Le Président. − Le prochain point est le rapport (A6-0134/2008) présenté par M. Holm au nom de la commission du commerce international consacré au commerce des matières premières et des produits de base (2008/2051(INI)).
Jens Holm, rapporteur. − (SV) Mesdames et Messieurs, je tiens tout d’abord à remercier chaleureusement tous les rapporteurs fictifs pour leur étroite collaboration.
Nous avons tous vu les images des situations provoquées par les récentes pénuries alimentaires. Les prix des produits de l’agriculture, et notamment des produits alimentaires, ont augmenté considérablement en très peu de temps. Ceci a porté un coup fatal à de nombreux pays en voie de développement, qui dépendent largement d’importations pour se nourrir et dont la situation était déjà précaire. Espérons que ce rapport sur le commerce international des matières premières contribuera à résoudre certains de ces problèmes. N'oublions pas qu’en adhérant aux Objectifs du Millénaire, nous nous sommes engagés à éradiquer la faim et la pauvreté. Le Secrétaire Général des Nations unies, Ban Ki-Moon, a prévenu récemment que l'augmentation des prix des aliments mettait en péril le plus important de ces Objectifs du Millénaire, à savoir la réduction de moitié de la pauvreté dans le monde. Il est donc grand temps de prendre des mesures urgentes.
En particulier, la crise récente des denrées alimentaires a montré que les aliments ne sont pas simplement des matières premières. Si nous ne parvenons même pas à atteindre un objectif aussi élémentaire que celui de nourrir les populations, toute la rhétorique consacrée au développement ne vaut pas grand-chose. Nous devons donc nous garder de faire de la nourriture un produit de base comme un autre dans le commerce international. Les pays en voie de développement ont été obligés de libéraliser leur politique en matière d’alimentation, et de passer d’un système de production destiné à subvenir au besoins nationaux à une production destinée à l’exportation. Ces exigences leur ont été imposées par la politique du FMI, de la Banque mondiale, des USA mais également de l'Union européenne. L’abolition des tarifs de protection et des subsides a rendu de nombreux pays en voie de développement extrêmement vulnérables face aux importantes fluctuations des prix des aliments et des matières premières. Prenons par exemple le cas d’Haïti, qui produisait autrefois suffisamment de riz pour se nourrir. En 1995, le Fonds Monétaire International a obligé ce pays à diminuer ses tarifs douaniers sur le riz. Le riz subsidié par le gouvernement américain a envahi le marché, et la production locale s'est effondrée. Aujourd’hui, les trois quarts du riz consommé à Haïti sont importés des USA.
J’espère que ce rapport nous donnera les outils nécessaires pour faire face aux problèmes et défis posés par les incertitudes du commerce des matières premières. Ce rapporte aborde notamment l’aide à apporter aux pays en voie de développement pour les aider à diversifier leur économie, et à se sortir ainsi d'une situation dans laquelle ils exportent uniquement une ou deux matières première pour évoluer vers des modes de production plus avancés impliquant des produits plus élaborés. Nous soulignons également l’importance de faire preuve de souplesse en matière de politique du développement. Nous devons laisser à ces pays la marge de manœuvre nécessaire pour développer leurs opportunités et des instruments de politique économique, par exemple pour soutenir le développement de leurs agricultures nationales. Nous demandons également à la Commission européenne de réexaminer l'instrument financier FLEX visant à stabiliser le prix des matières premières. Nous abordons également l'égalité dans le contexte du commerce des matières premières, ou plutôt le manque d'égalité. Dans les négociations relatives aux accords commerciaux internationaux, il est d'une importance capitale de toujours tenir compte de l'égalité des sexes.
Ce rapport tient également compte des principes du commerce équitable. Le commerce équitable peut être utilisé comme outil pour venir en aide aux petits producteurs des pays en voie de développement, et pour encourager davantage ces pays à renforcer leurs normes sociales et environnementales. Nous invitons toutes les institutions européennes à respecter le principe du commerce équitable dans leurs marchés publics et dans leurs politiques d'achats.
Nous nous opposons également à l’augmentation de la consommation de produits animaux, c’est-à-dire à la demande croissante en viande et en produits laitiers, qui à son tour augmente la demande en céréales pour nourrir des animaux et non des êtres humains.
