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Cycle relatif au document : RC-B6-0190/2007

Textes déposés :

RC-B6-0190/2007

Débats :

PV 09/05/2007 - 12
PV 09/05/2007 - 13
CRE 09/05/2007 - 12
CRE 09/05/2007 - 13

Votes :

PV 10/05/2007 - 7.7
CRE 10/05/2007 - 7.7
Explications de votes

Textes adoptés :

P6_TA(2007)0178

Compte rendu in extenso des débats
Mercredi 9 mai 2007 - Bruxelles Edition JO

12. Sommet UE/Russie (débat)
Procès-verbal
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  Le Président. - L’ordre du jour appelle les déclarations du Conseil et de la Commission sur le sommet UE/Russie.

 
  
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  Günter Gloser, Président en exercice du Conseil. - (DE) Monsieur le Président, Monsieur le Vice-président de la Commission, Mesdames et Messieurs les députés, avant de me consacrer à notre thème proprement dit, je tiens à dire quelques mots du débat qui a précédé. La présidence du Conseil, et donc également l’Union européenne, ont réagi au conflit, notamment parce qu’il touchait à la souveraineté d’un État membre de l’Union européenne, en témoignant leur solidarité et - comme l’a souligné Mme Zimmer - en aidant la situation à s’apaiser, ces deux choses ayant été accomplies en temps utile. Nous devrons bien entendu poursuivre dans cette voie.

Aujourd’hui, le neuvième jour du mois de mai, nous célébrons la Journée de l’Europe, journée symbolique de l’intégration européenne. Depuis que Robert Schuman a proposé la création d’une Communauté européenne du charbon et de l’acier, l’Europe a dû parcourir un chemin long et difficile - et je crois qu’elle l’a fait avec succès - pour que l’actuelle Union européenne à 27 États membres voie le jour, une Union européenne qui a maintenant atteint un niveau de stabilité et de prospérité qui fait l’envie du monde entier. Or, cette réalisation historique n’aurait pas été possible sans une vision à long terme de la politique et une approche patiente de la stratégie.

Ces deux approches sont nécessaires quand il s’agit de développer des relations entre l’Union européenne et la Russie. C’est à juste titre que l’Union européenne considère la Russie comme un partenaire et un voisin avec lequel elle se trouve liée par une coopération d’ordre stratégique. Avec presque aucun autre pays, l’Union européenne n’entretient de relations aussi variées et aussi profondes qu’avec la Russie. L’une des leçons fondamentales de l’histoire est que l’Europe ne peut à terme prétendre à la stabilité et au bien-être qu’avec la Russie. Nous ne pouvons pas non plus, en dernière analyse, répondre aux grands défis mondiaux, si nous ne le faisons pas ensemble. Des défis comme la guerre contre le terrorisme international, mais, tout autant, la prévention de la prolifération des armes de destruction massive, ou les dangers du changement climatique planétaire. Une coopération étroite entre l’Union européenne et la Russie est également indispensable, si nous voulons faire valoir notre point de vue dans des conflits comme ceux du Kosovo, de l’Iran ou du Moyen-Orient.

En cette ère de mondialisation, nos intérêts communs et nos interdépendances réciproques sont beaucoup plus importants que ce qui nous divise, dans le domaine de l’énergie, par exemple, où l’on oublie souvent que la Russie dépend de nous, car nous consommons 80% de ses exportations de gaz, et où elle a besoin d’une coopération avec l’Union européenne, si son économie veut connaître la modernisation dont elle a un besoin si urgent. Quant à l’Union européenne, elle a elle-même un intérêt de premier plan à favoriser des liens plus étroits avec la Russie. Inversement, le président Poutine a raison de se référer constamment à l’Union européenne comme partenaire idéal de la Russie, et par «Union européenne», il a bien sûr en tête l’ensemble des 27 États membres.

Notre coopération, qui se caractérise par l’interconnexion, se fonde sur la politique des «quatre domaines» conclue avec la Russie. La présidence allemande de l’Union européenne entend donc tirer parti du sommet UE/Russie de Samara, le 18 mai, afin de poursuivre la consolidation et l’extension de son partenariat avec la Russie. Ce faisant, nous n’entendons pas nous limiter à un simple échange de vues, mais nous avons au contraire l’intention d’envoyer, lors de ce sommet, des signaux positifs en faveur d’un partenariat et d’une coopération accrus avec la Russie. Nous restons fermement engagés dans cette direction. Nous savons que ce sommet constitue la dernière occasion d’entamer, comme nous le devons, des négociations sur un accord qui succéderait à l’accord actuel de partenariat et de coopération.

La présidence allemande du Conseil coopère encore avec la Commission, dans toute la mesure de ses capacités, pour trouver une solution à la question encore en suspens de l’interdiction russe des importations de produits agricoles en provenance de Pologne. Après les nombreuses discussions qui se sont tenues avec la participation de la Commission, de la Pologne et de la Russie, le temps est maintenant venu pour la Russie de fixer une date pour la levée de cette interdiction. Le début de négociations portant sur un nouvel accord stratégique constituerait un signal politique majeur indiquant que les deux parties restent engagées dans le développement de leur partenariat mutuel, et, en définitive, il ne faut pas que ces attentes soient frustrées par la faute d’une question de nature technique.

Il est dans l’intérêt de chacun d’entre nous de redéfinir les relations entre l’Union européenne et la Russie et de fixer de nouvelles perspectives communes; je pense ici à des points tels que l’élaboration d’un partenariat énergétique entre l’Union européenne et la Russie, sur la base de règles fiables et de conditions générales cadres. À Lahti, en octobre dernier, le président Poutine a assuré que ces principes seraient incorporés au nouveau traité. Nous souhaiterions profiter de ce sommet UE/Russie pour d’ores et déjà discuter avec le gouvernement russe de la façon dont nous pourrions, à l’avenir, éviter les points de friction dans nos rapports avec eux concernant l’énergie et empêcher des interruptions de l’approvisionnement. La mise en place d’un système d’alerte précoce serait une condition préalable importante à cet égard.

C’est parce que les politiques en matière d’énergie et de climat sont étroitement liées que le changement et la sécurité climatiques font partie des thèmes qui doivent être discutés lors de ce sommet. Comme vous le savez sans doute, l’Union européenne est prête à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 30% à l’horizon 2020, à condition que les autres États industrialisés entreprennent le même type de démarche. Gagner la Russie à cette cause serait donc une victoire majeure.

Il convient cependant d’ajouter que le partenariat entre l’Union européenne et la Russie concerne bien plus de points que les questions économiques et énergétiques. Il existe un grand potentiel d’approfondissement des relations entre l’Union européenne et la Russie dans des domaines tels que l’éducation, la recherche et la culture, et ce potentiel est loin d’être exploité comme il conviendrait. C’est dans des domaines d’avenir comme ceux-ci que les deux parties pourront profiter d’une imbrication et d’une interconnexion renforcées Il y a là une chance pour l’Union européenne d’accompagner les transformations dans le sens des valeurs européennes. C’est pourquoi nous voudrions tirer parti de ce sommet pour promouvoir une coopération plus étroite dans ces domaines, par le biais d’initiatives telles que le renforcement des échanges académiques et la coopération en matière de recherche.

Rendre l’Europe plus sûre exige une bonne coopération, basée sur la confiance, entre l’Union européenne et la Russie. Nous sommes bien conscients que le fait d’évoquer cette question avec la Russie n’a pas toujours été, ces derniers temps, une affaire simple, et nous avons pris acte avec inquiétude des déclarations de la Russie à propos d’un moratoire sur le traité de la CSCE. Tout comme pour la discussion sur le bouclier antimissiles, il faut, là aussi, faire tout notre possible pour éviter une nouvelle spirale de la méfiance, car ce n’est que par la confiance mutuelle et la coopération pratique que nous réussirons à offrir à l’Europe une sécurité à long terme.

Nous continuerons donc d’essayer de convaincre la Russie d’apporter son soutien à une solution dans le règlement du statut du Kosovo, sur la base du plan d’Ahtisaari. Il s’agirait d’une contribution essentielle à la sécurité européenne, tout comme le serait sa coopération constructive dans le cadre du traitement de ce que l’on nomme les frozen conflicts (en anglais dans le texte) en Moldavie et dans le sud du Caucase.

Un partenariat véritable exige un dialogue sur les questions litigieuses, et c’est pourquoi je tiens à souligner que l’un des points dont nous discuterons à Samara sera l’évolution intérieure de la Russie, qui, tout à fait récemment, a suscité des interrogations critiques et des préoccupations dans l’Union européenne, notamment en ce qui concerne la situation des médias et de la société civile. L’approche répressive adoptée par les autorités russes vis-à-vis des manifestations de Moscou, de Saint-Pétersbourg et de Nijni-Novgorod n’est qu’un exemple parmi d’autres d’une tendance que beaucoup considèrent comme problématique et qui ne peut être acceptée en l’état.

À l’occasion des cinquièmes consultations sur les droits de l’homme entre l’Union européenne et la Russie, qui ont eu lieu le 3 mai à Berlin, l’Union européenne a exprimé ses préoccupations, en évoquant notamment le droit à la liberté d’expression des idées et à la liberté de réunion, en particulier à l’approche des élections législatives et présidentielles, imminentes en Russie. Elle a aussi exprimé son inquiétude concernant la situation des organisations non gouvernementales russes et de la société civile suite à l’entrée en vigueur de la loi sur les activités des organisations non gouvernementales et de la loi sur l’extrémisme. Les questions évoquées incluaient bien sûr une référence à des cas spécifiques d’atteintes aux droits de l’homme et à la situation en Tchétchénie, ainsi que la lutte contre la torture et les mauvais traitements. Là aussi, nous n’allons pas nous montrer critiques pour le seul plaisir de critiquer, mais parce que nous sommes réellement attachés à la façon dont les choses se passent en Russie et que nous voulons la prospérité de ce pays.

L’Union européenne a un intérêt de tout premier plan à avoir face à elle une Russie stable et forte, guidée par des valeurs européennes sur le chemin qu’elle prend pour se développer, sans pour autant renier ses propres traditions, ce qui implique une relation florissante avec ses propres voisins, caractérisée par un dialogue franc et une bonne coopération, et non par des pressions, et c’est en ayant cela à l’esprit que notre présidence du Conseil a travaillé à une désescalade réussie, qui nous profitera non seulement à nous, Européens, mais aussi à nos partenaires russes. C’est notre médiation qui a mis fin à la situation intolérable dans laquelle se trouvait l’ambassade d’Estonie à Moscou, et nous maintiendrons ce dialogue avec la Russie, dialogue qui ne se passe pas toujours sans accrocs lorsque ses voisins baltes sont concernés.

En définitive, la Russie ne se modernisera avec succès que si ces valeurs et ces principes, associés à la démocratie et à l’État de droit, s’implantent solidement. Ces valeurs et ces principes en faveur desquels tant l’Union européenne que la Russie se sont engagées auprès des Nations unies, du Conseil de l’Europe et de l’OSCE. L’Europe ayant fait l’expérience de ce qu’une bonne gouvernance dépend du respect de l’État de droit et de la présence d’une société civile critique et vivante, le futur développement de l’Europe dans son ensemble dépend, dans une mesure essentielle, du développement réussi d’un partenariat stratégique global entre l’Union européenne et la Russie.

C’est un projet historique, qui exigera de la patience stratégique et du réalisme des deux côtés, et ce réalisme impliquera de se faire une idée de ce qui est faisable et de travailler à engranger les triomphes, pas après pas, ce qui - dans ce domaine comme dans tant d’autres - n’ira pas sans problèmes. Et pourtant, ni l’Union européenne ni la Russie n’ont d’alternative réaliste à cette voie de la coopération et du partenariat, et il relève donc de notre responsabilité commune, en tant qu’Européens, d’agir précisément dans ce sens.

(Applaudissements)

 
  
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  Günter Verheugen, Vice-président de la Commission. - (DE) Monsieur le Président, Monsieur le Président en exercice du Conseil, Mesdames et Messieurs les députés, au vu de l’état quelque peu insatisfaisant des relations entre la Russie et l’Union européenne, la Commission estime qu’il est nécessaire qu’un certain nombre d’observations soient formulées dans ce débat portant sur les principes.

