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Compte rendu in extenso des débats
Mardi 25 septembre 2007 - Strasbourg Edition JO

11. Négociations relatives à un accord d'association interrégionale avec le Mercosur et nouveau partenariat stratégique bilatéral avec le Brésil (débat)
Procès-verbal
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  Le président. - (EN) L’ordre du jour appelle les déclarations du Conseil et de la Commission sur les négociations relatives à un accord d’association interrégionale avec le Mercosur et au nouveau partenariat stratégique bilatéral avec le Brésil.

 
  
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  Manuel Lobo Antunes, président en exercice du Conseil. – (PT) Nous comprenons que l'accord d'association entre l'Union européenne et le Mercosur doit être exhaustif dans tous ses aspects, c'est-à-dire l'association politique et économique, visant non seulement à promouvoir le commerce et l'investissement, mais aussi à renforcer, de manière décisive, les relations stratégiques entre l'Union européenne et cette région. Cet accord créera la plus grande zone de libre échange entre deux blocs régionaux, presque 700 millions d'habitants, en renforçant l'intégration économique et sociale, en facilitant l'investissement et en créant une croissance économique importante pour les deux régions.

Il est vrai que les résultats des négociations sur l'agenda de développement de Doha ont influencé le processus de négociations. Toutefois, nous ne pouvons pas considérer l'accord d'association d'un point de vue purement économique; l'importance de la dimension politique de l'accord doit être soulignée.

Pour arriver à cette amélioration qualitative que nous souhaitons tous voir dans les relations entre l'Union européenne et le Mercosur, il est vital de tenir compte de l'équilibre entre les éléments politiques et économiques. Nous devons cependant reconnaître qu'après sept années de négociations, nous sommes dans l'impasse. Cette impasse est le fruit de la détérioration ou de la différence entre les offres présentées.

D'une part, l'offre proposée l'Union européenne couvrait tous les secteurs et, d'autres part, l'offre du Mercosur néglige des secteurs très importants pour l'Union européenne. La présidence portugaise attend la preuve d'un engagement politique de la part du Mercosur pour prendre la forme d'une offre améliorée, de sorte que la Commission puisse reprendre les négociations en vue de conclure rapidement un accord qui soit impartial et équilibré pour les deux parties.

Le partenariat stratégique entre l'Union européenne et le Brésil établi le 4 juillet lors du sommet de Lisbonne doit être considéré non seulement comme un moyen de renforcer les relations avec le Brésil, mais aussi les relations stratégiques birégionales entre l'Union européenne et l'Amérique latine, et en particulier les négociations de l'UE avec le Mercosur.

La déclaration commune produite après le sommet avec le Brésil prouve sans équivoque l'engagement visant à mettre un terme aux négociations sur l'accord d'association UE-Mercosur.

S'agissant du Brésil en particulier et sans oublier l'importance stratégique croissante de ce pays sur la scène internationale, le partenariat établi dans le cadre du travail de la présidence portugaise représente le début d'une nouvelle relation entre l'Union européenne et le Brésil, comme ce que l'on observe à présent en Russie, en Inde et en Chine. Le partenariat se développera sur la base d'un plan d'action qui comprendra le renforcement du dialogue et de la coopération dans les domaines d'intérêt mutuel présentés dans le communication de la Commission et du Conseil relative au partenariat stratégique UE-Brésil, qui comprend naturellement l'agenda du Mercosur.

 
  
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  Ján Figeľ, Membre de la Commission. - (EN) Madame la Présidente, je vous suis reconnaissant de pouvoir débattre de ce très important sujet. Comme cela a justement été souligné, la décision d’établir un partenariat stratégique avec le Brésil nous renvoie à la première communication de la Commission sur le Brésil, dans laquelle nous proposions un moyen de renforcer nos relations avec ce pays. Le premier sommet UE-Brésil de Lisbonne a confirmé et concrétisé cette nouvelle relation.

Pourquoi une relation plus proche avec le Brésil? Le partenariat stratégique entre l’UE et le Brésil est une réaction naturelle aux réalités géopolitiques. Le Brésil devient aujourd’hui un acteur international d’influence sur d’importantes questions mondiales, comme le changement climatique, la lutte contre la pauvreté, la paix, la sécurité et le multilatéralisme. Sa voix est respectée parmi les pays en développement, comme en témoigne sa présidence au G20 sous l’égide de l’OMC, ou en sa qualité de promoteur actif du dialogue Sud-Sud.

Il a conclu de nouveaux partenariats avec tous les acteurs clé: la Chine, la Russie et les États-Unis. L’Union européenne a beaucoup à gagner d’un partenariat plus étroit avec le Brésil, pour progresser sur des questions d’ordre mondiales d’intérêt commun.

Le partenariat stratégique offre le cadre approprié, comme l’a montré l’expérience avec tous les autres membres du groupe BRICS. Quels effets ce partenariat aura-t-il sur l’Amérique du Sud, et plus particulièrement sur la région Mercosur? La promotion de l’intégration régionale est l’une des pierres angulaires du partenariat. Cela est clairement établi dans la communication de la Commission, et c’est également ainsi que l’entend le Brésil. Le président Lula a très fortement souligné cet aspect lors du premier sommet UE-Brésil en juillet.

Je ne pourrais souligner assez l’importance du cône Sud pour l’Union européenne. Au-delà du partage de valeurs culturelles et politiques comme la démocratie, les droits de l’homme et la justice sociale, il y a un énorme potentiel économique à explorer entre nos régions économiquement complémentaires. L’UE est le premier partenaire commercial et d’investissement du Mercosur. Des biens et services européens d’une valeur de 50 milliards EUR traversent chaque année l’océan. De plus, la valeur globale des investissements de l’UE dans les pays du Mercosur atteignait en 2005 environ 100 milliards EUR.

Et, ce qui est le plus important, nous croyons sincèrement que le Mercosur a le potentiel de devenir économiquement et politiquement intégré. La récente création du Fonds de convergence structurelle et du Parlement du Mercosur sont des signes des plus encourageants. L’Union européenne soutient fermement ce processus d’intégration, pas seulement par des mots, mais par des actes concrets.

L’Union européenne est et continuera d’être le financeur quasi-exclusif de l’intégration du Mercosur. Une somme de 50 millions EUR a été engagée ces cinq dernières années, et le même montant est disponible pour la Perspective financière actuelle (2007-2013), afin d’aider le Mercosur à mettre en place ses institutions, à renforcer sa société civile et à faire avancer son intégration économique.

La conclusion d’un Accord d’Association entre l’UE et le Mercosur constituerait une étape colossale dans le processus d’intégration de la région. C’est pour cela que l’UE reste fermement décidée à mener les négociations à bien et souhaite les faire progresser dès que l’on y verra plus clair dans le cycle de Doha pour le développement.

Le partenariat stratégique avec le Brésil est une décision avantageuse pour le Brésil et pour le Mercosur. Les deux niveaux de relation (national et régional) seront complémentaires et se soutiendront mutuellement. Le partenariat ne remplace en aucun cas les négociations interrégionales UE-Mercosur.

Nous sommes tout à fait d'accord avec le Brésil sur le fait que le Mercosur est et restera l'unique plateforme pour nos relations économiques et commerciales bilatérales. Je suis certain qu’en nous liant au Brésil, le plus grand membre du Mercosur, nous pouvons apporter une réelle valeur ajoutée au processus d’intégration régional. Le partage d’expérience dans le cadre d’un agenda conjoint encouragera le Brésil à mieux soutenir les efforts du Mercosur dans la construction d’un marché commun et d’une union politique.

