Le Président. − L’ordre du jour appelle le rapport intermédiaire (A6-0136/2008) de M. Florenz sur les données scientifiques relatives au changement climatique: conclusions et recommandations en vue d'une prise de décisions (2008/2001(INI)).
Karl-Heinz Florenz, rapporteur. − (DE) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, Monsieur le Président en exercice, bienvenue au Parlement européen Qu’est-ce qui a poussé l’Union européenne à établir une Commission temporaire sur le changement climatique? C’était la bonne approche afin de présenter une vue globale de la façon dont notre Union européenne, compte faire face à ce problème. Si nous voulons contribuer à maintenir ce problème au programme des discussions au niveau international - comme Stavros Dimas le fait avec succès pour la Commission - en tant qu’Union européenne, en tant que Parlement, nous devons énoncer notre conception; en d’autres termes, nous devons définir notre carte de visite en la matière. L’Europe doit montrer comment elle aborde ce problème, quelle approche elle adopte pour encourager d’autres pays et d’autres continents à avancer avec nous dans la même direction. C’est pourquoi il est important de commencer par l’aspect scientifique de ce débat, et c’est de cela que nous parlons aujourd’hui.
Le fait de nous concentrer sur cet aspect ne produira jamais un rapport attrayant, parce qu’il s’agit simplement de se concentrer sur le statu quo. Ce n’est pas une question de marchandage: donner un peu ici, reprendre un peu là. Il s’agit de se concentrer sur les faits. Nous avons regroupé ces faits en plusieurs stratégies thématiques, au cours desquelles, nous avons invité deux lauréats du Prix Nobel à Bruxelles et à Strasbourg. Monsieur le Président, vous avez organisé un événement de qualité et fait un discours important sur le changement climatique. Celui-ci fut extrêmement gratifiant de mon point de vue et m’a encouragé à redoubler mes efforts.
Nous avons entendu les avis de nombreux experts d’organisations internationales dans le monde entier, sous l’excellente présidence de mon ami Guido Sacconi, qui a parfaitement géré le processus. Nous avons également pu inviter certains détracteurs, qui ne sont malheureusement pas tous venus, ne voulant pas soumettre leurs opinions à la critique internationale. Exprimer ses critiques par écrit sans accepter de les soumettre à un examen formel est loin d’être un comportement héroïque. J’aurais apprécié la présence d’au moins un ou deux détracteurs disposés à se livrer à un débat international.
Nous avons lu de nombreux documents excellents. Nous avons impliqué le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), nous avons également consulté l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme environnemental des Nations Unies, la conférence climatique de la République fédérale d’Allemagne et bien d’autres, ce qui nous a permis de disposer aujourd’hui des faits. Il ne s’agit pas d’un document de lutte, comme certains de mes collègues l’ont parfois affirmé; il s’agit d’un état des faits sur base duquel nous pourrons déterminer comment avancer à l’avenir. Les arguments montrent clairement l’existence d’un consensus scientifique sur base duquel nous pouvons maintenant progresser dans notre travail. Il existe un consensus sur la façon d’évaluer l’influence anthropogénique; il est décrit à l’article 3. Nous avons des informations suffisantes pour affirmer l’importance de limiter l’augmentation moyenne mondiale des températures à 2°C au-delà des niveaux préindustriels.
De quoi avons-nous donc besoin à l’avenir? En Europe, nous devons rassembler notre énergie pour une nouvelle, une troisième révolution industrielle fondée sur les trois piliers de la durabilité, à savoir la durabilité des produits, la dimension sociale et bien sûr la dimension économique. Il ne s’agit pas d’une contrainte, mais d’une excellente opportunité que nous devons développer comme notre vision.
Une chose est certaine: le débat sur le climat n’est qu’une petite partie de notre problème. Nous devons lancer un débat sur la durabilité. Le fait est qu’en 500 ans à peine, nous gaspillons une énergie qui a mis des millions d’années à se créer, et nous n’avons absolument aucune réponse à la question de savoir comment nos enfants, et les enfants de nos enfants, pourront développer leurs sources d’énergie à l’avenir.
C’est la grande opportunité. Nous devons avoir le courage de nous montrer créatifs. L’Âge de la Pierre n’a pas pris fin par manque de pierres. L’Âge de la Pierre a pris fin, heureusement, parce que nous, responsables politiques, avions du courage: le courage de saisir l’avenir, le courage de protéger nos enfants et cette planète qui est la nôtre.
