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Compte rendu in extenso des débats
Mercredi 30 janvier 2008 - Bruxelles Edition JO

17. Situation à Gaza (débat)
Procès-verbal
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  Président. − (DE) La prochaine question concerne les déclarations du Haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune et de la Commission sur la situation à Gaza.

 
  
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  Javier Solana, Haut représentant pour la PESC. − (ES) Merci, Monsieur le Président, de me laisser la tribune dans ce débat important que nous sommes sur le point de commencer.

M. le Président, nous ouvrons un débat sur les événements tragiques de ces dernières semaines: Gaza, les frontières entre Gaza et l’Égypte et les points de passage frontalier entre Gaza et Israël.

Le résultat dont nous avons été témoins ces derniers jours est tragique: la situation humanitaire s’est brusquement détériorée et même la situation au niveau de la sécurité a considérablement empiré.

Je crois que le débat d’aujourd’hui doit porter sur la façon dont nous pouvons contribuer à résoudre les problèmes.

De nombreux débats ont eu lieu dans cette Chambre sur les problèmes du passé. Je crois qu’aujourd’hui nous devrions voir si nous sommes capables, au sein de l’Union européenne, de contribuer à résoudre cette question majeure (car cela aura aussi un impact sur la conférence d’Annapolis et sur le processus de paix).

J’aimerais à nouveau insister sur le fait que l’Union européenne a fait preuve de cohérence lorsqu’elle a demandé l’ouverture des passages frontaliers et la libre circulation des personnes et des biens, soumis à des mesures de sécurité, et pas seulement des biens dans le cadre de l’action humanitaire, mais des biens pouvant favoriser le développement économique de la région, en particulier de la Cisjordanie et de Gaza.

Si ces trois éléments de base – le développement politique, le développement économique et les changements de la situation sur le terrain – font défaut, ce sera très difficile pour nous d’avancer. Des progrès doivent être faits dans ces trois domaines et ils doivent être faits en même temps.

Que peuvent faire les Européens?

Depuis l’émergence de cette nouvelle situation, nous avons toujours été en contact avec les acteurs clé.

Comme vous le savez, une importante réunion de la Ligue arabe s’est tenue dimanche. Toutes les questions ont été soulevées et des efforts faits pour formuler une solution: un plan qui ne s’éloigne pas trop de celui du ministre Fayad présenté au Conseil européen il y a quelques semaines et qu’il a réitéré dimanche au sommet de la Ligue arabe ou à la réunion ministérielle de la Ligue arabe. Une méthode doit être recherchée pour retrouver le contrôle des frontières afin que l’autorité palestinienne puisse en avoir la responsabilité.

Si cela devait se produire, à mon avis, l’Union européenne devrait à nouveau soulever la question de Rafah exactement comme elle l’a fait en 2005.

Comme vous le savez, nous ne sommes pas physiquement présents là-bas; nous serons prêts au déploiement dès qu’on nous le demandera, mais actuellement nous ne sommes pas présents; nous n’avons pas été présents sur la frontière depuis que Gaza est passé sous le contrôle du Hamas, car il ne nous en a pas donné l’autorisation.

Je crois que ce que nous devrions faire, c’est agir conformément au débat qui s’est tenu lundi au sein du Conseil européen et aux résolutions du Conseil, puisque je pense que les résolutions de lundi sont très bonnes et qu’elles ont fourni des orientations qui ont été bien accueillies par toutes les parties: L’Égypte, les Palestiniens et Israël.

Je pense donc que nous sommes sur la bonne voie. Nous devons trouver comment garantir que la voie que nous sommes en train de prendre conformément aux résolutions du Conseil devienne rapidement une réalité.

La souffrance humaine est terrible: à l’instar de la souffrance humaine dans le sud d’Israël qui a été la cible des fusées lancées du nord de Gaza, vers leur propre peuple, un élément qui dans les faits rend la stabilité impossible.

Si nous formulons un plan couvrant toutes ces matières, y compris la libération de Al-Haram ash-Sharif, que nous devons inclure si notre intention est de stabiliser la situation, nous pourrions peut-être travailler ensemble, et c’est quelque chose que j’aimerais vraiment beaucoup faire à nouveau, pour résoudre la situation.

Comme je l’ai dit, je suis en contact constant avec les acteurs les plus importants. J’irai en Égypte dès que les sessions de travail en cours entre les Palestiniens et les Égyptiens, qui ont commencé aujourd’hui, seront terminées. Demain ou après-demain, je serai là-bas et je pourrai donc moi aussi participer et exposer la contribution que l’Union européenne est capable d’apporter.

Je crois honnêtement que la meilleure solution serait de revenir à une situation plus générale où l’Autorité palestinienne aurait le contrôle des frontières et où les personnes et les biens pourraient circuler librement; pas seulement dans le cadre de l’aide humanitaire, mais aussi pour le développement économique et le commerce, qui sont nécessaires pour que d’authentiques progrès soient faits.

Mesdames et messieurs, je crois que nous affrontons une situation très difficile car, comme je l’ai dit au début, tout au Moyen-Orient est lié à quelque chose d’autre.

Si nous n’arrivons pas à progresser au sujet de Gaza, alors le processus de paix sera également en difficulté. Une grande responsabilité pèse sur nos épaules; s’il vous plaît, soyez conscients de ce qui nous attend et que la commissaire et moi ferons tout notre possible pour consacrer le temps qui nous est imparti pendant ces quelques semaines pour voir si nous pouvons contribuer à trouver une solution au nom de l’Union européenne.

