5. Perspectives de la politique étrangère commune pour l’Union européenne en 2007, y compris le déploiement de systèmes de défense antimissile par les États-Unis en Europe (débat)
Le Président. - L’ordre du jour appelle la déclaration du haut-représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune sur les perspectives de la politique étrangère commune pour l’Union européenne en 2007, y compris le déploiement de systèmes de défense antimissile par les États-Unis en Europe.
Javier Solana, haut-représentant. - (ES) Monsieur le Président, c’est un plaisir pour moi d’intervenir devant cette Assemblée. C’est la première fois que je prends la parole sous votre présidence. Permettez-moi donc de vous féliciter une nouvelle fois et de vous souhaiter beaucoup de succès dans vos fonctions. J’espère également que la relation institutionnelle que nous maintiendrons, sans aucun doute, entre nous, avec le Parlement que vous présidez, sera couronnée de succès. Les faits sont là: depuis que vous êtes président du Parlement, c’est-à-dire depuis peu de temps, nous avons organisé plusieurs rencontres et toutes ont été productives. J’espère que ce sera le mode de fonctionnement normal de notre travail à venir.
Je souhaite également féliciter le président du groupe du parti populaire européen (démocrates-chrétiens) et des démocrates européens, que j’ai déjà eu l’occasion de rencontrer une fois, ainsi que le nouveau président de la commission des affaires étrangères que j’ai eu l’occasion de recevoir dans mon bureau il y a très peu de temps. Félicitations et bonne chance. J’espère que notre coopération sera la plus fructueuse possible.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je rentre tout juste de Riyad où se déroulait une réunion très importante de la Ligue arabe et où je pense que l’Union européenne a également joué un rôle significatif. La rencontre n’est pas encore terminée et j’espère être en mesure de vous livrer les plus récentes informations sur son évolution au cours de cette séance.
Après ces remarques préliminaires, je souhaite vous dire que je suis absolument ravi d’être ici, avec vous, pour débattre de sujets de politique étrangère qui, je le sais, sont d’une importance cruciale pour le Parlement européen, qui vous intéressent, dans lesquels vous êtes impliqués et sur lesquels je souhaite continuer à travailler avec le plus grand dévouement possible, comme nous l’avons fait auparavant.
Dans le temps qui nous est généreusement imparti ce matin, je souhaiterais aborder avec vous certains des problèmes les plus brûlants, certains des problèmes les plus importants de la politique étrangère mondiale qui nous affectent en tant qu’Européens.
Je pense que c’est le bon moment pour le faire, Monsieur le Président. Il y a quelques jours à Berlin, nous avons adopté une déclaration pour le 50e anniversaire de l’Union européenne. Ce fut un évènement merveilleux au cours duquel la chancelière Merkel, qui était ici hier, nous a présenté une déclaration importante qui ouvre la voie, pour l’avenir, à un élargissement des compétences de l’Union européenne dans tous les domaines.
Je n’ai absolument aucun doute, Monsieur le Président, sur le fait que la politique étrangère et de sécurité commune représente l’un des plus grands défis que l’Union européenne doit relever. Les raisons à cela sont nombreuses. Je me contenterai d’en mentionner deux. Premièrement, lorsque l’on voyage ailleurs dans le monde, on découvre qu’il existe un fort désir de voir l’Union européenne jouer un rôle de plus en plus éminent en politique étrangère. Vous avez eu diverses occasions d’expérimenter cela lorsque vous avez vous-mêmes voyagé ailleurs dans le monde et vous en êtes conscients.
On sollicite notre présence dans les endroits et les conflits les plus divers. Ils réclament une manière européenne de traiter les problèmes, avec une politique étrangère qui fonctionne. Ils demandent ce que nous souhaiterions tous. Je crois, finalement, que nous devrions tous reconnaître que c’est une preuve de succès.
Nos propres concitoyens réclament aussi la même chose. Il ne fait aucun doute, lorsque l’on regarde régulièrement l’Eurobaromètre, que les citoyens européens souhaitent vivement que la politique étrangère de l’Union européenne soit la plus européenne possible, la plus commune possible, la plus coordonnée possible et la plus visible possible. Mesdames et Messieurs, ce sont les sujets que je souhaitais aborder et je crois que c’est un succès que l’Union européenne puisse évoluer dans ce sens. Cela doit être reconnu comme tel.
Pour vous donner une idée, nous avons actuellement dix missions déployées dans le monde: de Kinshasa à la Bosnie et de Gaza à l’Irak. Nous sommes en train de préparer une mission pour l’Afghanistan et deux missions au Kosovo, qui seront sans aucun doute les plus difficiles en raison de leur taille et de l’importance qu’aura le Kosovo dans la future stabilisation des Balkans.
Je suis certain que d’autres missions viendront plus tard. On nous demandera, plus tard, d’intervenir pour d’autres missions à la fois sur le plan civil et sur le plan militaire, ou les deux. Nous devons donc être préparés à ce que l’on attend de nous, à ce que l’on attend de l’Union européenne. Cela signifie aussi, Mesdames et Messieurs, que nous disposions de ressources adéquates et nos débats seront lourds de sens sur ce point, car le Parlement devra, sans aucun doute, jouer un rôle important ici.
Je souhaiterais aborder, ce matin, les sujets les plus chauds - veuillez excuser l’expression - de la vie internationale, tels que le Moyen-Orient, sous tous ses aspects. Je souhaiterais dire quelques mots sur l’Iran et les évènements récents. Nous devrons bien sûr parler des Balkans et je souhaiterais aussi vous parler de l’Afrique et, brièvement, de certains problèmes concernant l’Europe orientale dont nous débattons actuellement entre nous.
Je souhaite commencer par le Moyen-Orient. Comme je viens de le souligner, je pense que le sommet de la Ligue arabe qui a eu lieu hier et qui n’est pas encore terminé, auquel j’ai eu l’honneur de représenter l’Union européenne, est l’un des sommets les plus importants des soixante ans d’histoire de la Ligue arabe. Il y a quelques jours, le 3 mars, nous avons célébré ces soixante ans d’histoire alors que notre propre Union célébrait ses cinquante ans la semaine dernière.
Au cours de cette période, nous avons eu indubitablement plus de trente ans d’étroite coopération avec la Ligue arabe. Je crois qu’il est important de souligner cela. Je crois qu’il est également important d’insister, devant vous, sur le fait que cette coopération entre l’Union européenne et la Ligue arabe ira croissant.
Je souhaiterais discuter avec vous de deux éléments significatifs de la réunion d’hier. Ayant participé à de nombreuses rencontres de la Ligue arabe, le plus frappant, selon moi, est peut-être le leadership clairement exercé à tout moment par Sa Majesté le Roi d’Arabie saoudite.
Comme vous le savez, l’Arabie saoudite est un pays important dans la région, mais ce n’est pas l’un des plus actifs sur le plan politique. Il est plus important sur le plan économique. Aujourd’hui, le roi Abdullah, qui depuis longtemps jouait au roi, pourrait-on dire, en raison de la maladie de son prédécesseur, a commencé à agir activement au sein de la Ligue arabe en vue de résoudre les problèmes auxquels sont confrontés le monde arabe, son peuple et sa région.
La Ligue arabe s’en trouve donc revitalisée et nous pensons que c’est essentiel, car des problèmes extrêmement importants doivent être traités. Je souhaite aborder spécifiquement trois d’entre eux essentiellement et j’y ferai référence dans mon discours.
Le plus important, du point de vue du processus de paix, est sans aucun doute la revitalisation de l’initiative de la Ligue arabe. Les honorables députés se souviendront qu’à la suite du sommet de Beyrouth, en 2002, une initiative arabe proposait la reconnaissance mutuelle entre les pays arabes et Israël si l’on revenait totalement aux frontières de 1967. Cette initiative, qui a été discutée dans de nombreux forums il y a quelques années, n’a pas été entièrement acceptée par Israël et, aujourd’hui, les pays arabes l’ont remise sur la table avec davantage d’énergie et de détermination.
Comme vous le savez, les Européens ont réussi à introduire l’initiative arabe dans la fameuse feuille de route et cette initiative est donc un pilier fondamental d’un éventuel règlement définitif du problème du Moyen-Orient et, en particulier, du processus de paix dans son ensemble, non seulement le processus de paix israélo-palestinien, mais aussi les problèmes concernant la Libye, le Liban et la Syrie. C’est donc le premier sujet qui faisait encore l’objet de débat ce matin à Riyad. Je pense que la relance de cette initiative pourrait être d’une importance cruciale pour donner un nouvel élan au processus de paix.
Les problèmes relatifs au Liban ont aussi été débattus. Il est intéressant de noter que la Ligue arabe a également entamé un débat sur les sujets de préoccupation commune entre la Ligue arabe et l’Union africaine: des sujets qui ont une composante africaine et une composante arabe, comme le Soudan ou la Somalie. Je parlerai brièvement de ces deux problèmes dans un instant.
Je souhaite dire tout d’abord, en ce qui concerne le Moyen-Orient, que l’Union européenne est convaincue que le conflit israélo-arabe se situe au cœur des problèmes de la région. L’Europe en est totalement persuadée depuis longtemps, je ne dis rien de nouveau. Nous avons soutenu l’accord de La Mecque, également négocié par le roi d’Arabie saoudite. Nous pensons que l’accord de La Mecque contribue à régler le conflit entre Palestiniens et à trouver une solution au conflit qui, comme vous le savez, honorables députés, et comme nous l’avons dit maintes fois, doit impliquer la fin de l’occupation qui a débuté en 1967, la création de deux États et une vaste solution d’ensemble pour la région.
Nous soutenons indiscutablement les efforts inlassables du président Abbas, avec lequel j’ai passé une bonne heure hier matin, pour atteindre les objectifs que s’est fixés le peuple palestinien, conformément aux principes qu’il a lui-même continuellement répétés, en particulier lors de deux occasions clés: la dernière Assemblée générale des Nations unies et, récemment, lors de la prise de fonction du nouveau gouvernement palestinien, le 17 mai.
Comme vous le savez, trois de ces principes ont été listés par le président: le premier concerne le respect des accords précédemment conclus par l’OLP et l’Autorité nationale palestinienne; le second est la reconnaissance mutuelle; et le troisième, le renoncement à la violence et l’engagement à négocier. Comme vous le savez, honorables députés, l’Union européenne n’a pas abandonné et n’abandonnera jamais le peuple palestinien. Nous avons cette approche depuis longtemps et nous continuerons de faire ainsi.
Je crois sincèrement que nous avons une nouvelle occasion de relancer la résolution du conflit, de tenter de sortir de ce que l’on pourrait appeler une phase de gestion de crise pour passer à une nouvelle phase de résolution du conflit. Je pense que les conditions objectives sont en place pour pouvoir entrer dans cette phase et essayer de faire avancer ce processus, avec l’aide des membres du Quartet.
Mesdames et Messieurs, avec la création du nouveau gouvernement palestinien d’unité nationale, nous serons confrontés à différents problèmes dont nous devrons discuter et que nous devrons résoudre. Nous serons confrontés à de nouveaux problèmes, tels que la façon de traiter ce gouvernement et de le consolider. Je souhaiterais vous dire très brièvement ma position, position que je suis prêt à défendre lors du week-end où se rencontreront les ministres des affaires étrangères, à Chemnitz, sous la présidence allemande.
Dans ce nouveau gouvernement, Mesdames et Messieurs, nous connaissons certaines personnes, des personnes que nous connaissons bien depuis longtemps. D’autres personnes nous sont inconnues, car elles appartiennent au Hamas et, comme le Hamas fait partie de la liste des organisations terroristes, nous ne traitons pas avec eux et nous ne les connaissons pas. Cependant nous connaissons de nombreuses personnes dans ce gouvernement et, comme je l’ai dit, nous les connaissons bien depuis longtemps. Je les connais et vous êtes nombreux à les connaître.
Dire que le ministre des finances est un inconnu pour nous serait faux. Nous avons à faire à lui depuis longtemps. Nous avons travaillé avec lui très efficacement et il serait vraiment absurde maintenant de parler de lui comme s’il nous était inconnu.
Le ministre des affaires étrangères est originaire de Gaza, je le côtoie depuis de nombreuses années. C’est une personne qui n’appartient à aucune formation politique, c’est un intellectuel, un homme qui détient un passeport d’un autre pays - pas le pays duquel les Palestiniens détiennent habituellement un passeport - et qui organise depuis longtemps de nombreuses rencontres entre certains députés et des membres de l’Autorité palestinienne. C’est pourquoi je pense que ce serait une grosse erreur de couper totalement tout contact avec des personnes qui font partie du nouveau gouvernement et avec lesquelles nous travaillons étroitement depuis longtemps.
Si vous souhaitez me demander ce que nous devrions faire ou comment nous devrions utiliser nos ressources financières, je ne pense pas que nous devrions changer notre position du jour au lendemain en ce qui concerne le financement. Je crois, au contraire, que l’un de nos objectifs devrait être d’écouter le ministre des finances, un de nos vieux amis, un homme honnête, une personne dont nous connaissons la carrière politique, pour savoir ce qu’il pense, pour savoir comment fournir une aide financière aussi efficace que possible afin qu’elle ne contribue pas seulement à améliorer le bien-être des Palestiniens, mais aussi à faire avancer le processus de paix.
Je pense que notre position devrait être celle que nous avons énoncée dans le cadre du Quartet. Ce qui est le plus important aujourd’hui, ce ne sont pas les mots, mais plutôt les actes. À ce stade, nous devons observer le comportement du gouvernement palestinien afin d’agir et d’adapter notre action à sa façon de se comporter et pas seulement aux mots qu’il utilise.
Je souhaite dire également que nous sommes déterminés à sauter le pas afin de résoudre le conflit et de sortir de la zone de gestion de crise.
Comme vous le savez, le Quartet a connu récemment un regain de vitalité, depuis le début de l’année. Nous nous sommes rencontrés à plusieurs reprises et nous avons eu des réunions très importantes, à la fois avec M. Abbas et M. Olmert. Je souhaite vous dire que, dans les semaines à venir, nous aurons une rencontre, dans la région, avec les pays avec lesquels nous avons le plus d’affinités, avec les pays avec lesquels nous entretenons les relations les plus étroites, en vue de résoudre le problème. Il s’agit notamment de l’Égypte, de l’Arabie saoudite, des Émirats et d’Oman. Je crois que ce sont les pays avec lesquels nous avons le plus d’engagement et nous voulons les rencontrer.
Dans un futur pas trop éloigné, avant l’été, nous souhaiterions que le Quartet, avec les quatre pays que j’ai mentionnés, soit en mesure d’organiser une rencontre avec les parties: c’est-à-dire une rencontre avec les Palestiniens et une rencontre avec Israël. Ce serait la première rencontre d’Israël avec le Quartet. Israël n’a jamais rencontré le Quartet. Les Palestiniens l’ont fait, mais Israël, pas encore.
C’est notre programme de travail pour les mois à venir. Ce seront des mois extrêmement importants pendant lesquels je sais que le président du Parlement se rendra également dans la région. Il me semble absolument crucial de coordonner nos efforts.
Comme je suis certain que bon nombre de questions et de réponses porteront sur le Moyen-Orient, je ne dirai rien de plus sur le processus de paix et ferai quelques commentaires sur l’Iran.
Hier matin, à Riyad, j’ai eu aussi l’occasion de rencontrer le ministre des affaires étrangères iranien, M. Motaki. Je lui ai dit très fermement et franchement que la détention de quinze marins britanniques par les autorités iraniennes était inacceptable pour l’Union européenne. Rien ne justifie cette action, rien d’illégal n’a eu lieu et l’Union européenne doit se montrer solidaire envers nos amis britanniques en vue d’obtenir la libération de ces marins.
Un mot sur le programme nucléaire: comme vous le savez, honorables députés, samedi dernier, le 24 mars, dans la nuit, alors que nous étions à Berlin, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté à l’unanimité la résolution 1747.
La résolution 1747 est actuellement la troisième résolution adoptée à l’unanimité par le Conseil de sécurité au sujet de l’Iran, en vue d’inciter l’Iran à respecter ses obligations, obligations qui proviennent des rapports et avis de Vienne que M. El Baradei, directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique, a transmis au Bureau des gouverneurs pour vote.
Je souhaiterais souligner qu’il est très significatif que, lors de cette dernière session, le vote de toute la communauté internationale représentée au Conseil de sécurité fut unanime. En raison de la composition actuelle du Conseil de sécurité, l’appréciation du problème iranien aurait pu, en principe, être plus complexe qu’avec les membres précédents. Parmi les pays siégeant actuellement au Conseil de sécurité des Nations unies, nous avons le Qatar, l’Indonésie, un important pays islamique et l’Afrique du Sud qui, symboliquement, représente les pays non-alignés, de même que beaucoup d’autres pays, y compris cinq pays européens.
