois que vous adoptiez une approche active, et à cet effet, l’expérience acquise par les dix nouveaux États membres au cours de la période précédente pourrait se révéler utile.
J’adresse un chaleureux message de bienvenue à tous ceux dont les actions et les intentions ont été justes et sincères. Je vous souhaite de l’énergie, du courage et de la réussite.
Ignasi Guardans Cambó (ALDE). - (ES) Monsieur le Président, veuillez m’accorder trente secondes pour souligner, au moment où vous abandonnez la présidence, que les députés espagnols du Parti populaire ont été les seuls à refuser de vous applaudir, alors que tous les membres de cette Assemblée vous rendaient hommage.
En tant que député européen élu en Espagne, et qui n’avait pas non plus voté pour vous, je tiens à déplorer cette attitude, qui introduit au sein de cette Assemblée une division dont l’origine lui est extérieure et qui pourrait affecter des questions autrement plus sérieuses.
Je tiens à déplorer publiquement et à dénoncer cet état de faits, et je me joins à d’autres députés partageant des convictions politiques différentes pour vous féliciter, en dépit des désaccords qui nous séparent. Je tiens à vous dire à quel point je regrette cette attitude de la part des membres du Parti populaire espagnol, qui sont restés assis, alors que le reste de l’Assemblée, debout, vous faisait une ovation.
Jean-Claude Martinez (ITS). -
(L’orateur s’exprime dans un mélange de catalan et de valencien)
Le Président. - Merci beaucoup. Hélas, vos propos ne seront pas inscrits au procès-verbal, car vous avez employé une langue qui ne fait pas partie des langues officielles de la Communauté, mais que, pour ma part, j’ai parfaitement comprise. Toutefois, votre but n’était pas, j’en suis sûr, que vos commentaires soient inscrits au procès-verbal, mais de manifester la chaleur de vos sentiments en utilisant ma langue maternelle, ce dont je vous remercie beaucoup.
Margot Wallström, vice-présidente de la Commission. - (EN) Monsieur le Président, il est indéniable que la température est montée d’un cran dans cette Assemblée lorsque nos nouveaux collègues de Roumanie et de Bulgarie sont entrés et ils ont été encouragés par un sentiment de fierté et de chaleur. Toutefois, nous avons également ressenti un vent glacial venant d’extrémistes nationalistes et de forces xénophobes, qui, malheureusement, existent dans toute l’Europe.
(Applaudissements)
Ceci nous rappelle le devoir commun fondamental que nous avons tous, malgré des affiliations à un parti, de défendre et d’approfondir la démocratie européenne.
Au nom de la Commission européenne, je suis honorée et heureuse de souhaiter, chaleureusement et du fond du cœur, la bienvenue aux 53 nouveaux députés du Parlement européen venant de Bulgarie et de Roumanie, qui ont rejoint cette Assemblée aujourd’hui.
Bine aţi venit, Roumanie!
Добре дошли, Bulgarie!
Un grand nombre d’entre vous participe déjà, depuis plus d’un an maintenant, à des débats parlementaires en tant qu’observateurs et je suis convaincue que vous vous intégrerez rapidement au rythme fascinant de cette Assemblée. Vous apportez votre contribution aux travaux et vous enrichissez les discussions et les réflexions entreprises avec les groupes politiques, les commissions, mais aussi ici en séance plénière. La Commission et ses services attendent avec beaucoup d’impatience de collaborer avec vous.
Nous, les représentants des institutions de l’Union européenne, avons une énorme responsabilité vis-à-vis des Roumains et des Bulgares et vis-à-vis de leurs espoirs pour le futur. Nous devons faire de notre mieux afin de nous montrer à la hauteur de leurs attentes et de leur prouver que leur foi en l’intégration européenne portera ses fruits et qu’elle rendra l’Europe plus forte dans son ensemble.
Votre rôle en tant que parlementaires est crucial pour faire de l’adhésion de vos pays une réussite et la communication est la clé du succès. Par conséquent, rendez-vous vous sur le terrain, parlez avec les habitants de votre circonscription et écoutez vos concitoyens. Montrez-leur la manière dont vous pouvez prendre leurs opinions et leurs inquiétudes en considération. Prenez votre temps pour leur expliquer le fonctionnement de l’Europe et comment nos politiques touchent leur vie de tous les jours et tentez de leur décrire de manière réaliste ce que signifie l’Europe et pourquoi il importe d’être Européen.
Le 1er janvier de cette année était une vraie date historique pour nous tous, non seulement pour vous, les 53 nouveaux députés du Parlement européen, qui avez enfin assisté à l’adhésion de vos pays au sein de la famille européenne, mais aussi pour nous tous, car cette adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie vient clôturer le cinquième élargissement de l’Union européenne, qui a contribué à la paix, à la prospérité, à la stabilité et à la démocratie à travers toute l’Europe.
Permettez-moi à présent de me tournez vers vous, Monsieur le Président Borrell Fontelles. Au cours de cette législature, vous avez joué un rôle important en assurant une intégration harmonieuse des 162 députés des 10 nouveaux États membres dans les procédures de travail du Parlement européen. Vous avez également aidé les observateurs roumains et bulgares à trouver leur voie et à se sentir à l’aise à Bruxelles et à Strasbourg. Au nom du Président Barroso et de tous les membres de la Commission, je voudrais vous remercier pour l’excellente coopération entre nos deux institutions sous votre présidence, à commencer par la renégociation et la mise à jour de l’accord-cadre, mais aussi pour votre très grand engagement personnel, votre grand engagement politique et vos inlassables efforts en vue d’accroître les responsabilités de cette Assemblée, de faire avancer notre projet européen commun et de défendre les valeurs que nous partageons. Si la recherche d’un accord sur la perspective financière a été votre rôle important, en votre qualité de président de la commission temporaire, grâce à votre initiative personnelle visant à réformer les méthodes de fonctionnement du Parlement européen ou à vos visites à des pays tiers, où vous avez sans relâche plaidé la cause du pluralisme et de la démocratie, vous avez laissé une empreinte cruciale sur cette Assemblée. Vous transmettrez à votre successeur une assemblée, qui au cours des deux années et demi, a démontré avec brio qu’elle était un partenaire fiable et compétent et qui a assumé son rôle de colégislateur en faisant preuve de responsabilité et d’autorité. Une Assemblée qui a démontré toutes ces qualités lors de la recherche d’un compromis sur la directive Services et lorsque les institutions ont négocié l’important accord sur la législation en matière de produits chimiques.
Dans votre discours inaugural en 2004, vous avez déclaré que, en votre qualité de président du Parlement européen, votre passion pour la démocratie serait à présent unie à votre passion pour l’Europe.
D’un point de vue personnel, permettez-moi de dire que j’espère que ce mariage de passions durera encore pendant de nombreuses années. Permettez-moi également de dire que, d’un point de vue très personnel, à quel point j’ai été fière d’être à vos côté à plusieurs occasions lorsque nous avons rencontré des jeunes et à quel point j’ai été impressionnée par la manière dont vous avez géré ces situations. Comme tout le monde, j’ai suivi des leçons d’espagnol avec des résultats aléatoires, et donc, je voudrais vous dire :
(ES) Merci pour tout, et je vous souhaite bonne chance dans l’accomplissement de vos nouvelles missions.