Premièrement, la Russie est notre partenaire stratégique numéro un en Europe. Deuxièmement, nous avons tout intérêt à ce que la Russie soit un partenaire stable et fiable à nos côtés, tout comme nous voulons être vis-à-vis d’elle ce genre de partenaire. Troisièmement, nous sommes convaincus que la meilleure façon de faire réussir notre partenariat est que celui-ci repose de part et d’autre sur un engagement mutuel sans ambiguïté en faveur de la démocratie, de l’État de droit et des droits de l’homme, et sur nos efforts constants et mutuels pour en faire une réalité. Quatrièmement, les relations que nous entretenons avec nos voisins et avec d’autres peuples, hors d’Europe, ne sont pas dénuées de valeurs, bien au contraire, elles se fondent sur notre système de valeurs et le consensus dont ces valeurs bénéficient. C’est la raison pour laquelle l’Europe est devenue un continent d’espoir pour tant de gens à l’extérieur de nos propres frontières, et nous voulons que cela reste le cas.

Ce sommet est organisé à un carrefour crucial, au moment où Moscou, qui a en tête les élections imminentes à la Douma d’État et à la présidence, se concentre sur un transfert du pouvoir en douceur, et c’est pourquoi les relations avec l’Occident en général, et avec l’Union européenne en particulier, sont dans une passe difficile.

Nous avons des positions assez différentes sur de nombreuses questions à l’ordre du jour, comme l’avenir du Kosovo, le bouclier antimissile et les forces armées conventionnelles en Europe, par exemple, et toutes ces questions sont placées, en ce moment, presque au sommet de notre agenda, en même temps, bien sûr - comme c’est si souvent le cas - que la question de la sécurité de l’approvisionnement en énergie de l’ensemble des États membres de l’Union européenne.

Une situation comme celle-là exige que nous ne perdions pas de vue les intérêts à long terme de l’Union européenne dans ses relations avec la Russie, car non seulement nous sommes des voisins qui partageons une longue histoire commune, mais nous sommes également dépendants l’un de l’autre à bien des égards, car nous sommes, et de très loin, le principal marché d’exportation de la Russie, celle-ci étant pour sa part notre principal fournisseur d’énergie; aucune grande question de politique étrangère en Europe ne peut être résolue sans notre consentement commun, c’est pourquoi nous avons besoin d’un dialogue constant et constructif, dans le cadre duquel nous pourrons défendre de manière résolue nos intérêts et nos valeurs, tout en nous travaillant pour parvenir à un accord.

Lors de ce sommet, nous continuerons de nous efforcer d’obtenir le début de négociations sur un nouvel accord entre l’Union européenne et la Russie, qui remplacerait l’accord de partenariat et de coopération actuellement en vigueur. Les deux parties devraient avoir un très fort intérêt commun à la conclusion de cet accord, qui peut et doit porter nos relations à un niveau à la fois nouveau et plus élevé, permettant à celles-ci de se développer pleinement.

La Commission a travaillé très dur en vue de la levée de l’interdiction faite à la viande et aux légumes polonais de pénétrer sur le territoire russe, et je tiens à dire par ailleurs que la Commission estime que cette interdiction des importations est disproportionnée et injustifiée. Ce que nous attendons donc de la Russie est un signal sans ambiguïté et constructif, sous la forme d’un agenda précis pour la levée complète de ces mesures, même si celle-ci doit comporter plusieurs étapes.

Ce sommet ne sera pas un point final. Il est seulement une partie d’un long processus de développement, et nous continuerons à travailler aux progrès dans les domaines communs sur lesquels nous nous sommes mis d’accord il y a quelques années. Ce sommet sera aussi l’occasion d’exprimer nos préoccupations concernant la situation des droits de l’homme et de l’État de droit en Russie. Beaucoup de choses ont déjà été dites lors des consultations de la semaine dernière sur les droits de l’homme entre l’Union européenne et la Russie, à propos des restrictions imposées à la liberté des médias et aussi des agressions à l’encontre des journalistes, des entraves à l’activité des organisations non gouvernementales et des acteurs politiques de l’opposition, et de la situation en Tchétchénie et dans le nord du Caucase. Le fait que la Russie invite des observateurs de l’OSCE à ces élections est particulièrement significatif.

La libre expression des idées ainsi que la liberté d’association et de réunion sont des pierres angulaires de la démocratie, et quand je dis «démocratie», j’entends «démocratie» tout court, sans y ajouter de qualificatifs, et nous attendons de la Russie qu’en sa qualité de membre de la famille des nations démocratiques elle garantisse ces libertés.

Je voudrais maintenant dire quelques mots du débat que vous venez d’avoir dans cette Assemblée sur la crise des relations entre la Russie et l’Estonie. De nombreux orateurs ayant évoqué ce qu’il s’est passé, l’Estonie, mais je n’ai pas besoin de le répéter, peut compter sur la solidarité de ses partenaires de l’Union européenne dans tout conflit ou tout litige l’opposant à la Russie, ainsi que sur celle des institutions européennes, solidarité qui, je crois, a été démontrée. Cette solidarité doit être maintenue dans l’éventualité de toute nouvelle ingérence dans les affaires intérieures de l’Estonie, que ce soit par le biais d’attaques informatiques ou d’appels venant de délégations de la Douma et invitant le premier ministre estonien à démissionner.

Jamais plus nous ne permettrons que quiconque tente de semer la zizanie entre l’Union européenne et l’un de ses États membres. Ce qui ressort manifestement de cette crise, c’est la façon dont les guerres passées de l’Europe continuent de projeter leur ombre sur nous, tous les peuples d’Europe ayant leur propre expérience de l’histoire et leur manière propre de s’y confronter. On peut seulement espérer qu’ils le fassent dans le respect de l’expérience des autres peuples, car lorsque les points de vue divergent, la seule chose qui aide vraiment est de se parler, et rien d’autre ne peut fonctionner.

Le sommet offre la possibilité de donner un sérieux coup de pouce au processus d’adhésion de la Russie à l’OMC, objectif qui est assurément dans l’intérêt des deux parties, et dont l’Union européenne est un des principaux artisans. En ce qui concerne l’énergie, nous essaierons, lors de ce sommet, d’obtenir un accord sur la mise en place d’un mécanisme d’alerte précoce et de consultation permettant l’échange des informations relatives aux risques d’interruptions potentielles de l’approvisionnement assez tôt pour éviter une crise de l’approvisionnement, les pays de transit étant associés, si nécessaire, à cet échange.

Ce sommet devrait également voir la conclusion d’un accord sur la priorité de l’adoption d’actions visant à réagir au changement climatique; il est important que la Russie approuve et mette en mouvement des projets de mise en œuvre commune avec des investisseurs de l’Union européenne, dans le cadre du protocole de Kyoto, et nous voulons également préparer la voie à notre coopération lors de la conférence de Bali qui se tiendra au mois de décembre, s’agissant de lancer des négociations internationales en vue d’un accord global sur le climat pour la période d’après 2012. Il est de notre intérêt commun que les pays qui produisent une part substantielle de la pollution - les États-Unis, la Chine et l’Inde, par exemple - soient associés à cet important processus de négociation, de sorte que ce défi planétaire puisse être relevé.

La Russie est un partenaire important s’agissant de la résolution de questions problématiques de politique étrangère, et il est probable que les discussions de politique internationale qui se tiendront à l’occasion du sommet se focaliseront sur les sujets du Kosovo, de l’Iran et du Moyen-Orient, pour lesquels les solutions à long terme dépendent des contributions constructives des deux parties dans le cadre des forums multilatéraux concernés.

Dans nos rapports de voisinage avec la Russie, nous entendons affirmer clairement que la République de Moldavie et la Géorgie sont des voisins de l’Union européenne, et que l’intérêt qu’il y a à trouver des solutions à ces conflits qualifiés de «gelés» est plus grand que jamais. Cela exigera une coopération de la part de la Russie, de l’Union européenne, et de nombreux États membres de cette dernière, dans les cadres internationaux, et nous espérons tout particulièrement que des progrès seront accomplis concernant la Transnistrie et le Haut-Karabakh.

Je tiens à souligner une fois de plus que la Commission reste engagée en faveur d’une politique de coopération constructive avec la Russie en tant que partenaire stratégique et que voisin, politique qui doit se fonder sur une communauté d’intérêt et de valeurs. Nous estimons qu’il est dans le propre intérêt raisonnable de la Russie de coopérer de manière constructive sur cette base, non seulement avec l’Union européenne, mais aussi avec ses différents États membres.

 
  
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  Joseph Daul, au nom du groupe PPE-DE. - Monsieur le Président, Monsieur le Ministre Gloser et Président en exercice du Conseil, Monsieur le vice-président Verheugen, chers collègues, peut-on à la fois être ferme sur ses valeurs et sur ses principes et travailler en étroite collaboration sur des sujets aussi essentiels que l’énergie, le changement climatique, l’adhésion à l’OMC, la politique des visas ou la coopération dans notre voisinage commun? La réponse à cette question ne saurait varier selon le partenaire dont on parle s’agissant des relations que l’Union européenne entretient avec lui. Oui, dans ses relations avec la Russie, l’Europe doit adopter une attitude d’ouverture et de dialogue, mais elle doit aussi faire part de ses préoccupations, souvent graves, sur le sujet des droits de l’homme, et notamment de la liberté d’expression ou du traitement des minorités.

Nous commémorons en ce 9 mai l’anniversaire de la Déclaration Schuman. Quelle signification ont ces célébrations si l’Europe réunifiée n’est pas en mesure de faire valoir ses droits humanistes? Dans nos relations avec un partenaire stratégique comme la Russie, les dernières évolutions dans ce pays sont source de graves inquiétudes. Ainsi, mon groupe juge absolument inacceptable l’attitude de Moscou après le déplacement, par les autorités estoniennes, d’un monument soviétique. Il s’agit là, de la part de la Russie, d’une véritable atteinte à la souveraineté d’un État membre de l’Union, qui appelle de notre part une réaction très sérieuse. C’est ce que nous avons fait aujourd’hui. La Russie ne doit pas croire que, par une telle attitude, elle réussira à nous diviser: aujourd’hui, nous sommes tous Estoniens.

De même, mon groupe a condamné sans réserve les répressions des manifestations à Moscou. Il a dénoncé l’assassinat, à la fin de 2006, de la journaliste Anna Politkovskaïa, l’empoisonnement d’Alexander Litvinenko et les atteintes répétées à la liberté d’expression et aussi à la liberté de la presse. Enfin, les graves violations des droits de l’homme en République tchétchène, les assassinats, les disparitions forcées, la torture, les prises d’otages et les détentions arbitraires demeurent des réalités que l’Union européenne ne saurait accepter.

Chers collègues, sur tous ces sujets, le devoir de l’Union européenne est de parler franc et d’obtenir des éclaircissements et, surtout, une évolution des mentalités et des politiques. Notre devoir mutuel, c’est de créer des conditions de relations équilibrées, de travailler à un environnement géopolitique stabilisé et le plus harmonieux possible. Le monde a changé. Le temps n’est plus à la guerre froide, mais à la coopération, à la réalisation de politiques concrètes. Celles-ci ne peuvent qu’être bénéfiques pour la croissance, pour les emplois et pour la stabilité à long terme de notre continent.

J’invite la Commission et le Conseil à élaborer des initiatives communes avec la Russie pour renforcer la sécurité du voisinage: gestion commune des crises en Ukraine, en Biélorussie, efforts communs pour régler les conflits au Nagorny-Karabakh, en Moldavie et en Géorgie, en garantissant l’intégrité territoriale totale des États. Je souhaite aussi que les négociations reprennent au plus vite sur un nouvel accord-cadre Union européenne/Russie, pour autant que la Russie accepte de se comporter en véritable partenaire. Je félicite la Présidence allemande pour les efforts intenses qu’elle déploie à cet effet et je demande à nos partenaires russes de cesser d’exercer des pressions économiques à l’encontre de nos États membres.

Je tiens à souligner l’importance d’une adhésion prochaine de la Russie à l’OMC. Cette adhésion sera un signal important de confiance pour les investisseurs, elle dynamisera la croissance en Russie et renforcera aussi nos échanges commerciaux, elle obligera la Russie à respecter les règles. Mais l’Union ne pourra soutenir cette évolution que si elle constate une amélioration plus grande, une sérénité dans les relations. Ne passons pas à côté de cette chance!

