Président. − (IT) La prochaine question concerne les déclarations du Conseil et de la Commission sur le système de défense antimissile des États-Unis.
Janez Lenarcic, Président en exercice. − (SL) Le Conseil n’a pas parlé de l’installation du système de défense antimissile des États-Unis sur le territoire de l’Union européenne. Je regrette donc de ne pouvoir donner l’opinion du Conseil à ce sujet, mais j’aimerais vous rappeler que toute décision à propos de l’installation de forces armées ou d’équipements militaires relève de la compétence nationale de chaque État membre. Les États membres délibèrent donc de façon indépendante sur ces questions.
Permettez-moi de clarifier: il n’y a eu jusqu’à présent aucune discussion entre l’Union européenne et les États-Unis sur l’installation du système antimissile. Aucune partie n’a par ailleurs projeté une quelconque coopération possible dans ce domaine. Le Conseil de l’Union européenne n’a donc pas prévu de débattre de ce sujet, que ce soit avec les États-Unis ou avec l’OTAN. Comme nous le savons, la défense antimissile est un sujet de coopération au sein de l’OTAN ainsi qu’entre l’OTAN et le Conseil de la Fédération de Russie.
Benita Ferrero-Waldner, membre de la Commission. - (EN) M. le Président, je serai très bref aujourd'hui, car la Commission possède très peu de compétences en l'espèce.
Mais permettez-moi de dire que l'interaction entre les États-Unis d'Amérique, la Russie et les États membres de l'UE en matière de sécurité et de défense présente des implications plus vastes pour ces partenariats importants. C'est clair. Par conséquent, comme je l'ai indiqué, bien que nous n'ayons ni la compétence, ni la responsabilité en l'espèce, nous espérons qu'une solution équilibrée pourra être trouvée, qui soit, au final, satisfaisante pour tout le monde.
Depuis le début, nous nous réjouissons des pourparlers de haut niveau qui ont débuté à Moscou en octobre dernier, suivis de réunions d'experts. Et nous voyons dans le dialogue direct entre Moscou et Varsovie une occasion de clarifier les positions respectives s'agissant de la souveraineté nationale.
En conclusion, dans tous les forums où ces questions sont débattues, que ce soit à l'OTAN ou à l'OSCE, je pense qu'il est important que les décisions sur l'avenir de l'architecture de sécurité européenne impliquent également l'Union européenne.
Karl von Wogau, au nom du groupe PPE-DE. – (DE) Monsieur le Président, mesdames et messieurs, lorsque que nous parlons en Europe de défense antimissile, la discussion tourne normalement autour des installations américaines prévues en Pologne et en République tchèque. Beaucoup de gens ne savent pas qu’il s’agit tout simplement de l’extension d’un système qui existe déjà, destiné à protéger les USA. Au sein du Parlement européen, nous devons toutefois d’abord et surtout nous concentrer sur ses implications pour la sécurité du continent européen. Comme nous le savons, les États-Unis ont déjà dépensé plus de 100 milliards de dollars dans ce système de défense antimissile et ils sont en train d’investir 10 milliards supplémentaires par an dans le développement du système. Et pourtant les États-Unis sont bien plus à l’abri d’une source potentielle de danger que l’Europe. C’est un peu comme si le Luxembourg dépensait de l’argent pour construire des digues alors que les Pays-Bas n’éprouvent pas le besoin de le faire.
Nous devons nous demander si une menace existe réellement et, si c’est le cas, si nous devons y répondre. Le débat que nous venons juste d’entendre avec M. Solana montre que la situation en Iran reste une source d’inquiétude. Nous sommes également conscients de la menace qui pourrait provenir de la situation instable au Pakistan.
Au sein de la Sous-commission «Sécurité et défense», nous avons engagé un dialogue intense avec les représentants des États-Unis, dont le Lieutenant Général Henry Obering, Directeur de l’Agence de défense antimissile. Il en est ressorti que le système américain sera, en théorie, capable de protéger une partie de l’Europe, mais pas tout le continent. En particulier, il ne pourra pas protéger Chypre, Malte, une partie de la Grèce, la Roumanie, la Bulgarie et le Sud de l’Italie. D’un point de vue européen, cependant, nous ne pouvons tolérer une division de notre continent en régions avec des degrés différents de sécurité. Par conséquent, dans ce contexte, nous devons définir ensemble les intérêts européens en matière de sécurité.
