Président. − (DE) Mesdames et messieurs, je suis heureux de voir qu’au moins deux des présidents de groupe sont ici. J’ai bien failli en manquer un, mais le voilà qui se dirige à grands pas vers son siège.
La prochaine question concerne les déclarations du Conseil et de la Commission sur l’intérêt européen: réussir le défi de la mondialisation.
Manuel Lobo Antunes, président en exercice du Conseil. − (PT) M. le Président, M. le Président de la Commission, mesdames et messieurs, il ne faut pas simplement considérer la mondialisation sous l’aspect de ses conséquences économiques et technologiques. Pour vous, mesdames et messieurs, pour les membres du Conseil de l’Union européenne et pour nous tous en fait, c’est avant tout un problème politique. La mondialisation entraîne des pertes d’emploi, la récession pour des régions entières, la disparition de secteurs économiques et de nouvelles menaces sécuritaires et environnementales, mais elle offre aussi de nouvelles opportunités au niveau de l’emploi, donne vie à de nouveaux secteurs de production et garantit des prix plus bas sur un large éventail de produits, tout en permettant une meilleure distribution des ressources financières et la croissance du commerce dans le secteur des biens et des services.
La mondialisation a encouragé comme jamais l’échange des idées et les contacts entre les gens. Les perspectives d’enrichissement culturel et économique sont très bonnes, même si les risques liés à un nouveau déséquilibre mondial sont également très élevés. Nous sommes confrontés au défi de modeler cette nouvelle forme d’interdépendance de plus en plus fluctuante dans un monde de plus en plus petit. Après tout, accepter et réglementer la mondialisation est une question clé pour nos démocraties et pour le concept même de démocratie efficace: serons-nous capables de garder le contrôle politique d’options fondamentales de la gouvernance économique et de tant d’autres aspects de notre vie entre les mains de nos concitoyens et de nos représentants?
Je crois fermement que dans différents domaines fondamentaux, nous ne serons efficaces en Europe que si nous sommes en mesure d’apporter de nouvelles solutions politiques collectives aux problèmes les plus importants de notre époque, comme le développement économique et la création d’emplois, la protection de l’environnement, l’énergie, la migration et la lutte contre le terrorisme.
L’Union européenne modernise ses politiques internes afin de garantir la compétitivité et un développement durable et équitable. Le renforcement de la cohésion sociale et du respect de l’environnement devraient guider les réformes économiques. L’investissement dans la recherche, l’innovation et l’éducation doivent être le moteur de la croissance et de l’emploi. Nous ne sommes toutefois pas seuls, et se replier sur soi, avec la conviction que seule la recherche de notre intérêt personnel peut être efficace, serait irresponsable. Il n’existe ni murs ni forteresses efficaces dans ce nouveau monde. Nous devons travailler de concert avec les autres pays et régions afin d’arriver à des résultats positifs pour tout le monde.
La stabilité, la liberté, la sécurité et la prospérité ne dureront que si elles sont partagées. C’est la vocation de l’Europe. Nous devons orchestrer et donner sa forme à la mondialisation conformément à nos principes et à nos valeurs, tout en étant attentif à l’extérieur, dans une optique universelle, comme nous l’avons fait au cours des heures de gloire de notre histoire commune.
En travaillant ensemble, l’Union européenne et les États membres ont prouvé qu’ils peuvent affronter des problèmes et des défis communs en exploitant leur expérience cinquantenaire d’intégration. Le nouveau traité de Lisbonne offre des conditions institutionnelles plus efficaces et transparentes pour que l’UE joue son rôle dans le monde. Le défi consiste à préserver et à renforcer ce que nous avons accompli jusqu’à présent et à trouver de nouveaux moyens de défendre nos intérêts et de propager nos valeurs communes au-delà de nos frontières.
La stratégie de Lisbonne révisée a fourni un cadre à l’Europe pour répondre à ce défi. Le lancement d’un nouveau cycle de gouvernance nous donne l’opportunité de réfléchir au chemin que nous entendons suivre. La communication de la Commission dont nous parlons aujourd’hui est un excellent point de départ et a fourni la base de la discussion entre les chefs d’État et de gouvernement à la réunion informelle de Lisbonne du 19 octobre. Notre travail au sein du Conseil est basé sur ce document et tente de définir un ensemble de textes afin de contribuer à la préparation du nouveau cycle de la stratégie de Lisbonne.
Le conseil Ecofin de cette semaine a adopté des conclusions, le conseil «Compétitivité» du 22 novembre approuvera aussi certains textes, et le conseil «Emploi et Affaires sociales» des 5 et 6 décembre a l’intention d’adopter les conclusions sur l’avenir de la stratégie européenne pour l’emploi dans le contexte du nouveau cycle de la stratégie de Lisbonne. D’autres formations du Conseil ont abordé des questions en rapport avec la préparation du nouveau cycle. Je peux confirmer que nous sommes fondamentalement d’accord avec la Commission: la stratégie de Lisbonne révisée doit continuer à être le cadre européen pour répondre aux défis majeurs que nous affrontons, en particulier celui de la mondialisation. L’Europe progresse à grands pas. Les objectifs définis dans les quatre domaines prioritaires choisis en 2006 – l’emploi, la connaissance et l’innovation, l’environnement économique, l’énergie et le changement climatique - sont toujours d’actualité.
Les grandes lignes du nouveau cycle doivent préserver la stabilité nécessaire à consolider les résultats. Il est important dans le même temps d’effectuer les réglages et d’apporter les améliorations nécessaires à la réalisation du potentiel de la stratégie de Lisbonne révisée. Profitant de l’avantage du dynamisme engendré par les progrès accomplis, notre priorité doit être d’intensifier le rythme des réformes afin de rendre nos économies plus fortes.
L’UE a des responsabilités mondiales et doit être mieux préparée à affronter la mondialisation à travers une approche stratégique, cohérente et déterminée. Nous devons continuer à mettre en œuvre des mesures nationales permettant, par exemple, de résoudre plus efficacement les problèmes liés au changement démographique, à la qualité et à la pérennité des finances publiques, au marché du travail, à l’emploi, à la cohésion sociale, au marché intérieur, à la compétitivité, à la recherche et à l’innovation, à l’énergie et au changement climatique, à l’éducation et à la formation.
Dans le même temps, le programme communautaire de Lisbonne a un rôle important à jouer dans le nouveau cycle en offrant plus de garanties sur la nécessaire cohérence des réformes. Il faut renforcer la responsabilité du Parlement et du Conseil et l’échange de bonnes pratiques entre les États membres doit être développé. La migration a un rôle fondamental à jouer dans le contexte de la mondialisation en contribuant à augmenter la croissance et à faciliter les réglages. Selon un récent rapport, présenté au Conseil cette semaine, sur les effets de la situation sur la mobilité professionnelle, la croissance démographique européenne est de plus en plus soutenue par les flux migratoires, et l’on devrait prendre note de la façon décisive dont ils contribuent à renforcer la flexibilité requise pour affronter les crises et pour compenser les bas niveaux de mobilité entre les régions.
Dans ce contexte mondialisé, il faut renforcer et développer la dimension extérieure de la stratégie de Lisbonne afin de propager les objectifs politiques et économiques de l’UE et ses normes sociales et environnementales au-delà de ses frontières. Comme vous le savez, cet aspect a été débattu lors de la réunion informelle des chefs d’États et de gouvernement à Lisbonne, où nous avons approfondi des questions concernant notamment l’instabilité des marchés financiers et le changement climatique. Ce débat politique intéressant et stimulant, auquel a également pris part le président de cette Chambre, a renforcé notre confiance dans l’avenir.
Comme le Premier ministre portugais, M. José Sócrates, l’a déjà souligné ici, l’Europe doit être le moteur de la mondialisation, et elle est en mesure de le faire, en profitant des nouvelles opportunités, y compris dans le domaine des idées et des échanges culturels. En renforçant les relations entre les individus et l’interdépendance des nations, l’UE apporte une contribution clé à la paix et à la stabilité mondiale. L’Europe présente les conditions institutionnelles et politiques en mesure de répondre de façon cohérente aux défis que soulève la mondialisation dans les domaines économiques, sociaux et environnementaux, et peut donc influencer le processus de la mondialisation. Nous devons coopérer davantage, d’un point de vue stratégique, avec nos partenaires afin de développer un nouvel ordre du jour global associant l’ouverture réciproque des marchés, l’amélioration des normes environnementales, sociales, financières et liées à la propriété intellectuelle, et le besoin de soutenir la capacité institutionnelle des pays en développement.
Comme l’a aussi annoncé le Premier ministre portugais à la fin de la réunion informelle de Lisbonne, une déclaration européenne sur la mondialisation sera approuvée au sommet européen des 13 et 14 décembre. Ce sera un signal clair, lancé aux citoyens et au monde entier, de la détermination des dirigeants européens à encourager la capacité de l’UE à influencer l’ordre du jour de la mondialisation et à trouver les bonnes réponses.
Les défis que nous devons relever sont à la fois difficiles et stimulants, et la présidence portugaise continuera à les affronter. Nous comptons, comme nous l’avons toujours fait, sur le soutien du Parlement européen pour promouvoir l’action concertée des États membres et de l’Union européenne permettant à l’Europe d’assumer ses responsabilités dans le contexte mondial et de relever les futurs défis.
Nous tendons parfois à oublier ce que l’Europe signifie pour tant de gens du village planétaire. L’image de migrants prostrés sur nos plages nous rappelle cruellement cette réalité et combien nous sommes privilégiés ici en Europe. L’Europe est devenue un bastion d’espoir: l’espoir qu’il est possible de construire un modèle de liberté, de croissance, de justice sociale et de protection de l’environnement, basé sur le partenariat, la coopération et la responsabilité partagée.
Ce n’est pas seulement notre succès en tant qu’Européens qui est en jeu. Une Union plus forte pour un monde meilleur est, comme vous le savez, la devise de notre présidence et nous pensons sincèrement que l’Europe doit jouer un rôle crucial dans la construction d’un monde plus juste et plus équilibré.
José Manuel Barroso, président de la Commission. − (PT) M. le Président, M. le Secrétaire d’État aux affaires européennes représentant la présidence du Conseil, mesdames et messieurs, la mondialisation est le sujet principal de cette génération d’Européens. Elle concerne la vie de tous nos concitoyens d’une façon ou d’une autre, il est donc normal qu’elle soit au sommet de l’ordre du jour européen.
Comme vous le savez, je suis personnellement convaincu que l’ordre du jour européen du XXIe siècle doit largement tourner autour du thème de la mondialisation, tout en maintenant naturellement les valeurs et les principes qui ont toujours influencé le projet européen. Il faut également considérer la mondialisation comme une opportunité pour l’Europe de défendre et d’affirmer son intérêt dans un monde de plus en plus interdépendant. Je suis donc très heureux de prendre part au débat sur la question organisé par le Parlement européen.
Comme le secrétaire d’État vient juste de le dire, le document de la Commission rédigé le mois dernier sur l’intérêt européen a généré un excellent débat lors du Conseil européen informel de Lisbonne. J’ai été particulièrement encouragé par le consensus stimulant atteint autour de nos idées sur la façon de répondre à la mondialisation. J’aimerais aussi remercier la présidence portugaise pour son soutien constant à cet ordre du jour européen global et à la nécessité de donner à la stratégie de Lisbonne une dimension pouvant répondre aux défis de la mondialisation.
Nous soutenons aussi l’idée d’une déclaration sur la mondialisation au Conseil européen de décembre. Cela sera une excellente façon de consolider ce consensus, qui doit aussi être promu au Parlement européen à travers la rédaction d’une proposition de résolution commune sur une question si importante.
L’Union européenne a en fait progressivement développé une véritable réponse à la mondialisation qui a encouragé les Européens à tirer le meilleur parti du phénomène. Cette réponse reconnaît toutefois l’inquiétude légitime de ceux qui affrontent le changement, et comme on ne doit pas oublier qu’il peut affecter certaines personnes, nous devons aussi avoir une réponse pour elles.
Je crois que l’intérêt européen réside dans le fait de trouver le bon équilibre, mais ne peut en aucun cas être une réponse effrayante ou défaitiste. Elle doit être basée sur la confiance. Un nouvel intérêt est en fait apparu ces derniers mois: les aléas des marchés financiers ont montré combien la santé de l’économie européenne est liée aux développements mondiaux, tandis que des conditions climatiques extrêmes ont montré à quel point les conséquences potentielles du changement climatique étaient sérieuses et combien la réponse à ce problème est urgente. Chaque jour, nous nous rendons compte que l’emploi, l’énergie, la santé de nos concitoyens et la qualité de la vie en Europe sont influencés par la dimension mondiale.
(EN) Monsieur le Président, je suis convaincu que nous devons prendre la confiance comme point de départ. Nous savons ce qu'il en est d'être l'économie la plus importante au monde et son plus grand exportateur. Nous avons ouvert la voie vers des manières innovantes d’aborder les nouveaux problèmes – les échanges de quotas d'émissions pour ne citer que cet exemple – et nous disposons de règles de base claires qui nous ont bien servi.
D'abord, nous avons la responsabilité de protéger nos citoyens sans être protectionnistes. Nous devons orienter nos politiques de sorte que les autres empruntent la même voie que nous, celle de l'ouverture. Il ne faut pas fermer nos portes; nous devons plutôt encourager les autres à ouvrir les leurs. Pour l’Europe, premier exportateur au monde, le protectionnisme serait une doctrine contre-productive.
Ensuite, nous sommes ouverts, mais pas naïfs. Cela signifie que nous ne laisserons pas la voie libre à ceux qui ne respectent pas certains principes clés. C'est l'esprit qui anime nos récentes propositions visant à garantir que les règles sur l'investissement en matière d'énergie s'appliquent aux entreprises des pays tiers.
Troisièmement, il y a beaucoup à gagner d'un système fondé sur des règles et, compte tenu de son expérience, l'Union européenne est très bien placée pour fournir une base solide à une réglementation au niveau mondial – un moyen concret pour façonner la mondialisation. Soyons honnêtes: pour disposer d'économies ouvertes, il nous faut des règles. Les marchés ne peuvent fonctionner sans institutions et, dans l'Union européenne, nous avons encore plus que les autres une expérience en matière de rapprochement de règles différentes, d'expériences nationales différentes. C'est pourquoi je pense sincèrement que nous sommes mieux équipés que toute autre entité au monde pour façonner la mondialisation – non en imposant, mais en proposant notre modèle pour cette phase de la mondialisation dans laquelle nous entrons actuellement.
Nous disposons également de certains outils pour nous aider à faire face à la mondialisation en toute confiance. Il est on ne peut plus clair que l'euro représente une force de stabilité dans le système financier international. La possibilité d'utiliser le droit de l'Union européenne pour fixer des objectifs contraignants en matière de gaz à effet de serre et d'énergies renouvelables nous donne également une crédibilité sans pareil, et nous disposons d'un levier bien ancré pour contribuer à la réforme en Europe avec la stratégie de Lisbonne renouvelée.
Lorsque nous avons relancé la stratégie de Lisbonne en 2005, nous avons cherché à l'affiner de différentes manières. Nous avons accru l’appropriation et la responsabilité par le biais d'un partenariat défini entre les États membres et la Commission. Nous avons précisé le travail à effectuer par le biais de recommandations spécifiques pour chaque pays. Chaque État membre dispose aujourd'hui de son propre programme national de réforme et tous reconnaissent l'effort collectif mis en œuvre pour poursuivre ces réformes. Nous avons également recentré les instruments financiers de l'Union sur la croissance et l'emploi.
Les résultats portent aujourd'hui leurs fruits. Malgré les inquiétudes actuelles, les performances se sont améliorées: près de 6,5 millions d'emplois supplémentaires ont été créés dans l'Union européenne des 27 ces deux dernières années; on espère en créer 8 millions pour la période 2007-2009. Les réformes de Lisbonne ont incontestablement renforcé le potentiel de croissance de l'économie européenne.
Toutefois, il ne faut pas se reposer sur ses lauriers: le travail est loin d'être terminé. Les États membres et l'Union doivent faire avancer cette réforme. C'est le meilleur moyen de renforcer nos économies face à un avenir économique incertain.
Les quatre domaines prioritaires approuvés en 2006 fournissent le cadre adéquat pour Lisbonne: la recherche et l'innovation; un meilleur environnement économique (lutter contre la paperasserie et promouvoir de meilleures conditions d'investissement); une plus grande employabilité; et les grandes questions de l'énergie et du changement climatique. Ces domaines, et leurs définitions, ont permis de mieux cibler la portée de la stratégie. Bien sûr, ces domaines sont interconnectés. Nous ne deviendrons jamais une économie fondée sur la connaissance, à faible production de carbone, sans une main-d’œuvre hautement qualifiée, ni une recherche et une innovation renforcées.
J'aimerais donc insister sur le point concernant la recherche et l'innovation. J'aimerais profiter de l'occasion pour remercier le Parlement européen d'avoir soutenu la demande de la Commission pour un triangle de connaissances composé de la recherche, de l'éducation et de l'innovation. En effet, j'aimerais vous remercier et attirer votre attention sur le fait qu’il faut travailler ensemble pour garantir que Galileo restera un grand projet européen. Je voulais aussi vous remercier de votre soutien au projet d'IET.
Nous avançons dans la nécessité d'un espace européen de la connaissance. En fait, une des nouveautés que propose notre document concerne précisément la présentation de l'idée d'une cinquième liberté – la liberté de circulation de la connaissance dans l'Union européenne.
Nous ne créerons jamais un nouveau dynamisme sans proposer aussi un environnement propice à nos PME. On en compte 23 millions en Europe. C'est pourquoi je pense que tous ces domaines réunis peuvent créer un cercle vertueux qui contribuera à atteindre tous nos objectifs d’un coup.
Comme nous nous préparons au lancement du prochain cycle de trois ans, nous devons mettre la stratégie à jour à la lumière des leçons que nous avons tirées et des nouvelles circonstances. Il faut se concentrer davantage sur la dimension sociale. Un investissement accru dans l'éducation et la formation à tout âge reste la meilleure arme pour lutter contre les inégalités et l'exclusion sociale et, comme je l'ai dit précédemment, tout le monde ne sort pas gagnant de la mondialisation. Si nous voulons nous assurer que les citoyens de l'Union européenne soutiennent notre agenda, nous devons aborder les questions relatives à la dimension sociale au moment opportun. C'est pourquoi, par exemple, la Commission a proposé un ajustement au Fonds d'ajustement à la mondialisation, précisément parce que nous reconnaissons depuis le début la nécessité d'apporter des réponses concrètes dans ces domaines.
Je suis particulièrement encouragé par l'accord des partenaires sociaux sur l'ensemble de principes de flexicurité que la Commission a proposé avant l'été. En réalité, au Conseil européen informel de Lisbonne, nous avons reçu de bonnes nouvelles s'agissant de l'accord entre les partenaires sociaux européens. J'espère que le Conseil européen de décembre soutiendra ces principes. Cela offre une base excellente à chaque État membre pour définir un meilleur équilibre entre la flexibilité et la sécurité dans leurs marchés du travail.
La mise en œuvre vigoureuse des réformes en cours, un accent accru sur les compétences et l'éducation, des mesures concrètes destinées à transformer l'Europe en une économie à faibles émissions de carbone, telles sont, selon nous, les priorités pour le prochain cycle.
Les orientations intégrées fournissent un instrument de coordination important, un cadre commun permettant aux différents États membres de poursuivre leurs propres agendas nationaux de réforme. L'analyse et les commentaires des États membres révèlent que les orientations fonctionnent. Elles sont le fondement du programme communautaire de Lisbonne. J'ai le sentiment que, même s'il s'avère nécessaire de les mettre à jour, il ne faut pas les réparer si elles ne sont pas endommagées.
Nous devons également redoubler d'efforts pour garantir que la stratégie de Lisbonne progresse au même rythme dans tous les États membres: une réforme qui évolue plus lentement dans un État membre aura des répercussions évidentes dans les autres. Nous avons également besoin d'une implication supplémentaire des parlements, des partenaires sociaux et des autorités locales et régionales.
L'engagement de cette Chambre envers la stratégie de Lisbonne s'est avéré essentiel pour conserver l’élan. Avec le vice-président Verheugen et l'ensemble du collège, je suis très impatient d'approfondir notre travail commun au moment où nous entamons le prochain cycle de Lisbonne.