M. le Président, je n’ai pas grand-chose d’autre à ajouter si ce n’est que j’espère contribuer à atteindre cette conclusion et avoir le soutien des députés pour y parvenir.

 
  
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  Benita Ferrero-Waldner, membre de la Commission. - (EN) M. le Président, selon moi, lorsque nous étions à Annapolis, un vent d'espoir a soufflé. J'ai toujours fait preuve d'un optimisme prudent, car je sais combien il serait difficile de nouer des relations bilatérales entre le Premier ministre Olmert et le président Abbas, puis nous avons tenu ce que j'appellerais une conférence très fructueuse et prometteuse à Paris, où nous avons observé un tel soutien que nous avons pensé pouvoir parler d'un véritable nouvel élan. Mais en même temps, nous avons toujours su qu'un tel élan pouvait dérailler à tout moment. Je pense que la situation à Gaza et l'énorme vague de violence que nous avons observée en janvier est, entre bien d'autres choses, un de ces problèmes très délicats – y compris les attaques aux roquettes et au mortier qui ont atteint la population civile israélienne – susceptibles de faire capoter tout le processus. Bien sûr, nous comprenons l'obligation pour l'État d'Israël de défendre ses citoyens. La réaction militaire israélienne a fait de nombreux morts et blessés parmi les Palestiniens de Gaza. Nous avons toujours affirmé que les mesures de confinement des civils ne seraient pas réalisables et nous avons toujours favorisé la liberté d'accès et de circulation. La population civile de Gaza a payé un lourd tribut pour cela. Il n'est donc pas étonnant que les choses soient allées si loin lorsque les gens ont forcé les barrières et les murs entre l'Égypte et Gaza.

À présent, - et je soutiens totalement Javier Solana en l'espèce – la question qui se pose est la suivante: que pouvons-nous faire pour à nouveau faire véritablement la différence? Nous avons l'EU BAM Rafah depuis longtemps, mais, hélas, ces derniers mois, ils n'ont rien pu faire, alors nous, Européens, avons peut-être une chance d'insuffler un nouvel élan et de trouver une solution. Selon moi, c'est une bonne chose que Javier Solana se rende en Égypte pour commencer à demander ce qu'on peut faire et peut-être rassembler toutes les différentes parties, ce qui s'avère très compliqué. Mais je pense qu'il est aussi bon de constater que Salem Fayed travaille depuis quelque temps pour introduire l'Autorité palestinienne afin de contrôler les frontières, car cela s'avère important également. À la fin, c'est leur propre responsabilité. Pour rendre cela possible, je pense que l'Union européenne peut à nouveau jouer le rôle de facteur facilitateur. Nous ne serons peut-être même pas des médiateurs, mais des facilitateurs. Nous avons tenu le première réunion de suivi à Paris très récemment où se sont rencontrés Bernard Kouchner, le ministre norvégien des affaires étrangères et Tony Blair. Je suis également l'un des coprésidents de la Conférence. Nous avons tenté de voir ce qu'il était possible de faire sur le terrain pour faire évoluer la situation, en évitant de se contenter uniquement d'expériences négatives. Nous avons tous décidé de soutenir ces projets de lancement rapides – sur l'infrastructure de sécurité, d'une part, et sur les écoles en particulier, d'autre part, car c'est un domaine où tout le monde peut voir, sentir, voire ressentir que l'espoir existe, que nous souhaitons insuffler l'espoir, et que la liberté d'accès et de circulation est effectivement une des conditions préalables, car autrement le développement économique ne pourra pas décoller. Par conséquent, nous soutenons totalement cela et nous tentons actuellement de suivre cette stratégie.

 
  
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  José Ignacio Salafranca Sánchez-Neyra, au nom du groupe PPE-DE. – (ES) Monsieur le Président, si je devais décrire en un seul mot ce à quoi nous avons assisté ces derniers jours à la frontière sud de la Bande de Gaza, j’utiliserais le terme «désespoir».

Il y a deux ans, des élections ont eu lieu en Palestine. Plusieurs des députés de ce Parlement – Mme De Keyser, M. McMillan-Scott et d’autres – ont assisté au processus électoral. Aujourd’hui, la cause palestinienne est en pièces et la situation n’est que désolation, découragement et désespoir, ce qui prouve que consolider une démocratie ne signifie pas seulement exercer son droit de vote, mais aussi qu’il doit y avoir des institutions représentatives, une distribution légitime des pouvoirs et que les droits de l’homme, à commencer par le droit à la vie, doivent être respectés.

La communauté internationale implore le Hamas de renoncer à la violence. Il ne le fait pas et pour cette raison reste sur la liste de l’Union européenne des organisations terroristes.

Il est certain que l’affaire n’a pas non plus été bien menée de l’autre côté: Israël a approuvé les divisions de la cause palestinienne, a poursuivi sa politique de colonisation, a exercé une répression indiscriminée et a aussi mis en œuvre un blocus sauvage qui n’a mené à rien si ce n’est à renforcer le Hamas.

Que pouvons-nous faire? Je pense que M. Solana a parfaitement décrit les choses: soutenir les efforts du Haut représentant, soutenir l’approche de la Conférence de Naples par l’intermédiaire du Quatuor et des pays arabes modérés et, par dessus tout, soutenir une politique, dont il faut remercier la Commission et la commissaire Ferrero-Waldner, qui place les êtres humains au cœur de l’action de l’Union européenne. Des êtres humains qui ont beaucoup souffert, dans la détresse, jusqu’à l’agonie et, à mon avis, en vain pendant longtemps au Moyen-Orient.