(Applaudissements)
Le Président. − Je vous remercie Monsieur Florenz, notamment pour vos paroles aimables envers le président. L’expression de ce genre de sentiments est l’exception qui confirme la règle. Étant donné mon rôle objectif et neutre, je m’abstiendrai de faire remarquer le peu de louanges que l’on reçoit justement de sa propre famille politique. Ce qui s’est passé ce matin est donc remarquable!
Janez Podobnik, président en exercice. − (SL) Monsieur le Président, Monsieur Florenz, Mesdames et Messieurs, la preuve est faite désormais que l’homme partage la responsabilité des importantes modifications du système climatique, et que ces modifications ont déjà eu un impact négatif sur la nature et sur la société humaine. Il est également certain que si nous n’agissons pas rapidement pour réduire sensiblement les émissions de gaz à effet de serre au cours de ce siècle, les températures mondiales continueront à grimper, causant des perturbations et des dégâts partout dans le monde.
Le Quatrième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, publié en Espagne en novembre 2007, représente l’évaluation scientifique la plus complète et la plus crédible en date concernant le changement climatique. Selon ce rapport, il ne fait aucun doute que le système climatique est en train de se réchauffer et que l’augmentation des températures moyennes au cours des cinquante dernières années a plus que probablement été provoqué par la concentration anthropogénique de gaz à effet de serre.
Les rapports d’évaluation publiés par le GIEC depuis 1990 montrent que les connaissances scientifiques relatives au changement climatique et à ses conséquences ont progressé considérablement ces dernières années. Ceci peut être attribué à un certain nombre de facteurs: les preuves toujours plus importantes de l’évolution connue du climat, le dur labeur des scientifiques et une meilleure diffusion des découvertes scientifiques.
Comme l’indique le rapport intermédiaire de M. Florenz, qui selon nous fournit de nouvelles formulations très importantes des problèmes que nous connaissons à l’heure actuelle, la situation justifie la création immédiate et la mise en œuvre de politiques qui contribueront à une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Comme nous le savons, c’est pour cette raison que les chefs d’État et de gouvernement européens ont décidé, en mars de l’année dernière, d’envoyer un message résolu à la communauté internationale, avec des engagements concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
L’Union européenne est décidée à respecter ces engagements grâce à une approche intégrée de la politique climatique et énergétique. Deuxièmement, elle accordera une attention particulière au rendement énergétique, aux sources d’énergie renouvelable, aux biocarburants, à la capture et au stockage du dioxyde de carbone, et d’une façon générale, à la transition vers une économie décarbonée.
J’aimerais vous rappeler, Mesdames et Messieurs, les dernières décisions du Conseil de l’Europe. L’année dernière, comme je l’ai déjà mentionné, l’Union européenne pris des engagements résolus et à grande échelle en ce qui concerne la politique du climat et de l’énergie. Aujourd’hui, en 2008, il est temps d’agir.
Lors de la conférence sur le changement climatique organisée l’année dernière à Bali, une avancée importante a été réalisée avec le lancement d’un processus international de négociation incluant les pays développés comme les pays en voie de développement. Ce processus est décrit dans le Plan d’action de Bali. L’Union européenne est décidée à maintenir son rôle de pionnière au niveau international dans le domaine du changement climatique et de l’énergie, et de maintenir l’élan nécessaire dans les négociations relevant de la convention des Nations Unies, notamment lors de l’une de ses prochaines rencontres cette année à Poznań. L’objectif est d’assurer qu’à Copenhague en 2009, un accord sur le changement climatique ambitieux, global et intégré soit conclu pour la période suivant l’année 2012. Cet accord devra être conforme aux objectifs de l’Union européenne, à savoir éviter une augmentation de plus de deux degrés des températures mondiales. L’Union européenne apportera également une contribution significative à cet objectif en respectant les valeurs définies lors du sommet de printemps 2007 du Conseil européen.
Le défi principal est de réaliser la transition vers une économie décarbonée sûre et viable d’une façon qui permette le développement durable de l’Union européenne, qui assure sa compétitivité, un approvisionnement fiable en énergie, la sécurité alimentaire, et des finances publiques saines et viables.
Stavros Dimas, membre de la Commission. − (EL) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je vous remercie de l’opportunité que vous nous avez donnée aujourd’hui de discuter du rapport intermédiaire de la commission temporaire sur le changement climatique présenté par M. Florenz. Je le félicite pour son excellent travail.