Le lien entre la mondialisation et Lisbonne nous donne une excellente occasion de montrer qu'aujourd'hui, l'agenda économique européen n'est pas une option facultative: c'est la clé d’un avenir heureux pour l'Europe. La réforme économique, une vision globale, une économie à faible émission de carbone: tels sont les objectifs interconnectés qu'il faut poursuivre en parallèle, et seule l'Union européenne peut offrir la portée et la cohérence dont l'Europe a tant besoin. Ce n'est qu'ensemble que nous pourrons poursuivre ce que nous appelons dans notre document «les intérêts européens».
Permettez-moi de conclure en indiquant que, selon moi, il n’en va pas uniquement de l'intérêt européen. Je pense sincèrement qu’à l'ère de la mondialisation, le monde a également besoin d'une Europe plus engagée, dans laquelle nos intérêts sont protégés et défendus, mais où nos valeurs – la liberté et la solidarité – sont également soutenues.
(Applaudissements)
Joseph Daul, au nom du groupe PPE-DE. – (FR) Monsieur le Président, cher Hans-Gert, Monsieur le Président du Conseil, cher Lobo Antunes, Monsieur le Président de la Commission, cher José Manuel Barroso, la globalisation n'est pas un concept abstrait pour nos concitoyens. La globalisation est une réalité qui se vit au quotidien et les Européens se tournent vers leur gouvernement et vers leur institution pour trouver des solutions aux problèmes liés à la globalisation.
Sur ce sujet, nos concitoyens attendent beaucoup de l'Union européenne. Ils attendent d'être protégés et sécurisés: protégés physiquement face aux menaces terroristes et protégés des aléas des marchés financiers. Mais nos concitoyens se tournent aussi vers nous pour que nous garantissions leur approvisionnement et leur sécurité alimentaires; or, l'été dernier, la très forte augmentation des coûts des céréales a fait flamber les prix à la consommation. Les consommateurs européens ont besoin d'être assurés que les importations de produits à bas prix présentent toutes les garanties de sécurité. Et la question est particulièrement d'actualité: à la veille des fêtes de fin d'année, nous devons pouvoir garantir aux parents et aux grands-parents que les jouets qu'ils offriront à leurs enfants ne constitueront pas un danger pour leur santé.
Si la globalisation doit être un facteur de prospérité, elle doit être juste. Elle doit aussi être accompagnée de règles éthiques qui interdisent, par exemple, l'exploitation des enfants. La globalisation ne peut se faire sur le dos des plus faibles et la globalisation doit être un outil qui combat les inégalités à l'intérieur d'un pays mais aussi entre les pays. La globalisation doit viser l'augmentation du pouvoir d'achat des plus pauvres. Nous nous sommes toujours prononcés pour le libre commerce, mais un commerce fondé sur des règles strictes. L'ouverture de l'Union européenne au monde extérieur est un moteur de l'économie mondiale et nombreuses sont les entreprises qui souhaitent s'implanter en Europe. Elles doivent accepter nos règles, respecter nos normes en matière de santé, d'environnement et de protection du consommateur.
En cinquante ans, l'Union européenne a su créer un marché intérieur qui fonctionne, où l'harmonisation des législations entre les membres a toujours été la règle. L'Union européenne a un rôle à jouer en exportant son savoir-faire et en tirant vers le haut les standards de production et de contrôle qualité de ses partenaires. Avec certains d'entre eux, nous sommes déjà sur la bonne voie. La réussite de la première réunion du Conseil économique transatlantique, qui s'est tenue vendredi dernier à Washington, est un signe positif, et il nous appartient de redoubler d'efforts pour placer face à leurs responsabilités le Brésil, la Chine et l'Inde. Nous sommes un petit peu moins durs vis-à-vis de l'Afrique.
Pour faire face aux défis externes, nous devons, d'une part, renforcer notre marché intérieur en augmentant les crédits pour la recherche et le développement et, d'autre part, mieux coordonner la recherche et l'innovation entre pays membres. La globalisation offre de nouvelles opportunités, mais elle réclame aussi des efforts d'adaptation, comme la formation tout au long de la vie professionnelle.
Mon groupe salue les nouvelles initiatives de la stratégie de Lisbonne pour la croissance et l'emploi, tout comme le Small Business Act proposé par la Commission, car les petites et moyennes entreprises restent des moteurs très importants de stabilité et de création d'emplois en Europe.
Chers collègues, nous, politiciens, nous sommes de plus en plus confrontés aux défis posés par les problèmes énergétiques. Sans une politique commune pour la sécurité énergétique et environnementale, l'Union européenne continuera d'être vulnérable. Avec un baril de pétrole à près de cent dollars, il y a urgence en la demeure Europe. Il nous faut une politique européenne de l'énergie pour garantir notre sécurité de l'approvisionnement et une croissance durable de ce secteur. Nous devons engager une discussion de fond sur les énergies renouvelables et examiner les possibilités qu'offre le nucléaire civil dans la fourniture d'énergie.
Ces débats doivent se faire en toute transparence afin de sensibiliser nos concitoyens et gagner leur adhésion. Au terme de ces recherches, nous voulons tous une Europe énergétique plus propre, plus efficace et aussi plus sûre. L'Europe doit définir ses intérêts non seulement en termes de commerce et d'économie mondiale, mais aussi en termes de culture, de langue et de tradition. Et c'est en travaillant à des réponses communes face aux défis que pose la mondialisation que nous serons en mesure de protéger les intérêts légitimes de nos concitoyens sans être protectionnistes.
(Applaudissements)
Martin Schulz, au nom du groupe PSE. – (DE) M. le Président, mesdames et messieurs, le titre de ce débat reflète le fait que le Parlement européen va devoir débattre avec le Conseil et la Commission le rôle que l’Europe – les institutions européennes et les États membres de l’UE – entend jouer vis-à-vis des dangers et des opportunités de la mondialisation. Nous devons donc bien éclaircir le fait – comme nous allons le faire aujourd’hui – que les conséquences de la mondialisation peuvent être considérées sous différents angles et peuvent être abordées par le biais de méthodes contradictoires.
Les négociations sur la résolution à adopter aujourd’hui ont montré qu’il y existe une profonde différence, dans de nombreux domaines un fossé, entre les conceptions à la droite de cette Chambre et ce que nous voulons au sein du groupe socialiste. Les propos échangés ici définiront donc les paramètres appliqués lorsque nous déterminerons le rôle que devraient jouer les institutions, la Commission en particulier. M. le Président de la Commission, après vous avoir écouté très attentivement, vous et M. Daul, je dirais qu’il y a là un terrain commun, mais aussi de grosses différences.
Quelqu’un qui est candidat au poste de président de la Commission, maintenant ou après, sera jaugé par notre groupe sur la base de certains critères clés, concernant notamment l’idée qu’il se fait du rôle de la Commission dans l’économie mondialisée. La coordination de la politique macroéconomique, pour utiliser le jargon, ou ce que nous pourrions aussi appeler une politique fiscale et économique commune, doit être guidée par les principes de la politique sociale. Le progrès économique en Europe doit déboucher sur plus de stabilité sociale. L’UE doit garantir que le progrès économique mondial conduise à plus d’opportunités et d’égalité des droits dans le monde. Ça aussi, c’est de la politique sociale. Le bien-être de l’homme chez lui et à l’étranger est notre critère commun.
Le progrès économique est une condition préalable à la sécurité sociale – pas le contraire, comme cela a été suggéré dans cette Chambre dans certains discours. L’idée que moins de sécurité sociale en Europe devrait être à l’origine du progrès économique est une aberration totale. Celui qui pense que l’UE peut servir à rogner les acquis de la politique sociale sous le couvert, pour ainsi dire, de la mondialisation, commet une erreur. La droite de cette Chambre considère peut-être comme un idéal des marchés déréglementés conduisant à plus de bénéfices et à moins de normes sociales. Pas nous. Le secret du succès de l’Europe réside dans le progrès social et le progrès économique, qui sont les deux côtés d’une même médaille. Rien n’a changé à ce sujet en ce qui nous concerne.
(Applaudissements)
M. Daul a poussé une exclamation intéressante. Pour ceux qui ne l’auraient pas entendu, il a dit «L’économie d’abord!» Non! La croissance économique et la sécurité sociale doivent aller de pair – c’est un aspect fondamental, et il souligne l’erreur de la politique de droite en Europe. Soyons clairs: l’écrasante majorité des gouvernements sont des gouvernements de centre droit au sein du Conseil et la Commission, bien sûr, n’est pas le paradis du socialisme. M. Barroso, vous appartenez au centre droit, comme la plupart des commissaires. Nous surveillons donc de près les actions de la Commission afin d’apprécier la crédibilité de vos déclarations.
Nous avons bien sûr besoin de la recherche, de l’innovation et de l’éducation, et le marché intérieur doit bien sûr se développer de manière à protéger l’environnement et à stabiliser les ressources de la société. C’est bien sûr nécessaire! Mais il faut aussi que la Commission propose de bonnes directives. Des initiatives législatives correspondantes seront alors nécessaires pour consolider le processus. Il y a certains bons points, et nous les soutenons, mais d’autres méritent d’être approfondis.
Nous avons aussi besoin d’une administration efficace. Je ne sais pas si on devrait parler à ce propos d’une meilleure gouvernance de Lisbonne, comme on le voit dans les titres des documents de l’UE. Je ne sais pas non plus si la femme ou l’homme de la rue comprend ce que nous entendons par là. Et lorsque vous parlez de simplifier l’administration et d’enrôler l’ancien ministre/président de Bavière pour diriger cet effort, tout ce que je peux dire est bravo et bonne chance!
La seule chose dont nous avons très certainement besoin – et sur ce point nous sommes totalement d’accord avec vous, M. le Président de la Commission – est une série de règlements pour maîtriser ce capitalisme sauvage qui prévaut sur les marchés financiers et qui menace d’entières économies nationales. Alors attelons-nous à ces règlements en Europe. Pour être très clair, nous espérons que les capitalistes de la finance internationale fassent l’objet d’une surveillance, que leurs opérations soient transparentes et, bien sûr, que leur pouvoir soit réduit. Vous recevrez notre soutien dans la poursuite de ces objectifs. C’est l’une des clés du progrès social en Europe.
En conclusion, M. le Président – Hans-Gert – mesdames et messieurs, j’ajouterai que nous serons jugés par les électeurs sur la question dont nous débattons aujourd’hui, à savoir la façon dont nous devrions nous organiser pour affronter le défi de la mondialisation et l’influence que l’Europe, j’entends par là l’Europe institutionnalisée – la Commission et le Parlement – peut vraiment exercer dans la poursuite de ces objectifs ambitieux. Si nous continuons à nous enfermer dans des questions d’ordre général où nous décrivons exactement ce que nous voulons, mais qu’elles ne sont suivies d’aucune mesure législative concrète, ici et dans les États membres, l’exercice aura été vain. C’est pourquoi nous espérons que ce dont nous parlons ici se reflètera dans notre résolution commune et se traduira par une politique ferme.
(Applaudissements de la gauche)
Président. − (DE) M. Schulz, le fait que vous ayez pu dépasser considérablement votre temps de parole n’a rien à voir avec la manière dont vous vous adressez au président. De fait, le temps supplémentaire que vous avez utilisé sera décompté de celui alloué à votre groupe.
Graham Watson, au nom du groupe ALDE. – (EN) Monsieur le Président, nous venons d'entendre un discours du passé:
Le discours du passé!
D'aucuns savent bien, souvent mieux que nous-mêmes, que nous vivons déjà dans une société mondialisée. L'Inde, la Chine et le Brésil ont saisi la balle au bond et surfent haut sur la vague, alors que l'Europe craint trop de la voir s'écraser sur elle.
Lorsque le Président Sarkozy s'est adressé à nous hier, il a évoqué les «différents futurs possibles de l'Europe» de demain, en soumettant au débat nos politiques en matière de concurrence, d'énergie et d'élargissement.
L'expression qu'affichait le visage de M. Barroso pratiquement tout au long du discours nous en dit plus que son intervention de ce matin. Si l'Europe reste les bras croisés parce que des dirigeants nationaux – qui mentionnent les inquiétudes des citoyens – contestent l'agenda de l'UE, nous manquerons l'occasion de façonner la mondialisation en fonction des intérêts collectifs de l'Europe.
Ce ne sont pas les citoyens qu'il faut convaincre, mais les États membres. Les enquêtes successives ont révélé que, pour la plupart des citoyens, l'Union européenne était la mieux placée pour gérer la mondialisation, et non les gouvernements.
Observez comment le séisme de la mondialisation secoue l’organe politique de l'Europe. Face aux défis mondiaux, certains membres de la droite politique se rétractent du conservatisme vers le nationalisme, ou de la démocratie chrétienne vers l'autocratie chrétienne. La brèche de la mondialisation divise le PPE.
À gauche, Kurt Beck et ses amis s’abstiennent de la plupart des réformes nécessaires. Franz Müntefering l'a bien remarqué et c'est pourquoi il a voté à contrecœur. Et pourtant, les visionnaires devinent la nécessité d'une réforme et ils l'ont écrit dans le nouveau manifeste socialiste européen, adopté de façon appropriée à Oporto.
Nos divergences politiques ne se résument plus en termes de droite et de gauche au niveau de la politique économique, mais divisent ceux qui répondent aux défis mondiaux en relevant le pont-levis et ceux qui – avec les Démocrates-Libéraux – préconisent une société ouverte.
Monsieur Barroso, vous bénéficiez d'un soutien majoritaire au sein de la Chambre pour l'approche de la mondialisation préconisée par la Commission. Mais il ne s'agit pas d'une majorité fondée sur une seule famille politique. En effet, cela pourrait même faire éclater et remodeler les familles politiques européennes.
La mondialisation façonnera de plus en plus notre politique. Pas la mondialisation au sens économique, assez étroit, du terme, comme l'indique cette communication – même si un euro stable, des règles de concurrence efficaces et la réglementation du marché sont dans notre intérêt à tous –, mais dans son sens plus large, plus holistique, englobant la croissance et la migration de la population mondiale; le changement climatique et la sécurité énergétique; et la criminalité organisée internationale liée au terrorisme.
N'est-ce pas la validation dont nous avons besoin pour agir à l'échelle du continent, comme le préconise ce document, afin d'utiliser notre masse critique et permettre aux citoyens de façonner la mondialisation, comme l'exige la communication de la Commission?
Si oui, Monsieur Barroso, où en sont vos politiques? Votre calendrier? Votre approche globale? On nous avait promis des mesures. Au lieu de cela, on nous propose un document certes riche en rhétorique, mais pauvre en propositions. Cela ne peut être le dernier mot de la réponse européenne à la mondialisation. J'attends votre examen du marché unique pour voir comment vous amènerez la croissance et l'emploi sur un terrain difficile, et votre politique en matière de migration légale, en espérant qu'elle traduise les inquiétudes des pays d'origine.
Mes collègues et moi-même attendons des mesures d'urgence concernant la réduction de la consommation énergétique et la lutte contre la criminalité transfrontière. Nous pensons également que la santé sociale et la vitalité économique sont importantes. Si nous créons un marché mondial, il nous faut un nouveau contrat social mondial, réconciliant les exigences conflictuelles de la flexibilité et de l'impartialité, car, comme nous l'enseignait Martin Luther King, une injustice où qu'elle soit menace la justice partout.
Par conséquent, l'Union doit rapprocher l'agenda de Lisbonne de son objectif en matière de compétitivité, l'agenda de Cardiff de son objectif en matière de droits sociaux, et l'agenda de Göteborg de son objectif en matière d'environnement.
Le monde a besoin d'une Union forte et soudée pour lutter contre l'injustice, les conflits et la pauvreté partout dans le monde, car nous sommes un des rares protagonistes capables de s'attaquer aux questions mondiales et si nous ne prenons pas les rênes, personne ne le fera.
Cela signifie renoncer à l'hypocrisie des droits de douane et parvenir à un accord équitable pour les pays en développement à Doha; signer un contrat sur les émissions de carbone à Bali, en faisant jouer notre influence collective pour que l'Amérique soit des nôtres; et élaborer une approche internationale des marchés financiers, en se concentrant sur la coopération réglementaire, la convergence des normes et l'équivalence des règles.
Surmonter ces défis dans le respect des besoins de chacun signifie plus, et non moins de mondialisation. Car nous vivons dans un monde interconnecté, un monde qui requiert la solidarité à tous les niveaux autant qu’il requiert la solidarité entre les citoyens européens.
Et nous devons attendre, avec Victor Hugo, le jour où les seuls champs de bataille seront les marchés, ouverts aux échanges, et l'esprit humain, ouvert aux idées.
Mirosław Mariusz Piotrowski, au nom du groupe UEN. – (PL) M. le Président, la mondialisation est un phénomène qui, sous de nombreux aspects, est irréversible. Les pays de l’Union européenne devraient non seulement le comprendre, mais aussi répondre à ces changements de façon pratique. Les actions de l’UE ne peuvent toutefois affecter les intérêts économiques des États souverains, par exemple en imposant des restrictions injustifiées sur les émissions de dioxyde de carbone, ce qui fera beaucoup de mal aux économies de pays comme la Pologne.
D’un autre côté, ces mesures politiques ne devraient pas conduire à la perte de l’identité nationale. Alors que des pays en Asie s’adaptent avec succès à la nouvelle situation et que leurs économies se développent rapidement, au Parlement européen nous parlons de questions aussi fondamentales que les rétroviseurs sur les tracteurs agricoles et forestiers, le rôle et l’importance des cirques dans l’Union européenne ou d’autres problèmes de ce genre.
L’UE ajoute sans cesse des règlements, entravant de plus en plus la compétitivité, et ne semble pas voir la réalité, comme l’a aujourd’hui souligné le représentant des socialistes. J’espère que le débat d’aujourd’hui aidera à changer la façon dont nous envisageons la mondialisation dans sa perspective européenne.
Jean Lambert, au nom du groupe des Verts/ALE. – (EN) Monsieur le Président, je pense que ce que nous avons observé dans cette communication trahit un cruel manque d'imagination, compte tenu de la gravité de la situation à laquelle nous devons faire face.
Cette communication ne donne aucune véritable définition de la mondialisation. Normalement, elle concerne l'aspect économique – c'est le point que j'aimerais aborder.
Ce document affirme que nous sommes confrontés à une troisième révolution industrielle. Je pense que nous devons tirer certaines leçons des précédentes révolutions industrielles. Celles qui n'ont pas tenu pleinement compte des coûts environnementaux; celles qui n'ont pas tenu pleinement compte des coûts sociaux. Il paraît que les faibles coûts des produits vont se maintenir, souvent au détriment des pays les plus pauvres; que nous pouvons faire du commerce dans les pays où nous forçons l'ouverture des marchés en l'absence d'une infrastructure sociale et d'un secteur public solide; qu'il faut nous méfier du mirage de la réciprocité si nous ne sommes pas tous sur un pied d'égalité. Dans certains cas, nous avons surestimé le rôle des marchés dans la réalisation des objectifs sociaux, et certaines questions gravitent autour de la consolidation économique, notamment lorsque cette consolidation est basée sur une économie déficitaire et la spéculation plutôt que sur la réalité, ce qui entraîne des risques importants pour la stabilité économique.
La nouvelle situation dans laquelle nous nous trouvons ne concerne pas seulement le changement climatique. Elle touche à la raréfaction du pétrole et aux conséquences pour les opportunités des pays en développement; il s'agit de réaliser les objectifs du millénaire pour le développement.
Il est vrai que nous devons rééquilibrer le commerce, la dimension sociale et la dimension environnementale. L'OMC privilégie le commerce par rapport aux méthodes de production, à tout ce qui nous donne le droit de dire que la manière dont les produits sont fabriqués pose problème, car elle ne respecte pas nos normes. Nous avons préféré ne pas écrire cela dans les règles.
S’agissant de la croissance, nous parlons encore comme si la quantité était le plus important, au détriment de la qualité et de ce qui se développe effectivement dans nos sociétés. Je me réjouis de la conférence de la Commission sur ce sujet la semaine prochaine, mais c'est un travail qui aurait dû commencer depuis des années.
Qu'allons-nous faire de notre secteur agricole? Et de nos secteurs touristiques? Avec tant d'autres secteurs confrontés au changement climatique? Nous ne sommes pas d’accord pour dire qu’il n’est pas nécessaire de réinterpréter les orientations et les réviser. Nous pensons qu’il faut le faire.
S’agissant de la formation et de l'éducation, la stratégie du développement durable exige aujourd'hui que nous les abordions dans le cadre du changement climatique et des progrès environnementaux. Je n'ai entendu parler d’aucun véritable lien en ce sens. Il n'existe aucune stratégie européenne en l'espèce.
