Le Président. − (EN) L'ordre du jour appelle le rapport [2007/2156(INI)] élaboré par Mme Castex, au nom de la commission de l'emploi et des affaires sociales, sur l'avenir démographique de l'Europe.
Françoise Castex, rapporteur. − (FR) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, mes chers collègues, le débat que nous continuons ce soir est ouvert depuis quelques années dans cette enceinte. Il ne sera pas clos avec l'adoption de ce rapport, qui laisse encore quelques questions ouvertes, sur lesquelles il nous faudra revenir sans doute dans un avenir proche. Je remercie en tout cas la Commission de la qualité de sa communication, qui a permis d'enrichir le débat, et nous en avons profité en commission de l'emploi.
Je développe dans mon rapport les conséquences des modifications démographiques, c'est-à-dire la diminution de la population active, le nombre croissant des personnes âgées, les déséquilibres démographiques au niveau des régions d'Europe. Est-ce dire qu'il est impossible d'agir sur les causes? Je voudrais rappeler au préalable que le XXe siècle a connu deux grands progrès majeurs.
D'abord, les femmes ont accédé à l'éducation et à la formation au même titre que les hommes. Ensuite, les femmes ont gagné la maîtrise de leur fécondité par la contraception. Ce sont deux facteurs de l'émancipation féminine. Ceci est un grand progrès de l'humanité et, je l'espère, irréversible.
Toutefois, pour avoir en main tous les éléments d'analyse, il faut, dans le même temps, ajouter deux choses. Toutes les études montrent que les citoyens européens souhaitent plus d'enfants qu'ils n'en ont réellement, et, deuxième point, dans les États membres où le taux d'emploi des femmes est important, le taux de natalité est, lui aussi, élevé. Donc avoir une vie professionnelle active n'empêche pas d'avoir des enfants, à condition de permettre une bonne conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale pour tous et pour toutes, hommes et femmes. Beaucoup de progrès restent à réaliser dans ce domaine, et cela dans tous les États membres.
Un autre point est apparu au cours de nos débats, que personne ne conteste au fond. L'insécurité économique, la crainte de l'avenir sont des facteurs importants de baisse de la natalité. Quand il est difficile de se projeter dans l'avenir, on hésite à faire des enfants. Ce point est essentiel et je crois que, de ce point de vue, la baisse de la natalité qu'enregistre l'Union européenne est une alerte sérieuse. Nos concitoyens ont besoin, pour reprendre confiance en l'avenir, de retrouver la sécurité de l'emploi et des conditions de vie dignes. Voilà pour les causes, qu'en est-il des conséquences?
La conséquence principale est la diminution de la population active, qui passerait de 331 millions vers 2010 à environ 268 millions en 2050. Comment maintenir la croissance européenne, sa compétitivité, avec une population active réduite? Dans ce domaine, le titre de la communication prend tout son sens, Monsieur le Commissaire, toute sa force: transformer un défi en opportunité. L'Europe souffre aujourd'hui de taux de chômage encore très élevés et des marges de progrès restent importantes dans l'emploi des femmes, des jeunes, des seniors, pour qui le taux d'emploi chute de façon spectaculaire à partir de 52-55 ans.
La véritable opportunité de ce défi démographique, n'est-ce pas l'objectif du plein emploi, enfin réaliste, enfin réalisable, et enfin nécessaire? Nous devons pour cela mettre en œuvre une vraie politique de gestion des ressources humaines et une réelle politique de la formation tout au long de la vie. Je dis bien tout au long de la vie, cela veut dire aussi pour les salariés après 50 ans, qui cumulent, parmi toutes les discriminations, la discrimination à la formation et à la promotion professionnelles.
Dans mon rapport, je vous propose la notion de cycle de vie active pour insister sur la nécessité de considérer la période de vie active, d'environ quarante ans – mais il est de la compétence des États membres de le définir –, comme un enchaînement continu d'emploi, de formation, de requalification, de promotion possible, du début jusqu'à la fin de la vie active. Et avant d'envisager le recul de l'âge de la retraite, il faut s'assurer que tous ceux qui n'ont pas encore atteint cet âge ont la possibilité de travailler, de faire valoir leurs compétences et leur expérience professionnelle.
C'est parce qu'il y a un âge légal de la retraite qu'il peut être envisagé d'aller au-delà, selon des modalités que chaque État membre définit selon ses traditions de dialogue et de concertation. Sur ce point, le débat reste ouvert.
Dernier point que je voudrais aborder rapidement, c'est bien sûr celui du recours à l'immigration. On en parle beaucoup pour compenser la baisse de la population active et vous savez que l'immigration suscite aussi beaucoup de crispations. C'est pour cela que je préconise une approche sereine et raisonnée pour cette question. L'immigration dans l'Union européenne n'est pas un fait nouveau et, avec un solde positif de deux millions d'immigrés par an – chiffre stable depuis plusieurs années –, l'immigration légale contribue à la composition de la population active de l'Union européenne, comme elle contribue aussi à la composition des sociétés européennes.
Nous devons maintenir ce flux d'immigrés et garantir dans nos États membres un statut légal à ceux que nous recevons, en luttant notamment contre les filières clandestines et l'exploitation du travail clandestin. La dimension humaine de l'immigration doit présider à nos politiques en la matière et l'intégration familiale ne doit pas disparaître de nos orientations.
En conclusion provisoire de cette présentation, je voudrais rappeler que, derrière les moyennes de natalité, les pyramides des âges, les ratios, il y a les questions de naissance, de maternité, de la place de la femme dans nos sociétés, des soins que nous apportons à nos anciens et de la façon dont nous-mêmes nous espérons finir notre vie. C'est la raison pour laquelle ce débat est aussi passionnant que passionné, et je remercie l'ensemble des rapporteurs fictifs de l'avoir été autant que moi.
Vladimír Špidla, membre de la Commission. – (CS) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je souhaiterais remercier tous les membres du Parlement européen et surtout le rapporteur, Mme Castex, pour son rapport d'information sur la communication de la Commission relative à l'avenir démographique de l'Europe. Je me réjouis en particulier du fait que, outre la commission de l'emploi, quatre autres commissions parlementaires se sont occupées de ce rapport: la commission des droits de la femme de l'égalité des genres, la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures, la commission des affaires économiques et monétaires et la commission du développement régional. Cette implication considérable donne aux États membres un signal politique fort et témoigne de l'importance des questions démographiques dans l'Europe d'aujourd'hui.
L'analyse faite par le Parlement européen des principales questions démographiques correspond en grande partie aux conclusions du rapport publié par la Commission en 2007. Ces deux sources s'accordent pour voir dans le vieillissement et la baisse du taux de natalité la conséquence du développement économique et social. De plus, tant le Parlement que la Commission partagent l'avis qu'il est possible de réagir à ces phénomènes de façon constructive et avec réussite. Les changements démographiques s'accompagnent de défis d'envergure mais aussi de nouvelles opportunités. Le rapport souligne toutefois l'importance de réagir dès à présent à ces défis et opportunités.
Il est encourageant de constater que la réponse et les mesures politiques exposées dans le rapport correspondent plus ou moins aux propositions de la Commission. La politique familiale est une responsabilité exclusive de chaque État membre. Néanmoins, comme le rapport le souligne à juste titre, l'Union européenne a aussi un rôle à jouer dans cette politique. La stratégie de Lisbonne révisée fournit un cadre propice à la modernisation de la politique familiale en soutenant l'égalité des chances et surtout les initiatives visant à atteindre un meilleur équilibre entre travail et vie familiale. À cet égard, nous nous réjouissons de l'existence de l'Alliance européenne pour la famille, qui a été créée lors de la réunion de printemps 2007 du Conseil européen. Cet organisme constitue une nouvelle plate-forme au niveau de l'UE qui permet l'échange d'expériences entre les États membres.
De plus, le rapport souligne à juste titre l'évolution des rapports entre les secteurs actifs et non actifs, en insistant sur la nécessité pour les États membres d'adopter toutes les mesures possibles pour affronter les futures pénuries de travailleurs sur le marché. Les États membres doivent en tout premier lieu accroître la participation des jeunes, des femmes et des personnes plus âgées au marché du travail. Une série de mesures spécifiques ont été définies, qui peuvent et doivent être prises.
Mesdames et Messieurs, je vais me permettre d'aborder une nouvelle fois la migration, un domaine extrêmement important et sensible. Il est évident que les migrations entrantes et sortantes font partie intégrante de l'histoire de l'Europe mais aussi de son mode de vie. Il est vital de soutenir l'intégration dès le départ, sans voir la migration uniquement comme une question relevant de la sécurité ou du maintien de l'ordre. La migration, une composante de notre mode de vie européen, a pour l'essentiel des effets positifs et nécessaires pour nous tous.
Pour conclure, je souhaiterais évoquer brièvement la question de l'infertilité. Le rapport du Parlement européen attire l'attention sur le nombre croissant de couples touchés par l'infertilité. Nous savons que ce problème s'explique en partie par des causes ou des phénomènes purement médicaux mais qu'il est aussi clairement lié aux conditions sociales, en particulier dans le cas des couples qui remettent à plus tard la fondation d'une famille. Je voudrais juste répéter que nous devons nous atteler à ce problème selon une approche cohérente et globale, et non pas uniquement selon le point de vue médical.
Mesdames et Messieurs, étant donné la longue liste de personnes qui attendent leur tour pour contribuer au débat, j'achève ici mon intervention en me réjouissant d'écouter les discussions à suivre.
Bilyana Ilieva Raeva, (rapporteur sur l’avis de la Commission pour la commission des affaires économiques et monétaires) − (BG) Monsieur le Commissaire, Monsieur le Président, les perspectives démographiques générales de l'Europe sont des plus alarmantes. Selon les prévisions d'Eurostat, la population de la tranche d'âges de 15 à 64 ans diminuera d'un million d'individus par an après 2010. Cette tendance s'explique par deux facteurs.
L'espérance de vie continue d'augmenter dans tous les États membres de l'UE, une évolution très positive qui résulte de l'amélioration de la qualité de la vie. Néanmoins, il est alarmant de constater que, en même temps, les taux de natalité sont très bas, ce qui entraîne une augmentation de la proportion de la population vieillissante.
C'est cette situation qui cause la diminution de la proportion de personnes en âge de travailler ainsi que la baisse de productivité du travail. Le problème démographique menace la stabilité de l'économie européenne, le modèle social européen et la solidarité entre les générations.
Dans ce contexte, j'approuve l'initiative de la Commission européenne consistant à développer une stratégie démographique européenne commune en tant que seul moyen approprié de relever ce défi d'envergure mondiale.
La commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen met l'accent sur les outils économiques susceptibles d'améliorer la situation démographique de l'Union européenne.
Les textes proposés attirent l'attention sur plusieurs grandes lignes d'action, notamment: le développement de finances publiques durables et équilibrées; la promotion de divers instruments financiers dont la transparence et la sécurité sont garanties; l'utilisation d'allègements fiscaux pour les entreprises employant des travailleurs âgés; l'accélération du processus de libéralisation du marché du travail, ou la migration interne – pour citer le commissaire Spidla – à l'intérieur de l'UE élargie, et ce même avant 2014; l'encouragement de l'emploi des jeunes et des personnes ayant des responsabilités familiales, au travers de régimes de travail innovants tels que le travail posté, le travail à temps partiel et l'apprentissage tout au long de la vie.
Le rapport met l'accent sur la nécessité pour les États membres d'honorer leurs engagements pris dans le cadre du pacte de stabilité et de croissance, et ce afin de contribuer à relever avec succès les défis démographiques. Il envisage des mécanismes flexibles permettant aux travailleurs ayant dépassé l'âge minimal de la retraite de rester volontairement sur le marché du travail en souscrivant à la formule «salaire et pension».
L'idée maîtresse est que si nous souhaitons nous montrer à la hauteur des défis démographiques, nous devons favoriser la création de mécanismes permettant des formes de travail flexibles, et encourager la poursuite volontaire de la vie active même après l'âge minimal de la retraite.
Elisabeth Schroedter, rapporteur pour avis de la commission du développement régional. − (DE) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, Mesdames et Messieurs, les effets du changement démographique sont très variés. Tandis que les banlieues parisiennes sont régulièrement secouées par l'agitation sociale due au taux élevé de population immigrée, dans le Brandebourg, dont je suis originaire, les régions connaissent un déclin, les habitants s'en vont et l'âge moyen de la population qui reste augmente plus rapidement qu'ailleurs.
Le vieillissement de la société constitue un fardeau croissant pour les budgets publics car il faut verser les allocations sociales, que la stratégie de Lisbonne entend réduire. Néanmoins, à la lumière des véritables causes du changement démographique, je me demande si cette réduction n'est pas contraire aux ambitions de la stratégie de Lisbonne. La Commission a tendance à rendre un peu facilement les femmes – qui n'auraient pas assez d'enfants – responsables du vieillissement de la société. Les vraies raisons de ce phénomène sont les erreurs politiques actuelles et passées.
Je voudrais juste évoquer trois des éléments qui ont causé ce déséquilibre de notre société. Premièrement, les analyses montrent qu'en réalité les gens veulent avoir des enfants mais que les parents – pas seulement les femmes – n'en ont pas car les conditions ne sont pas propices. Les parents ne se sentent pas en sécurité du point de vue social parce que – comme cela a déjà été dit – ils ont plus de mal à trouver du travail et trouvent impossible de combiner carrière et famille.