Le rapport aborde de nombreux autres sujets. Et pour conclure, je dois dire que ce travail a révélé le vrai visage de l'Union européenne. Alors que de notre côté, nous nous sommes efforcés de tenir compte de la situation et des besoins des pays en voie de développement, l'industrie européenne, aidée en cela par ses représentants auprès du Parlement européen, a tout fait pour promouvoir les intérêts commerciaux à court terme des entreprises commerciales en assurant un accès stable à des matières premières bon marché.
J’encourage chacun d’entre nous à approuver les amendements déposés par les groupes Socialiste, des Verts et de la Gauche. Les amendements 20 et 21 sont particulièrement importants. Ils nous permettront d’équilibrer le rapport pour renforcer l'aspect de l'aide au développement.
Janez Potočnik, Membre de la Commission. − Monsieur le Président, je souhaite remercier le Parlement pour l'opportunité qu'il nous donne de discuter de l'accès aux matières premières. Il s'agit d'une question importante pour l'Union européenne, surtout dans la perspective de notre politique en matière de compétitivité. Permettez-moi tout d'abord de remercier le rapporteur et les rapporteurs fictifs pour ce rapport, qui couvre de nombreux sujets tels que le changement climatique, la lutte contre la pauvreté et le développement.
Le développement est effectivement un problème clé dans ce contexte. Je vais donc aborder brièvement les questions de développement avant de discuter de nos préoccupations et des actions en cours face à la prolifération de mesures visant à limiter l’accès aux matières premières.
La lutte contre la pauvreté, la sécurité alimentaire et le développement sont des champs d’action importants au programme de la Commission. Vous savez certainement que l’Union européenne est le plus important contributeur d’aide au développement au monde. Dans le domaine spécifique des matières premières également, la Commission a lancé plusieurs programmes orientés vers le développement: via le système FLEX par exemple, la Commission vient en aide aux pays en voie de développement dont les budgets nationaux ont souffert d'une diminution des recettes fiscales liées à l'exportation.
La Commission encourage également la gestion transparente des recettes fiscales générées par l’exploitation des matières premières et des ressources naturelles via plusieurs initiatives telles qu'EITI, le Processus de Kimberley et le programme FLEGT. Je mentionnerai également notre programme «Tout sauf les armes», qui supprime les droits de douane sur les produits en provenance des pays les moins développés (à l’exception des armes) afin de leur permettre de diversifier leurs exportations.
Permettez-moi maintenant d'aborder notre préoccupation principale, c'est-à-dire la perspective commerciale. Pour commercer, il faut être deux. Nous devons importer, et nous devons exporter. Il faut donc absolument veiller à ce que l’accès aux matières premières dans les pays tiers ne fasse pas l’objet de distorsions comme des quotas, droits à l’exportation et interdictions d’exporter.
Ce n’est malheureusement pas le cas à l’heure actuelle. Au contraire, les pays tiers ont tendance à imposer de plus en plus de restrictions à l'exportation. Notre préoccupation principale concerne les restrictions imposées, dans le cadre de politiques industrielles nationales agressives, par certains pays émergents d'importance cruciale. Je tiens à souligner ici que nous nous ne nous focalisons pas sur les économies en voie de développement les plus pauvres, mais plutôt sur les grandes économies émergentes.
Les mesures imposées par ces pays faussent la concurrence au niveau mondial, ce qui nuit à l'industrie européenne. Malheureusement, ce problème continue à prendre de l’ampleur. À cette date, au moins 20 pays ont instauré des mesures touchant des exportations importantes pour l'Union européenne. Nous avons compté plus de 450 restrictions touchant différentes matières premières. La plupart des secteurs industriels européens, sinon tous, sont directement ou indirectement touchés.
Que pouvons-nous faire? Le travail effectué jusqu’à présent montre qu'il n'existe pas de solution toute faite. La suppression des restrictions à l'exportation est d'ores et déjà en haut de notre agenda, que ce soit via des accords bilatéraux de libre échange ou via l’Organisation mondiale du commerce, mais nous allons faire plus.
Tout d’abord, il est important de développer une stratégie globale d'accès aux matières premières. Dans cette perspective, la Commission travaille actuellement à une communication qui comportera un élément commercial important. Il va de soi que toute stratégie de ce genre doit couvrir pleinement et de façon cohérente tous les domaines de politique, y compris les questions critiques telles que la sécurité alimentaire, le développement et l'environnement.