S'agissant d'une économie à faibles émissions de carbone, comment allons-nous y arriver? Rien dans ce document ne nous donne pleinement confiance sur la question.
Et nous devons à nouveau examiner l'aspect de l'inclusion sociale. L'égalité des sexes en matière de salaires reste une illusion. Nous avons toujours besoin d'un salaire viable, et la flexicurité doit tenir compte de la sécurité financière des personnes.
Il nous reste encore à intégrer Lisbonne et Göteborg. Tel est le défi qui nous attend. Ce document ne regarde pas les choses en face et je pense que le Parlement ne le fait pas non plus.
Jiří Maštálka, au nom du groupe GUE/NGL. – (CS) Mesdames et messieurs, j’aimerais tout d’abord exprimer ma déception à propos de la version finale du projet de résolution. Je suis déçu à deux titres. C’est tout d’abord dommage qu’il ait été pendant longtemps impossible de parvenir à un accord et qu’un accord majoritaire n’ait été atteint qu’au dernier moment sous la pression du temps, et pour lequel le prix à payer (à mon avis) a été des concessions excessives sur des questions fondamentales. Deuxièmement, je suis déçu parce que la résolution ne reflète pas l’intérêt européen, comme indiqué dans le titre du document, et – plus précisément – elle ne reflète même pas les intérêts de la majorité des citoyens européens.
Cette double déception découle de mon analyse de la proposition de résolution commune, qui ne reconnaît en aucun cas l’influence négative de la mondialisation et n’offre effectivement aux citoyens rien de plus qu’une approche pour s’accommoder de la mondialisation comme, par exemple, des inondations. À mon avis, il est impossible d’aimer la mondialisation ou les inondations, encore moins de s’en accommoder. L’approche normale consiste à essayer d’influencer ces processus, de prévenir leur impact négatif. Il n’y a toutefois rien de la sorte dans la proposition: elle n’offre même pas un modèle de développement durable mondial.
Dans cette proposition, notre groupe politique a notamment concentré son attention sur les faits suivants:
– la lutte contre la pauvreté, puisque les statistiques montrent qu’environ 80 millions de personnes dans l’Union européenne ont des revenus disponibles inférieurs de 60 % au revenu moyen national équivalent;
– nous avons souligné la nécessité d’avoir des outils plus efficaces pour garantir les droits des citoyens, comme l’accès à un emploi de qualité et bien payé, et des normes sociales minimales;
– en ce qui concerne la stratégie de Lisbonne, nous avons souligné qu’une nouvelle stratégie intégrée pour le développement durable et la solidarité est nécessaire pour remplacer l’actuelle stratégie de Lisbonne et fournir un outil de mise en œuvre efficace.
Hier, certains groupes politiques sont tombés d’accord sur une résolution commune et ont complètement ignoré la proposition de notre groupe. En agissant de la sorte, ils ont clairement montré qu’ils attachent plus d’importance aux questions d’ordre économique qu’aux droits sociaux et à la justice. Pour les raisons que je viens juste de mentionner, notre groupe ne soutiendra pas la résolution.
Godfrey Bloom, au nom du groupe IND/DEM. – (EN) Monsieur le Président, hier, nous avons assisté au discours merveilleusement intelligent du président français. J'ai écouté attentivement ce petit homme articulé. Il s'est posé fermement en faveur du libre échange. Mais si, bien sûr, les autres pays sont pour le protectionnisme, il l’est aussi. Il s'est posé fermement en faveur de la démocratie: les gens ont le droit de faire entendre leur voix, mais celle-ci semble ignorée, comme ce fut le cas pour les citoyens français et néerlandais. Selon lui, il est européen d'abord, mais français de part en part, français d'abord, mais européen de part en part. Bien qu’avec un peu de goulasch hongroise par-dessus.
Il nous faut une armée de terre, une marine et une armée de l'air européennes pour s'assurer que nos valeurs pacifiques européennes soient propagées tous azimuts, car nous devons à tout prix éviter une nouvelle guerre. Il faut développer nos institutions démocratiques, mais pas trop, semble-t-il. Les Français ne peuvent pas tenir un nouveau référendum, car cela pourrait tenter les Britanniques de les imiter, et nous savons tous bien que ces derniers rejetteront la nouvelle Constitution – oh, pardon – le «traité».
Selon lui, nous devons nous remettre davantage en question et faire preuve de plus d'instinct maternel, non seulement pour les femmes, mais aussi pour les hommes; il faut en faire davantage, surtout pour les pauvres, qu'ils le veuillent ou non. Pour reprendre une formule, une vieille expression anglaise – et j'adore mettre les meilleurs interprètes du monde à l'épreuve – quelle bêtise!
Dimitar Stoyanov (ITS) - (BG) Tout d’abord, j’aimerais rappeler à la Commission et au Conseil que la mondialisation n’est pas un processus naturel, que l’Europe est un élément important de la politique mondiale et que la politique menée par l’Europe sera déterminante dans la suite de la mondialisation.
Et c’est exactement ce que je ne comprends pas dans la stratégie de la Commission. Cette dernière est-elle prête à mener une politique qui développera la mondialisation ou la ralentira-t-elle? J’aimerais aussi attirer votre attention sur le fait que le marché unique ne garantit pas, à lui seul, le succès de l’Europe dans le processus mondial de développement.
Le Conseil a déclaré que la compétitivité est très importante, mais qu’il y a actuellement de nouvelles économies au sein de l’Union européenne qui sont fragiles et qui manquent de compétitivité même au sein du marché intérieur.
La Commission, à son tour, a affirmé qu’elle considère le développement de la stratégie de Lisbonne comme de la plus haute importance, en vue de mettre ses projets en œuvre sous une perspective mondiale.
En ce qui concerne la Bulgarie, j’espère que la stratégie de Lisbonne échouera parce que mon pays, comme nous l’avons sans cesse affirmé, n’était pas prêt lorsqu’il a rejoint l’Union européenne. Par conséquent, comment pouvons-nous protéger les intérêts des citoyens européens si nous n’avons pas recours à quelques formes de protectionnisme?
La société ouverte dont parle Graham Watson est tout simplement déloyale vis-à-vis des économies les plus faibles de l’UE. Si la solidarité mondiale passe avant la solidarité au sein de la Communauté, à quoi sert donc la Communauté?
Dans ce contexte, un développement ultérieur de la mondialisation porterait des économies faibles, avec un déficit commercial important et qui ne sont pas compétitives au sein même du marché intérieur, à un point de rupture et ces dernières qui ont lutté pour s’engager sur le chemin normal du développement s’écrouleraient alors comme des châteaux de cartes.
Jana Bobošíková (NI). - (CS) (Le début du discours est inaudible) ... pour faire un effort afin que l’Europe soit un acteur aussi fort que possible sur le marché mondial. Toutefois, pour y parvenir, les négociations commerciales mondiales doivent parvenir à une conclusion, les subventions aux agriculteurs européens, doivent diminuer et les droits de douane américains aussi. Il est également nécessaire d’être plus ferme vis-à-vis de la Chine au sein de l’OMC, et de faire un usage systématique des mesures antidumping. Si nous voulons nous attaquer à la mondialisation avec succès, nous devons supprimer le fardeau d’une réglementation excessive qui handicape les petites et moyennes entreprises. C’est ce que la Commission Barroso avait promis, mais il faut dire qu’elle était empêtrée au début du chemin.
L’Union serait aussi plus forte si la Turquie et l’Ukraine adhéraient, et si elle concluait un partenariat économique adapté avec la Russie. La politique d’immigration se porte mal. Au lieu d’être la destination des pauvres gens, l’Europe devrait être la destination des cerveaux qui s’envolent vers la Chine ou les États-Unis. Si nous voulons vraiment nous attaquer aux défis de la mondialisation, la chose la plus importante à faire est de permettre à l’Union de parler d’une seule voix sur la scène internationale; sinon, personne ne la prendra au sérieux. J’espère que les chefs d’État tireront la même conclusion en décembre.
Permettez-moi, pour terminer, de faire deux remarques. Mon collègue, M. Schulz, a évoqué le capitalisme sauvage qui sévit sur les marchés financiers. On entendait le même discours à l’époque la plus sombre du communisme lorsque les financiers étaient surnommés «les voyoux de Wall Street». Nous savons tous où cela a conduit les économies du bloc de l’Est.
Timothy Kirkhope (PPE-DE). - (EN) Monsieur le Président, j'aimerais remercier les présidents du Conseil et de la Commission pour leurs déclarations concernant cette question fondamentale pour l'avenir de l'Europe.
Pour survivre et prospérer, l'Europe doit relever les défis de la mondialisation. Nous devons y faire face et y voir les opportunités, pas seulement les menaces. Respecter l'agenda de Lisbonne est essentiel pour la future prospérité de l'Europe et nous devons nous assurer de finalement conclure un accord dans les négociations sur le commerce mondial. Nous devons réformer la Politique agricole commune et proposer un accord équitable non seulement à nos agriculteurs, mais aussi à ceux des pays en développement. Nous devons avancer plus vite au niveau de l'agenda de la déréglementation, en libérant les entreprises et l'industrie pour rivaliser en termes compétitifs avec la Chine et l'Inde, et nous devons réaliser des progrès réels dans les efforts de soutien à la chancelière Merkel aux fins de la création d'un marché commun transatlantique.
Je me réjouis de la récente déclaration du président de la Commission concernant la mondialisation, dans laquelle il déclare que la raison d'être de l'UE pour le 21e siècle est claire: doter l'Europe des outils nécessaires dans une société mondialisée. Et pour ce faire, précise-t-il, nous devons investir dans les personnes, la croissance, l'emploi, la sécurité énergétique, la lutte contre le changement climatique et proposer un accord plus équitable aux citoyens. Il poursuit en indiquant que le protectionnisme ne peut pas enrichir l'Europe; au contraire, il appauvrira nos citoyens au lieu de les protéger. C'est une déclaration cruciale à laquelle tous les gouvernements européens doivent aujourd'hui prêter attention.
Bien sûr, dans les services financiers et la comptabilité, les normes européennes deviennent rapidement des normes mondiales et j'en suis fier. Pour avancer en Europe, il faut une réforme radicale du modèle social européen, une flexibilité accrue sur les marchés du travail et des mesures supplémentaires pour déréglementer et réduire les charges qui pèsent sur les entreprises.
Bien sûr, nous devons également ouvrir la voie dans la lutte contre le changement climatique, et je me réjouis de la décision du Parlement d'inclure les émissions du transport aérien dans le système d'échange de quotas d'émissions, un autre signe de notre volonté d’être à la pointe de la communauté mondiale.
Dans la lutte contre la pauvreté, nous devons garantir que les programmes de l'UE sont crédibles, rentables et ciblés. Il faut accroître les opportunités commerciales pour les pays en développement et changer véritablement la donne en Afrique.
Nous pouvons être fiers de ce que nous avons accompli, mais il nous reste de nombreuses opportunités à saisir.
Robert Goebbels (PSE). - (FR) Monsieur le Président, lors de la négociation du projet de résolution sur le défi de la mondialisation, j'ai pu mesurer le gouffre qui sépare la gauche et la droite dans ce Parlement. Mes collègues du PPE et de l'ALDE tentèrent de critiquer ces millions de citoyens qui doutent des effets bénéfiques de la mondialisation quand ils constatent les suppressions d'emplois suite aux délocalisations et aux fusions-acquisitions, ou quand ils comparent leurs faibles revenus aux primes mirobolantes des managers prêchant, par ailleurs, la modération salariale.
J'estime que la mondialisation est un processus nécessaire, notamment pour permettre aux pays les plus pauvres d'accéder aux échanges internationaux et relever ainsi le niveau de vie de leur population. Mais ne soyons pas dupes des slogans! Le marché parfait, cher aux libéraux, n'existe pas. La concurrence est nécessaire mais jamais libre.
Prenons le marché de l'énergie. 90% des ressources énergétiques mondiales sont contrôlées par des États souverains. Un cartel domine le marché du pétrole. Un autre cartel est en gestation pour le gaz. La formation des prix n'est pas transparente et se fait sur à peine 40% des échanges mondiaux. Un tiers du prix final est encaissé par une longue chaîne d'intermédiaires, faite de spéculateurs dont l'apport économique est nul. Quand les spéculateurs se plantent avec leurs véhicules spéciaux, les banques centrales injectent des milliards dans le système financier pour éviter un risque systémique mais, en fait, elles deviennent des assureurs de la spéculation.
Quelques CEO partent avec des parachutes dorés mais des millions de consommateurs s'enfoncent dans l'endettement, doivent brader leur maison. En six mois, près d'un demi-million d'Américains ont dû déclarer leur faillite personnelle. L'économie européenne marque le pas. La Commission révise ses prévisions économiques à la baisse mais la politique proposée par la même Commission se contente d'incantations. On nous dit qu'il faut davantage de croissance et de création d'emplois grâce à une meilleure coordination, davantage de recherche-développement, qu'il faut répondre aux nouvelles réalités sociales.
Mais où sont les budgets? Où sont les moyens? Le Président Barroso ne veut pas améliorer les lignes directrices intégrées. La droite se refuse à discuter de coordination économique. Sarkozy parle pompeusement de tout et de rien mais n'a pas prononcé une seule fois en trente minutes le mot "social". Tous les sondages le confirment. Les citoyens veulent davantage de social, plus de sécurité, plus de pouvoir d'achat, de meilleurs services publics.
Les maires de dix capitales européennes viennent de signer une déclaration pour la défense des services publics accessibles à tous. Que fait la Commission? Elle se réfugie derrière le protocole minable du futur traité garantissant la subsidiarité aux seuls services non économiques pour enfoncer ainsi des services publics voulus par les peuples d'Europe. Mon groupe n'acceptera pas cette démission de la Commission. De concert avec les maires, le Comité des régions, le Comité économique et social, les syndicats, nous allons engager la lutte politique pour une Europe plus sociale, donnant priorité aux services publics.
(Applaudissements)
Margarita Starkevičiūtė (ALDE). – (LT) De nombreux citoyens européens s’inquiètent des changements intervenant dans leur cadre de vie, conséquence directe de la mondialisation, et notre devoir en tant que politiciens est de leur donner une réponse. Très souvent, le Parlement encourage les États membres à préparer une stratégie commune, mais j’aimerais faire remarquer que nous devrions commencer les premiers. La préparation de cette résolution a été très pénible et il n’a pas été facile de fusionner les opinions de toutes les commissions afin de former une seule opinion générale. J’aimerais donc suggérer que nous devrions essayer de fusionner les opinions des différentes commissions et résolutions plus souvent, afin de donner aux citoyens européens une réponse coordonée au sujet de ce que nous faisons vraiment.
Une autre question très importante est le rôle que nous jouons au niveau mondial. J’aimerais faire remarquer que nous devrions jouer un rôle actif dans le monde. Actuellement, l’Union européenne est l’union la plus grande, en raison de l’élargissement et de nouvelles opportunités. Nous avons sûrement le rôle le plus important à jouer, malgré notre empressement ou notre répugnance à l’accepter. Néanmoins, l’impression est que nous prenons notre temps, comme si nous attendions que quelqu’un d’autre apporte la solution. Notre politique étrangère à travers la dimension extérieure de la stratégie de Lisbonne devrait être entreprenante.
Au sujet de la politique intérieure, j’aimerais souligner l’importance d’une révision de nos priorités. Selon les recherches les plus récentes, la raison pour laquelle l’Union européenne est en retard en termes de productivité n’est pas le manque d’ordinateurs ni d’équipements de haute technologie. C’est que nous avons des problèmes de gestion. Nous ne profitons pas pleinement du marché unique et nous ne parvenons pas à créer les conditions favorables pour la circulation des biens et l’expansion du marché financier. Une autre question est la suivante: est-ce une bonne chose que le développement des technologies devienne la priorité de l’UE? La production alimentaire peut-elle devenir la priorité, conformément à l’avis des experts?
En résumé, nous devrions développer une nouvelle attitude à l’égard de notre marché économique et donner la priorité au développement du marché intérieur. Au sujet de la politique sociale, qui a été mentionnée ici à plusieurs reprises, je suis d’accord: oui, ce sera l’une des priorités de notre ordre du jour, mais elle devrait elle aussi être entreprenante. Nous devrions abandonner la tendance à assister certaines personnes; notre rôle devrait être de créer les opportunités leur permettant de gagner leur vie. On ne devrait pas pousser les gens à devenir des parasites; ils devraient participer activement au marché. C’est pourquoi il serait sage d’investir dans les sphères sociales qui contribueront à accumuler du capital intellectuel et à garantir une augmentation de la productivité.
En conclusion, j’aimerais souligner l’importance d’une plus grande coordination au sein des institutions européennes. Cette résolution et le débat d’aujourd’hui sont des exemples de bonne coordination. J’espère qu’à l’avenir, nous aurons l’opportunité de débattre ces questions non seulement pendant les séances nocturnes, mais aussi pendant les séances diurnes.
Seán Ó Neachtain (UEN). – (GA) M. le Président, il est de l’intérêt de l’UE d’avoir un système de commerce international juste et fort, placé sous les auspices de l’Organisation mondiale du commerce. Il est donc inacceptable que les négociations de Doha ne tournent qu’autour de réductions supplémentaires de la part de l’UE dans le domaine de l’agriculture qui, après tout, représente seulement 5 % du commerce mondial. Qu’en est-il des 95 % restants? Le problème est-il la tendance à abdiquer?
À mon avis, le commissaire Mandelson est un peu trop prompt à revenir sur ses positions lorsque l’agriculture de l’UE est concernée. Actuellement, il préconise une réduction des droits de douane à l’importation dans le secteur agricole de 46 %. Mais comme l’a dit le président Sarkozy hier devant le Parlement, nous devons préserver nos sources intérieures de nourriture. L’Amérique, par exemple, n’a jusqu’à présent pas renoncé au moindre terrain agricole. Le projet de loi américain publié récemment suffit à en donner la preuve.
Il faut faire avancer les négociations sur le commerce international dans les domaines de l’industrie, du commerce et des services. Les droits de douane moyens en vigueur en Europe s’élèvent à 4 % alors qu’ils atteignent 30 % en Asie et en Amérique du Sud. Une fois les marchés chinois et indiens ouverts dans les secteurs des logiciels et des télécommunications, des progrès pourront être faits grâce à la concurrence. De plus, la simplification ne devrait pas seulement s’appliquer aux procédures habituelles, mais aussi aux futurs accords commerciaux.
Pierre Jonckheer (Verts/ALE). - (FR) Monsieur le Président du Parlement, Monsieur le Vice-président de la Commission, je trouve qu'il y a dans le document qui nous est soumis et dans le discours de M. Barroso, un très grand absent, et cet absent c'est véritablement l'analyse que l'on fait et les propositions que l'on fait sur le fonctionnement des marchés financiers internationaux, sur l'existence de paradis fiscaux internationaux, sur la lutte contre la criminalité financière internationale, et sur la fiscalité internationale, sur les flux de capitaux en tant que tels.
Je pense qu'on a régressé en réalité dans le débat international sur ce plan. Je ne vois, ni dans les documents écrits, ni dans le discours du Président de la Commission, aucune initiative politique un peu pointue sur ces sujets qui sont pourtant gravissimes, et je fais le lien avec le changement climatique et le débat qu'on va avoir à Bali, qui comprend une dimension financière extrêmement importante, notamment pour aider les pays dits les plus fragiles, pour entrer dans le protocole de Kyoto 2.
Ceci requiert, nous le savons tous, des fonds publics extrêmement importants. Où va-t-on les trouver? Je pense que l'abandon, le refus – même si je sais que c'est extrêmement difficile – de porter haut ce débat dans les enceintes internationales nuit à notre politique sur le plan international.
La deuxième remarque que je voudrais faire, c'est celle qui concerne la bataille mondiale sur les normes, et en particulier sur les normes environnementales et les normes sociales, mais plus particulièrement sur les normes environnementales.
Le document de la Commission est très général. M. Watson l'a dit, et je partage cette opinion. Vous dites en page 6: "À la suite des discussions bilatérales sectorielles avec des pays tiers, nous voyons aujourd'hui émerger une nouvelle approche internationale axée sur la coopération réglementaire, la convergence des normes et l'équivalence des règles". Moi, je voudrais savoir de façon précise, Monsieur le Vice-président, qu'est-ce que cela signifie pour la préservation des normes européennes en matière d'environnement? Qu'est-ce que cela signifie pour leur développement futur et qu'est-ce que cela signifie concrètement pour leur promotion à l'échelle internationale, évoquée par M. Barroso?