 
  
  

PRÉSIDENCE DE M. GÉRARD ONESTA
Vice-président

 
  
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  Daniel Varela Suanzes-Carpegna, au nom du groupe PPE-DE. – (ES) M. le Président, M. le Président en exercice du Conseil, M. le Commissaire, mesdames et messieurs, je tiens d'abord à remercier la présidence portugaise et le commissaire pour leur commentaires utiles et pertinents à la lumière du texte de la question claire posée par la commission du commerce international.

Comme nous le savons tous, le Brésil est un pays immense et admirable au potentiel énorme qui se trouve à un moment crucial de son développement politique et économique. Notre relation mutuelle est forte et nous pouvons, et nous devons même, la renforcer davantage. Les liens particuliers entre le Brésil et le Portugal, et inversement, sont également connus, reconnus et respectés de tous.

(PT) Nous comprenons bien la position de nos bons et estimés amis portugais, leurs intérêts et leurs inquiétudes, car nous les partageons.

(ES) Toutefois, l'Union européenne, la Commission, le Conseil et le Parlement ont toujours exprimé leur soutien envers la consolidation de l'intégration régionale du Mercosur, en négociant avec le bloc et, autant que possible, soutenir la consolidation régionale.

Comme on l'a indiqué ici, le Brésil a sans aucun doute un rôle clé à jouer en l'espèce. Si la communication de la Commission et les relations stratégiques proposées avec le Brésil vont dans ce sens, tant mieux. Le Parlement européen soutiendra toujours cela, il s'exprime lui-même dans le débat et dans le vote sur le rapport, pour lequel j'ai eu l'honneur d'être le rapporteur, sur les négociations entre l'UE et le Mercosur, qui a été adopté il y a un an et auquel je fais référence.

Par conséquent, compte tenu de la confusion que la communication a suscitée, le Parlement devait garantir que ce point serai clarifié et que nous serions tenus informés.

Nous sommes aussi conscients que les espoirs de conclure un accord ambitieux entre l'Union européenne et le Mercosur ne peuvent durer éternellement, et si le Mercosur lui-même ne progresse pas dans son intégration, et que les négociations entre l'Union européenne et le Mercosur stagnent, avec ou sans accord de Doha, il faudra prendre une décision à leur sujet, et une fois encore, le plus important reste l'efficacité: un accord bilatéral avec le Brésil.

Mais à moins que cela n'arrive, M. le Président, mesdames et messieurs, le but est d'arriver à un accord avec le Mercosur. En bref, oui au Brésil, mais sans nuire aux négociations avec l'ensemble du Mercosur.

 
  
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  Erika Mann, au nom du groupe PSE. – (DE) M. le Président, M. le Commissaire, M. le Président en exercice du Conseil, dans la commission INTA, nous demandions ce débat, car nous sommes très inquiets de voir que nous concluons de plus en plus d'accords de différents types qui touchent tout notre travail dans le secteur économique extérieur et qui comporte aussi, bien sûr, un élément de politique étrangère. Nous disposons d'accords bilatéraux de libre échange, d'accords régionaux de libre échange, d'accords de partenariat et d'accords stratégiques, et nous nous demandons comment tous les rassembler de sorte que nous adoptions une approche européenne cohérente pour relever les défis de la mondialisation dans la politique étrangère et le secteur économique extérieur.

M. le Commissaire, vous avez indiqué à juste titre que le Brésil était un pays important pour nous. Je suis aussi très reconnaissant de la présence du président en exercice du Conseil, et nous partageons bien sûr tous ce sentiment. Ce n'est pas juste un pays important; c'est un pays fantastique sous de nombreux aspects. La question est simple: comment pouvons-nous intelligemment combiner cet accord stratégique et l'idée de conclure un accord régional avec le Mercosur, qui s'est plongé en eaux troubles? Ce n'est tout simplement pas vrai que nous nous entendons à merveille dans les négociations. C'est très compliqué.

En outre, nous souhaitons conclure un accord multilatéral dans le cycle de Doha. Il semble vraiment très peu probable que nous puissions conclure cet accord en couronnement, si nous pouvons le conclure tout court. Alors, comment voulez-vous réunir tout cela en même temps? Telle est notre question.

Bien sûr, il s'agit aussi d'un accord stratégique. Quelle est la nature d'un accord stratégique? Il s'avère assez dense si on y prête attention. On constate de très nombreuses déclarations d'intention politiques sur le Brésil et toutes sont très sensées. Une fois encore, dans mon groupe, nous sommes très heureux qu'elles y figurent, mais comment voulez-vous faire le lien avec les autres membres, par exemple l'Amérique latine, avec qui vous avez conclu des accords de libre échange? Ou comment voulez-vous assurer le feed-back en l'espèce pour que notre politique commerciale s'imprègne d'une politique européenne uniforme de telle manière que touts les partenaires puissent le comprendre également?

 
  
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  Ignasi Guardans Cambó, au nom du groupe ALDE. – (ES) M. le Président, le Président en exercice du Conseil, M. le Commissaire, le Mercosur est une réalité qui doit beaucoup à l'Union européenne. Sans aucun doute, le Mercosur est essentiellement le fruit de la décision libre et souveraine de ses membres, c'est certain, sur ses quatre membres, bientôt cinq, espérons-le, si aucun obstacle n'entrave la ratification en cours de la candidature d'adhésion du Venezuela.

Il est évident qu'il s'agit donc du fruit de ses membres. Toutefois, il est également clair que, depuis ses origines en 1985, avec la déclaration Foz de Iguazú et le traité d'Asunción en 1991, l'Union européenne est très proche de cette réalité actuelle qui en était à ses balbutiements. Elle était très proche, elle soutenait, partageait et défendait l'existence même du Mercosur et de ce qu'il tentait d'accomplir, car nous savions que la relation régionale entre le cadre régional et le cadre régional, comportait de nombreux avantages pour eux comme pour nous.

C'est pourquoi le Parlement européen a toujours soutenu un élan maximum envers l'accord d'association entre l'Union européenne et le Mercosur. Un accord qui peut tenir, qui est ambitieux et équilibré. Un accord qui, outre la dimension commerciale au sens strict, comporte également un volet politique et institutionnel, et un volet destiné à promouvoir un développement économique et social durable.

Telles sont les valeurs qu'a défendues le Parlement européen dans ses relations avec le Mercosur. C'est pourquoi les membres de ce Parlement qui se consacrent aux questions commerciales extérieures dans la commission du commerce international sont étonnés, comme le reflètent les différents discours, à l'annonce d'un accord stratégique bilatéral avec le Brésil.

Nous avons senti que le cadre régional était le moyen le plus efficace d'atteindre ces objectifs, et le véritable pilier sur lequel se fonde nos relations. Il est clair que le rôle croissant du Brésil mérite non seulement du respect, mais de véritables félicitations. Le président Lula et son gouvernement renforcent un rôle de leader pour le pays, qui contribue considérablement à la stabilité de la région et au progrès pour des millions de personnes. Tout le monde est conscient, si l'on regarde les chiffres, de l'importance de l'influence du Brésil dans nos relations commerciales avec cette partie du monde et du fait que son influence se développe.

Toutefois, les relations stratégiques spécifiques entre l'Union européenne et le Brésil, comme annoncé le 30 mai, courent le risque de nuire aux relations régionale entre l'Union et le Mercosur.

Nous avons entendu le secrétaire d'État et le commissaire tenter de nous apaiser en l'espèce, et nous avons bien reçu ces explications. Toutefois, nous demandons que, dans ces négociations, le Parlement doive continuer d'être tenu informé, car nous comprenons tous que, en théorie, un accord stratégique spécifique avec le Brésil est possible, mais que nous ne voulons pas et que nous ne soutiendrons rien qui affaiblissent les relations régionales.