Tous les moyens devront être utilisés au maximum. Une politique cohérente et durable d’accès aux matières premières doit donc associer les éléments suivants: tout d’abord, des négociations visant à obtenir des engagements internationaux au niveau de l’OMC et dans des contextes bilatéraux; deuxièmement, l’application et le respect des règles de l'OMC et des accords existants; et troisièmement, des mesures douces comme le dialogue et la constitution d’alliances. Aucun de ces éléments n’est nouveau, mais ils tireront leur force de la façon dont ils seront combinés et de leur utilisation cohérente. Ces points seront abordés à une date ultérieure cette année, lors d’une conférence impliquant diverses parties prenantes.
Étant donné l’importance de l’accès aux matières premières, la Commission salue les discussions au Parlement sur ces questions. La Commission se réjouit en particulier des amendements apportés au premier projet de rapport. Le rapport souligne désormais plus clairement l'importance de cette question. Il propose des approches permettant de faire face à ce problème de façon constructive, comme le respect des accords et des négociations avec nos pays partenaires. Nous sommes prêts à collaborer pleinement avec le Parlement dans les prochaines phases d’élaboration et de mise en pratique de cette stratégie.
Daniel Caspary, au nom du groupe PPE-DE. – (DE) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, je suis heureux que vous ayez pu vous libérer aujourd'hui, M. Potočnik. Nous remarquons que le Commissaire Mandelson, une fois de plus, a préféré se rendre à l’une ou l’autre conférence importante au bout du monde plutôt que de venir discuter avec nous, au Parlement, de questions cruciales pour l’industrie européenne. Imaginez donc avec quel plaisir je vous ai entendu présenter ce sujet avec bien plus de clarté et de vision que notre commissaire au commerce n'en aurait été capable.
Je suis très satisfait du résultat de nos concertations en commission, car je crains que le rapporteur, dans son projet original et outre tous les excellents arguments qu'il avance en faveur des pays en voie de développement, avait complètement perdu de vue les intérêts de l’industrie européenne. Au sein de la commission du commerce international, nous avons inséré en début de rapport une première partie consacrée aux intérêts de notre politique industrielle. La nature de ces intérêts est devenue d’une clarté limpide. Nous devons avant tout assurer l’approvisionnement en matières premières de l’industrie européenne. Comme le commissaire l’a mentionné, nous rencontrons des difficultés majeures dans ce domaine.
Dans le cadre de l’OMC, nous avons besoin d'urgence de nouvelles règles conçues pour interdire autant que possible les mesures qui faussent le commerce, comme les droits à l’exportation. Nous avons besoin d’accéder librement aux matières premières sur le marché mondial. Il est intolérable que des pays comme la Chine utilisent les matières premières à des fins politiques.
Nous devons faire tous ce qui est en notre pouvoir, dans le cadre de négociations multilatérales mais aussi bilatérales, pour garantir un accès réellement libre aux marchés des matières premières. Le fait que la Commission ait cédé lors des discussions sur l'adhésion de l'Ukraine à l'OMC et accepté une certaine marge d'imposition de droits à l'exportation est intolérable et donne un exemple malencontreux. Le fait que nous ayons accepté un système de prix double dans le cadre de l'adhésion de l'Arabie saoudite à l'OMC, un arrangement qui a causé des difficultés considérables à l'industrie pétrochimique européenne, est également inacceptable. Je modère également mes espoirs quand je vois ce qui se passe actuellement par rapport à l’adhésion de la Russie à l’OMC, et je voudrais que la Commission prenne les mesures nécessaires pour éviter l’instauration de nouvelles mesures de distorsion du commerce.
Je souhaite remercier une fois de plus tous mes collègues de la commission pour ce rapport. J’espère que le vote en séance plénière n’y apportera pas trop de modifications.
À LA PRÉSIDENCE: Mme MORGANTINI Vice-président
Francisco Assis, au nom du Groupe PSE. – (PT) Je souhaite commencer par féliciter le rapporteur. Les problèmes qui apparaissent actuellement pour l'accès aux matières premières sont largement le résultat d'une modification structurelle de leurs marchés respectifs, elle même liée à l'évolution de l'économie internationale.
Le marché des matières premières évoluait autrefois e façon cyclique, passant de périodes de pénurie extrême à des périodes de rareté, et parvenant parfois à un équilibre. Il semble que nous soyons actuellement confrontés à une nouvelle situation de pénurie structurelle, provoquée principalement par une augmentation soudaine de la demande liée à l’industrialisation et à l’urbanisation rapide de plusieurs pays émergents.