L’expertise actuelle nous rappelle que cette question ainsi que celle des intérêts européens en matière de sécurité ne sont débattues à aucune tribune. Il s’agit clairement d’un domaine où une coordination très étroite avec la Russie est nécessaire.
Nous attendons le sommet de l’OTAN à Bucarest au mois d’avril pour présenter des propositions pour un système conjoint, et nous espérons que ces propositions prendront en compte comme il se doit nos propres intérêts en matière de sécurité.
Jan Marinus Wiersma, au nom du groupe PSE. – (NL) Monsieur le Président, ce n’est pas la première fois que nous parlons de cette question; ce n’est pas non plus la première fois que nous obtenons les mêmes réponses du Conseil, qui déclare que cela n’entre pas dans ses compétences, comme le fait d’ailleurs la Commission, bien que – et je l’en félicite – la commissaire ait dit que les choses devaient être organisées différemment au sein de l’Union européenne.
Si quelque chose pouvant affecter la sécurité de tous les Européens se passait, et ce dans le cadre de la stratégie de sécurité que M. Solana nous a décrit, nous aurions besoin d’en parler ensemble. Le Parlement est heureusement capable d’en parler. C’est une question qui concerne aussi bien les citoyens que les États membres de l’Union européenne, nous pensons donc qu’il est juste qu’elle figure à l’ordre du jour.
Je n’ai pas l’intention de revenir sur toutes les objections que notre groupe a déjà exprimées contre le projet que les Américains ont proposé. Ce qui ne va pas, d’après nous, c’est que les négociations bilatérales se poursuivent en présence de deux États membres de l’OTAN qui – hasard ou pas – sont aussi membres de l’Union européenne, et cela a une incidence sur les relations avec la Russie, y compris au niveau de l’Union européenne. Ce qui ne va pas non plus, c’est que le système est développé unilatéralement, bien qu’au sein de l’OTAN, et qu’on ne sait pas exactement pourquoi ce système est nécessaire, s’il fonctionnera et s’il ne risque pas de devenir trop cher.
Un intéressant débat a lieu en ce moment en Pologne. Le nouveau gouvernement a déclaré qu’il serait peut-être prêt à coopérer sur le système, mais c’est parce que c’est ce que veulent les Américains et parce que ce qui se joue ici, c’est la sécurité des États-Unis plutôt que celle de la Pologne. Après tout, le système représente plus une menace qu’une amélioration pour la sécurité de la Pologne. C’est pourquoi les Polonais demandent qu’on les aide aussi à développer le système de défense aérien de l’armée polonaise, en lançant, par exemple, une espèce de course aux armements.
Il est donc intéressant que le débat ait repris en Pologne pour savoir si le système est utile ou nécessaire, et que le nouveau Premier ministre polonais ou au moins le ministre des affaires étrangères polonais ait eu le cran d’en parler à la Russie. Nous les soutenons sans réserve.
La situation est tout à fait différente en République tchèque, où nous savons l’impression que le système et la contribution tchèque à ce dernier ont été à nouveau acceptés contre la volonté de la population, puisque je crois que 70 % des Tchèques sont contre le développement du système. Je crains donc que des démarches ne soient entreprises pour faire passer des décisions cette année, pour conclure des accords avec la Pologne et la République tchèque, avant qu’une nouvelle administration – avec un peu de chance – prenne le pouvoir aux États-Unis. Nous savons que les démocrates sont assez sceptiques sur le développement du système missile air.
De toute façon, nous espérons qu’il y aura une discussion au sein du Conseil, et nous insistons pour que cette question soit prise très au sérieux. Si elle est acceptée, elle aura certainement un impact sur nos déjà difficiles relations avec la Russie. La population est inquiète. Nous sommes en face d’une nouvelle course aux armements, et nous pensons qu’il y a un certain nombre d’autres choses dont le Parlement européen doit parler. Nous l’avons déjà fait par le passé, et nous devrions continuer à le faire.