Ce rapport confirme le support du Parlement européen en faveur d’une politique communautaire ambitieuse de lutte contre le changement climatique. Monsieur le Président, permettez-moi de profiter de cette opportunité pour remercier tous les membres du Parlement européen pour leur soutien et leur contribution vitale à la promotion de notre politique climatique, à la sensibilisation de la population et à l’information des parlementaires d’autres pays. Monsieur le Président, j’aimerais également souligner le rôle important que vous avez joué dans la promotion de la politique de l’Union européenne en matière de changement climatique. Je suis sûr que vous-même et les membres du Parlement européen continuerez avec le même dévouement, afin qu’au cours des deux brèves années qui viennent, nous puissions parvenir à un accord à Copenhague fin 2009. Nous serons ainsi en mesure de relever efficacement cette grave menace qui pèse sur notre planète. Tant au sein de l’Union européenne, où les discussions sur le paquet de mesures en matière d’énergie et de climat s’intensifient, que dans les négociations internationales, nous devons rassembler toutes nos ressources et collaborer au mieux. Nous devons profiter de l’avance de l’Union européenne en gardant à l’esprit la conférence de Copenhague de décembre 2009.
Deux facteurs nous ont aidés à prendre les décisions importantes de Bali: la position de l’Europe en tant que leader mondial dans la lutte contre le changement climatique, et les conclusions scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Grâce à ces résultats, de nombreux dirigeants mondiaux ont reconnu le besoin urgent de prendre des mesures. Cette série de rapports scientifiques permet maintenant aux citoyens et aux leaders politiques, y compris aux députés de différents pays, de mieux comprendre l’échelle du défi et les graves dangers qui menacent si nous ne faisons rien pour arrêter l’évolution du climat. Je pense que nous sommes presque tous d’accord pour dire qu’il est suffisamment prouvé que des mesures urgentes et audacieuses sont nécessaires pour lutter contre le changement climatique. Ces mesures sont résumées par le rapport intermédiaire que nous avons devant nous. Ce rapport exprime plus clairement que jamais le message envoyé par le GIEC et d’autres sources en 2007.
Le débat scientifique sur la question de savoir si le changement climatique est causé par une activité humaine a duré pendant des décennies à cause d’un scepticisme qui a empêché la prise de décisions importantes. Ce débat est aujourd’hui terminé. Cela ne signifie pas que toutes les questions ont reçu une réponse ou que nous comprenons chaque détail; mais nous en savons désormais suffisamment pour conclure que l’adoption rapide de mesures ambitieuses est dans notre intérêt, en termes de sécurité énergétique et en termes économiques, environnementaux et sociaux. Nous ne pouvons nous permettre le luxe d’attendre mais, pire encore, le temps qui nous reste est très limité. Si nous voulons limiter le réchauffement climatique à 2°C, le seuil à partir duquel nous ne seront plus en mesure de limiter ou de renverser son impact environnemental, les émissions de gaz à effet de serre doivent atteindre leur maximum au cours des 10 ou 15 années à venir au maximum.
Sur le long terme, pour nous donner une réelle chance de ne pas dépasser 2°C, les émissions mondiales de 2050 devraient être réduites à 50 % de leurs niveaux de 1990. Pour y parvenir, un changement radical est nécessaire dans la façon dont nous produisons et consommons l’énergie. Il faut une transition mondiale vers une économie décarbonée, et des changements mineurs mais importants sont nécessaires dans de nombreux aspects de nos vies de tous les jours. Nous avons besoin de rien de moins qu’une révolution verte.
Les rapports du GIEC montrent clairement que même avec des mesures ambitieuses visant à réduire les émissions, certains effets graves du changement climatique sont sans doute inévitables. La communauté internationale doit donc être prête à y faire face. C’est pourquoi un soutien nécessaire, en particulier en faveur des pays en voie de développement les plus vulnérables, qui seront confrontés aux problèmes les plus graves.
J’en viens maintenant aux négociations au sein des Nations Unies. Nous savons que nous ne disposons que de très peu de temps, puisque notre priorité principale est de parvenir à un accord à Copenhague en 2009. Parvenir à un accord complet et substantiel qui réponde aux objectifs ambitieux définis par les résultats scientifiques est un défi considérable. Notre objectif est de persuader nos partenaires internationaux de signer cet accord ambitieux, et cela nécessitera des efforts titanesques. L’Union européenne doit donc rester fidèle à sa stratégie couronnée de succès jusqu’à présent. Cela signifie que nous devons obtenir des résultats positifs chez nous et montrer à nos partenaires internationaux à l’étranger que l’adoption de mesures ambitieuses n’est pas contraire à leurs intérêts et qu’elle n’empêchera pas leur développement économique.