 
  
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  Liam Aylward, au nom du Groupe UEN. - (EN) Monsieur le Président, la question du bœuf brésilien continue à faire les gros titres, car c’est un problème qui touche les éleveurs et les consommateurs européens. En ma qualité de député irlandais, j’ai rencontré l’ambassadeur brésilien auprès de l’Union européenne en mai, puis à la fin du mois d’août, pour lui faire part de mes inquiétudes à propos de l’exportation du bœuf brésilien vers l’UE. Ces inquiétudes comprennent le retrait illégal des marques d’oreille, l’abattage du bétail au-delà des frontières de zones affectées par la fièvre aphteuse, et les analyses appropriées des bovins.

L’UE a adopté avec raison la politique de régionalisation aux termes de laquelle, en cas d’apparition d’un foyer de fièvre aphteuse dans un pays, seule la zone affectée reçoit une interdiction d’exporter du bœuf. Cette politique a bien fonctionné en Irlande en 2001 et au Royaume-Uni cet été, car de strictes politiques de traçabilité ont immédiatement été mises en place. Ce niveau de traçabilité n’existe pas au Brésil, et cela est inacceptable du point de vue de l’UE. Nos éleveurs de bovins doivent se conformer à des normes strictes imposées par la Commission. Je demande instamment à la Commission de faire en sorte que les mêmes normes et règlements soient appliqués au Brésil, tels qu’ils existent en Europe, afin de garantir que les conditions soient les mêmes pour tous. Je suis ravi que la commissaire Fischer Boel aille faire une visite au Brésil le mois prochain, et j’espère qu’à son retour elle sera en mesure de répondre aux inquiétudes légitimes des éleveurs et des consommateurs européens.

 
  
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  Alain Lipietz, au nom du groupe Verts/ALE. – Messieurs les Présidents, Monsieur le Commissaire, je crois qu'il ne faut pas tourner autour du pot. Le problème n'est pas le respect que nous devons à ce grand pays, le Brésil, le problème est celui du tournant actuellement pris dans les relations internationales.

M. Mandelson et, semble-il, la DG TRADE ont abandonné l'idéal du multilatéralisme et rejoint la pratique bilatéraliste des États-Unis. Ce qui faisait encore la marque de fabrique de la position européenne dans les échanges internationaux, c'était qu'on voulait au moins du birégionalisme, c'est-à-dire discuter de région à région. Alors, on nous dit, on discute avec le Brésil, comme on discute avec l'Inde: comme s'il fallait compenser, en quelque sorte, ce souvenir de l'impérialisme britannique par un souvenir de l'impérialisme portugais ou espagnol! Mais, excusez-moi, l'Inde, c'est deux fois et demie l'Europe, y compris avec la Turquie. L'Inde, c'est trois fois l'Amérique latine tout entière.

Notre objectif, c'est d'aider à un monde multipolaire. Cela veut dire que nous devons aider d'abord l'unification du Mercosur et du Mercosur et de la CAN, puis l'unification de toute la communauté sud-américaine des nations.

Dans ce cadre-là, nous n'avons rien contre toute discussion, que ce soit avec la Bolivie ou avec le Brésil, mais il faut toujours avoir en tête que nous devons chercher à unir et non pas à diviser. Nous devons mettre le Mercosur devant le Brésil dans l'agenda de nos priorités et, quand nous discutons avec le Brésil, nous devons réfléchir aux conséquences que cela peut avoir, y compris dans nos discussions avec l'ANASE en matière de sucre.

 
  
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  Helmuth Markov, au nom du groupe GUE/NGL. – (DE) M. le Président, M. le Président en exercice du Conseil, M. le Commissaire, même si les négociations avec le Mercosur n'enregistrent que des progrès très lents, l'UE doit indiquer clairement au gouvernement brésilien et à nos autres partenaires qu'elle ne conclura aucun accord bilatéral avec des gouvernements en particulier qui s'opposent aux processus d'intégration dans les régions respectives: pas avec le Brésil, qui est un membre du Mercosur et un futur membre éventuel de l'Unasur, ni avec la Colombie et le Pérou, qui sont membres de la Communauté andine et également des membres potentiels de l'Unasur.

Les difficultés dans les négociations avec le Mercosur ne sont pas insignifiantes. L'avenir de l'agriculture, pas seulement le secteur agricole et celui des services, l'industrialisation, le transfert des technologies, l'accès aux médicaments, telles sont les questions auxquelles nous devons répondre avec nos partenaires d'Amérique latine si nous voulons une réelle coopération avec cette région. Notre objectif sera un processus de coopération dans lequel les intérêts des citoyens sont au centre des préoccupations. La coopération ne doit pas simplement se limiter à répartir les parts de marché et l'accès à l'énergie ou à l'eau, ou à distribuer des brevets de propriété intellectuelle.

Mon groupe a accueilli chaleureusement le fait que le Brésil, comme la Thaïlande, prenne des mesures significatives, malgré les objections de l'industrie pharmaceutique, pour améliorer l'accès aux médicaments. Ces mesures doivent être soutenues par la Commission et le Conseil. Nous nous réjouissons également du fait que le Brésil ait déjà affirmé sa volonté de débattre du problème de la destruction de la forêt amazonienne, car c'est vital pour la stabilisation du climat.

Même si la destruction a ralenti ces deux dernières années, elle ne s'est pas arrêtée. La pression de l'Union européenne, des États-Unis et d'autres acteurs aux fins de l'accès aux biocarburants, notamment l'éthanol, au lieu de meilleurs contrôles sur l'attitude de leurs consommateurs, est un autre danger pour la forêt amazonienne et la sécurité alimentaire.

Très souvent, nous entendons les autorités brésiliennes dire que le pays doit développer son industrie agricole pour améliorer sa situation financière face à son problème de dette extérieure. Comme vous le savez, les nouveaux gouvernements de la région tentent de suivre de nouvelles voies pour résoudre ce problème. La Bolivie, l'Equateur, le Nicaragua, le Venezuela, le Paraguay et l'Argentine ont uni leurs forces pour créer une Banque du Sud et se distinguer de la Banque mondiale et du FMI. C'est aussi une bonne nouvelle même si nous, en tant qu'Union européenne, sommes parties prenantes dans d'autres banques et que nous souffrons donc de la perte d'allocations de crédits. Toutefois, nous devons dès lors abandonner notre type de conditionnalité.

L'Union européenne ne doit pas rester les bras croisés, mais se montrer proactive, développer et étendre ces approches qui sont totalement en accord avec nos propres objectifs de coopération et de protection environnementale.

 
  
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  Bastiaan Belder, au nom du groupe IND/DEM. – (NL) M. le Président, il est important de souligner que le nouveau partenariat stratégique bilatéral avec le Brésil a été développé sous la présidence portugaise. J'apprécie le fait que chaque État membre ait l'opportunité de laisser sa marque sur la politique de l'UE au cours de sa présidence. J'ajouterais toutefois que les États membres doivent utiliser cet espace vital tout en tenant compte de la continuité de l'agenda politique actuel de l'UE.

C'est précisément pourquoi je partage l'inquiétude qui me taraude concernant la question dont nous débattons aujourd'hui. Depuis quelque temps, l'Union européenne a pour objectif de conclure un accord d'association interrégional avec le Mercosur. Cet objectif est contrecarré par le partenariat stratégique bilatéral avec le Brésil.