Je crois que nous avons l’obligation d’expliquer très clairement notre position afin qu’il n’y ait aucune divergence, entre nous, en ce qui concerne notre façon d’appréhender le défi que représente, pour le monde, le sujet de la non-prolifération - non seulement pour un type de pays particulier, mais pour le monde en général - et qu’elle soit correctement comprise et que nous puissions mener un débat constructif avec eux, avec les pays non-alignés et les autres pays que je viens juste de mentionner.
Le fait qu’il ait été possible d’obtenir un consensus sur cette résolution aussi rapidement représente un succès. Ce message indique clairement aux autorités iraniennes que leur programme nucléaire doit être compatible avec les résolutions du Conseil de sécurité.
Au moment même où cette résolution était rendue publique, j’ai fait une déclaration à Berlin, au nom des membres européens et des membres permanents du Conseil de sécurité, indiquant que nous restons persuadés que la meilleure manière de résoudre ce problème avec l’Iran est la solution politique et que nous sommes toujours prêts à commencer ou continuer une négociation. La solution politique est la seule solution possible.
Quarante-huit heures plus tard, j’ai pu parler à M. Larijani, l’interlocuteur iranien, non pour résoudre le problème, non pour entamer une négociation ou une pré-négociation, mais afin de communiquer, au moins, ce message clair de notre part, qui a été reçu positivement par M. Larijani. Il nous reste à espérer que, dans les semaines à venir, les dirigeants iraniens auront le bon sens non seulement de résoudre leur problème actuel avec le Royaume-Uni, mais aussi de reprendre les négociations qui pourront aboutir à une résolution définitive de ce problème. La négociation est la seule solution, Mesdames et Messieurs, et nous devons y revenir dès que possible.
Puisque nous parlons de l’Iran, je souhaite dire quelques mots sur la non-prolifération. Comme je l’ai dit, le sujet de la non-prolifération est devenu un problème capable de diviser la communauté internationale. Rien ne serait pire pour nous, sur un sujet aussi essentiel que la non-prolifération, que d’adopter des positions différentes, selon que nous appartenons aux pays du Nord ou du Sud, aux pays développés ou moins développés. Nous devons donc faire tous les efforts possibles pour l’expliquer clairement et partager nos préoccupations avec eux. La non-prolifération est un sujet qui affecte tout le monde, qui affecte le monde dans son ensemble.
Je crois, Mesdames et Messieurs, que l’une de nos obligations en tant qu’Européens - et elle est fondamentale à mon avis - est d’aborder le débat sur la non-prolifération sous trois angles différents. Premièrement, la non-prolifération en tant que telle. Deuxièmement, le problème du désarmement. Je crois que nous avons abandonné le problème du désarmement depuis trop longtemps, mettant l’accent essentiellement sur le problème de la non-prolifération, sans le replacer dans le contexte des dispositions sur le désarmement prévues dans le Traité de non-prolifération. Cela signifie aussi que les puissances nucléaires doivent commencer à envisager un désarmement afin que les armes nucléaires commencent à disparaître de notre planète. Nous devons donc insister sur le fait que - je pense que c’est un principe fondamental que les Européens doivent comprendre clairement - le problème du désarmement est fondamental.
Troisièmement, nous devons également introduire dans ce débat le problème des transferts de technologie, car c’est ce qui donne l’impression à certains pays qu’il y a deux poids deux mesures en matière d’utilisation de l’énergie nucléaire.
Je pense que la production d’un paquet contenant ces trois éléments, pour commencer une négociation sérieuse avec d’autres pays extérieurs à l’Union européenne, menés par l’Union européenne, constituerait une contribution importante de l’Union européenne à la construction d’un monde pacifique, dans lequel les armes cesseront d’être un moyen de résoudre les problèmes, où les problèmes seront résolus par les mots, le dialogue et le langage normal, celui que défend l’Union européenne.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je souhaite vous fournir quelques informations sur les derniers événements dans les Balkans, notamment en ce qui concerne le Kosovo et la Serbie.
Comme vous le savez, Martti Ahtisaari, l’ancien président finlandais, une personne exceptionnelle que nous connaissons tous, qui fut un grand président pour la Finlande, a été mandaté par le Secrétaire général des Nations unies pour tenter de résoudre le problème du statut définitif du Kosovo. Il travaille depuis longtemps à la fois avec la Serbie et le Kosovo pour trouver une solution négociée.
Je souhaite rappeler aux honorables députés que la date limite pour le début de la phase finale de négociation a été reportée au 21 février afin de permettre aux élections, prévues à cette date en Serbie, d’avoir lieu.
La position finale du président Ahtisaari, qui fait maintenant partie du document officiel présenté au Secrétaire général des Nations unies, nous apprend qu’il est très difficile, pour ne pas dire impossible, du moins pour lui, de parvenir à une solution négociée qui soit acceptable pour les deux parties. La communauté internationale sera donc obligée de trouver un moyen pour imposer une solution.
Comme vous le savez, honorables députés, imposer une solution signifie adopter une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies conformément au chapitre 7. Cela nécessitera l’engagement de tous les membres du Conseil de sécurité et, comme vous le savez, des difficultés sont apparues entre certains pays membres, notamment la Russie, et très probablement aussi la Chine. Le processus entre donc dans une nouvelle phase. Après la phase menée par M. Ahtisaari, nous entrons dans la phase de débat au sein du Conseil de sécurité des Nations unies.
Comme vous le savez, l’Union européenne est en contact permanent avec M. Ahtisaari. Nous travaillons avec lui sur plusieurs sujets, qui relèvent de sa propre responsabilité, et nous devons maintenant définir notre position.
Jusqu’à maintenant notre position consistait à soutenir totalement le président Ahtisaari et son processus. Nous devons maintenant décider si nous soutenons la position finale qu’il a adoptée. À ce stade, nous devons attendre de voir comment se déroulent les évènements au Conseil de sécurité des Nations unies.
Je souhaiterais toutefois souligner que l’Union européenne aura une immense responsabilité lorsque le statut définitif du Kosovo sera fixé. Le Kosovo fait partie de notre continent. Il a une perspective européenne. C’est pourquoi, quelle que soit la résolution finale qu’adoptera le Conseil de sécurité, nous aurons certaines obligations fondamentales envers le bureau de représentation de la communauté internationale au Kosovo. Nous aurons aussi un devoir à accomplir, en plus des aspects économiques dont les honorables députés sont bien conscients, dans le domaine de la politique étrangère et de sécurité commune, de la police et dans le domaine judiciaire et notamment tous les aspects législatifs et relatifs à l’application de la loi au Kosovo.
Ce sera sans aucun doute la tâche la plus importante de l’Union européenne depuis que nous avons mis en place notre politique étrangère et de sécurité commune. Nous aurons certainement plus de 1 500 personnes déployées dans les différents secteurs que je viens de mentionner.
Mesdames et Messieurs, le Parlement aura l’immense responsabilité de faire en sorte que nous soyons capables de trouver les ressources nécessaires. Nous avons des ressources, mais peut-être pas suffisamment pour que cette difficile mission soit un succès. C’est certainement la plus difficile que l’Union européenne doit affronter en termes de gestion sur le terrain.
Nous ne pouvons pas échouer, Mesdames et Messieurs. Si l’Union européenne ne parvient pas à stabiliser les Balkans, si nous échouons dans la stabilisation du Kosovo et de la Serbie, cet échec aura d’immenses conséquences qui restreindront sérieusement toute autre occasion d’action de l’Union européenne dans d’autres parties du monde. Si nous ne sommes pas capables de résoudre rapidement et efficacement les problèmes auxquels nous sommes confrontés dans notre voisinage, il sera beaucoup plus difficile de le faire au-delà de nos frontières.
Je souhaite dire un mot sur la Serbie. Mesdames et Messieurs, la Serbie est un grand pays balkanique, un grand pays que nous devons aussi totalement soutenir. La Serbie va, sans aucun doute, devoir faire face à une période difficile: le référendum au Monténégro, la résolution définitive du problème du Kosovo. Je crois que nous sommes dans l’obligation d’aider la Serbie le plus efficacement possible.
En Serbie, nous devons continuer à négocier l’accord d’association et de stabilisation, mais je souhaiterais que nous fassions l’effort le plus généreux possible pour aider ce pays, Mesdames et Messieurs. Comme je l’ai dit, la Serbie est un grand pays qui a pour vocation et désir de faire partie de la famille des pays européens.
Vous avez certainement remarqué lors de la récente campagne électorale que la position de l’actuel président Tadic, une personne que nous respectons et avec laquelle nous avons des relations très étroites, était une position entièrement pro-européenne. Suivant ce qui va se passer durant cette période, je pense que nous devrions être en mesure d’aider le gouvernement, qui n’a pas encore été formé à la suite des élections, autant que possible afin qu’il continue d’être un gouvernement pro-européen, un gouvernement qui défend nos valeurs, un gouvernement qui conduit la Serbie vers son destin légitime qui est d’avoir un avenir européen.
Nous rencontrons très fréquemment le président Tadic. Il était ici récemment, il était également à Berlin pour le 50e anniversaire des traités de Rome. C’est un grand ami de l’Europe et, comme je l’ai dit, je le vois relativement souvent. Nous discutons de tous ces sujets extrêmement franchement et dans le plus grand détail.
J’ai aussi eu l’occasion de rencontrer M. Kostunica, qui est l’actuel Premier ministre d’un gouvernement par intérim, c’est vrai, mais quand même Premier ministre du gouvernement avec lequel le président Tadic devra, sans aucun doute, tôt ou tard, trouver un accord pour former une coalition qui puisse gouverner le pays de la meilleure façon possible, de la façon la plus stable, avec le groupe G17, la coalition qui était précédemment à la tête de la Serbie.
Au cours de la campagne électorale, M. Tadic s’est également engagé à coopérer entièrement et efficacement avec la Cour internationale de justice, car il est essentiel que des personnes qui ont été si clairement impliquées dans des crimes - dont certaines ont été déclarées coupables par la Cour internationale de justice de La Haye il y a quelques jours - soient arrêtées et remises à la justice.
Mesdames et Messieurs, il ne fait aucun doute que nous allons devoir continuer à discuter des problèmes du Kosovo chaque semaine: d’ici l’été, des décisions importantes concernant la Serbie et le Kosovo devront être prises quasiment chaque semaine. Je souhaitais vous annoncer que l’opération européenne au Kosovo est prête à partir et, dès que la résolution du Conseil de sécurité aura été approuvée, nous serons en mesure de la mettre en œuvre.
C’est pourquoi nous ne sommes pas inquiets pour cette action, mais nous sommes inquiets sur sa durée et nous espérons que les ressources seront suffisantes pour la mener totalement à bien et à temps. Je souhaite vous assurer cependant que le travail est fait et que nous sommes prêts. Dès que le Conseil de sécurité aura approuvé la résolution, nous serons en mesure de jouer notre rôle.
Je souhaiterais faire quelques commentaires sur certains problèmes importants concernant l’Europe orientale. Ces derniers jours et dernières semaines, j’ai eu l’occasion de rencontrer le président et le Premier ministre ukrainiens. Mesdames et Messieurs, je souhaiterais partager avec vous mes inquiétudes sur l’évolution de la situation en Ukraine.
Comme vous le savez, à la suite des élections, l’Ukraine a pris beaucoup de temps pour former un gouvernement. Une coalition inattendue a été trouvée et elle s’est finalement maintenue. La coalition commence à être opérationnelle, mais le problème des réformes et celui de la stabilité constitutionnelle continuent d’être des sujets de préoccupation pour nous. L’Ukraine est un pays extrêmement important pour nous, c’est un grand pays d’un point de vue géographique, un pays puissant sur le plan économique et un pays également important sur le plan stratégique. Nous devons donc accorder la plus grande attention à l’Ukraine. Nous devons lui accorder une part de notre énergie. Je tente de déployer la même énergie pour ce pays que celle que j’ai donnée pour résoudre certains conflits enracinés dans la région.
Nous accordons la plus grande attention au problème de la Transnistrie. Lors du dernier sommet, nous sommes parvenus à un accord avec le président Poutine. J’espère que cet accord sera relancé lors du prochain sommet, également en coopération avec la Fédération de Russie, qui aura lieu en mai, afin de voir si nous pouvons, en un temps relativement restreint, relancer la résolution du problème de la Transnistrie. Il y a un nouveau projet dans ce sens. Les deux parties sont beaucoup plus impliquées, l’engagement du gouvernement ukrainien est également plus fort et j’espère que nous parviendrons à résoudre avec succès ces conflits qui paralysent la partie orientale de l’Europe.
On peut dire la même chose du Belarus. La chancelière Merkel a parlé du Belarus hier avec beaucoup d’habileté et de chaleur. Elle l’a fait également lors du 50e anniversaire. Je suis entièrement d’accord avec ce qu’elle a dit.
Mesdames et Messieurs, je crois que nous ne pouvons avoir actuellement un échange d’opinions sur la politique étrangère sans parler de l’Afrique, et essentiellement de deux problèmes majeurs qui risquent d’avoir des conséquences humanitaires immenses. Le premier est l’ancien problème du Darfour, ou du moins qui devient ancien, auquel nous avons consacré une bonne partie de notre temps, hier, à Riyad, car c’est un problème avec une composante africaine, comme je l’ai dit précédemment, mais qui concerne aussi la Ligue arabe. L’implication de ces deux grandes unions, l’Union africaine et la Ligue arabe, en lien avec la communauté internationale, est cruciale.
En tant qu’Européens, nous pouvons être, non pas fiers, car personne ne peut être fier de ce qui se passe là-bas, mais au moins ressentir un peu de satisfaction d’être engagés, depuis le début, dans la résolution de la question du Darfour. Nous avons travaillé durement pour parvenir aux accords d’Abuja. Nous avons financé la force de l’Union africaine déployée sur le terrain aussi généreusement que possible, mais, comme vous le savez, la situation demeure extrêmement préoccupante.
Hier, nous avons à nouveau parlé avec le président Al Bashir, président du Soudan, afin d’étudier la possibilité que les Nations unies prennent la place de la force de sécurité de l’Union africaine au Darfour. Nous ne sommes pas parvenus à un accord total, mais j’espère, étant donné que le Secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-moon, était également à Riyad hier, que les décisions prises permettront d’évoluer dans la bonne direction.
De toute façon, pour nous, en tant qu’Européens, la question du Darfour doit être notre préoccupation principale d’un point de vue humanitaire, et pas seulement d’un point de vue humanitaire, mais aussi dans la recherche d’une formule conduisant à la paix. Cela permet de s’attaquer au problème, dirons-nous, Est-Ouest du Darfour, mais il y a un autre problème fondamental qui reviendra à l’ordre du jour, c’est le problème Nord-Sud.
En ce qui concerne le problème Nord-Sud, un accord a été conclu, comme vous le savez, mais nous attendons encore un référendum qui pourrait diviser le pays en deux parties. Si c’est la solution définitive, nous assisterons au démembrement de ce grand et important pays qu’est le Soudan, qui a des réserves énergétiques cruciales. Ce serait un immense désastre pour nous tous.
Les relations avec la Chine sont fondamentales sur ce point, comme le sont les relations avec l’Inde. La majorité, ou au moins une proportion très significative, de l’approvisionnement en pétrole de ces deux pays provient du Soudan. La contribution de ces deux pays à la stabilisation du Soudan est absolument cruciale et notre politique étrangère envers la Chine et l’Inde doit donc être intégrée dans toutes nos négociations sur ce sujet aussi, un sujet si important en termes de droits de l’homme et de stabilité d’une région importante d’Afrique.
Je ne suis pas certain du temps qu’il me reste, Mesdames et Messieurs, mais je souhaiterais aborder brièvement deux problèmes. Premièrement, nous sommes en train de créer une structure de gestion de crises pour laquelle le Conseil met en place l’un des fonctionnements structurels les plus modernes pour la gestion des crises. Nous l’avons déjà testée, dans une certaine mesure, à Kinshasa, grâce à la générosité de nos amis allemands en charge de l’opération, mais nous tentons de créer une structure qui inclut tous les éléments possibles de la gestion de crise depuis le début, avec à la fois les aspects civils et militaires. C’est pourquoi nous devons créer un organe de planification des opérations qui, comme je l’ai dit, tienne compte de tous les facteurs, afin de ne pas reproduire les situations que nous avons pu observer ailleurs dans le passé, situations dans lesquelles les aspects civils et militaires ou les aspects économiques et de construction sociale n’étaient pas synchronisés. Tout doit être correctement réfléchi depuis le début.