L’un des défis sera d’obtenir la participation des pays développés à un effort pour réduire les émissions jusqu’à un niveau correspondant à l’objectif de 2°C. Cela signifie une réduction de 25-40% de leurs émissions d’ici 2020 par rapport au niveau de 1990. Permettez-moi d’être direct. Nous demandons aux États-Unis de faire face à ce défi; au lieu de faire obstacle au progrès, ils devraient l’encourager. Comme vous l’aurez remarqué lors de votre récente visite aux États-Unis, les discussions en cours dans ce pays ont commencé à s’orienter dans la bonne direction, mais il va de soi que nous attendons encore beaucoup plus de leur part.
Outre notre travail avec les pays développés, nous devons également travailler pour obtenir des engagements ambitieux en termes de réduction des émissions de la part des pays en voie de développement, en particulier des plus avancés. Il existe de nombreuses façons de réduire les émissions; elles apportent des avantages supplémentaires importants en matière de sécurité énergétique, de santé humaine et de développement en général. L’accord à venir en 2009 doit prévoir et soutenir des mesures allant dans ce sens. Sur ce plan aussi, je pense que les choses évoluent dans la bonne direction. On constate une plus grande conscience de la nécessité de prendre des mesures pour lutter contre le changement climatique. Au même moment, des avantages supplémentaires se font jour, qu’il s’agisse de préserver l’énergie, ou la santé humaine, ou le développement économique. Ceux-ci ne seront pas seulement préservés, il est probable qu’ils en tirent également parti.
La visite récente des représentants de la Commission en Chine a confirmé que nos homologues chinois ont pleinement conscience de leur obligation urgente de prendre des mesures internes. Ils ont déjà commencé à en prendre et comptent poursuivre leurs efforts. Nous devons les soutenir au niveau bilatéral et multilatéral. Au cours des prochains mois et l’année prochaine, nous aurons de nombreuses opportunités de faire passer notre message. Il y a aura par exemple la conférence du G8 et du G8+5, pour laquelle la présidence japonaise se concentre sur les changements climatiques. D’autres initiatives viendront avec l’initiative menée par l’ONU à l’intention des principales économies mondiales et des différents programmes bilatéraux de l’ONU sur le changement climatique. Nous tirerons profit de toutes ces opportunités. Nous persuaderons nos partenaires que des mesures urgentes doivent être prises et que des politiques saines et viables doivent être définies en matière d’énergie et de changement climatique. Dans nos efforts, nous devons souligner systématiquement les découvertes scientifiques qui sous-tendent nos actions. Nous devons nous référer sans cesse aux conséquences de l’inaction ou de mesures inadéquates.
Comme nous le savons, la vision commune fera l’objet de négociations dans le contexte de la feuille de route de Bali. Il est très important que cette vision soit négociée sur la base des opinions scientifiques bien informées dont nous disposons. Nous devons insister pour que ces négociations soient menées en tenant compte de ces résultats scientifiques. Je suis convaincu qu’ensemble, vous avez un rôle à jouer aussi important que celui de la Commission pour communiquer ce message vital à nos partenaires, à nos concitoyens et à leurs représentants parlementaires.
Joseph Daul, au nom du groupe PPE-DE. – (FR) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, je m'excuse du retard mais j'ai essayé de respecter la vitesse pour respecter aussi le climat.
Notre débat prioritaire d'aujourd'hui porte sur les données scientifiques relatives au changement climatique. Et je tiens tout d'abord à remercier mon collègue Karl-Heinz Florenz pour son travail remarquable et aussi son engagement constant sur cette question.
Chers collègues, les connaissances scientifiques sur le changement climatique sont désormais établies. Pour une majorité d'experts, il ne nous est aujourd'hui plus permis de douter du fait que le réchauffement climatique est une réalité et qu'il trouve en grande partie son origine dans les activités humaines. Quelques voix divergentes s'élèvent pour mettre en cause la réalité de ce phénomène, mais sans véritable preuve à la clé. Le rapport intermédiaire rendu par la commission temporaire du Parlement européen sur le changement climatique est la première phase d'un processus qui conduira à la recherche de solutions.