La solution à ce problème consisterait à trouver un tout nouveau paradigme applicable à l'équilibre entre travail et vie familiale. La clé serait de diviser à parts égales entre les sexes le temps à consacrer à la famille et à la carrière; la Fondation de Dublin a réalisé d'excellentes recherches à ce sujet. Il faut aussi à tout prix empêcher que les enfants ne soient vus comme des billets vers la pauvreté, comme c'est le cas dans de nombreux États membres.
Pour les politiques des États membres, il s'agira d'assurer la durabilité du système de sécurité sociale, un facteur de coût qui, bien qu'impopulaire, pourrait rééquilibrer le changement démographique.
Une étude intéressante menée dans ma région d'origine illustre le deuxième élément que je voudrais évoquer. Cette étude a établi que les jeunes femmes quittaient cette région non pas en raison de la difficulté de combiner travail et famille, mais à cause d'une discrimination massive dont elles font les frais dès qu'elle quittent l'école. Ces jeunes femmes très performantes, premières de classe, ayant brillamment réussi leurs études, ne se voient pourtant offrir que des places dans les formations de moindre qualité et de maigres possibilités pour avancer dans leur carrière. Il importe donc que la Commission européenne agisse avec efficacité dans un domaine dont elle est vraiment responsable, c.-à-d. l'intégration de la dimension de genre dans les politiques et l'assurance de l'égalité des chances pour les hommes et les femmes. Pour ce faire, elle doit lutter contre la discrimination en apportant des améliorations à la législation et surtout en exerçant des pressions sur les États membres afin qu'ils mettent en œuvre la législation sur l'égalité et permettent enfin à la situation de progresser.
Troisièmement, en tant que rapporteur pour avis de la commission du développement régional, je voudrais revenir sur le thème des régions en déclin. Dans notre avis, nous critiquons la façon dont les administrations publiques continuent à ériger d'immenses barrières à la participation effective des citoyens et au développement de l'innovation et de la créativité. Ce faisant, ces institutions entravent les plans mis en place pour réussir le développement régional.
En même temps, des dirigeants politiques ont tendance à tout simplement faire une croix sur les régions, à s'en désintéresser et à les abandonner, sous le prétexte que l'État a la responsabilité de répondre à leurs besoins de base. Cette approche n'est pas une solution pour l'Europe car à long terme, après des générations – comme l'histoire le démontre – elle deviendra incroyablement onéreuse. En réalité, il incombe aux administrations publiques de tirer parti de l'élan imprimé par la société civile et de coopérer avec celle-ci pour sortir les régions de ce dilemme.
À cet égard, j'appelle la Commission européenne à tirer parti de l'apport de la société civile en particulier pour promouvoir celle-ci en coordonnant les échanges d'expériences entre les régions où les choses vont bien et en mettant en évidence les bons exemples de pratiques éprouvées. Voilà des solutions concrètes pour lesquelles la Commission européenne peut se montrer active sans devoir à tout bout de champ rendre les femmes responsables du changement démographique.
Magda Kósáné Kovács, rapporteur pour avis de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures. − (HU) Merci, Monsieur le Président. Depuis des décennies, on nous apprend que le changement climatique et la pollution de l'environnement menacent notre avenir. Le sommet de Hampton Court a attiré notre attention sur un autre phénomène qui devient dangereux: l'Europe vieillit.
Sur la base d'une responsabilité qu'elle estime avoir dans ce domaine, la commission LIBE a adressé trois recommandations au rapporteur et à la commission EMPLOI concernant des questions de droits civils. Je tiens à remercier l'une et l'autre d'avoir étudié nos recommandations et d'en avoir tenu compte.
Le domaine concerné par la première recommandation est le soutien aux familles et aux enfants. La législation sur les systèmes de soutien aux familles relève de la juridiction nationale. Toutefois, assumer des obligations vis-à-vis des familles avec enfants est aussi une question morale ainsi qu'un élément important des valeurs européennes. L'égalité des chances pour les familles avec et sans enfants constitue un intérêt communautaire extrêmement important. L'attitude fondamentale qui permettra d'assurer les droits des enfants consistera, pour les futures générations, à se sentir également responsable vis-à-vis du monde extérieur à la famille.
Après avoir analysé les formes légales et illégales de migration, la commission LIBE a souligné le fait que les exigences d'une société vieillissante et du marché du travail appelaient une politique de migration cohérente et complexe. Nous nous réjouissons de constater que le rapport évoque cette question en détail.
En cette année de la diversité culturelle, j'ajouterais que, selon des experts et le monde scientifique, il pourrait exister une relation directe entre migration et taux de croissance de la population. En effet, le grand nombre d'enfants des familles d'immigrants de seconde génération diminue, tandis que la présence des immigrants modifie peut-être le désir de la population hôte d'avoir des enfants.
Enfin, la discrimination visant les personnes âgées et les travailleurs plus âgés empêche parfois les aînés de rester sur le marché du travail. J'estime que ceux-ci ne peuvent être forcés à travailler plus longtemps mais qu'ils doivent vraiment pouvoir le choisir, ce qui rend nécessaire l'apprentissage tout au long de la vie. En se familiarisant avec les technologies de communication modernes, ces personnes augmentent leurs chances de trouver du travail et s'ouvrent au monde extérieur.
Dans son avis, la commission LIBE demande plusieurs fois à la Commission d'émettre une recommandation relative à une directive antidiscrimination générale. Nous espérons que ce rapport aura pour effet d'accélérer ce processus. Merci, Monsieur le Président.
Karin Resetarits, rapporteur pour avis de la commission des droits de la femme et de l'égalité des genres. − (DE) Monsieur le Président, pourquoi les femmes ont-elles moins d'enfants? L'avis de la commission des droits de la femme et de l'égalité des genres expose les nombreuses raisons à cet état de fait et les solutions politiques proposées pour y remédier. Ma collègue Mme Castex a déjà brillamment incorporé la majeure partie de ces éléments dans son rapport, ce dont je la remercie.
Comment donc aider les femmes à combler leur désir d'avoir des enfants? Tout d'abord, en instaurant le principe d'une rémunération égale pour un travail égal! C'est la seule manière d'arriver à ce que les parents aient chacun leur mot à dire au moment de décider lequel des deux prend un congé parental après une naissance.
Deuxièmement, les deux parents ont la même responsabilité d'élever les enfants. Nous avons besoin de l'aide des pères. D'un point de vue personnel, sans le soutien du père de mes quatre enfants, il me serait impossible de travailler ici.
Troisièmement, les employeurs doivent faciliter l'accès de leurs salariés au congé parental, si nécessaire avec une aide de l'État. Un pays qui veut plus d'enfants doit privilégier ceux-ci dans ses politiques.
Quatrièmement, nous avons besoin de bonnes structures de garde d'enfants et d'un environnement favorable aux enfants, quels que soient les revenus des parents. Celui ou celle qui n'est pas d'accord avec cela ne mérite pas d'entendre des rires d'enfants.
Le Président. − (EN) Merci beaucoup. Permettez-moi également, au nom de tous les pères, de vous remercier pour cette intervention.
Nous allons poursuivre le débat qui, à ce stade, sera ouvert au nom des groupes politiques par M. Fatuzzo, au nom du Parti populaire européen (démocrates chrétiens) et des démocrates européens. Je vous saurais gré de ne pas dépasser les trois minutes.
Carlo Fatuzzo, au nom du groupe PPE-DE. – (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je suis ravi de pouvoir m'exprimer à cette occasion. Je tiens d'abord à féliciter le président de la commission de l'emploi et des affaires sociales, M. Jan Andersson, pour avoir présenté le rapport d'initiative de sa commission, un document rédigé avec tant de brio et de dynamisme par Mme Castex au terme d'une série de consultations, avec la participation de tous les membres de cette commission, et de certains en particulier. Étant membre du Parlement européen depuis maintenant neuf ans, je voudrais également dire que notre institution a enfin produit un rapport qui parle – beaucoup – des retraités et des personnes âgées! Demain matin, dans mon explication de vote, je vous dirai combien de fois les mots «retraités» et «personnes âgées» apparaissent dans ce rapport.
Ce document évoque évidemment d'autres choses, par exemple le taux de natalité, les enfants et la formation professionnelle, mais je voudrais souligner ceci, Monsieur le Président: en somme, pourquoi parlons-nous des personnes âgées? Mon intime conviction est que tous les gouvernements s'inquiètent beaucoup de ce que la grande proportion de personnes âgées par rapport aux travailleurs va impliquer une forte augmentation du coûts des pensions et des soins de santé.
Voici à peine 10, 20, 30 ou 50 ans, personne ne se préoccupait de savoir si les personnes âgées avaient besoin d'assistance, de soutien, ou si les personnes ayant à charge des parents âgés avaient besoin de plus de congés qu'auparavant. Nous commençons à parler des régimes de retraite et à dire qu'il faudrait davantage d'enfants, que les mères devraient recevoir plus d'aide. Avions-nous besoin d'une telle catastrophe, qu'un orateur précédent a comparée au changement climatique?
Je crois que de bonnes choses sortent toujours des mauvaises choses, Monsieur le Président. C'est d'ailleurs pour cette raison que j'approuve sans aucune réserve le contenu de ce rapport. Incarnée par le Parlement européen, l'Europe nous montre enfin comment doit se comporter un État digne de ce nom. J'espère que les États membres suivront son exemple.
Jan Andersson, au nom du groupe du PSE. – (SV) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, je voudrais commencer par remercier le rapporteur, qui a réalisé un excellent travail de fond et aussi géré magnifiquement les négociations entre les différents groupes politiques.
Comme quelqu'un l'a dit avant moi, nous sommes confrontés à un défi immense. Pas une menace, mais un défi pour l'Union européenne. Je tâcherai de rester dans les limites des trois domaines principaux qui forment la structure de ce rapport.
Commençons par évoquer le taux de natalité. L'Europe enregistre des taux de natalité trop faibles. Je pense moi aussi que cette situation est due, en grande partie, à des décisions politiques inadéquates. De nos jours, les hommes et les femmes veulent être présents – et sont attendus – sur le marché du travail mais, en même temps, ils veulent devenir parents et avoir des enfants. Dans les États membres, nous devons encourager cette combinaison de sorte que les parents, à la fois les hommes et les femmes – chose importante à souligner – puissent assumer une vie professionnelle parallèlement à leur charge parentale. Il s'agit d'accorder des compensations aux parents sur la base du principe de la perte de revenu, des compensations liées à la vie active et d'un niveau suffisamment élevé pour que les personnes puissent rester chez elles sans subir de désavantages financiers.
Deuxièmement, il importe d'élargir l'offre de services de garde d'enfants. Beaucoup reste à faire dans ce domaine et, bien que des objectifs aient été fixés, peu d'États membres les ont atteints jusqu'à présent.
Le rapport traite également de la présence des travailleurs plus âgés sur le marché du travail. Il est paradoxal de constater que nous entrons plus tard dans la vie active et la quittons plus tôt. Nous devons créer des conditions pour permettre aux parents de rester au travail, cela au moyen de diverses mesures qui concernent la santé et la sécurité au travail, les possibilités de recyclages et des solutions flexibles pour la zone de flou existant entre la vie active et la retraite.
Pour finir, passons au thème de la migration. Nous avons besoin de personnes originaires d'autres parties du monde afin de développer et de maintenir notre société du bien-être. Il importe donc d'élaborer une politique d'intégration grâce à laquelle ces personnes seront intégrées dans notre société et pas exclues d'elle. Nous devons soutenir cette politique car elle n'engendre pas de conflit avec notre société du bien-être. Au contraire, elle est une condition nécessaire au développement de cette société.
Elizabeth Lynne, au nom du groupe ALDE. – (EN) Monsieur le Président, ce rapport a été difficile à élaborer. Nous n'avons malheureusement eu que très peu de temps pour atteindre des compromis ou mener de véritables débats sur certaines questions, ce qui explique le grand nombre d'amendements.
Néanmoins, je suis satisfaite des nombreux éléments qui ont suscité un accord, par exemple la nécessité de s'atteler au problème de la maltraitance des personnes âgées. Il faut faire plus, de toute urgence, pour mettre fin aux abus physiques, financiers, émotionnels et autres que subissent régulièrement des personnes âgées. L'estimation la plus récente indique que plus de 10 % des personnes âgées souffrent d'une forme d'abus, un chiffre atterrant. C'est pourquoi nous saluons l'intention de la Commission de présenter une communication sur ce problème. Nous devons cependant faire davantage. Les États membres doivent aussi œuvrer en vue d'assurer l'indépendance, la gratuité des soins, l'apprentissage tout au long de la vie et la protection contre la discrimination sur le lieu de travail pour toutes les personnes âgées. Pour atteindre ces objectifs, ils devront, bien sûr, assurer la mise en œuvre intégrale de la directive de 2000 sur l'emploi, puis en développer les dispositions.
Nous devons travailler pour faire en sorte que les salariés les plus âgés, qu'ils aient 50, 55 ou 65 ans, ne soient plus exclus du circuit de l'emploi. Il faut supprimer l'âge légal arbitraire de la retraite tout en établissant, au niveau de l'État membre, un âge légal de la pension. Il y a une distinction très claire entre les deux. Les personnes en question auront alors le choix d'arrêter de travailler et prendre leur pension, ou de continuer à travailler et soit prendre leur pension, soit la différer jusqu'au moment où elles choisiront d'arrêter de travailler. Malheureusement, je ne suis pas parvenue à dégager un consensus sur cette question, qui ne figure donc pas dans le rapport, mais je crois qu'il faut encourager les États membres à l'examiner pour l'avenir.