Si vous le souhaitez, dans le cadre d’une séance spéciale, ou à la commission des affaires étrangères, il serait utile de fournir une explication plus détaillée sur un sujet qui est à la pointe de la pensée actuelle de l’Union européenne et qui ira plus loin que ce que certains États membres de l’Union européenne, ou pays tiers hors de l’Union européenne, tentent de faire dans ce domaine.
Mesdames et Messieurs, conformément au titre de ce débat, vous avez souhaité que je vous expose mon point de vue sur le problème des systèmes de défense anti-missile. Je me réjouis d’exprimer brièvement mon opinion sur le sujet. Aucune décision n’a encore été prise par l’Union européenne. Il y aura très certainement des débats sur ce thème lors des Conseils à venir, mais je souhaite résumer mon avis en trois points qui sont très clairs, je pense.
Le premier est que l’Union européenne n’est pas une alliance militaire - comme nous le savons tous -, mais elle a une politique étrangère et une politique de sécurité et elle peut et doit débattre de ce sujet. Je suis donc favorable à ce que ce problème soit débattu dans le cadre de l’Union européenne. Je pense que cela devrait faire l’objet d’un débat.
En second point, comme je l’ai dit précédemment, l’Union européenne n’est pas une alliance défensive et ce n’est certainement pas le lieu pour prendre une décision à ce sujet, car il s’agit d’un sujet strictement militaire, mais je crois que ce serait une erreur de notre part de ne pas nous confronter à ces problèmes et de ne pas en discuter entre nous de la façon la plus claire et la plus ouverte possible.
Troisièmement, tout ce système peut affecter nos relations avec un pays tiers, la Russie. Heureusement, il y a eu une évolution positive entre la Russie et les États-Unis hier. Pour la première fois, le président Bush et le président Poutine ont abordé ce sujet.
La dernière chose que je souhaite dire, conformément aux Traités en vigueur, c’est que les problèmes de sécurité relèvent encore de la souveraineté des pays, mais je pense, de toute façon, qu’il est essentiel de faire en sorte que ce droit des pays à la souveraineté soit compatible avec l’intérêt général de l’Union européenne dans le domaine de la sécurité. Je recommande donc de discuter du problème des systèmes de défense anti-missile non seulement ici, mais aussi, si nécessaire, dans le cadre de l’Alliance atlantique.
Je crois que c’est ce que souhaite la majorité des dirigeants politiques de l’Union européenne et je pense que c’est ce que nous devrions faire.
Je dois m’arrêter là, Mesdames et Messieurs. Le programme de la politique étrangère et de sécurité commune pour cette année 2007 sera extrêmement dense. Les mois à venir, avant l’été, seront extrêmement importants pour les quatre ou cinq problèmes que j’ai mentionnés, très importants. De plus, je crois que, si avec la volonté de la présidence et de la chancelière, nous sommes capables de relancer les questions institutionnelles, nous devons également faire un effort significatif pour soutenir avec la plus grande vigueur la politique étrangère et de sécurité commune.
Mesdames et Messieurs, je souhaite terminer en disant que nous ferons tout notre possible, en coopération avec le Parlement européen, pour assurer une issue positive à tous ces problèmes importants, qui nous affectent sans aucun doute de façon croissante. L’Union européenne a été fondée il y a cinquante ans pour être un projet de paix et elle doit continuer à l’être. Elle fut fondée pour être un projet de paix entre nous et, désormais, elle ne doit plus seulement être un projet de paix entre nous, mais dans le monde entier. Nous avons des valeurs, nous avons des ressources, nous avons des capacités et un niveau de richesse suffisant, c’est pourquoi nous ne devons pas fermer les yeux face à ce qui se passe dans le monde.
Nous avons donc l’obligation fondamentale d’être des acteurs de plus en plus actifs et cohérents au sein de la communauté internationale, dans ce monde globalisé dans lequel nous vivons. Si nous ne sommes pas capables d’agir ainsi, je crois que ce serait un énorme échec pour l’Union européenne, chose qu’aucun d’entre nous ne souhaite, nous voulons tous le succès.
(Applaudissements)
Le Président. - Monsieur Solana, votre rapport est très complet et montre clairement l’ampleur de la tâche qui vous attend et nous vous souhaitons bon courage dans ce contexte. Pour revenir à votre allusion aux quinze marins britanniques, je tiens, au nom du Parlement européen, à appeler le président iranien et les dirigeants du pays à libérer ces personnes et à s’abstenir de ternir encore davantage la confiance en ceux qui gouvernent l’Iran. Nous, députés du Parlement européen, sommes aux côtés des quinze marins et du Royaume-Uni.
Meglena Kuneva, membre de la Commission. - (EN) Monsieur le Président, je tiens tout d’abord à m’excuser d’avoir manqué les premières minutes du discours très intéressant et très important du haut-représentant. La Commission partage les observations formulées par le haut-représentant dans le programme annuel qu’il a présenté.
Les citoyens européens peuvent parfois être ambivalents vis-à-vis de l’UE. Toutefois, dans un monde dans lequel la paix et la sécurité sont de plus en plus mis à l’épreuve et nos valeurs sont menacées, les États membres ne peuvent pas faire grand chose seuls. À l’heure où nous célébrons le cinquantième anniversaire du traité de Rome, l’Union européenne est devenue un acteur mondial qui compte un demi-milliard d’habitants répartis dans 27 pays, représente un quart du revenu mondial, un cinquième du commerce mondial et environ 60 % de l’aide mondiale au développement. Nous avons les moyens de tenir notre place dans les affaires du monde.
Le marché intérieur est la principale source de notre force. Il est aussi le principal facteur de l’élargissement, l’initiative de paix et de sécurité la plus réussie jamais entreprise en Europe, mais aussi de la politique européenne de voisinage, qui vise à rapprocher les pays d’Europe orientale et de Méditerranée de nos pays et de nos valeurs.
Pour relever les défis à plus long terme, en particulier la lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes, la pauvreté et les maladies, la criminalité organisée et les migrations clandestines, le changement climatique et les menaces qui pèsent sur notre approvisionnement énergétique, nous avons besoin d’une politique étrangère complètement assemblée, une politique qui englobe les aspects de politique étrangère et de sécurité, mais va aussi bien au-delà.
Il convient de partir d’une cohérence accrue dans l’usage de nos instruments. Comme nous l’avons dit dans la communication de la Commission sur «l’Europe dans le monde», l’efficacité globale et, partant, l’influence mondiale de l’UE dépendent d’un recours optimal à tous les leviers d’aide disponibles à l’appui des objectifs de politique extérieure.
C’est ce que fait déjà la Commission. L’expérience a montré que la gestion de crise ne se résume pas à envoyer des soldats et des policiers. Il s’agit de reconstruire et de consolider les institutions, d’améliorer la gouvernance, de renforcer les droits de l’homme et la démocratie et de créer les conditions de la vie économique. Ce sont-là des missions à long terme qui doivent apporter la sécurité, en même temps que l’aide humanitaire et l’aide au développement, l’investissement et tous les aspects extérieurs appropriés des politiques intérieures.
Nous sommes présents dans presque toutes les zones sensibles. Nous resterons un acteur majeur en Afghanistan, où nous avons déjà dépensé plus d’un milliard d’euros ces cinq dernières années; au Moyen-Orient, où nous faisons appel au mécanisme international temporaire pour soutenir les Palestiniens; et en Irak, où nous nous préparons à un engagement à long terme.
Sur le plan institutionnel, il existe bon nombre d’exemples récents de synergies positives: la contribution de l’UE au processus de paix d’Aceh combine la politique étrangère et de sécurité commune et des instruments communautaires; les missions d’assistance frontalière dans les territoires palestiniens et en Moldova et en Ukraine montrent à quel point l’aide communautaire contribue à renforcer l’impact de la PESD et vice-versa. Au Kosovo et en Afghanistan, les principales opérations de la PESD en préparation seront soutenues par des initiatives communautaires. Nous contribuerons aussi à financer le futur Bureau civil international au Kosovo.
Cela étant dit, le plus grand défi posé à la politique étrangère et de sécurité est encore devant nous. Il est bien plus simple de convenir d’instituer des mécanismes permettant de faire face à l’instabilité dans les pays en développement et de soutenir un multilatéralisme effectif que de prendre des décisions communes qui affectent les relations bilatérales vitales des États membres en dehors de l’Union européenne. Le risque de division est toujours présent. Nous devons avoir confiance dans notre propre force.
Ma conclusion est simple. Plus nous serons cohérents et plus nous parlerons d’une seule voix, plus forts nous serons.
Joseph Daul, au nom du groupe PPE-DE. - Monsieur le Président, Monsieur le Haut représentant M. Solana, Mme Kuneva, représentante de la Commission, chers collègues, nous sommes déterminés à bâtir les fondations de la paix et de la sécurité ainsi qu’à assurer la stabilité de notre continent.
Les élargissements ont constitué l’un des grands succès de notre politique étrangère en encourageant les nouveaux pays à sortir de décennies de totalitarisme.
Nous nous félicitons du rythme des négociations avec la Croatie et nous sommes confiants que, tant ce pays que l’Union européenne seront prêts pour que les citoyens croates puissent participer aux élections européennes de 2009.
Après dix ans de conflits ethniques dans les Balkans, l’Union européenne a le devoir de contribuer à la paix et à la stabilité dans cette région. Notre groupe soutient le plan présenté par Martti Ahtisaari. Il est essentiel à la mise en place d’un Kosovo politiquement stable et économiquement viable, respectueux aussi des droits des minorités.
Nous devons également déployer tous les efforts possibles pour venir en aide à l’opposition démocratique en Biélorussie. Je suis très inquiet, notamment, des agissements des forces armées à Minsk, dimanche, et de la façon dont a été malmené Alexander Milinkevich, qui est le lauréat du Prix Sakharov du Parlement, ainsi que son épouse. Alexander sait néanmoins qu’il peut compter sur notre soutien.
L’Europe doit continuer à se battre sur le front des droits de l’homme. Notre groupe déplore leur violation incessante en Corée du Nord et condamne l’incarcération de plus de 200 000 prisonniers politiques. Ce pays développe des armes et vise à la suprématie nucléaire, alors que ses citoyens souffrent de malnutrition. Ne relâchons surtout pas notre vigilance.
Pour ce qui est du Darfour, nous avons affaire à un véritable génocide. Le gouvernement soudanais doit désarmer les milices, coopérer avec le tribunal international et coopérer avec la communauté internationale, et l’Union européenne doit d’urgence se prononcer pour un renfort important d’hommes sur place.
Par ailleurs, la crise au Zimbabwe mérite toute notre attention. Le traitement brutal des représentants du Mouvement pour le changement démocratique est un affront pour nous tous. Si l’on ne réagit pas, c’est le Zimbabwe dans son ensemble qui risque de tomber dans le chaos.
Le groupe du PPE-DE plaide pour une Europe plus forte, dans un monde plus sûr. Or, la prolifération nucléaire rend notre planète plus dangereuse encore. Nous devons poursuivre nos efforts pour une solution négociée sur le programme nucléaire iranien. L’Iran ne deviendra membre à part entière de la communauté internationale que s’il se conforme pleinement aux résolutions du Conseil de sécurité.
La capture, la semaine dernière, de quinze marins britanniques par les forces armées iraniennes est une évolution inacceptable et très inquiétante. Tout doit être fait pour libérer au plus vite tous les marins britanniques. Enfin, nous devons renforcer le partenariat avec les États-Unis, franchir de nouveaux pas vers un marché transatlantique et, surtout, conclure le cycle de Doha à l’OMC. Ce cycle doit effectivement se terminer, puisque c’est un cycle de développement pour les plus pauvres au monde, et je souhaite que très rapidement, nous trouvions une solution pour ce cycle.
Monsieur Solana, nous vous faisons confiance et nous vous soutenons pour avancer beaucoup plus vers la paix en ce qui concerne le dossier sur la Palestine. Vous l’avez évoqué ce matin, c’est très important pour nous.
Au nom de tous les Européens, merci pour votre action.
Martin Schulz, au nom du groupe PSE. - (DE) Monsieur le Président, permettez-moi tout d’abord de faire une brève remarque à M. Daul. Nous aussi, nous voulons que la Croatie puisse prendre part aux élections européennes de 2009, mais la condition préalable essentielle - à propos de laquelle nous sommes, me semble-t-il, toujours d’accord, puisque c’était le cas hier après-midi - réside dans le fait qu’il faut réformer l’UE comme il se doit, sans quoi il n’y aura plus d’élargissements. Autrement dit, celles et ceux qui veulent que la Croatie puisse adhérer à l’Union en 2009 et prendre part aux élections européennes doivent expliquer à MM. Kaczyński et Klaus qu’ils feraient mieux d’entamer le débat constitutionnel. À défaut, cette adhésion n’aura tout simplement pas lieu. J’espère que c’est toujours la façon dont nous voyons la situation ce matin.
(Applaudissements)
Monsieur Solana, je vous remercie vivement d’avoir exposé de manière aussi complète le rôle joué par l’Union européenne dans la politique internationale. Au nom de mon groupe, je tiens à souligner deux points et à vous assurer de notre solidarité et de notre soutien sans faille. Tout d’abord, vous avez fait allusion aux soldats britanniques détenus actuellement en Iran, et je vous suis reconnaissant d’avoir exprimé clairement votre solidarité. Ce que je veux dire - au nom de mon groupe - à l’Iran, c’est que l’on mesurera la valeur de tout engagement verbal de pacification, quelle que soit sa forme, par la libération ou non de ces soldats. On peut démontrer très rapidement sa volonté de prendre part à un dialogue politique international constructif.
Vous avez également relevé que l’UE n’est pas une union de défense, mais bien une alliance qui s’efforce avant tout de résoudre les conflits internationaux par le dialogue. Une politique étrangère que nous pouvons concevoir pour nous-mêmes, qui nous confère un sentiment d’identité, est une politique qui perçoit la priorité accordée aux solutions civiles et diplomatiques - par opposition aux solutions militaires - comme le «modèle européen». Votre engagement explicite en faveur de ce modèle montre que votre approche mérite réellement notre soutien, en tout cas celui de mon propre groupe.
Cela signifie toutefois aussi que si dialogue il doit y avoir et si le dialogue est préféré à toutes les autres options, il faut dialoguer avec tout le monde. C’est pourquoi je suis vraiment ravi de vous entendre dire à cette Assemblée que nous ne pouvons vraiment pas rejeter l’éventualité d’un dialogue avec le nouveau gouvernement d’unité nationale en Palestine, dont le ministre des finances et le ministre des affaires étrangères que vous avez cités nommément, avec lesquels nous discutons depuis des années. Comment pourrions-nous donc nous dire peu désireux de leur parler au motif qu’ils font partie d’un gouvernement qui englobe des représentants du Hamas? Nous vous sommes très reconnaissants d’avoir été aussi clair à ce sujet. Notre groupe enverra une délégation en Palestine, qui s’entretiendra notamment avec ces partenaires de dialogue.
Vous avez évoqué toute une série de points. Vous avez fait référence au processus de Riad, vous avez parlé de la problématique du Kosovo, de la situation dans les Balkans, de l’Iran, de l’Ukraine et de la crise au Darfour. Vous avez décrit une véritable pléthore de développements inquiétants avec lesquels nous, Union européenne, devons composer. Monsieur Solana, en vous écoutant attentivement, je me suis posé la question suivante: lequel de ces problèmes sera effectivement résolu par l’installation d’un système antimissile en Pologne et en République tchèque? Aucun!
(Applaudissements)
Néanmoins, toute une série de choses qui causent des problèmes ont trait à la manière dont nous - j’entends par-là le monde occidental - pouvons nous retrouver à dépenser des milliards à tout sauf à l’élimination des causes de ces conflits, qui sont, comme toujours, la pauvreté, la famine, les épidémies, les maladies et le sous-développement. Nous avons de l’argent pour tout et d’après ce que j’ai lu ce matin, le président américain propose un dialogue à son homologue russe. C’est formidable. C’est comme cela que nous concevons les choses, mais au lieu de parler des sites où chacun disposera ses systèmes antimissiles, ils devraient plutôt évoquer la nécessité de ne pas les installer du tout. En effet, il est tout aussi condamnable de mettre en place un système antimissile inutile que de s’abstenir de condamner et de déclarer illégales les bombes à fragmentation russes.