Je pense que notre rôle principal est d’évaluer si c’est nécessaire, si c’est le début d’une nouvelle course aux armements, si cela augmentera vraiment la sécurité et si cela nous aidera vraiment à combattre les «États voyous». Je ne suis toujours pas convaincu que les Iraniens aient la capacité de lancer des missiles aussi rapidement que ce qu’en disent les Américains. C’est une autre question sur laquelle nous possédons des informations contradictoires. J’espère donc que nous pourrons poursuivre la discussion sur cette question ici au sein du Parlement et contrôler ce qui se passe en République tchèque et en Pologne. Mon groupe reste contraire au système.
Anneli Jäätteenmäki, au nom du groupe ALDE. – (FI) Monsieur le Président, la plus grande menace pour l’humanité n’est pas la prolifération d’armes nucléaires. Le vrai problème, c’est l’existence d’armes nucléaires en général. Le seul choix moral et durable dans notre approche des systèmes de défense antimissile et des autres systèmes d’armes nucléaires est d’abandonner leur utilisation. L’Union européenne aussi devrait prendre de nouveaux accords de contrôle de l’armement et être proactif dans sa tentative de démarrer le processus de désarmement.
Le système de défense antimissile américain augmenterait le risque de guerre nucléaire. Le bouclier nucléaire conçu pour la Pologne et la République tchèque est basé sur la supposition qu’une guerre nucléaire peut être gagnée. Le type de défense antimissile pratiquée par les États-Unis est radicalement différent de sa politique de dissuasion précédente, parce qu’elle consistait à empêcher un pays de prendre sa revanche sur un autre. L’ancien effet de dissuasion de l’armement nucléaire n’est donc plus d’actualité. L’équilibre de la peur disparaît donc. C’est pourquoi un système antimissile américain en Pologne ou en République tchèque est très inquiétant pour toute l’Europe et ses États membres. Ceci étant, il est important que l’UE débatte la question et fasse connaître les préoccupations de ses citoyens. Nous devrions également examiner si cette volonté améliore la sécurité en Europe et la défense européenne ou s’il en ira autrement avec le nouveau système qui affaiblira la sécurité en Europe.
Girts Valdis Kristovskis, au nom de groupe UEN. – (LV) Mesdames et messieurs, la rhétorique du président Poutine nous rappelle parfois que la Russie pourrait pointer ses missiles sur l’Europe. Cela prouve qu’il existe un certain équilibre stratégique entre les États-Unis et la Russie. Il n’existe toutefois pas un tel équilibre entre l’Europe et la Russie. Et ce dernier ne peut être garanti par les «parapluies nucléaires» français ou britanniques. Je crois par conséquent qu’il serait bon de se demander comment la défense commune de l’Europe plutôt que celle des États-Unis peut être assurée. Évoquons-nous ces questions juste parce que les États-Unis s’occupent de leur propre défense? Mme Ferrero-Waldner, les membres de la Commission et l’Union européenne ne semblent pas concernés par cette forme de défense. Ne pensez-vous pas qu’il est tout simplement naturel que les États-Unis, l’OTAN et certains États membres en décident ensemble? Je crois que l’Union européenne doit formuler une opinion sans équivoque pouvant être ensuite mise en œuvre conjointement par l’OTAN et les États-Unis. Sinon, nous ne devrions pas perdre notre temps ici car l’OTAN décidera pour nous.
Daniel Cohn-Bendit, au nom du groupe Verts/ALE. – (FR) Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, Madame la Commissaire, j'avoue, Monsieur le Ministre, que c'est sans doute là la nouvelle politique européenne. Cela me rappelle mon fils, quand il avait quatre ans. Quand on lui demandait "Où es-tu?", il mettait ses deux mains devant les yeux et il disait "Je ne suis pas là". Et voilà la Commission qui nous dit: "On n'est pas là! Cela n'a rien à voir avec nous et avec l'Europe."