 
  
  

PRESIDENCE DE M. MAURO
Vice-Président

 
  
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  Véronique De Keyser, au nom du groupe PSE. – (FR) Monsieur le Président, tous les murs finissent un jour par s'effondrer: le mur de Jéricho, celui du ghetto de Varsovie, le mur de Berlin, le mur de l'Atlantique, ou encore le mur de l'indifférence. Le mur de Rafah, par son poids symbolique, fait partie de cette poussée aveugle des hommes vers la liberté.

Mais qu'ont-ils fait, les Gazaouis, de cette liberté retrouvée? Ont-ils fui vers l'Égypte? Sont-ils allés s'armer de kalachnikovs? Non, car les armes, hélas, avec ou sans mur, arrivent toujours à destination. Les Gazaouis sont allés se ravitailler en produits de première urgence. Ils sont allés faire leurs courses, chercher des médicaments et du lait pour bébés, introuvable à Gaza. Des vélomoteurs, des chèvres et des vaches, soulevés par des grues, ont pénétré par les airs à Rafah sous les acclamations de la foule. C'est surréaliste! Et puis, chacun est rentré chez soi. Tout est dans ces images: l'impossible d'hier, soudain à portée de main, et la vie prosaïque, qui reprend ses droits.

Notre responsabilité, aujourd'hui, est historique. Il ne s'agit plus de savoir qui va ouvrir les portes d'une prison à ciel ouvert, mais qui osera les refermer, qui osera renvoyer les Gazaouis à leur lente asphyxie. Depuis le début d'Annapolis, l'Union européenne perdait la main. Elle, à la base de la roadmap, avait passé le contrôle du processus de paix aux États-Unis. Obtenir la coprésidence de la Conférence des donateurs de Paris a été un vrai tour de force. Bravo! Mais, pour les accès à Gaza, depuis 2005, les Européens ont un mandat. Allons-nous, avec les Égyptiens, avec l'Autorité palestinienne, avec le Hamas et avec Israël, parvenir à renouer le dialogue et gérer les accès des Palestiniens au monde extérieur ou, au contraire, allons-nous assister en observateurs à l'inévitable répression qui ne manquerait pas de surgir? C'est toute la question. Au-delà de la mission de l'EU BAM, cette question engage le sort de l'unité palestinienne et du processus de paix, le respect du droit international et l'honneur de l'Union européenne. Le message que je vous adresse, M. Solana, au nom de mon groupe est très clair: de grâce, foncez!

 
  
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  Chris Davies, au nom du groupe ALDE. – (EN) M. le Président, en tant que membre de la délégation parlementaire au Conseil législatif palestinien, j'essaie de savoir pourquoi, lorsqu'on demande que cesse la construction de colonies, les Israéliens nous ignorent et nous ne faisons rien. Pourquoi, lorsque nous demandons la suppression des points de passage, les Israéliens nous ignorent et nous ne faisons rien. Pourquoi, lorsque nous demandons la fin des sanctions collectives pour la population à Gaza, les Israéliens nous ignorent et nous ne faisons rien.

Donc je suis très reconnaissant à Marc Otte, le représentant spécial de l’UE auprès du Moyen Orient, qui est venu à une réunion de la délégation hier et a déclaré que notre politique – la politique de l’Europe – était de suivre l’exemple donné par les États-Unis.

Il y a quelques semaines à peine, le Premier ministre israélien a déclaré au sujet du président Bush, «Il ne fait pas une seule chose que je n'approuve pas. Il ne soutient rien auquel je suis opposé. Il ne dit pas un mot qui rendrait la vie plus dure pour Israël.»

Donc, la politique américaine et la politique israélienne, c'est la même chose et nous, Européens, jouons à suivre le leader. Donc, il ne faut pas s'étonner si notre condamnation des actions israélienne sonne creux pour les Palestiniens. Comme il ne faut pas s'étonner si elle manque de réussite. Cette approche européenne nous a amené à parrainer les élections en Palestine il y a deux ans, pour refuser ensuite de prêter attention aux résultats – ébranlant ainsi notre soutien aux démocraties au Moyen-Orient.

Cette approche nous a amenés à demander la formation d'un gouvernement unitaire palestinien – et lorsque celui-ci fut mis sur pied, nous avons refusé de discuter avec le Premier ministre et la moitié de son cabinet, et le gouvernement a périclité.

Avec cette approche, nous avons refusé de discuter avec les représentants du Hamas à Gaza, même s'ils représentent le véritable pouvoir dans la région. Quelles leçons avons-nous tiré de notre histoire? N'est-il pas temps que l'Europe enlève ses œillères qui nous aveuglent et nous cantonnent dans cette politique unilatérale que développent l'Amérique et Israël?