Monsieur le Haut-représentant, aussi impressionnante ait été la description de votre travail, une chose est claire: n’importe quel système antimissile, indépendamment du cadre dans lequel il est mis en place - soit bilatéralement, soit sous les auspices de l’OTAN, soit autrement - n’a d’autre effet que de libérer une nouvelle spirale de la course au réarmement qui coûte de l’argent, l’argent même qui manque pour résoudre les conflits que vous avez présentés.
(Applaudissements)
Graham Watson, au nom du groupe ALDE. - (EN) Monsieur le Président, dès l’entame de son mandat, le haut-représentant a fait du Moyen-Orient la principale priorité de son travail. Monsieur Solana, nous vous en félicitons. Nous admirons votre énergie infatigable et vos qualités de diplomate et nous espérons qu’avec la mise en place d’un nouveau gouvernement en Palestine, l’Union européenne sera bien en mesure d’installer solidement le pays sur la voie d’une paix durable et d’une coexistence pacifique avec Israël.
Monsieur le Haut-représentant, vous dites que les actes importent plus que les paroles et que nous devons déterminer notre comportement à l’égard du nouveau gouvernement palestinien en fonction de son action, mais je vous exhorte plutôt à prendre l’initiative avec ce nouveau gouvernement. Il a grandement besoin de mettre sur pied une administration opérationnelle sur son territoire. Le mécanisme de mise en œuvre temporaire est à la fois coûteux et fastidieux et l’engagement de l’État d’Israël à permettre à ce nouveau gouvernement de travailler est loin d’être clair. Nous devons prendre l’initiative parce que si nous hésitons, nous pourrions manquer l’opportunité d’assurer une paix durable et une coexistence pacifique.
Monsieur le Haut-représentant, vous ne manquez certainement pas de courage. Vos efforts pour tenter de garantir la paix au Moyen-Orient et le développement de la démocratie et des droits de l’homme sont déployés dans des circonstances des plus difficiles. Mon groupe est d’accord avec vous sur le fait qu’une solution politique est préférable dans nos relations avec l’Iran sur le dossier nucléaire. Nous saluons vos efforts destinés à relancer les négociations avec M. Larijani. Nous considérons les sanctions des Nations unies comme un dernier ressort et nous vous pressons, dans le cadre des contacts et des relations que vous entretenez, d’exploiter tous les efforts de l’Union pour faire libérer les marins britanniques détenus en Iran. Le HMS Cornwall est basé dans ma circonscription. Bon nombre des personnes détenues sont également de ma circonscription. Nous sommes impatients de les voir libres le plus rapidement possible. Vous pouvez peut-être aussi tourner votre attention vers la Libye pour voir si nous ne pouvons pas ramener les infirmières bulgares dans leur pays à l’heure du vote aux élections européennes du 20 mai.
(Applaudissements)
Vous avez évoqué le Darfour. Il doit être une priorité de notre agenda, non seulement pour les raisons de sécurité que vous avez mentionnées, mais aussi parce que notre incapacité à empêcher le premier génocide de ce siècle reviendrait à envoyer un mauvais signal sur le rôle et le potentiel de l’Europe dans le monde. Je vous exhorte à œuvrer avec les États-Unis et d’autres grandes nations à tenter de trouver une solution dans la région, notamment en déployant des troupes des Nations unies chargées d’instaurer la sécurité que l’Union africaine n’est pas capable d’obtenir.
Nous nous félicitons que vous ayez à nouveau mis l’accent sur le traité de non-prolifération des armes nucléaires. Si le Royaume-Uni et la France renouvellent leur armement nucléaire, si les États-Unis construisent un bouclier antimissile, alors le message que nous enverrons aux Russes et à d’autres, c’est que nous prenons part à une nouvelle course à l’armement. Outre le fait que l’opération «Son of Star Wars» pourrait s’apparenter à une ligne Maginot aérienne, nous devons nous abstenir de prendre part à ce type de diplomatie.
Vous dites que l’Union européenne n’a pas légalement compétente, mais nous devons débattre du bouclier antimissile. Pourtant, tant que vous ne prendrez pas l’initiative et ne fixerez pas l’ordre du jour, ce sont les actions des États membres qui détermineront l’agenda. Nous avons salué l’initiative du commissaire Rehn, qui, face aux difficultés croissantes rencontrées avec la Turquie, a instauré des sanctions en suspendant des chapitres de négociation et a réuni les États membres derrière lui. Nous souhaitons que vous fassiez de même de sorte d’avoir une réponse commune à la mise en place du bouclier antimissile.
Monsieur le Haut-représentant, vous êtes responsable de l’accès aux documents. Nous avons beaucoup évoqué la nécessité d’un accord sur l’accès aux documents dans le cadre des deuxième et troisième piliers. Ces documents ne relèvent pas de la compétence des États membres et l’accord Solana/Brok nous offre une base juridique solide. Lorsque notre commission temporaire sur les restitutions extraordinaires vous a demandé l’an dernier le procès-verbal de la commission des experts juristes des États membres, elle a reçu un document de deux pages. Nous avons découvert plus tard qu’il existe une version plus complète - six pages - de ce rapport, et je vous demande simplement aujourd’hui si, dans l’esprit de coopération loyale énoncé à l’article 10, vous pouvez expliquer à cette Assemblée - ou peut-être à la Conférence des présidents - si le procès-verbal reçu par le président de la commission temporaire est une version complète ou partielle du compte rendu de cette réunion. Vous apprécierez l’importance de cette question.
Konrad Szymański, au nom du groupe UEN. - (PL) Monsieur le Président, de toute évidence, la politique étrangère de l’Union européenne pourrait connaître quelques tensions en 2007. Ces tensions ne s’expliquent toutefois pas par le programme de bouclier antimissile en soi. Le problème tient au fait que certains États membres ont adopté le point de vue de la Russie dans ce dossier. La Russie recourt délibérément à des arguments fallacieux.
Il est évident que dix sites d’interception sur le territoire polonais ne constituent pas une menace pour les défenses russes. Contrairement a ce qu’on a laissé entendre, des consultations ont été engagées avec la Russie et sont toujours en cours. En recourant à ces arguments fallacieux, la Russie ne cherche évidemment qu’à diviser l’Union européenne. Paradoxalement, l’installation de composants du bouclier en Europe ne peut qu’accélérer la mise en œuvre de plans similaires de l’OTAN dans ce domaine. Cette issue, si elle n’est pas voulue, s’avérerait très bénéfique.
La Pologne restera ouverte à ce genre d’initiatives, comme elle l’est aujourd’hui. C’est pourquoi je m’étonne tant que le SPD allemand, le parti de l’ancien chancelier allemand Schröder, soit si enclin à répéter les arguments avancés par le président Poutine dans ce dossier. Il serait plus naturel que les sociaux-démocrates allemands écoutent leurs partenaires du Danemark, de République tchèque, de Grande-Bretagne et de Pologne.
Daniel Cohn-Bendit, au nom du groupe des Verts/ALE. - (DE) Monsieur le Président, je tiens tout d’abord à exprimer une nouvelle fois ma solidarité avec les marins britanniques détenus et avec les infirmières bulgares. Nous devons mettre sous pression non seulement l’Iran, mais aussi la Syrie pour que toutes ces personnes soient libérées.
Pour ce qui est du désarmement nucléaire: oui. Tout le monde sait, toutefois, que celui qui a le nucléaire civil et est un grand pays, celui-là voudra aussi avoir le nucléaire militaire. La clé du désarmement nucléaire, c’est la dénucléarisation civile: qui ne dénucléarise pas, n’arrivera pas à désarmer le nucléaire. Nous l’avons vu avec la Corée, nous le voyons à présent avec l’Iran, nous le voyons avec l’Inde, nous le voyons maintenant avec le Pakistan, et ainsi de suite.
Tout cela est lié, et ça, on ne l’a toujours pas compris, dans beaucoup de pays. Je vous dis ceci: c’est là le problème qui nous pend au nez.
Le Darfour à présent: l’Union européenne doit prendre l’initiative. Je suis d’accord, et notre groupe est d’accord, avec notre ancien collègue, Chris Patten, qui a écrit un très bon article, je suis d’accord avec les intellectuels qui ont appelé l’Union européenne à prendre l’initiative. Il ne s’agit plus de discuter. Il s’agit d’empêcher que, chaque jour, des centaines et des centaines de gens soient tués, massacrés par les forces soudanaises! Il faut le dire! Chaque jour que nous passons à parler, ce sont eux qui meurent! C’est pour cela que je suis d’accord avec Graham Watson: il faut prendre l’initiative à l’ONU. Il faut, à tout le moins, protéger les camps de réfugiés, à tout le moins établir une no-fly zone, comme on l’a fait pour les Kurdes en Irak, et ce, afin d’empêcher que les hélicoptères puissent atterrir, tuer, violer, repartir. C’est la moindre des choses que nous devions et puissions faire pour le Darfour! En même temps, il faut, aussi, trouver une solution.
C’est comme cela qu’il faut dire les choses aux Chinois. Les Chinois s’accommodent de tous les massacres parce qu’ils veulent du pétrole. Les vies humaines sont vendues par litre de pétrole! Ça, c’est inadmissible pour l’Union européenne.
Le bouclier antimissiles, ensuite. Ici aussi, il faut être clair. Ce bouclier antimissiles, je ne sais pas s’il est dirigé contre la Russie. Je ne sais pas contre qui il est dirigé, mais, s’il est dirigé contre l’Iran, c’est complètement ridicule! C’est ridicule! Si les Iraniens veulent, aujourd’hui, nous attaquer, comment le font-ils? Par des attentats suicides! Quel bouclier anti-attentats suicides allez-vous diantre inventer dans la guerre des étoiles? Ça ne peut pas marcher! On dépense des milliards et des milliards! Pour quoi? Pour rien! Le problème, c’est qu’encore une fois, les Américains, unilatéralement, définissent ce qui est nécessaire pour une partie de l’Europe. C’est ça, le problème politique. Les Européens, les Polonais, les Tchèques, les Français, les Allemands doivent le comprendre: l’union politique européenne est la raison et, aussi, la seule possibilité de notre indépendance, afin d’imposer un monde multilatéral.
Ce débat est politique parce que, justement, il est question de l’existence même de l’Union européenne. C’est l’article 16 de nos traités! En politique étrangère, il faut se concerter. Concertons-nous, pour empêcher que l’unilatéralisme s’impose en Europe!
Francis Wurtz, au nom du groupe GUE/NGL. - Monsieur le Président, Monsieur le Haut représentant, je limiterai mon intervention à un seul sujet, mais qui est central: le Proche-Orient.
Il y a quelques semaines encore, on pouvait craindre que le pire était en train de s’enclencher devant la fermeture de toute issue politique à une occupation devenue intenable pour le peuple palestinien, et de voir émerger le spectre de la guerre civile. Ce terrible danger a pu être conjuré, non pas, hélas, grâce aux efforts de la communauté internationale, Union européenne comprise. L’embargo décidé par le quartet a, au contraire, fini d’enfoncer sous l’eau la tête des victimes et d’attiser les extrémismes.
Non, l’inespérée lueur d’espoir, nous la devons aux auteurs du document des prisonniers, en particulier Marouane Barghouti, aux efforts inlassables du président Mahmoud Abas - vous l’avez dit -, à l’action conjuguée de toutes les forces démocratiques palestiniennes et aussi, comme vous l’avez dit également, au regain d’initiatives diplomatiques des pays arabes. Le résultat est là. L’accord de La Mecque a ouvert la voie à la constitution du gouvernement d’union nationale.
D’ailleurs, un éminent représentant de ces forces démocratiques, aujourd’hui ministre de ce gouvernement, M. Bassam al Salhi, secrétaire général du Parti du peuple palestinien, nous fait en ce moment même l’honneur d’une visite au Parlement européen; il suit nos débats en tribune, et je souhaite pouvoir le saluer et saluer à travers lui ce gouvernement d’union dans son ensemble.
(Applaudissements)
Cet accord de gouvernement s’est fait sur la base d’engagements politiques de grande portée de la part de la totalité du gouvernement, des engagements qui n’ont malheureusement pas leur équivalent du côté israélien, et qui reflètent les conditions du quartet.
À mon avis, à notre avis, et je pense, de l’avis de nombreux collègues, Monsieur le Haut représentant, ne pas saisir cette occasion pour faire renaître l’espoir serait une faute grave. Nous appelons donc l’Union européenne à reprendre l’aide directe à l’autorité palestinienne, à reconnaître le nouveau gouvernement d’union nationale, et à plaider, au sein du quartet, en faveur de cette reconnaissance.
Cette demande constitue le cœur d’un appel de parlementaires européens dont les premiers signataires représentent un très large spectre politique et qui assument souvent d’importantes responsabilités en relation avec les enjeux du Proche-Orient.
Dans l’espoir, Monsieur le Haut représentant, qu’après l’adoption de la déclaration de Berlin, les vingt-sept auront à cœur de concrétiser leur ambition d’être un acteur mondial au service de la paix, j’ai l’honneur de vous remettre d’emblée le texte de cet appel.
Bastiaan Belder, au nom du groupe IND/DEM. - (NL) Monsieur le Président, la sécurité de l’Europe n’est servie que par un débat sobre et factuel sur l’intention américaine d’installer dix intercepteurs antimissile en Pologne et un radar associé en République tchèque. Les fortes réactions négatives qui émanent de l’Union, inspirées en particulier par les craintes du président Poutine, renforcent non seulement notre vulnérabilité, mais suscitent également de nouvelles tensions politiques entre les États membres, une perspective qui, après la crise irakienne, glacera certainement le haut-représentant M. Solana.
Quels arguments plaident en faveur de ce projet de bouclier? Il y a tout d’abord la détermination obstinée de la République islamique d’Iran à disposer dans un avenir proche d’un arsenal de missiles balistiques modernes d’une portée allant jusqu’à 5 500 kilomètres. Si vous ajoutez à cela les aspirations nucléaires ambiguës de Téhéran, il existe une menace imminente bien réelle, notamment pour l’Europe.
En bref, il convient très certainement d’adresser un message transatlantique fort à l’Iran. L’installation d’un système de bouclier antimissile sur notre continent est une mesure préventive légitime contre la dangereuse volonté de pouvoir iranienne. En réalisant ses ambitions nationales, Téhéran devient à son tour fortement tributaire du savoir-faire technique des Russes et des Chinois.
Monsieur le Haut-représentant, j’espère que vous rappellerez à Moscou et à Pékin leurs responsabilités pour la paix du monde en tant que membres du Conseil de sécurité et que vous ferez spécifiquement référence à ce dossier.
Daniela Buruiană-Aprodu, în numele grupului ITS. - Uniunea Europeană a încheiat la 1 ianuarie 2007, prin aderarea României şi Bulgariei, o importantă etapă a dezvoltării sale, sporindu-şi influenţa pe plan internaţional, ceea ce impune şi o regândire a organizării sale instituţionale, care să permită dezvoltarea statelor membre într-o lume aflată în plin proces de globalizare. Apariţia şi acutizarea în viaţa internă a Uniunii Europene a unor probleme cum ar fi energia şi mediul impun o regândire a strategiilor care să întărească rolul său de super-putere pentru promovarea intereselor cetăţenilor statelor membre.
O Uniune Europeană puternică şi influentă la nivel internaţional implică, pe de o parte, o regândire a mijloacelor şi metodelor de obţinere a informaţiilor necesare, asigurării securităţii cetăţenilor statelor membre şi, pe de altă parte, protejarea intereselor acestora. În prezent, ameninţările asimetrice nu mai vizează o ţară, un obiectiv anume sau o categorie socială, ci au devenit globale, urmărind distrugerea instituţiilor şi valorilor democratice în ansamblul lor. Terorismul, traficul de persoane şi arme, precum şi cel de narcotice şi de substanţe de distrugere în masă necesită răspunsuri colective, care să permită identificarea cu anticipaţie a ameninţărilor la adresa statelor membre.
Apreciez, domnule preşedinte, oportunitatea lansării unor teme de analiză asupra modului de redimensionare a inter-operabilităţii între serviciile de informaţii naţionale, eventual într-o structură de comunitate de informaţie, cu o componentă preventivă puternică, fapt ce ar determina creşterea capacităţilor comune de acţiune, pentru a face faţă cu eficienţă magnitudinii şi complexităţii ameninţărilor asimetrice. Urmare a înfiinţării acestei structuri informative, apreciez că s-ar face mari economii de resurse umane şi materiale, care ar putea fi redirecţionate spre alte sectoare deficitare.
Jana Bobošíková (NI). - (CS) Mesdames et Messieurs, je suis députée européenne de la République tchèque, un pays qui envisage d’installer des radars antimissile américains sur son territoire. Je tiens à souligner que dans ce dossier, je me félicite vivement de la dernière déclaration de Javier Solana selon laquelle les États membres sont seuls compétents à propos du système antimissile américain.