Il est clair que des efforts doivent être faits au sein des forums adéquats, notamment de l’Organisation Mondiale du Commerce, pour parvenir à un consensus et faciliter l’accès aux matières premières. Ceci ne doit toutefois pas nous faire perdre de vue un autre aspect essentiel: nous sommes confrontés à une nouvelle situation sur ces marchés tant pour les produits alimentaires que pour l’énergie. Ce problème est particulièrement préoccupant pour l'Union européenne, grosse importatrice de matières premières. Nous devons d’une part envisager l’impact potentiel de cette situation dans le monde entier, puisqu’elle risque d’entraîner une pression excessive sur la consommation de matières premières avec des conséquences très néfastes au niveau environnemental, économique et social dans les pays en voie de développement. Mais nous devons également penser à notre propre situation et comprendre nos propres difficultés.
Ceci suscite deux questions apparemment fondamentales. La première est liée à la nécessité de réévaluer notre propre modèle de développement économique, parce qu’il est incompatible avec une situation dans laquelle les matières premières sont surexploitées. La seconde suggère la nécessité de consentir des efforts plus importants en recherche scientifique afin d'assurer une innovation accrue, de promouvoir le recyclage des matières premières et de trouver de nouvelles réponses aux nouveaux problèmes causés par cette pénurie structurelle.
Zbigniew Zaleski (PPE-DE). – (PL) La nature a distribué ses richesses – les matières premières sous la terre, la nourriture et les arbres en surface et les poissons dans l’eau – de façon inégale partout dans le monde. Les besoins humains sont identiques, mais subvenir à ces besoins nécessite une certaine solidarité dans l’exploitation des ressources et dans leur distribution par le commerce international. Le rapport Holm a beaucoup à dire sur ce sujet. Dans la lignée de l’intervention de M. Caspary, je souhaite souligner quelques points
Tout d’abord, l’exploitation rationnelle de ressources limitées. Je le répète: de ressources limitées.
Deuxièmement, la protection des matières premières contre la confiscation, contre l’expropriation néocoloniale des pays pauvres, en particulier en Afrique. Nous n’avons aucune transparence concernant le commerce de ces matières par la Chine et certains autres pays.
Troisièmement, l'objectif du commerce des matières premières devrait être le développement des pays pauvres. C'est là notre principal objectif. Les bénéfices doivent profiter aux populations, et pas uniquement aux représentants des autorités ou aux grosses entreprises internationales.
Quatrièmement, la politique européenne relative aux matières premières doit veiller à ce que l’Union ne soit pas prise en otage, par exemple par la Russie pour le gaz, ou à l’avenir par le Brésil pour le sucre.
Cinquièmement, tous les partenaires partagent la responsabilité absolue en ce qui concerne l’exploitation des ressources maritimes. Nous savons que plusieurs espèces de poisson sont menacées d’extinction, tout comme les forêts d’Asie ou d’Amazonie.
En conclusion, Madame la Présidente, le mot d’ordre du commerce libre et équitable doit être la responsabilité dans l'exploitation de ressources naturelles limitées, afin que les générations futures puissent avoir accès aux matières premières indispensables à l’existence humaine. De même, nous devons aider les pays pauvres à développer la technologie nécessaire pour la production de denrées alimentaires de base. L’Europe peut faire beaucoup dans ce domaine.
Marusya Ivanova Lyubcheva (PSE). – (BG) Madame la Présidente, Monsieur le Commissaire, étant donné le rôle joué par le commerce dans notre monde en pleine globalisation, nous devons soutenir les efforts visant à promouvoir le commerce équitable et toutes les initiatives qui contribuent à un développement économique durable.
Le prix des matières premières influence le développement des marchés et a parfois des conséquences néfastes pour le développement économique, notamment dans les pays pauvres en ressources naturelles. Ceci influence la situation globale des marchés et la disponibilité des matières premières.
L’augmentation attendue du prix du pétrole et de l’électricité peut et doit être contrée par l’utilisation de technologies plus efficaces pour l'extraction et le traitement des matières premières. C’est cette efficacité et la mise en pratique d’innovations, mais également le maintien d’un secteur de la recherche performant, qui nous permettront d’améliorer la situation et la force du marché et de renforcer la diversification et la sécurité énergétique.