J'ai proposé au nom de mon groupe un certain nombre d'amendements, que d'autres membres jugeront bon de soutenir, je l'espère, mais la plupart des thèmes évoqués par le rapport devraient demeurer de la compétence des États membres. Nous pouvons évidemment faire encore beaucoup plus pour favoriser les échanges de bonnes pratiques.
Jan Tadeusz Masiel, au nom du groupe UEN. – (PL) Monsieur le Président, comme le rapporteur le fait correctement observer, la situation démographique dépend de la croissance naturelle de la population, de la durée de vie moyenne et des flux migratoires. J'ajouterais quant à moi un quatrième facteur à cette dynamique: les relations interpersonnelles et la volonté politique qui les influence.
L'homme est un animal particulièrement difficile et exigeant. Il ne se reproduit pas simplement parce que le moment est venu; il a également besoin de conditions favorables pour le faire. Le XXe siècle, en particulier les années consécutives à la Seconde Guerre mondiale, n'ont pas empli l'humanité d'un optimisme à toute épreuve ni du désir de procréer. C'était comme si l'homme ne trouvait pas le monde suffisamment intéressant pour avoir envie d'élever des enfants.
Aujourd'hui, après avoir compris les causes de l'image pessimiste de l'avenir démographique de l'Europe, le temps est venu de remettre les pendules à l'heure. L'immigration, comme nous l'apprend le rapport, n'est pas une solution adéquate à ce problème. Par dessus tout, nous devons créer des conditions qui attirent les Européens et favorisent la croissance naturelle de la population. Je soutiens toutes les solutions proposées dans le rapport, et vais en souligner deux en particulier.
Il faut prendre soin comme jamais auparavant de la famille, en particulier des femmes, qui non seulement consacrent leur temps à la maternité mais en plus s'occupent des membres de la famille qui sont malades ou vieux. Ce travail doit être couvert par un statut professionnel spécial lié à une rémunération. De plus, chaque mère qui retourne au travail doit être assurée d'avoir pour son enfant une place dans une crèche puis dans une école maternelle.
Enfin, la démographie est un problème qui revêt, entre autres, des aspects politiques, et la politique, c'est notre affaire; nous sommes en mesure de remédier à cette situation problématique.
Ilda Figueiredo, au nom du groupe GUE/NGL. – (PT) Les changements démographiques que subit la population des États membres de l'UE doivent certes être pris en compte mais, dans l'analyse effectuée, il n'est pas suffisant de dire que le taux de natalité baisse et que la population vieillit. Il faut approfondir cette analyse afin de trouver les causes de ce phénomène et d'exposer les mesures pouvant être adoptées sans mettre en péril les progrès de l'humanité et tout ce que la civilisation a accompli.
Nous ne pouvons compromettre les avancées obtenues par l'application des progrès scientifiques pour améliorer les conditions de vie des gens en ce qui concerne la médecine préventive, les soins de santé, l'alimentation et le logement, les horaires de travail et le soutien aux mères, pères et enfants, des avancées qui ont entraîné des augmentations constantes de l'espérance de vie.
L'existence des politiques publiques dans des domaines sociaux fondamentaux, concernant en particulier des services publics universellement accessibles en matière de santé et d'éducation, a apporté une contribution décisive à notre société. Soulignons également la grande importance de la consécration par la loi des acquis des travailleurs en matière d'organisation et de temps de travail, de santé et sécurité sur le lieu de travail, de pauses dans le travail et de vacances, de salaires et de sécurité d'emploi.
Néanmoins, l'adoption de politiques de plus en plus néolibérales, dont les principaux instruments sont la stratégie de Lisbonne, le pacte de stabilité et les lignes directrices de la Banque centrale européenne, se traduit par la libéralisation et la privatisation de services publics ainsi que par l'augmentation de l'emploi précaire, qui affecte surtout les femmes. La hausse de l'âge de la retraite rend encore plus difficile pour les jeunes de trouver un emploi doté de droits; l'accès universel aux services publics est également devenu plus difficile.
La combinaison de tous ces facteurs tend à faire baisser le taux de natalité. C'est pourquoi nous devons changer de politique de toute urgence. C'est aussi pour cette raison que nous devons remplacer la stratégie de Lisbonne par une stratégie européenne pour la solidarité et le développement durable qui ouvre de nouveaux horizons pour une Europe caractérisée par des emplois dotés de droits, des horaires de travail réduits sans réductions des rémunérations, de meilleurs salaires, la fin de la discrimination, en particulier la discrimination salariale à l'encontre des femmes, une plus grande cohésion économique et sociale, une protection adéquate ainsi qu'une sécurité sociale publique et universelle garantissant une meilleure qualité de vie et une plus grande justice sociale.
Il est donc urgent de créer des structures de garde d'enfants et de soins pour personnes âgées plus nombreuses, de meilleure qualité et plus abordables, et de rendre généralement gratuite l'école maternelle publique, cela afin de promouvoir de bonnes conditions de travail permettant de concilier le travail et la vie familiale. Il faut pour cela mettre en place des emplois et des horaires de travail stables et respecter le rôle social des mères et des pères.
C'est pour la même raison qu'il est nécessaire d'allouer des ressources budgétaires plus étendues aux pays moins développés, et que tous les États membres doivent de toute urgence ratifier et appliquer la convention des Nations unies sur le regroupement familial pour les travailleurs migrants.
Kathy Sinnott, au nom du groupe IND/DEM. – (EN) Monsieur le Président, ce rapport nous parle de la nécessité de se préparer au changement démocratique. Cela signifie-t-il que nous baissons les bras et acceptons la sombre prédiction du Livre vert de 2005?
Lorsque ce document a été publié, nous avons vu la situation exposée comme un défi à relever pour changer. Entre autres choses, nous voulions trouver un moyen de permettre aux femmes d'avoir le nombre d'enfants désirés. Sommes-nous en train de jeter l'éponge?
Notre souhait d'augmenter le taux de natalité est ruiné par nos politiques. Notre stratégie compétitive est fondée sur un consumérisme croissant, lequel peut être dissuasif pour les personnes désireuses d'avoir des enfants. Le consumérisme nous apprend à être égoïstes. Il suffit pour s'en convaincre de regarder certaines publicités qui nous disent: «Gâtez-vous; prenez tout; achetez!»
Pour la plupart des gens, le fait d'avoir des enfants et une famille, c'est le contraire de ces tentations. Il exige d'être altruiste, de partager et de faire passer les autres avant soi. Quand on devient un consommateur, on se demande de plus en plus si on peut se permettre d'avoir un enfant. On met en balance le coût d'un enfant avec le coût nécessaire pour obtenir de l'avancement, une vie sociale, une voiture, une maison ou des vacances. Le concept de l'enfant sort souvent perdant de la comparaison quand les parents potentiels disent soit «non, merci», soit «pas encore».
Évidemment, nous devons nous occuper du problème de l'infertilité. Toutefois, sachant que plus de quatre millions d'avortements sont pratiqués chaque année en Europe, nous ne pouvons pas vraiment dire que l'infertilité est la première cause de la baisse du taux de natalité.
Ma stagiaire, à qui j'avais demandé de lire ce rapport, m'en a fait ce commentaire intéressant: où donc sont les hommes? Si nous voulons parler d'égalité entre les hommes et les femmes et de démographie, nous devons envisager que les hommes et les femmes soient également et pleinement responsables de l'éducation des enfants. Pour de nombreuses raisons valables, nous avons dû plaider pour la cause des femmes. Toutefois, avons-nous atteint un point où nous avons mis les hommes sur la touche? Élever un enfant est une tâche énorme. S'il est vrai que nous devons accorder toute l'aide possible aux mères isolées et à leurs bébés, l'État n'est au mieux qu'un piètre remplaçant d'un père aimant, attentif et, si j'ose dire, protecteur.
De nombreuses femmes ne veulent pas se lancer dans la maternité sans le soutien d'un père engagé. La sécurité est importante dans la maternité mais la sécurité financière ne fait pas tout. Nous devons encourager la mise en place d'un environnement affectif propice à la procréation. Notre culture doit encourager les hommes à assumer leur part de responsabilité.
Plus que toute autre chose, avoir des enfants implique les relations les plus étroites. Pour cette raison, la multiplication des structures de garde d'enfants, bien qu'utile pour permettre aux femmes d'être sur leur lieu de travail, ne contribuera pas à l'accroissement du taux de natalité. Pour remédier à notre crise démographique, nous devons restaurer l'intégrité fondamentale des relations humaines. Nous devons encourager la confiance, la patience, la fidélité et l'amour. Ce n'est que dans une telle ambiance que les hommes et les femmes ressentiront suffisamment de bonheur et de sécurité pour fonder une famille. Si nous soutenons réellement cette famille et cette vie de famille, nous verrons une augmentation des naissances et, partant, la revitalisation de l'Europe.
Thomas Mann (PPE-DE). – (DE) Monsieur le Président, l'Union européenne subit un changement démographique sans précédent. En 2030, il nous manquera plus de 20 millions de personnes en âge de travailler. Deux travailleurs devront payer pour la pension de chaque retraité. La bonne nouvelle, c'est que les gens vivent plus longtemps et que les personnes âgées d'aujourd'hui sont en meilleure santé que celles des générations précédentes. La mauvaise nouvelle, c'est que la génération plus jeune est trop peu nombreuse, ce qui aura des conséquences dramatiques sur l'urbanisme, la construction d'habitations, le système éducatif et l'organisation du travail.
Nous devons instaurer un environnement plus favorable à la famille dans nos États membres: plus de choix de structures de garde d'enfants, plus de garderies sur le lieu de travail, de meilleures possibilités de combiner la famille et le travail, une plus grande participation des femmes au monde du travail, davantage de travail à temps partiel pour les parents et la garantie d'un retour au travail pour ceux qui ont terminé d'élever leurs enfants. Par-dessus tout, nous avons besoin de parcours de développement de carrière stables et de revenus suffisants, deux éléments qui facilitent la vie de ceux qui désirent avoir des enfants.
Il faut également investir beaucoup plus dans les personnes, améliorer l'enseignement général et les formations spécialisées. Les programmes d'apprentissage tout au long de la vie devraient bénéficier non seulement aux jeunes mais aussi à leurs aînés, qui se sentiront ainsi en mesure de travailler beaucoup plus longtemps, qui peuvent gérer une solide charge de travail, qui sont hautement compétents et très motivés.
Nous ne devrions pas attendre trop du rapport d'initiative de Mme Castex. Le statut juridique des services sociaux d'intérêt général reste controversé. Nous nous opposons à l'établissement d'une directive-cadre ou de réglementations d'application obligatoire sur l'ensemble du territoire de l'UE. De plus, les régimes de pensions d'entreprise qui ont été créés librement ne peuvent se voir imposer de charges supplémentaires, liées par exemple à des critères de politique familiale. Nous parlons d'une question de sécurité sociale, une question de fiscalité, et donc d'un domaine relevant traditionnellement de la compétence de chaque État membre.
Enrichi de ces considérations et des amendements proposés par le groupe du Parti populaire européen (démocrates chrétiens) et des démocrates européens, ce rapport devient plus substantiel. Forts d'un tel rapport, nous pouvons mener un débat suffisamment large sur les conséquences des changements dramatiques que subit notre démographie.
Alejandro Cercas (PSE). – (ES) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, je vous suis très reconnaissant d'assister à ce débat des plus intéressants. Je tiens également à remercier Mme Castex qui, grâce à ce rapport, nous permet d'approfondir un débat qui nous est fort utile.
Pour un pays comme le mien – l'Espagne – qui traverse une crise démographique peut-être plus grave que celle de l'Union européenne en moyenne, ce type de communication de la Commission et ce type de débat sont les bienvenus. Nous parlons en effet d'un problème structurel et non d'une situation à court terme. Les considérations exprimées portent le problème hors du débat politique national pour lui conférer une plus grande ampleur, ce qui accroît de beaucoup notre capacité d'analyse et de réaction.
Comme le commissaire l'a dit, nous sommes face à un problème mais aussi à une opportunité. Celle-ci pourra se concrétiser si nous nous attelons au problème posé, et non seulement à ses effets – le fait qu'il y ait déjà davantage de personnes âgées en Europe, que notre continent vieillit – mais également à ses causes.
Nous devons empêcher l'Europe de vieillir car nous ne pourrons pas éviter l'augmentation du nombre de personnes âgées: la science et la médecine nous ont amenés à ce point, et le progrès continuera. Le problème, comme d'autres membres l'ont souligné, est que nous avons besoin de politiques des naissances, de politiques démographiques, bref nous avons besoin d'enfants en Europe. Nous devons travailler dans tous les domaines en ayant à l'esprit que nous lèguerons aux générations futures un problème grave et délicat si nous ne posons pas maintenant les fondations pour y remédier.
Je suis de ceux qui croient que le modèle social européen n'est pas le problème mais, au contraire, qu'il pourrait nous apporter la solution.
Le vieillissement de l'Europe et son faible taux de natalité seraient encore plus problématiques en l'absence de notre système social. D'autres sociétés, la Chine, par exemple, qui vont connaître un phénomène très semblable, paieront encore plus cher parce qu'elles manquent de modèles sociaux efficaces, intelligents et rationnels.