D'abord, les autres pays du Mercosur se sentent floués par l'Union européenne. Au lieu d'un accord interrégional, l'Union préfère évidemment un accord bilatéral. J'aimerais donc demander à la Commission quelles initiatives elle compte prendre pour dissiper ces inquiétudes dans des pays comme l'Argentine, l'Uruguay et le Paraguay. Les relations commerciales avec ces pays sont tout aussi importantes pour l'Union.

Une seconde raison de mon inquiétude s'agissant du Mercosur concerne la stabilité et le cours politique de cette collaboration. Au cours des dernières années, il est clair que le Brésil voulait asseoir énergiquement son statut au niveau mondial en tant que leader naturel du continent. Cela se manifeste non seulement dans un rôle assuré au sein de l'OMC, mais aussi par exemple dans le désir d'acquérir un siège au Conseil de sécurité.

Par conséquent, le Brésil a moins d'un intérêt dans son rôle à jouer sur le continent. Après tout, le Mercosur consomme à peine 10 % des exportations du Brésil. Le pays semble donc moins prêt à investir dans d'autres pays du Mercosur. Avec son entrée sur la scène mondiale, le Brésil indique qu'il pense avoir outrepasser son rôle dans la région.

Le revers de la médaille de cette politique brésilienne est la menace qui pèse sur la stabilité et le cours politique du Mercosur. Après le retrait du Brésil, le Venezuela s'efforce d'assumer le rôle de leader au sein du Mercosur et donc de tout le continent. Chávez tente de renforcer son rôle dans la région avec l'aide des fonds pétroliers et de la rhétorique antioccidentale. Le Venezuela applique une politique économique protectionniste et orientée vers l'intérieur, où les grands secteurs économiques sont menacés de renationalisation. En même temps, il n'y a plus de place pour le libre échange ou l'ouverture de nouveaux marchés. Je présume que le Conseil et la Commission sont conscients du fait que ces évolutions ont des conséquences pour les pays d'Amérique du Sud, mais certainement aussi pour les intérêts économiques et commerciaux de l'Union dans cette région.

J'invite le Conseil et la Commission à exploiter le fait qu'un partenariat bilatéral existe avec le Brésil pour renverser la tendance que je viens de décrire. L'Union doit prier le Brésil d'utiliser le nouveau poids politique du partenariat bilatéral avec l'UE pour afficher le nouveau leadership politique au sein du Mercosur et sur le continent. Cela doit servir à empêcher les politiques isolationnistes de pays comme le Venezuela et la Bolivie de s'étendre davantage sur le continent.

Enfin, M. le Président, j'aimerais commenter le contenu du partenariat. Je pense que le contenu du partenariat de l'UE avec le Brésil ne doit pas se concentrer uniquement sur des sujets comme le bioéthanol, mais aussi faire décoller le cycle de Doha. Après tout, le rôle du Brésil a été jusqu'ici principalement le fruit de succès individuels s'agissant de l'agriculture, alors que le pays n'est pas réellement prêt à faire des compromis s'agissant du NAMA et des services.

 
  
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  Małgorzata Handzlik (PPE-DE). – (PL) M. le Président, je suis convaincue que les négociations entre l'Union européenne et le Mercosur doit être une priorité dans notre travail pour les mois à venir. Malgré les nombreux problèmes que nous rencontrons actuellement, la coopération multilatérale dans le cadre de la région s'avère bien plus avantageuse, car elle permettra le maintien de la coopération dans le cadre de tous les États associés dans le Mercosur et, en même temps, approfondis indépendamment de leur position économique dans la région.

Une conclusion heureuse dans les négociations entre l'Union européenne et le Mercosur a une chance de conduire à la création de la plus grande zone de libre échange du monde, qui se traduirait en une augmentation significative des volumes d'échange et un renforcement de la position des deux partenaires, l'Union européenne et le Mercosur, dans l'économie mondiale. Il est clair que les principaux bénéficiaires de cet accord seront les petites et moyennes entreprises, dans l'UE et en Amérique latine, et nous savons tous bien que les PME qui se renforcent impliquent de nouveaux emplois, des services de meilleure qualité et un bien-être social.

Je pense que le partenariat avec le Brésil, notre partenaire le plus important de la région, s'avère très précieux, et nous devrions le développer, mais sous l'égide de la coopération avec le Mercosur, et cela signifie que nous devons d'abord créer une association dans le cadre du Mercosur, et alors seulement, à partir de cette base-là, nous devrions développer des coopérations bilatérales avec les pays d'Amérique latine. Bâtir la coopération avec un seul pays dans la région peut saper les compréhensions qui existent déjà et devenir un facteur qui ralentisse le travail concernant l'accord d'association avec le Mercosur.

C'est pourquoi je pense, et je tiens à la souligner une fois encore, que conclure un arrangement ambitieux avec le Mercosur qui soit avantageux pour tous – l'UE et les pays d'Amérique latine qui se sont réunis pour former le Mercosur – doit être une priorité pour nous, et le Brésil, en tant que pays le plus puissant de sa région, doit être le moteur de ce processus de négociation.

 
  
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  Edite Estrela (PSE).(PT) M. le Président, M. le secrétaire d'État, M. le Commissaire, mesdames et messieurs, le partenariat stratégique UE-Brésil n'est pas une menace pour l'équilibre régional, ni pour les relations commerciales et économiques de l'UE avec les autres partenaires d'Amérique latine. Au contraire, il favorise ces relations, tel qu'indiqué dans la déclaration commune du sommet UE-Brésil du 4 juillet.

La question d'aujourd'hui a le mérite de provoquer le débat sur les relations UE-Amérique latine et UE-Brésil, les deux sont extrêmement importantes. Comme on l'a déjà évoqué, je considère que le partenariat UE-Brésil comble une lacune. Il n'était pas tolérable que les partenariats stratégiques de l'Union européenne avec les pays BRIC oublient le «B» du Brésil. Dès lors, la présidence portugaise avait raison de promouvoir le sommet UE-Brésil, en accord avec son attitude de 2000 lorsqu'elle a tenu le premier le premier sommet UE-Inde, qui n'a pas sapé les relations avec les autres pays de la région.

Par conséquent, on observe aujourd'hui de meilleures conditions pour que l'Europe insuffle un nouvel élan aux relations avec le Mercosur et les négociations de Doha. Le renforcement du dialogue UE-Brésil prend tout son sens, car il permettra le renforcement de la coopération dans des domaines clés tels que l'énergie, la sécurité et le développement durable, la biodiversité, le changement climatique, la lutte contre la pauvreté et l'exclusion, la promotion de la démocratie et des droits de l'homme, etc. Le poids démographique, le développement économique et la stabilité politique du Brésil en font inévitablement un acteur clé sur la scène internationale.

L'Europe ne peut qu'y gagner si elle considère le Brésil comme un partenaire stratégique. Comme le secrétaire d'État l'a déjà indiqué, les relations entre l'Union européenne et le Brésil ne peuvent être analysées uniquement dans le contexte économique. C'est un angle trop restreint qui néglige les liens historiques, culturels et les affinités linguistiques, la coopération entre les universités et de nombreux intérêts communs dans différents domaines.