En ce qui concerne le commerce de produits agricoles, nous devons principalement nous efforcer de réduire la pression sur les producteurs qui résulte du déséquilibre entre les prix d'achat des produits agricoles depuis la ferme et leur prix au consommateur. Ceci fausse le marché, mais met également en évidence ses coûts sociaux.
Glyn Ford (PSE). – Madame la Présidente, c'est un plaisir pour moi de commenter le rapport de M. Holms sur le commerce des matières premières et des produits de base. Le mois dernier, j’ai eu le privilège de participer, au nom du Parlement, à la conférence UNCTAD XXII à Accra. De cette conférence s’est élevé un appel à l’aide pour les pauvres du monde entier.
L’escalade des prix des denrées alimentaires provoque des émeutes de plus en plus nombreuses, et nous devons adopter une approche nouvelle pour faire face à cette situation. Cette nouvelle crise risque de faire davantage de victimes chaque jour que le bilan global de toutes les attaques terroristes menées depuis le 11 septembre 2001. Les politiciens et les gouvernements ne le remarquent peut-être pas, mais les pauvres voient de plus en plus leurs enfants mourir de faim. L’impact de la crise sera particulièrement sévère en Afrique, où les prix des matières premières ont plus que doublé au cours des 12 derniers mois. Ces prix continuent à grimper du fait de la spéculation, des pénuries et de l’évolution de la production. Les causes fondamentales sont l’augmentation de la demande dans l'Est de l’Asie et les conséquences, du côté de l’offre, du manque d’investissements dans l’agriculture. Le changement climatique, qui se traduit par des inondations, des sécheresses et des températures record, ne fait qu’empirer la situation, en particulier pour les plus pauvres. J’espère donc que nous adopterons cette résolution.
Georgios Papastamkos (PPE-DE). – (EL) Madame la Présidente, l’accès aux matières premières est d’une importance vitale pour l’économie et la compétitivité de l’Europe. Ceci est d’autant plus vrai que l’Union européenne dépend largement de matières premières importées depuis des pays tiers.
Notre priorité doit être de faire tomber les barrières par lesquelles ces pays tiers empêchent l'Union européenne d'accéder aux marchés des matières premières. Ceci concerne aussi bien les négociations actuelles au sein de l’OMC que celles relatives aux accords bilatéraux de libre échange.
Et enfin, Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs, je pense que des mécanismes de soutien et un transfert d’expertise vers les pays en voie de développement sont nécessaires pour permettre une gestion viable et transparente de l'utilisation des matières premières et des ressources naturelles.
Stavros Arnaoutakis (PSE). – (EL) Madame la Présidente, Monsieur le Commissaire, il va sans dire que la compétitivité de nos entreprises européennes dépend dans une large mesure de l’approvisionnement en matières premières. Nous avons donc besoin aujourd’hui d’une stratégie intégrée visant à garantir notre accès aux marchés mondiaux. Ceci nous aidera à garantir la coopération internationale, la concurrence légitime, le commerce équitable et le respect des restrictions basées sur de réels incitants au développement dans les pays moins développés. Cela contribuera également à promouvoir les investissements dans la recherche en technologies écologiques, dans le développement et dans le recyclage.
Notre objectif doit être le développement durable de l’Union européenne ainsi que la solidarité avec les pays les plus pauvres.
Brian Crowley (UEN). – Madame la Présidente, je voudrais remercier le rapporteur pour le travail effectué dans ce rapport. Je discerne trois éléments principaux:
Il y a tout d’abord une concurrence mondiale pour les matières premières et les produits de base. Au niveau européen, il est temps de comprendre que nous devons être mieux placés pour conclure des accords et des marchés bilatéraux si nous voulons accéder à ces produits de base.
Il va de soi que les discussions sur le commerce mondial sont très importantes pour les développements à long terme, mais nous pouvons également mieux profiter de nos partenariats économiques avec les pays en voie de développement. Je tiens également à souligner que l’abandon de certains droits lors des négociations sur le commerce mondial pour assurer un accès à court terme aux matières premières et produits de base risque de nuire à une grande partie de notre industrie dans l’Union européenne, et en particulier à notre agriculture.