Je suis fermement convaincue que dans le monde d’aujourd’hui, il n’existe pas d’alternative au système de défense américain. Les événements en Yougoslavie ont clairement démontré que l’UE était incapable, tant politiquement que militairement, de faire cesser les tueries. Il y a aussi l’expérience historique du siècle dernier, au cours duquel mon pays a été cédé aux nazis par plusieurs pays européens. Tout cela confère à la République tchèque et à la Pologne le droit légitime de décider elles-mêmes de leur propre défense.
Je tiens donc à appeler nos voisins qui menacent de diviser l’Europe à propos des radars à se rappeler qui a divisé l’Europe par le passé et de quelle manière. Quant à ceux qui veulent nous donner des leçons, je leur demanderai, pour reprendre les propos du président Chirac, de ne pas rater l’occasion de se taire. Je vous remercie.
José Ignacio Salafranca Sánchez-Neyra (PPE-DE). - (ES) La présidence du haut-représentant M. Solana au sommet de la Ligue arabe est, selon moi, un succès en soi.
Comme l’a dit hier la présidente en exercice de l’Union européenne, ce succès intervient à un moment particulier, à l’heure où l’Union tente de se consolider en interne à travers le débat constitutionnel, mais aussi, comme nous l’a dit M. Solana, de se projeter vers l’extérieur à travers une politique visible et effective.
Je tiens formuler quelques observations concernant le tableau dépeint par M. Solana et à poser quelques questions relatives aux problématiques qu’il a soulevées.
Je trouve que ses propos concernant le gouvernement d’unité nationale et la nouvelle situation en Palestine sont très prudents et que nous devrions appliquer la parole d’évangile «Vous les reconnaîtrez à leurs fruits» et ne pas changer la position de l’Union européenne du jour au lendemain. Nous devrions au contraire rester ouverts et vigilants aux évolutions possibles de cette nouvelle situation.
Monsieur Solana, outre la problématique du Kosovo et de la Serbie, dans ce débat sur les perspectives de la politique étrangère et de sécurité commune pour l’Union européenne, vous pourriez peut-être nous dire quelques mots sur les perspectives européennes des Balkans occidentaux. Je sais que nous n’ avons pas beaucoup de temps, mais il serait bon que vous puissiez vous exprimer brièvement à ce propos.
Concernant le système de bouclier antimissile, vous vous êtes félicité des discussions engagées hier entre les présidents Bush et Poutine et compte tenu de l’absence de compétences de l’Union dans ce domaine, à laquelle vous avez fait référence au cours du débat, il serait bon de savoir si l’Union européenne prévoit de tenir des consultations du type de celles menées entre la Russie et les États-Unis.
Si c’est possible, je voudrais aussi que vous nous donniez votre avis sur les déclarations du ministre kazakh en présence de la troïka communautaire, selon lesquelles si l’Occident croit qu’il peut ouvrir un corridor énergétique en mer Caspienne sans l’accord de Moscou et de Téhéran, cela suscitera d’immenses complications.
Enfin, Monsieur le Président - et je terminerai sur ce point -, je tiens à savoir quand les orientations relatives à la négociation d’accords d’association avec les communautés des pays andins et d’Amérique centrale devraient être disponibles et si le Conseil invitera le Parlement au prochain sommet ministériel du groupe de Rio, comme il l’a fait à d’autres occasions. En effet, aucune invitation ne nous est encore parvenue.
Jan Marinus Wiersma (PSE). - (NL) Monsieur le Président, je tiens à remercier M. Solana pour ses observations sur le bouclier antimissile et plus particulièrement pour sa conclusion selon laquelle il s’agit vraiment d’un sujet de discussion pour l’Union européenne dans la mesure où ce système peut aussi affecter - et affecte selon nous - la stratégie de sécurité à laquelle M. Solana s’est tant engagé ces dernières années.
Les négociations entre les États-Unis et deux États membres de l’UE concernant le déploiement d’un bouclier antimissile en Europe nous préoccupent vivement. Nous ne sommes pas convaincus de la nécessité d’un tel système. En réalité, nous craignons que ces projets n’aient pour effet de diviser et de saper sérieusement les efforts de la communauté internationale visant à mettre un terme à la prolifération des armes nucléaires. La propagation d’armes de destruction massive constitue une menace croissante pour la paix et la sécurité internationales et je me réjouis des observations générales formulées à ce propos par M. Solana.
L’Union européenne a fait de la non-prolifération l’une de ses principales priorités et selon nous, il est impossible de maintenir le système de non-prolifération si nous n’agissons pas de concert et de manière multilatérale. La coopération multilatérale n’est pas seulement une possibilité, c’est une nécessité. C’est plus particulièrement dans ce contexte que nous sommes fort préoccupés par les projets de Washington. Il est contre-productif de persévérer dans le développement d’un système de bouclier antimissile qui est perçu, à tort ou à raison, comme une provocation par d’autres puissances nucléaires reconnues. Cela pourrait même conduire à une nouvelle course à l’armement.
Évidemment, comme les aspirations nucléaires de pays comme la Corée du Nord et l’Iran nous préoccupent également, nous soutenons les efforts déployés par l’UE et par les Nations unies - que ce soit par le dialogue ou par des sanctions politiques et économiques - pour contrecarrer leurs projets. Selon les Américains, le bouclier antimissile offre une protection contre toute attaque de l’Iran. Pourtant, cette initiative ne sape-t-elle pas la crédibilité de la communauté internationale à la table des négociations? Après tout, elle va à l’encontre de la volonté d’empêcher l’Iran de développer un nouvel arsenal nucléaire.
En bref, nous sommes très mécontents des projets récents des États-Unis et de la manière unilatérale dont les choses se sont déroulées, mais nous sommes aussi très préoccupés par la volonté de la Pologne et de la République tchèque d’accepter un tel dialogue unilatéral. La chancelière allemande Merkel a invité à juste titre ces deux pays à débattre de ce projet dans le cadre de l’OTAN. Si nous soutenons la proposition de la présidence allemande, nous tenons également à demander à M. Solana de débattre plus avant de ce dossier avec ses collègues au Conseil.
Certains pensent que les États membres sont libres d’unir leurs forces de manière bilatérale avec des pays tiers dans le domaine de la défense. Les effets politiques d’un tel système ne se limitent toutefois pas à la Pologne et à la République tchèque et le déploiement de ce bouclier antimissile nuira à la sécurité de l’ensemble de l’Union européenne.
Annemie Neyts-Uyttebroeck (ALDE). - (NL) Monsieur le Président, Monsieur le Haut-représentant, Mesdames et Messieurs, le retour de Chamberlain et Daladier de Munich en 1938 et les paroles prononcées à cette occasion - «Nous vous amenons la paix de notre temps» - comptent parmi les heures les plus sombres de l’histoire européenne et mondiale. Qu’il n’y ait aucun doute à ce sujet, nous ne le comprenons que trop bien.
Cela étant dit, cette discussion, pour laquelle je tiens à remercier le haut représentant et tous les députés de cette Assemblée, est très intéressante, car elle démontre, par l’intervention de l’une ou autre partie, à quel point nous risquons d’être instrumentalisés par Washington d’une part, ou par la Russie d’autre part. Choisissez.
D’une manière ou d’une autre, nous courons le risque considérable d’être montés les uns contre les autres par ces deux superpuissances. Ce qui importe maintenant, c’est d’empêcher cela de se produire. Nous devons éviter d’aboutir à une nouvelle situation dans laquelle il nous faut choisir notre camp immédiatement, sans marge de manœuvre, et assister en spectateurs au développement d’une spirale qui pourrait déboucher sur une nouvelle course aux armements. Nous pouvons encore l’éviter si nous veillons à ne pas être un pion et si nous distinguons ce qui est dans l’intérêt général et dans celui du monde et de la paix dans monde.
Bien que je ne sois pas réellement une pacifiste, j’appartiens à une génération aux yeux de laquelle des mots tels que désarmement, limitation de l’armement et non-prolifération étaient essentiels et qui s’est également efforcée d’agir en conséquence. Aussi, je voudrais vous remercier, Monsieur le Haut-représentant, d’avoir parlé librement à ce sujet. Je vous souhaite bonne chance et je tiens à dire que vous pouvez compter sur notre appui.
Une caractéristique de votre présentation m’a marquée, à savoir l’élégance avec laquelle vous avez esquivé le sujet des discussions concernant la future résolution sur le Kosovo au Conseil de sécurité de l’ONU. Pourriez-vous éventuellement développer ce point?
Ģirts Valdis Kristovskis, (UEN). - (LV) Monsieur le Président, Monsieur Solana, je voudrais vous remercier d’avoir précisé que les plus hautes instances de l’Union européenne se préparaient à débattre du site d’accueil d’un système antimissile dans l’Union européenne. Pourtant, selon moi, ces préparatifs arrivent trop tard, puisque ce processus entame déjà son développement en Europe et que le public s’en émeut.
Je pense que vous devriez vous opposer beaucoup plus activement aux arguments ou aux réflexions présentés par la Russie sur cette question. Il est question d’une guerre froide, et la Pologne et la République tchèque subissent des pressions. Je pense que c’est parfaitement inacceptable. L’Union européenne doit adopter une position claire, faute de quoi des responsables politiques ratés tels que M. Schroeder qui est, naturellement, à la solde de Vladimir Poutine, surgiront de nulle part avec des déclarations irritantes pour le public européen. Je pense par ailleurs qu’il ne suffit pas de laisser cette question aux soins du secrétaire général de l’OTAN puisque, assurément, les États-Unis d’Amérique évoquent réellement la défense de l’Europe et beaucoup moins celle des États-Unis d’Amérique. Les États-Unis parlent de la défense de l’Europe! Par conséquent, l’Europe des citoyens que nous pouvons attendre de vous, Monsieur Solana, en tant que responsable de la mise en œuvre de la politique étrangère et de sécurité commune européenne, constitue une position claire. C’est également ce que j’attends de vous personnellement. Je vous remercie.
Angelika Beer (Verts/ALE). - (DE) Monsieur le Président, le discours intéressant de M. Solana m’a fait comprendre l’ampleur du dilemme européen, car nous avons beaucoup à dire au sujet de la politique étrangère et de sécurité commune, mais nous n’arrivons jamais - en aucune circonstance - à adopter une position commune. Monsieur Solana, je salue vos propos concernant le Moyen-Orient. Si nous essayons de négocier avec des États tels que l’Iran ou encore avec la Ligue arabe, nous devons faire de même avec le Hamas qui, lui au moins, a été élu.
Si le désarmement nucléaire, auquel vous faites allusion, est une cause chère à cette Assemblée, nous n’avons pourtant pas entendu de voix à l’unisson critiquant le Royaume-Uni lorsqu’il a reconduit le programme Trident. Même si les gouvernements de deux pays - États-Unis et Royaume-Uni - sont appelés à perdre le pouvoir par les urnes à brève échéance, ils veulent toujours réarmer et présentent de nouvelles menaces au monde. Concernant le Kosovo, vous avez fait part de votre soutien à M. Ahtisaari, mais quelle forme cet appui revêt-il? Pourquoi cette Europe n’est-elle pas assez «téméraire» pour dire ce qui doit maintenant être fait? Pourquoi ne sort-elle pas de sa retraite? Nous avons besoin d’une indépendance dirigée, mais nous évitons pourtant d’employer ce terme comme s’il portait la poisse. Il est grand temps que l’Europe et son Parlement - qui voteront sur le sujet aujourd’hui - fassent enfin savoir qu’il n’est plus possible de revenir en arrière, que le Kosovo ne sera pas restitué à la Serbie, que le statu quo ne fonctionne plus et que nous devons emprunter cette voie difficile au lieu d’organiser des missions de police et d’attendre que d’autres précisent où elles se déroulent.
Ce dont nous avons besoin, c’est d’une nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l’ONU. L’ancienne résolution 1244, qui est toujours en vigueur, doit être abrogée. La mission PESD a également besoin d’un mandat. Il ne suffit pas d’attendre que d’autres tranchent cette question. Par conséquent, bien que saluant votre allocution, je vous demanderais de poursuivre en indiquant si vous approuvez la lettre adressée par M. Ahtisaari au Conseil de sécurité de l’ONU, dans laquelle il évoque «l’indépendance dirigée», ainsi que la déclaration de M. Ban Ki Moon. Pourquoi l’Europe essaye-t-elle d’éluder ses responsabilités sur ce plan?
Jiří Maštálka (GUE/NGL). - (CS) Mesdames et Messieurs, je dirais que le déploiement de bases militaires américaines constitue le principal sujet de discorde de la politique tchèque à l’heure actuelle. Cette question comporte deux aspects. Premièrement, il existe une volonté claire de la part du gouvernement d’accepter la base en dépit des craintes du public: les derniers sondages indiquent que 60% des personnes interrogées sont contre la base et 25% en faveur de celle-ci. Le deuxième point est le clivage entre partis, l’opposition de gauche préconisant un référendum et s’opposant à la base, alors que la droite gouvernementale est contre le référendum et favorable à la base.
Je mentionne ce point, car il me paraît crucial que l’Union adopte une position claire sur cette question. Se laver les mains au motif qu’il concerne des relations bilatérales entre la République tchèque ou la Pologne et les États-Unis revient à esquiver un problème qui commencera très bientôt à revêtir une dimension européenne. L’Union doit être capable de dire des choses désagréables. L’on nous affirme que des négociations sont en cours avec la Russie. Pourtant, le bruit court que ces négociations servent uniquement à dissimuler le fait que le système de défense antimissile mondial est déjà installé. M. Solana a également négocié avant qu’ait été donné l’ordre de bombarder la Yougoslavie. Des négociations ont eu lieu avant l’intervention en Irak. L’expérience a démontré que les négociations sont sans valeur en l’absence de volonté de compromis. N’oublions pas que la Russie et l’OTAN ont signé en 1997 un acte fondateur qui limite la menace ou l’usage de la force.
Gerard Batten (IND/DEM). - (EN) Monsieur le Président, je crois comprendre que M. Solana est à la recherche d’un nouveau travail. À titre personnel, je vous souhaite bonne chance, quelle que soit la nouvelle orientation que vous choisirez, Monsieur Solana. Néanmoins, je me réjouis que le rôle de ministre des affaires étrangères européen ne soit plus viable en raison du rejet de la Constitution européenne proposée en 2005.
L’idée a toujours été vouée à l’échec. Aucune politique extérieure européenne commune ne pourra jamais voir le jour, car nous avons tous des histoires, des engagements internationaux, des intérêts et des alliés différents. Prenez la Grande-Bretagne, par exemple. Nous ne partageons pas nécessairement les perspectives de nos voisins européens face aux crises internationales que nous connaissons aujourd’hui. La Grande-Bretagne est confrontée, comme vous le savez, à un très grave problème en Iran. Téhéran détient illégalement des troupes britanniques. Il serait ridicule qu’un ministre des affaires étrangères de l’Union tente de négocier la libération de membres des forces armées de sa Majesté. Toutefois, la Grande-Bretagne se trouve dans une position tout aussi ridicule en raison de son appartenance à l’Union européenne. Si les efforts diplomatiques n’aboutissent pas à la libération des troupes britanniques, les actions illégales de l’Iran pourraient nécessiter des sanctions. Or, la Grande-Bretagne se trouverait dans l’incapacité d’arrêter des mesures de rétorsion à l’égard de l’Iran, même si elle le souhaitait, car Londres ne fixe plus ses propres termes commerciaux. La politique commerciale est maintenant sous le contrôle de l’Union européenne.
Voilà un nouvel exemple, s’il en était besoin, illustrant la nécessité de voir la Grande-Bretagne quitter l’Union européenne et reprendre le contrôle de ses affaires.
Le Président. - Vous devriez apprécier la solidarité européenne avec les 15 marins.
Ashley Mote (ITS). - (EN) Monsieur le Président, le Mahatma Gandhi, père courageux, pacifique et très déterminé de l’indépendance indienne, entra un jour dans le bureau du gouverneur général à l’époque de l’empire britannique et accusa, devant lui, les Anglais d’être les maîtres d’une maison ne leur appartenant pas. Nous, Britanniques, savons maintenant ce qu’il a ressenti et certains d’entre vous pourraient éprouver une certaine satisfaction à cette pensée.
Cependant, lorsque nous voyons l’Union européenne et ses fonctionnaires peser de tout leur poids dans le monde, tels de jeunes premiers se pavanant sur une scène de plus en plus grande, nous savons comment cela se terminera. Nous savons où mène ce genre de suffisance autoproclamée.