Il faut en effet savoir que ce changement est inévitable et que nous allons devoir nous y adapter. Notre système social peut modifier ses techniques sans changer ses valeurs. À mon sens, il importera surtout d'assurer la solidarité, de concilier la vie familiale et professionnelle (pour donner aux familles des opportunités innovantes de produire de nouvelles générations) en accueillant les immigrants, non pas comme une charge ou comme un élément négatif pour nos sociétés, mais comme un phénomène qui, si nous parvenons à l'intégrer, va encore une fois nous aider à résoudre la crise en question. Enfin, nous avons besoin de lancer un débat majeur sur le rôle des femmes dans notre société, un débat qui devra être placé, comme toujours, sous le signe de la solidarité.
(Applaudissements)
Siiri Oviir (ALDE). – (ET) Monsieur le Commissaire, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, le taux de natalité moyen de l'Europe d'aujourd'hui est de 1,5, ce qui signifie qu'il n'y a pas de croissance de la population. Les États membres ayant étudié la situation, leurs enquêtes montrent que, en moyenne, les gens aimeraient avoir deux ou trois enfants. De toute évidence, les désirs de la population ne correspondent pas à la réalité.
Au XXIe siècle, les femmes ont arrêté depuis bien longtemps de se contenter du rôle de femme au foyer et de mère. Elles ont fait des études, veulent travailler et mener une carrière; les revenus perçus pour leur travail haussent le niveau de vie de leur famille. Néanmoins, nous devons être capables d'influencer le taux de natalité et de créer une situation dans laquelle le nombre d'enfants désirés dans une famille devient une réalité. Nos familles ont besoin d'être sûres que la naissance d'un enfant ne brisera pas une carrière; en d'autres termes, il faut atteindre un meilleur équilibre entre le travail et la vie de famille, tant pour les mères que pour les pères.
Les parents ont également besoin de la certitude de pouvoir offrir à leurs enfants une formation de qualité et des compétences leur permettant de réaliser leurs ambitions, si nécessaire avec le soutien matériel de l'État. Sans ce sentiment de sécurité, les gens n'auront pas d'enfants. L'immigration en tant que moyen d'accroître la population est un choix naïf. Elle n'offre qu'une solution partielle et à court terme. Nous devrions attacher plus d'importance à l'innovation et moins à l'immigration.
Je n'aurai pas le temps d'évoquer tous les facteurs en question mais je tiens à souligner que la situation démographique dépend en grande partie d'une diversité de décisions et de dispositions législatives dans des domaines allant du droit du travail et du droit familial jusqu'au droit environnemental en passant par la sécurité nationale. En conclusion, je voudrais remercier Mme Castex pour son important rapport fortement émaillé d'empathie féminine.
Ewa Tomaszewska (UEN). – (PL) Monsieur le Président, ce projet de résolution attire encore une fois l'attention sur la menace d'ordre démographique qui pèse sur l'Europe. La responsabilité que nous avons à l'égard de l'avenir de notre continent et de son développement social et économique nous oblige à attacher une attention particulière à cette question. Un taux de natalité de 1,5 en moyenne est trop bas. Pour garantir le simple remplacement des générations, ce taux doit dépasser 2,15.
La promotion des modèles familiaux caractérisés par peu ou pas d'enfants, les conditions de vie familiale ne garantissant pas une situation économique décente et stable (conséquence du chômage et de l'affaiblissement des normes du travail, en particulier concernant la durée de l'emploi) et la pénalisation des femmes en situation de maternité par les régimes de pension sont autant de facteurs qui concourent à cette menace. Le vieillissement de la société, qui découle en grande partie de l'accroissement de la durée de vie – phénomène par ailleurs positif – mais aussi de la diminution du rapport entre le nombre de personnes ayant un emploi rémunéré et le nombre de pensionnés, provoque de gros problèmes financiers dans les systèmes de pension. Étant donné cette situation, des mesures doivent être prises pour introduire un changement.
Je ne puis toutefois être d'accord avec l'avis du rapport selon lequel ce problème pourra se résoudre pour nous grâce aux mouvements de migration. Des études réalisées en Pologne par l'Institut pour l'économie de marché indiquent que la hausse quantitative de la population susceptible d'être atteinte par cette méthode sera d'à peine 2 à 3 %, donc nettement insuffisante. De plus, cette méthode donne lieu à des problèmes sociaux, comme on le constate actuellement au Danemark, en France et en Allemagne. Les processus d'intégration prennent beaucoup de temps.
Je voudrais maintenant attirer votre attention sur les suggestions du rapport relatives aux droits des familles des migrants économiques. Les amendements que j'ai proposés sont motivés par le manque de précision quant à savoir si l'on entend le terme «famille» au sens de la loi du pays de naissance du migrant ou de celle du pays accueillant le migrant. Je suis particulièrement préoccupée par la polygamie potentielle et les conséquences juridiques et économiques qui en découlent pour les services sociaux mis à la disposition de ces familles. Je voudrais également...
(Le Président retire la parole à l'orateur.)
Bernard Wojciechowski (IND/DEM). – (EN) Monsieur le Président, le mot «intégration» est employé 24 fois dans ce rapport. La proposition d'intégrer les immigrants au moyen de l'argent des contribuables nationaux ne prend pas en considération un aspect important: la religion et la civilisation. Les laïques militants d'origine socialiste évitent ce sujet, bien que la population musulmane soit en forte augmentation.
En 2025, un habitant sur trois de l'Europe occidentale sera peut-être musulman. L'archevêque de Canterbury a récemment suggéré à l'Europe d'adopter la loi de la charia, ce que le président et l'establishment de ce Parlement appelleraient probablement du «multiculturalisme». De telles initiatives attirent l'attention sur un débat confus qui se développe concernant les moyens et possibilités d'intégrer et d'assimiler les flots de nouveaux immigrants débarquant sur le continent.
L'assimilation signifie-t-elle que les immigrants devraient absorber la civilisation européenne et être absorbés par elle, ou qu'ils devraient se joindre aux descendants des vieilles nations européennes pour créer une sorte de nouvel Européen? Ou peut-être la création d'une civilisation commune est-elle indésirable ou impossible?
Bien que l'Europe ait toujours eu sa part de cultures diverses, elle s'est aussi caractérisée par une culture ou – pour ainsi dire – une civilisation chrétienne, partagée par la plupart de ses peuples, quelle que soit leur identité. Depuis près de 20 siècles, cette civilisation forme la composante centrale et durable de l'héritage européen. Posons-nous cette question: l'Europe serait-elle ce qu'elle est aujourd'hui si, au VIIe et VIIIe siècles, les ruines de la Rome antique avaient été conquises et colonisées non par des sociétés chrétiennes mais par des musulmans ou autres? La réponse toute nette est «non». Ce ne serait pas l'Europe mais l'Égypte ou la Libye.
Heureusement, il y a des gens qui n'accepteront pas la charia sous le couvert des droits culturels. La religion doit être protégée de l'État, de l'État européen en particulier. Seule la chrétienté peut intégrer d'autres religions dans un projet européen partagé en reconnaissant ce que les idéologies laïques ne peuvent reconnaître. Je crois que l'Europe est capable de cela et que les Européens devraient s'en remettre à nouveau à la culture chrétienne et aux traditions et valeurs de liberté, d'égalité, de loi et de droits individuels qui, pendant plus de 20 siècles, ont été acceptées par les Européens de toutes les nations et qui ont été à la base de la prospérité et du leadership moral de l'Europe dans le monde.
Ce rapport ne peut intégrer personne ni rien. Il est un symbole de morts vivants. L'application de ses suggestions pourrait créer un continent de zombies, inconscients de leurs identités nationales.
José Albino Silva Peneda (PPE-DE). – (PT) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, Mesdames et Messieurs, l'accroissement de l'espérance de vie et la diminution constante du taux de natalité auront pour effet que l'indice de dépendance démographique de l'Europe passera de son niveau actuel de 49 % à 59 % en 2025 et à 77 % en 2050.
L'Union européenne est ainsi confrontée à un problème sans précédent: dans l'avenir, ses villes compteront une proportion très élevée de personnes âgées et la société sera fort différente de ce qu'elle est aujourd'hui.
Cette tendance appellera des changements profonds dans d'importants aspects des politiques publiques, notamment la sécurité sociale mais aussi les services de santé et les soins, la politique fiscale, l'urbanisme, l'immigration, la sécurité, la culture, le tourisme, les loisirs, entre autres.
Le financement des régimes de pension devra aussi être repensé pour qu'il ne doive plus reposer essentiellement sur l'État et, même si cela reste le cas, pour que les cotisations ne proviennent plus exclusivement des salaires.
Étant donné la grande ampleur des conséquences du changement démographique, ce phénomène doit être considéré du point de vue de l'administration publique et du tissu social. Il requiert l'implication de tous les opérateurs économiques, culturels et sociaux dans une analyse et un débat structurés sur les diverses mesures possibles, d'où la valeur de ce rapport.
Encore une fois, nous sommes confrontés à un problème qui exige de toute urgence l'intensification du dialogue social; il n'y a en effet aucune autre façon de s'y atteler.
Je suis d'accord avec la Commission quand elle déclare que la stimulation du taux de natalité que requièrent l'urgence et l'ampleur du problème permettra d'établir une stratégie à long terme. Ce n'est qu'ainsi que nous pourrons adopter des mesures préventives et, en même temps, aider l'Union européenne à saisir les opportunités qui vont de pair avec une politique de stimulation du taux de natalité.
Harald Ettl (PSE). – (DE) Monsieur le Président, aujourd'hui, à cette heure si tardive, nous débattons d'un rapport qui traite de l'avenir démographique de l'Europe, avec un public pour ainsi dire inexistant. Le rapporteur mérite les plus hautes éloges pour son rapport, qui aborde nos questions existentielles, sociétales, politiques et sociales. Ce document devrait être à lire obligatoirement par tous les membres du Parlement qui se cachent derrière le pragmatisme quotidien de la politique et l'ignorance de la réalité.
Le rapport révèle comment et où le froid de l'économie et la foire d'empoigne peuvent être combattus par la chaleur sociale. Il contient aussi des prédictions sur la façon dont les choses évolueront, pour nous ouvrir les yeux et nous permettre de développer une philosophie politique d'une société inclusive. Il s'agit de la question sans cesse changeante de ce qui constitue une famille, une question qui doit être revue, et du fait que dans notre société aisée d'aujourd'hui, avoir des enfants est mis en relation avec la crainte de la pauvreté.
Dans les firmes industrielles – et c'est une situation typique – le congé parental est refusé par des manageurs machos qui n'ont jamais eu de vie sociale. De plus, il est impossible de dénombrer les relations de travail et lieux de travail qui poussent les gens à se demander s'ils peuvent «se permettre» d'avoir des enfants.
Les mesures supplémentaires énumérées dans le rapport sont nécessaires pour transformer une évolution démographique en une situation où chacun trouve son compte. Une chose est sûre: la société de demain ne ressemblera pas à celle d'aujourd'hui. Que le conflit des générations devienne une apocalypse sociopolitique et favorise un éventuel conflit entre riches et pauvres dépendra de ce qui se décide ici et maintenant et de la disposition des responsables politiques à penser politiquement et à travailler selon une sociopolitique.
Ce rapport est davantage qu'un mauvais bulletin météo que nous pouvons supporter aujourd'hui en sachant que le temps pourrait s'améliorer demain. Ce rapport est un appel clair en faveur du changement et du développement de notre société. Il offre en particulier une opportunité d'améliorer notre compréhension personnelle de la société. Encore tous mes remerciements au rapporteur.
Jean Marie Beaupuy (ALDE). – (FR) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, comme vient de le dire mon précédent collègue, nous sommes devant un grand défi. Actuellement, tous nos concitoyens ont bien compris qu'il y avait un défi climatique. Peu ont compris qu'il y avait un défi démocratique.
Mais, lorsque nous avons dit cela, où se situe le problème démographique en Europe? Dans les villes, naturellement, puisque 80 % de la population est concentrée dans les villes. Quel est le problème qui est posé aujourd'hui, pour les citoyens qui habitent dans les villes et pour les maires, puisque d'autres collègues, députés comme moi, sont aussi maire ou maire-adjoint de leur ville?
Je prendrai deux séries d'exemples. Une série d'exemples économiques, d'une part. Dans la mesure où la ville, soit doit recevoir un nombre important d'habitants, soit, au contraire, comme certaines villes d'Allemagne de l'Est, voit le départ de nombreux habitants, cela représente, dans le second cas, des logements inoccupés, des routes inutilisées, des quartiers chauffés sans objet, des écoles vides ou, a contrario, dans le premier cas, comme je viens de le faire dans certains quartiers de ma ville, une école à construire, pour 5 millions d'euros, un nouvel établissement de quartier, pour 7 millions d'euros. Ce sont donc des dépenses économiques qui pèsent sur les épaules des villes et des contribuables des villes.
Mais le défi n'est pas seulement économique, il est aussi humain parce que, dans ces quartiers-là, lorsque l'on voit des personnes frappées d'isolement, que l'ensemble du quartier vieillit, qu'il n'y a plus d'enfants qui jouent dans la rue et dont on entend les cris joyeux, il y a là un problème de relations humaines. Il y a des emplois, vous le savez, qui sont complètement délaissés. Nous ne trouvons plus de plombier dans certaines petites villes. Nous n'avons plus assez d'infirmières dans ma ville. Nous n'avons plus d'assistantes à domicile en suffisance, donc il faut attendre. Au lieu d'avoir deux heures d'aide par jour, nous n'avons plus qu'une heure. C'est un grave problème humain.