(DE) Je suis désolé, mais cela n’a absolument aucun sens. Nous devons à présent décider si nous voulons oui ou non une politique étrangère et de sécurité commune. Nous avons même un nouveau traité qui nous donne notre propre ministre des affaires étrangères avec des responsabilités en matière de politique étrangère et de sécurité commune, et lorsque nous avons un ministre des affaires étrangères commun, nous devons certainement examiner les problèmes au niveau européen, pas comme un gouvernement qui parle de la sécurité de son pays avec d’autres gouvernements, ou comme M. von Wogau qui soutient que l’Europe est menacée par l’Iran ou par dieu sait quel autre pays. Je ne partage pas ce point de vue, et nous devons au minium débattre des problèmes au niveau européen. Nous ne pouvons pas simplement dire que les Américains ont un plan insensé, que George Bush ne sera plus président d’ici six mois et qu’ils pourraient abandonner leur plan, et que nous, Européens, n’avons rien à voir avec tout ça.
Nous sommes très sceptiques vis-à-vis de toute cette stratégie de défense antimissile, mais nous pensons vraiment que nous, Européens, avons l’obligation d’en discuter. Ce n’est pas une décision que doivent prendre les députés polonais ou tchèques ou d’une quelconque autre nationalité – Les Roumains et les Bulgares demain, les Siciliens le lendemain ou un autre jour. Non, nous avons un intérêt commun à prendre des décisions sur notre sécurité. C’est écrit noir sur blanc dans le Traité que vous avez ratifié et que nous avons l’intention de ratifier, dans les dispositions sur la politique étrangère et de sécurité commune. Par conséquent, cette question doit être débattue par l’Union européenne. La décision ne peut être prise unilatéralement entre la Pologne et les États-Unis ou entre la République tchèque et les États-Unis. C’est une décision européenne. C’est un problème européen et nous devons trouver une solution européenne.
Vladimír Remek, au nom du groupe GUE/NGL. – (CS) Mesdames et messieurs, je me réjouis de voir que la question de l’installation d’instruments de défense antimissile américains en République tchèque et en Pologne, c’est-à-dire dans l’Union européenne, est débattue au sein du Parlement européen, l’institution la plus démocratique puisque directement élue par les citoyens de l’Union que cette question concerne.
Dans ce contexte, j’aimerais insister sur le fait que je suis soutenu par mes collègues du groupe GUE/NGL et que j’évoque aussi ma propre expérience en tant qu’expert militaire; mais plus important, je suis soutenu par la majorité des citoyens de mon pays, où 70 % de la population est contre l’installation du système de radar américain.
La défense antimissile américaine nous est présentée comme un bouclier défensif, alors pourquoi la République tchèque, par exemple, n’a-t-elle pas été autorisée à vendre le système de détection passif Tamara sans éléments militaires actifs à la Chine? La raison invoquée est que la Chine obtiendrait un avantage inadapté dans ses rapports avec les autres pays. N’est-ce pas une façon de jouer avec les mots? Le vrai problème à propos de l’installation du radar en République tchèque n’est-il pas aussi une question d’avantage? Même un non initié peut comprendre ce que les guerriers avaient appris bien avant Hannibal: un bouclier dans la main d’un soldat lui permet d’utiliser beaucoup plus et beaucoup mieux son épée.
Nous parlons d’augmenter la sécurité, mais le problème ne s’exprime-t-il pas plutôt en termes de menaces? Logiquement, nous deviendrions immédiatement la cible numéro un d’adversaires potentiels. On nous dit que nous devrions rendre service aux États-Unis pour montrer que nous sommes de bons alliés. Le Canada ne l’a pas fait: est-ce que cela fait de lui un mauvais allié des États-Unis? le Canada aurait-il appris la leçon après les justifications conçues ad hoc pour l’intervention militaire en Iraq?
Nous sommes surpris de la réaction de la Russie. Toutefois, étant donné que les États-Unis se sont retirés du Traité sur la limitation des systèmes de défense antimissile et agissent dans leur propre intérêt, cette réaction n’est pas si illogique. Les États-Unis se réjouissaient-ils il y a quelques années de la proximité des missiles soviétiques à Cuba?