 
  
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  Johan Van Hecke (ALDE).(NL) M. le Président, mesdames et messieurs, les Sud-américains croient-ils encore à un accord interrégional entre l'UE et le Mercosur? C'est le question qu'il faut se poser, selon moi. La stratégie commerciale des pays du Mercosur suit deux voies différentes, d'une part permettre au Mercosur de se développer davantage, mais d'autre part, comme c'est le cas pour le Brésil, conclure autant d'accords commerciaux bilatéraux que possible pour sécuriser une position sur le marché pour chaque pays, si nécessaire aux frais des autres membres du Mercosur. Il ressemble parfois au mariage entre un tango argentin et une samba brésilienne. Néanmoins, tant que l'UE et le Mercosur continuent de croire en la valeur d'une vaste collaboration entre les deux continents, il y a de l'espoir, malgré la pression du président américain Bush aux fins de la création d'une zone de libre échange des Amériques. Avec 34 pays, l'enthousiasme des membres du Mercosur n'est pas démesuré. Ils sont déçus par le manque de soutien de la part des États-Unis lors de la récente crise économique importante. L'Europe est déjà le plus important partenaire commercial du Mercosur, et pourtant, le potentiel de croissance reste énorme entre les deux blocs commerciaux. Par conséquent, si nous pouvons faire quelque chose pour résoudre le désaccord mutuel entre les pays du Mercosur, par exemple grâce à une collaboration dans des négociations commerciales multilatérales comme à l'OMC, où l'UE et le Mercosur affichent fréquemment des intérêts communs, nous pouvons peut-être une fois encore nous rapprocher un peu de la conclusion d'un accord interrégional.

 
  
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  Seán Ó Neachtain (UEN).(GA) M. le Président, j'aimerais souligner un point concernant le commerce entre l'Europe et le Brésil, et il s'agit de la norme que nous observons ici en Europe, en ce qui concerne la production de viande, et les règles strictes que nous établissons pour le commerce européen de la viande. Malgré cela, nous acceptons de la viande importée du Brésil, où de telles règles ne s'appliquent pas. Je pense qu'il est temps que la Commission aborde elle-même la question et pose des questions. Pourquoi existe-t-il une grande différence entre la norme draconienne observée en Europe et les normes permissives brésiliennes s'agissant de la traçabilité de la viande, du marquage du bétail, et de la fièvre aphteuse? Il est temps que la Commission soulève ces questions, car la grande disparité des normes inquiète sérieusement les clients. Le commerce est une chose; la santé en est une autre.

 
  
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  José Ignacio Salafranca Sánchez-Neyra (PPE-DE).(ES) M. le Président, M. le Président en exercice du Conseil, M. le Commissaire, je pense qu'il est clair que le Brésil, compte tenu de sa taille, de sa population, de ses ressources naturelles et surtout de son rôle sur la scène internationale – je pense au rôle qu'il joue dans la réforme du système des Nations unies, celui qu'il joue dans toute la question du changement climatique et le débat sur les ressources énergétiques – justifie pleinement la communication présentée par la Commission en termes de capacité à profiter d'un partenariat stratégique entre l'Union européenne et ce grand pays qu'est le Brésil.

Et selon moi, ce partenariat stratégique doit porter sur trois niveaux: une perspective globale, régionale et bilatérale.

Toutefois, c'est une chose de réserver au Brésil le traitement qu'il mérite en tant que grand pays, et une autre que l'Union européenne ne poursuive pas son engagement dans le travail qu'elle a accompli pour conclure un accord entre l'Union européenne et le Mercosur. Je ne pense pas que telle était la l'intention de la Commission dans sa communication; Je pense que nous pouvons clairement déduire de cette communication que les deux hypothèses sont parfaitement compatibles: d'une part, la dimension stratégique avec le Brésil, et d'autre part, le soutien déterminé aux processus d'intégration, dont l'Union européenne est l'exemple le plus complet et le plus évident.

Un autre point concerne l'accord d'association entre l'Union européenne et le Mercosur qui n'a pas été conclu sous la forme que nous espérions tous, et il s'agit d'un accord qui est retardé depuis trop longtemps. La question est légitime: Combien de temps l'Union européenne va-t-elle encore attendre la conclusion de cet accord?

Je pense que nous devons soutenir les processus d'intégration régionale, et ce n'est qu'avec cette perspective, cette dimension uniquement, que nous comprendrons les avantages de l'union et de l'intégration.

 
  
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  David Martin (PSE). - (EN) Monsieur le Président, les priorités de cette assemblée concernant les négociations commerciales sont claires. Nous voulons avant tout un cycle multilatéral réussi. Nous voulons aussi des accords interrégionaux réussis, et comme solution de repli (et uniquement comme solution de repli) nous envisagerons l’amélioration des accords bilatéraux.

Je dois reconnaître que lorsque j’ai pour la première fois entendu parler de la priorité donnée à l’accord de partenariat stratégique avec le Brésil, j’ai pensé que nous récompensions un pays qui avait été l’un de nos partenaires les plus encombrants au cours des négociations multilatérales du cycle de Doha. J’ai également pensé que cela affaiblirait le Mercosur, car, sans Brésil, il n’y a pas de Mercosur. Toutefois, après avoir entendu le Conseil ce matin, et avoir échangé avec mes collègues portugais, je suis convaincu qu’un accord de partenariat stratégique réussi avec le Brésil pourrait faciliter le déroulement du cycle de Doha, si nous parvenions à développer la compréhension entre nous et cet acteur clé de Doha.

Trouver des solutions à certains de nos défis économiques les plus complexes pourrait faciliter l’atteinte d’un accord avec le Mercosur, et il est évident qu’un bon accord avec le Brésil montrerait à ces pays que nous soutenons leurs priorités internes de lutte contre l’exclusion sociale et la pauvreté. Je ne suis donc pas entièrement convaincu, mais je pense tout au moins qu’un accord entre l’UE et le Brésil est aujourd’hui un objectif plus séduisant qu’il ne l’était il y a quelques semaines.

 
  
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  Nathalie Griesbeck (ALDE). – Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, mes chers collègues, dans un contexte géopolitique mondial qui est aujourd'hui métamorphosé de plus en plus fortement, notre Parlement, à plusieurs reprises, a exprimé sa détermination sans faille visant au renforcement d'un partenariat entre nos deux continents.

Le Mercosur doit, à mon sens, constituer cette nouvelle entité et peut nous permettre d'apporter ensemble des réponses, qui soient à la fois ambitieuses, équilibrées et de nature politique, aux questions d'approvisionnement énergétique, de réduction de l'effet de serre ou encore de la qualité des produits issus de notre agriculture.

Or, cette intégration régionale de l'Amérique du Sud ne peut être favorisée ni ne peut être efficace si nous préférons engager des négociations commerciales avec l'un des membres du Mercosur, plutôt que de travailler en partenariat avec l'ensemble de la nouvelle entité.

Pour ma part, j'insiste pour que l'intégration régionale, qui est à mon sens un vecteur de stabilité et de prospérité pour cette partie du monde, comme d'ailleurs pour nous-mêmes, soit soutenue et accompagnée et j'estime qu'il serait dommage que les pays membres du Mercosur s'écartent de ce grand projet par notre propre manque de volonté politique et ne saisissent pas ainsi cette chance pour nos deux continents, latino-américain et européen.

Cela nous distinguerait nettement des volontés américaines de réaliser une vaste zone de libre-échange économique, qui porterait sur la totalité du continent américain.

 
  
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  Luís Queiró (PPE-DE).(PT) Lorsque nous demandons quelle contribution peut apporter un partenariat stratégique entre l'Union européenne et le Brésil à l'évolution des relations entre l'UE et le Mercosur, en vue de, entre autres, conclure cet accord tant attendu, je pense qu'il ne peut y avoir qu'une seule réponse: cette contribution est d'une importance capitale.