Monsieur le Commissaire, au-delà du rapport de ma collègue, Mme Castex, que je voterai avec plaisir demain, je vous le demande en tant que président de l'intergroupe URBAN, faites-nous une proposition au niveau des villes, pour que rapidement soit mis en place, dans chaque ville, un tableau qui permette de mieux comprendre, de mieux maîtriser, à moyen et à long terme, la situation démographique de nos villes, pour que des décisions soient prises sur les aspects du logement, du transport, des écoles, etc.
Wojciech Roszkowski (UEN). – (PL) Monsieur le Président, le rapport que nous examinons constitue une preuve de l'impuissance de l'UE même à évaluer la situation. Nous nous trouvons à bord d'un Titanic démographique et personne n'a même demandé à l'orchestre de commencer à jouer. Cela ne nous empêche pas de mener des débats d'une telle importance dans la soirée, à un moment d'audience minimale.
L'UE traverse une crise démographique. Alors que le rapport parle de changements, l'argument du considérant F est en contradiction flagrante avec celui du paragraphe 1. Il est question de l'infertilité des femmes, mais qu'en est-il de celle des hommes? Il est question de l'infertilité des couples, comme si les couples homosexuels pouvaient être fertiles. Il est question de l'infertilité mais rien n'est dit de l'avortement comme cause principale de la diminution de population de l'Europe. Au cours des 50 dernières années, quelque 75 millions d'avortements ont été pratiqués dans les 27 États membres. Sans ces interruptions de grossesse, la population de l'Union européenne serait plus nombreuse de 15 % et nous ne serions pas confrontés à cette crise.
Dans l'UE, nous parlons toujours de droits mais jamais de devoirs ni de devoirs vis-à-vis de l'avenir. Une telle attitude est propre d'adultes entrant dans une seconde enfance. Voilà pourquoi nous sommes en crise: les enfants ne peuvent avoir de progéniture et les personnes âgées non plus mais, sans progéniture, il n'y a pas d'avenir.
Csaba Őry (PPE-DE). – (HU) Merci, Monsieur le Président. Le rapport sur l'avenir démographique de l'Europe est important car il explore des solutions à des problèmes cruciaux. Il cherche notamment à savoir comment arrêter le vieillissement de la société, augmenter le désir d'avoir des enfants, améliorer l'équilibre entre travail et vie familiale, donner des possibilités d'emplois aux femmes, prendre soin des personnes âgées, s'occuper des nécessiteux et leur donner du travail et, objectif vital, assurer la durabilité à long terme et la viabilité financière des grands systèmes de sécurité sociale.
Une série de questions se trouvent au centre de ces problèmes: la famille; la question de la division des tâches en son sein; la famille où le mari et la femme travaillent en même temps; le désir d'élever de plus en plus d'enfants et de subvenir à leurs besoins; et le maintien du bien-être et des soins prodigués aux personnes âgées dépendantes. Comment encourager les adultes à travailler et à avoir des enfants en même temps? De plus, nous devons aussi tâcher d'encourager le vieillissement actif au travers des politiques de l'Union. Il faut pour cela rendre attrayant le fait d'avoir un emploi en plus de la pension, en poussant un peu plus loin la limite d'âge dans la limite du possible et en réduisant les pensions de préretraite au travers d'incitations indirectes.
Nous ne pourrons atteindre ces objectifs – qui dépendent les uns des autres – qu'en accordant une attention particulière à ces deux considérations: aider les familles et améliorer la santé des gens. À l'évidence, nous ne pourrons compter accroître le désir de travailler des aînés que s'ils sont en bonne santé et capables de continuer à travailler sans gros problèmes.
Il est malheureux que de nombreux États membres refusent ou réduisent les subventions sanitaires pour des raisons budgétaires, et qu'un fardeau de plus en plus lourd soit placé sur les épaules des travailleurs, y compris les aînés et les nécessiteux. Ces mesures vont dans le mauvais sens. Elles ne contribuent pas à mettre en œuvre la stratégie de Lisbonne ni à résoudre nos problèmes démographiques. La situation est similaire en ce qui concerne les systèmes d'aide aux familles. Ici aussi, il faut renforcer ces systèmes et non pas les rejeter ou les réduire. Merci beaucoup, Monsieur le Président.
Rovana Plumb (PSE). – (RO) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, chers collègues, le rapport Castex revêt une très grande importance pour l'avenir de l'Europe. Je tiens à féliciter Madame le rapporteur pour ce document.
Une politique démographique correcte doit se baser sur un principe important: il faut éviter d'assigner aux générations futures des tâches qui sont presque impossibles à accomplir, en prenant en considération la conjoncture prévue pour les prochaines décennies. En deux mots, nous devons trouver des solutions adaptées au présent mais, plus encore, à l'avenir.
La démographie européenne pose des problèmes aux quatre coins de l'Union. Je voudrais attirer l'attention sur le fait que la région que j'ai l'honneur de représenter est confrontée à des problèmes aigus dans ce domaine. En effet, la réalité socioculturelle héritée de la longue période communiste influence directement les processus démographiques des pays d'Europe orientale, la Roumanie étant un cas particulier.
À première vue, la réponse au défi démographique est simple: les États membres doivent au plus vite revoir leurs politiques démographiques afin de supprimer les conséquences négatives de la diminution de la population et de son vieillissement. Bien que les solutions ne soient pas toujours aussi simples que les réponses, je voudrais souligner l'importance de la remarque n° 10 du rapport, qui appelle les États membres à adopter des mesures visant à créer des structures d'accueil des enfants, de bonne qualité et à des prix accessibles, conformément aux objectifs de Barcelone. L'objectif fixé dans ce domaine invite les États membres à créer, d'ici 2010, des structures permettant d'accueillir au moins 90 % des enfants entre 3 ans et l'âge de la scolarité et au moins 33 % des enfants de moins de 3 ans. Il s'agit d'un objectif à la fois généreux et nécessaire.
À mon avis, les aides financières directes sous forme de versements n'offrent qu'une solution valable pour l'instant. Pour cette raison, il conviendrait de mettre l'accent sur le soutien à apporter aux parents dans leur relation avec l'employeur ainsi que sur des services d'accueil et d'éducation des enfants, de qualité et à des prix accessibles, cela dans le but d'assurer un équilibre entre la vie familiale et professionnelle. Les institutions européennes et les États membres commencent à se rendre compte de l'importance des politiques démographiques, mais cela n'est pas suffisant. Nous avons besoin d'un premier pas en réalisant un état des lieux précis de la situation démographique de l'Union européenne.
(Le Président retire la parole à l'orateur.)
Marian Harkin (ALDE). – (EN) Monsieur le Président, je voudrais tout d'abord dire «beau travail» au rapporteur. Nous avons là un rapport très complet sur le défi démographique, une question de grande envergure pour l'UE.
Je voudrais juste évoquer deux questions traitées par ce rapport: la situation des aidants, en particulier dans les familles, et la question des pensions. Concernant la première question, le rapport rappelle aux États membres les multiples désavantages auxquels sont confrontés les aidants ou soignants, et leur demande d'offrir davantage de soutien à ces personnes, en particulier le droit d'accéder à des formes de travail flexibles ou à temps partiel. Les aidants pourront ainsi plus facilement opérer des choix et atteindre un équilibre raisonnable entre travail et vie familiale.
La Cour de justice semble d'ailleurs partager cet avis, comme l'indique son arrêt récemment rendu en faveur d'un licenciement constructif à la suite d'une plainte déposée par un aidant du Royaume-Uni.
Le rapport souligne également que l'accès à des services adéquats pour ceux qui ont besoin de prise en charge joue un rôle important pour assurer une participation entière et égale des hommes et des femmes au marché du travail. Cette mesure nous aidera à atteindre les objectifs de Lisbonne. En outre, des services adéquats doivent évidemment être assurés dans tous les cas.
Le rapport souligne aussi l'énorme disparité entre les hommes et les femmes en ce qui concerne le montant moyen de la retraite. Cette disparité s'explique souvent par des interruptions de carrière prises pour assumer des responsabilités familiales auprès d'enfants ou de parents âgés. À cet égard, le rapport appelle les États membres à prendre des mesures pour que les arrêts d'activité professionnelle pour maternité, paternité et congé parental ne constituent pas une pénalité dans le calcul des droits à la retraite des femmes.
Il faut à tout prix éviter que les aidants d'aujourd'hui, dont beaucoup travaillent 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, ne deviennent pas la prochaine génération de personnes âgées pauvres. Pour empêcher cela, les États membres doivent agir pour gérer la question des pensions des aidants. Il serait tout à fait inadmissible de refuser une pension adéquate aux personnes qui supportent la prise en charge d'autrui.
Ryszard Czarnecki (UEN). – (PL) Monsieur le Président, lorsque je fréquentais l'école primaire, 100 millions d'Européens avaient maximum 14 ans, comme moi. Quand j'aurai 87 ans, l'Europe ne comptera plus que 66 millions d'enfants de cet âge. Aujourd'hui, un citoyen européen sur quatre a plus de 65 ans et, dans 40 ans, un Européen sur deux sera dans ce groupe d'âge de la mise à la retraite.
N'oublions pas que ces chiffres ne sont pas de pures statistiques. Ils traduisent un phénomène qui, à lui seul, entraînera une augmentation massive des dépenses publiques, en particulier des prestations sociales. Une crise démographique frappe l'Europe, y compris mon pays. Voici une centaine d'années, un habitant du monde sur six ou sur sept était européen. D'ici 40 ans, à peine une personne sur 20 vivra sur notre continent.
Que faire pour enrayer ce phénomène? Promouvoir la maternité, créer des incitations économiques pour faire des enfants, notamment des allègements fiscaux, aider les familles nombreuses constituent certes des mesures utiles mais, s'il en est une qu'il faut impérativement prendre, c'est le traitement de l'infertilité. Aujourd'hui nous nous plaignons et finissons par parler du problème des immigrants, mais la source des difficultés évoquées réside dans le déclin démographique des peuples de l'Europe.
Miroslav Mikolášik (PPE-DE). – (SK) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, je ne peux que m'inquiéter devant la baisse du taux de natalité enregistrée depuis plusieurs années et la prévision d'une modification de la structure de population de l'Union européenne d'ici 2050. Nous allons connaître non seulement un vieillissement général de la population de l'Union européenne mais également une pénurie de personnes en âge de travailler. Conséquence de cette situation, l'Union sera confrontée à une perte de compétitivité en comparaison avec les régions qui bénéficient d'une forte croissance démographique.
Ce déséquilibre démographique pourrait affecter le financement des systèmes de sécurité sociale et de pensions. Néanmoins, cette situation n'a rien de nouveau et les changements démographiques adverses que nous connaissons nous obligent à nous poser d'importantes questions; quand nous cherchons des solutions pour répondre à ces changements, nous devons en analyser les causes et conséquences. À mon sens, l'une des grandes causes de cet hiver démographique sont les conditions et tendances adverses qui tendent à affaiblir l'unité traditionnelle d'un homme et d'une femme, le rôle de la maternité dans la vie d'une femme, le rôle de l'homme en tant que père, les avantages économiques et sociaux accordés aux familles nombreuses, etc.
En tant que père et médecin, je salue les parties du rapport qui envisagent de protéger la maternité, d'apporter un soutien socio-économique aux familles et de promouvoir les activités permettant aux hommes et aux femmes de mieux concilier leur vie de famille et leur vie professionnelle. J'approuve également l'approche pragmatique et rationnelle de la politique de l'immigration proposée. Je tiens juste à dire que, à mon avis, une politique de l'immigration rationnelle doit veiller à pourvoir les postes qui sont vacants depuis longtemps dans les États membres de l'UE. C'est précisément dans ce domaine que nous avons besoin d'une politique européenne bien pensée et bien préparée. Lors de l'application du système dit de «carte bleue», l'Europe ne devrait choisir, dans le cadre du processus d'immigration, que les personnes qualifiées susceptibles de travailler dans les métiers pour lesquels notre marché manque de personnel.
Je vois un autre élément positif dans ce rapport: la possibilité de l'adoption pour les couples stériles et la création de conditions favorables pour les familles d'accueil. (J'ai bientôt fini.) Je ne suis toutefois pas d'accord avec le principe de promouvoir la procréation assistée en tant qu'option du traitement de l'infertilité car…
Joel Hasse Ferreira (PSE). – (PT) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, Mesdames et Messieurs, la question de l'avenir démographique de l'Europe a reçu une grande attention de notre Parlement. À Lisbonne, j'ai préconisé, avec ma collègue Edite Estrela, la tenue d'une audition publique sur la démographie et la solidarité entre les générations au cours du débat sur le rapport Bushill-Matthews. Le rapport de Mme Castex, que je félicite pour ce document, embrasse une perspective plus vaste, celle de l'avenir démographique de l'Europe.
Les défis de la solidarité concernent les relations non seulement entre générations mais aussi entre régions, et englobent l'intégration des migrants, les politiques de gestion des ressources humaines et, bien sûr, le problème du renouvellement démographique.
Pour favoriser ce renouvellement démographique, il faudra, Mesdames et Messieurs, reconsidérer l'importance des structures d'accueil des enfants, qui permettent aux parents d'accéder plus facilement au marché du travail et contribuent à la lutte contre la pauvreté, en particulier dans le cas des familles monoparentales.
Toutefois, il importe également de prendre en compte le fait que certains des objectifs définis avec justesse à Barcelone dans ce domaine et d'autres n'ont pas été atteints dans plusieurs pays; je pense notamment à la plus grande participation des femmes à la vie professionnelle ou au soutien de l'emploi pour les plus de 55 ans.