Il est évident que les États-Unis sont une superpuissance, et son opinion, ses propositions et ses demandes ne peuvent être balayées de la table en claquant des doigts. Cependant, si nous sommes vraiment concernés par plus de sécurité, en particulier en Europe, alors la route à suivre est plus complexe et passe par des négociations et des accords, pas par des étapes unilatérales. Cela relève non seulement de la responsabilité des acteurs les plus importants – les USA et la Russie – mais aussi de l’Union européenne.
Jana Hybásková (PPE-DE). – (CS) Les armes à longue et moyenne prolifèrent en ce début de 21e siècle. Malheureusement, en l’absence d’un régime de sécurité international, la seule façon de les arrêter passe à travers une défense efficace.
Une défense efficace est un droit fondamental des États membres de l’UE. Les négociations de l’accord SOFA qui ont lieu en ce moment à Prague sont un droit légitime de la République tchèque. Parce que le radar placé en Tchéquie garantira la sécurité de nombreux pays européens et parce que ce sera pour la République tchèque, un pays qui a été occupé pendant de nombreuses années, une opportunité de contribuer pour la première fois activement à la sécurité européenne, le gouvernement tchèque doit faire preuve d’une très grande responsabilité.
Le système de défense antimissile doit être digne de confiance, défensif et doit respecter l’indivisibilité de la sécurité. Nous nous réjouissons donc de la nouvelle du sommet de Bucarest, où la décision de la construction d’un système ALTBMD complémentaire devrait être prise. Déplacer les négociations au sein de l’OTAN garantit la mise en œuvre de l’indivisibilité. Clarifier qu’il ne s’agit là que d’un système de défense est le sujet des négociations entre Américains, Polonais, Tchèques et Russes.
Ma dernière observation concerne l’efficacité. En tenant compte de ce que nous savons à propos des tests iraniens de novembre, nous devons réaliser que nous avons une responsabilité commune. Nous ne devons pas gâcher l’efficacité de notre défense commune par des querelles pour savoir si nous devrions ou non nous défendre.
Libor Rouček (PSE). – (CS) Permettez-moi d’utiliser cette intervention d’une minute pour prier le Conseil de l’Union européenne et le Haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune de parler du système de défense antimissile américain au niveau européen.
L’installation du système de défense antimissile américain en Europe est une question paneuropéenne. Cela ne concerne pas uniquement les Tchèques, les Polonais ou les Américains. Les relations au sein de l’Union, les relations UE/OTAN, UE/USA et UE/Russie sont aussi en jeu. Je demanderais donc que cette question soit inscrite à l’ordre du jour du Conseil.
Dans la mesure où la République tchèque est concernée, j’aimerais signaler que 70 % des citoyens de la République tchèque sont contraires à ce système. Les trois quarts des citoyens de la République tchèque veulent un référendum sur le sujet. Le gouvernement tchèque ne communique pas avec la population, le gouvernement tchèque n’informe pas les députés du Parlement tchèque, le gouvernement tchèque agit dans le dos de la population tchèque. Il est important de le savoir et cela devrait être souligné au sein du Conseil de l’Union européenne.
Janusz Onyszkiewicz (ALDE). – (PL) Monsieur le Président, puis-je tout d’abord rappeler à tout le monde que le bouclier défensif contre les missiles ne concerne pas seulement la Pologne et la République tchèque, mais aussi le Royaume-Uni et le Danemark, puisque les équipements dans ces deux pays font également partie du système. Ne parlons donc pas seulement de la Pologne et de la République tchèque.
Le deuxième point, c’est que le bouclier défensif contre les missiles, et les installations qui en font partie, ne seront pas un aimant pour les terroristes. Les terroristes frappent des cibles faciles, pas des bases militaires bien défendues.
Enfin, un troisième point. L’Union européenne n’est pas un allié militaire. C’est peut-être dommage, mais c’est ainsi, et le nouveau Traité, le Traité de Lisbonne, ne change rien à ce sujet. Ceci étant, une question de défense relève autant de la responsabilité de l’OTAN que de celle de pays qui ont décidé de ne pas rejoindre une alliance et qui souhaitent se défendre seuls. Évidemment, une discussion doit avoir lieu au sein de l’OTAN sur la façon dont ce système devra intégrer d’autres systèmes que l’OTAN a l’intention de développer. C’est absolument nécessaire. N’oublions pas que 21 pays dans l’Union européenne sont membres de l’OTAN.