Je suis d'autant plus inquiet que, à la lecture des articles de presse qui font état des négociations en cours entre ou lorsque l'Union européenne et la Corée du Sud, on s'aperçoit que, dans la défense des normes, en tout cas sociales, nous sommes en position plus faible que les États-Unis d'Amérique.
Vous nous devez des réponses précises sur ces questions.
Sahra Wagenknecht (GUE/NGL). - (DE) M. le Président, mesdames et messieurs, la mondialisation n’est pas un processus naturel, même si certains aimeraient la présenter de cette façon. La mondialisation est le fruit de la politique. C’est une création politique, dûe aux mesures prises pour dérèglementer et libéraliser le mouvement international des capitaux. Cette création se poursuit chaque fois qu’un pays en développement est forcé par le chantage à ouvrir son marché financier, permettant ainsi les rachats étrangers. C’est une création des pays industrialisés, et en particulier de l’Union européenne.
Le terme «mondialisation» n’est pas loin de signifier l’internationalisation de l’économie en tant que pouvoir donné aux propriétaires fonciers, aux banques et aux conglomérats, qui actuellement ne sont pas hors de portée des législateurs nationaux, de placer leur argent là où il rapporte le plus, sans s’inquiéter des conséquences sociales. Ce pouvoir, bien sûr, leur permet aussi de jouer un pays contre un autre en tant que potentiels sites d’affaires et par ce biais de les contraindre à créer les conditions propices pour maximiser les profits.
Ce sont précisément ces intentions cachées, à savoir la réduction drastique des impôts sur les sociétés, la destruction des systèmes sociaux et la mise en place d’un dumping salarial brutal – en d’autres termes, la recherche d’un capitalisme de plus en plus effréné – que recouvre le concept de compétitivité. Il n’y a bien sûr pas que des perdants dans le jeu de la mondialisation; il y a aussi des gagnants gonflés d’orgueil. Et parmi eux, les conglomérats européens devenus des acteurs de la mondialisation alors que leur rentabilité, ces dernières années, peinait à décoller. La grande majorité, toutefois, ne profite pas de ce développement. La loi de la jungle qui prévaut dans le capitalisme effréné permet à «ceux qui ont» d’opprimer et d’exploiter «ceux qui n’ont pas».
La résolution placée sur la table étouffe l’état des choses, et notre groupe ne la soutiendra pas. Nous continuerons plutôt à lutter pour un ordre économique différent en Europe, pour un ordre économique où les gens ne sont pas de simples facteurs de coût et où les pays sont plus que des sites d’affaires.
Witold Tomczak (IND/DEM). - (PL) M. le Président, il faut distinguer deux réalités: la mondialisation et le «mondialisme».
La mondialisation est le résultat du développement des nouvelles technologies dans des domaines comme les transports, les communications et la récolte et le traitement des données. La mondialisation offre de nouvelles opportunités, mais crée également de nouvelles menaces. C’est à nous de décider comment en faire usage.
Le «mondialisme» tend à créer un pouvoir mondial supranational. C’est contraire à la liberté des individus et des pays. Ce programme permettrait à un petit nombre, détenteur du capital et des infrastructures mondiales, de servir ses propres intérêts dans le cadre d’un pays d’envergure mondiale, sans prendre en compte l’intérêt des peuples. Il s’agit essentiellement d’un programme totalitaire, contraire aux idéaux pacifistes et faisant planer des menaces de guerre.
L’Europe est tentée de miner les droits des États membres afin d’accroître le rôle joué par ses élites cosmopolites dans la gestion du monde. Céder à cette tentation équivaudrait à effacer l’héritage pluricentenaire des nations européennes, qui repose sur le respect des droits de l’homme et les droits des sociétés humaines.
À l’ère de la mondialisation, la réussite de l’Europe sera le respect des droits de l’homme, des droits des familles et des nations, qui s’exprime dans le développement des institutions garantissant le respect des acquis. La réussite de l’Europe sera de montrer à d’autres personnes et à d’autres pays dans le monde comment offrir plus de liberté et de dignité aux citoyens. Ce serait un désastre pour l’Europe de reparcourir le chemin d’un programme «mondialiste» et totalitaire.
Jean-Claude Martinez (ITS). - (FR) Monsieur le Président, mes chers collègues, globalisation, mondialisation, ou selon le jésuite Teilhard de Chardin, planétisation, le constat est banal: nous sommes en face d'une deuxième mondialisation, plus complète que celle des années 1900, puisqu'elle est à la fois financière, économique, linguistique, migratoire et idéologique, avec un modèle dominant, le marché.
Cette mondialisation, autre banalité, entraîne des effets négatifs au Sud avec la surexploitation, en Inde et en Chine, des hommes des sols, des forêts, des mers, des eaux, et la mise en danger des droits de l'homme. Au Nord, ce sont les délocalisations, les pertes d'emplois, la déstabilisation financière de nos systèmes sociaux et, du fait du vieillissement et des coûts liés au quatrième âge, le risque pour l'Europe de se transformer en Rwanda gériatrique, avec ce que cela implique de mépris de la vie et, partant, d'atteintes aux droits de l'homme.
Face à ces réalités, à ces banalités, que fait-on? On fait de l'incantatoire, du dérisoire et du divinatoire. Pour ce qui est de l'incantatoire, par exemple, cela consiste, en ce moment, à faire des débats, des résolutions. L'incantatoire politique consiste à invoquer la stratégie de Lisbonne, l'économie la plus compétitive. On croirait Khrouchtchev à l'ONU dans les années 60, qui voulait rattraper le système capitaliste. C'est Harry Potter face à la mondialisation.
On fait aussi du dérisoire. L'exemple parfait, c'est le fonds budgétaire sur la mondialisation, avec quelques sucettes financières. Faute de maîtriser les choses, on s'en remet à Dieu et on fait du divinatoire. Au nom du Père Adam Smith, du Fils Ricardo et du Saint-Esprit du marché, dans le grand temple planétaire de la libre-échangéologie, on réduit les droits de douane pour finir par les supprimer.
Eh bien cela, c'est de la pensée magique. Or, le génie de l'Europe, c'est d'avoir inventé, il y a 2 500 ans, la pensée logique, c'est-à-dire la raison. Or, la raison, c'est de dire: le libre commerce est nécessaire, mais les protections sociales, culturelles sont aussi nécessaires. Il faut donc concilier la liberté des échanges et la sécurité des hommes.
Pour cela, il existe une nouvelle technologie douanière, la technologie des droits de douane déductibles, c'est-à-dire des droits de douane supportés, certes, par l'exportateur, mais qui lui ouvrent un crédit douanier égal au montant des droits de douane qu'il a supportés et qui peuvent être déduits de ses achats dans le pays de l'importateur. Grâce à ces droits de douane de nouvelle génération modulables, remboursables, négociables et bonifiables, on résoudra le problème banal des asymétries économiques, sociales, environnementales dans les échanges internationaux entre le Nord et le Sud.
Jim Allister (NI). - (EN) Monsieur le Président, pour un nombre croissant d'électeurs, mondialisation rime avec désolation, car les usines disparaissent l'une après l'autre et déménagent vers l'Est.
Il y a deux semaines à Limavady, dans ma circonscription, Seagate Technology a annoncé sa fermeture et la perte de 960 emplois, laissant cette petite ville exsangue. Ce n’est pas uniquement le d'une main-d’œuvre bon marché, mais aussi l'écrasante réglementation qui pèse sur l'industrie européenne qui ravagent nos usines.
Le président Sarkozy avait raison lorsqu'il nous affirmait hier que l'UE avait le droit de se protéger contre de tels ravages; j'espère qu'elle le fera. Deux mesures immédiates s'avèrent utiles: une réduction du seuil pour le Fonds d'ajustement à la mondialisation. La suppression de mille emplois à Paris est terrible, mais dans une petite ville comme Limavady, c'est catastrophique. Le seuil devrait donc être rabaissé pour les économies de moindre taille. Ensuite, l'UE doit assouplir ses interdictions sur l'aide gouvernementale pour qu'un modeste dégrèvement industriel puisse contribuer à maintenir nos usines à flot. J'invite la Commission à répondre positivement à ces deux questions spécifiques.
Werner Langen (PPE-DE). - (DE) M. le Président, quiconque écoute les discours ici, en particulier ceux de Mme Wagenknecht et de M. Schulz, peut dire qu’ils traitent d’une époque, je suis content de le dire, dépassée depuis longtemps. Il s’agit de dictons dénichés dans les trous de la gloire du socialisme, et ils ne nous aident pas à avancer sur les questions concernant la mondialisation.
Tout le monde dans cette Chambre sait qu’il est possible de concilier liberté économique, prospérité et modèle social. L’Europe en est la meilleure illustration. Tout comme nous avons introduit l’euro pour nous préparer au marché unique, nous avons lancé la stratégie de Lisbonne, avec toutes les réserves qui s’imposent, pour nous préparer à la concurrence mondiale. Nous n’avons aucune raison de nous soustraire à la mondialisation. La façon dont nous en parlons ici est tout à fait irréelle.
La mondialisation est le ressort principal de la démocratie et de la prospérité pour les pays sous-développés. C’est tout à fait faux de dire qu’il n’y a que des inconvénients, comme le sous-entendent les exemples des dernières interventions. En fait, tous les pays bénéficient de la mondialisation: les pays en développement, les pays nouvellement industrialisés et même les pays en développement avec un appareil d’État trop dépensier que les contribuables ne peuvent plus se permettre. Nous ne pouvons revenir en arrière, et l’Europe est un modèle pour le reste du monde. Je me demande pourquoi nous nous en défendons. Pourquoi ne parlons-nous toujours que des aspects négatifs?
Bien sûr, nous pouvons parler des pratiques sauvages sur les marchés financiers. Oui, une coordination internationale est nécessaire. Des contrôles et des restrictions sont nécessaires au niveau international. Mais qui, mis à part M. Goebbels, a mentionné le fait que le système présente des défaillances que nous n’avons pas encore essayé de prévenir? Au Japon, la règle veut que le dirigeant d’une entreprise ne gagne pas plus que vingt fois le salaire d’un travailleur moyen. Comment peut-on justifier qu’en Europe et aux États-Unis les dirigeants gagnent mille fois plus que les salariés de leur entreprise? Nous pouvons en parler, mais nous ne pouvons sûrement pas diaboliser la mondialisation en général, car elle offre de nouvelles opportunités tout en associant la liberté à la prospérité.
Anne Van Lancker (PSE). - (NL) M. le Président, M. le Président en exercice du Conseil, M. le Commissaire, mesdames et messieurs, c’est une bonne chose que la Commission reconnaisse la dimension extérieure de la stratégie de Lisbonne, mais nous ne devrions pas oublier que la mondialisation a aussi des conséquences sur la politique intérieure européenne.
La stratégie de Lisbonne est une bonne chose pour la croissance économique et l’emploi, mais c’est aussi vrai que tout le monde n’en a pas profité. En Europe, la mondialisation a considérablement élargi le fossé entre ceux qui ont des compétences et ceux qui n’en ont pas.
Je suis donc heureuse que la Commission et le Conseil des ministres de l’emploi prêtent plus d’attention à l’avenir à la dimension sociale parce qu’il y a encore trop de gens – les moins compétents, les handicapés, les travailleurs les plus âgés, les immigrés – qui n’ont pas accès à une formation adaptée et à de bonnes perspectives d’emploi. Six millions de jeunes quittent l’école sans qualification, 72 millions de personnes vivent dans la pauvreté en marge de la société et l’Europe compte même 14 millions de travailleurs pauvres.
La prospérité économique devrait profiter à tout le monde, mesdames et messieurs. J’aimerais donc souligner trois points supplémentaires.
Premièrement: il est clair que les nouveaux outils politiques de Lisbonne doivent se concentrer davantage sur l’insertion sociale, sur l’égalité des opportunités, sur la réduction de la pauvreté et sur une protection sociale adaptée. La dimension sociale doit figurer dans les lignes directrices intégrées.
Deuxièmement: l’accent doit être mis davantage sur le respect des engagements pris par les États membres au sujet de l’emploi et de la formation. La croissance économique n’est pas forcément synonyme d’emplois de qualité – les États membres doivent donc prendre des engagements clairs en ce sens.
Troisièmement: davantage doit être fait en partenariat. Une bonne stratégie pour la croissance, l’emploi et l’intégration sociale nécessite aussi la participation des parlements nationaux, des autorités locales et régionales, des partenaires sociaux et de la société civile.
Mon groupe ne pense donc pas qu’on puisse parler en termes de business as usual au sujet des prochains outils de la stratégie de Lisbonne. Le vice-président de la Commission devrait apprécier qu’il y ait de nombreuses raisons de faire des réglages critiques du paquet de Lisbonne.
Bernard Lehideux (ALDE). - (FR) Monsieur le Président, mes chers collègues, le débat qui se poursuit parfois pour ou contre la mondialisation a autant de sens qu'un débat organisé le 25 décembre pour ou contre l'hiver.
La seule vraie question pour nous est de savoir comment l'Union européenne peut tenter de faire de ce mouvement inéluctable une chance pour ses peuples. Ce que les citoyens attendent, ce sont des réformes utiles pour faire progresser l'emploi et les accompagner dans le changement.
Jusqu'ici, la stratégie de Lisbonne ressemble malheureusement à l'Arlésienne de Bizet. On en entend beaucoup parler, on l'attend désespérément, mais on ne la rencontre jamais. Ceux qui ont entre leurs mains les clés de la réussite de la stratégie de Lisbonne, à savoir les États membres, doivent se donner les moyens de parvenir aux objectifs qu'ils se sont fixés. Nous attendons d'eux des initiatives et une évaluation objective et complète de leurs résultats.
Je ne veux pas dresser un tableau uniquement noir de la situation. Quelques signes encourageants existent, comme le fonds d'ajustement qui fonctionne, même si son efficacité réelle reste à évaluer. Par ailleurs, il faut souligner que, pour la première fois en Europe, les partenaires sociaux se sont entendus sur l'analyse des défis à relever sur les marchés du travail. Ils se sont également mis d'accord pour demander aux États membres de mettre en œuvre des politiques de flexisécurité qui combinent les deux éléments, flexibilité et sécurité, et pour les salariés, et pour les employeurs.
Je conclus en vous exhortant à ne pas sacrifier la dimension sociale de la stratégie de Lisbonne, Monsieur le Président de la Commission, en considérant qu'elle serait un handicap pour la compétitivité. Les citoyens attendent de l'Europe qu'elle soit proche de leurs préoccupations, les entreprises qu'elle mette en œuvre une politique qui lutte contre un dumping social généralisé.
Wojciech Roszkowski (UEN). - (PL) M. le Président, le document de la Commission fait largement allusion à la place de l’Union européenne dans la mondialisation, mais apporte-t-il des réponses spécifiques aux questions que nous nous posons? J’en doute.
Le document donne l’impression qu’une bonne réglementation européenne garantira la croissance au sein de l’UE et la prospérité pour l’ensemble des citoyens. Toutefois, la croissance et la prospérité dépendent des efforts des citoyens, qui doivent non seulement être plus efficaces et productifs qu’avant, mais aussi plus efficaces et productifs que les citoyens d’autres pays.
Une bonne réglementation ne suffit pas à garantir la croissance économique future de l’Union européenne. Elle ne suffit pas à aplanir les niveaux économiques entre les vieux États membres et les nouveaux États membres, qui connaissent un développement plus rapide que la moyenne européenne. Les effets de la migration économique des pays où le coût de main d’œuvre est faible vers les pays où le coût de la main d’œuvre est élevé ne suffisent pas.
La croissance économique future de l’UE dépendra de sa compétitivité, tandis que le document de la Commission parle beaucoup de la protection des acquis sociaux. C’est très bien, mais ces derniers ne sont pas à l’origine de la croissance, ils en sont le résultat. Tandis que nous protégeons ces acquis sociaux, n’oublions pas que la croissance vient de l’innovation, d’une organisation plus efficace, d’une majeure productivité et compétitivité.
Jill Evans (Verts/ALE). - (EN) Monsieur le Président, j'aimerais remercier la Commission et le Conseil pour leurs déclarations. Je pense que l'UE a le potentiel nécessaire pour jouer un rôle très positif. Mais, jusqu'à présent, la mondialisation économique a entraîné l'accélération de la dégradation de l'environnement, des conditions précaires pour les travailleurs et des inégalités sociales croissantes.
Au niveau local, elle est devenue synonyme de précarité de l'emploi et, pire encore, de suppression d'emplois dans l'industrie et les services, dont j'ai pu être directement témoin cette année dans ma propre communauté au Pays de Galles, où je réside, avec la fermeture de l'usine Burberry, qui a entraîné la perte de centaines d'emplois dans une région très démunie, une zone de convergence.
Les entreprises trouvent plus simple de déménager, en quête de la main-d'œuvre la moins chère possible et sans se soucier des conséquences de leurs actes, malgré les accords volontaires en matière de responsabilité sociale des sociétés qui sont très beaux sur le papier, comme pour Burberry, mais qui ne signifient presque rien en pratique.
Les conséquences sont désastreuses pour les communautés locales et ces dernières, comme on le sait déjà, sont les clés de la croissance et de l'emploi, le véritable objectif de l'agenda de Lisbonne. Tout cela entraîne une désillusion par rapport à la politique, en prouvant que le marché est plus fort que la démocratie.
L'UE peut contribuer à garantir l'amélioration des normes sociales et en matière de main-d'œuvre à travers le monde, en incluant le coût du changement climatique dans le prix du marché afin d'éviter le dumping environnemental. Les effets de la mondialisation rendent la protection sociale encore plus importante pour les travailleurs et les communautés.
Je conviens que la voie à suivre consiste à soutenir les petites entreprises et à proposer des emplois durables à long terme, des emplois de grande qualité, et j'espère que la proposition aux fins d'un acte relatif aux petites entreprises (small business act) contribuera à concrétiser cela à long terme.
PRÉSIDENCE DE MME KRATSA-TSAGAROPOULOU vice-présidente
Ilda Figueiredo (GUE/NGL). - (PT) Madame la Présidente, il importe dans ce débat de souligner que le succès de l’Union européenne dépend des réponses qu’elle apporte en termes de solidarité et de cohésion sociale et économique. L’Union européenne continue à pâtir d’un niveau élevé de pauvreté qui affecte 17 % de la population, c’est-à-dire environ 80 millions de personnes dans l’UE des 27, tandis que le travail précaire et le taux de travailleurs pauvres ne cessent d’augmenter. Nous devons abandonner les politiques néolibérales et donner la priorité au droit du travail, à des salaires décents, à une protection sociale accrue et à des services publics de qualité car cela soutient l’investissement productif des micro- et des petites entreprises. Nous devons distribuer plus équitablement les richesses afin de promouvoir une convergence réelle entre les États membres et favoriser le développement et le progrès social, et mettre en œuvre une politique de coopération avec les pays du tiers-monde.
Patrick Louis (IND/DEM). - (FR) Madame la Présidente, mes chers collègues, nos concitoyens, qui sont aussi des travailleurs, des consommateurs et des contribuables, ont bien compris que l'Union européenne, telle qu'elle se fait aujourd'hui, n'est pas un rempart contre les excès du mondialisme financier, mais son marchepied.
Voilà vingt ans que l'on nous promet des lendemains qui chantent grâce à l'euro et à l'ouverture des frontières, comme lorsqu'on nous a fait voter Maastricht en 1992. Malgré tout, notre outil de production est en train de déménager, laissant derrière lui des millions de chômeurs, des friches industrielles et le désert rural.
Lorsque le président Sarkozy vient, dans cette enceinte, plaider pour une mission de protection de l'Europe, c'est à croire qu'il n'a dit "oui", ni à Maastricht, ni au traité de Lisbonne. Quand il prend des accents gaulliens pour se dire prêt à s'opposer, au sein de l'OMC, à toute négociation qui serait contraire à l'intérêt de notre pays, c'est magnifique. Mais il oublie que la France n'y a aucun droit de veto et que c'est un commissaire de Bruxelles qui négocie seul et sans jamais respecter le mandat que lui fixent les États membres.
Mêmes illusions lorsqu'il s'en prend, à juste titre, ici encore, à l'obsession déflationniste de la Banque centrale indépendante de Francfort. Surtout, quel homme faut-il croire? Celui qui proclame la souveraineté de la France devant les caméras ou celui qui l'abandonne dans un traité européen? La vérité est que le traité de Lisbonne confirme la logique des traités actuels, qui nous interdisent de piloter l'euro, de protéger nos marchés et de nous défendre dans les négociations commerciales mondiales.