 
  
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  Daniel Cohn-Bendit, au nom du groupe Verts/ALE. – (FR) Monsieur le Président, Monsieur le Haut Représentant, Madame la Commissaire, la prise en otage d'une population a échoué. C'était une pédagogie d'un autre âge, qui ne pouvait pas fonctionner, mais le pire, c'est que la situation a empiré, politiquement et humainement. Alors, effectivement, il faut se poser des questions. La politique d'isolement du Hamas et, donc, d'isolement de Gaza a échoué. Aujourd'hui, la popularité du Hamas à Gaza a grandi. Il y a quelque chose de très bizarre, Monsieur le Haut Représentant, Madame la Commissaire: vous avez dit "Que les Palestiniens reprennent l'autorité sur les frontières", mais comment l'Autorité palestinienne peut-elle reprendre le pouvoir à Gaza? Les frontières, c'est pas la Cisjordanie. Cela, c'est un problème. L'autre problème, c'est les frontières de Gaza. Et vous avez, en plus, un accord entre l'Égypte et Israël, qui fait que les Égyptiens dans le Sinaï n'ont pas le droit d'avoir des armes. C'est l'accord d'il y a vingt ans, du traité de paix. Donc, même si les Égyptiens voulaient essayer d'arrêter des terroristes dans le Sinaï, ils ne peuvent pas, ils n'ont pas le droit. Donc, on est dans une situation complètement folle et, dans cette situation folle, c'est vrai, il faut prendre ses responsabilités. La responsabilité, c'est que, premièrement, il faut que la population de Gaza ait la possibilité de vivre et, pour cela, il faut négocier avec ceux qui sont au pouvoir, administrativement, à Gaza. On ne peut pas dire "On veut leur donner quelque chose à boire, à manger, on veut leur donner des médicaments, mais on ne veut pas discuter avec ceux qui peuvent leur faire passer les médicaments".

Deuxièmement, il faut dire que la population palestinienne croira dans la paix quand la paix lui apportera quelque chose. Aujourd'hui, en Cisjordanie, il n'y a aucune frontière qui s'est améliorée, il n'y a aucune libre circulation qui s'est améliorée. La paix, c'est pas abstrait. La paix, c'est concret. C'est pour cela qu'il faut, pour la sécurité d'Israël - les roquettes ne vont pas s'arrêter dans la situation actuelle -, il faut dire à Israël: "Le blocus est quelque chose qui rend invivable la vie aux Palestiniens et, donc, met en danger la sécurité d'Israël". Voilà la vérité! Et il faut dire à M. Bush: "De toute façon, vous ne serez plus là dans quelques mois. Donc, taisez-vous et laissez les autres, qui ont mieux compris la situation, faire la politique". La politique israélienne suivant la politique américaine ou le contraire, c'est un échec, que nous ne pouvons pas soutenir. Donc, l'Union européenne ne doit pas seulement dire "Foncez", mais "Foncez dans la bonne direction, discutez avec ceux qui sont responsables et discutez avec les responsables israéliens", elle doit dire que notre solidarité avec Israël ne veut pas dire que nous continuons à le soutenir dans une politique complètement suicidaire.

 
  
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  Francis Wurtz, au nom du groupe GUE/NGL. – (FR) Monsieur le Président, Monsieur le Haut Représentant, Madame la Commissaire, les héros de Gaza ont prouvé une fois de plus que ce ne sont pas des murs fortifiés qui peuvent emprisonner l'esprit libre de l'humanité et que la violence ne peut assujettir la vie. Ces paroles sont celles de Mme Nurit Peled, militante israélienne de la paix, prix Sakharov. Elle les a prononcées samedi dernier, au milieu d'autres manifestants, palestiniens et israéliens, aux portes de Gaza.

Comment ne pas partager l'émotion de cette Mère Courage devant le spectacle de ce peuple opprimé et humilié jusqu'à l'insupportable, forçant le blocus imposé par Israël et respirant enfin l'air du dehors, le temps de trouver du lait pour les enfants, de la nourriture pour la famille et un peu de bonheur pour le moral.

Et maintenant? Chacun voit le double danger qui se profile du côté des dirigeants israéliens. Le premier est la volonté de refermer, ou de faire refermer, par la force ce mince espace de liberté. Le second, plus généralement, c'est de se débarrasser sur l'Égypte de la responsabilité de la puissance occupante vis-à-vis de Gaza.

Si les mots, justes, de la déclaration du Conseil du 28 janvier veulent avoir une portée concrète, l'Union européenne doit accepter d'exercer sur les autorités israéliennes, directement et dans le cadre du Quartette, une pression dépassant les habituelles circonlocutions alambiquées pour qu'elles acceptent le principe d'une ouverture durable des points de passage, sous la responsabilité de l'Autorité palestinienne et avec le soutien de l'Union européenne et de la Ligue arabe. Si l'Autorité palestinienne continuait d'être privée de tout moyen d'offrir la moindre issue positive à son peuple et d'œuvrer à la nécessaire réconciliation nationale palestinienne, cela reviendrait à accepter la politique du pire. Jusqu'ici, je crains qu'on y avance à grands pas.

Chacun comprend qu'il faut un sursaut de la communauté internationale, maintenant, sur Gaza, sur la Cisjordanie, y compris sur Jérusalem-Est. Ce sursaut ne viendra pas d'un président américain usé et discrédité. À l'Europe de jouer!

 
  
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  Charles Tannock (PPE-DE). – (EN) M. le Président, Gaza reste une tragédie humaine, et aucun d'entre nous dans ce Parlement ne peut blâmer ses citoyens palestiniens qui souffrent depuis si longtemps de s'engouffrer de la brèche du mur de la frontière à Rafah pour acheter des marchandises en Égypte.

Néanmoins, le Hamas, qui figure sur la liste européenne des organisations terroristes, continue d'imposer un contrôle brutal du territoire et des citoyens à Gaza. Et, selon moi, le Hamas a continué ses crimes de guerre hasardeux en lançant des roquettes Qassam sur les civils israéliens, y compris récemment leur version longue portée sur Ashkelon. Cela signifie qu'on ne peut en vouloir à Israël de maintenir un blocus économique qui n'autorise que l'aide humanitaire vitale.

Excusez-moi, M. Davies; excusez-moi, M. Cohn-Bendit: si le Hamas cesse ses lancements de roquettes, Israël lèvera le blocus – c'est aussi simple que ça.