Milan Horácek (Verts/ALE). – (DE) Monsieur le Président, l’un des romans les plus magistraux contre la guerre parle du brave soldat Schweik, de Jaroslav Hasek. La position adoptée par la Commission et le Conseil éclipse toutefois Schweik; elle l’emporte aussi sur Franz Kafka et même sur toutes les autruches. Nous ne pouvons poursuivre cette politique de la tête dans le sable. Nous devons examiner cette question entre nous, à la tribune du Parlement européen, mais nous devons bien sûr en débattre avec les membres de l’OTAN. Nous devons en débattre avec les Tchèques, les Polonais et les Russes. C’est un processus fondamental qui doit être mené à une échelle paneuropéenne.
Tobias Pflüger (GUE/NGL). – (DE) Monsieur le Président, la fonction technique du système antimissile est d’éliminer les risques d’une potentielle contre-attaque ennemie – c’est évident. En d’autres termes, il s’agit aussi d’un système d’attaque. Cela doit être pris en compte dans le débat. Que le système de défense soit mis en place par les États-Unis, par l’OTAN et les États-Unis ou par n’importe quelle autre coalition, cela reste un programme d’armement. Le point le plus important pour moi, c’est que l’Union européenne est incapable de définir une position commune sur la question. Dans cette affaire, la politique étrangère et de sécurité commune de l’Union européenne s’expose au ridicule. M. Cohn-Bendit peut citer la Réforme du Traité jusqu’à la saint-glinglin – tant que la situation actuelle se poursuit et qu’aucune position commune n’est adoptée, l’Union sera la risée de tout le monde.
Nous devons dire clairement que nous ne voulons pas ce système antimissile. Le fait est qu’une majorité très nette de ce Parlement dit «non» à ce système. Dans les pays européens, y compris en République tchèque, l’opinion publique est profondément contraire au système antimissile, et bien sûr le gouvernement polonais a indubitablement peaufiné sa précédente position. Pour ces raisons, j’accueillerais chaleureusement l’adoption d’une résolution dans laquelle la Chambre rejette clairement le système antimissile.
Jan Zahradil (PPE-DE). – (CS) Permettez-moi de remercier le Conseil, représenté par la présidence slovène, et la Commission, représentée par la Commissaire Ferrero-Waldner, d’avoir adhérer, assez strictement, au ton des Traités européens. D’après les Traités, ces questions relèvent entièrement de la responsabilité des États-nations. Je devrais mentionner que même le nouveau traité de Lisbonne affirme explicitement que les États membres de l’Union européenne sont souverains en matière de sécurité nationale.
Je suis convaincu que la sécurité européenne est indivisiblement liée à la sécurité de toute la région euro-atlantique, et dans un contexte où l’Union européenne est incapable de protéger ses membres des nouveaux risques, qu’ils soient de nature financière ou technologique, ce lien devient vital.
En ce qui concerne l’opinion publique, qui a été mentionnée ici à plusieurs reprises, je peux seulement ajouter que ceux qui font allusion aux sondages d’opinion et demandent un référendum sont souvent les mêmes qui sont contraires à un référendum sur d’autres questions importantes, à savoir le nouveau Traité européen.
Oldřich Vlasák (PPE-DE). – (CS) Mesdames et messieurs, permettez-moi de résumer la discussion.
Pour l’essentiel, la question n’est pas seulement d’accroître la sécurité de la République tchèque et de la Pologne, mais bien d’accroître la sécurité de toute l’Europe. Les négociations sur la mise en place d’un tel système relèvent de la responsabilité de l’État nation à proprement parler. Des systèmes semblables existent dans d’autres pays, dans des États membres de l’Union européenne.