Je veux souligner aussi que la question stratégique du dialogue énergétique avec la Russie est très importante. Je félicite le commissaire Piebalgs et le ministre russe de l’énergie pour l’accord intervenu récemment sur la réorganisation de ce dialogue. Il est de notre devoir, de notre intérêt commun de garantir la sécurité de l’approvisionnement et celle de la demande énergétique dans un contexte d’interdépendance accrue. Et cette coopération - nous insistons sur ce point - doit être fondée sur les principes énoncés dans la Charte de l’énergie et, en particulier, dans le protocole sur le transit qui y est annexé.

C’est dans cette action concrète, au service des peuples russe et européen, que nous dépasserons nos différends. C’est dans un vrai dialogue que nous allons relever les défis de la mondialisation, dont les enjeux sortiront renforcés. J’espère que nous allons les renforcer mutuellement.

 
  
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  Jan Marinus Wiersma, au nom du groupe PSE. - (NL) Monsieur le Président, n’est-il pas d’une certaine manière symbolique que le 9 mai soit précisément la journée à l’occasion de laquelle nous débattons de la relation entre l’Union européenne et la Russie? C’est une journée de réflexion historique et c’est en même temps, dans l’Union européenne, la date à laquelle nous célébrons la Journée de l’Europe. Cette année, nous pouvons plus spécifiquement revenir sur 50 années de coopération européenne, et le 9 mai est le jour où la Russie célèbre la fin de la Deuxième Guerre mondiale, guerre qui a divisé l’Europe, mais qui a également été à l’origine de l’unification européenne. En réalité, le 9 mai devrait être une date à laquelle nous pourrions réfléchir sur les expériences communes qui nous unissent et qui, par ailleurs, peuvent également servir de base à un avenir commun.

La situation n’est malheureusement pas aussi radieuse. Si nous examinons le sommet semestriel UE/Russie qui doit se tenir à Samara vendredi prochain, nous sommes bien obligés de conclure que les perspectives de dialogue constructif - dialogue que nous souhaitons tous - ne sont pas bonnes. Il y a bien sûr un certain nombre de questions à discuter, et nous sommes encore persuadés - ce qui a été souligné par les orateurs précédents - qu’une coopération étroite entre l’Union européenne et la Russie est vraiment la seule option viable pour l’avenir, étant donné les intérêts que nous partageons des deux côtés de notre continent.

Il y a également des domaines dans lesquels nous avons mis nos forces en commun ces dernières années, et dont nous aimerions qu’ils soient mentionnés, comme par exemple l’importance du Tribunal pénal international de La Haye, les ambitions nucléaires de l’Iran et de la Corée du Nord et la façon de les contrer, ou encore la coopération qui entoure le protocole de Kyoto.

Pour revenir aux relations économiques et d’affaires entre la Russie et l’Union européenne, je reçois souvent des informations selon lesquelles celles-ci se développent conformément aux plans. Le développement ultérieur de nos relations de partenariat reste toutefois incertain en partie.

Il y a des domaines importants dans lesquels nous n’avons pas encore réussi à accomplir des progrès. Comment, par exemple, pouvons-nous garantir les relations énergétiques claires et transparentes que nous recherchons? Comment nos valeurs communes de démocratie et de respect des droits de l’homme peuvent-elles trouver leur place dans le partenariat stratégique entre l’Union européenne et la Russie? Celles-ci revêtent une importance fondamentale à nos yeux et aux yeux de mon groupe, et ne peuvent pas faire l’objet de concessions dans le dialogue. Il revient, je le pense, à l’Union européenne de faire connaître clairement à Samara quelle est notre position, en particulier, également, à l’approche des négociations sur un futur accord de partenariat. Nous redoutons, tout comme d’autres, que ce sommet ne produise moins de résultats que ce que nous aurions espéré il y a quelque temps.

Je pourrais énumérer une multitude d’autres points qui ont également été inclus dans la résolution commune. Un point que je voudrais, notamment au nom de mon groupe, souligner, est le fait que la polarisation croissante à l’approche des élections à la Douma, qui auront lieu plus tard cette année, nous emplit de crainte et d’inquiétudes. Il est d’une importance capitale, pour l’Union européenne, de souligner que nous voulons que ces élections soient organisées dans un contexte libre et démocratique, et qu’il est inacceptable que les velléités des partis d’opposition soient contrariées comme cela est actuellement le cas.

Je ne souhaite pas répéter ce qui a été dit sur la question estonienne, et, en réalité, je soutiens tout ce qu’ont déclaré les précédents orateurs à ce sujet. Espérons que l’attitude et le comportement de la Russie en la matière ne soit pas symptomatique, et nous devons dire clairement qu’il serait inacceptable à nos yeux qu’une telle chose se reproduise.

Jusqu’en 1991, Samara était une ville fermée, car une partie de celle-ci était située dans une zone stratégique de l’Union soviétique. Nous espérons que cela ne sera pas de mauvais augure pour la réunion de la semaine prochaine. Je pense que les deux partenaires ont intérêt à réexaminer ce qui relève de notre intérêt commun, en gardant l’Union européenne à l’esprit, et sans perdre de vue les valeurs sur lesquelles notre partenariat doit se fonder, c’est à dire la démocratie, les droits de l’homme et le respect pour les autres pays.

 
  
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  Graham Watson, au nom du groupe ALDE. - (EN) Monsieur le Président, ce jour-ci, en 1945, l’Europe fêtait le «День Победы» /dièn pabiédé/ de la Russie - sa Journée de la Victoire - et la victoire de la liberté, du droit et de la dignité humaine sur les forces de la haine nazie. Nous étions alors réunis pour une cause commune. Or, c’est un symbole de cette même guerre qui nous avait rassemblés qui nous enferme à présent dans une polémique déstabilisante.

Je sais que la Commission recommande le dialogue pour mettre un terme à la confrontation entre Tallinn et Moscou à propos de la statue russe érigée en souvenir de la guerre. Toutefois, «un dialogue, c’est plus que deux monologues», comme l’a dit un jour Max Kampelman, ambassadeur américain auprès de la CSCE.

À l’heure où l’intimidation triomphe sur la négociation, on ne peut plus continuer comme si de rien n’était entre l’Union européenne et la Russie. C’est pourquoi mon groupe a décidé ce matin de retirer son soutien à la proposition de résolution sur le sommet UE/Russie. Le problème n’est pas ce qu’elle dit, mais ce qu’elle ne dit pas. Il faut envoyer aux Russes un signal clair leur disant que cela suffit!

(DE) Monsieur Gloser, Monsieur le Commissaire Verheugen, ce que vous nous avez livré ici, ce sont de belles paroles, mais rien d’autre que de douces paroles, et pas d’actes!

(Applaudissements)

(EN) Permettez-moi donc de formuler une proposition directe: reporter le sommet jusqu’à ce que la Russie soit prête à cimenter une relation constructive avec l’Union et condamne toute violence à l’encontre du personnel et de la propriété de l’Union européenne.

(Applaudissements)

Nous devons nous tenir aux côtés de l’Estonie. Nous devons nous tenir aux côtés de la Pologne. La solidarité démocratique est plus importante que les accords pétroliers et gaziers.

(Applaudissements)

Et nous ne devons pas être les premiers à vaciller, si nous voulons sérieusement entretenir des relations pragmatiques de coopération avec le gouvernement de Poutine et obtenir un accord sur le statut définitif du Kosovo.

Le groupe des libéraux et des démocrates trouve particulièrement préoccupant ce qu’il se passe en Russie en matière de droits de l’homme. Ce n’est que lorsque le système judiciaire sera indépendant, que la liberté d’expression et la démocratie auront cessé d’exister en tant que purs slogans, lorsque les journalistes, les partis d’opposition et les ONG seront en mesure d’opérer sans crainte de représailles, que la Russie aura fait la preuve de sa volonté d’établir un espace commun de liberté, de sécurité et de justice, ainsi que l’implique son adhésion au Conseil de l’Europe, et comme elle s’y est engagée lors du Sommet de Saint-Pétersbourg.

L’arrestation et le placement en détention de voix de l’opposition telles que Kasparov ou Khodorkovsky n’ont rien fait pour indiquer que les temps changent. Les élections du mois de décembre à la Douma, sans même parler des élections présidentielles de l’année prochaine, seront un test à cet égard, tout comme le seront les actions de la Russie en Tchétchénie, où la torture et les mises au secret continuent d’être une source d’inquiétude.

Le dialogue exige des progrès sur le plan de la sécurité énergétique, domaine dans lequel la perspective d’une persistance de la «manière forte» reste bien présente, Gazprom s’occupant davantage de politique que de faire des profits. C’est à des États membres comme la Lettonie ou la Lituanie, qui ont été les victimes de cette politique énergétique, que nous devons notre capacité à fournir une réponse qui ait suffisamment de mordant. Cela implique que nous insistions pour que les futurs accords passés entre l’Union européenne et la Russie soient liés aux principes de la Charte énergétique et du protocole de Kyoto, afin de garantir un avenir plus sûr et plus durable.

Oui, il y a quelques signes de progrès en matière de justice et d’affaires intérieures, domaines dans lesquels nous négocions des accords frontaliers avec les États baltes, sur les déplacements sans visas et sur la réadmission des migrants illégaux, conformément à notre stratégie commune.

Toutefois, les fruits de ce dialogue constructif sont trop rares et clairsemés. La «Journée de la Victoire», célébrée aujourd’hui, devrait nous rappeler qu’il y a seulement 60 ans, c’est l’interdépendance qui nous a aidés à relever les défis communs. Or, cela est à nouveau possible, à condition d’avoir le courage d’agir!

(Applaudissements)

 
  
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  Hanna Foltyn-Kubicka, au nom du groupe UEN. - (PL) Monsieur le Président, en tant qu’État souverain, l’Estonie à tout à fait le droit de décider elle-même de la manière d’envisager son histoire. Elle a également le droit de déplacer le monument et les cendres des soldats soviétiques dans un cimetière - ce qui est leur juste place - tout en montrant tout le respect dû aux défunts. La réaction hystérique de la Russie à la décision souveraine du gouvernement estonien est un stratagème soigneusement élaboré. Le Kremlin veut d’une part voir jusqu’à quel point il peut faire pression sur l’Europe, tout en provoquant d’autre part des conflits tels que ceux avec la Pologne, la Géorgie ou l’Ukraine. L’objectif est de donner l’impression d’une forteresse assiégée et de rallier ainsi les Russes autour de Poutine. Le prochain sommet de Samara sera dès lors un test qui permettra de voir à quel point l’Europe est unie. Je l’ai dit à cette tribune à de nombreuses reprises et je le répète: l’Union européenne doit être unie, elle doit parler d’une seule voix, elle doit défendre ses membres à tout prix et elle doit relever tous les défis que Poutine mettra sur sa route.

 
  
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  Daniel Cohn-Bendit, au nom du groupe des Verts/ALE. - (DE) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je pense que M. Daul a essayé de faire ce qu’il fallait, il faut admettre qu’il n’a tout simplement pas atteint son objectif. La question est de savoir comment maintenir une relation avec une puissance politique telle que la Russie qui, en substance, considère toute relation comme purement instrumentale. La Russie n’est peut-être plus l’Union soviétique, mais elle veut, dans de nombreux domaines, faire les mêmes politiques que l’Union soviétique, la politique de la force non pas, cependant, la politique de la force militaire, mais celle de la force économique, et un des moyens qu’elle utilise pour ce faire est l’approvisionnement en énergie.

Cela ne signifie pas que nous ne devons pas nouer de relations politiques avec la Russie. Ce que cela signifie, et rien d’autre, c’est que nous ne devons pas prendre les choses pour autre chose que ce qu’elles sont en réalité. Des relations politiques avec la Russie par le biais de la Commission et du Conseil ne constituent pas un dialogue. Le dialogue est ce qui se produit lorsque les gens peuvent se parler, lorsqu’ils peuvent voyager, lorsqu’il y a des échanges entre les sociétés civiles. Les structures politiques ne s’engagent pas dans un dialogue, elles mènent des négociations politiques, et il ne faut pas confondre les deux. Je trouve que M. Watson a choisi d’adopter la bonne approche. Y a-t-il la moindre chance que nous, l’Union européenne, au vu de l’actuelle politique d’intimidation de la Russie, qui n’est motivée que par les intérêts de la Russie - je n’entends pas par là les intérêts du pays lui-même mais ceux du pouvoir, du système Poutine, et du système économique - puissions envoyer le signal qu’il ne s’agit pas là du genre de politique que nous voulons?