Du point de vue fiscal, aussi, il importe que les États membres réfléchissent à la possibilité de promouvoir des mesures efficaces pour stimuler le taux de natalité, et ce afin de réduire les contraintes accompagnant le choix d'avoir davantage d'enfants.
Soyons clairs: il est important que les travailleurs puissent, s'ils le souhaitent, prolonger leur carrière dans les limites du cadre juridique mis en place dans chaque État membre, mais il faut sauvegarder le droit à la retraite à l'âge légal. Il est bien sûr essentiel d'œuvrer en faveur d'une durabilité accrue des systèmes de sécurité sociale.
En termes de population, l'avenir de l'Europe dépend en grande partie de l'immigration en provenance du sud. Pour cette raison, les systèmes d'éducation doivent prendre en compte les besoins des immigrants et de leurs familles afin de permettre à ceux-ci de se sentir heureux et profondément satisfaits dans les divers États membres de l'UE.
Je dirai pour conclure que l'avenir démographique de l'Europe dépend aussi de nous, du Parlement européen. Je suis convaincu que nous nous montrerons à la hauteur de nos responsabilités.
Zdzisław Zbigniew Podkański (UEN). – (PL) L'avenir démographique de l'Europe est un problème à long terme. L'Europe vieillit rapidement. Nous sommes menacés par une diminution de la population en âge de travailler, une chute de la compétitivité économique et une réduction du financement des prestations sociales et de l'équilibre des systèmes de pension.
La grande expansion de l'Union européenne et les mouvements d'émigrants des nouveaux États membres vers les anciens États membres à la recherche de revenus ont atténué ce problème en Europe occidentale mais sans toutefois le résoudre. Le processus de vieillissement de l'Europe se poursuivant, des actions décisives s'imposent dans les domaines suivants, entre autres: protection des droits de l’homme et des droits à l'emploi, promotion d'une politique favorable à la famille, soins médicaux et aide sociale, et amélioration de la gestion des ressources humaines, au bénéfice des immigrants y compris. Les mesures dans ces domaines produiront l'effet désiré pour autant que les processus de mondialisation ne détruisent pas l'humanité et la famille, et que la plus grande valeur soit accordée à l'être humain et non au capital.
Anna Záborská (PPE-DE). – (SK) L'Europe est confrontée à une tendance démographique nettement négative qui indique que, d'ici 50 ans, de vastes changements démographiques se dérouleront dans l'Union. La baisse du taux de natalité, le vieillissement progressif puis l'extinction de la population sont les problèmes les plus graves que nous ayons à affronter. Selon certains scénarios, il y aurait même des risques de voir la fin de la civilisation européenne. Nous devons faire preuve de franchise pour débattre des raisons de cette situation.
Au cours du dernier demi-siècle, des dizaines de millions d'habitants de l'Europe ne sont pas nés, cela à cause des avortements qui ont été pratiqués. On n'a pas appris aux jeunes à se comporter de façon responsable en matière sexuelle; la liberté sexuelle est un trait typique de notre société contemporaine. Les 50 dernières années ont également vu l'augmentation du nombre de ruptures conjugales, de divorces, de familles incomplètes; de plus en plus d'enfants sont nés hors du mariage. Ajoutons à cela l'énorme dévaluation de l'enfant: comparons, par exemple, le pourcentage du coût d'une ou deux voitures qu'un entrepreneur peut amortir fiscalement chaque année, et le pourcentage du coût d'un enfant qui est fiscalement déductible. Notre politique sociale récompense ceux qui ont peu ou pas d'enfants et se concentre en priorité sur les carrières professionnelles de ces personnes. Nous avons une politique sociale qui oblige les familles nombreuses à entrer dans la pauvreté et la dépendance vis-à-vis des allocations de l'État. L'État est l'organe principal et décisif chargé de juger et de redistribuer ainsi que d'assurer la solidarité intergénérationnelle en appliquant la législation fiscale et sociale. Les médias et la société exercent des pressions énormes sur les femmes, en leur faisant croire que seul le travail presté dans le cadre d'un emploi a de la valeur et de l'utilité. Le fait d'accoucher et d'élever un enfant continue d'être vu comme un mal nécessaire. Pratiquement aucune valeur n'est attachée à la maternité. En termes financiers, sa valeur n'est pas exprimée par une rémunération minimale.
Bien qu'il y ait certainement d'autres causes, celles que je viens d'évoquer sont responsables de la destruction de la démographie de l'Europe. Ce n'est qu'en éliminant ces causes que nous pourrons à nouveau faire de l'Europe le continent de l'espoir et de l'avenir, car un continent sans enfants est un continent sans avenir.
Edite Estrela (PSE). – (PT) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, je voudrais commencer par remercier Mme Castex pour son excellent travail.
Le changement démographique constitue un défi d'envergure pour l'Europe. Voici un siècle, la population de l'Europe représentait 15 % de la population mondiale. En 2050, elle ne devrait plus en représenter que 5 %. Chaque habitante de l'Union européenne a, en moyenne, 1,5 enfant, une valeur inférieure aux 2,1 enfants requis pour maintenir la population.
Cette situation grave aura des conséquences négatives sur l'économie, les systèmes de sécurité sociale et la composition même de la société.
Il est donc nécessaire de prendre des mesures comme celles qui ont récemment été adoptées au Portugal, notamment un investissement de plus de 100 millions d'euros pour doter tout le pays de crèches et d'écoles maternelles, une telle initiative dépassant même les objectifs de la stratégie de Lisbonne. Voici d'autres bons exemples à suivre par les autres pays: octroi d'une allocation prénatale aux femmes enceintes les plus nécessiteuses; allocations familiales pour les enfants des immigrants; extension de la durée du congé de maternité; augmentation de 20 % des allocations familiales versées aux familles monoparentales; avantages fiscaux pour les entreprises qui installent ou subventionnent des crèches pour les enfants de leurs salariés; création d'une prime de maternité; et soutien public à la procréation sous assistance médicale.
Marie Panayotopoulos-Cassiotou (PPE-DE). – (EL) Monsieur le Commissaire, je suis convaincue que tout ce que mes collègues vous répètent vous poussera à inscrire le problème démographique au nombre des points les plus fondamentaux du nouvel agenda social; nous nous attendons d'ailleurs à ce que vous nous soumettiez ce document comme proposition pour 2008.
Compte tenu de l'approche basée sur le cycle de vie qui est prévue, l'évolution démographique est liée à la nécessité d'un suivi et d'une prévision des besoins futurs, qui permettront de créer un capital humain dynamique sur le marché du travail. Il faudra cela pour stimuler les espoirs de maintenir l'avantage comparatif des capacités de développement de l'UE.
Je félicite Mme Castex pour la patience qu'elle a eue en réalisant cette évaluation difficile. Son rapport présente une chaîne ininterrompue de problèmes exposés en résumé. Des actions horizontales nous donneront la solution requise.
Dans l'esprit de la communication de la Commission, on nous présente les problèmes qui exigent l'application de bonnes pratiques aux niveaux national, régional et local dans des secteurs divers. La première nécessité, comme nous l'avons déjà si souvent entendu, consiste à renforcer la solidarité intergénérationnelle au moyen de mesures à facettes multiples et d'un soutien moral en faveur de la famille. Cette aide doit pouvoir être offerte indépendamment de la localisation de la famille, qu'elle se trouve en ville ou dans un village isolé. De même, tous les membres d'une famille, de tout âge, de toute origine, qu'ils soient résidents locaux ou immigrants, doivent pouvoir en bénéficier.
Le fait pour une famille de vivre dans un État membre doit lui permettre de développer ses capacités en tant que source de production de richesses. Les familles sont au cœur du développement: elles fournissent de la main-d'œuvre, consomment des biens et produisent de nouveaux membres dynamiques. Pour créer de nouvelles familles, il importe de garantir la sécurité juridique, de maintenir la continuité politique et, surtout, de mener un dialogue honnête dans les secteurs public et privé.
Corina Creţu (PSE). – (RO) Chers collègues, je voudrais tout d'abord louer la qualité du rapport de Mme Castex, qui traite d'un thème décisif pour l'avenir du modèle social européen ainsi que pour la croissance économique de la région correspondant à l'Union européenne. Je tiens également à saluer la présence du commissaire Spidla et son inclination pour les questions sociales. Je remercie Mme Castex en particulier pour l'attention accordée au statut de la femme, à sa dignité et au respect de ses droits civiques et libertés.
Point n'est besoin de rappeler ici les drames vécus par les femmes en Roumanie pendant l'ère communiste, quand l'avortement était illégal, ni d'évoquer les tragédies humaines causées par les avortements que les Roumaines entreprenaient de leur propre initiative et avec des moyens rudimentaires. Réalisé par le Roumain Cristian Mungiu, le film qui a remporté la Palme d'or lors de l'édition 2007 du festival de Cannes a montré une image réelle du véritable traumatisme national subi par les Roumains, une situation qui, je le sais, paraît difficile à croire par les citoyens d'un monde normal.
Les pays d'Europe orientale ont connu un véritable choc démographique après la chute du communisme. Pendant plus d'une décennie et demie, l'accroissement démographique a été négatif. Depuis lors, on perçoit à peine un changement très lent de cette situation. Néanmoins, d'un point de vue général, il y a beaucoup de choses à faire pour changer cette situation dans les pays de l'Union européenne, et les mesures proposées dans le rapport me semblent adéquates. Ces mesures devraient être adoptées par les gouvernements nationaux et soutenues par la Commission.
Je voudrais dire quelques mots sur le système des pensions. Partout en Europe, on note une fâcheuse augmentation de l'âge à partir duquel les jeunes entrent sur le marché du travail, et en même temps une diminution de l'âge de la retraite. Plusieurs pays se plaignent de voir, d'une part, un déficit de main-d'œuvre et, d'autre part, des personnes d'une cinquantaine d'années prendre leur retraite ou ne plus trouver d'emploi. Pour cette raison, j'apprécie également les mesures proposées dans le rapport pour remédier à ce problème.
Rumiana Jeleva (PPE-DE). – (BG) Monsieur le Président, chers collègues, l'Europe est la première partie du monde à ressentir les effets des changements démographiques.
L'évolution démographique résulte de trois facteurs: le taux de natalité, l'espérance de vie et les flux migratoires. Dans l'Union européenne, les taux de natalité diminuent depuis trois décennies et aucune inversion de cette tendance n'est observée. Dans certains États membres, cette évolution suit une tendance à la baisse tandis que dans mon pays, la Bulgarie, il serait plus juste de parler d'un «effondrement démographique», caractérisé par le taux de natalité le plus bas et le taux de mortalité le plus élevé de l'Europe.
Parallèlement à cela, l'espérance de vie est en hausse. Cette tendance stable aura un impact sur tous les aspects du développement économique et social des citoyens européens à l'avenir.
Prenons par exemple le taux de dépendance vieillesse, qui est actuellement de 1 pour 4, comme cela a été souligné ici. On s'attend à ce que ce taux soit de 1 pour 2 d'ici 2050. Toutefois, même aujourd'hui, ce taux préoccupant est déjà un fait. Je vais encore une fois citer l'exemple de la Bulgarie, qui enregistre un rapport de 1 pour 1,2 entre les pensionnés et les travailleurs.
Quant aux flux migratoires, notre approche devrait mettre l'accent sur une gestion efficace plutôt qu'un contrôle excessif. Il faudrait que la Communauté et les États membres suivent une politique plus flexible vis-à-vis des immigrants, en particulier ceux qui viennent de pays tiers. L'immigration pourrait avoir des effets positifs mais n'est pas la panacée qui remédiera à tous les aspects des problèmes démographiques actuels.
Tous ces exemples démontrent que les problèmes démographiques sont réels et que nous devons les relever dès à présent. Ce qu'il importe de faire, c'est transformer ces problèmes en opportunités. Je trouve que l'on parle trop et que l'on agit trop peu au sujet des changements démographiques. Je soutiens donc fermement l'idée que l'évolution démographique devrait être une question de politique horizontale à intégrer dans les diverses politiques de la Communauté ainsi que des autorités nationales, régionales et locales.
Gabriela Creţu (PSE). – (RO) Voilà un excellent rapport qui semble avoir tout dit. Nous remercions tous ceux qui y ont contribué. Néanmoins, permettez-moi de faire une reformulation qui n'est pas une figure de rhétorique. En tant que responsables politiques, notre objectif général consiste à arranger les relations entre les membres de la société de telle sorte que nous puissions tous vivre aussi longtemps que possible en maintenant une harmonie entre nous et la nature. Si nous acceptons cet objectif, nous n'aurons pas de problème démographique.
En réalité, nous faisons l'objet d'une étude démographique uniquement en raison d'une simplification injustifiée et d'une ignorance de ce que nous sommes. Il y a d'autres indicateurs qui mesurent la situation des gens, en tant que population, et nous connaissons ces indicateurs, que l'on appelle «indices de développement humain». De ce point de vue, les pays de l'Union européenne sont en tête des pays les plus avancés, ce qui est une bonne chose. Le défi ne consiste pas à changer les comportements démographiques mais à accepter la nécessité de modifier notre modèle économique et social, qui est supérieur à d'autres modèles mais inadéquat. Ce modèle n'a pas suivi notre propre développement en tant que population. Il existe un écart entre notre objectif général et l'organisation de l'environnement et des relations économiques, autrement dit, entre les déclarations et les faits.