Nous sommes quasiment tous d'accord pour dire que l'augmentation de la température mondiale devrait être limitée à deux degrés au-dessus des valeurs préindustrielles, tout en gardant à l'esprit le fait que nous devrions, en réalité, viser un objectif d'augmentation inférieure à deux degrés. Mais le débat sur le changement ne peut se résumer à une bataille de chiffres. Lorsque l'on parle de climat, on parle de la fonte de la banquise arctique, de la désertification, du réchauffement de la planète, des déplacements d'espèces animales, mais surtout des phénomènes qui risquent d'avoir des conséquences catastrophiques pour le déplacement des êtres humains.
C'est un défi majeur pour l'ensemble de l'humanité. Les régions les plus grièvement touchées seront les pays les plus pauvres d'Afrique, d'Asie et d'Amérique centrale et latine, où des migrations environnementales sont à prévoir. Avec l'augmentation des phénomènes climatiques extrêmes, une nouvelle sorte de réfugiés va apparaître. Il ne s'agira plus de réfugiés politiques, ni de migrants économiques, mais de réfugiés climatiques. Et avec la réduction de la surface de terres cultivables, la crise alimentaire menace. Avec la diminution des ressources en eau potable, les tensions risquent de se multiplier, les guerres risquent d'éclater avec, comme enjeu, le contrôle des ressources.
Notre responsabilité est immense. Il ne s'agit plus de remettre en cause le fait du changement climatique, mais de travailler tous ensemble pour rechercher des solutions et pour mettre en pratique ces solutions. Et le paquet «climat-énergie» déposé par la Commission au mois de janvier fait l'objet de discussions en ce moment au sein des commissions de l'environnement et de l'industrie du Parlement: système d'échange de quotas d'émission, partage du fardeau climatique, capture et stockage du carbone et énergies renouvelables.
Les membres de notre groupe PPE-DE dans ces commissions et le groupe du PPE dans son ensemble travaillent activement. Nous attendons beaucoup de ces discussions et nous sommes déterminés à joindre nos efforts pour qu'un compromis soit trouvé dès la première lecture. Il est indispensable qu'un accord soit trouvé entre le Parlement et le Conseil avant les élections européennes.
Chers collègues, l'Union européenne a endossé le rôle de leader mondial pour la lutte contre le changement climatique vis-à-vis de ses partenaires mondiaux et il est indispensable qu'elle le reste. Si nous ne prenons pas notre rôle au sérieux pour pousser les États-Unis, d'une part, et les puissances, comme vous les avez citées, Monsieur le Commissaire, la Chine et l'Inde, d'autre part, à nous rejoindre dans la lutte contre le changement climatique, qui le fera?
L'Europe doit se présenter unie, en ordre de marche, lors de la Conférence internationale de Poznań, en décembre 2008, qui préfigurera l'accord que nous espérons signer à Copenhague en décembre 2009. Le défi est mondial, mais l'Europe est la puissance capable de pousser ses partenaires à la rejoindre dans ce combat et nous devons préparer l'avenir pour nos enfants et nos petits-enfants.
Martin Schulz , au nom du groupe PSE. – (DE) Monsieur le Président, le groupe socialiste a demandé l’établissement de la commission temporaire sur le changement climatique, et lorsque nous avons déposé cette motion, nous étions plus convaincus que jamais de nous trouver à un tournant décisif en termes de politique européenne et internationale, car ce que nous attendons de cette commission est un travail herculéen, et pas seulement au sein de cette Assemblée.
Les problèmes auxquelles elle est confrontée, il faut le dire, représentent une tâche monumentale: comme on dit en allemand, une tâche pour tout un siècle. Il s’agit en effet de questions qui doivent être résolues au cours de ce siècle, car si nous ne le faisons pas, bien des choses seront perdues irrémédiablement pour les générations futures. Je salue donc le fait que ce débat ait révélé un consensus écrasant parmi les membres de cette Assemblée pour dire que nous devons faire des efforts considérables afin de relever les défis qui se présentent à nous.
Je souhaite donc joindre mes remerciements à ceux déjà exprimés envers Karl-Heinz Florenz qui, en tant que membre d’un groupe parlementaire différent mais en sa capacité de rapporteur, a présenté un rapport que le groupe socialiste peut clairement soutenir. Je me félicite de voir qu’avec Karl-Heinz Florenz et mon collègue Guido Sacconi, nous avons deux membres de cette assemblée qui dirigent conjointement cette commission, ce qui me paraît être un bon signe révélant notre capacité à parvenir à un résultat basé sur le consensus. Voilà donc pour ce qu’il en est des questions consensuelles. La question qui, je le pense, ne manquera pas de se faire jour, est celle de savoir si nous parviendrons encore à travailler ensemble en ce qui concerne les questions importantes relatives aux politiques à suivre, lorsque nous commencerons à aborder des points de détail.