Les intervenants d’aujourd’hui ont clairement fait valoir qu’il y a un vrai danger. Nous devons réaliser que lorsqu’il s’agit des questions de sécurité, les décisions doivent être prises très rapidement. De telles décisions peuvent aussi être envisagées à titre préventif. Ce n’est que si nous sommes prêts et forts que nous pourrons forcer des agresseurs à négocier et à se conformer aux exigences de sécurité.
Pour conclure, j’aimerais dire que je ne suis pas du tout d’accord sur le fait que le gouvernement tchèque n’a pas communiqué avec ses citoyens sur le système. Une campagne d’information est menée depuis plusieurs mois.
Miloslav Ransdorf (GUE/NGL). – (CS) J’aimerais évoquer quatre points à propos de ce sujet.
Le premier concerne l’Acte fondateur entre l’OTAN et la Fédération russe en mai 1997. Dans cet Acte, les deux parties s’engagent conjointement à éliminer l’usage de la force, et même la menace de la force, sur le continent européen. Si cet Acte demeure valable, alors il écarte de fait la possibilité d’une situation comme nous l’avons décrite sur notre continent.
Le deuxième point concerne le processus d’Helsinki. Les signataires des Accords se sont engagés à Helsinki à réduire la présence des systèmes militaires en Europe. Cette action renverserait la tendance. A mon avis, la réduction du nombre de systèmes militaires sur le continent européen devrait continuer.
Le troisième point concerne le nombre de bases. Il y a des bases américaines dans 18 pays européens. Si nous incluons les nouveaux pays membres, il s’agit de 20 pays en tout. Nous devrions donc confirmer les propos de Zbigniew Brzezinski selon lequel l’Union européenne est de facto un protectorat américain.
Le quatrième point concerne l’objectif de tout le système. Je pense qu’il est suffisamment clair: garantir un contrôle et une couverture des renseignements sur tout le continent européen.
Urszula Gacek (PPE-DE). – (PL) Madame la Présidente, le Premier ministre Tusk est sensible aux arguments de ses voisins européens. La participation possible de la Pologne à ce projet américain ne doit pas devenir une source de malentendus au sein de l’Union. Le nouveau gouvernement polonais apprécie d’avoir de bonnes relations avec les États-Unis, mais sait que la Pologne est avant tout un membre de la famille européenne.
La Pologne tient aussi compte des réserves de la Russie et réagit calmement en dépit du ton dur adopté par certains des représentants des forces armées russes. Actuellement, alors que l’Union européenne n’a pas de politique étrangère et de sécurité commune, la décision finale de la Pologne au sujet de la mise en place d’éléments du bouclier de défense antimissile sur son territoire sera une décision souveraine. La Pologne apprécie les opinions différentes et accepte les critiques.
Mesdames et messieurs, nous vous demandons de respecter notre position, qui doit d’abord et surtout garantir la sécurité de nos propres citoyens.
(Applaudissements)
Janez Lenarcic, Président en exercice. − (SL) J’aimerais remercier M. Cohn-Bendit de nous avoir rappeler que, hier, la Slovénie a été le deuxième État membre à ratifier le nouveau Traité de Lisbonne. Toutefois, le Traité n’est pas encore entré en vigueur. Comme nous le savons, il faut que 24 autres pays le ratifie, et la Présidence de la Slovénie espère que les États le ratifieront dans les temps et que le nouveau Traité de Lisbonne entrera en vigueur à la date fixée.
Je voudrais insister sur le fait qu’il n’apportera pas de changements majeurs ni de nouveautés aux fondements des politiques de défense et de sécurité européennes. En particulier, cela ne changera pas le fait que cette politique est basée sur la compétence nationale, que les États membres maintiennent dans le domaine de la défense et de la sécurité nationale.
L’Union européenne a déjà une politique de défense et de sécurité européenne, qui fournit déjà un cadre pour de telles discussions au sein du Conseil en tant que tel. Sinon, ces discussions auront lieu dans le cadre du Conseil, mais ne dépendront pas tant de la Présidence que de la volonté et de l’intérêt des États membres. Je vous garantis que le Conseil sera informé dans le détail du débat d’aujourd’hui et des points de vue exprimés.