C’est difficile. Je ne prétends pas avoir la solution, mais ce qui est clair, c’est que si un ancien chancelier allemand peut affirmer que la Russie est une démocratie blanche comme neige, cela illustre bien l’imbécillité qui affaiblit tant notre politique, car nous ne sommes pas en position de voir quel genre de système est au pouvoir en Russie. Nous devons entretenir des relations politiques avec la Russie ou avec l’Arabie saoudite. Aucun homme politique doté d’un peu de bon sens n’irait affirmer que l’Arabie saoudite est une démocratie irréprochable, dans laquelle on ne vous tranchera peut-être qu’une seule main, si vous transgressez les règles, contrairement à d’autres États islamiques fondamentalistes où les deux mains y passeraient.

Cela signifie que nous ne pourrons entretenir de bonnes relations avec la Russie que lorsque nous aurons, au sein de cette Assemblée, réussi à nous faire une idée juste de la Russie, de ses aspirations à la puissance et des mœurs politiques autoritaires de Poutine. Alors seulement serons-nous en mesure de nous comporter comme il le faut, et cela ne signifie pas que nous ne devons pas négocier. Ce que cela signifie, c’est que notre position n’est pas une position amicale.

Je ne veux pas d’une amitié politique avec un pouvoir autoritaire et dictatorial comme celui de Poutine. Nous pouvons et devons maintenir des relations politiques avec la Russie, mais ces relations ne peuvent pas être des relations d’amitié où nous dirions «OK, Poutine, continuez à agir ainsi avec votre peuple.» C’est là que nous devons au contraire dire «non!»

(Applaudissements)

 
  
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  Esko Seppänen, au nom du groupe GUE/NGL. - (FI) Monsieur le Président, d’une certaine manière, il s’agit d’essayer de faire la quadrature du cercle, puisque certains États membres de l’UE veulent maintenir à la fois de bonnes et de mauvaises relations avec la Russie. De bonnes relations sont nécessaires pour le gaz et le pétrole bon marché, et de mauvaises pour la politique intérieure.

Notre groupe veut que l’UE négocie un nouvel accord de partenariat avec la Russie. Étant donné qu’il y a 27 États membres, ceux-ci devront prendre différents intérêts en considération lors des pourparlers. Il est cependant difficile de comprendre le genre de nationalisme qui empêche notre Communauté d’un demi milliard d’habitants d’entretenir des relations avec le voisin direct de l’UE de manière organisée.

Certains États membres ne devraient pas piquer une crise contre la Russie et s’en remettre à la solidarité des autres États membres si, dans le même temps, ils empêchent d’autres pays de promouvoir des intérêts communs dans les relations avec la Russie. L’Europe ne doit pas se bipolariser, bien que l’état d’esprit en question soit perceptible au sein de cette Assemblée. Pour notre groupe, la résolution commune est acceptable.

 
  
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  Bastiaan Belder, au nom du groupe IND/DEM. - (NL) Monsieur le Président, je voudrais aborder la récente initiative de la Commission en faveur d’un plan pour la mer Noire, qui joue un rôle extrêmement important dans les relations avec la Russie. Des risques majeurs et mineurs pour la sécurité sont à la base de l’initiative de la Commission pour une synergie de la mer Noire. Il s’agit des conflits gelés en Transnitrie, en Ossétie du Sud, en Abkhazie et au Nagorny-Karabakh, ainsi que de la contrebande d’armes et de drogues, du trafic d’êtres humains et de l’immigration, qui sont tous des sujets importants. Cela signifie que cette initiative de la Commission et du Conseil, qui fera l’objet d’un débat plus approfondi au cours de la présidence allemande, est une bonne initiative.

L’initiative de la Commission pourrait toutefois également être considérée dans la perspective des tentatives européennes de diversifier l’approvisionnement en énergie et les gazo- et oléoducs. Il paraît que le gouvernement russe est peu enthousiaste vis-à-vis de l’actuel plan pour la mer Noire présenté par la Commission. Soit dit en passant, le document de la présidence allemande - le Frankfurter Allgemeine Zeitung a publié un article intéressant à ce sujet - montre que la coopération de Moscou est indispensable à la réussite des plans de l’Europe. En résumé, Moscou est peu enthousiaste mais sa coopération est indispensable. Comment le Conseil et la Commission ont-ils l’intention de résoudre ce dilemme géopolitique à Samara?

 
  
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  Jean-Marie Le Pen, au nom du groupe ITS. - Monsieur le Président, il va de soi que les droits de l’Estonie doivent être respectés. Cela dit, les censeurs les plus sévères de la Russie actuelle sont souvent ceux qui ont été les plus complaisants à l’égard de l’Union soviétique.

Pendant des décennies, ils ont nié, d’une part, le danger que constituait l’impérialisme soviétique pour la paix et pour l’indépendance de nos nations et, de l’autre, la nature totalitaire du communisme. Les communistes, bien sûr, mais aussi beaucoup de dirigeants de l’Europe de l’Ouest saluaient comme un bienfaiteur de l’humanité le fondateur de ce système monstrueux: Lénine. MM. Giscard d’Estaing et Chirac sont allés jusqu’à déposer des fleurs devant son mausolée. Par contre, les anticommunistes qui exprimaient notamment leur solidarité entre les peuples d’Europe et l’Est étaient diabolisés. Cette complaisance, hélas, n’a pas disparu avec l’URSS. Un grand nombre de nos collègues, à l’instar de M. Cohn-Bendit, veulent ainsi interdire aux Polonais de procéder à la «décommunisation» de leur pays.

Aujourd’hui, la Russie est une nation libre et pas moins démocratique que ne l’est l’Europe de Bruxelles, qui veut imposer un texte constitutionnel rejeté en 2005 par les Pays-Bas et la France, par les électeurs. D’autre part, contrairement aux Turcs que la même Europe de Bruxelles veut intégrer dans l’Union, les Russes sont une grande nation européenne exposée aux menaces qui pèsent sur tous les peuples européens: l’immigration et la dénatalité, l’islamisme et le mondialisme. Ces défis, nous pouvons les relever, à condition de créer une autre Europe, la grande Europe des patries, fondée sur le principe de la souveraineté nationale, s’étendant de Brest à Vladivostok.

Il y a bientôt dix-huit ans, la destruction du rideau de fer constituait la première étape de la réunification de notre continent. Une autre fracture doit être surmontée: celle qui, depuis plus de mille ans, de part et d’autre de la ligne Théodose, sépare les héritiers de Saint-Benoît à l’ouest de ceux de Saint-Cyrille à l’est.

 
  
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  Gunnar Hökmark (PPE-DE). - (EN) Monsieur le Président, il n’existe pas de meilleure manière de célébrer le 9 mai que de montrer que l’Union européenne défend chacun de ses membres lorsqu’ils sont menacés et harcelés.

Cela doit être un thème majeur de nos discussions sur le sommet à venir. Il ne peut en être autrement, car l’Estonie est un des pays qui a joué un rôle prépondérant dans la transformation de la vieille Europe en une nouvelle Europe pacifique et démocratique. Nous devons tous lui en être reconnaissants. Mais il ne s’agit pas seulement de cela, car sa liberté et son indépendance sont aujourd’hui une part indivisible de notre liberté et de notre indépendance. Sans son indépendance, nous n’avons pas d’indépendance. Cela doit également être un thème majeur de nos discussions sur les relations entre l’Europe et la Russie.

Le sommet à venir est important, mais il y a quatre choses que l’Union européenne doit garantir. La première est que la Russie comprenne que si elle ne respecte pas l’Estonie, elle ne respecte pas l’Union européenne, et que cela compromet tout type d’accord auquel nous pourrions parvenir. Il doit exister une compréhension mutuelle dans toutes les discussions quelles qu’elles soient, faute de quoi les objectifs que nous aurons pu atteindre ne vaudront pas le papier sur lequel ils seront inscrits.

Deuxièmement, vous ne pouvez pas menacer et harceler un des États membres et, dans le même temps, développer des relations avec les autres. Vous ne pouvez pas conclure d’accords sur l’énergie, le commerce et d’autres domaines, si ceux-ci ne concernent pas tous les États membres, à égalité de droits et de chances. Nous devons veiller à ce que la Russie ne croie pas et n’ait pas la latitude de croire qu’elle peut nous diviser en fournissant de l’énergie à un pays tout en en harcelant un autre.

Troisièmement, la discussion sur la Russie et l’Estonie ne concerne pas l’Estonie. Elle concerne les développements politiques en Russie. Nous devons obtenir des avancées en Russie afin d’obtenir des avancées dans les relations entre l’Union européenne et la Russie. Si nous ne défendons pas notre indépendance, nous perdrons tous une partie de celle-ci.

 
  
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  Reino Paasilinna (PSE). - (FI) Monsieur le Président, je comprends que le débat sur l’Estonie va se tenir lors de la prochaine session de Strasbourg. Je voudrais donc me concentrer sur les questions économiques à l’ordre du jour à Samara.

Premièrement, l’objectif de la Russie est de passer du statut de vendeur de matières premières à celui d’acheteur de produits finis. D’abord, il faut investir dans la modernisation du secteur de l’énergie et la Russie ne peut le faire seule, elle a besoin de notre aide. Ensuite, il faut promouvoir l’industrie de l’exportation au niveau international et de nouveau notre aide sera nécessaire pour y parvenir. En outre, les infrastructures doivent être modernisées, ce qui est aussi un domaine dans lequel nous sommes des partenaires naturels.

Ce sont donc les objectifs de la Russie, mais elle ne pourra les atteindre assez rapidement sans l’Union européenne; elle prendra, à la place, encore davantage de retard au niveau du développement international. En outre, nous voulons que la Russie adopte nos valeurs communes, l’État de droit et la démocratie. C’est ce que nous demandons, et la Russie a besoin d’un riche acheteur, ce que nous sommes. Nous avons besoin d’énergie. La dépendance mutuelle s’est accrue, et non l’inverse.

Je ne pense pas que la modernisation de la Russie sera possible sans une société civile et une démocratie en évolution. Pourquoi? Parce que la technologie moderne et une société basée sur la technologie de l’information nécessitent beaucoup de créativité, et la créativité n’est pas au rendez-vous, si le climat politique est problématique ou sous une dictature.

La créativité, la démocratie et la liberté des médias sont vitales au développement d’une société moderne, ce qui est précisément ce que veut la Russie. Je suggère dès lors que nous précisions bien cette série d’objectifs dans nos relations et à Samara, où le commissaire Verheugen se rendra également, avec, je l’espère, le message que le développement que la Russie souhaite voir correspond à nos objectifs et que la réussite de ce développement est vitale.

 
  
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  Toomas Savi (ALDE). - (ET) Je voudrais attirer votre attention sur l’attitude de la Russie vis-à-vis de l’Union européenne ces dernières années. Ce qu’il s’est produit en Estonie, à savoir le déplacement du soldat de bronze et l’exhumation et la nouvelle inhumation des restes des 12 soldats tombés au combat, était conforme aux conventions de Genève et était une affaire intérieure estonienne.

La Fédération de Russie y a répondu par une guerre de propagande à coups de cyber-attaques et de restrictions commerciales. Les déclarations des hommes politiques russes ont provoqué des violences tant à Tallinn qu’à proximité de l’ambassade estonienne à Moscou, avec comme point culminant l’agression physique contre notre ambassadeur.

La demande faite par la délégation de la Douma russe qui s’est rendue en Estonie, à savoir la démission du gouvernement estonien, est particulièrement inquiétante. Une telle attitude est encore un autre signe de la politique étrangère europhobe de la Russie, transparaissant dans l’opinion du président Poutine selon laquelle la chute de l’Union soviétique au XXe siècle a été la plus grande des catastrophes géopolitiques.

Dans son discours de Munich, M. Poutine a fait allusion aux tentatives de la Russie, malgré l’Union européenne, de s’établir en tant que superpuissance, en particulier dans le contexte des relations avec les nouveaux États membres.

Monsieur le Président, si un sommet UE-Russie se tient bel et bien à Samara le 18 mai, l’Union européenne doit y représenter les intérêts de tous ses États membres, c’est-à-dire parler d’une seule voix.