En même temps, il faut dire qu'un partenariat stratégique entre l'UE et le Brésil se justifierait toujours et qu'en l'espèce, le seul défaut est le temps que nous avons déjà perdu. Sur le quatre pays BRIC – Brésil, Russie, Inde et Chine –, le Brésil est le seul avec qui l'UE n'avait pas tenu de réunions de haut niveau avant le sommet du 4 juillet. Il s'agit d'autant plus d'une anomalie étant donné que le Brésil est la plus grande puissance régionale de l'Amérique du Sud. Il s'agit d'une démocratie, avec les défauts que les nouvelles démocraties tendent à afficher, qui partage notre cadre de valeurs. C'est un allié traditionnel et fiable, et un partenaire économique d'une grande importance au niveau régional et en termes d'économie mondiale.

Pour toutes ces raisons, un partenariat stratégique avec le Brésil se justifie, car ce pays est un partenaire stratégique de l'Union européenne de son plein droit. Toutefois, d'autres raisons justifient le renforcement des relations et le développement d'un partenariat stratégique avec le Brésil. Tel qu'indiqué dans la communication de la Commission, cette relation peut et doit servir de moteur pour développer le dialogue avec le Mercosur. Les deux partenariats ne s'opposent pas l'un l'autre; ils sont complémentaires. La relation peut et doit être aussi un facteur favorisant la quête de solutions dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce. Tout comme finalement la relation peut et doit être un signe indiquant que l'Union européenne reconnaît l'importance particulière de ce pays dans les relations internationales et qu'elle compte en tenir compte dans le cadre du débat sur la réforme des Nations unies.

M. le Président, il est de plus en plus nécessaire que l'Union européenne agisse comme un partenaire économique à l'échelle mondiale et un partenariat stratégique avec le Brésil montre que nous voulons suivre cette voie. C'est la direction que nous devons suivre si nous voulons parvenir à un accord avec le Mercosur. Exclure le Brésil des relations bilatérales privilégiées serait injuste et surtout une grave erreur politique.

 
  
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  Silvia-Adriana Ţicău (PSE). – (RO) M. le Président, je tiens à souligner l'importance de ce document et, en tant que membre de la délégation UE-Mercosur, j'aimerais insister sur l'importance de la région. C'est une vaste région, une population importante, qui s'avère prometteuse et qu'il faut emmener vers la croissance économique.

Cette région possède de nombreuses ressources naturelles et, en fait, l'Union européenne absorbe 25 % des exportations du Mercosur. Il est important d'aider cette région dans son développement économique, son développement industriel; son rôle dans le changement climatique sera extrêmement important et, pour cette raison, nous devons soutenir l'intégration régionale.

Pour la stratégie 2007-2013, un cinquième du budget alloué aux relations avec le Mercosur financera l'éducation et le développement de la société de l'information et c'est extrêmement important, compte tenu du fait que, au Brésil, le taux d'illettrisme s'élève à 90 % environ. Je pense donc que le Brésil joue un rôle important à cause du fait que près de la moitié de la population de la région du Mercosur se situe dans ce pays. Je le répète, les changements climatiques sont extrêmement importants et cette région joue un rôle important.

 
  
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  Georgios Papastamkos (PPE-DE). – (EL) M. le Président, il ne fait aucun doute que le Brésil joue un rôle commercial important sur la scène mondiale. Un renforcement supplémentaire des liens économiques entre l'UE et le Brésil est donc souhaitable.

L'UE est le principal partenaire commercial du Brésil, alors que le Brésil n'est que le 12e plus important partenaire commercial de l'UE. Le partenariat stratégique entre l'UE et le Brésil ne doit pas causer de divergences, selon moi, dans l'approche en bloc de la région du Mercosur.

Néanmoins, cette relation peut jouer un rôle complémentaire dans deux sphères: dans les négociations multilatérales à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), et dans la zone de libre échange entre l'UE et le Mercosur. Cette zone sera la plus grande zone de coopération interrégionale; elle mettra en évidence le manque de progrès dans les négociations multilatérales en question et dans les négociations interrégionales. Les progrès dans les deux domaines de négociations sont liés dans une mesure importante.

La zone de libre échange entre l'UE et le Mercosur, comme le cycle de Doha à l'OMC, s'est embourbée dans des questions de commerce des produits agricoles. Le rôle du Brésil s'avère particulièrement important en l'espèce: compte tenu de son influence sur la stabilité économique et l'intégration dans la région au sens large, Le Brésil doit faire preuve de créativité pour développer un accord équilibré et ambitieux entre l'UE et le Mercosur.

Au niveau de l'OMC, le Brésil ne peut pas espérer que l'ouverture des marchés de produits agricoles des États membres industrialisés. M. le Commissaire, M. le Président en exercice du Conseil, comme les autres économies émergentes, le Brésil assume sa part de responsabilité dans les négociations actuelles du cycle de Doha, par le biais de véritables engagement envers l'ouverture des marchés particulièrement protectionnistes et qui respectent les règles et les obligations de l'OMC.

 
  
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  Józef Pinior (PSE). – (PL) M. le Président, M. le Commissaire, M. le ministre, j'aimerais d'abord indiquer que je suis convaincu que la présidence portugaise suit une stratégie correcte s'agissant de la conclusion d'un partenariat stratégique entre l'Union européenne et le Brésil. Je pense que l'Union européenne doit entamer et finaliser ce partenariat dans les plus brefs délais. Le rôle du Brésil dans une société mondialisée moderne est clair, économique et culturel, comme le rôle que joue le Brésil aux Nations unies.

Un partenariat stratégique entre l'Union européenne et le Brésil permettra de stimuler les relations mutuelles, et rendra un fier service à l'ordre politique, culturel et économique actuel à l'échelle mondiale. Je le répète, cela permettra d'améliorer l'harmonie politique dans la sphère mondiale.

Je ne pense pas que ce partenariat stratégique entravera le développement d'un partenariat stratégique avec le Mercosur. Le partenariat avec le Mercosur nécessite un partenariat stratégique avec le Brésil.

 
  
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  Vasco Graça Moura (PPE-DE).(PT) Dès le début, le programme de la présidence portugaise prévoyait de tenir un sommet avec le Brésil. Il était clair que les parties proposeraient de jeter les bases de la création d'un partenariat stratégique. Par conséquent, cela n'a pas beaucoup de sens de s'étonner ou de s'inquiéter maintenant d'une indifférence à l'égard du Mercosur et du fait de favoriser le Brésil inutilement ou prématurément.

La portée du marché commercial brésilien pour les exportateurs européens ne doit pas être sous-estimée. L'Union européenne ne peut pas perdre une occasion d'obtenir un partenariat stratégique avec le Brésil. Les faits révèlent que les relations entre l'Union européenne et le Mercosur et le Brésil respectivement sont déjà condamnées à se développer à des rythmes différents. Ce n'est pas l'idéal, mais rien n'indique que le plus rapide nuira au suivant. Au contraire, cela peut même représenter un incitant solide pour accélérer les choses.

Aujourd'hui, le Brésil est une puissance mondiale émergente, la seule parmi les États membres du Mercosur, avec un marché qui représente 85 % du marché du Mercosur. C'est une démocratie représentative. Il est l'un des principaux partenaires commerciaux de l'Union européenne et un pays dont les 200 millions d'habitants parlent une des langues européennes les plus répandues dans le monde – le portugais – et dont les valeurs de civilisation et de culture sont étroitement liées à celles de l'Europe. Sans nuire aux avantages que représenteraient pour l'UE un réel progrès dans les relations avec le Mercosur, je ne pense pas qu'il y ait, ou qu'il y ait jamais eu, d'arguments de poids à avancer en faveur de l'ajournement de l'évolution et du renforcement de nos relations avec le Brésil. Et ce n'est pas non plus à l'Union européenne de gérer les hauts et les bas internes entre les membres du Mercosur.