Enfin, comme l’a dit le collègue qui m’a précédé, le commerce équitable doit être notre première préoccupation. Nous devons investir dès aujourd’hui dans les pays en voie de développement pour leur permettre de réussir – pas uniquement cette année et l'année prochaine en raison du prix élevé du pétrole et du gaz, mais dans 20 ans également. Ceci doit aller de pair avec des investissements dans ces pays dans les domaines de l’éducation et des soins de santé, pour éviter d’autres problèmes à l’avenir.
Janez Potočnik, Membre de la Commission. − – Madame la Présidente, je voudrais remercier mes collègues parlementaires pour leurs interventions. Ils ont décrit clairement les défis auxquels nous sommes confrontés. Il est clair que nous devons, d’une part, assurer le développement équilibré de notre travail et donc nous concentrer sur les pays pauvres et sur le commerce équitable mentionné par M. Crowley, et d’autre part, veiller au respect des règles du commerces pour permettre à notre industrie d’avoir accès aux matières premières. Nous savons que l’Union européenne importe plus de matières premières qu’elle n’en exporte, et cette situation ne va pas changer.
Nous devons désormais faire face à une concurrence accrue sur nos marchés d’approvisionnement et à une augmentation des prix causée par la concurrence de plusieurs économies émergentes. Dans le même temps, ces économies émergentes dressent des barrières bloquant l’accès à leurs matières premières, faussant ainsi la concurrence. L’accès équitable aux matières premières dans des conditions transparentes est donc un élément essentiel de l’équation dans notre stratégie globale de compétitivité.
Au cours des prochaines années, la Commission compte utiliser tous les instruments dont elle dispose pour assurer à notre industrie un approvisionnement durable en matières premières. Elle mènera pour ce faire une stratégie complète et équilibrée. Comme le souligne à juste titre le Parlement, cette stratégie doit tenir compte non seulement des intérêts et de la compétitivité de notre industrie, mais aussi des intérêts des pays pauvres.
Du point de vue du développement, nous opérerons (comme il se doit) une distinction entre les mesures justifiées mises en place par les pays en voie de développement, comme les taxes à l’exportation indispensables à l’équilibre budgétaire de ces pays, et les mesures imposées par les économies émergentes dans le cadre de leur politique industrielle et qui faussent la concurrence sur les marchés mondiaux.
J’apprécie le commentaire de M. Assis concernant les investissements en recherche et développement, qui doivent également augmenter dans cette perspective. Je tiens à remercier le Parlement pour le soutien qu'il nous apporte dans cette politique. Nous vous tiendrons informés de la mise en pratique de notre stratégie.
Jens Holm, rapporteur. − (SV) M. le Commissaire Potočnik, nous attendons avec intérêt la communication de la Commission et la conférence. Vous avez raison d'aborder les questions de la sécurité alimentaire, du développement et de l’environnement.
Francisco Assis, je suis tout à fait d’accord avec vous pour dire que nous devons réexaminer notre modèle de développement économique.
Zbigniew Zaleski, je suis d’accord pour souligner que le commerce ne doit pas constituer un pillage néocolonial de matières premières provenant des pays en voie de développement. J’invite donc Zbigniew Zaleski et tous mes collègues à soutenir les amendements 20 et 21. Lisez-les attentivement.
Examinez également l’amendement 26, qui a trait aux biocarburants. Dans cet amendement, nous appelons l’imposition de normes environnementales et sociales dans le domaine des biocarburants. L’utilisation de quantités toujours plus importantes de céréales pour produire de la viande est un problème majeur, dans la mesure où nous donnons nos céréales à des animaux, mais des quantités croissantes de céréales sont également utilisées pour produire des carburants pour nos voitures.
J’en appelle à la Commission: nous voulons des mesures pour réduire l’utilisation de l'automobile par les particuliers et la consommation de viande, afin de garder davantage de céréales pour nourrir les populations!
Dans ce rapport, nous demandons l’instauration de mesures urgentes pour faire face au changement climatique. Le commerce doit également assumer sa responsabilité. Nous devons réduire toutes les émissions superflues, et réduire les volumes et les distances de transport. Une partie considérable du commerce concerne des produits qui pourraient tout aussi bien être produits localement. Nous devons faciliter le commerce de «marchandises vertes» et promouvoir les technologies écologiques intelligentes. Si nous ne le faisons pas, et si le commerce n’assume pas ses responsabilités, nous n'aurons bientôt plus de matières premières à acheter ou vendre, et nous n'aurons plus non plus d’aliments pour nous nourrir. Il est très important que nous prenions nos responsabilités en matière de climat au sérieux!