Certes, il mentionne la protection des citoyens en tant qu'objectif, mais c'est une simple déclaration politique, non suivie d'effets juridiques. En particulier, il renforce encore les pouvoirs et l'indépendance de la Commission comme de la BCE, dont l'idéologie est libre-échangiste. Avec son protocole n° 6, mais aussi avec les articles 3 et 4 du TCE, il confirme leur conception dogmatique d'une concurrence sans contrepoids, sans intérêts nationaux, sans frontières et sans souci de la démocratie.
Nous pensons que les Français et les Européens veulent autre chose. Réhabilitons le véritable échange libre, l'échange entre les nations, celui qui enrichit les nations et ne les dépossèdent ni de leur protection, ni de leur identité.
Udo Bullmann (PSE). - (DE) Madame la Présidente, mesdames et messieurs, au cours des trois prochaines années, la Commission a l’intention de présenter des propositions pour réorganiser les politiques sociales, économiques et environnementales de l’Union européenne. C’est une bonne chose car, comme nous le savons bien, il n’y a encore rien sur la table. Le document d’octobre, sur lequel se base notre discussion, est un document bref. Bien que je reconnaisse, soit dit en passant, qu’il est toujours bon de présenter des interventions brèves, ce document mince et superficiel ne nous apprend rien sur la direction que ce voyage est supposé prendre.
La Commission doit nous aider à résoudre une contradiction. Si nous considérons le débat d’aujourd’hui comme la première de couverture, l’introduction, les défis présentés ici sont colossaux: la mondialisation, le changement climatique, le problème des marchés financiers internationaux – des défis immenses qui se posent dans chaque État membre. Si, toutefois, nous approfondissons la discussion par rapport aux conséquences pratiques, on s’entend dire qu’il est inutile de modifier les lignes directrices. C’est incompréhensible, totalement incompréhensible car cela soulève naturellement le problème de la nature réelle de ce débat sur la mondialisation. Est-ce un prétexte pour ne rien entreprendre au niveau des politiques sociales, économiques et environnementales, ou est-il opportun de voir la réalité en face et d’apporter des réponses aux questions pressantes et aux besoins des gens dans les pays de l’Union européenne?
Permettez-moi de soulever quelques questions supplémentaires. Si notre avenir réside effectivement dans une société industrialisée respectueuse de l’environnement, pourquoi est-ce si difficile de parler devant la Commission, avec la Commission et même dans cette Chambre de la politique d’investissement nécessaire pour atteindre ce but? Pourquoi ne pouvons-nous pas parler des programmes de réhabilitation de l’habitat, des systèmes de transport moderne et des véhicules dont nous avons besoin pour atteindre ce but? Pourquoi est-ce quasiment un tabou de parler d’une bonne politique d’investissement? Et pourquoi ces choses ne figurent-elles pas dans le programme de la Commission? Pourquoi n’apparaissent-elles pas non plus dans le programme de travail de Lisbonne? J’espère que des changements restent à faire.
Lorsque nous évoquons le triangle de la connaissance – l’éducation, la recherche et l’innovation – pourquoi ne pas faire du Pacte européen pour la jeunesse un outil pratique et ne pas garantir à tous les jeunes Européens une formation de qualité, afin qu’ils puissent mettre leurs compétences et leur intelligence au service de la société industrialisée pour la réorganiser. Ce sont les défis pratiques que nous voulons relever.
Marco Cappato (ALDE). - (IT) Madame la Présidente, mesdames et messieurs, je pense que dans ce débat aussi certaines interventions ont opposé la liberté économique à la garantie et à la protection des droits sociaux et à la lutte contre la pauvreté.
Opposer liberté économique et droits sociaux est digne du siècle dernier et n’est plus d’actualité dans les politiques de notre Europe. Nous devons garantir l’application des règlements dans le respect de la liberté économique contre les monopoles, pour assurer la transparence des marchés financiers, pour faire payer les coûts de la pollution environnementale. C’est fondamental! Du point de vue des droits sociaux, toutefois, ce qui nous empêche actuellement d’aider les plus pauvres dans nos pays, ce sont les vieux systèmes de sécurité sociale qui garantissent les corporations, le travail organisé et qui n’aident pas les chômeurs et ceux qui ne profitent pas des garanties et de la protection sociale.
Dans mon pays, l’Italie, nous avons un système qui oblige quasiment les gens à partir à la retraite vers 58 ou 59 ans, alors que seuls 20 % des chômeurs disposent d’une protection sociale. Voilà le problème que les plus pauvres doivent affronter: pas la mondialisation ni la liberté économique, mais le fait que les mécanismes de sécurité sociale sont vieux, surannés, en retard; il faut repenser ces mécanismes et c’est là que la stratégie de Lisbonne et la Commission peuvent être utiles.
Ryszard Czarnecki (UEN). - (PL) Madame la Présidente, je n’ai pas l’intention de tenir des propos banals et dépassés sur les avantages de la mondialisation. Il serait aussi très utile que le Parlement européen émette une opinion critique sur le mondialisme.
Pour moi, la voix du philosophe canadien John Ralston Saul constitue la meilleure illustration possible à notre débat. Je dédie ces mots au chœur qui encense la mondialisation, qui chante la même chanson aujourd’hui au Parlement européen. Le mondialisme est une idéologie qui puise de nombreux éléments dans la religion occidentale. Le mondialisme est la croyance en une seule idée qui exclue tout point de vue différent. Elle s’appuie sur la certitude de la suprématie des sciences économiques, sur la certitude de l’échec de toutes les théories économiques, en dehors du libéralisme, et de l’impossibilité d’une autre voie.
Cette conviction vient du fait que le libéralisme met en branle des forces mondiales qui considèrent le libéralisme comme la seule marche à suivre et qui discréditent les autres approches. Toutefois, le mondialisme se berce d’illusions lorsqu’il pense que les sciences économiques sont le moteur de la civilisation. Ces vingt ou trente dernières années, nous avons appris à tout considérer en termes économiques. Même Marx n’est pas allé si loin. Il a affirmé que les sciences économiques étaient importantes, mais il n’est pas allé jusqu’au point de dire qu’on devrait tout considérer sous le prisme du profit.
Kyriacos Triantaphyllides (GUE/NGL). – (EL) Madame la PrésidentePrésidente, mesdames et messieurs, le sujet présenté par la Commission aujourd’hui est plein de contradictions. Permettez-moi de souligner deux points:
Tout d’abord, la Commission insiste sur le fait qu’il faut davantage s’adapter à la mondialisation afin de garantir la viabilité du niveau de vie de nos concitoyens. Ce n’est pas le cas actuellement, étant donné l’échec de la stratégie de Lisbonne. La vérité, c’est que ces politiques qui impliquent une forte concurrence aggravent les inégalités au niveau des richesses et du pouvoir industriel, et la Commission européenne est bien la seule à voir la prospérité s’améliorer ou les inégalités disparaître dans les États membres de l’UE.
Deuxièmement, le document nous apprend que la Commission travaille pour une Europe sociale, une idée dont nous avons beaucoup entendu parler, mais dont nous n’avons pas encore profité. Permettez-moi de citer un simple exemple: depuis 2002, le prix des carburants dans les États membres a augmenté de 35-50 %. Ce qui a, entre autres choses, porté un sérieux coup au portefeuille des revenus faibles, et aucune des stratégies d’économie sociale de la Commission ne semble apporter une solution.
Daniel Caspary (PPE-DE). - (DE) Madame la PrésidentePrésidente, mesdames et messieurs, l’Europe peut réussir à l’ère de la mondialisation si nous tentons notre chance. Notre discussion se concentre bien trop souvent sur les effets négatifs de la mondialisation. Nous en parlons chaque fois qu’une entreprise doit supprimer des emplois ou relocaliser sa production à l’étranger, mais nous parlons très rarement de toutes les bonnes choses qu’apporte la mondialisation.
Prenez ma circonscription électorale, par exemple – ma région. Pas moins de 74 % de la production industrielle de ma circonscription est actuellement exportée. Nous récoltons les fruits de la mondialisation. Dans ma région, on licencie malheureusement dans les secteurs économiques qui ne sont plus rentables, mais on recrute aussi dans d’autres secteurs qui profitent de la mondialisation, dans les entreprises qui se sont adaptées, et les chiffres du chômage baissent nettement. Malheureusement, nous parlons trop rarement de cet autre aspect de la question.
L’Union européenne a un rôle important à jouer dans la mondialisation. Quatre cent quatre-vingts millions d’Européens doivent s’unir pour leurs intérêts et leurs valeurs. Nous possédons déjà l’économie mondiale la plus ouverte, mais nous avons besoin d’accéder au marché mondial. La réciprocité doit nous permettre de faire plus de réserves. Les barrières non tarifaires et les autres obstacles commerciaux sont inacceptables. Nous devons nous défendre contre les pratiques commerciales déloyales. À cette fin, nous avons besoin d’instruments de défense commerciale et d’un commissaire crédible et humble lorsqu’il représente l’Union européenne dans le monde, mais sachant défendre courageusement nos intérêts commerciaux dans un esprit de coopération et de confiance mutuelle. Il faut protéger la propriété intellectuelle plus efficacement, faire davantage pression en faveur de normes et de règlements mondiaux, consolider l’OMC et agir en partenariat avec les États-Unis.
Si la Commission et le Parlement s’acquittent de ces tâches, nous serons vraiment en mesure d’utiliser et d’influencer la mondialisation afin que les gens puissent continuer à vivre libres et prospères.
Edite Estrela (PSE). - (PT) Réussir à l’ère de la mondialisation est le grand défi lancé à l’Union européenne. La question est de savoir comment concilier la compétitivité et la cohésion sociale ou, en d’autres termes, la mondialisation et la réglementation.
La stratégie de Lisbonne apporte la réponse, et le traité de Lisbonne facilitera la prise de décision, mais la réussite dépendra par-dessus tout de la façon dont l’Europe considère la mondialisation: une opportunité plutôt qu’une menace. Nous devons comprendre ce qui se passe avec la Chine et l’Inde. La Chine a dépassé la Grande-Bretagne, la France et l’Italie au rang des nations les plus industrialisées. Elle est devenue, à la place des États-Unis, le plus grand exportateur de produits technologiques et elle a accumulé d’énormes réserves financières.
En ce qui concerne l’Inde, peu de gens connaissent le nom «TATA». En 2006, la valeur boursière de la filiale automobile a toutefois dépassé celle de General Motors, alors que personne n’avait entendu parler du groupe MITTAL jusqu’à ce qu’il ne lance une OPA contre ARCELOR en semant la panique à Paris, Bruxelles et Luxembourg.
Il ne faut toutefois pas oublier le revers du miracle asiatique. Une histoire de souffrances due à la complicité du gouvernement de Beijing avec les multinationales occidentales qui ont relocalisé leurs entreprises pour profiter d’une main d’œuvre bon marché et de l’absence d’un État providence.
C’est en Asie, en attendant, qu’on remportera ou perdra le défi de la lutte contre le réchauffement de la planète. L’Europe doit être ferme et doit exiger la réciprocité en matière de commerce international, sans systématiquement adopter des politiques protectionnistes. La compétition chinoise est déloyale en raison des salaires bas, de l’absence de droits politiques et syndicaux, de la contrefaçon et d’une monnaie sous-évaluée. C’est vrai. Mais il est aussi vrai que 800 millions de Chinois et 700 millions d’Indiens désirent un revenu minimum acceptable et plus de justice sociale. Ce sont des défis pour une Europe plus forte et un monde meilleur.
Sarah Ludford (ALDE). - (EN) Madame la Présidente, je pense également que notre réaction face à la mondialisation ne devrait pas se fonder sur la peur, mais sur un sens de l'opportunité couplé à une adaptation intelligente.
Comme l'indique la résolution, l'UE en tant qu'acteur sur la scène mondiale est un des principaux bénéficiaires de l'ouverture de l'économie mondiale. On ne le réalise pas toujours vu le volume de rhétorique européenne antimondialisation. Je suis d'accord avec M. Czarnecki pour dire que le libéralisme s'est propagé à travers le monde. Mais j'en suis ravie, contrairement à lui.
L'UE ne peut atteindre son objectif qu'en restant active et organisée sur la scène mondiale, et notamment au niveau de la migration. Je suis ravie de constater que le paragraphe I produit par le groupe ALDE est resté quasiment indemne dans la résolution finale. Je pense sincèrement que la migration mérite d'être une priorité de l'agenda de l'UE, à égalité avec le changement climatique et l'énergie. Nous sentons une pression qui vient de l'extérieur; nous observons des tensions sociales et, en effet, du racisme à l'intérieur de l'UE. Mais il manque toujours une politique européenne approfondie en matière d'immigration légale et illégale et d'intégration.
Enfin, n'oublions pas le potentiel des communications mondiales et notamment de l'internet pour promouvoir les droits de l'homme. Ils ne sont peut-être pas aussi imparables que nous le pensions – ceci est bien illustré par la censure pratiquée en Chine –, mais la mondialisation, l'internet et les communications mondiales restent une grande force motrice pour améliorer la situation. Cela fait aussi partie de la mondialisation.
Jan Tadeusz Masiel (UEN). - (PL) Madame la PrésidentePrésidente, chers collègues du Conseil et de la Commission, tout comme, dans la vie d’un homme, l’adolescence suit l’enfance, la mondialisation semble être une étape naturelle du développement de l’humanité et le prochain défi qu’elle aura à relever.
Dans ce débat difficile sur ce problème méconnu et mouvant, j’aimerais dire que, paradoxalement, tous les intervenants précédents, qu’ils soient à la gauche ou à la droite de cette Chambre, ont dans une grande mesure raison.
Le plus important, c’est que la formulation de directives et de réglementations appropriées, pour un juste partage des avantages de la mondialisation, répond à un besoin réel. Puisqu’il est clair, par sa définition même, que la mondialisation est un phénomène d’ordre général, il ne suffit pas que l’Union européenne ait de telles institutions et de telles réglementations – le monde entier doit les accepter. M. Barroso a eu tout à fait raison de dire que l’Union européenne peut et doit proposer au monde entier un modèle de mondialisation juste et équilibré.
Georgios Toussas (GUE/NGL). – (EL) Madame la Présidente, le sujet du débat d’aujourd’hui est peu judicieux. La réussite à l’ère de la mondialisation ne protège ni les intérêts européens ni la prospérité des travailleurs dans les pays de l’UE, mais seulement les intérêts du capital. Dans le contexte de la mondialisation, le nouvel ordre créé par les intérêts économiques et les multinationales au niveau communautaire et international vise à multiplier les bénéfices du capital à travers l’exploitation massive des travailleurs.
Les déclarations de M. Sarkozy hier au sujet de la mondialisation confirment la confiance que l’UE place dans le gros capital. Elles soulignent l’intensité des conflits intra-impérialistes et l’intention d’utiliser l’UE comme un bélier contre d’autres grands centres impérialistes, en particulier contre les acquis et les revendications légitimes des travailleurs. Le dénominateur commun de tous ces efforts est une attaque de grande envergure à l’encontre des travailleurs. Des salaires plus bas, l’augmentation du nombre d’heures de travail, l’adaptation aux besoins du capital, l’augmentation de l’âge de la retraite, la flexisécurité et la restructuration des relations professionnelles sont au cœur de la stratégie de Lisbonne.
Nous considérons donc que la dure réalité dont des millions de travailleurs font l’expérience ne peut être envisagée sous l’angle de la mondialisation. D’autre part, les arguments avancés par le Conseil et la Commission au sujet de la sauvegarde de l’environnement n’ont convaincu personne.
Robert Sturdy (PPE-DE). - (EN) Madame la Présidente, il est très difficile pour le commissaire Verheugen d'écouter tout ce qui se dit dans l'hémicycle, mais, bien sûr, quelques points émouvants ont été soulevés et j'espère qu'il en tiendra compte.
J'ai écouté ce que le président Barroso avait à dire. Selon moi, il a soulevé un point que je soutiens totalement, à savoir que la mondialisation est un avantage pour l'Union européenne. M. Toussas a parlé longuement de la classe ouvrière, mais sans la mondialisation, en l'absence d'une industrie et d'entreprises dans l'Union européenne, aucun emploi ne pourra être proposé aux citoyens. En fait, ce qui m'inquiète le plus reste ce que M. Sarkozy a déclaré hier. Allons-nous retrouver une France d'antan, une France protectionniste, ou allons-nous trouver une France de nouvelle génération? Je me rappelle lorsque les Chinois sont venus aux Etats-Unis pour signer la déclaration d'adhésion à l'OMC. Le président Clinton avait réussi à les empêcher de signer pendant dix ans. Lorsque le président Bush y a apposé sa signature, ses conseillers se sont retournés pour dire: «Mon Dieu, la Chine a signé! Qu'avons-nous fait?» En fait, ils nous ont apporté de nouvelles opportunités remarquables.
Il faut considérer la Chine et l'Inde comme une opportunité. Il ne faut par relever le pont-levis, défendre ses remparts, fermer les portes, car l'Europe a une chance énorme à saisir et il ne faut pas la manquer. M. Caspary s'est exprimé très justement sur l'emploi dans sa circonscription. Je sais qu'il est très difficile de maintenir l'emploi, mais si nous ne nous donnons pas la chance de faire partie du marché mondial, nous n'irons nulle part. Je suis sûr que l'occasion est de taille si nous pouvons la saisir. Nous devons nous pencher sur des éléments tels que les accords de libre-échange. Aujourd'hui, le Maroc a signé un accord de libre-échange avec les États-Unis. Nous devons y prêter attention.
Enfin, je demande à la Commission de permettre aux entreprises et à l'industrie de faire ce qu'elles ont à faire. Soyez très prudents avec la législation que vous mettez en place et qui nuit aux opportunités européennes.
Pervenche Berès (PSE). - (FR) Madame la Présidente, Monsieur le Président de la Commission, Monsieur le Président du Conseil, le Président Barroso, tout à l'heure, nous a indiqué que l'Union européenne était sans doute le meilleur espace pour inventer une régulation à l'échelle mondiale. Il a raison. Mais pour cela, nous devons aussi faire notre travail à la maison. Dans les outils dont nous disposons à l'intérieur de l'Union européenne pour faire face à ces défis, il y en a qui s'appellent les lignes directrices, dans le domaine de la politique économique et dans le domaine de l'emploi. Je crains qu'aujourd'hui, la Commission essaie de noyer sous la globalisation ces lignes directrices, dont nous avons besoin. Elles sont utiles et nous devons les réviser.
Nous devons d'abord le faire parce qu'au Conseil européen de mars dernier, les chefs d'État et de gouvernement se sont dotés de la meilleure stratégie possible pour l'Union européenne pour faire face à la globalisation, répondre aux défis de l'énergie et du changement climatique. Si, pour satisfaire cette stratégie, nous n'utilisons pas, au sein de l'Union européenne, l'ensemble des moyens qui sont à notre disposition, y compris les lignes directrices, et peut-être d'abord les lignes directrices, nous n'irons nulle part et nous fabriquerons de la désillusion vis-à-vis de la capacité de l'Union européenne à faire face aux enjeux de la globalisation.
Nous devons aussi le faire parce que le commissaire Almunia lui-même reconnaît que la question des taux de change, la question du prix du pétrole, la question de l'impact réel sur l'économie de l'Union européenne de la crise des subprime aura un effet qui l'a conduit à réviser les perspectives de croissance dans l'Union européenne. On passe de 2,9 à 2,4 % pour l'Union européenne, de 2,6 à 2,2 % pour la zone euro.
Nous devons le faire aussi parce que nous devons répondre aux aspirations des peuples et, contrairement à ce que pense M. Nicolas Sarkozy, la question de l'Europe sociale est un vrai sujet et vous devez la traiter si vous ne voulez pas être désavoués demain par les citoyens européens.
Nous devons le faire enfin parce que le commissaire Almunia, pour la première fois, reconnaît qu'aujourd'hui, dans le contexte international où nous sommes, le moteur et le seul moteur de la croissance européenne sera d'abord la consommation intérieure.
Peut-on imaginer que, dans ce contexte où tout change, la seule chose qui ne changerait pas, ce serait les lignes directrices, peut-on concevoir que la seule chose dont l'Union dispose pour pouvoir vraiment orienter les politiques économiques et sociales des États membres ne changerait pas?
Monsieur le représentant de la Commission, Monsieur le Vice-président, dites au Président Barroso qu'il faut changer les lignes directrices, qu'il faut tenir compte du contexte nouveau pour que l'Union européenne se dote des outils, en interne, qui sont à sa disposition pour faire face le mieux possible aux enjeux de la globalisation.