On nous dit qu'il faut avoir plus de naissances. Sachons cependant qu'en Europe, 30 % des enfants vivent en dessous du seuil de pauvreté. On demande aux femmes de donner naissance à des enfants mais les mères isolées courent d'énormes risques d'exclusion. Le taux d'emploi doit augmenter mais les services sociaux ne sont pas financés. Nous exportons des problèmes et voulons importer des solutions mais les citoyens ne sont pas un marché. Nous devons humaniser les relations économiques et sociales si nous tenons à résoudre ce problème. Tel est le vrai défi à relever.
PRÉSIDENCE DE M. VIDAL-QUADRAS Vice-président
Péter Olajos (PPE-DE). – (HU) Monsieur le Président, je m'adresse à vous au nom d'une région en crise et de l'une des nations les plus malades de cette région. En tant que membre responsable de la santé publique, je ne saurais trop insister sur le rapport étroit qui existe entre nos problèmes démographiques et les problèmes de santé publique. Dans mon pays, la Hongrie, il y a plus d'habitants qui décèdent par cancer que partout ailleurs en Europe, une statistique qui contribue au fait que, chaque année, les décès sont 50 % plus nombreux que les naissances.
Le rapport Castex sur l'avenir démographique de l'Europe souligne à juste titre la nécessité d'élaborer une nouvelle politique pour favoriser le renouvellement de la population. Permettez-moi d'évoquer ce seul exemple: tandis que la population des pays islamiques augmentera pour atteindre 1,3 milliard d'ici 2050, celle de l'Europe chutera de 495 à 400 millions.
La nouvelle politique démographique en question doit se fonder sur deux éléments: la famille en tant qu'unité de base de la société, et des habitants en bonne santé. Les familles doivent avoir la garantie d'un système qui les favorise efficacement et bénéficier d'une protection adéquate. Aujourd'hui, dans nombre d'États membres, avoir des enfants équivaut à vivre dans la pauvreté. On peut cependant citer beaucoup de bons exemples aussi. Dans certains pays, l'État prend en charge le fardeau supplémentaire dû aux enfants pour soulager les familles nombreuses, un bon exemple qui devrait être appliqué partout.
La santé est une des conditions nécessaires à la qualité de la vie. Il importe d'intéresser les citoyens à la préservation de leur santé. Ils obtiendront le soutien public nécessaire à cela dans chaque domaine matériel, par exemple les tests de dépistage obligatoires et les possibilités sportives gratuites. Les citoyens seront en outre sensibilisés à ces questions au travers de l'éducation sanitaire et des connaissances démographiques.
Chaque État membre a intérêt à améliorer sa situation démographique et sanitaire. Cette constatation s'applique en particulier à la Hongrie, où la population pourrait finir par passer sous les 10 millions et où l'espérance de vie moyenne est inférieure de dix ans à la moyenne européenne. L'avenir de l'Europe dépend des performances démographiques des générations actuelles. Ce que les gouvernements ne font pas aujourd'hui en raison d'une mauvaise politique sera difficile à rectifier plus tard.
Vladimír Maňka (PSE). – (SK) Mesdames et Messieurs, les habitants de l'Union européenne vivent de plus en plus longtemps, un phénomène positif en soi. Par ailleurs, on constate une diminution régulière du nombre de jeunes. Le nombre de membres appartenant au groupe des personnes en âge productif commencera à baisser dans pas plus de trois ou quatre ans. Aujourd'hui, le rapport est de trois personnes en âge de travailler pour une personne ayant l'âge de la retraite; en 2050, il ne sera plus que de 1,5 personne en âge de travailler. Comment pouvons-nous remédier aux effets économiques de ce vieillissement de la population?
Premièrement, nous devons trouver des emplois pour davantage de personnes. Le schéma classique voulant que les hommes travaillent et les femmes accomplissent les tâches ménagères n'est plus crédible. De nos jours, la plupart des femmes désirent à la fois être mères et mener une carrière. Les politiques publiques doivent favoriser la réalisation de ces deux souhaits. Les pays scandinaves donnent un bon exemple en la matière: leurs politiques actives du marché du travail, combinées à de meilleurs services pour les femmes avec enfants, permettent la meilleure qualité de vie possible.
Deuxièmement, nous devons réformer les systèmes de sécurité sociale conçus au bénéfice des personnes âgées et de celles qui ont atteint l'âge de la pension. Si nous ne procédons pas à cette réforme en nous fondant sur les principes d'égalité sociale et de solidarité, les perdants seront surtout des personnes âgées. Pour réaliser une amélioration à long terme, nous avons besoin de réformer les régimes de pensions et les systèmes de soins médicaux, et d'investir dans la santé. Les personnes âgées ont accumulé beaucoup de connaissances et d'expérience; nous devons les motiver à continuer à travailler pendant plus longtemps.
Mesdames et Messieurs, la stratégie de Lisbonne entame un nouveau cycle qui nous offrira l'opportunité d'introduire des réformes pour accroître la productivité au travail et contribuer à créer des emplois et, partant, nous aidera à réduire l'impact économique du vieillissement de la population.
Roberta Alma Anastase (PPE-DE). – (RO) Mesdames et Messieurs, l'Europe est confrontée à des défis démographiques d'envergure qui produiront un impact de longue durée sur son avenir. Le débat d'aujourd'hui est donc non seulement bienvenu mais également nécessaire en vue d'assurer à l'Europe un bon avenir et un développement durable.
Parmi toutes les recommandations du rapport, j'estime que trois idées en particulier devraient constituer l'essence de la politique démographique européenne. Dans le contexte de la tendance au vieillissement de la population, l'Union européenne devrait d'abord accorder une attention particulière aux enfants et aux jeunes. La protection des enfants et l'offre de bonnes possibilités d'évolution personnelle et professionnelle aux jeunes sont deux objectifs d'importance stratégique pour l'avenir. Le développement de ces objectifs devrait être intégré dans une politique globale de protection des familles et de promotion de la femme.
Le second élément à prendre en considération, l'éducation, est en corrélation étroite avec le principe que je viens d'évoquer. Pour être compétitive, l'Europe a besoin de ressources humaines capables de relever les nouveaux défis, mais elle a aussi besoin de progrès scientifique, de santé publique et d'un niveau de vie adéquat. L'atteinte de ces objectifs dépend sans conteste du niveau d'études et de formation tout au long de la vie de toutes les générations.
Enfin, les flux d'immigrants représentent le troisième facteur décisif car l'immigration est un principe important pour assurer l'équilibre démographique et la croissance économique. Je salue donc le fait que le rapporteur demande à ce que l'immigration soit considérée comme un élément positif de la population européenne. Je salue surtout son appel à consolider les politiques européennes dans le domaine de l'intégration sociale des immigrants, et la lutte contre la discrimination et la xénophobie.
En conclusion, je voudrais souligner la nécessité de mobiliser les politiques publiques à tous les niveaux requis dans le but d'atteindre les objectifs cités. Les autorités locales et régionales ont un rôle décisif à jouer à cet égard et devraient être associées en permanence à ce processus.
Justas Vincas Paleckis (PSE). – (LT) Félicitations au rapporteur pour avoir rédigé cet excellent document. Je tiens à souligner que notre réussite ou notre échec à mettre en œuvre ce rapport revêtira une énorme importance pour l'avenir de l'Union européenne. Il n'est pas impossible que plusieurs petites nations de l'UE se trouvent au bord de l'extinction d'ici une centaine d'années. Le vieillissement de la population traduit la hausse de la qualité de la vie et de la solidarité sociale mais aussi la dévalorisation de la famille. Ce phénomène pourrait entraver le progrès de l'Europe mais, si l'on prend les précautions qui s'imposent, de nouvelles possibilités peuvent apparaître.
Les pays qui se sont joints à l'UE dans le nouveau millénaire ressentent très intensément le poids de ces problèmes. Leurs citoyens sont accablés par le niveau pitoyable des pensions, des taux de natalité inférieurs à la moyenne de l'UE, l'abus d'alcool, la toxicomanie, etc. Les pays de cette région bénéficiaient d'un nombre suffisant de crèches et d'écoles maternelles avant leur transition vers l'économie de marché, moment à partir duquel la majorité de ces structures ont fermé leurs portes. La population des pays d'adhésion récente, surtout des États baltes, de Pologne, de Bulgarie et de Roumanie, émigre en masse vers les États membres plus riches. Ces mouvements représentent une perte immense de vigoureuse main-d'œuvre et de personnes bien qualifiées, des gens qui ont été formés à grands frais dans leurs pays respectifs.
Je soutiens la proposition de recourir aux fonds structurels pour compenser cette perte, tout en soulignant son caractère insuffisant. Des aides financières supplémentaires devraient être accordées aux nouveaux États membres, qui souffrent hélas de cette «fuite des cerveaux» devant la perte de leurs meilleurs scientifiques, médecins, ingénieurs et artistes au profit des États membres plus riches. Je soutiens aussi la proposition visant à permettre aux personnes plus âgées de travailler à temps partiel car ces nouveaux travailleurs seraient alors en mesure de transmettre leur expérience à la génération plus jeune.
Mairead McGuinness (PPE-DE). – (EN) Monsieur le Président, je me permettrai de dire que je trouve ce débat très déprimant, même s'il s'inspire d'un rapport factuel et approfondi, pour lequel je félicite le rapporteur. Comme l'heure est déjà fort avancée, je crains que les tendances démographiques évoquées ne nous donnent des cauchemars cette nuit.
De toute évidence, si nous ne faisons rien, les prévisions présentées par ce rapport pourraient bien se réaliser, bien que certains États membres réagissent déjà en mettant en place des mesures de soutien des hommes, des femmes et des enfants, ce qui est positif.
Ironie du sort, j'ai grandi à une époque où on disait aux gens qu'ils avaient trop d'enfants. De fait, une famille de huit enfants était probablement très grande par rapport à la moyenne européenne. Je peux cependant vous dire avec plaisir que ma mère de 85 ans a encore bon pied, bon œil.
Pour dire les choses simplement, les femmes ne peuvent pas tout faire. Nous n'avons pas la force d'avoir des enfants, d'assumer un emploi à l'extérieur, de prendre soin de parents âgés et de participer à la société en général. Quelque chose doit céder. Le problème, à mon avis, c'est que le taux de natalité est, parmi tous ces éléments, celui qui a cédé. Autre ironie du sort, j'ai une grande foi dans l'humanité, qui se rend compte de la réalité de la situation, cherche une approche plus équilibrée des facteurs nécessaires pour une société vivante, et redonne une grande valeur aux enfants. Notre débat de ce soir contribuera peut-être à la recherche de cette approche.
Marusya Ivanova Lyubcheva (PSE). – (BG) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, la caractéristique la plus importante de ce rapport est son lien avec les réalités de la vie. Les problèmes démographiques existent vraiment en Europe et, dans certains pays, ils acquièrent la dimension d'une crise. Ces problèmes ont des causes profondes et présentent des spécificités nationales, mais ils ont également certains éléments en commun.
À vrai dire, les conséquences qui nous attendent sont de taille: l'incapacité à résoudre de grands problèmes sociaux et économiques des États membres en recourant à nos propres ressources humaines, qui évolueront dans un avenir proche; la structure très changeante des flux migratoires qui, à son tour, génère de nouveaux défis. Pour résoudre nos problèmes démographiques, nous devrons impérativement appliquer une politique orientée sur les jeunes générations, la maternité, la protection sociale, l'aide économique aux jeunes femmes, aux jeunes et à leurs familles, et encourager une attitude responsable des parents. La maternité devrait être prise en considération dans le calcul des périodes de travail.
Il faudrait aussi inscrire les problèmes démographiques dans les programmes d'éducation et de formation des générations à venir. Sans cette précaution, le problème sera postposé d'une génération à l'autre et finira par provoquer de nouvelles crises. N'oublions pas l'éducation sexuelle, l'éducation parentale et la solidarité entre les générations. Les gouvernements devraient s'engager davantage en faveur des parents qui élèvent et éduquent des enfants et de l'accueil des enfants dans des crèches et écoles maternelles.
Avril Doyle (PPE-DE). – (EN) Monsieur le Président, je tiens à remercier le rapporteur pour cet excellent rapport.
Dans l'ensemble de l'Europe, l'allongement de l'espérance de vie d'une population en âge de travailler qui est statique ou en déclin entraînera un accroissement du niveau de dépendance, avec de graves répercussions sur notre compétitivité par rapport à d'autres régions économiques ainsi que sur les dépenses en matière de pensions, de santé et de soins de longue durée.
Fait intéressant, la structure par âge de la population irlandaise est différente de celle de la plupart des autres pays de l'UE; en fait, la situation démographique de mon pays est très favorable à moyen terme.
Dans la population irlandaise, le groupe d'âge le plus nombreux est de 10 à 15 ans plus jeune que la moyenne de l'UE-25. Toutefois, d'ici 2050, la structure de cette population sera devenue fort similaire à celle du reste de l'Europe, avec un taux de dépendance vieillesse qui devrait atteindre 45 % en 2050, comparativement aux 53 % que devrait atteindre la moyenne de l'UE au même moment.
Fait intéressant, la population irlandaise s'élevait à 8 millions d'individus en 1845. Il y a 20 ans, elle était de 3,5 millions de personnes et, aujourd'hui, elle atteint 4,25 millions. Le taux de fécondité national relativement élevé a augmenté sous l'effet de l'immigration accrue et du retour des exilés économiques au cours de ces dernières années. Si cette tendance se poursuit, elle contribuera à maintenir un équilibre entre les générations.