 
  
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  Ioan Mircea Paşcu (PSE). – (EN) M. le Président, la séparation de fait de Gaza de la Cisjordanie, d'une part, complique davantage une situation déjà complexe. Mais, d'autre part, elle la simplifie.

Permettez-moi de m'expliquer concernant cette dernière. D'abord, elle facilite le dialogue entre Israël et l'Autorité palestinienne en Cisjordanie. Ensuite, elle présente un militantisme islamique radical qui permet une approche claire de celle-ci, car, d'une part, nous avons les leaders radicaux du Hamas et le reste de la population, et, en ce sens, il n'y pas de secret sur ceux que nous devons soutenir.

Troisièmement, en conséquence de cela, au lieu d'avoir deux facteurs dans l'équation (l'un très clair – Israël –, l'autre un peu plus flou, les Palestiniens), nous en comptons clairement trois actuellement – y compris Gaza – dans une équation où l'on trouve un signe de multiplication entre ses facteurs, ce qui signifie que l'un d'entre est zéro, le produit égale zéro.

 
  
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  David Hammerstein (Verts/ALE). – (ES) Monsieur le Président, je voudrais juste poser quelques questions très spécifiques: comment pouvons-nous revenir à la Mission de l'EU BAM pour le point de passage de Rafah, étant donné l’insécurité de la situation précédente? C’est un corps d’armée européen sans armes! Si un coup de feu est tiré, si la situation dégénère, est-ce que tous les officiers de police rentreront-ils dans leur hôtel à Ashkelon?

Comment pouvons-nous négocier des accords avec les Palestiniens, avec l’Égypte et Israël pour changer cette situation? Si nous sommes incapables de le faire, les chances de pouvoir revenir à la situation précédente seront très minces, comme l’a dit Mme Ferrero-Waldner. La situation doit absolument être imperméable à l’insécurité.

Ensuite, comment pouvons-nous avancer vers la paix sans nous préoccuper de la situation à Gaza? La Conférence de Naples ne s’est pas attardée sur la situation à Gaza, et je crois que cette attitude est impossible à maintenir: il est impossible pour une quelconque Autorité palestinienne d’exister en tolérant l’insécurité à Gaza sans la paix.

Finalement, j’aimerais parler des solutions à moyen terme pour la fourniture d’eau et d’énergie à Gaza. Ne serait-il pas possible de proposer des solutions à la frontière entre Gaza et l’Égypte sur des bases similaires à celles de la proposition de l’installation d’usines de désalinisation et de production d’énergie?

 
  
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  Luisa Morgantini (GUE/NGL). – (IT) Monsieur le Président, mesdames et messieurs, hier un enfant un mort à l’hôpital de Shifa à Gaza, et 80 personnes sont mortes à l’hôpital de Gaza parce qu’elles n’ont pas pu se rendre en Israël pour se faire soigner. Aujourd’hui, la Cour de justice israélienne a donné raison au gouvernement, c’est-à-dire à Barak, de vouloir maintenir le blocus et réduire la fourniture de carburant. Voilà la situation.

M. Solana a demandé ce que peuvent faire les Européens. La Commissaire a dit que nous devions faire la différence. La vérité peut faire la différence. Le changement, c’est avoir le courage de ne pas simplement dire: je sais que vous vous donnez beaucoup de mal, que vous travaillez tout le temps, que vous souffrez autant que nous de la souffrance des Palestiniens et des Israéliens, mais il faut aussi, de grâce, agir! Nous devons dire très clairement au gouvernement israélien que s’il veut aider Salam Fayyad et Mahmoud Abbas, il devra non seulement lever le blocus à Gaza, mais aussi cesser de tuer de jeunes garçons comme il l’a fait hier à Bethlehem et cesser d’isoler les Palestiniens dans des ghettos en Cisjordanie.

Il ne s’agit pas juste de Gaza. Gaza est devenu un emblème, mais l’occupation continue tous les jours. La paix est essentielle à tout le monde, aussi bien aux Palestiniens qu’aux Israéliens. Nous devons bloquer …

(Le Président interrompt l’orateur)

 
  
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  Reinhard Rack (PPE-DE). – (DE) Monsieur le Président, c’est une bonne chose de pouvoir débattre si peu de temps après les horribles événements qui ont secoué la Bande de Gaza. C’est aussi une bonne chose que le Parlement ait l’opportunité de souligner sa position à M. Solana et à Mme Ferrero-Waldner. Mais il est aussi important que nous profitions de cette opportunité pour nous tenir mieux informés. M. Cohn-Bendit a dit que cela ne suffisait pas de fournir de la nourriture et qu’il fallait aussi parler. Nous avons maintenant de nouveaux mécanismes comme le programme Pegasus qui peut favoriser le dialogue et une coopération plus fructueuse. La commissaire peut peut-être nous donner plus d’information à ce sujet.

 
  
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  Frieda Brepoels (PPE-DE). – (NL) Monsieur le Président, M. Solana, Mme la Commissaire, je partage pleinement l’opinion des députés qui ont affirmé qu’il n’est plus temps d’exprimer notre inquiétude au sujet des événements tragiques et de la situation humanitaire à Gaza, et que donner de l’argent ne suffit pas.