Wolf Klinz (ALDE). - (DE) Madame la PrésidentePrésidente, mesdames et messieurs, ceux qui proclament leur engagement envers un monde plus loyal n’ont aucun scrupule à rejeter la responsabilité des difficultés que traverse leur économie sur la mondialisation. Ils réclament donc un marché moins libre, plus de réglementation et l’intervention accrue des gouvernements. Et pourtant, la mondialisation offre une véritable perspective gagnant/gagnant car elle permet aux économies émergentes et à celles qui décollent lentement de combler leur retard, et nous donne l’opportunité de développer de nouveaux marchés pour des produits, des équipements et des services haut de gamme de très bonne qualité.
Toutefois, pour profiter de ces occasions, nous devons faire notre travail, ce qui signifie redoubler d’efforts dans les domaines de l’instruction – en particulier des jeunes chômeurs – et de la formation continue, faire preuve de plus de créativité dans la façon dont nous influençons les chaînes et les processus à valeur ajoutée de notre économie et encourager encore plus la libre entreprise. Une mondialisation sans entraves conduit à plus de marchés ouverts et à plus de concurrence, ce qui profite à tous les consommateurs.
Résistons à la tentation de protéger notre économie. Cela risquerait de dégénérer rapidement dans du protectionnisme pur et simple. Nourrissons plutôt le pouvoir inhérent de notre économie à se renouveler d’elle-même. Investissons dans les technologies du futur, et le futur sera nôtre.
Ewa Tomaszewska (UEN). - (PL) Madame la Présidente, l’économie devrait profiter aux gens et pas le contraire. Les différences naturelles de rythme dans le mouvement des capitaux et de la main d’œuvre à l’ère de la mondialisation conduisent à une chute vertigineuse des normes en matière d’emploi. La fabrication s’oriente vers des salaires plus bas et des conditions de travail de plus en plus dangereuses. Par conséquent, les salariés perdent leur emploi dans les régions aux normes plus exigeantes en matière d’emploi et ils voient leur pouvoir d’achat baisser, ce qui réduit la demande de biens de consommation.
Si l’Union européenne souhaite prospérer à l’ère de la mondialisation, elle doit trouver des instruments efficaces pour combattre le dumping social et pour soutenir et protéger la dimension sociale de l’Europe.
Piia-Noora Kauppi (PPE-DE). - (EN) Madame la Présidente, je pense que la contribution de la Commission au débat sur la mondialisation s'avère très précieuse.
Pour moi, la mondialisation n'est pas une menace, mais une chance. L'Europe est bien placée pour relever le défi. L'élaboration d'infrastructures de haut niveau, de systèmes éducatifs, de technologies, de marchés de capitaux, et de marchés intérieurs animés est en cours.
On ne soulignera jamais assez que la force de l'Europe repose sur son marché intérieur, qui représente un tremplin pour nos entreprises en général. Des innovations commerciales sont apparues partout en Europe. Leur prolifération, qui génère du bien-être en Europe, ne doit pas crouler sous le poids de la bureaucratie. Je me tourne notamment vers le commissaire Verheugen à ce sujet. Réduire la bureaucratie en Europe est une question clé pour la mondialisation et la compétitivité en Europe. Nous devons nous pencher notamment sur les PME. C'est sur celles-ci que la Commission doit porter son attention. Un travail important a été accompli, mais, par exemple, les barrières tarifaires continuent d'entraver les entreprises en Europe.
Il ne peut exister d'entreprises fortes sans main-d'œuvre. Or, celle-ci menace de devenir une ressource rare en Europe très prochainement. La démographie de l'Europe a besoin de l'immigration. D'autres régions du monde ont une avance considérable sur nous, ce qui se traduit dans leur performance économique. C'est une question difficile qui demande un examen équilibré de tous les intérêts, notamment de ceux des employeurs. C'est une question européenne, bien sûr, car la compétitivité n'existe pas sans une main-d'œuvre mobile. Des plans tels que la «carte bleue» sont bien accueillis en ce sens.
Les capitaux sont un autre élément qui devrait circuler librement, mais continuellement. La stabilité financière est une condition sine qua non d'une Europe compétitive et économiquement sûre. Les marchés financiers sont généralement un des secteurs forts de l'Europe, une de nos nouvelles industries florissantes. L'innovation est essentielle, grâce à une réglementation dirigée par le marché - qui n'est pas synonyme de «laissez-faire» – pour faciliter le fonctionnement du secteur.
Par rapport au monde extérieur, l'Europe doit se présenter comme un acteur fort sur la scène mondiale. Il nous faut l'unité parmi les États membres de l'Union européenne, et la Commission peut contribuer également à concrétiser cette unité.
Jan Andersson (PSE). – (SV) Madame la Présidente, M. le Commissaire, M. le Président en exercice du Conseil, j’aimerais examiner les opportunités de la mondialisation plutôt que ses problèmes, mais cela dépend de la façon dont nous agissons en Europe. J’admets que nous devrions investir dans la recherche et le développement, que nous devrions faire plus d’investissements à long terme dans un bon environnement et que nous devrions investir dans les gens et la formation continue, mais ce que la Commission oublie – l’erreur dans le document de la Commission –, c’est que nous négligeons la dimension sociale.
Les récents développements en Europe signalent une bonne croissance et davantage d’emplois, mais aussi l’essor de l’exclusion, des fractures plus importantes et plus de précarité – des emplois, notamment en Allemagne, ne vous permettant pas de subvenir à vos besoins et vous obligeant à recevoir des allocations sociales afin de compléter votre salaire. Nous devons réunir la croissance et l’emploi à travers la dimension sociale qui réduit les écarts entre les gens et les régions en Europe. Nous en avons débattu lors du débat de Guimarães auquel j’ai participé durant la réunion des ministres du travail et des affaires sociales.
La présidence portugaise essaie de mettre en avant la question des lignes directrices et de les modifier afin de rendre le lien social plus évident et beaucoup plus intégré.
Toutefois, la Commission ne veut pas le faire. La Commission ne veut pas modifier les lignes directrices. Il faut modifier les lignes directrices. Dans notre résolution, nous sommes tombés d’accord sur le fait que nous voulions avoir de nouvelles lignes directrices intégrant la dimension sociale et, bien sûr, prenant en compte les questions de sécurité dans le changement et la «flexisécurité». La Commission devrait en prendre note afin d’établir un lien plus étroit entre les questions en matière de croissance et de dimension sociale.
Nous devons aussi consolider la stratégie de Lisbonne, ce qui n’est pas le cas actuellement au niveau local, régional ou national. De nombreuses personnes ne connaissent pas la stratégie de Lisbonne. Nous devons l’intégrer et faire en sorte que les partenaires sociaux et la société civile œuvrent afin que ces problèmes – la dimension sociale, la croissance et l’emploi – soient reconnus comme importants et assimilés.
Samuli Pohjamo (ALDE). - (FI) Madame la Présidente, j’aimerais apporter un point de vue nordique à ce débat. Il y a environ deux ans, je travaillais dans une organisation de développement régional près du cercle polaire arctique et de la frontière russe. Pour cette région lointaine, la mondialisation était à la fois une menace et une opportunité. Nous avons commencé le travail de développement, confiants dans notre propre force étant donné que nous tirions profit de la mondialisation. Les entreprises, le secteur public, le système éducatif et les universités rassemblèrent leurs ressources pour construire un environnement innovant et productif. Notre base de compétences fut renforcée par un réseau de compétences mondiales dans l’esprit de la stratégie de Lisbonne. Dans le même temps, des projets d’énergie renouvelable furent lancés. Les résultats sont encourageants. La croissance rapide du tourisme international dans la région constitue un exemple particulier. Je crois que cette région peut servir de modèle partout ailleurs en Europe, et que l’UE devrait faciliter ce genre de travail.
Corien Wortmann-Kool (PPE-DE). - (NL) Madame la Présidente, l’Europe doit sa taille au marché unique, à la libéralisation du marché unique et à celle du marché mondial, la mondialisation. Cela nous a non seulement apporté la prospérité, mais aussi une démocratie stable. Nous devons donc nous méfier – et je parle essentiellement des aspects commerciaux ici – d’une stratégie trop défensive, et surtout d’instruments commerciaux de type protectionniste.
Madame la Présidente, une attitude d’ouverture à l’égard du monde est plus utile à la compétitivité européenne, je pense donc qu’il est important de donner la priorité à l’ouverture des marchés économiques dans les pays qui ne font pas partie de l’UE, en particulier les pays industriels émergents comme l’Inde, le Brésil et la Chine, car l’énorme potentiel de croissance de ces marchés représente une opportunité pour les entreprises européennes et pour l’économie européenne. Ces pays industriels émergents devront en retour ouvrir leurs marchés à nos entreprises, en matière de services aussi. J’invite la Commission, dans ses négociations, dans l’intérêt de la réciprocité, à faire pression sur ces pays en particulier.
Nous avons visité Singapour dans le cadre d’une délégation de la Commission du commerce international et nous avons constaté, Mme la Présidente, que les entreprises américaines disposaient d’un accès aux marchés beaucoup plus large que les entreprises européennes et que nous ne pouvions obtenir la même chose. Nous devons donc faire preuve d’initiative. Nous sommes après tout la plus grande économie du monde. Si nous agissons tous de concert, nous devrions être en mesure d’utiliser notre pouvoir pour ouvrir ces marchés. Il faudrait aussi, Mme la Présidente, abolir les prélèvements à l’importation et les barrières non tarifaires. Et dans notre stratégie d’accès au marché, il est aussi important de donner la priorité à ces marchés émergents.
Katerina Batzeli (PSE). – (EL) Madame la Présidente, M. le Commissaire, M. le Président en exercice, on a demandé à l’Europe de montrer à ses citoyens un côté différent de la mondialisation. Ce n’est pas le côté de la libre concurrence, mais celui de la solidarité sociale, de la redistribution, de la diversification et des valeurs culturelles.
Dans ce dialogue interne, et dans toute ouverture de l’UE au reste du monde à travers des politiques sociales, économiques et environnementales et des politiques concernant la sécurité, le développement durable et l’immigration, la Commission européenne doit promouvoir et renforcer la philosophie culturelle de l’UE. La Commission doit promouvoir directement dans son travail législatif annuel, dans la stratégie de Lisbonne et dans le processus de renforcement du traité modificatif, les domaines suivants dans le secteur culturel:
Premièrement, la Commission doit renforcer les industries culturelles basées sur des services de qualité, innovants, tout en garantissant de nouvelles et d’importantes possibilités productives pour l’économie européenne. Ce secteur est d’une importance considérable pour le dialogue interculturel.
Deuxièmement, le «triangle de la connaissance», à savoir la recherche, l’éducation et l’innovation, doit être renforcé. Cela n’a malheureusement pas encore été suivi de mesures législatives concrètes, bien que cela devrait être l’un des objectifs de l’UE.
L’innovation dans le domaine de la culture ne devrait pas être un luxe dont ne profitent que quelques multinationales, mais une politique horizontale pour les PME.
Mme la Présidente, la Commission européenne et le Conseil doivent clairement déterminer la position envisagée pour relever les défis de la mondialisation. Ils doivent le faire à travers un dialogue ouvert, tout d’abord avec les parlements nationaux. On peut dire que la mondialisation fait partie de l’histoire européenne seulement si la philosophie culturelle européenne l’imprègne.
Sharon Bowles (ALDE). - (EN) Madame la Présidente, la mondialisation est accusée de tous les maux, de l'explosion démographique au changement climatique, en passant par l'exploitation. Mais il ne s'agit que des produits de l'humanité; comme la concurrence. Darwin appelait cela la sélection naturelle.
Les citoyens européens sont craintifs. Nous devons les éduquer, c'est vrai, mais pas en déclarant qu'il nous faut une politique au niveau européen pour relever les défis dans une économie mondialisée. Cela m'effraie de laisser penser que nous ne disposons d'aucune politique.
L'UE jouit d'un pouvoir unique au niveau supranational pour façonner les choses et en contester les excès. En juillet, le Financial Times écrivait: «Bruxelles est la capitale réglementaire du monde et on ne peut l'ignorer de Washington à Tokyo». Donc, si nous l'avons, servons-nous en, mais judicieusement. Quel est l'objectif de l'agenda de compétitivité si ce n'est de maintenir notre position sur la scène mondiale? Quel est l'objectif du marché unique si nous ne parvenons pas à le finaliser comme il convient? Gardez vos timides excuses. L'UE est tout à fait capable de relever le défi. Nous n'avons qu'à nous accrocher avant que la sélection naturelle nous rattrape.
Cristobal Montoro Romero (PPE-DE). - (ES) Madame la Présidente, messieurs les représentants du Conseil et de la Commission, la mondialisation est une bonne chose pour l’Europe. L’Europe doit encourager la mondialisation.
Nous sommes les témoins d’un processus encore lent mais irréversible de dissolution des frontières dans le monde, un processus qui est parvenu à sortir plus de 400 millions de gens de la pauvreté en moins de vingt ans. Pour la première fois en 2007, la Chine sera le pays, la région du monde, qui contribuera le plus à la croissance de l’économie mondiale. La Chine, pas l’Union européenne, mesdames et messieurs!
Cela signifie en gros que la mondialisation est un défi, mais aussi une grande opportunité. C’est un défi dans le sens où l’ouverture est synonyme de plus de croissance, de bien-être et d’emplois, et c’est ce que nous devons expliquer aux citoyens européens. Ce qui me préoccupe aussi, c’est d’entendre le mot «protéger» dans cette Chambre.
Le protectionnisme, c’est le refus de la mondialisation et de l’Union européenne. Protéger les citoyens n’est pas nécessaire lorsqu’ils sont les protagonistes de leur propre croissance économique et de leur propre bien-être. Nous devons rendre cette capacité aux gens et l’Union européenne doit donc aussi faire son autocritique.
C’est que dans l’Union européenne nous ne faisons pas le nécessaire lorsque notre croissance n’est pas bonne, lorsque nous avons aussi notre part de responsabilité dans la crise des marchés financiers mondiaux et, en bref, lorsque nous ne faisons pas tout notre possible chez nous, devant notre porte, pour encourager la croissance économique des petites et moyennes entreprises et créer plus d’emplois, parce que nous avons besoin de beaucoup plus d’emplois que ne pourra en fournir l’ouverture de l’économie.
L’ordre du jour de Lisbonne est un véritable indicateur: réaliser le marché unique, remettre de l’ordre dans les finances publiques, réformer et moderniser notre marché du travail, faire des réformes environnementales, s’engager dans le domaine des énergies renouvelables et, en bref, ouvrir l’Europe signifie réellement plus de cohésion sociale en Europe.
Enrique Barón Crespo (PSE). - (ES) Madame la Présidente, M. le Président du Conseil, M. le Vice-Président de la Commission, mesdames et messieurs, je pense qu’il vaut mieux que le débat sur la mondialisation ait lieu au cours de la présidence portugaise car le Portugal est un pays dont le drapeau est sur la carte, parce que les Portugais étaient aux avant-postes lorsque l’Europe s’est lancée dans la mondialisation, et parce que la mondialisation n’est pas un fléau qui pèse sur nos têtes. Les Européens ont entamé le processus de la mondialisation dès la Renaissance, alors que nous étions moins développés que les Chinois et les Indiens, et c’est ainsi qu’on nous considérait dans le reste du monde.
Maintenant, avec le traité de Lisbonne, nous serons aussi les pionniers de ce que j’appellerais la «mondialisation post-impériale». Nous n’allons pas conquérir de nouveaux continents. Ce que nous faisons, c’est donner une réponse où sont volontairement rassemblées les valeurs partagées par les États et les individus. Nous pouvons être un exemple du type de mondialisation dont nous avons le plus besoin, à savoir une mondialisation sociale et politique.
Nous avons évoqué une mondialisation effrénée, impétueuse bien qu’il y ait, par exemple, un Européen à la tête du Fonds monétaire international. Nous sommes le principal bloc de l’OMC et nous avons une responsabilité particulière. Que nous manque-t-il? Ce qu’il nous manque, c’est précisément d’être en mesure de trouver des réponses adaptées à l’échelle mondiale. Deux aspects très importants représentent notamment un défi et nous devons faire preuve de beaucoup d’initiative à ce sujet: non seulement en matière de développement technologique et de commerce, mais aussi en matière de défense universelle des droits de l’homme – les droits des travailleurs en particulier, pour lesquels a été créée l’Organisation internationale du travail –, et au niveau des négociations et des politiques nécessaires pour s’attaquer au changement climatique.
De toute façon, Mme la Présidente, et je finirai là-dessus, je crois que les Européens n’ont pas le droit d’avoir une vision pessimiste de la mondialisation. Nous l’avons voulue et nous devons à présent apporter des réponses innovantes.
Jerzy Buzek (PPE-DE). - (PL) Madame la Présidente, M. le Président, il est évident que nous ne pourrons pas résoudre tous les problèmes de la mondialisation avec une déclaration et une mesure pour promouvoir la stratégie de Lisbonne. Toutefois, la déclaration du Conseil et de la Commission est intéressante car elle attire l’attention sur le fait que la mondialisation n’est pas un fléau et qu’on ne doit pas la considérer comme une menace. En fait, elle pourrait être quelque chose de positif pour les citoyens européens, et ce sont les citoyens et leurs activités qui devraient guider les actions de l’UE.
Je suis en faveur de quatre domaines d’activité. Tout d’abord, le triangle de la connaissance, en particulier l’innovation, et je comprends qu’il est essentiel d’agir rapidement pour au moins lancer l’Institut européen d’innovation et de technologie.
Deuxièmement, l’environnement des entreprises. Cela signifie un marché intérieur libre et totalement ouvert, sans monopole, avec une concurrence ouverte, moins de réglementation et moins de bureaucratie, ce pour quoi se bat courageusement le vice-président de la Commission, Günter Verheugen.
Troisièmement, les ressources humaines, qui supposent d’affronter le problème de la migration et surtout de remédier à la fuite des cerveaux, ce qui signifie une meilleure éducation, des instruments attrayants et une dimension sociale pour l’UE basée sur les réalisations économiques.
Quatrièmement et enfin, l’énergie et le changement climatique, ce qui signifie une politique énergétique commune ce dont, je pense, nous sommes tous conscients, et la réduction des émissions. Toutefois, la réduction des gaz à effet de serre dans l’Union européenne ne pourra pas à elle seule sauver le climat du monde. Nous avons donc besoin d’une UE politiquement forte car seule une UE forte peut influencer les États-Unis, la Chine et l’Inde dans le sens des directives sur la protection du climat.
En ce qui concerne la réduction des émissions dans l’UE – oui, je suis pour, mais je suis aussi pour une UE politiquement forte. Et cela signifie la ratification définitive du traité européen aussi vite que possible.
Gary Titley (PSE). - (EN) Madame la Présidente, espérons sincèrement que le traité de Lisbonne tournera une page de l'histoire de l'Union européenne, celle de la croissance de l'UE, de la consolidation, et de la paix et de la stabilité sur le continent, du démantèlement des barrières commerciales et économiques entre les États membres, et du développement institutionnel nécessaire pour concrétiser tout cela. Mais nous devons aujourd'hui commencer un nouveau chapitre, nous tourner vers l’extérieur et relever les défis de la mondialisation.
Il nous faut une Europe globale qui propose un tout nouvel agenda concernant la mondialisation, reposant sur les principes d'ouverture, d'impartialité et l'importance de la collaboration entre les États membres. Nous connaissons les défis – ils ont été examinés en profondeur au cours du débat. Selon moi, le changement climatique et la migration sont les deux plus importants, mais nous devons maintenir le niveau élevé de la croissance et de l'emploi. Il nous faut un agenda social moderne et efficace. Nous devons gérer le terrorisme et la criminalité tout en soutenant la sécurité au-delà de nos frontières et en nous attaquant à la pauvreté. Et comme Mme Bowles l'a indiqué, nous disposons bien de politiques en la matière. Mais soyons honnêtes: les progrès ont été lents, inégaux et ne se sont pas toujours avérés très efficaces.
Si nous comptons réellement nous attaquer à la mondialisation, nous devons opérer un revirement radical et fondamental, non seulement dans nos politiques, mais aussi dans toute la mentalité de l'Union européenne. Aujourd'hui, il ne nous reste plus qu'à nous concentrer sur l'action et la concrétisation. Nous devons garantir que les États membres tiennent leurs promesses, car nous disposons d'un cadre européen. Ce qu'il nous manque, ce sont 27 États membres qui font tous ce qu’ils ont promis, et nous devons désormais veiller à concrétiser nos promesses et à utiliser l'entièreté du potentiel de l'UE.