 
  
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  Inese Vaidere (UEN). - (LV) Mesdames et Messieurs, il y a soixante-deux ans, à cette époque, l’Europe se réjouissait, libérée de l’occupation nazie, mais au même moment, pour les trois États baltes, une nouvelle période de 50 ans d’occupation soviétique débutait dont les effets se font encore ressentir aujourd’hui.

En Russie, le successeur des droits et devoirs de l’Union soviétique, la démocratie, est aujourd’hui constamment en proie à de grandes difficultés. Les violations des droits civils et la suppression de la liberté de parole sont monnaie courante. La politique intérieure russe devient de plus en plus agressive, tout comme la politique étrangère, en particulier à l’égard des États qu’elle a longtemps voulu considérer comme des parties de son empire. En attestent la visite d’une délégation de la Douma russe en Estonie, exigeant la démission du gouvernement estonien, et l’attitude des forces de sécurité russes, avec la bénédiction desquelles l’ambassade estonienne a été cernée et attaquée. C’est un fait, il y a en Estonie des personnes impliquées dans les activités et les actions de ce qu’il convient d’appeler le parti russe paneuropéen, qui réunit des opposants actifs à l’indépendance des États baltes. Il s’agit de chauvins qui se qualifient eux-mêmes de minorités et d’antifascistes, faisant ainsi perdre de la valeur à ce mot. Ceci explique les soupçons qu’on peut avoir quant aux véritables objectifs de ce parti et à son rôle dans les troubles récents.

La situation inspirée par la Russie en Estonie est un test: l’Union européenne saura-t-elle protéger son État membre? Si les institutions européennes, la présidence européenne et les gouvernements des États membres ne réagissent pas de manière assez rapide et déterminée, ce qui inclut de rappeler à la Russie la nécessité de reconnaître l’occupation des États baltes, et s’ils ne sont pas capables de parler d’une seule voix, nous pouvons nous attendre à ce que des événement de ce genre se répètent dans d’autres États. Je vous remercie.

 
  
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  Bart Staes (Verts/ALE). - (NL) Monsieur le Président, en tant que membre et ancien président de la délégation pour les relations avec la Russie, je déplore l’attitude faible, médiocre et parfois molle de l’Union européenne face aux dirigeants russes. Bien que nous soyons en faveur des droits de l’homme et des droits internationaux, d’une plus grande liberté de la presse et de la liberté d’association et de réunion, très souvent, nous détournons la tête ou nous reculons devant les mesures sévères. Comme la critique émise par le Conseil et la Commission à l’égard de la violence à l’encontre des manifestations Another Russia à Moscou et à Saint-Pétersbourg est modérée! En sera-t-il question lors de ce sommet? On peut en douter.

Prenez la Tchétchénie, par exemple. La situation précaire de cette région est évidemment un sujet de discussion dans la résolution sur laquelle nous allons voter demain, mais nous ne sommes pas parvenus à plaider en faveur d’un véritable processus de paix et à nous engager dans un dialogue sérieux avec tous les éléments de la société tchétchène, y compris les soi-disant rebelles.

En aucun cas les canailles qui entourent un homme de paille criminel et corrompu tel que Kadirov ne peuvent être reconnues comme les représentants légaux du peuple tchétchène. Une des missions du président en exercice du Conseil et du commissaire au cours du sommet de Samara sera de soulever des questions de ce genre.

 
  
  

PRÉSIDENCE DE M. DOS SANTOS
Vice-président

 
  
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  Vladimír Remek (GUE/NGL). - (CS) Mesdames et Messieurs, il n’existe aucun différend que les relations entre l’UE et la Russie devraient faire progresser pour le bien des deux parties. Il serait par conséquent bon de continuer à cultiver ces relations sur la base de mesures soigneusement réfléchies et prises sans émotion ni imprudence.

Si nous réagissons à la hâte à tout message de la Russie destiné principalement à la scène politique nationale, nous ne montrerons ni bon sens ni force, mais plutôt notre propre insécurité et notre propre faiblesse.

Négocier avec un partenaire ne signifie pas seulement s’asseoir à la table des négociations, mais aussi avoir un véritable dialogue. Ces négociations ne sont pas du tout facilitées par les demandes faites à l’autre partenaire avant que des tentatives de résoudre raisonnablement les véritables problèmes soient entreprises.

Par exemple, lorsqu’il s’agit de résoudre - ou plutôt de ne pas résoudre - le problème de ce que l’on appelle les non-citoyens dans certains États membres de l’UE, nous n’adoptons pas une approche aussi intransigeante que celle que nous adoptons lorsque nous faisons pression sur la Russie. J’ai le sentiment que nous devrions en fin de compte bâtir des relations avec la Russie sur des fondations fermes, sans préjugés et sans tenir compte du fardeau du passé.

 
  
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  Georgios Karatzaferis (IND/DEM). - (EL) Monsieur le Président, j’ai écouté tous les intervenants très attentivement. Ce qui se passe en Estonie est effectivement mal, et il est bon que nous défendions l’Estonie.

Pourquoi ne faisons-nous pas preuve de la même sensibilité face à ce qu’il se passe à Chypre? Là-bas aussi un État autocratique a organisé une invasion et personne ne dit rien. Il y a quelques jours, les socialistes ont même demandé que le statut des envahisseurs soit revalorisé. La même chose est en train de se produire avec la Chine et Taiwan. Taiwan ne peut entrer dans l’Organisation mondiale de la santé et obtenir les médicaments dont l’île a besoin. Une fois encore, nous n’avons pas réagi. Les États-Unis d’Amérique ont fait la même chose lorsqu’ils sont allés en Irak sans rien nous demander et nous ont ensuite placés face au dilemme sérieux «qui n’est pas avec nous est contre nous». De nouveau, nous n’avons rien dit face à cette approche fasciste de la part du président Bush et lorsque certains dirigeants européens ont pris leurs distances par rapport à l’invasion, je vous rappellerai la réponse qu’ils ont reçue une fois que M. Bush eut exercé son influence. Peut-être devrais-je vous rappeler le président Chirac ou parler du chancelier allemand? Pourquoi adoptons-nous un point de vue aussi unilatéral sur les choses?

Comment la Russie pourra-t-elle être satisfaite, si nous autorisons que des fusées américaines soient installées le long de ses frontières? N’aura-t-elle pas de soupçons? Comme on dit en Grèce, entendez-vous bien avec vos voisins et ils s’entendront bien avec vous. Faisons-nous ce qu’il faut ou satisfaisons-nous simplement - pour le moment du moins - les désirs de l’Amérique? L’Amérique veut que la Russie soit son ennemie et veut nous forcer à être ses ennemis. Non, nous devons entamer un dialogue, respecter l’État, respecter le gouvernement, respecter la population de ce pays. Je pense que tout le reste s’écarte de la démocratie.

 
  
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  Dumitru Gheorghe Mircea Coşea (ITS). - Fără îndoială, relaţia cu Federaţia Rusă nu poate să nu aibă în vedere faptul că 60% din exporturile ruse de petrol şi 50% din exporturile ruse de gaze ajung în Uniunea Europeană. În pofida acestei situaţii, ţin să subliniez necesitatea eliminării din politica Uniunii şi mai ales din politica unor state membre a concepţiei conform căreia Europa este condamnată să fie dependentă de Rusia şi obligată, ca, în schimbul aprovizionării cu energie, să accepte unele compromisuri sau cedări în faţa unor tendinţe hegemonice ale Rusiei, în exterior, sau a încălcării unor drepturi democratice în interior.

Am convingerea că Uniunea Europeană are capacitatea tehnică şi de inovaţie pentru a micşora din ce în ce mai mult nivelul aprovizionării din Rusia. De aceea, relaţia de energie nu trebuie să depăşească limitele cadrului relaţiilor comerciale şi de cooperare tehnică În niciun caz ea nu trebuie să fie privită ca un argument politic în acceptarea de către Uniune a încălcării de către Rusia a unor principii şi valori europene dedicate libertăţii, democraţiei şi toleranţei.

În relaţia cu Rusia, nu trebuie uitat că Europa nu are petrol, dar are principii iar principiile nu se schimbă niciodată pe petrol.

 
  
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  Charles Tannock (PPE-DE). - (EN) Monsieur le Président, les relations entre l’UE et la Russie à la veille du sommet à venir sont à un stade critique: nous sommes face à une crise sérieuse suite au déplacement de la statue du mémorial soviétique à Tallinn.

Originaire du Royaume-Uni, un pays qui n’a heureusement jamais dû faire face directement à l’hégémonie soviétique, il est facile pour moi de remettre en cause la sagesse de la décision politique de déplacer la statue et avec elle les soldats russes tombés au combat dans un cimetière militaire. Néanmoins, ce transfert est clairement un droit souverain du gouvernement estonien et a été effectué en conformité avec le droit international. Il n’est pas non plus acceptable que la Russie demande la démission du gouvernement estonien ni qu’elle fomente des troubles - par l’intermédiaire du groupement nationaliste extrémiste Nashi - contre la mission estonienne à Moscou. Lors de ma visite à Moscou il y a quelques semaines, je me suis personnellement plaint auprès du vice-ministre des affaires étrangères du même traitement infligé à l’ambassadeur britannique, Anthony Brenton, qui a été harcelé pour avoir assisté au rassemblement de Kasparov.

La Russie doit à présent s’éveiller à la nouvelle réalité géopolitique, à savoir que ce qu’il est convenu d’appeler le «proche étranger», où elle dicte sa loi, n’existe plus. Elle doit maintenant respecter la souveraineté de ces nouveaux pays, comme l’Estonie, l’Ukraine, la Moldova, la Géorgie, etc.

Je me considère comme un ami de la Russie et en particulier de sa très riche culture, et je pense que l’UE a besoin d’une Russie forte et unie, comme celle-ci a besoin de nous, mais aussi d’une Russie qui honore, en tant que membre de l’OSCE et du Conseil de l’Europe, ses obligations internationales en matière de respect de la démocratie et des droits de l’homme, en particulier en Tchétchénie et en ce qui concerne la liberté de la presse. Tyranniser ses voisins ne sert à rien, en particulier lorsqu’ils peuvent à présent compter sur le soutien d’une UE et d’une OTAN fermement résolues à faire preuve d’une forte solidarité sur des questions telles que l’interdiction d’importer la viande polonaise et la question de la statue estonienne dont nous débattons aujourd’hui.

Nous avons besoin de la Russie, pas seulement comme partenaire commercial fiable pour son pétrole et son gaz, mais aussi pour son soutien en vue d’empêcher la prolifération nucléaire en Iran et en Corée du Nord au Conseil de sécurité, pour relancer le processus de paix israélo-arabe, trouver des solutions acceptables aux conflits gelés de Transnitrie et de Géorgie au Nagorny-Karabakh, et contenir le régime despotique du Belarus. Nous avons également besoin de la Russie pour signer une stratégie de limitation des émissions en tant que signataire de Kyoto, puisque nous sommes tous confrontés aux dangers communs du réchauffement climatique, et la Russie, bien sûr, est largement présente dans l’Arctique, présence qui serait sérieusement affectée par ce réchauffement.

Nous soutenons la volonté de la Russie de rejoindre l’OMC, car nous pensons que la soumettre à un système de commerce multilatéral basé sur des règles permettra que des plaintes soient introduites, si elle tente de nouveau d’imposer arbitrairement des interdictions commerciales, comme elle l’a fait sur le vin à l’encontre de la Moldova et sur l’eau minérale à l’encontre de la Géorgie.

Je suis cependant sensible aux inquiétudes russes. En fait, les Russes sont presque paranoïaques au sujet de leur future crise démographique - la Russie perd quelque 700 000 citoyens chaque année - et de nombreux États membres de l’UE partagent aussi le même futur défi. Toutefois, je crois aussi fermement que permettre à la Russie de tester nos faiblesses en divisant les États membres ne va pas dans le sens d’aucun de nos intérêts à long terme.

 
  
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  Andres Tarand (PSE). - (ET) Je voudrais m’exprimer brièvement au sujet de l’article 4 de la résolution. Certains députés ont qualifié le déplacement d’une statue à Tallinn d’acte de provocation envers la Russie. Je dois dire que c’était bel et bien un acte de provocation, mais de la part de la Russie. J’énumérerai brièvement les différents éléments de preuve.