Je pense au contraire que la situation à Gaza et le blocus doivent être vus sous l’angle du conflit entre Israël et la Palestine. Les Palestiniens ont clairement mis tous leurs espoirs en l’UE pour que des résultats soient enfin atteints. Bon nombre de promesses ont été faites par le passé, mais l’UE n’est de fait pas parvenue à s’imposer comme un véritable médiateur après les négociations de la Conférence d’Annapolis et au sein de l’ONU. Je pense que c’est inacceptable et que l’UE ne peut plus se permettre d’être mise sur la touche par les États-Unis, mais doit adopter une position indépendante.

 
  
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  Bairbre de Brún, (GUE/NGL).(GA) Monsieur le Président, je me réjouis du rapport de M. Cashman sur l’Agence européenne des droits fondamentaux. Les membres de la Commission des libertés civiles ont effectué un travail remarquable sur cet important sujet. Je les en félicite, ainsi que le rapporteur.

Je me réjouis surtout des améliorations qui permettront que la défense des minorités et des langues traditionnelles relève désormais des responsabilités de l’Agence. Je demande aux députés de soutenir ces réformes demain.

Les Nations unies ont proclamé 2008 Année internationale des langues. L’Union européenne doit participer à cette entreprise et nous devons en faire de même.

Je suis personnellement très intéressée par cette question. Je continue à travailler au niveau européen afin que nous disposions des ressources pour que l’Irlandais devienne une langue de travail de l’UE et au niveau local pour soutenir la campagne sur le statut de la langue irlandaise, une loi dont on a cruellement besoin en Irlande du Nord pour protéger les droits des locuteurs irlandais.

Il n’est pas possible d’exercer ces droits pour le moment. Ce sera le cas s’ils sont garantis par la loi et si un organe comme l’Agence européenne des droits fondamentaux est capable de questionner mes compatriotes et d’autres en matière de discrimination linguistique.

 
  
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  Rodi Kratsa-Tsagaropoulou (PPE-DE). – (EL) Monsieur le Président, les événements à Gaza sont tragiques et tous les députés ont exprimé leur indignation. Ces événements sont également regrettables pour l’Union européenne. Non seulement nous souffrons de faiblesse politique, mais je ne sais pas non plus comment nous pouvons honorer les engagements que nous avons pris en matière d’aide humanitaire et d’assistance financière. Le MIT va être remplacé par le projet «Pégase» et nous investissons en ressources humaines, en mécanismes et en ressources communautaires.

La question est: comment pouvons-nous réussir à ce stade?

Avez-vous des informations, commissaire? Est-ce que l’aide humanitaire arrive jusqu’à Gaza? Est-ce que la coopération s’est engagée avec Israël, même si sur cette question seulement? Les Palestiniens peuvent-ils contribuer d’une façon ou d’une autre à aplanir le terrain et à faciliter l’aide humanitaire? Le projet «Pégase» devrait, logiquement, être mis en œuvre demain. Vos services ont investi dans les détails, la planification et les ressources humaines. Comment pouvons-nous respecter cette vision et ces ressources, commissaire?

 
  
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  Kyriacos Triantaphyllides (GUE/NGL). – (EL) Monsieur le Président, la situation à Gaza nécessite la levée immédiate du blocus israélien. Une aide a été apportée à la population de Gaza afin de répondre à ses besoins immédiats. La Ligue arabe, l’Union européenne et même Israël doivent faciliter les contacts entre le Fatah et le Hamas afin d’atteindre l’unité parmi les Palestiniens, comme c’était le cas lorsque le gouvernement d’unité nationale était au pouvoir. Pour y parvenir, tous les élus palestiniens membres du Hamas doivent sortir des prisons israéliennes. Il faut réunir toutes les conditions pour la tenue d’élections générales. L’Union européenne comme les États-Unis doivent s’engager à accepter totalement le résultat des élections, quel qu’il soit.

 
  
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  Benita Ferrero-Waldner, Membre de la Commission. − (DE) Permettez-moi d’exposer à nouveau brièvement mon opinion sur cette question vraiment épineuse, dont nous avons à nouveau longuement parlé lundi, au cours du Conseil Affaires générales et Relations extérieures. Je dois dire que, ça va de soi, nous ne nous limitons pas à la discussion: avec les États-Unis, les Palestiniens, les Israéliens et, bien sûr, les Nations unies et la Russie dans le cadre du Quatuor, l’Union européenne a joué son rôle dans l’adoption d’une stratégie commune.

J’ai parlé précédemment, encore que très brièvement en relation avec Annapolis, de l’un des aspects de cette stratégie, à savoir le processus de négociation bilatéral entre le président Abbas et le Premier ministre Olmert. L’autre aspect, qui me concerne plus en tant que membre de la Commission, c’est l’effort pour générer un nouveau développement qui conduira à des progrès pour la population, et je suis tout à fait consciente de la lourdeur de la tâche. J’ai toujours été pleinement consciente des difficultés, mais nous voulions naturellement faire tout notre possible pour aider, et cela reste notre position. Pour cette raison, l’idée maîtresse de notre politique est de soutenir M. Abbas dans ses efforts pour apporter la paix à travers ses déclarations afin d’utiliser cette paix pour favoriser un processus de conciliation avec le Hamas. C’était l’idée sous-jacente de la stratégie.

Nous entendons toujours promouvoir d’autres rencontres. Ces derniers jours, il y a eu une réunion entre M. Olmert et M. Abbas. Nous savons que cela n’a pas débouché sur quelque chose de très important, mais c’est compréhensible, puisque toutes les réunions sont actuellement éclipsées par ce qui est vraiment une situation tendue. Nous devons néanmoins continuer à poursuivre cette approche. Nous avons toujours les moyens d’ouvrir quelques portes à temps pour la prochaine conférence à Moscou si nous aidons les deux parties.