Alexander Radwan (PPE-DE). - (DE) Madame la Présidente, essayons de résumer la mondialisation en deux minutes – bon, allons-y! Ma première requête, c’est que nous soyons un peu plus honnêtes lorsque nous abordons le sujet de la mondialisation. La moitié du PIB de la Bavière, ma région natale, provient des exportations. De nombreuses personnes critiquent la mondialisation, mais si nous leur demandions si elles sont d’accord pour que les entreprises locales ne soient pas autorisées à participer au marché mondial, elles répondraient «non».
De même, si nous nous adressions au public et demandions si quelqu’un est prêt à ne plus acheter des biens à un prix concurrentiel – qu’il s’agisse d’appareils électriques, de vêtements ou d’autres produits –, il n’y aurait aucun volontaire. Tout le monde sait que les importations depuis les pays à bas coûts sont la raison, ces dernières années, d’un taux d’inflation faible. C’est bien d’en avoir conscience, même si nous parlons régulièrement de la mondialisation comme d’une menace.
L’Europe doit influencer la mondialisation, car elle profite à notre industrie aussi bien qu’à nos consommateurs. C’est le but, par exemple, de la réduction de la bureaucratie, qui est un objectif important aussi bien pour le commissaire Verheugen que pour l’Europe. Je ne veux pas insinuer que c’est une tâche qui n’incombe qu’à la Commission; je fais également allusion au Parlement et au Conseil. Nous parlons de la mondialisation à présent, mais par la suite nous adopterons la directive sur la protection des sols et accumulerons la paperasse. En bref, nos actions doivent être très cohérentes en Europe, et c’est à nous de déterminer l’Europe.
Lorsque nous considérons la crise immobilière des subprimes aux États-Unis, nous devons réaliser que les marchés financiers internationaux s’enchevêtrent et que les Européens doivent contribuer à faire avancer les choses. Comment nous comportons-nous vis-à-vis des organismes d’évaluation financière et des fonds spéculatifs? Malheureusement, le commissaire McCreevy, qui est chargé de ces questions, n’a pas encore pris la tête du mouvement pour maîtriser, entre autres, les marchés américains, et l’Europe est ainsi à la traîne.
Néanmoins, je crois fermement que l’Europe est bien préparée à la mondialisation. Nous en tirons parti, ce que nous devons expliquer aux citoyens, et nous devons faire pression pour obtenir des normes minimales, même si ce ne sont pas des normes européennes. Nous serons alors prêts à remporter le jeu de la mondialisation. Ce n’est ni Bruxelles ni Strasbourg qui déterminent si la mondialisation aura lieu ou pas.
Magda Kósáné Kovács (PSE). - (HU) Merci, madame la Présidente. Je prends la parole en tant que représentante d’une région qui n’a pas pu choisir son destin après la guerre. Il y avait des fils de fer barbelés entre notre pays et d’autres endroits plus chanceux d’Europe, mais même cela n’a pas pu interrompre les effets inattendus de la mondialisation.
En 2000, nous avons commencé à nous familiariser avec les notions de concurrence et de solidarité de la stratégie du travail et des travailleurs et de la stratégie de Lisbonne. Depuis, l’équilibre a basculé plusieurs fois en faveur de la relance du capital et nous en sommes venus à craindre que la stratégie ne perde son visage humain.
La concurrence et l’emploi sont historiquement et indéniablement des concepts inséparables, et nous commençons à réaliser qu’un emploi qui a un sens n’est qu’une partie d’une vie qui a un sens. Une vie qui a un sens comprend aussi des gages de sécurité, une contribution à la santé et au développement, une absence de discriminations et des conditions de vie acceptables.
Mais l’Europe ne devrait pas seulement se considérer comme le défenseur des valeurs, mais aussi donner leur forme aux rêves de générations entières, en créant une opportunité pour les citoyens européens et pour ceux qui arrivent des pays tiers et qui veulent faire avancer les choses. C’est précisément pour cette raison que la solidarité ne devrait pas rester simplement un slogan. Elle devrait être une chance pour les gens qui sont capables de faire avancer les choses, ou leur permettre de le faire.
Mesdames et messieurs, le marché de l’emploi et le capital, qui exige un retour terriblement efficace, et les nouvelles ressources humaines réclamant un investissement à un prix plus élevé que le capital, dont les mouvements n’ont jamais été aussi faciles, peuvent se procurer la main d’œuvre. L’Europe des valeurs ne peut accepter que ceux qui commencent leur carrière, que les plus âgés, que ceux qui sont isolés par la pauvreté, que ceux qui sont forcés à apprendre de nouvelles compétences et que les gitans qui portent le poids de toutes sortes d’inconvénients n’aient pas de travail. Afin que le poids des inconvénients ne pèse pas lourdement sur les épaules des générations futures, les fonds communautaires, dépensés pour nous, doivent non seulement leur permettent de rester dans le cadre d’une vie qui a un sens, mais aussi continuer à augmenter les perspectives de la compétitivité européenne. Merci, Mme la présidente.
Georgios Papastamkos (PPE-DE). – (EL) Madame la Présidente, la conclusion que l’on tire naturellement du débat est que projeter le modèle européen sur l’«écran géant» de la mondialisation occasionne des risques comme des opportunités.
En tant que règle, la mondialisation est perçue par les citoyens européens comme un phénomène externe: l’Europe n’est pas intervenue clairement au niveau politique ou réglementaire. C’est donc au plan d’action européen de montrer qu’un intérêt visible et mesurable est en effet défendu, tandis que la compréhension mondiale est promue.
En ce qui concerne l’ordre du jour du commerce extérieur de l’Europe, mon point de vue est que la priorité devrait être donnée, entre autres, à la concurrence et à la réciprocité de l’accès aux marchés, comme le président français, M. Sarkozy, a souligné avec emphase hier dans cette Chambre.
Le strict cadre réglementaire européen de protection de l’environnement et de la santé publique des consommateurs et des travailleurs est un signe important de la maturité institutionnelle et politique de l’Union. Toutefois, s’il ne devient pas un handicap concurrentiel prolongé pour l’Union, il devra rencontrer une réponse équivalente de la part des autres principaux acteurs internationaux.
Les compromis entre les aspects intérieurs et extérieurs de la stratégie de Lisbonne contribueront à promouvoir le modèle européen dans l’arène mondiale de la gouvernance, en contradiction pourtant avec une rigueur réglementaire et une exhaustivité légalement contraignante moindres au sein de l’OMC et d’autres organisations internationales. L’Union est invitée à jouer un rôle moteur et constructif à un niveau accru de coopération internationale. Elle est invitée à donner la priorité aux obligations contraignantes et à l’adoption de normes internationales dans l’intérêt d’une plus grande convergence réglementaire.
Stephen Hughes (PSE). - (EN) Madame la Présidente, ce débat a été très vaste et pour conclure, j'aimerais remettre l'accent sur la politique sociale en tant que facteur productif.
Le lancement du paquet d'orientations intégré était censé amener à une concrétisation équilibrée des volets économiques, sociaux et de durabilité du processus de Lisbonne, mais en pratique, concernant les orientations en matière d'emploi, il ne s'agit pas d'intégration, mais de subordination. Les orientations en matière d'emploi sont devenues pratiquement invisibles, occultant la très importante différence de performances entre les États membres eu égard à l'éventail d'indicateurs et d'objectifs qu'ils sont censés respecter au titre de leur stratégie d’'emploi en matière de chômage chez les jeunes, d'intégration des travailleurs plus âgés – toute une série de facteurs. Dans certains États membres, l'investissement dans l'apprentissage tout au long de la vie et dans les mesures actives en faveur de l’emploi a effectivement diminué au cours des cinq dernières années – diminué, pas augmenté. C'est une catastrophe pour le processus de Lisbonne en général.
La stratégie pour l'emploi a donc besoin de davantage de visibilité dans le prochain cycle de Lisbonne. Un autre point – la résolution commune dont nous débattons aujourd'hui en divers endroits souligne la nécessité de produire un travail convenable et de se concentrer sur l'amélioration de la qualité du travail. Le fait que la Commission porte son attention sur l'idée de la sécurité dans l'emploi plutôt que sur la sécurité de l'emploi, décrite dans le Livre vert sur le droit du travail et la communication sur la flexicurité, n'aide pas à aller dans ce sens. Dans notre travail sur la flexicurité en commission de l'emploi et des affaires sociales, nous précisons que la sécurité de l'emploi et la sécurité dans l'emploi sont importantes toutes les deux.
Ce dont a besoin une entreprise flexible et qui évolue rapidement – une entreprise qui change sa ligne de production tous les six mois, sa configuration TI tous les quatre mois –, c'est d'une main-d'œuvre flexible, qualifiée, loyale et dévouée, pas d'un marché du travail occasionnel et fragmenté. Nous ferons de notre mieux pour contribuer à l'élaboration d'un ensemble de principes sur la flexicurité, mais ceux-ci doivent conduire à une modification des orientations. Le président Barroso a déclaré précédemment: «Pas besoin de réparer ce qui n’est pas cassé». Eh bien, c'est cassé et il faut le réparer.
Philip Bushill-Matthews (PPE-DE). - (EN) Madame la Présidente, je félicite la Commission pour cet excellent document et j'aimerais souligner les quatre points suivants.
Le premier concerne l'économie de la connaissance. Selon moi, la manière dont elle a été décrite dans le document, à savoir que la libre circulation des idées et des chercheurs représente peut-être une cinquième liberté de l'UE, est une belle façon de voir les choses, et j'aimerais que ce point soit développé.
Pour réagir à ce qu'a déclaré M. Hughes, je pense que ce point reflète réellement la situation dans laquelle nous nous trouvons, à débattre en commission de l'emploi et des affaires sociales, à savoir que nous voulons nous écarter de l'idée d'une simple protection de l'emploi pour nous rapprocher d'une protection dans l'emploi, en encourageant l'employabilité et en renforçant les compétences; en ce sens, le succès de l'Europe à l'ère de la mondialisation peut signifier un succès pour les individus – les personnes – et l'Europe doit s'orienter bien davantage dans cette direction.
Le deuxième point concerne les PME. On observe un large éventail de nouvelles propositions pour la fin 2008. Je m'en réjouis, mais, car il y a un «mais», ne déplaçons pas notre attention vers de nouvelles propositions d'accord pour demain avant de nous être penchés, aujourd'hui, sur la concrétisation des engagements existants en matière d’action. J'aimerais attirer l'attention, notamment celle de M. Verheugen, sur les 25 % de réduction concernant la simplification de la législation communautaire existante. Apportons des résultats concrets en l'espèce au plus vite car cela profitera principalement aux PME. Dans ce cadre, je serais partisan d'une révision générale de la directive sur le temps de travail, qui nécessite une réflexion plus latérale de notre part à tous – je dis bien tout le monde, y compris les députés européens.
Troisièmement, le marché unique: ajouter une dimension externe est une très bonne idée, mais occupons-nous d'abord de la dimension interne, achevons notre propre marché unique avant d'afficher de grandes ambitions à l'extérieur. Je dirais à M. Schulz, comme à M. Hughes, que je conviens tout à fait que cela ne concerne pas seulement le progrès économique, mais aussi que cela fera avancer le progrès social.
Enfin, d'un point de vue plus personnel, le seul élément du document qui me pose question est la toute première ligne de la première page, qui indique «Communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social et au Comité des régions». J'admets que le Comité économique et social européen et le Comité des régions existent – même si je n'ai jamais su jamais exactement pourquoi –, mais veuillez ne pas les élever au même rang que les deux institutions de codécision.
Miroslav Mikolášik (PPE-DE). - (SK) Le phénomène de la mondialisation est de plus en plus perceptible. Dans une telle situation, l’Union européenne doit réagir rapidement et déterminer non seulement si la compétitivité européenne a été préservée, mais aussi si elle a augmenté, si la stratégie de Lisbonne, l’instrument supposé garantir ces effets, est capable d’apporter des solutions notamment dans les domaines de l’innovation, de l’énergie, de la migration, de l’éducation et de la démographie. Tout cela doit faciliter la croissance et la création d’emplois.
De nouveaux défis sont apparus en rapport avec l’environnement, comme les émissions de CO2, l’utilisation de pesticides, les inquiétudes au sujet des sources et des réserves d’eau pure, la protection du sol et l’agriculture. Enfin et surtout, il y a aussi des défis concernant la santé et les épidémies, aussi bien que la lutte contre l’obésité, les maladies cardiovasculaires et l’augmentation de tous les cancers.
Mesdames et messieurs, la mondialisation ouvre de nouveaux défis dans les domaines de la sécurité et de la migration, et les risques liés à la criminalité et au terrorisme augmentent. Très bientôt, nous serons les témoins de la chute des restes du rideau de fer et de l’Europe divisée lorsque neuf nouveaux États rejoindront l’espace Schengen. Nous devons faire notre possible pour protéger cet espace commun afin d’éviter l’arrivée de clandestins qui aggravent la situation de la sécurité dans les États membres. D’un autre côté, je préconise une approche responsable dans le domaine des permis de travail pour les immigrés en règle: nous devons vraiment réfléchir à ce sujet et nous devons choisir des employés qualifiés pour les secteurs qui en ont le plus besoin.
Je crois aussi que les plus vieux États membres de l’Union européenne – et j’aimerais que la Commission en prenne note – suppriment les restrictions absurdes concernant l’emploi des citoyens des nouveaux États membres. Dans la situation actuelle, c’est un anachronisme incompréhensible.
Tokia Saïfi (PPE-DE). – (FR) Madame la Présidente, l'Union européenne ne doit pas être victime de la mondialisation et laisser à ses concitoyens l'impression d'être entraînés dans un mouvement qui les dépasse. Ainsi, la question n'est plus de savoir si la mondialisation est bonne ou mauvaise, elle est de savoir si nous sommes préparés à peser sur elle et à la réguler. Pour relever ce défi, l'Union européenne doit se fixer comme objectif ambitieux de concilier compétitivité et cohésion économique et sociale. Le renforcement des règles multilatérales y contribue.
Dans un système économique ouvert, le respect des règles de concurrence, l'instauration d'un marché loyal et équitable prenant en compte les normes environnementales et sociales sont les meilleures garanties pour que les droits des consommateurs et des citoyens soient respectés. Aussi, dans l'attente d'un système de règles reconnues au niveau international, il est primordial de conserver et de ne pas affaiblir les instruments de défense commerciale, seul moyen efficace de lutter contre le dumping. Car oui, il est possible pour l'Europe de savoir protéger sans être protectionniste. L'Europe doit également investir dans les secteurs qui détermineront son poids dans le monde de demain: la recherche, l'innovation comme le développement des technologies propres.
Enfin, pour accompagner ceux qui ont le plus de difficulté à bénéficier de la mondialisation, l'Europe doit renforcer ses dispositifs basés sur la solidarité, à l'exemple du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation et de la flexisécurité. Anticiper les adaptations, engager des réformes, tel est l'intérêt européen pour faire face à la concurrence mondiale. L'Union européenne a en elle toutes les capacités et toutes les ressources pour relever ce défi.
Eija-Riitta Korhola (PPE-DE). - (FI) Madame la Présidente, réussir la mondialisation est vital pour la prospérité européenne: c’est le producteur de son contenu matériel. Maintenant que le cycle triennal de la stratégie de Lisbonne révisée arrive à son terme, nous devons concentrer notre attention sur la dimension extérieure en particulier. Je souhaite notamment mettre l’accent sur trois éléments.
Tout d’abord, l’énergie, et sa fourniture en quantité suffisante, conforte ou affaiblit la position des sociétés dans l’environnement concurrentiel mondial. La situation en Europe ne semble pas des meilleures. Le déclin de l’autosuffisance énergétique est un défi sérieux pour l’UE. Nous importons aujourd’hui la moitié de notre énergie de l’extérieur de l’UE et notre dépendance aux importations devrait encore augmenter. Nous devons non seulement faire un effort important pour accroître l’autosuffisance énergétique, mais aussi avoir une politique étrangère solide sur l’énergie, une voix commune, des importations sûres et solidaires.
La seconde question fondamentale est le changement climatique, un phénomène mondial, qui a un impact mondial négatif sur l’environnement, l’économie et la société, et qui nécessite des solutions mondiales. Des actions unilatérales déforment la concurrence et provoquent la fuite du charbon. Les points suivants prennent un caractère proéminent lorsque la mondialisation est concernée: l’inévitabilité d’un schéma mondial d’échange des quotas d’émission, la participation obligatoire de tous les pays industrialisés et des économies émergentes à cette idée, et la levée des barrières à l’accès au marché des technologies propres.
Troisièmement, l’UE devrait toujours se souvenir de l’intelligence de Schuman, c’est-à-dire que dans l’histoire de notre réussite, l’économie devrait servir des objectifs communs, le bien de l’humanité, la paix et la stabilité. Notre tradition culturelle nous oblige à faire notre possible pour un monde plus humain qui respecte les droits de l’homme. Ce n’est qu’alors que la mondialisation servira l’intérêt de chacun. Ce n’est qu’alors que nous éviterons que le monde ne nous échappe.
Panayiotis Demetriou (PPE-DE). – (EL) Madame la Présidente, M. le Président en exercice du Conseil, M. le Commissaire, les citoyens européens semblent généralement accueillir le phénomène historique de la mondialisation avec scepticisme – la plupart d’entre eux, en effet, éprouvent de la peur et adoptent une attitude tout à fait négative. C’est à cause de la révolution en cours dans l’économie mondiale et le tissu social de l’Europe. Les préjudices, la peur et par-dessus tout l’inaction et l’observation passive des développements ne sont toutefois pas une façon d’affronter le nouvel ordre de la scène mondiale. On ne peut inverser la situation. La mondialisation est bien là, que ça nous plaise ou non. Le grand village planétaire est en marche, comme l’a dit le président Barroso.
L’UE a des intérêts européens à protéger. Elle doit donc participer de façon dynamique, collective, planifiée et méthodique au processus de la mondialisation, afin de développer ses propres règles de fonctionnement dans le nouveau système mondial. L’UE doit aller de l’avant. Elle doit viser le bien-être des citoyens européens, bien sûr, mais aussi celui des citoyens du monde. En tant que communauté de principes et de valeurs, l’UE doit donner la place d’honneur à son caractère centré sur l’humain et le promouvoir au niveau international. Elle doit transformer la concurrence économique en un esprit d’émulation sincère afin de promouvoir la liberté, la démocratie, le principe de légalité, la justice sociale, le respect des droits de l’homme, la protection environnementale et la coexistence pacifique des nations et des individus. C’est le rôle que l’UE peut et doit jouer dans le processus de la mondialisation.
Marianne Thyssen (PPE-DE). - (NL) Madame la Présidente, mesdames et messieurs, ce débat n’arrive pas trop tôt. La mondialisation est un fait. Chaque génération connaît ses propres défis, pour ainsi dire. Bien, le défi pour nous est de répondre du mieux que nous pouvons aux nouvelles circonstances qu’entraîne la mondialisation.
La meilleure réponse n’est bien sûr pas de résister à la mondialisation – comme certains le préconisent. Nous ne le pouvons pas et ne le voulons pas. Cela serait en tout cas particulièrement contreproductif pour nous en Europe puisque nous dépendons, plus que quiconque, du reste du monde pour les matières premières, l’énergie, les marchés où nous vendons ce que nous produisons et même, étant donné notre population âgée, pour la main d’œuvre.
La réponse est de poursuivre avec la mondialisation et de l’influencer davantage. Cela signifie qu’il faut conclure des accords et établir des règles au niveau international. L’Europe est rompue aux accords intra-communautaires. Utilisons donc cette expérience pour montrer l’exemple au niveau international.
Nous devrions le faire, madame la Présidente, avec suffisamment de confiance en nous et animés par les valeurs qui inspirent aussi nos actions au sein de l’UE, les valeurs que nous avons si bien exprimées dans le traité révisé et la charte des droits fondamentaux.
Mesdames et messieurs, l’assurance donnée hier que le programme législatif et de travail 2008 de la Commission est centré sur le désir d’influencer positivement la mondialisation est un bon signe, le signe que les choses deviennent sérieuses. Le fait que la mondialisation était aussi un sujet de discussion lors du sommet informel de Lisbonne indique que la stratégie de Lisbonne nécessite une nouvelle dimension extérieure.