Zbigniew Krzysztof Kuźmiuk (UEN). – (PL) Monsieur le Président, ayant l'occasion de m'exprimer dans ce débat, je souhaite attirer l'attention de l'assemblée sur les problèmes suivants: parmi les causes principales de la baisse du taux de natalité en Europe figurent, en premier lieu, les difficultés à concilier vie familiale et vie professionnelle. Ces difficultés s'expliquent par le nombre insuffisant de places dans les crèches et le manque de soutien socio-économique aux familles et à l'emploi des femmes.
La deuxième cause est formée par les incertitudes entourant la situation matérielle et de l'emploi que connaissent les jeunes: manque de continuité dans l'emploi, accès tardif à l'emploi et coût élevé du logement, lequel devient inaccessible pour les jeunes. Il importe d'aider les famille au travers du système fiscal, principalement en adaptant la structure de l'impôt sur le revenu des personnes physiques et la TVA. Dans le premier de ces cas, la solution optimale peut s'inspirer des mesures adoptées en France, par exemple un quotient familial qui permet de réduire sensiblement la charge fiscale des familles élevant des enfants. Dans le second cas, la solution consisterait à appliquer des taux d'imposition préférentiels aux produits ayant trait aux enfants.
Troisièmement, nous devons maintenir l'application du principe de la solidarité intergénérationnelle en matière de sécurité sociale. Il s'agit, en d'autres termes, du principe selon lequel la population active assume les coûts des allocations, des pensions et des soins de santé au bénéfice de la population qui ne travaille pas, c.-à-d. les enfants, les jeunes, les personnes dépendantes et, enfin, les personnes âgées.
Gerard Batten (IND/DEM). – (EN) Monsieur le Président, à l'intérieur de l'Union européenne, le Royaume-Uni a perdu le contrôle de ses frontières. L'immigration dans ce pays s'effectue désormais sans contrôle, sans limite et sans distinction. D'après ce que l'on en sait, l'immigration au Royaume-Uni atteint pour l'instant le rythme d'environ un demi-million de personnes par an. Si l'on prend en compte les personnes qui quittent le pays, l'accroissement net de la population est de quelque 200 000 personnes par an, soit un million d'individus tous les cinq ans.
Le taux de natalité de la population d'immigrants est beaucoup plus élevé que celui de la population autochtone. La forte hausse de la population de l'Angleterre, en particulier, est due en totalité à une immigration tout à fait superflue. Des démographes ont calculé que, selon les tendances actuelles, les natifs du Royaume-Uni, et en particulier d'Angleterre, deviendront une minorité ethnique dans leur pays natal. Le Royaume-Uni ne peut tout simplement plus contrôler sa politique d'immigration à l'intérieur de l'Union européenne, encore une autre bonne raison pour le pays de quitter cette organisation.
Vladimír Špidla, membre de la Commission. − (CS) Mesdames et Messieurs, permettez-moi de souligner encore une fois la haute qualité du rapport de Mme Castex. Ce document nous a en effet offert une plate-forme propice à un débat de grande ampleur qui a évoqué presque toutes les questions fondamentales.
Étant donné qu'il serait très difficile de répondre à toutes les questions soulevées, permettez-moi d'expliquer brièvement que le principe fondamental de la Commission européenne, dont tous nos documents sont inspirés, est l'égalité des chances. Dans aucun de nos documents, vous ne trouverez l'idée que l'évolution démographique est un problème uniquement pour un des deux sexes. Il est bien évident que ce problème relève de l'égalité des chances et des droits égaux pour les hommes et les femmes. Il est tout aussi évident que l'une des solutions à ce problème consiste à créer une société active, c.-à-d. une société caractérisée par le degré le plus haut possible d'inclusion sociale, une société capable d'offrir des opportunités d'emploi actif au plus grand nombre possible de personnes.
Je dirai également que, grâce aux conclusions de débats précédents, nous avons pu mettre en place une plate-forme plus stable et plus constante, avec notamment le forum sur la démographie et l'Alliance européenne pour la famille. Je voudrais aussi souligner que la Commission travaille avec les partenaires sociaux pour évaluer les possibilités d'initiatives législatives dans le domaine de l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée. La Commission met également l'accent sur l'immigration en vue du développement progressif d'une politique européenne plus cohérente comportant, par exemple, la proposition de «carte bleue».
Mesdames et Messieurs, je tiens également à vous dire ceci: indépendamment du fait que – comme dans tous les débats – nous ayons entendu certaines opinions extrêmes, nous commençons à voir apparaître un consensus et, à mon avis, ce consensus cadre très bien avec les recommandations générales présentées par la Commission au début de ce débat sur la démographie.
Comme je l'ai dit, une plate-forme stable a été mise en place. Je m'attends donc à la poursuite de ce débat. Je crois en effet, comme presque vous tous, que l'évolution démographique de l'Europe forme l'une des composantes fondamentales qui détermineront notre avenir, tant à moyen qu'à long terme.
Françoise Castex, rapporteur. − (FR) Monsieur le Président, j'interviendrai très rapidement, parce que beaucoup de choses ont été dites.
Je voudrais remercier M. le Commissaire d'avoir souligné que la question de la démographie n'est pas une question de femmes uniquement, et que cela concerne les femmes, les hommes et les couples. Je voudrais souligner, pour les collègues qui ont fait le reproche que les hommes étaient oubliés, que j'ai consacré dans mon rapport un paragraphe à la question de la promotion du droit de la paternité et du développement de l'implication des pères dans la vie familiale.
Par ailleurs, pour tenter de rassembler un petit peu ce qui s'est dit mais qui reprend l'essentiel du rapport, je voudrais souligner la forte demande qu'il y a de politiques publiques efficaces. Ce sont des politiques, au pluriel, en matière de soutien, de soins, d'éducation, ce qui peut paraître un peu paradoxal pour une question, en fait, qui touche à l'intimité des couples et de la famille. Mais, je crois qu'il y a là une interpellation des pouvoirs publics au niveau européen, au niveau des États membres, qu'il faudra entendre et qui devra être prise en compte.
Je voudrais souligner aussi cette question de forte demande de solidarité. Non seulement la solidarité entre les générations, que nous avons traitée plusieurs fois dans cette enceinte, mais la solidarité entre les territoires. La façon dont Mme Schroedter et M. Beaupuy ont souligné et rappelé ce soir qu'il est très important de tenir compte des déséquilibres territoriaux que va induire la question démographique entre les régions qui sont vieillissantes et qui sont demandeuses de soins, et donc de dépenses, de prises en charge, et les régions plus jeunes, qui vont être créatrices de richesse, parce c'est là que se trouve la population productive. C'est un élément que la Commission européenne devra prendre en compte dans la façon de gérer les fonds structurels et les fonds de cohésion européens.
Enfin, la question du marché de l'emploi, M. le président Andersson l'a rappelé, est une question importante dans la question de la démographie. Elle n'est pas périphérique, parce qu'il va falloir faire mieux avec une population active rétrécie, rétractée. De ce point de vue, les appels à une meilleure gestion de la ressource humaine, à l'investissement dans l'éducation et la formation tout au long de la vie sont des appels extrêmement importants, qui doivent interpeller non seulement les pouvoirs publics, dans ces cas-là, mais tous les partenaires sociaux, et notamment les entreprises, parce qu'il leur revient une forte responsabilité en la matière.
Le débat n'est donc pas clos.
Le Président. − (EN) Le débat est clos.
Le vote aura lieu demain à midi.
Déclarations écrites (article 142)
Zita Gurmai (PSE), par écrit. – (HU) Le vieillissement de la population va de pair avec d'énormes défis économiques, financiers et sociaux. Il produira un impact profond sur la croissance et exercera une pression considérable sur les allocations sociales. Nous devons donc impérativement nous y préparer.
S'atteler aux problèmes démographiques constitue donc un défi aux facettes multiples qui nécessite une analyse et une planification stratégiques complexes ainsi que la mise en place d'un dialogue social. Il ne s'agit pas que de freiner la diminution progressive de la population mais aussi d'assurer la durabilité du modèle social européen pour le bien-être des citoyens européens. Nous devons pour cela veiller au développement économique et à la compétitivité de l'Europe au niveau international. En d'autres termes, c'est l'avenir de l'Europe qui est en jeu, notre avenir, et nous avons donc tous intérêt à chercher une solution commune.
Les États membres de l'Union européenne doivent employer tous les instruments possibles pour favoriser le renouvellement démographique, qui doit se fonder sur la durabilité d'une solidarité plus étroite qu'auparavant entre les générations, sur la mise en pratique de l'égalité des chances, la conciliation entre vie professionnelle et vie privée, la mise en œuvre complète des objectifs de Barcelone, la création de conditions propices au vieillissement actif et l'adoption de mesures spécifiques pour promouvoir l'inclusion sociale des immigrants et des minorités ethniques. Les résultats auxquels nous aspirons ne peuvent s'atteindre que par des objectifs communs, des intérêts communs, une collaboration commune et l'obligation de les atteindre.
Monica Maria Iacob-Ridzi (PPE-DE), par écrit. – (RO) La stratégie démographique de l'Union européenne concerne nombre d'aspects de nature sociale et économique. Néanmoins, je voudrais souligner l'importance d'une politique cohérente dans le domaine de la jeunesse, en particulier concernant l'accès au marché du travail.
Il est notoire que le segment d'âge des 25 à 30 ans est aujourd'hui relativement peu représenté sur le marché du travail européen, par comparaison avec d'autres catégories de population. La Commission européenne et les États membres devraient élaborer davantage d'initiatives législatives et de programmes-pilotes afin de faciliter l'emploi des jeunes. Il serait par exemple possible d'offrir des incitations fiscales aux entreprises qui emploient des jeunes ou de diversifier la gamme de contrats de travail flexibles.
Deuxièmement, nous sommes confrontés au problème des jeunes qui quittent massivement les régions, en particulier dans les nouveaux États membres. Grâce aux fonds structurels qu'elle met à la disposition des États membres, la politique de cohésion de l'Union européenne devrait créer des conditions permettant aux jeunes de développer leurs projets professionnels et commerciaux dans leurs communautés d'origine. Les États membres devraient compléter l'aide financière de l'Union européenne par des actions visant, par exemple, à assurer l'accès prioritaire des jeunes aux terres et aux habitations, à instaurer des incitations fiscales pour les jeunes chefs d'entreprise ou à permettre l'accès à des emprunts subventionnés pour les projets des jeunes.
Marianne Mikko (PSE), par écrit. – (EN) L'Europe n'est pas prête à relever les défis posés par notre démographie.
Pendant 60 ans, l'Europe a fait confiance à un schéma pyramidal, qui fonctionne aussi longtemps que chaque génération est beaucoup plus nombreuse que la précédente. Aujourd'hui, cependant, les familles européennes ont moins d'enfants que leurs parents n'en ont eu.
Je voudrais mettre l'accent sur un fait: au XXIe siècle, un taux de natalité faible implique moins de risques économiques qu'il y a 60 ans. En effet, les progrès technologiques nous permettent de produire beaucoup plus avec beaucoup moins de main-d'œuvre. L'un des effets de la mondialisation est que les pays à la population jeune et croissante nous aideront à assumer le fardeau des pensions, pour autant que nos politiques le permettent. Mon pays, l'Estonie, est un bel exemple de transition réussie vers un régime de pensions financé.
En même temps, l'Estonie se rend compte qu'un taux de natalité bas met en péril la durabilité de sa culture, voire de son existence en tant que nation. C'est là le problème de nombreux petits pays.
Si nous voulons préserver l'Europe telle que nous la connaissons, nous devons protéger nos cultures en assurant notamment la protection de nos familles. Nous, les responsables politiques, devons faire en sorte que la technologie et la mondialisation soient nos serviteurs et pas nos maîtres. Ce rapport est un bon début dans ce sens.
Bogusław Rogalski (UEN), par écrit. – (PL) Monsieur le Président, selon les prévisions démographiques, entre 2004 et 2050, l'âge moyen en Europe sera passé de 39 à 49 ans, une évolution qui produira un impact sur la structure de la population et la pyramide des âges.
Les conséquences seront, entre autres, une chute du nombre de jeunes, une diminution de la population en âge de travailler et un allongement de la durée de vie moyenne. Ces changements induisent un accroissement des coûts supportés par la société pour entretenir la population passive du point de vue de l'emploi. Ils accentueront également les différences régionales, caractérisées par le départ des jeunes renforçant le processus de vieillissement de la société, ou par un solde de migration positif retardant ce processus.
Toutefois, l'immigration n'étant qu'une solution partielle et à court terme, les États membres devraient prendre des mesures en vue d'assurer le respect de l'égalité entre les hommes et les femmes, l'appui social et financier aux familles et la protection de la maternité. Seules les sociétés qui accordent une priorité politique aux enfants et favorisent un environnement propice à la famille seront en mesure d'affronter les changements démographiques défavorables.
Je tiens à souligner que l'allongement de la durée de vie est une évolution positive et qu'il importe donc de prendre des mesures pour combattre la pauvreté des retraités et permettre à ceux-ci de vivre leurs dernières années dans la dignité. Les États membres devraient demander la création de structures d'accueil, à des prix accessibles, pour les personnes dépendantes et les enfants. Les États membres devraient aussi accorder davantage d'attention au problème de l'infertilité, qui a un impact énorme sur un processus amplifiant le déséquilibre démographique, ainsi qu'à la coopération pour vaincre les difficultés.