J’ai trois questions à vous poser, Monsieur Solana. Qui a dit que l’Union pouvait infliger des amendes aux entreprises étrangères sans tenir compte des conséquences sur le commerce, la création de richesse et la protection des emplois dans les pays qui n’appartiennent même pas à l’Union européenne? Citons également les accords d’association économiques de l’Union, qui portent gravement préjudice à des familles bien réelles vivant dans les pays du tiers monde. Et tandis que leurs dirigeants s’engraissent sur le dos de ces accords, les producteurs locaux et les commerçants luttent pour concurrencer des importations à bas prix. Cette constatation vaut également pour les pêcheurs africains: alors que les ministres locaux prospéraient, les eaux côtières africaines étaient décimées par nos chalutiers, empêchant les pêcheurs locaux de gagner leur vie aujourd’hui.
Gandhi avait raison. L’Union européenne n’a pas à se poser en maître dans la maison d’autrui.
Roger Helmer (NI). - (EN) Monsieur le Président, je suis né en 1944, durant les funestes mois de la Seconde Guerre mondiale. Toute ma vie durant, l’OTAN et l’Alliance transatlantique ont maintenu la paix en Europe. Ce n’est ni l’Union européenne ni la Commission qui ont défait l’URSS et abattu le mur de Berlin. C’est le courage et la détermination de dirigeants tels que Ronald Reagan et Margaret Thatcher. La PESC et ses élans militaires risquent de miner l’Alliance transatlantique. Elle doit sa naissance à la jalousie, au ressentiment et à l’anti-américanisme. Elle déborde de stratégies, de dossiers de planification et d’écoles d’état-major, mais manque désespérément d’hommes et de bateaux, de chars, d’armes à feu et d’avions. La PESC menace les bases mêmes de la sécurité occidentale et nous laisse tous dangereusement exposés dans un monde imprévisible. C’est une raison supplémentaire pour que mon pays soit plus à sa place en dehors de l’Union européenne.
Karl von Wogau (PPE-DE). - (DE) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, le débat sur le système antimissile me donne toujours l’impression d’avoir à faire à des personnes égarées dans la brume. Si c’est de cette manière que se mène un débat, c’est toujours une bonne excuse pour céder à la polémique.
Tout d’abord, nous ne débattons pas d’un système antimissile, mais de deux. L’un d’entre eux est celui qui appartient aux États-Unis. C’est un système pour lequel 100 milliards de dollars ont d’ores et déjà été dépensés et dont font partie les installations prévues pour la Pologne et la République tchèque. Le système antimissile a déjà coûté neuf milliards cette année. Nous devons nous demander quelles en sont ses implications en termes de sécurité pour l’Europe, telle est notre responsabilité de représentants élus. Par conséquent, la question qui se pose selon moi consiste à savoir si ce système est capable de protéger les pays européens et, dans l’affirmative, s’il est réellement capable de les protéger tous. Ce que nous ne pouvons permettre, c’est que l’Europe soit divisée en deux zones, l’une moins sûre que l’autre. C’est une situation que nous devons empêcher.
Une deuxième question se pose au sujet du système de défense antimissile de l’OTAN, lequel n’a, à ce jour, pas dépassé le stade de l’étude de faisabilité. Que va faire l’OTAN - l’Europe? - sur la base de cette étude de faisabilité? Indubitablement, c’est l’OTAN, plutôt que l’Union européenne, qui est responsable sur ce plan, mais si nous voulons poursuivre sur cette voie, nous devons réfléchir à la manière dont les pays européens sont censés fonctionner dans le cadre de l’OTAN. Car si nous devons, par exemple, prendre des décisions concernant le développement ou l’industrie sur cette base, nous avons le choix de traiter avec les États-Unis, chacun des 27 États membres le faisant individuellement dans le cadre de l’OTAN, ou ensemble sous la bannière de l’Union européenne. Nous ne serons certainement pas les partenaires des États-Unis dans un premier temps. Nous le serons dans un deuxième temps, avec un statut inférieur certes, mais avec la chance d’être leur partenaire.
Véronique De Keyser (PSE). - Monsieur le Président, Monsieur le Haut représentant, l’accord conclu à la Mecque entre Fatah et Hamas était inimaginable en décembre dernier, lorsqu’une délégation du Parlement s’est rendue en Palestine et en Israël.
La mise sur pied d’un gouvernement d’unité nationale tient presque du miracle, mais évidemment, ce n’est sans doute pas un hasard si nous en connaissons si bien certains membres.
Nombreux sont ceux qui ont salué cette avancée politique. Le Parlement européen, lui aussi, a réagi. La semaine dernière, la commission des affaires étrangères a voté un projet d’avis demandant la levée des sanctions économiques sur le peuple palestinien. Elle a aussi adopté le rapport Rocard sur les relations entre l’Europe et le monde arabe qui sera voté ce midi et qui prône, une fois de plus, le dialogue et l’ouverture.
Hier, une lettre signée par des parlementaires européens en faveur de la reconnaissance du nouveau gouvernement était remise au ministre de la culture palestinien, en visite à Bruxelles, et les signataires, dont Josep Borrell, ex-président du Parlement, ne sont ni des excités, ni des ennemis d’Israël. Ce sont des hommes et des femmes épris de paix, qui savent que les trouées d’espoir sont si rares qu’il faut s’y accrocher.
Certes, les propos d’investiture du Premier ministre Haniyeh ne collent pas à la lettre aux conditions du Quartet, mais ils en reflètent l’esprit. Il faut pouvoir saisir cette chance. Tous les chemins mènent à la paix quand on le veut vraiment, que ce soit celui de la «feuille de route» ou celui de l’initiative de Beyrouth.
Vous revenez de Riyad, Monsieur le Haut représentant, et nous vous remercions pour votre action. Vous savez que l’offre, cette fois, est sérieuse et qu’il faut pouvoir saisir cette chance. Il faut, nous vous le demandons, convaincre Israël et les Américains.
Il ne faudrait pas, par des mesures sélectives vis-à-vis du nouveau gouvernement palestinien, tenter de séparer le bon grain de l’ivraie et isoler le Hamas du Fatah. Ce serait à nouveau menacer l’unité palestinienne, garantie contre les guerres civiles.
Monsieur le Haut représentant, je ne vous cache pas que cette dernière année, la politique européenne vis-à-vis des territoires palestiniens nous a déroutés. Nous n’avons pas voulu cela. Nous n’avons pas voulu tant de chaos, tant de souffrances inutiles, tant de destructions. Et il était parfois difficile, le matin, de se regarder dans la glace. Nous voulons à nouveau être fiers de l’Union européenne. Je vous en prie, transmettez ceci au Conseil.
István Szent-Iványi (ALDE). - (HU) L’un des principaux défis de politique étrangère de cette année consistera à jeter les bases d’une politique extérieure commune dans le domaine énergétique. Ce serait une erreur de penser que l’intérêt à court terme d’un État membre, quel qu’il soit, peut diverger de l’intérêt commun de l’Union européenne en matière de sécurité énergétique ou le mettre en danger. Nous avons besoin d’une approche harmonisée, d’une coordination efficace et de l’élaboration de mécanismes de prise de décision.
Il importe d’établir et de renforcer les partenariats nécessaires afin de diversifier nos sources d’énergie. Nous ne devons pas seulement renforcer notre politique extérieure en direction des régions traditionnelles que sont le Proche-Orient et l’Europe de l’Est, mais aussi vers le Caucase, l’Asie centrale, l’Afrique et l’Amérique latine.
Nous discutons du gazoduc Nabucco depuis plusieurs années. Il est considéré comme un projet prioritaire depuis mars. Il est grand temps de démarrer enfin la phase de planification et d’exécution de manière concrète. Chaque État membre a pour responsabilité majeure de ne pas mettre en danger ce projet extrêmement important par ses actions unilatérales, puisque l’entreprise vise à la diversification des sources d’énergie de l’Union européenne.
Il est dans l’intérêt fondamental de l’Europe de développer ou de renforcer les compétences adéquates pour défendre son territoire et d’écarter les menaces potentielles. Toutefois, elle n’est pas capable de le faire actuellement ou n’en a pas la volonté. D’ici à ce qu’elle en soit capable ou en ait la volonté, les États membres ont le droit d’agir indépendamment. Ce droit ne peut être refusé à la Pologne ou à la République tchèque non plus. Bien évidemment, il serait préférable de trouver des solutions conjointement afin de parer ces menaces graves.
Enfin, la solidarité constitue le principal fondement de la politique extérieure européenne. Il est capital que nous exprimions tous notre solidarité envers les 15 marins britanniques et réclamions leur libération immédiate. Toutefois, cette démarche doit se traduire en paroles, mais aussi en actes.
Mirosław Mariusz Piotrowski (UEN). - (PL) Monsieur le Président, la question du bouclier de défense antimissile se trouve actuellement au stade de proposition. Celle-ci a été soumise à certains membres de l’OTAN par les États-Unis. Elle fait l’objet d’une analyse approfondie. Il convient néanmoins de souligner qu’une décision à ce sujet relève de la seule compétence des pays et des gouvernements concernés. M. Solana a d’ailleurs abordé la question aujourd’hui.
Le rejet définitif du Traité constitutionnel par la France et les Pays-Bas a mis à bas les projets de transposition d’une politique étrangère et de sécurité communautaire. Il serait regrettable que quelques États membres n’ayant pas accepté cette réalité et souhaitant s’abriter derrière le bouclier de l’Union européenne tentent d’influencer les décisions souveraines des gouvernements des pays à qui la proposition a été soumise.
Je tiens également à mettre en garde contre la résurgence en Europe d’un sentiment anti-américain semblable à celui dont nous avons été les témoins récemment à la suite de cet étrange rapport sur les vols de la CIA.
Dimitrios Papadimoulis (GUE/NGL). - (EL) Monsieur le Président, l’installation de nouveaux systèmes de défense antimissile sur le sol européen doit être empêchée. Elle portera préjudice à l’Europe et à la paix. Elle aboutira à une nouvelle course aux armements et rétablira les divisions de la guerre froide. Le gouvernement américain ignore l’Union européenne, ce qui constitue une insulte. Il passe même outre l’OTAN.
Je suis d’accord avec tous les sondages. Une écrasante majorité de citoyens, même en Pologne et en République tchèque, s’inquiètent et s’opposent radicalement à ce flirt avec le destin. L’obstruction tardive pratiquée par M. Solana ne suffit pas. Le Conseil ne peut feindre la cécité et la surdité, il ne peut non plus s’en laver les mains. L’Union européenne doit immédiatement préciser sa position. Le Conseil européen peut agir de façon rapide et convaincante en adoptant une position claire.
Je me réjouis que tous les groupes politiques, ou peu s’en faut, approuvent la position commune et s’opposent aux plans de l’administration Bush. Mon groupe politique réclame une résolution dans ce dossier.
Alessandro Battilocchio (NI). - (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je m’exprime au nom du nouveau Parti socialiste italien. Hier, la chancelière Angela Merkel nous a présenté les résultats des pourparlers menés le week-end dernier à Berlin. Ceux-ci ont abouti à l’engagement pris par tous les États membres et les trois institutions européennes de renouveler la base juridique de l’Union d’ici 2009. Aujourd’hui, Javier Solana nous a présenté des plans visant à renforcer le rôle de l’Union sur la scène internationale. Ces plans méritent globalement notre soutien.
Je suis convaincu que les deux questions doivent être abordées ensemble et qu’une politique extérieure crédible doit s’accompagner d’une base juridique forte, soutenue par l’ensemble des acteurs qui l’invoquent. Je crois par conséquent que la date de 2009 ne peut être postposée. En effet, il faudra peut-être identifier une solution durable avant cela.
Le défi de l’approvisionnement énergétique, ainsi que les différents problèmes d’instabilité géopolitique actuels, dont certains se situent à nos frontières, nécessitent une Europe parlant d’une voix unique et assurée aux Nations unies et dans tous les autres forums internationaux.
Jacek Saryusz-Wolski (PPE-DE). - (EN) Monsieur le Président, j’ai rencontré le haut représentant pour la première fois lorsqu’il était ministre des affaires étrangères espagnol, puis lorsqu’il représentait la présidence. Quel que soit le destin du Traité constitutionnel, Monsieur Solana, vous êtes notre ministre des affaires étrangères.
Je vous remercie pour votre présentation circonstanciée et pour votre analyse détaillée. Nous devons consacrer tous nos efforts à la définition d’une véritable politique étrangère et de sécurité communautaire qui soit à l’aune des ambitions et de l’importance de l’Union européenne sur la scène mondiale, d’une part, et qui soit conforme à sa pertinence à la lumière des valeurs de l’Union proclamées par la déclaration de Berlin à l’occasion du cinquantième anniversaire, d’autre part. Dans ce contexte, le développement et la consolidation de la démocratie, de l’État de droit et du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales doivent appuyer notre politique extérieure. Pour être réellement européenne, cette politique extérieure doit être fondée sur des valeurs. Notre diplomatie parlementaire contribue à cette dimension. Nos débats au Parlement doivent viser le consensus possible, au lieu de créer des divisions supplémentaires, comme l’a démontré ce débat. Nous ne devons pas nous borner à présenter nos points de vue sur la question. Nous devons agir conjointement et promptement le cas échéant.
Nos pensées doivent, en cet instant, aller au Belarus. Nous devons réagir à ce qui s’est produit le week-end dernier: alors que nous célébrions le cinquantième anniversaire de l’intégration européenne, des démocrates biélorusses étaient battus et emprisonnés à notre porte.
La politique étrangère et de sécurité commune se compose aujourd’hui de multiples facettes. Elle couvre des aspects étrangers et sécuritaires classiques, celui des armes nucléaires notamment, mais aussi une très large palette de menaces non conventionnelles pour la démocratie, la paix et la sécurité sur des sujets tels que le terrorisme, la pauvreté, la sécurité énergétique, le changement climatique etc. Globalement pourtant, et sans aborder tous les points que vous avez soulevés, Monsieur le Haut-représentant - ce serait impossible dans le temps qui m’est imparti - nous partageons et soutenons la ligne que vous avez adoptée sur toutes les questions de politique extérieure brûlantes qui nous entourent dans le monde.
Le message que je voudrais adresser au Conseil et à vous personnellement est le suivant: le Parlement veut jouer un rôle influent au niveau de la PESC. C’est dans l’intérêt de l’Union, pas uniquement dans celui du Parlement. Nous ne cherchons pas à obtenir de nouvelles prérogatives. En revanche, nous voudrions mettre à profit nos expériences passées et accroître notre influence dans le domaine de la politique extérieure, en accord et en collaboration avec vous et la Commission, en améliorant sa légitimité et en la rapprochant des citoyens européens, en la rendant plus compréhensible et en lui apportant un soutien et une assise plus larges et plus démocratiques.
Nous voulons le faire en collaboration avec les institutions européennes - le Conseil et la Commission. Comme vous le savez, nous développons, avec votre appui et celui de la Commission, des contacts étroits avec le Conseil. Nous souhaitons profiter de cette occasion pour assurer nos deux partenaires de l’importance capitale que revêtent à nos yeux des relations fluides et efficaces et de la nécessité d’œuvrer de concert, de bâtir des synergies, de nous compléter mutuellement et d’apporter notre aide dans ce domaine extrêmement important, très difficile et particulièrement sensible des politiques de l’Union.
Très brièvement concernant la défense antimissile, nous ne disposons pas, comme vous l’avez indiqué, de l’autorité permettant de prendre des décisions en matière de défense, mais nous devons avoir l’autorité permettant d’en débattre. Raison pour laquelle la commission des affaires étrangères propose un débat sur la DAM et la gestion des crises le 7 mai, en votre présence, en présence des présidents de toutes les commissions des affaires étrangères et de la défense des parlements nationaux, et peut-être en présence de M. De Hoop Scheffer. Le 28 juin, la commission des affaires étrangères et de la sécurité et la sous-commission de la défense tiendront une autre réunion sur le système de DAM, cette fois avec M. Obering, général de l’armée américaine.
Hannes Swoboda (PSE). - (DE) Monsieur le Président, je voudrais féliciter notre haut représentant pour son attachement au Moyen-Orient. Monsieur Solana, votre tâche dans cette région est absolument essentielle et je vous souhaite bonne chance dans votre mission. Il est évident que les députés de cette Assemblée que nous sommes peuvent penser avec un peu plus de souplesse et de liberté. Aussi voudrais-je évoquer les propos tenus par Mme De Keyser. Nous représentons la démocratie. Il faut choisir entre la démocratie et une partie de celle-ci. C’est pourquoi ce que nous avons fait à la suite des élections en Palestine - que nous avions réclamées - doit être envisagé sous un jour très critique. Je rejoins tout à fait ceux qui disent que nous devons exiger du gouvernement palestinien qu’il s’engage pour le processus de paix et accepte de renoncer au terrorisme.