En tant que coordinateur de groupe sur la stratégie de Lisbonne, je voudrais souligner le fait que cette stratégie nous a poussés à l’action. Petit à petit, par à-coups, nous avançons. Le premier cycle triennal qui a suivi l’évaluation à mi-parcours touche presque à sa fin et un nouvel ajustement est peut-être nécessaire. Je suggèrerais, Mme la Présidente, qu’à partir de maintenant, nous nous concentrions moins sur les ambitions, les pourcentages et les statistiques, et davantage sur les objectifs réels: l’innovation, un bon climat d’affaires, la compétitivité, la croissance et des emplois plus nombreux et de meilleure qualité.
En définitive, nous devons travailler en direction du but qu’heureusement nous partageons tous, à savoir l’accès à une qualité de vie décente pour autant de gens que possible.
Zuzana Roithová (PPE-DE). - (CS) On peut admirer la capacité qu’a eu l’Europe à affronter la modernité, mais lorsqu’on en vient à la mondialisation, nous hésitons sur la stratégie à adopter qui permettrait à l’Europe de jouer un rôle clé. La première étape dans cette recherche consiste à comprendre que la stratégie de Lisbonne n’a pas de dimension extérieure et que cela devra devenir une partie d’une stratégie sociale et économique plus complexe. Cette stratégie devrait identifier correctement le conflit entre l’économie européenne, très réglementée, et le commerce mondial libéralisé, et devrait nous donner un outil pour minimiser ce conflit, qui rend l’Europe bien moins compétitive.
Les deux raisons qui justifient la réglementation au sein d’un même espace économique sont la concurrence loyale et un niveau élevé de protection des consommateurs. Toutefois, ces deux éléments sont mis à mal par l’abondance de biens bon marché en provenance de pays tiers et de contrefaçons. Nous affrontons des tâches effrayantes, comme le contrôle du volume gigantesque de biens importés qui ne sont pas conformes aux normes de sécurité européennes.
La promotion de la convergence des mécanismes de réglementation – en d’autres termes la création de règles et de normes mondiales, non seulement techniques, mais aussi écologiques, sociales et de sécurité – doit être au cœur de notre stratégie complexe. Une façon d’encourager ce processus est d’insister constamment sur le respect des droits de l’homme dans les pays tiers. La liberté d’expression permettra aux citoyens de ces pays d’exiger de meilleures conditions de vie et de travail, et contribuera donc aux efforts de convergence de l’autre partie.
Notre nouvelle politique de l’énergie apporte une réponse satisfaisante au défi de la mondialisation et constitue un bon exemple. Toutefois, nous devons aussi revoir d’autres politiques qui deviendront par la suite partie intégrante d’une stratégie complexe et adaptée à la mondialisation. Nous devons supprimer certains vestiges comme la politique agricole, par exemple.
Si nous voulons continuer à être un acteur important de la scène internationale, nous ne devons pas seulement réagir, mais nous devons aussi coopérer activement pour établir des règles de convergence mondiales dans et à l’extérieur de l’UE. L’Europe doit un peu changer. Si elle ne le fait pas, nous pouvons nous attendre à connaître le même sort que la «grenouille bouillie»: l’eau va se mettre à chauffer très progressivement et lorsqu’elle sera en ébullition, il sera trop tard pour sortir de la casserole.
Hans-Peter Martin (NI). - (DE) Madame la Présidente, l’un des intervenants précédents, Alexander Radwan, a dit que l’Europe était bien préparée à la mondialisation, et pourtant la version moderne de la mondialisation est déjà vieille de dix-huit ans. Pendant ce temps, nous glissons tout droit du piège de la mondialisation – les propos autour de ce qui était, le revers de la prospérité de masse et les attaques contre la démocratie – vers celui de l’Europe, fruit du péché originel politique de n’être pas parvenu à un traité décent à Nice, où l’on a préféré un élargissement précipité à une union plus forte.
En conséquence, le cœur des problèmes réside dans la bureaucratie, le gaspillage de milliard d’euros et – oui – des erreurs dans le recrutement politique des élites européennes. Vous-même, M. le Commissaire Verheugen, en êtes un bon exemple. Les ignobles attaques personnelles dont vous avez fait l’objet ont commencé lorsque vous avez essayé de maîtriser les lourdeurs administratives. Il y a à présent un nouvel homme et on essaie déjà de lui enlever le tapis de sous les pieds. Nous verrons ce qu’il parvient à faire au niveau de la bureaucratie.
Ce n’est pas une façon d’avancer. Si nous ne pouvons soigner ses malades, l’Union restera politiquement paralysée et nous perdrons les défis de la mondialisation.
Manuel Lobo Antunes, président en exercice du Conseil. − (PT) Madame la Présidente, M. le Vice-Président de la Commission, mesdames et messieurs, le débat a été long et dense, et de tous ceux auxquels j’ai assisté au nom de la présidence, c’est ici qu’un plus grand nombre de participants et de députés a donné son opinion. C’est assurément un sujet d’actualité très important, mais il est également évident que c’est un sujet difficile et controversé qui a donné lieu à un large éventail d’opinions, d’analyses et de commentaires. La conclusion commune, je suppose, est que la mondialisation est là, qu’elle va se développer et se manifester sous de nouvelles formes.
Nous ne pouvons revenir en arrière, nous ne pouvons arrêter l’histoire. La mondialisation est le résultat de notre marche vers le futur. Ce que nous devons faire, ce que nous devons analyser et ce que nous devons décider concerne naturellement la façon d’en tirer le meilleur parti, tout en réduisant ou en supprimant tous les dangers connus qui y sont associés et en ayant toujours à l’esprit – un point très important pour moi – que la mondialisation doit être au service de l’humanité et des citoyens plutôt que le contraire. Ce n’est pas l’humanité, ni les citoyens qui doivent être au service de la mondialisation.
Nul doute que pour tirer le meilleur parti de ce que peut nous offrir la mondialisation, nous devons en Europe équiper nos entreprises, qu’il s’agisse de petites, moyennes ou grandes entreprises, des outils et des politiques leur permettant de relever les défis de la mondialisation économique. Nous devons élever le niveau des qualifications et former les citoyens européens et nous devons aussi réformer notre modèle social. Il ne s’agit pas de réduire ou d’affaiblir ce modèle, mais plutôt le contraire en fait. Nous devons le renforcer et l’adapter afin qu’il puisse affronter avec succès les défis et les menaces que soulève la mondialisation. Dans le secteur de l’environnement, on doit reconnaître que l’Union européenne s’est montrée capable de protéger l’environnement, et elle a prouvé sa capacité à indiquer le chemin de l’avenir comme aucune autre région dans le monde. Les négociations qui débuteront à Bali en décembre en témoigneront clairement.
Je dois enfin aussi évoquer la «dimension extérieure» de la stratégie de Lisbonne, si étroitement liée à la mondialisation. L’idée est d’inviter d’autres entités, qui choisissent cette voie et qui sont confrontées aux mêmes défis et aux mêmes difficultés, à partager avec nous les principes et les valeurs sociales, économiques et environnementales et, naturellement, d’insister sur le fait que la mondialisation ne sera une réussite pour chacun que si nous tombons d’accord sur un monde social, économique et environnemental vraiment ajusté et au service de tous. Cet aspect est fondamental. Ne soyons pas naïfs, mesdames et messieurs. Nous croyons qu’avec des politiques, des principes et des valeurs solides, nous pouvons, comme je l’ai dit, vraiment réaliser ce qui est un objectif fondamental pour nous: la mondialisation au service de l’humanité.
Günter Verheugen, vice-président de la Commission. − (DE) Madame la Présidente, mesdames et messieurs, la communication de la Commission sur l’intérêt européen qui a servi de base au débat d’aujourd’hui n’est rien de plus qu’une sorte d’avant-projet. Ce n’est pas le plan de Lisbonne pour les trois prochaines années. C’est un document qui vise à encourager la discussion au sein du Conseil européen et du Parlement européen, afin que la Commission puisse mettre les conclusions de cette discussion au nombre de ses propositions pour le prochain cycle de Lisbonne. Ces propositions ne seront pas formulées avant le mois de décembre. Elles n’ont pas encore été avancées et les honorables députés qui ont critiqué la Commission pour n’avoir présenté aucune proposition tangible ont donc été victimes d’un malentendu.
Le débat d’aujourd’hui ne parlait pas de ça. Le but de la Commission était de se renseigner sur les points sur lesquels vous, les représentants des électeurs européens, deviez attirer l’attention de la Commission pour la formulation du programme de Lisbonne. Je suis heureux de dire que je peux répondre favorablement à beaucoup de choses qui ont été dites ici.
Les lignes directrices resteront le principal instrument du nouveau paquet de Lisbonne. Comme l’a dit clairement le président Barroso, l’instrument a fonctionné et nous n’en changerons pas, mais il sera bien sûr formulé afin de nous permettre de prendre en compte les expériences des trois dernières années et d’attribuer plus de poids aux questions qui sont apparues au cours cette période.
Permettez-moi de citer quelques exemples. Nous devrons mettre davantage l’accent sur les rapports entre la compétitivité, l’énergie et l’environnement. Il y a eu plusieurs demandes en ce sens au cours du débat d’aujourd’hui. C’est tout à fait juste. Le moment est venu d’arrêter de considérer les politiques séparément. Une approche globale est nécessaire. Il faut accorder plus d’attention à la formulation de propositions fermes destinées à garantir que les règles de la concurrence mondiale, ce qui est certainement ce que nous voulons, soient les mêmes pour tout le monde. Nous devons accorder plus d’attention à la politique sociale afin qu’elle serve de base au changement structurel. Dans le débat d’aujourd’hui, les partis semblent être d’accord sur ce point qu’ils considèrent comme la véritable grosse question. Cette opinion est justifiée.
Permettez-moi de dire deux choses à ce sujet. Je crois qu’il est erroné de considérer les investissements dans la stabilité et la sécurité sociales comme une affaire de charité et rien de plus. Ces investissements concernent également le potentiel économique, car il ne fait aucun doute que le potentiel économique de l’Europe dépend d’une main d’œuvre efficace et motivée, et la raison pour laquelle nous possédons un tel atout, c’est que les salaires sont élevés, ainsi que les niveaux de sécurité sociale.
La croissance économique et la sécurité sociale sont conciliables. Comme l’ont dit plusieurs intervenants aujourd’hui, elles se nourrissent et se complètent. Je considère cela comme une préoccupation majeure. Je devrais aussi souligner que, ne serait-ce que parce que de plus en plus de régions et de secteurs souffrent d’un manque de main d’œuvre qualifiée, la question de l’employabilité doit être abordée avec bien plus de fermeté qu’auparavant. Je pense donc que nous sommes sur la même longueur d’ondes sur beaucoup de sujets.
La Commission, permettez-moi d’ajouter, pense que les turbulences que nous avons récemment connues sur les marchés financiers nécessitent une action internationale, multilatérale. On ne peut pas laisser les choses se poursuivre telles quelles parce que nous sommes en présence, comme on l’a dit, d’un défaut structurel inhérent au système financier international. Rien à voir avec l’erreur humaine de ces managers qu’on a mis sur la touche avec des indemnités de licenciement de 100 à 200 millions de dollars. Non, c’est le résultat d’un défaut structurel.
J’aimerais faire trois autres brefs commentaires sur le débat-programme qui a eu lieu ici aujourd’hui au sujet de la mondialisation. Tout d’abord, il est très difficile de parvenir à une politique européenne commune basée sur ce débat car il n’y a pas d’accord sur ce qu’est vraiment l’intérêt européen. Dans notre travail quotidien, en effet, nous sommes constamment confrontés à un kaléidoscope de définitions des intérêts européens. En fonction de la situation, les intérêts de l’Europe peuvent résider dans des prix plus bas dans les supermarchés d’un État membre ou dans un plus haut niveau d’emplois industriels dans un autre, et c’est un conflit d’objectifs qui n’est pas facile à résoudre. Les intérêts de l’Europe peuvent résider dans un haut niveau d’emplois dans l’industrie de l’acier à Liège, pour citer un exemple d’actualité, ou dans des normes environnementales élevées en matière d’échange européen de quotas d’émission. Nous sommes sans cesse confrontés à ce genre de conflit, et les 27 États membres ne peuvent suivre aucune ligne uniforme afin de définir l’intérêt européen commun.
Deuxièmement, nous ne pouvons penser que la mondialisation est une bonne chose tant que les pays pauvres du Sud sont dominés par les pays riches du Nord, que c’est une bonne chose tant que ces circonstances sont réunies, mais que c’est une mauvaise chose lorsque les pays du Sud deviennent compétitifs. Ce n’est pas une façon de se comporter. Il est également inacceptable de proposer des normes sociales et environnementales plus élevées dans les pays en développement alors que nous refusons de changer nos politiques.
Ce que j’entends dire aujourd’hui en Europe, c’est que la Chine et l’Inde doivent changer leurs normes sociales et environnementales. Bien sûr que ces pays devraient le faire, mais les Chinois et les Indiens prennent ça pour du protectionnisme de la part des Européens. Alors que nous avons accédé à la prospérité grâce à des normes sociales et environnementales basses, nous disons aux autres que nous voulons conserver ce que nous avons, mais qu’ils ne peuvent pas avoir la même chose.
Une telle politique, mesdames et messieurs, est vouée à l’échec, je vous assure. La seule approche viable pour nous est de démontrer à ces économies en voie de développement qu’il existe un autre chemin possible, qu’il est possible de transformer le défi social et environnemental en une opportunité économique. D’où le terme «politique industrielle environnementale».
Je crois que nous sommes largement d’accord sur ce point, et la Commission devra travailler durement avec cette idée en toile de fond pour présenter ses propositions pour le prochain cycle de Lisbonne. Elles seront examinées lors de la conférence de printemps du Conseil en mars, qui donne au Parlement européen une vaste opportunité d’exprimer son opinion sur les initiatives et les propositions spécifiques avant que la décision finale ne soit prise au mois de mars de l’année prochaine.
(Applaudissements)
La Présidente . – (EL) Merci pour le résumé, commissaire.
J’ai reçu sept propositions de résolution conformément à l’article 103, paragraphe 2 du règlement.
Le débat est clos.
Le vote aura lieu demain à 12 heures.
(Abrégé conformément à l’article 142 du règlement)
Edit Herczog (PSE), par écrit. – (HU) Monsieur le Président, M. le Président en exercice du Conseil, M. le Commissaire, mesdames et messieurs, les conséquences de la mondialisation, c’est que de plus en plus de pays deviennent démocratiques et se livrent au commerce mondial libre. En tant que tel, elle témoigne du succès d’un demi-siècle de politique pacifique et démocratique de l’Europe. D’un autre côté, le fait que certains pays tirent parfois avantage du commercial international par l’usage d’instruments illégaux est un signe que le passage à la constitutionnalité est progressif et qu’il n’est pas immédiatement parfait. C’est précisément pour cette raison que le but de l’Europe devrait continuer à être la promotion et le renforcement de la démocratie.
Notre succès dans la concurrence mondiale qui en résulte dépend de nous. En tant qu’auteur du rapport parlementaire sur la mondialisation, je sais que nous avons pris acte des défis. Il est temps désormais de passer à l’action.
Nous devons réfléchir sur le fait que la prospérité d’aujourd’hui devrait également profiter à nos petits-enfants, et de telle manière que les autres peuples du monde puissent se développer à l’identique. Auront-ils de l’énergie? Auront-ils un environnement vivable? C’est ce vers quoi tendent la politique énergétique de l’Europe et la construction d’une économie à faibles émissions de CO2.
Nous devons garantir que chacun en Europe, sans tenir compte de son origine ni de sa situation, et que chaque entreprise, sans tenir compte de sa taille ni de son siège social, puisse développer toutes ses compétences. C’est ce vers quoi tendent l’égalité des chances, la construction d’une société basée sur la connaissance, la politique d’innovation et la nouvelle politique européenne en faveur des PME.
Nous devons passer à l’ère numérique, en mettant en œuvre l’e-intégration pour tout le monde et dans tous les domaines.
En résumé, tous les instruments sont prêts. Il suffit de se lancer. Mettons-nous au travail!
Janusz Lewandowski (PPE-DE), par écrit. – (PL) La mondialisation est un processus que rien ne peut arrêter, mais le succès de l’Union européenne dans ce processus n’est pas conclu d’avance. La stratégie de Lisbonne, jusqu’à présent, n’est pas la recette pour réussir, c’est certain. En fait, c’est juste un document stratégique et déjà en 2005, à mi-chemin, il était clair que le principal objectif, la course contre les États-Unis en matière de compétitivité et d’innovation, n’avait pas encore été atteint.
Pendant ce temps, d’autres défis ont fait surface sous la forme de l’offensive économique de la Chine, de l’Inde, et d’autres pays asiatiques. Jusqu’à présent, la multitude d’objectifs raisonnables a dissimulé le fait qu’il n’y a aucun courage politique à entreprendre des réformes structurelles au niveau national, qui est le niveau auquel se décide la possibilité d’une Europe dynamique et innovante. En raison de ce manque de courage, l’Union européenne cherche des solutions de remplacement. Par exemple en plaçant ses espoirs dans un changement radical du budget communautaire, par l’augmentation des dépenses publiques pour la recherche et le développement. Cela ne suffit pas si cela ne va pas de pair avec la capacité à prendre des risques ensemble avec le soutien d’entreprises innovantes du secteur financier privé.
Une solution, sous la forme de l’Institut européen d’innovation et de technologie, illustre la tendance vers des solutions institutionnelles, alors que le Fonds d’ajustement à la mondialisation montre l’étendue des préoccupations européennes excessives. La bonne réponse au défi de la mondialisation est la totale libéralisation du marché et une réforme courageuse du modèle social européen.
Joseph Muscat (PSE), par écrit. – (EN) Pour réussir à l'ère de la mondialisation, l'Union européenne doit développer une politique en matière d'investissement étranger direct pour l'Europe.
Il nous faut une politique qui couvre les points suivants:
- l'investissement direct en provenance de l’étranger, c'est-à-dire l'investissement direct dans l'Union européenne provenant de tout autre endroit du monde;
- l'investissement direct à destination de l’étranger, c'est-à-dire l'investissement dans un quelconque endroit du monde provenant de l'Union européenne; et
- l'investissement étranger direct interne, c'est-à-dire l'investissement dans tout État membre de l'Union européenne provenant d'un autre État membre.
Il est vrai que nous disposons de quelques éléments d'une telle politique, tels que le septième programme-cadre, qui prévoit les conditions pour attirer les investissements dans la recherche et le développement.
Mais ce n'est qu'une partie de l’histoire, même si elle a son importance.
Les statistiques révèlent l'importance considérable de l'investissement étranger direct dans l'économie mondiale actuelle, ou la position de l'Europe en matière d'investissement étranger direct par rapport au reste du monde.
Ces données indiquent que pour insuffler une véritable force aux objectifs de Lisbonne, nous avons besoin d'une politique globale pour l'Europe en matière d’IED afin de récolter un maximum de bénéfices pour notre population.
Alexander Stubb (PPE-DE), par écrit. – (EN) Aujourd'hui, les Européens ne trouvent plus étrange de bourlinguer en Amérique latine, de discuter en ligne avec des amis en Afrique ou de commander des CD aux États-Unis. Avec la mondialisation, le monde rétrécit. La jeune génération surtout considère l'Europe comme leur arrière-cour et le reste du monde comme leur foyer.
Le terme «mondialisation» traîne toujours une mauvaise réputation. On craint généralement qu’à cause de la mondialisation, les pays où la main-d'œuvre est bon marché ne dépouillent l'Europe de ses emplois.
L'UE a un rôle significatif à jouer pour changer cette mentalité. Et elle s'exécute – en prouvant qu'ensemble, les États membres sont assez forts non seulement pour survivre à la mondialisation, mais aussi pour y gagner. Comme l'indique la déclaration, l'Europe est le plus grand exportateur du monde en biens et en services et la deuxième plus importante destination des investissements étrangers directs. Et s'agissant de l'emploi, en 2006, 3,5 millions de nouveaux emplois ont été créés au total!
Bien sûr, il reste des points à améliorer: la politique européenne en matière d'innovation a besoin d'un encouragement, une réglementation du marché mondial s'avère nécessaire et la prévention du changement climatique ne doit pas seulement être le problème de l'Europe. Pourtant, dans l'ensemble, je ne doute pas que l'UE réussisse l'épreuve de la mondialisation haut la main.
PRÉSIDENCE de M. Edward McMILLAN-SCOTT Vice-président