Premièrement, les préparatifs de la Russie ont commencé il y a cinq ans, même si c’est il y a un an que la célébration de la victoire russe lors de la Seconde guerre mondiale le 9 mai au pied de la statue de Tallinn s’est transformée en un événement impliquant l’absorption de vodka et l’agitation du drapeau soviétique, et ce avec l’arrière-pensée de provoquer des échauffourées, qui ont, dans une certaine mesure, effectivement eu lieu. Jusqu’alors, la statue s’était dressée là pendant des décennies sans causer le moindre problème et si notre voisin n’avait pas organisé des actes de provocation à proximité du monument, elle occuperait très probablement encore la même place aujourd’hui.

Deuxièmement, les manifestations des 26 et 27 avril ont été organisées par des employés de l’ambassade russe à Tallinn. Ces derniers mois, il a été établi que de nombreuses réunions ont eu lieu entre les organisateurs des récentes manifestations et des employés de l’ambassade russe, apparemment en vue d’obtenir des directives de professionnels de ce domaine pour semer l’instabilité.

Troisièmement, les manifestations de jeunes face à l’ambassade estonienne à Moscou ont été organisées et équipées directement par le Kremlin. La Russie a délibérément ignoré la convention de Vienne et n’a montré aucune volonté de protéger les diplomates estoniens à Moscou.

Quatrièmement, les traces de nombreuses cyber-attaques contre les systèmes d’information estoniens ont mené droit au Kremlin et aux institutions gouvernementales russes.

Cinquièmement, des sanctions économiques ont été prises à l’encontre de l’Estonie. Alors que jusqu’à présent la Russie exportait 25% de son pétrole par chemin de fer et via les ports estoniens, la semaine dernière, une information a circulé selon laquelle la ligne de chemin de fer entre la Russie et l’Estonie aurait besoin de réparations imprévues. Cette excuse grossière arrive mal à cacher la volonté d’influencer économiquement l’Estonie. Une telle sanction pourrait également avoir une influence directe sur l’approvisionnement en énergie de l’Union européenne. Demandons-nous également qui avait intérêt à interrompre la liaison ferroviaire Saint-Pétersbourg-Tallinn.

Permettez-moi enfin de remercier tous ceux qui soutiennent l’Estonie.

 
  
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  Alexander Lambsdorff (ALDE). - (DE) Monsieur le Président, le commissaire Verheugen vient juste de décrire la Russie comme notre partenaire stratégique numéro un en Europe, mais tout partenariat stratégique dépend de l’existence d’intérêts et d’objectifs communs et aussi de valeurs communes, qui, je pense, brillent par leur absence dans le cas présent. Que signifie d’ailleurs un partenariat stratégique pour les Russes, si de telles conditions y sont attachées? Les Russes ont-ils la moindre idée de ce qu’est en réalité un partenariat stratégique constructif avec l’Union européenne, au vu de la manière dont ils se comportent vis-à-vis de l’Estonie et dont ils se sont déjà comportés au Kosovo et en Moldova? Quel est donc l’agenda constructif des Russes en matière de politique étrangère?

Vous poursuivez, Monsieur le Commissaire, en exigeant d’un partenaire stratégique de l’UE un engagement clair en faveur de la démocratie et les droits de l’homme et un effort constant en vue de faire de cet engagement une réalité. N’avez-vous pas vu les images des manifestants à Moscou et à Saint-Pétersbourg? Vous avez également avec les Russes des pourparlers portant sur le dialogue sur les droits de l’homme, lequel vient entre-temps d’être séparé du sommet principal, au prétexte qu’évoquer la question des droits de l’homme avec les Russes mettrait trop de pression sur l’ordre du jour ordinaire du sommet.

Vous dites, Monsieur le Commissaire, que nous voulons un partenaire fort dans le chef de la Russie. Je suis un ami de la Russie, tout comme M. Tannock, et je veux que la Russie soit forte, mais forte au vrai sens du terme, une Russie qui respecte les droits de l’homme, les droits des minorités, le droit de réunion, la liberté de la presse, plutôt qu’une Russie à la Potemkine, dont la puissance repose sur le pétrole et l’autoritarisme. Si nous voulons vraiment fonder la politique étrangère européenne sur certaines valeurs, le moins que nous puissions faire est de rassembler les deux sommets, à savoir le vrai sommet entre l’UE et la Russie et le dialogue sur les droits de l’homme, ce dernier se tenant jusqu’ici toujours à l’écart et quelque peu honteusement deux semaines avant le sommet lui-même.

Je voudrais voir ce dialogue, tout comme l’opposition russe qui était présente au Parlement européen la semaine dernière. Elle aussi souhaite un dialogue entre l’UE et la Russie et j’espère que ce dialogue portera ses fruits, mais l’expérience passée à tendance à me rendre sceptique. Je conclurai en disant à quel point je suis ravi que nous ayons ce débat à Bruxelles plutôt qu’à Strasbourg.

 
  
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  Gintaras Didžiokas (UEN). - (LT) Quand l’Union européenne comprendra-t-elle et reconnaîtra-t-elle enfin que la question de la viande polonaise (des exportations vers la Russie) n’est ni une question vétérinaire ni une affaire commerciale, mais une question purement politique? De la même manière, le conflit fomenté en Estonie n’est pas une question de déplacement de monuments. Ce ne sont là que des outils politiques utilisés pour tenter de fracturer la solidarité entre membres de l’Union européenne. Nous promettons à certains pays un bonbon sous la forme de certains avantages économiques, tout en faisant d’autres pays les «méchants», les accusant de faire obstacle au développement de partenariats. L’objectif est d’affaiblir l’Union européenne.

Quant les hommes politiques de l’Union européenne comprendront-ils ce que la Russie est réellement en train de faire? Une manière de résister à ce genre de tactiques intrusives est de parler d’une seule voix. Nous devons faire preuve d’une réelle solidarité européenne et ne pas nous contenter de proclamer un engagement de pure forme envers celle-ci. Nous devons dire clairement à la Russie que l’Union européenne ne permettra pas que son unité soit manipulée, qu’elle ne trahira pas ses idéaux et que la Russie commet une lourde erreur en tentant de la pousser dans ce piège. Nous cherchons un partenariat civilisé et basé sur le respect mutuel, la démocratie et l’État de droit.

 
  
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  Angelika Beer (Verts/ALE). - (DE) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je voudrais expliquer, me référant aux trois points, pourquoi mon groupe ne soutiendra pas la proposition de résolution commune qui fera l’objet du vote de demain. Nous présenterons les amendements utiles. En tant que porte-parole de mon groupe, le groupe des Verts/Alliance libre européenne, pour les questions de défense, je voudrais dire qu’il est selon nous grand temps d’avoir une discussion franche. Après tout, nous ne parlons pas d’un partenariat stratégique, mais, au mieux, de conclure et d’approfondir un partenariat pragmatique.

Le fait que la Russie bloque un règlement pacifique du conflit au Kosovo sans raison valable en ces temps difficiles, en menaçant d’utiliser son veto au Conseil de sécurité des Nations unies est tout aussi inacceptable que sa menace de se retirer du traité de la CSCE, qui constitue un élément important de notre politique en matière de contrôle des armements et de désarmement en Europe.

Je voudrais également évoquer un point extrêmement préoccupant d’après moi, que le Conseil et la Commission s’efforceront de clarifier, du moins je l’espère. Si l’on en croit les récits de témoins oculaires, les rapports écrits d’Amnesty International et les déclarations d’autres personnes travaillant sur place - c’est-à-dire au Darfour - pour la seule année 2005 la Russie aurait fourni pour 15,4 milliards d’euros d’armes de guerre au Soudan. Selon les récits de témoins oculaires, certaines de ces armes sont utilisées au Darfour.

Nous sommes assurément incapables de mettre fin au génocide au Darfour, cela vaut tout de même la peine de faire tous les efforts possibles pour intensifier le dialogue et les négociations, pour renforcer les droits de l’homme et mettre un terme au génocide, et pour faire en sorte que les États membres individuels ne puissent plus imposer leurs intérêts pétroliers dans la région. J’en appelle à tous pour ne pas permettre cela et pour donner à la Russie un carton rouge à cet égard. Cette situation est inacceptable.

 
  
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  Gerard Batten (IND/DEM). - (EN) Monsieur le Président, j’ai entendu tout à l’heure que la Russie est un partenaire stratégique essentiel, mais doit-elle réellement l’être? La Russie est un État criminel sur le chemin d’une dictature radicale. La Russie ne possède aucun atout d’intérêt international hormis ses ressources énergétiques, qu’elle utilise d’ailleurs habilement pour orchestrer sa résurgence au rang de puissance mondiale. La Russie se sert de ses réserves énergétiques pour pousser ses ambitions géopolitiques internationales en enfermant l’Occident dans la dépendance par rapport à ses livraisons et en passant par ailleurs des accords internationaux d’approvisionnement avec des États hostiles à l’Occident.

L’Ouest démocratique assoiffé d’énergie, appâté par une fourniture énergétique, plonge droit dans le piège tendu par la Russie. Rappelons-nous ce qu’a déclaré le président Poutine en 2003 au journal Novaya Gazeta: «La Commission européenne ne doit pas se faire d’illusions. Dans le domaine du gaz, elle sera obligée de traiter avec l’État russe.» Nous devrions nous inquiéter au plus haut point du genre d’État auquel nous avons affaire. Il s’agit d’un État dans lequel les services de sécurité se sont mués en une association de malfaiteurs exerçant une emprise sans limites, d’un État dans lequel plus de 300 journalistes ont été assassinés pour dissuader leurs confrères de faire connaître la vérité. Il s’agit d’un État qui charge des citoyens russes d’assassiner un citoyen britannique contestataire sur le territoire britannique et fait ensuite bénéficier ceux-ci d’une immunité contre la justice sur le territoire russe.

L’agneau européen ne devrait accepter aucune invitation dans la tanière du loup russe. Le Royaume-Uni doit sans délai assurer son propre approvisionnement énergétique indépendant par le biais de nouveaux investissements dans l’énergie nucléaire.

 
  
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  Jacek Saryusz-Wolski (PPE-DE). - (EN) Monsieur le Président, la nécessité réelle se fait ressentir d’un engagement constructif aux côtés de la Russie, mais pas à n’importe quel prix, et certainement pas au prix de la souveraineté de l’Union européenne ou d’un de ses États membres. Nous devons aller au-delà des grands programmes de coopération et de la rhétorique abstraite. Par-dessus tout, nous devons nous garder de céder à la complaisance et de créer des faux-semblants. Nous devons dire les faits tels qu’ils sont, et le fait est que l’Union européenne et ses États membres ne peuvent se concentrer exclusivement sur les intérêts économiques au mépris de l’aggravation de la situation en Russie s’agissant de la démocratie et des droits de l’homme et en détournant le regard des politiques discriminatoires de la Russie à l’encontre de ses voisins, parmi lesquels plusieurs États membres.

Nous aspirons tous à ce que la Russie se démocratise. La Russie est réellement notre partenaire. Nous devons construire une confiance mutuelle fondée sur le respect des valeurs et des obligations auxquelles nous adhérons. En premier lieu, la Russie doit comprendre que ses efforts pour monter les États membres de l’Union européenne les uns contre les autres sont parfaitement contre-productifs. La politique de division de l’Union européenne ne peut fonctionner. L’Union repose sur le principe de la solidarité qui signifie «un pour tous et tous pour un», et ce «un» est aujourd’hui l’Estonie. L’attitude de la Russie à l’égard de l’Estonie fait partie d’une kyrielle de pratiques inacceptables mises en œuvre par la Russie, et d’autres pourraient suivre. L’Union est derrière et avec l’Estonie. Le Conseil et la Commission doivent se montrer plus clairs, plus déterminés et plus actifs dans cette affaire.

Ne nous trompons pas: si un État membre fait l’objet d’un traitement contraire à toutes les règles de la communauté internationale dans quelque domaine que ce soit, le commerce, l’énergie ou la discrimination politique, c’est l’Union tout entière qui doit intervenir en son nom. Notre Parlement est le garant de cette solidarité. Nous sommes confrontés à une épreuve non seulement pour l’Union en tant que projet politique, mais également pour la politique étrangère et de sécurité commune et nous allons surmonter cette épreuve.