Nous avons maintenant la possibilité d’obtenir ce type de gouvernement. Nous n’exigeons pas d’Israël qu’il renonce de manière permanente à toute tentative de règlement. Israël ne reconnaît pas vraiment, lui non plus, la frontière de 1967 comme étant la frontière entre deux États se reconnaissant mutuellement. C’est parce qu’Israël ne le fait pas - en dépit de nos requêtes dans ce sens - que nous devons adopter une approche juste et équitable, en exigeant de chaque partie une contribution à la paix et en soutenant les deux camps lorsqu’ils font des efforts à cette fin. C’est pourquoi l’Union européenne doit faire très clairement comprendre que c’est la voie qu’elle emprunte. Aussi désagréables que certains de ses représentants puissent nous sembler - et je vous avouerai que je ne suis pas à proprement parler un admirateur de M. Liebermann côté israélien -, ce gouvernement nous donne une occasion que nous ne pouvons laisser échapper. Dès lors, c’est essentiellement dans l’intérêt de l’Europe que nous devons saisir cette opportunité d’instaurer la paix, même si nous méprisons certains individus.
Deuxièmement, en parlant de démocratie, nous éprouvons tous de graves difficultés à travailler, dans l’intérêt de la paix, avec des pays qui ne sont pas organisés sur une base démocratique. L’Arabie Saoudite a été mentionnée aujourd’hui et j’espère qu’elle parviendra à apporter une contribution significative à la paix. Je dirais la même chose au sujet de l’Égypte. Toutefois, nous ne pouvons y voir une raison d’abandonner notre campagne pour la démocratie. Nous devons, par exemple, signifier très clairement à l’Égypte qu’il est inacceptable à nos yeux - comme cela s’est produit ces derniers jours - de voir la constitution modifiée au terme d’un soi-disant référendum convoqué quelques jours auparavant, avec, en tout état de cause, une participation limitée à 30%. Nous devons intervenir énergiquement pour la paix et la démocratie au Moyen-Orient. Nous devons associer ces deux éléments. Telle est la mission de l’Europe.
Anneli Jäätteenmäki (ALDE). - (FI) Monsieur le Président, 50 ans après la signature du traité de Rome, la politique étrangère et de sécurité commune de l’Union en est encore à ses balbutiements. Ce domaine de coopération intergouvernementale limite l’autorité de tous les acteurs communautaires. Les attitudes face au bouclier antimissile américain constituent actuellement un facteur capital qui influe sur l’avenir de l’Union et des pays européens. La réponse de l’Union est-elle unanime ou la secrétaire d’État Condoleezza Rice obtient-elle plusieurs réponses lorsqu’elle appelle l’Europe? C’est de cette manière que l’Europe permet aux États-Unis de décider ce qui est bon pour l’Union et ses États membres. L’application d’une nouvelle Constitution et l’existence d’un ministre des affaires étrangères de l’Union européenne ne nous seraient d’aucune utilité, car il n’est pas de politique commune sans volonté commune.
Je voudrais également évoquer l’autre question, la question de l’immigration clandestine et de la politique de l’immigration. Dernièrement, d’aucuns ont espéré une collaboration communautaire plus étroite afin d’empêcher l’entrée d’immigrants clandestins aux postes de contrôle frontaliers. Il n’est pas étonnant que l’été dernier, près des Îles Canaries, le nombre de personnes, immigrants illégaux, disparues dans l’Océan Atlantique ait dépassé le nombre de victimes de la guerre au Liban. Par conséquent, il reste beaucoup à faire en matière de politique de voisinage pour développer et asseoir le bien-être et la sécurité que garantit l’Union européenne.
Seán Ó Neachtain (UEN). - A Uachtaráin, is pobal seacht mBallstát agus fiche an tAontas Eorpach anois agus dá réir, tá seasamh níos láidre againn ar an ardán idirnáisiúnta. Creidim gur chóir go mbeadh ról mar idirghabhálaí macánta ag an Aontas Eorpach in aighneas an Mheánoirthir agus go háirithe sna hiarrachtaí atá á ndéanamh chun síocháin a chothú idir muintir na Palaistíne agus muintir Iosrael.
Ar an gcuma chéanna, ba chóir dúinn súil a choinneáil ar an bpolaitíocht san Iaráin, mar tá sí sin ag déanamh imní agus mioscaise sa Mheánoirthear trí chéile. Níos gaire do bhaile, caithfimid ár ndóigh cabhair a thabhairt do na tíortha balcánacha lena chinntiú go ndéanfar dul chun cinn eacnamaíochta agus polaitíochta iontu agus go neartófar an ceangal eadrainn. Caithfidh an tAontas Eorpach a bheith ina cheannródaí i gcur chun cinn spriocanna forbartha na Mílaoise, agus sa chomhthéacs seo a chinntiú go mbeidh muintir na hAfraice neamhspleách i gcúrsaí forbartha agus i gcearta daonna.
(Bualadh bos)
Charles Tannock (PPE-DE). - (EN) Monsieur le Président, je suis ravi que M. Solana ait fait référence à l’Afrique et au Darfour ainsi qu’aux violations des droits de l’homme au Darfour, mais il a malheureusement oublié le Zimbabwe.
La Ligue arabe, qu’il a rencontré pas plus tard qu’hier, a promis à Riyad une nouvelle initiative pour le conflit israélo-arabe, en insistant toujours sur le droit de retour de tous les réfugiés palestiniens - il n’y a donc rien de nouveau selon moi.
En ce qui concerne le Kosovo, je crains que le retirer brutalement et unilatéralement de la souveraineté de la Serbie - pays qui digère toujours la séparation du Monténégro - ne fera qu’engendrer davantage d’instabilité dans la région et créera un précédent que la Russie utilisera au maximum avec les conflits gelés du sud Caucase, et plus encore de Crimée. L’Ukraine est un pays qui a aujourd’hui besoin de plus de soutien. N’est-il pas grand temps que le Conseil lui octroie le statut de candidat potentiel, comme pour les Balkans occidentaux?
Au sujet du Moyen-Orient, j’inviterai à la prudence pour la reprise de l’aide directe au nouveau gouvernement palestinien d’unité nationale avant que le Hamas ait accepté explicitement les trois conditions, notamment la reconnaissance du droit de l’État d’Israël à exister.
Je voudrais également remercier tous ceux qui, au sein de cette Assemblée - en particulier le président de Parlement -, ont montré leur solidarité envers les 15 soldats britanniques qui ont été enlevés des eaux territoriales irakiennes où ils avaient tout à fait le droit d’être présents conformément aux résolutions de l’ONU et à l’accord explicite du gouvernement irakien.
L’Iran reste un problème grave, car il tient tête à la communauté internationale dans sa détermination à acquérir l’arme nucléaire et mentira ouvertement sur ce point, comme il l’a fait récemment au sujet de la position exacte des soldats britanniques lors de leur capture.
Il est désormais grand temps que l’UE et les États-Unis appliquent de sérieuses sanctions économiques envers ce régime brutal qui exécute publiquement des personnes pour infraction sexuelle et dont le président Ahmadinejad a juré d’effacer Israël de la face de la Terre. Mettre un terme aux garanties de crédit pour l’exportation de l’Allemagne serait un bon début.
Ana Maria Gomes (PSE). - (PT) Monsieur Solana, où est le multilatéralisme efficace pour lequel vous avez lutté, avec l’aide du Parlement, si les plans unilatéraux américains de déploiement de système antimissile sur le territoire européen sont à peine une question bilatérale ou, comme vous l’avez dit aujourd’hui, font partie d’une alliance défensive?
Ces plans visent à affaiblir la politique extérieure et de défense de l’Europe. Même s’ils ont été présentés sous l’égide de l’OTAN - comme il se doit -, ils auront des conséquences sur l’industrie de la défense européenne. Comment le Conseil peut-il ignorer une concertation sur cette question entre tous les États membres? Comment peut-il accepter des plans supposés protéger l’Europe qui sont basés sur une technologie douteuse et qui divisent l’UE en écartant certains États membres? Quelle menace est plus menaçante pour la Pologne et la République tchèque que pour la Grèce, Chypre, l’Espagne ou le Portugal?
Monsieur Solana, comme vous l’avez fait remarquer aujourd’hui, nous voulons, en Europe, combattre la prolifération, mais ces plans - contrairement à d’autres répercussions en rapport avec la Russie - ne feront qu’encourager cette prolifération. Par conséquent, nombreux sont ceux qui, aux États-Unis, au Congrès américain, rejettent également ces plans. Ce sont les personnes avec lesquelles nous devons travailler.
Jan Zahradil (PPE-DE). - (CS) Merci Monsieur le Président. J’ai écouté le discours détaillé de M. Solana, que je remercie, avec beaucoup d’intérêt. C’était un thème fort et intéressant. J’aimerais, si vous me le permettez, faire quelques commentaires.
Tout d’abord, M. Solana a souligné que, en ce qui concerne le Kosovo, l’UE ne pouvait pas se permettre d’échouer dans son propre voisinage. Je suis entièrement de cet avis et le formulerais ainsi: l’UE doit d’abord montrer qu’elle est capable de résoudre les problèmes dans son voisinage immédiat et qu’elle est capable de contribuer à la stabilité et la prospérité de la région qui l’entoure, et par conséquent montrer en pratique qu’elle est capable de réaliser des ambitions plus larges, globales, faute de quoi il ne nous reste que des paroles en l’air.
Ensuite, concernant les bases antimissile américaines, ou, dans le cas de la République tchèque, des bases radar, le gouvernement tchèque a officiellement approuvé hier le lancement de négociations avec les États-Unis pour la construction d’une base de radar comme système de défense. Le gouvernement tchèque informera évidemment volontiers ses collègues et partenaires européens de l’évolution dans ce domaine, mais il ne fait aucun doute que la décision finale revient au gouvernement tchèque.
Je crois sincèrement que lorsque la base sera opérationnelle, il y aura une plus grande sécurité non seulement pour l’Europe centrale, mais également pour l’Europe dans son ensemble. Nous savons tous que cette base n’est pas dirigée contre la Russie, et la Russie le sait également parfaitement. Cet argument est donc fallacieux. Je suis d’avis que mettre en œuvre cette mesure aidera également à renforcer les liens transatlantiques.
Cela permettra naturellement également d’améliorer l’image internationale de la République tchèque et de la Pologne. Je pense que cela n’inquiétera personne. Je voudrais rappeler à cette Assemblée qu’elle a ses limites en termes de sécurité et de politique et qu’elle a dans ce cas précis franchi l’une de ces limites. Merci.
Libor Rouček (PSE). - (CS) Mesdames et Messieurs, M. Solana a dit ce matin devant cette Assemblée que nos concitoyens veulent voir une politique étrangère et de sécurité européenne coordonnée. Je suis entièrement d’accord; le peuple européen, y compris les citoyens des nouveaux États membres, attendent de l’UE qu’elle coordonne sa politique étrangère et de sécurité, même sur des questions comme le déploiement d’un système américain de défense antimissile sur le territoire européen. Ce système n’est pourtant pas une question bilatérale entre les États-Unis et la Pologne ou la République tchèque, comme certains députés veulent nous faire croire. De par sa nature, il concerne la politique étrangère et de sécurité commune, les relations au sein de l’UE, les relations de l’UE avec les États-Unis, l’OTAN et la Russie, les processus de désarmement et les processus pour mettre un terme à la prolifération des armes de destruction massive.
Je voudrais donc inviter M. Solana à fournir au Parlement une analyse de tous ces aspects et des façons de résoudre ces questions du point de vue de la politique étrangère et de sécurité commune. Je crois fermement que c’est exactement ce que nos concitoyens attendent du haut-représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune.
Stefano Zappalà (PPE-DE). - (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je voudrais remercier M. Solana pour les informations qu’il nous a fournies ce matin. Il ressort pourtant encore clairement de nos débats que l’Union européenne n’a pas de politique étrangère et par conséquent pas de politique de sécurité et de défense commune.
Je voudrais donc exprimer mon entière solidarité envers le Royaume-Uni sur la question des marins détenus en Iran, une solidarité qui doit également être exprimée par d’autres pays. Je soulignerais cependant que si nous disposions d’une politique étrangère et de sécurité commune, nous aurions sans aucun doute une bien plus grande influence pour résoudre des questions internationales. L’absence de politique étrangère commune signifie également que dans certains États - y compris le mien -, à cause de positions individuelles, même des affaires de politique intérieure prennent une tournure assez grave. Si nous continuons dans la voie du traité constitutionnel, ouverte par la chancelière Merkel, je pense que nous ferons quelque chose de très positif.
Je voudrais faire remarquer à M. Solana un point fondamental. On a mentionné plusieurs fois ce matin la question de l’hypothétique système de défense antimissile américain, qui devrait être placé sur le territoire de la République polonaise et de la République tchèque. Il me semblerait entre autres - je ne sais cependant pas si cela est vrai - que certains États de l’Union, l’Italie et la Grèce par exemple, ne seront probablement pas pris en compte par un tel système de défense antimissile. J’ai entendu différentes positions sur le sujet, et à juste titre.
Bien que je sois personnellement favorable à ce système, je pense, Monsieur Solana, qu’il est important d’obtenir de véritables informations, y compris celles que vous avez choisi de taire. Je vous invite par conséquent à fournir sans plus attendre toutes les informations possibles à notre sous commission.
Adrian Severin (PSE). - (EN) Monsieur le Président, Monsieur le haut-représentant, j’ai quatre brèves pensées à exprimer en une minute.
Premièrement: il est grand temps de remplacer le nouveau conservatisme en affaires internationales par un réalisme, et de remplacer l’approche extrêmement idéologique que nous avons entendue aujourd’hui par un pragmatisme guidé par nos principes et nos valeurs.
Deuxièmement: le multilatéralisme est une activité clé dans laquelle nous ne devons pas échouer.
Troisièmement: les nombreuses crises gelées dans notre voisinage oriental font simplement partie d’un unique problème cohérent, à savoir le statut post-soviétique de la Russie. Nous devons enfin bâtir une vision à ce sujet.
Quatrièmement: l’Union européenne n’est pas une alliance défensive, mais nous devons créer l’environnement politique qui pourrait engager la Russie et les États-Unis à promouvoir un partenariat mondial pour la défense contre les menaces contemporaines, rejetant ainsi tout accord bilatéral anti-missile qui nous divisera et nous exposera plus qu’il ne nous défendra.
Elmar Brok (PPE-DE). - (DE) Monsieur le Président, Monsieur le haut-représentant, Mesdames et Messieurs, vous avez, Monsieur Solana, expliqué bien clairement - et de façon intelligente - où se trouvent les zones de guerres et quels sont les intérêts de l’Europe. Permettez-moi de vous donner quelques exemples: il y a le Moyen-Orient, il y a le Kosovo, il y a l’Iran, il y a la question de la sécurité énergétique et un certain nombre d’autres points. Nous devons pourtant désormais nous pencher sur la façon de faire avancer les choses. Pour commencer, dans de nombreux domaines, nous n’obtiendrons rien en qualité de pouvoir souple que nous nous revendiquons d’être si nous ne parlons pas, en matière de politique étrangère, d’une voix unique et ferme pour influencer nos partenaires du monde entier, et je pense ici en particulier à la relation transatlantique.
Enfin, nous n’irons nulle part si nous considérons que l’Union européenne est composée de zones avec différents degrés de sécurité. Sur le front de la sécurité énergétique, nous devons nous assurer que tous les pays bénéficient du même niveau de protection, mais il n’est pas moins intolérable que quiconque faisant partie de l’Union européenne soit moins protégé par un bouclier antimissile.
En d’autres termes, des questions telles que celle-ci ne peuvent pas être débattues de façon bilatérale; au contraire, il faut clairement affirmer que la Constitution dote l’Union européenne de capacités améliorées et lui permet de parler d’une seule voix, et, en parlant de cette voix unique, nous devons à notre tour être prêts à guider l’OTAN vers des débats stratégiques. Nous ne gagnerons de l’influence qu’en combinant ces deux choses, pas avec des solutions séparées. J’ai parfois l’impression qu’il y a ceux qui - et à juste titre - demandent de la solidarité pour eux-mêmes en termes d’énergie, mais ceux qui font ceci doivent également faire preuve de la même solidarité dans d’autres domaines si nous voulons de cette façon arriver à une position européenne commune. C’est notre seule chance de survivre dans ce monde.
Le Président. - Merci beaucoup, Monsieur Brok. Bien que ce ne soit pas à moi d’en juger, je pense que ce que vous avez exprimé est au cœur de la politique d’unification européenne.