Penser différemment et retarder indéfiniment la réalisation des objectifs très importants de l'Union, c'est céder au désir de le voir incompatible avec la situation actuelle, en agissant comme si nos plans et nos désirs étaient des réalités alors que c'est faux et que nous ignorons même quand ils le seront.

 
  
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  Sérgio Sousa Pinto (PSE).(PT) L’expérience de l’intégration régionale au sein du Mercosur s’est révélée globalement positive, tant sur le plan économique que politique. Il ne fait aucun doute que le Mercosur a contribué à la consolidation du processus démocratique dans la région ainsi qu’à la croissance des échanges commerciaux au sein de ce bloc de pays.

Il est vrai qu’actuellement, les négociations entre l’UE et le Mercosur sont dans l’impasse, car les États attendent de voir les engagements et accords sur lesquels débouchera la Conférence de Doha, ceux-ci étant susceptibles de jeter de nouvelles bases pour nos négociations commerciales bilatérales. Or, sans vouloir paraître pessimiste, je crains bien que le Cycle de Doha ne soit rien d’autre qu’une perte de temps. Il me semble que l’UE devrait participer au succès de l’intégration régionale sud-américaine en misant tous ses efforts sur le succès des négociations entre les deux blocs.

Nos relations ne doivent pas se résumer à un simple accord de libre-échange. Ce dont nous parlons ici, c’est d’un accord global qui va bien au-delà des chiffres et des quantités de marchandises sur lesquels porteront nos transactions commerciales. L’accord d’association suppose une coopération et un dialogue politique, piliers fondamentaux de nos relations à venir.

Aujourd’hui, plus personne ne doute du fait que l’Union européenne a besoin de l’Ibéro-Amérique et de son extraordinaire instrument, le Mercosur, pour atteindre son objectif de mettre en place un ordre international multilatéral et plus équilibré.

La déclaration conjointe, au terme de la réunion du 19 septembre, du président de la Commission européenne et du président en exercice du Mercosur, le président uruguayen Tabaré Vásquez, promettant, d’ici la fin de l’année, une déclaration publique conjointe des deux blocs sur les questions de l’environnement et des changements climatiques constitue un exemple notable de cette collaboration politique. Le Mercosur renferme d’importantes promesses en termes d’intégration économique et de renforcement de la position de l’Amérique latine sur la scène politique internationale, mais cela ne signifie pas que nous devions négliger ce que nous avons sous les yeux ou nier l’évidence, à savoir le poids politique indéniable du Brésil, de fait, en tant que principale puissance de l’Amérique du Sud. Le Brésil est l’âme et la force motrice du Mercosur. Fort de 190 millions d’habitants et d’une économie équivalant à quelque 75 % du PIB du Mercosur, le Brésil est le seul pays du BRIC avec lequel l’Union n’a pas encore tenu de sommet.

Mesdames et Messieurs, il est absurde de penser que l’Union européenne ait quoi que ce soit à enseigner au Brésil quant à l’importance du Mercosur ou puisse s’autoproclamer championne du Mercosur devant le Brésil lui-même. C’est absolument ridicule. Par ailleurs, le Brésil est le seul pays membre du Mercosur à aspirer à un siège au Conseil de sécurité de l’ONU, siège qu’il mérite et qui donnera à toute l’Amérique latine voix au chapitre au sein de cet important organe.

 
  
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  Charles Tannock (PPE-DE). - (EN) Monsieur le Président, j’étais par le passé un fervent supporter de l’intégration régionale menée par l’UE en Amérique Latine, par soutien préférentiel aux blocs régionaux multilatéraux tels que le Mercosur. Mais malheureusement, malgré la proximité culturelle des pays qui le constituent (l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay), le Mercosur reste politiquement trop faible par rapport aux intérêts nationaux, ce qui empêche la création d’un marché unique sur le modèle européen dans la région (ce qui constitue cependant, bien sûr, notre objectif à long terme).

Le fonctionnement du Mercosur souffre de la récente décision d’adhésion du Venezuela, les discours anti-marché libre de Chavez conduisant à un protectionnisme accru dans le Mercosur, dont les échanges avec l’UE stagnent depuis un certain temps déjà. Je suis donc heureux que l’UE privilégie la solution alternative d’un partenariat bilatéral (comme convenu en juillet) avec le Brésil, qui est un géant économique, mais dont la part dans le commerce mondial est encore faible par rapport à d’autres pays en développement, justement parce que le Brésil a n’a pas su conclure d’accords de libre échange bilatéraux bénéfiques, accordant trop de confiance au Mercosur.

À la différence de la situation que connaît le Mexique, qui a déjà un accord avec l’UE et qui est l’autre acteur dominant de l’Amérique Latine aujourd’hui, la générosité de Chavez en pétrodollars envers l’Argentine a forcé le président du Brésil Lula à ignorer les problèmes du Mercosur et a permis au président argentin Kirchner de durcir sa position protectionniste.

L’Équateur populiste fait aussi du bruit en ce moment, en adhérant au Mercosur bien qu’il ait rejoint l’initiative commerciale anti-États-Unis de l’Alternative bolivarienne pour les Amériques (ALBA) menée par le Venezuela.

Une récente querelle entre l’Argentine et l’Uruguay démontre clairement le manque d’efficacité du Mercosur dans la résolution des litiges entre ses partenaires. Le différend porte en l’occurrence sur la construction d’une usine de pâte à papier par une société européenne finnoise, Botnia, sur les rives du fleuve Uruguay. Le président Kirchner n’a pas réussi à arrêter le projet, et a provoqué l’hostilité de son pays voisin (et partenaire Mercosur), l’Uruguay, en refusant d’autoriser les institutions supranationales du Mercosur à arbitrer ce litige. Qu’a-t-il fait à la place? Il a demandé au roi d’Espagne d’en assurer l’arbitrage.

 
  
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  David Casa (PPE-DE). (MT) Monsieur le Président, l’accord dont nous débattons aujourd’hui réaffirme et renforce le rôle de premier plan que joue l’Union européenne sur la scène politique internationale, rôle auquel nous devrions attacher une grande importance, parce qu’il contribue au succès de cette union d’États. Cet accord met en exergue la consolidation de nos relations non seulement avec nos voisins immédiats, mais également avec des pays d’autres continents, et surtout avec des pays qui abritent des centaines de millions de citoyens d’origine européenne, comme ceux d’Amérique latine et d’Amérique centrale. Il est dans l’intérêt des deux camps que ces relations continuent à se renforcer grâce au dialogue et aux échanges de vues. Toutefois, nous devons aussi nous assurer de la sauvegarde de la démocratie dans les pays qui bénéficient de notre assistance. Nous devons veiller à ce que toute aide, directe ou indirecte, vise à combattre la pauvreté, à promouvoir l’égalité et, last but not least, à combler le fossé qui sépare nos deux régions. En toute transparence et dans le respect de nos responsabilités vis-à-vis des citoyens. La défense de la liberté d’expression et des droits fondamentaux doit également être une priorité dans toute négociation. Si l’Union européenne doit apporter son aide à chaque pays à un moment donné, lorsque la nécessité d’une assistance particulière se fait sentir, nous devons néanmoins nous assurer que celle-ci s’inscrit dans un cadre structuré, de manière à ne laisser personne pour compte et à distribuer les richesses de manière équitable. En tant que membres de ce Parlement, nous devons promouvoir les relations entre l’Union européenne et le Mercosur dans la mesure du possible, et déterminer comment remédier à tout point faible, de sorte que nous puissions garantir autant que faire se peut l’efficacité et le succès de ces relations. À l’heure où de nouveaux défis, tel le changement climatique, deviennent des priorités de plus en plus pressantes, nous devons envisager ces relations comme les prémices d’un partenariat stratégique comportant une dimension environnementale et favorisant un développement durable à même de produire de la richesse pour toutes les parties.