Si la Russie entend être traitée comme un acteur important et une grande nation ancrée en Europe, elle doit apprendre à honorer les obligations internationales qui résultent de son appartenance au Conseil de l’Europe, de sa ratification de la Charte de l’énergie et des accords contraignants en matière de désarmement, et de son appartenance à terme - sous réserve d’un point d’interrogation à cet égard - à l’Organisation mondiale du commerce. Si nous souhaitons mettre en place une coopération fructueuse et intelligente avec la Russie - et nous le souhaitons - nous devons entamer une nouvelle ère avec une nouvelle Russie et non retourner à l’ère de la guerre froide avec l’Union soviétique.

 
  
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  Justas Vincas Paleckis (PSE). - (LT) Même au XXIe siècle, un document reste l’instrument fondamental pour construire des ponts entre les nations. L’absence de cet instrument et les difficultés liées à l’élaboration d’un nouvel accord de partenariat et de coopération entre l’Union européenne et la Russie ne sont hélas qu’une illustration de cette sombre réalité. À Moscou, d’aucuns prétendent qu’un tel accord est pour ainsi dire inutile. La crise déclenchée dans les relations entre l’Estonie et la Russie et, partant, dans les relations entre l’Union européenne et la Russie porte l’empreinte d’une profonde incompréhension du fait que tous les États membres de l’Union européenne jouissent d’une même égalité et d’une même souveraineté. Le dialogue est néanmoins d’autant plus indispensable à l’heure actuelle que l’alternative est un retour aux tranchées non encore comblées de la guerre froide. Cette issue ne profiterait à personne dans le monde déjà instable d’aujourd’hui. Les discussions complexes de Samara doivent permettre de franchir un pas en direction d’une affirmation plus claire et plus franche de nos positions et de la formulation de règles du jeu politiques qui correspondent à la nouvelle donne.

Le document que nous examinons souligne à juste titre qu’un nouvel accord serait extrêmement important pour approfondir la coopération économique et consolider la sécurité et la stabilité en Europe. Le partenariat stratégique avec la Russie reste un objectif pour l’Union européenne, comme le met en exergue le projet de résolution. Les deux parties doivent toutefois s’atteler à cet objectif en renforçant les droits de l’homme, la démocratie et la liberté d’expression et en renonçant à leurs ambitions de toute-puissance et d’impérialisme.

 
  
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  Jeanine Hennis-Plasschaert (ALDE). - (NL) Monsieur le Président, «Moscou joue l’obstruction parce qu’elle est en position de le faire»: tel est le titre d’un article paru récemment dans un journal néerlandais renommé. Et de fait, nous nous laissons manipuler! À l’occasion de notre visite récente à Moscou, je me suis rappelée que, si l’Europe a sa vérité, les Russes proclament eux aussi leur propre version de la vérité, galvanisés qu’ils sont entre autres par l’incapacité de l’Union à s’exprimer clairement d’une seule voix, qui nous fait paraître hésitants et même divisés.

Il semble que nous laissions échapper peu à peu le rôle d’exemple que nous aurions pu jouer au sein de l’Union. Personne ne le fera pourtant à notre place, il nous revient entièrement de le faire. Et Poutine, fort de la croissance économique soutenue de son pays, s’empresse d’en tirer profit. Il tourne l’Union européenne en dérision chaque fois que cela lui chante. La Russie est de nouveau une force qui doit être reconnue, et l’UE devrait le savoir. La Russie use de provocation.

La liste des sujets controversés, qui ont tous été énumérés, ne cesse de s’allonger et inclut à présent les projets américains de déploiement d’un bouclier de missiles en Pologne et en République tchèque, l’annonce par M. Poutine de son intention de suspendre le traité de désarmement, de graves dossiers internationaux tels que le Kosovo, mais aussi le Moyen-Orient et le Soudan, la politique énergétique en tant qu’instrument géopolitique, le déficit démocratique, la violation des droits de l’homme et la Tchétchénie, sans oublier naturellement la crise en Estonie et l’interdiction de l’importation de viande polonaise. Enfin, citons également la souveraineté des pays tiers. À mesure que cette liste s’allonge, la méfiance s’exacerbe.

Bien que les souhaits et les attentes soient multiples, la fixation de priorités est aujourd’hui indispensable, compte tenu de notre dépendance mutuelle croissante et de la proximité de la Russie. Il revêt à cet égard une importance primordiale - et je lance en même temps un appel exprès au président du Conseil - que l’Union européenne maintienne l’unanimité en son sein. Nous ne pouvons donner à la Russie l’occasion de nous tourner en dérision. Nous devons balayer devant notre porte. Ensuite seulement, l’Union pourra adopter une politique ferme et efficace par rapport à ce pays.

 
  
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  Mirosław Mariusz Piotrowski (UEN). - (PL) Monsieur le Président, il est aujourd’hui limpide pour chacun d’entre nous que le tumulte que soulève la Russie à propos de l’embargo sur les exportations de viande polonaise est purement politique. Il ne fait aucun doute que les Polonais satisfont à toutes les exigences sanitaires.

Le gouvernement russe n’a aucune intention d’accepter un compromis et approfondit méthodiquement les divisions au sein de l’Union européenne. De surcroît, il s’est permis de s’immiscer dans les affaires intérieures de l’Estonie, un État souverain membre de l’UE. La Russie applique également ce genre de méthodes vis-à-vis d’autres voisins qui par le passé furent des satellites soviétiques.

Le dialogue et la négociation sont des valeurs essentielles, mais dans les circonstances actuelles un mandat de négociation pour le sommet entre l’Union européenne et la Russie signifierait non seulement un retour aux pratiques politiques de la guerre froide mais constituerait également un dangereux précédent pour l’avenir.

 
  
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  Ria Oomen-Ruijten (PPE-DE). - (NL) Monsieur le Président, il est absolument fondamental que l’Union européenne progresse et approfondisse ses relations avec la Russie. Un bon partenariat signifie toutefois également que les problèmes et les différends peuvent faire l’objet de discussions franches et que les partenaires sont disposés à en tirer les leçons de manière à assurer la pérennité de leur relation. Dans une relation, les voies de communication doivent rester accessibles à tout moment. J’espère, dans notre intérêt, que les négociations sur un nouvel accord de partenariat pourront débuter rapidement. Un nouvel accord qui doit être basé sur l’expérience des dix années écoulées, mais qui doit aussi renouveler les formes du dialogue dans les prochaines années.

Nous devons arrêter de nous exprimer par déclarations et entamer plutôt des négociations sous la forme d’un dialogue structuré, sans éluder les problèmes. Il y a assez de problèmes en Russie: la liberté des médias, le fonctionnement de la démocratie, la définition des règles et des procédures en matière d’élections, la situation des ONG ou encore les droits de l’homme - j’invite le Parlement à se reporter à ce sujet au rapport du Conseil de l’Europe sur la Tchétchénie - tous ces éléments doivent être inscrits au programme.

Sur la scène internationale également, l’Europe et la Russie ont besoin l’une de l’autre, le Kosovo en offre une illustration. La Russie ne peut se contenter de prononcer un veto, ce n’est pas dans l’intérêt de la région. Nous avons également besoin les uns des autres en ce qui concerne la gestion de l’Iran et de la Corée du Nord.

J’en viens aux tensions entre l’Estonie et la Russie, tensions qui ne s’aggravent pas seulement dans ces deux pays, mais sont également devenues aujourd’hui un problème européen en raison de la réaction russe. La liste des problèmes entre les États baltes et la Russie ne cesse de s’allonger. Les problèmes sont là pour être résolus, mais ce qui fait cruellement défaut, c’est la circonspection et la prudence dans les relations mutuelles.

Je suis une grande supportrice d’une politique active en Europe orientale, mais cette politique ne peut être adoptée, si nous ne sommes pas d’accord au sein de l’Union européenne. Les États membres baltes doivent également porter ce projet et il est donc inadmissible que nous devions, au niveau de l’Union européenne, tolérer un comportement prenant la forme de sanctions pénales à l’encontre d’un membre de notre famille. Il n’est certainement pas dans notre intérêt de permettre que les tensions s’exacerbent, mais ce n’est assurément pas dans l’intérêt de la Russie non plus!

C’est maintenant à l’Union européenne de jouer. Le Conseil et la Commission doivent s’allier au Parlement pour affirmer en chœur que, si l’Union européenne rejette les menaces brandies contre ses membres, nous sommes également disposés, dans la mesure du possible, à nous engager pour l’amélioration du dialogue et l’instauration d’une coopération constructive. La présidence allemande a donné le ton juste à cet égard, et je pense que le sommet fournira une bonne occasion de poursuivre le développement dans ce sens.

 
  
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  Józef Pinior (PSE). - (PL) Monsieur le Président, la session plénière de ce jour se déroule à la date anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. En tant que Polonais, je souhaiterais saluer la mémoire de tous les soldats soviétiques tombés au front en combattant le fascisme. Nous nous rappelons tous leur sacrifice personnel, nous nous rappelons tous ces simples soldats, ces fantassins sombres, ainsi que Bulat Okudzhava les a décrits de si belle façon dans sa chanson.

Au sein de l’Union européenne, nous sommes unis par un désir de bonnes relations avec la Russie. Ces bonnes relations s’appuient sur une nécessité économique, stratégique et géopolitique. En même temps, la Russie n’est pas un partenaire facile pour l’Union européenne. À l’évidence, nous ne pouvons et nous n’entendons tolérer de la part des Russes aucune manifestation de politique néo-impérialiste du genre de celles que nous observons depuis quelques jours envers l’Estonie. C’est pourquoi nous devons au cours des prochains jours accorder notre soutien et manifester notre solidarité sans faille aux autorités estoniennes et aux citoyens estoniens.

Monsieur le Commissaire, Monsieur le Ministre, je souhaiterais vous rappeler la lettre qu’Amnesty International a adressée aux dirigeants de l’Union européenne à la veille du sommet de Samara, pour attirer votre attention sur la nécessité d’évoquer avec le Président Poutine les violations des droits de l’homme en Russie, les restrictions à la liberté de réunion et à la liberté d’expression, et en particulier à la liberté de la presse, ainsi que le nombre croissant d’assassinats de journalistes. Il s’agit de problèmes que nos dirigeants doivent soumettre directement au gouvernement russe lors du sommet de Samara.

 
  
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  Guntars Krasts (UEN). - (LV) L’Union européenne considère la Russie comme un bon partenaire à long terme, mais utilise-t-elle son influence pour encourager la Russie à devenir un voisin démocratique et prévisible? Depuis que la Russie a accédé au statut de grand acteur énergétique, sa politique intérieure et étrangère prend des allures de plus en plus déplaisantes. Face aux nouvelles politiques de la Russie, l’Union européenne ne se comporte toutefois pas comme une force unie, mais comme une mosaïque d’États membres isolés, et dans les situations de conflit avec la Russie, les États membres européens sont enjoints d’aplanir leurs différends sur le terrain bilatéral. Le dernier exemple en date est l’immixtion grossière de la Russie dans les affaires intérieures d’un État membre de l’Union européenne, l’Estonie, qui a été jusqu’à des demandes de démission du parlement élu démocratiquement et du gouvernement d’Estonie! L’Union européenne n’a pas manqué l’occasion de s’enfermer dans le mutisme, à la différence, par exemple, du Président et du Sénat des États-Unis, qui ont exprimé leur soutien ferme à l’Estonie. La présidence de l’Union européenne s’efforce de transformer le conflit en un désaccord à résoudre bilatéralement entre l’Estonie et la Russie. La Russie peut être autorisée à morceler l’Union européenne par-delà les frontières entre petits et grands, nouveaux et anciens États, entre partenaires et États ingrats. Le prochain sommet entre l’Union européenne et la Russie constituera à maints égards un test substantiel de la capacité de l’Union européenne à travailler dans l’unité. Merci.

 
  
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  József Szájer (PPE-DE). - (HU) La Russie est un pays européen, avec lequel nous partageons une culture commune et des racines sociales, culturelles et intellectuelles qui remontent à plus d’un millier d’années. L’Union européenne a besoin d’une Russie démocratique. Voilà ce dont l’Union européenne a réellement besoin. La condition essentielle d’un partenariat doit toutefois résider dans la démocratie et l’État de droit, ainsi que dans le respect irréprochable des principes de l’égalité des droits.

Cette condition est incompatible avec le traitement qu’inflige actuellement la Russie à nos frères estoniens. Elle est incompatible avec cette immixtion dans les affaires intérieures de l’Estonie commise en violation des normes et des lois internationales. L’Estonie est l’Union et l’Union est l’Estonie. Ce n’est pas uniquement l’affaire d’un pays, mais de l’Union tout entière. Ce n’est pas uniquement une question de solidarité, mais de souveraineté.