Justas Vincas Paleckis (PSE). - (LT) L’actuelle administration de Washington est pressée de mettre en place un bouclier antimissile. Il couvrirait une partie de l’Union européenne si des missiles et radars défensifs devaient être installés en République tchèque et en Pologne. Tout ceci devrait coûter 58 milliards de dollars. Cette somme, utilisée d’une autre manière, pourrait aider des millions de personnes affamées et changer la nature même des pays annonçant des dangers imprévisibles.
Les gouvernements et les peuples des pays européens ont plus que quelques inquiétudes sur ces plans qui pourraient conduire à une nouvelle course à l’armement et mettre en danger toute la région. La Lituanie fait partie de cette région; cependant il n’y a pas eu beaucoup de débat public à ce sujet dans les nouveaux États membres. Les plans de Washington devraient être discutés ouvertement et sans détour par l’OTAN et les pays européens, et la Russie devrait également faire partie des discussions.
Les politiques unilatérales ne prenant pas compte des dangers et conséquences potentiels ont créé plus d’une fois des situations desquelles il était très difficile de sortir. Par exemple, les projets «Star Wars» étaient de purs produits de l’ère de la guerre froide. Les mettre à exécution aujourd’hui reviendrait à concéder que le monde est toujours divisé en deux camps irréconciliables et que nous essayons encore de trouver des solutions basées sur la force et les armes.
Bogdan Klich (PPE-DE). - (PL) Monsieur le Président, ma première intention aujourd’hui était de parler des conditions nécessaires au bon fonctionnement de la PESC, mais les discours démagogiques de M. Schulz et M. Cohn-Bendit nécessitent une réponse et m’obligent à corriger certaines erreurs.
Tour d’abord, les Américains ont transformé il y a quelques années le projet original National Missile Defence en un projet Missile Defence. Le but était de placer non seulement le territoire des États-Unis, mais également celui de l’Union européenne et des États membres de l’OTAN, sous la protection de ce bouclier défensif. Ceci à la demande explicite des pays de l’Europe occidentale, y compris de l’Allemagne. D’où vient donc cette vague de critiques?
Deuxièmement, nous construisons, nous, Européens, depuis quelques années, notre propre bouclier européen, à savoir le programme de défense contre les missiles balistiques tactiques (Theater Ballistic Missile Defence - TBMD). Si vous avez des doutes à ce sujet, je vous renvoie à la déclaration du dernier sommet de l’OTAN à Riga. Il devrait être prêt en 2010 et, pour une raison qui m’est inconnue, ni M. Schutz ni M. Cohn-Bendit ne semblent protester contre ce projet.
Troisièmement, les protestations de la Russie contre ce bouclier sont tout simplement un autre exemple des critiques formulées par ce pays envers diverses initiatives stratégiques américaines. Souvenons-nous de la vague de critiques formulées à l’encontre de la SDI sous l’administration Reagan ou à l’encontre des Américains lorsqu’ils se sont retirés du traité ABM.
Je soutiens avec ardeur les discussions avec la Russie au sujet du bouclier défensif antimissile, mais je vous invite à rester calme.
Quatrièmement, je suis également en faveur de débats sur la question au Parlement européen, mais nous devons garder à l’esprit que la décision reviendra toujours aux gouvernements souverains des États européens. Je voudrais demander aux partis de gauche et aux verts de ne pas utiliser d’arguments incorrects dans ce débat et de ne pas induire l’opinion publique en erreur. Une telle approche pourrait avoir des conséquences regrettables. Elle pourrait conduire à des divisions plus profondes au sein de l’Union européenne et à une recrudescence de sentiments anti-américains semblables à ce que nous avons connu en 2002 et 2003.
Giulietto Chiesa (PSE). - (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, l’appel à l’unité européenne pour renforcer l’action extérieure de l’Union est sacro-sainte, mais tautologique. Ce que nous devons comprendre, c’est quelles sont et où sont les forces qui empêchent l’unité européenne, car il est évident qu’elles existent, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’Europe. Nous en avons entendues quelques une pendant ce débat.
Les missiles que Washington a l’intention d’installer en Pologne - missiles qui doivent servir à abattre des missiles iraniens qui n’existent pas - sont en fait dirigés contre l’unité européenne elle-même, avec l’intention de l’affaiblir, voire de la détruire. Il n’y a rien de fortuit dans tout ceci: ce n’est pas une erreur, c’est plutôt un plan conçu par les forces extrémistes présentes au sein de l’élite américaine. Cependant, une telle action provocatrice n’aurait jamais pu voir le jour s’il n’y avait pas des forces en Europe disposées à l’accepter.
Identifier et neutraliser ces forces est la clé d’une action internationale forte de l’Europe.
Roberta Alma Anastase (PPE-DE). - Domnule Preşedinte, doamnelor şi domnilor, doresc în primul rând să mulţumesc Înaltului Reprezentant pentru informarea cuprinzătoare cu privire la perspectivele politice externe comune în 2007. Fără îndoială, una din priorităţile noastre este stimularea creării unui spaţiu de stabilitate, securitate şi democraţie în vecinătatea Uniunii Europene.
În ceea ce priveşte frontiera de est, provocările sunt legate în primul rând de gestionarea problemei conflictelor îngheţate. În afară de eforturile existente, instrumentele de cooperare regională, inclusiv cooperarea cu şi în cadrul zonei Mării Negre, trebuie dezvoltate şi implementate încă din 2007. Succesul politicii externe comune depinde în primul rând de succesul nostru în securizarea frontierei noastre externe şi zonei de vecinătate, iar implicarea noastră mai activă în 2007 este nu numai o prioritate, dar şi o obligaţie.
Andrzej Jan Szejna (PSE). - (PL) Monsieur le Président, le bouclier de défense antimissile menace de créer un nouveau rideau de fer et ne fournit dès lors aucune garantie de paix et de sécurité internationale. En fait, il pourrait conduire à une intensification des conflits existants partout dans le monde. Nous ne devons pas commencer une nouvelle course à l’armement: le bouclier antimissile est là avant tout pour protéger les États-Unis.
Si quelqu’un me demandait si nous devons défendre la paix et défendre les États-Unis contre les terroristes, par exemple, je répondrais oui. Mais le bouclier de défense antimissile soulève de nombreuses questions. Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser de nouvelles divisions apparaître en Europe et nous devons chercher un compromis pacifique, plutôt qu’un conflit, avec la Russie.
J’ai interpellé le gouvernement polonais à de nombreuses reprises à ce sujet en proposant un débat public sur la question en Pologne et en Europe. Cependant, l’actuel gouvernement polonais de droite reste fidèle à ses arguments anti-européens peu constructifs, comme il l’a fait avec le traité constitutionnel. Bien que l’Union européenne ne soit pas une alliance défensive, il devrait être clarifié publiquement si la question du système de défense antimissile devrait faire l’objet de décisions politiques conjointes entre l’UE et l’OTAN.
Jana Hybášková (PPE-DE). - (EN) Monsieur le Président, nous savons ce que font les Gardes révolutionnaires iraniens: ils sont responsable de l’explosion d’AMIA en Argentine, de l’explosion des tours Khobar, Shehab III et de la capture de 15 soldats britanniques en réponse à l’arrestation de 5 Pasdaran à Erbil. Le chef international du Hezbollah, Imad Mughniyah, est iranien.
Un système de défense antimissile concerne l’évaluation de la menace et les priorités. La menace est là. Nous devons protéger et renforcer l’Europe. Le sud de l’Europe a besoin d’être protégé contre le terrorisme. Le sud de l’Europe a besoin d’une défense active multicouches contre les missiles balistiques tactiques. Nous devons, au sein de l’OTAN, construire des systèmes nationaux de défense antimissile, mais nous devons adapter le troisième pilier. Pour ce qui est du nord de l’Europe, la République tchèque, la Pologne et la côte est des États-Unis, nous pouvons obtenir une architecture de défense antimissile complexe en partageant des données et des informations sous le commandement et le contrôle de l’OTAN. Vous le savez. C’est faisable. Partager des informations coûte moins d’1 milliard d’euros. Pour le faire, nous avons besoin de consultations bilatérales et de consultations de l’OTAN, pas de décisions d’État souverain. Nous avons avant tout besoin de responsabilité: ma responsabilité et votre responsabilité.
Javier Solana, haut-représentant. - (EN) Monsieur le Président, je voudrais remercier les membres de ce Parlement pour leurs contributions. Ce fut un long débat avec de nombreuses interventions. Tout le monde n’était pas présent pour la totalité du débat, mais je pense que de nombreuses choses importantes ont été dites. Je voudrais également remercier les membres de cette Assemblée pour l’attitude constructive de la majorité d’entre eux. Je voudrais affirmer une fois encore ma volonté de continuer les discussions importantes que nous avons stratégiquement commencées ce matin. Je résumerai les choses brièvement, car je sais que vous avez un vote important à 11 heures 30.
Nous devons condamner de façon très claire l’enlèvement par l’Iran des marins britanniques, et nous devons exiger leur libération immédiate. Je pense que nous sommes tout à fait d’accord après le débat d’aujourd’hui et nous l’avons crié haut et fort.
Je voudrais évoquer la question du Moyen-Orient, parce que je pense que cela va être l’une des questions les plus importantes jusqu’au mois de septembre. Je pense qu’il peut se passer quelque chose pendant cette période s’il y a de la bonne volonté, une bonne coopération avec les États-Unis, une bonne coopération avec les pays arabes, et une bonne coopération entre nous.
Une nouvelle situation a été créée. Il y a quelques heures, je dînais à Riyad: je viens seulement d’arriver ici. J’aurais aimé que certains d’entre vous soient là-bas pour voir la politique étrangère de l’Union européenne en pleine action. Croyez-moi, quand nous sommes là-bas, quand nous sommes à ces réunions, nous comptons, et nous comptons sérieusement. Croyez bien ceci. Si je le pouvais, je vous inviterais à m’accompagner.
(Applaudissements)
Il y a quelques heures à peine, j’étais encore là-bas, à débattre de sujets très importants qui seront demain dans les journaux. J’espère que les résultats des négociations se réaliseront dans les prochains jours.
Deuxièmement, je voudrais parler une fois encore devant cette Assemblée de la question du Liban. Nous avons une grande responsabilité envers le Liban. On ne l’a pas assez dit. Je voudrais répéter une fois encore que pour nous le gouvernement du Premier ministre Siniora est le gouvernement légitime du Liban et nous devons continuer à aider ce gouvernement.
(Applaudissements)
Je pense que la coopération que nous offrons au Liban à travers la présence des forces européennes de l’UNIFIL dans le sud du pays, ainsi que la conférence qui a eu lieu récemment à Paris pour aider la reconstruction du Liban, sont des preuves de notre engagement envers ce pays. C’est fondamental. Il est également fondamental de continuer à soutenir le gouvernement libanais: un gouvernement qui peut produire des résultats, pas un gouvernement bloqué, comme le veulent certaines personnes.
Il est important de mettre en place un tribunal international pour juger les assassinats de dirigeants libanais, à commencer par le Premier ministre Rafik Hariri, qui a été tué il y a trois ans. Nous devons trouver une solution négociée. Lors de ces négociations, il y aura des représentants des cinq membres permanents du Conseil de sécurité plus une personne de l’Union européenne vous représentant tous - toute l’Union européenne. Une chose de ce genre ne s’est jamais produite auparavant dans notre histoire récente.
Nous avons également des responsabilités en Afrique. Ces responsabilités seront fondamentales entre aujourd’hui et cet été. C’est pourquoi notre agenda d’ici là est très intense, très dense. Si le président de la commission des affaires étrangères le souhaite, je serais très heureux de suivre cet agenda ici, devant cette Assemblée. C’est un agenda intense. Il est fondamental pour la stabilité et la paix, non seulement dans le monde, mais également dans le voisinage de notre continent.
Merci encore, Monsieur le Président. C’est la première fois que je participe à un débat devant cette Assemblée sous votre présidence. Vous pouvez compter sur moi pour soutenir cette institution, que je respecte profondément, chaque fois que nécessaire. Quelqu’un a dit que je cherchais un travail, mais ce n’est pas le cas, mais de toute façon, peut-être que vous m’inviterez à venir ici plus souvent!
(Applaudissements)
Président. - Monsieur le Haut-représentant, merci beaucoup pour votre discours et votre participation à ce long débat. Nous vous sommes reconnaissants d’être venu directement au Parlement européen après votre retour d’Arabie Saoudite.
Vous avez l’une des responsabilités les plus difficiles dans l’Union européenne: vous êtes le visage de notre politique étrangère. Le verre n’est pas à moitie vide, il est à moitié plein, et notre ambition commune est de remplir ce verre. Vous avez par conséquent le soutien total et les bons vœux du Parlement européen.
Déclarations écrites (article 142)
Pedro Guerreiro (GUE/NGL), par écrit. - (PT) Le déploiement de systèmes américains de défense antimissile n’est qu’une preuve supplémentaire de l’engagement des États-Unis dans la course à l’armement et de l’importante augmentation des dépenses militaires pour soutenir sa politique d’interventionnisme, d’agression et d’occupation impérialiste, avec le soutien de ses alliés, en particulier de l’OTAN.
Cette initiative doit être vue dans le contexte du changement de concept stratégique de l’OTAN, son élargissement aux frontières de la Fédération de Russie et l’impérialisme toujours plus agressif, comme le prouvent l’intervention en Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak et au Moyen-Orient, accompagnée de nouvelles menaces envers d’autres États souverains. C’est une approche qui, malgré des différences existant au sein de l’UE, exacerbera les divisions politiques du continent.
La Fédération de Russie donne des signes clairs que la «ligne rouge» est (depuis longtemps) franchie.
Le plan des États-Unis de créer un système «mondial» de défense antimissile, qui implique le déploiement de nouvelles bases en Europe - radars en République tchèque et missiles en Pologne - fait face à une résistance croissante. Le rejet des intentions américaines par les peuples tchèque et polonais se fait de plus en plus fort.
Nous devons mobiliser le mouvement pour la paix.
Glyn Ford (PSE), par écrit. - (EN) Je voudrais me concentrer en particulier sur la question du déploiement de systèmes de défense antimissile en Europe par les États-Unis. Faisant partie de ceux qui se sont penchés sur la question identique concernant le déploiement japonais de défense contre les missiles tactiques pour se «défendre» contre la supposée menace provenant de Corée du Nord, je peux simplement affirmer que nous sommes induits en erreur par le mot «défense». Ces déploiements au Japon et en Europe ont pour but de permettre aux États-Unis de lancer une action préventive contre la Corée du Nord ou l’Iran. Ils ne peuvent rien faire contre une attaque à grande échelle de la Chine ou de la Russie - je ne suggère pas que cela puisse se passer - à part se défendre contre tout reste étrange de missile et d’ogive après une attaque préventive contre un pays ayant un nombre limité de missiles et d’ogives. Le déploiement d’une telle technologie en Europe fera de l’Europe un endroit plus dangereux - plutôt que plus sûr -, dans l’intérêt d’une politique extérieure américaine néoconservatrice.
Diamanto Manolakou (GUE/NGL), par écrit. - (EL) Quelques jours après la célébration du 50e anniversaire de l’Union européenne, les déclarations de M. Solana devant le Parlement européen sur les perspectives d’une politique étrangère commune de l’Union européenne en 2007 confirment la nature impérialiste de l’UE. Le représentant de la politique étrangère de l’UE a réaffirmé son intention de renforcer son rôle impérialiste dans le monde entier. Il renforce sa militarisation en organisant ses structures militaires et ses forces d’intervention rapide. Dans ce cadre, il encourage la création d’un protectorat «indépendant» au Kosovo et prépare le renforcement de l’occupation européenne en envoyant une force de 1 500 hommes. Il continue à serrer le cordon économique autour du cou du peuple palestinien. Il prévoit une nouvelle vague d’interventions impérialistes en Belarus et en Ukraine. Il renforce sa politique interventionniste en Afrique, pour être mieux placé pour piller les ressources créatrices de richesse et pour s’occuper du commerce croissant avec la Chine et l’Inde, en particulier dans le secteur de l’énergie.
Afin de faire face aux réactions populaires contre l’installation de systèmes de défense antimissile aux États-Unis, en République tchèque et en Pologne, il essaie de manœuvrer en soumettant le sujet aux États membres tout en laissant ouverte la possibilité que la décision de l’installation soit prise dans le cadre de l’OTAN, dans le dos des citoyens.
La vigilance des peuples et l’intensification de leur lutte peut et doit renverser les plans impérialistes de l’UE, de l’OTAN et des États-Unis.