 
  
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  Manuel Lobo Antunes, président en exercice du Conseil. – (PT) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, Mesdames et Messieurs, je vous remercie grandement pour vos contributions.

J’ai déjà eu à diverses reprises l’occasion de fournir au Parlement européen des explications, des justifications et des informations au sujet du premier sommet UE-Brésil, de ses résultats de à ses objectifs. Par ailleurs, l’importance du partenariat stratégique avec le Brésil a été amplement soulignée par de nombreux députés au sein de cette Assemblée, et je ne puis que me féliciter de voir des députés qui, au début, doutaient de l’initiative portugaise ou faisaient preuve d’une certaine réticence quant à ses intentions, adopter à présent une attitude plus favorable vis-à-vis du choix stratégique qu’ont opéré le Portugal, en tant que pays siégeant à la présidence, mais aussi l’Union européenne dans son ensemble, à l’égard du Brésil.

Naturellement, ce dont il est question ici, comme cela a déjà été le cas, c’est du poids politique et économique du Brésil, mais aussi de son importance en termes d’environnement et d’énergie, autant de réalités fondamentales que nous ne pouvons ignorer dans le monde d’aujourd’hui. Il serait pour le moins étrange, comme cela a été souligné, que l’Union européenne entretienne des liens stratégiques, des partenariats stratégiques, avec la Russie, l’Inde et la Chine, mais pas avec le Brésil. Nous pensons avoir comblé cette lacune et sommes convaincus que, d’ici quelques années, tout le monde applaudira sans réserve à cette initiative de la présidence portugaise. Toutefois, nous avons toujours été clairs sur le fait que ce partenariat stratégique entre l’Union européenne et le Brésil, que nous appelons de nos vœux, ne devait pas exclure ou restreindre d’autres relations, que nous souhaitons également développer avec le Mercosur sur les plans économique et politique.

Je dois dire, Mesdames et Messieurs, que je me sens particulièrement à l’aise pour en parler, parce que le Portugal a toujours fait partie des pays de l’Union qui se sont battus pour des relations de solidarité étroites et approfondies avec les pays du Mercosur dans tous les domaines. Nous n’avons donc aucune réticence et ne voudrions pas laisser naître l’impression qu’un partenariat avec le Brésil exclut ou pourrait exclure des relations étroites avec les pays du Mercosur.

Une telle vision, qui privilégierait l’exclusion au détriment de la complémentarité, ne nous paraît pas d’un grand intérêt et, surtout, ne semble pas conforme à la réalité - bien au contraire. En outre, comme certains intervenants l’ont souligné, la déclaration finale du sommet UE-Brésil elle-même affirme explicitement et sans la moindre équivoque la volonté de l’Union européenne et du Brésil de travailler ensemble à la concrétisation de l’Accord d’association UE-Mercosur.

Nous sommes conscients des difficultés qu’a connues cet accord. Nous nous trouvons effectivement dans une impasse, essentiellement due, comme nous le savons tous, aux problèmes commerciaux entre l’Union européenne et le Mercosur. À cet égard, il apparaît que le processus de Doha, qui s’est ouvert dans l’intervalle, a lui aussi exercé une influence sur le volet commercial des négociations entre l’Union et le Mercosur.

Je tiens toutefois à insister sur le fait que dès que la présidence portugaise considèrera établies les conditions minimales requises pour relancer le débat et restaurer ces relations, nous n’hésiterons pas. Nous pouvons également vous assurer que, si cela ne se fait pas sous présidence portugaise, le Portugal, en tant qu’État membre, ne manquera pas d’attirer l’attention de ses partenaires sur la réelle nécessité de rouvrir les négociations relatives à tous les volets de l’accord d’association avec le Mercosur, comme il l’a toujours fait par le passé et comme cela a toujours été son but.

En conclusion, je dois vous dire que nous envisageons de tenir, au cours de la présidence portugaise si cela est encore possible, une réunion de haut niveau de la troïka avec les pays du Mercosur. Nous examinons cette option et, comme je vous l’ai dit, la possibilité de l’intégrer à l’agenda de la présidence portugaise qui, comme vous le savez tous, est très chargé et complexe. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour relancer ce débat, y compris politique, avec les pays du Mercosur.

 
  
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  Ján Figeľ, Membre de la Commission. - (EN) Monsieur le Président, je me félicite moi aussi de l’ambiance, du débat et de la réelle ouverture sur cette question. Je crois que nous devons répondre aux réalités actuelles et, heureusement, nous avons à présent beaucoup plus de partenaires importants en matière de coopération multilatérale qu’il y a peut-être 10 ou 20 ans. La réalité est que le Brésil est le seul pays qui nous manque du groupe BRICS, qu’il est l’un des cinq à être régulièrement invités aux sommets du G8, et qu’il est un pays qui représente pour l’UE des investissements équivalents à ceux réalisés par les pays de l’UE à la fois en Russie, en Chine et en Inde. C’est donc un partenaire très important.

Il est encore plus important d’ajouter que le partenariat stratégique vient compléter des priorités générales plus larges, comprenant la coopération avec l’Amérique Latine et avec le Mercosur: dans le partenariat lui-même, l’une des questions stratégiques communes est la promotion de l’intégration régionale, ainsi qu’un Accord d’association UE-Mercosur.

Beaucoup a été dit sur le contenu, et des inquiétudes ont été exprimées. Nous les avons prises en compte. Par exemple, concernant la sécurité alimentaire, un programme intensif d’inspections a été mené à bien pendant le premier semestre de l’année, surtout sur le bœuf, les produits de la pêche et la volaille. Nous avons pu constater des améliorations significatives en termes de sécurité alimentaire, et de nombreux dysfonctionnements ont été parfaitement traités. Mais le travail continue bien entendu, comme l’on dit certains d’entre vous, même au niveau politique. La commissaire se déplacera au Brésil le mois prochain pour discuter de ce sujet, très important sujet de coopération rapprochée.

Il va de notre intérêt commun que le cycle de développement de Doha se termine avec succès. C’est notre cause commune. Nous faisons tout notre possible, agissons sur tous les fronts, pour parvenir à son terme, espérons cette année.

Je vais faire une petite remarque sur ce qui pourrait être fait en matière de promotion de la coopération avec les autres pays. Il y a, par exemple, un domaine que je voulais citer comme bon exemple. Le Brésil est le premier pays d’Amérique latine à coopérer dans le cadre de notre programme de recherche et, à travers cette expérience et cette passerelle, je crois que nous pouvons faire progressivement plus dans d’autres pays. Ce n’est donc pas contre les autres, c’est que le Brésil possède une des économies leader et est un partenaire de poids dans cette région, et la coopération croît de manière générale. Donner plus d’intégration au continent latino-américain est un aspect très complémentaire de nos ambitions.

La Commission vous tiendra dûment informés du processus, comme vous l’avez demandé. Nous attendons à présent la réponse politique à la communication de la part du camp brésilien. Sur la base de cette réponse, nous essaierons ensemble d’élaborer une proposition de plan d’action, qui fera ensuite, je l’espère, l’objet d’un accord, avant d’être mis en application.

Et enfin, j’aimerais exprimer ma gratitude au président pour son engagement et sa contribution très positive, non seulement pour le premier sommet historique, mais aussi pour le développement de la coopération entre l’UE et le Brésil et entre l’UE et le Mercosur plus largement.

 
  
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  Le président. – Merci beaucoup Monsieur le Commissaire.

Le débat est clos.

 
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