C’est l’un des aspects de la question. L’autre aspect concerne la perspective humanitaire et économique. Sur ce point, j’aimerais dire la chose suivante à ceux qui n’ont peut-être pas lu mes déclarations: le 21 janvier, j’ai clairement exprimé notre opinion sur la situation à Gaza, parce que je réalise que tout est allé bien trop loin. Grâce aux autres déclarations des ministres des affaires étrangères et des organisations internationales, cela a aidé à améliorer la situation. Le blocus, bien sûr, n’a pas été complètement levé, mais la situation s’est considérablement améliorée. En conséquence, sur le front humanitaire – et cela répond aussi à votre question, Mme Kratsa-Tsagaropoulou – de nombreux convois arrivent en ce moment à Gaza.

Nous sommes néanmoins conscients que cela ne suffit pas. Et je suis moi-même consciente, M. Cohn-Bendit, que nous devons faire face à une tâche très intimidante. Vous avez tout à fait raison lorsque vous dites que la situation est extrêmement difficile; le Haut représentant en est tout à fait conscient et il pourra peut-être faire des commentaires à ce sujet. Néanmoins, pour l’instant nous devons continuer à poursuivre la stratégie commune que nous avons définie ensemble et que nous entendons mettre en œuvre ensemble, et nous n’avons pas d’autre choix que de faire pression pour l’ouverture de la frontière, que Salam Fayyad en personne, comme vous le savez, considère comme une étape fondamentale.

Permettez-moi juste d’ajouter un bref mot sur le mécanisme que nous avons conçu, qui deviendra à tous les effets opérationnel d’ici deux jours, le premier février. C’est un mécanisme permanent, contrairement au MIT, le mécanisme international temporaire, que nous avons dû étendre. Pour de bonnes raisons, le nouveau mécanisme a aussi été créé en partenariat avec l’Autorité palestinienne. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec M. Fayyad sur le projet afin que le résultat puisse satisfaire sa demande d’un plan pour le développement et le progrès de l’économie palestinienne et, bien sûr, pour son infrastructure.

Cela pourrait être un effort européen commun, j’entends par là que le mécanisme – un mécanisme financier – peut être utilisé non seulement par la Commission, mais aussi par les États membres. L’idée, en effet, est que des organisations internationales et des pays qui ne font pas partie de l’Union puissent, en principe, profiter de ce mécanisme. Comme le MIT, il offre un contrôle total parce que nous voulons naturellement respecter tous les critères de transparence, et il a aussi été pensé pour fournir une aide budgétaire directe, pour concentrer l’aide à travers l’Office de secours et de travaux des Nations Unies et d’autres organisations ou pour financer nos projets. Je suis cependant consciente que cette question vient après la question politique la plus importante, à savoir ce que nous pouvons faire pour résoudre la situation actuelle. Je suis, bien sûr, pleinement consciente du problème, mais en ce moment, c’est la seule réponse que je peux vous donner.

 
  
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  Javier Solana, haut représentant de la politique étrangère et de sécurité commune. - (EN) M. le Président, j'ai écouté avec une grande attention ce qui a été dit. Je pourrais dire la même chose et le faire avec la même émotion et les mêmes sentiments, car nos sentiments sont partagés.

Mais vous dites que nous devons agir et non palabrer. Pensez-vous qu'une action fera faire volte face à la politique aujourd'hui? Pour être honnête, je ne sais pas vraiment s'il s'agit d'une approche sensée.

Que s'est-il passé au cours des derniers jours, outre le drame humanitaire? On peut discuter pendant des heures et véritablement exprimer ses sentiments, car nous partageons les mêmes que vous – pour ma part en tout cas – et je suis certain que c'est pareil pour le commissaire.

Plus tôt dans la semaine, quelques heures à peine après que la tension a éclaté, la Ligue arabe s'est réunie. Ils ont pris une décision, qui a reçu lundi le soutien du Conseil des affaires générales et des relations extérieures, une décision que nous allons tenter de mettre en œuvre dans les heures qui viennent après une réunion tenue ce matin entre l'Autorité palestinienne et l'Égypte – qui continuera à l'heure où nous parlons et qui se prolongera durant la nuit et probablement demain, voire le surlendemain – quand ils auront atteint le point où nous pourrons réellement être efficaces.

Mais je pense qu'un mois après la conférence de Paris, un mois et demi après la conférence d'Annapolis, quand tous les pays arabes sont engagés, quand les autres pays jouent pour la première fois un rôle constructif, je pense que nous devons nous adapter dans ce sens. Il ne serait pas sérieux de notre part de faire cavalier seul. Nous devons jouer un rôle aux côtés de tous les partenaires présents. Nous soutenons – et les conclusions du Conseil sont très claires sur ce point – la résolution de dimanche de la Ligue arabe s'agissant des frontières, et cela s'est vérifié lundi. Nous poursuivons les débats mercredi et jeudi.

Je pense qu'il s'agit d'une action, mais j'ignore ce que je peux faire. C'est une toute autre histoire si vous me posez la question.

(FR) «foncer dans la direction correcte». Cela veut dire que nous sommes aujourd'hui dans la direction incorrecte.

(Interruption de M. Cohn-Bendit: «... direction inconnue ...»)