Mesdames et Messieurs, n’est-il pas absurde que l’Union prépare en ce moment un sommet de haut niveau avec les dirigeants d’un tel pays, qu’elle parle d’une relation de partenariat équilibré, qu’elle cherche à assouplir les obligations relatives aux visas et qu’elle soutienne l’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce d’un pays qui se permet un tel comportement par rapport à un de ses États membres, comme s’il pouvait en toute impunité s’immiscer dans les affaires intérieures de celui-ci? C’est inacceptable, et faut-il ajouter, c’est une question de principe sur laquelle nous ne pouvons faire aucune concession.

En conséquence, j’appelle, j’exhorte la Commission européenne et le Conseil à suspendre les préparatifs du sommet UE-Russie, jusqu’à ce que la Russie arrête ses pressions sur l’Estonie. L’Union doit exprimer un message clair. Ni plus, ni moins.

 
  
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  Monika Beňová (PSE). - (SK) En 1945, nous avons été libérés par l’Armée rouge. Je pense que nous sommes tenus en retour à un certain respect et à une certaine gratitude.

Les problèmes ont toutefois commencé lorsque certaines parties de cette Armée se sont installées dans nos pays, notamment dans mon pays d’origine, sous toutes sortes de nobles prétextes, comme «l’aide économique» ou «la protection», et que ces prétextes ont finalement conduit nos pays à l’emprisonnement derrière les barbelés et nos économies à la stagnation, à un point tel qu’au début des années 1990 nous avons été contraints de les reconstruire en repartant de zéro.

La raison pour laquelle je brosse cet aperçu historique succinct tient au fait suivant: lorsque nous parlons aujourd’hui du sommet UE-Russie, nous avons tendance à employer des formules nobles, mais nous devons garder à l’esprit que les acquis engrangés par l’Union européenne au cours des 10 dernières années ont été autant de pertes subies par la Russie pendant cette même période. La Russie en a une conscience aiguë et ne s’en réjouit absolument pas. Si nous souhaitons parler de partenariat sur un pied d’égalité avec la Russie, il serait opportun de nous assurer que ce partenariat sera réellement construit sur un pied d’égalité et de ne pas nous laisser abuser par de belles phrases comme l’ont été les générations qui nous ont précédés il y a 62 ans.

 
  
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  Wojciech Roszkowski (UEN). - (PL) Monsieur le Président, les relations entre l’UE et la Russie se sont compliquées depuis que la Russie a repris son ancienne politique impérialiste, qui s’illustre à l’extrême dans les faits observés récemment en Estonie. Le gouvernement souverain d’Estonie a le droit, et même le devoir, d’éliminer les traces de l’oppression soviétique, et la réaction de la Russie fait porter sur ce pays un regard sombre.

Le Kremlin a également fomenté une campagne de calomnies contre la Pologne, et malheureusement, certains membres de cette Assemblée y ont cédé à Strasbourg. Bien que la Pologne ait courbé l’échine pour démontrer sa bonne volonté, la Russie n’a pas levé l’interdiction des importations de viande polonaise mais continue au contraire à élargir l’embargo.

Le président Poutine souhaite même adopter une loi protégeant les sites des monuments en dehors de la Russie. Cela signifie-t-il que le droit russe s’étendra bientôt au territoire de l’Union européenne? Notre débat a montré que l’Union européenne doit au sommet de Samara être beaucoup plus déterminée, s’agissant en particulier de défendre les intérêts de l’ensemble des États membres, et pas seulement d’une sélection d’entre eux.

 
  
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  Christopher Beazley (PPE-DE). - (EN) Monsieur le Président, j’ai deux questions auxquelles je souhaiterais que le ministre Gloser réponde dans sa réaction à ce débat.

Il ne fait aucun doute que, lors du sommet de Samara, en supposant qu’il ait bien lieu, le Conseil, la présidence - ses collègues - et la chancelière fédérale seront également amenés à présenter les opinions exprimées dans cette Assemblée. De toute évidence, la routine est exclue avec la Russie du président Poutine. Le ministre pourrait-il expliquer dans sa réponse comment le sommet reflètera notre préoccupation et notre refus d’admettre que l’Estonie serait à l’origine de cette crise?

Il nous a été dit que nous devons prévenir l’escalade et nous atteler à désamorcer la crise. Ce n’est toutefois pas nous, l’UE, qui avons déclenché cette crise. Si l’on regarde les séquences filmées des prétendues «émeutes» de Tallinn, on peut observer des images de groupes épars de jeunes qui brisent des vitrines et volent des articles de luxe. Quel est le lien entre ces actes et le respect qu’il faut manifester aux millions de morts russes de la Seconde Guerre mondiale? Nous ne pouvons tout simplement pas admettre la version donnée par le président Poutine, par opposition à ses prédécesseurs, MM. Eltsine et Gorbatchev, qui ont entamé le processus de réforme en Russie.

En conséquence, Monsieur le Ministre, pourriez-vous indiquer dans votre réponse les démarches spécifiques que la présidence compte entreprendre au cours du sommet pour souligner le fait qu’il ne peut y avoir de négociations fructueuses en l’absence de compréhension mutuelle? La question ne concerne pas seulement l’Estonie, ainsi qu’on l’a déjà fait remarquer: la Lettonie a été attaquée par le président Poutine, de même que la République tchèque, la Pologne et même l’ambassadeur de mon propre pays. Pourrions-nous donc avoir quelques précisions quant sur la façon dont le sommet compte manifester son désaccord, vu la position du gouvernement russe sur ce problème?

 
  
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  Marianne Mikko (PSE). - (ET) L’attaque des pirates opérant à partir de la Russie qui ont frappé l’infrastructure informatique d’un État membre de l’Union européenne, l’Estonie, a duré près de deux semaines. Cette cyber-attaque a eu pour effet de paralyser totalement ou d’entraver gravement l’accès aux sites web des médias estoniens. Les pirates ont également tenté de bloquer les sites web des ministères estoniens. Le 3 mai, le serveur du bureau du Premier ministre a reçu 90 000 demandes en une heure. L’Estonie est parvenue à repousser l’attaque, mais le fait que la Russie tolère ces événements constitue un acte d’agression qui exige une réponse.

Les services secrets russes utilisent la dissimulation d’informations comme outil de manipulation des masses depuis la guerre froide. Au XXIe siècle, l’impossibilité faite à un pays de communiquer par l’internet est plus grave que le bris d’une fenêtre à l’ambassade de ce pays à Moscou. Je me réjouis qu’un passage de soutien à l’Estonie rédigé en termes forts ait été ajouté à notre résolution.

Le thème de la sécurité de l’espace virtuel doit être abordé sans ambiguïté dans les discussions avec la Russie lors du sommet de Samara. Notre stratégie doit consister à prévenir une guerre virtuelle avec notre partenaire stratégique, la Russie. L’Union européenne doit traiter une attaque virtuelle contre un État membre comme une attaque contre l’Union européenne tout entière. Les Russes doivent en être pleinement conscients.

 
  
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  Jan Tadeusz Masiel (UEN). - (PL) Monsieur le Président, faisons en sorte que le sommet UE-Russie soit une occasion d’améliorer nos relations, et faisons en sorte qu’il soit également une occasion de réaliser une intégration plus profonde au sein de l’UE en témoignant de notre solidarité avec l’Estonie et la Pologne. Nous devons reconnaître les mérites de la Russie, lorsqu’elle en a, et la féliciter pour ses réussites, mais aussi la critiquer quand elle se montre injuste. Nous ne devons pas craindre de tenir tête à la Russie lorsque les faits sont de notre côté. Nous critiquons sévèrement le gouvernement du Belarus alors que le gouvernement russe n’est en réalité pas très différent. La Russie doit reconnaître l’occupation de l’Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie, et à un niveau différent, de tous les pays du bloc soviétique. J’appelle les responsables des négociations lors du sommet à faire enfin comprendre à la Russie que la Pologne est un État membre de l’Union européenne exactement au même titre que l’Allemagne ou le Royaume-Uni.

En dernier lieu, Monsieur le Commissaire, je souhaiterais vous remercier pour tous vos efforts, mais une plus grande détermination s’impose. La Russie doit lever rapidement, et non petit à petit, l’embargo sur la viande polonaise. Je vous prie d’informer le président Poutine de la volonté de cette Assemblée.

 
  
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  Le Président. - J’ai reçu six propositions de résolution(1) conformément à l’article 103, paragraphe 2, du règlement.

Le débat est clos.

Le vote aura lieu demain à 11 heures.

Déclarations écrites (article 142)

 
  
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  Athanasios Pafilis (GUE/NGL), par écrit. - (EL) Le choix de débattre des événements survenus en Estonie le 9 mai, le jour même de l’anniversaire de la victoire sur le fascisme, n’est pas seulement une manifestation de mépris envers la mémoire des dizaines de millions de personnes qui se sont sacrifiées pour combattre le fascisme. Ce n’est pas seulement une tentative de fausser et de détourner l’histoire. Il ne relève pas simplement de l’invective anticommuniste désormais coutumière des laquais de la barbarie capitaliste.

Il illustre une politique délibérée destinée à appuyer la résurgence du fascisme dans les pays baltes et d’autres États européens, où le groupe du parti populaire européen (démocrates chrétiens) et des démocrates européens, le groupe socialiste du Parlement européen, les néo-libéraux et les Verts se rangent aux côtés de l’extrême droite.

Dans une tirade homogène, les partisans de droite, les démocrates sociaux, les Verts et M. Le Pen ont lancé une attaque anticommuniste au vitriol contre l’Union soviétique et l’héroïque Armée rouge. Ils ont exprimé aujourd’hui leur solidarité avec le gouvernement estonien qui, depuis plusieurs années maintenant, s’est substitué aux anciens fascistes en condamnant des communistes et des antifascistes.

Ensemble, ils ont démontré ce qui est un fait historique et politique incontesté: le fascisme est l’enfant naturel du capitalisme. Ceci ressort clairement du débat d’aujourd’hui, dévoilant ainsi au grand jour la nature réelle de l’UE, une union des intérêts du capital.

Le fascisme, c’est le même pouvoir que le capital, sans son habillage de parlementarisme.

Nous souhaiterions souligner que plus les citoyens mettront en doute, condamneront, résisteront et combattront la barbarie impérialisme, plus l’anticommunisme s’intensifiera.

L’histoire a montré que ceux qui paraissaient extrêmement forts à court terme ont été écrasés par les luttes de terrain.

Le 9 mai 1945 sera toujours une date symbolique de ce type.

 
  
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  Alexander Stubb (PPE-DE), par écrit. - (FI) La querelle autour de la statue soviétique ne peut être passée sous silence.

C’est aujourd’hui la Journée de l’Europe. Nous célébrons l’Union européenne et le processus de paix que l’intégration européenne a permis.

Cette journée comporte toutefois deux aspects. Pour les Russes, elle représente une commémoration de la victoire à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. La statue déplacée en est un symbole. Pour bon nombre des actuels États membres de l’UE, la commémoration de cette victoire et la statue de Tallinn symbolisent toutefois le début d’une longue période d’oppression dans l’Union soviétique.

On ne saurait donc s’étonner que l’on ait souhaité enlever cette statue à Tallinn. Nul n’est besoin d’être fasciste pour ressentir l’envie d’éliminer le symbole d’une oppression qui est encore fraîche dans les esprits.

Il ne s’agit plus des affaires intérieures de l’Estonie. Suite à la position que la Russie a adoptée dans sa «politique de voisinage immédiat», la querelle autour de la statue est devenue une affaire européenne.

Nous parlons beaucoup de solidarité. Ce serait une honte pour nous de prétexter le calendrier et de laisser l’affaire de côté jusqu’à la session partielle de Strasbourg. Le règlement a été fait pour nous, et non l’inverse. Si nous ne pouvons traiter immédiatement cette affaire en raison du règlement, j’exige que le règlement soit modifié.

Nous pouvons discourir à l’envi sur la solidarité, mais le moment est venu de passer à l’action: «Estlands sak är vår sak!» («l’affaire de l’Estonie est l’affaire de chacun», en suédois dans le texte.)

 
  

(1) Cf. procès-verbal.

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