Monsieur le Président, je crois que si notre ami Monsieur Cohn-Bendit,

(EN) un député éminent du Parlement indique que la stratégie de l'Union européenne aujourd'hui est ‘inconnue’, je ne comprends rien. Vous pouvez dire ce que vous voulez. Vous pouvez dire que la stratégie de l'Union européenne aujourd'hui, après Annapolis, après avoir présidé la conférence de Paris, après avoir soutenu la Ligue arabe, est ‘inconnue’. Vous pouvez dire le contraire, mais je ne pense pas que l'inconnu soit durable. Cela peut ne pas vous plaire –

(Objection)

Vous pouvez ne pas être d'accord, mais il est difficile de dire que ce n'est pas connu. Je partage nombre des sentiments que vous avez exprimés avec beaucoup d'éloquence. Et je peux dire que vous avez, nous avons, des responsabilités auxquelles nous allons nous attaquer dans les jours, voire les heures à venir. Sommes-nous capables de résoudre la situation? Je n'en sais rien. Vous n'en savez rien. Mais vous pouvez être certains que nous allons tenter le coup, et nous allons essayer de soutenir M. Fayyad, car il était notre interlocuteur pendant toute cette période. C'est un homme de bonne volonté, et c'est pourquoi nous ne pouvons pas le laisser tomber. Je ne laisserai pas tomber.

Par conséquent, nous devons continuer d'œuvrer dans ce sens. Il y aura des frustrations. Ce sera frustrant. Allons-nous résoudre tous les problèmes? Je n'en sais rien. Mais nous allons essayer avec toute notre énergie et toute notre bonne volonté.

Je partage tous les sentiments qui ont été exprimés. Je ne dirais pas plus profondément, mais, du moins, autant que vous, tous nos amis ici présents, car nous sommes du même côté, nous sommes engagés ensemble dans cette bataille depuis un long moment. Par conséquent, les sentiments sont les mêmes et nous devons continuer sur notre lancée.

Je pense que nous devons évoluer dans ce sens. Je vous promets d'aller sur place. Je tenterai de rencontrer les Égyptiens, les Saoudiens et tous les autres – les Américains, les Russes, tout le monde – pour voir si nous pouvons dégager quelque chose qui ne puisse pas être pareil. Il faut que ce soit quelque chose de collectivement différent. Autrement, je pense que nous ne pourrons produire aucun résultat.

Vous pouvez dire que vous n'avez vu aucun résultat depuis plusieurs années. Depuis 1967, nous n'avons produit aucun résultat collectivement, en tant que communauté internationale. C'est vrai. C'est notre responsabilité. Mais je ne pense pas que nous pourrons résoudre ce problème demain en prenant aujourd'hui une décision qui soit différente de celle que nous avons prise lundi au Conseil.

Nous disposons à présent d'une structure grâce au Conseil européen de lundi et nous devons tenter de la mettre en œuvre. Je serais ravi de revenir, de discuter avec vous et d'exprimer franchement, comme nous le faisons ici, les conséquences de nos actes.

Mais, s'il vous plaît, ne pensez pas que nous ne partageons pas les mêmes sentiments. C'est le cas. Nous avons l'expérience de la situation et nous ne pouvons en dire plus. Concernant l'action, soyez sûrs que nous ferons tout notre possible.

 
  
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  Président. − (IT) Le débat est clos.

Le vote aura lieu au cours de la période de session de février.

Déclarations écrites (Article 142)

 
  
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  Alessandro Battilocchio (PSE), par écrit. (IT) Merci, Monsieur le Président. Trop de fois, cette chambre a soulevé, au cours de longs débats, la question israélo-palestinienne. Nous devons toutefois reconnaître qu’objectivement parlant le rôle que l’Union européenne est parvenue à jouer jusqu’à présent dans cette histoire est très marginal: beaucoup de proclamations, de déclarations d’intention, de motions et de documents mais, en réalité, très peu d’actions concrètes. J’ai récemment visité la Palestine et j’ai noté un climat de détresse, de désillusion et de résignation parmi la population, fatiguée de toutes ces années de promesses non tenues: la situation empire et les territoires palestiniens risquent sérieusement de tomber entre les mains des extrémistes du Hamas. L’air que l’on respire là-bas est vraiment très lourd, et le recours à la force semble quasiment inévitable. Le temps est bientôt écoulé: ou l’Europe aura la force et la capacité d’inverser la situation ou nous serons tous responsables de ne pas avoir fait assez pour éviter le pire.

 
  
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  Tunne Kelam (PPE-DE), par écrit. (EN) Comme mon collègue Michael Gahler l'a indiqué, la résolution actuelle suit la ligne des six puissances pour maintenir la pression sur l'Iran.

Comme je le vois, le problème pratique est de savoir comment cette résolution sera perçue par le régime iranien. Dans une situation où les principaux acteurs de la politique internationale n'ont pas la volonté, ni la capacité, d'imposer des sanctions sévères à l'Iran, il n'y a que peu de chances que cette résolution fasse la différence.

Toutefois, il reste un moyen – que nous n'avons pas essayé – d'exercer une influence.

Il s'agit de donner une chance au mouvement de l'opposition en Iran en mettant un terme à la suppression politique imposée par les gouvernements européens. Le Tribunal européen de première instance, en décembre 2006, et les tribunaux britanniques, en novembre dernier, ont estimé qu'il n'y avait absolument aucune raison d'isoler l'opposition iranienne de la sorte. Laisser libre l'opposition iranienne aux fins d'activités pacifiques offrira à l'UE non seulement un levier efficace pour influencer le régime des mollahs, mais proposera également une troisième option plus réaliste entre une diplomatie motivée, d'une part, et une intervention militaire à l'américaine, d'autre part.

Si nous avons sincèrement l'intention d'apporter un changement positif en Iran, laissons une chance à cette troisième option.

 
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