J’aimerais donc mettre en avant deux ou trois points de discorde auxquels nous serons confrontés. Je ne souhaite pas entrer dans le détail du rapport intermédiaire, qui me semble excellent; j’aimerais simplement attirer votre attention sur un exemple. Il y a quelques années, nous étions tous très enthousiastes pour dire que, pour réduire les émissions de CO2, nous voulions nous détourner du pétrole et promouvoir les ressources renouvelables. Nous pensions que les biocarburants étaient la réponse, mais personne n’a compris à l’époque que l’utilisation massive de terres arables pour la culture de récoltes énergétiques entraînerait un manque de surface pour les cultures alimentaires.
Lorsque des émeutes ont éclaté il y a quelques années au Mexique, parce que la farine de maïs était devenue introuvable ou parce que son prix avait grimpé en flèche, nous n’avons pas fait immédiatement le rapprochement, du moins je ne l’ai pas fait. Aujourd’hui, nous savons que nous devons lutter contre les problèmes de l’énergie et du climat, mais aussi combattre la faim dans le monde. Nous devons concilier ces deux aspects, et il ne s’agit là que d’une première indication montrant que nous avons affaire à une tâche interdisciplinaire. Celle-ci exigera de notre part une volonté considérable, et notamment la volonté de faire des compromis, y compris des compromis dans d’autres domaines également.
L’Europe est un continent industriel. Les structures industrielles établies au cours de 50 ou 60 années sont responsables des dégâts causés au climat. Nous devons changer de direction, mais nous devons tous admettre que les structures industrielles mises en place sur une période de 50 ou 60 ans ne seront pas modifiées en deux semaines par une résolution parlementaire. Il faudra du temps, et nous devrons parvenir à un équilibre entre les objectifs extrêmement ambitieux que nous nous fixons.
Le commissaire Dimas a raison; nous n’avons pas de temps à perdre. Nous devons trouver un compromis entre ces objectifs ambitieux, d’une part, et ce qui est possible en termes de changement de cap, d’autre part. Ces deux aspects sont d’une importance capitale, et tous deux ont besoin d’une approche rationnelle orientée vers le compromis. Je salue donc le fait que la présidence française ait affirmé son intention de tenter de parvenir à un résultat d’ici la fin de l’année. Si le Conseil fait preuve de la même disposition au compromis et du même degré d’engagement que le Parlement, je n’en suis que plus optimiste. Par contre, si le Conseil se laisse aller au même positionnement tactique que celui que nous constatons toujours au sein de cette institution, nous ne pouvons que perdre du temps.
J’ai l’impression que le Parlement est prêt à agir, et la Commission également. Si le Conseil fait preuve de la même volonté, et si les trois institutions collaborent, nous pourrons arriver avant les élections européennes au résultat décrit par M. Daul: signaler à la population que les chefs d’État et de gouvernement sont d’accord sur les grandes lignes de la politique, et que le Parlement européen se charge des détails. Cette répartition du travail est coutumière, et elle serait ainsi enfin visible.
(Applaudissements)
Graham Watson, au nom du groupe ALDE. – Monsieur le Président, si le rapport intermédiaire de notre commission sur le changement climatique ne fait rien d’autre que de répéter des évidences, ce n’est déjà pas une mauvaise chose. Car il confirme, noir sur blanc, ce que la plupart d’entre nous ont compris depuis un certain temps. La science du changement climatique est irréfutable. Le permafrost et les calottes glaciaires fondent, les températures et le niveau de la mer montent, et ceci en raison de l’activité humaine essentiellement. Si nous n’agissons pas maintenant, l’humanité va se précipiter vers un point de basculement sans retour.
Les échéances en matière de politique climatique ne sont pas fixées par l’Union européenne, ni même par la communauté internationale: elles sont fixées par la nature. Et la vérité est que, malgré les engagements de Kyoto, les émissions de gaz à effet de serre dans le monde augmentent plus rapidement que jamais, et qu’elles ont augmenté d’un quart depuis 1990. Certains scientifiques pensent que les concentrations de CO2 sont déjà trop importantes. Tous sont d’accord pour dire que la fenêtre d’opportunité dont nous disposons pour stabiliser les émissions et limiter l’augmentation des températures à deux degrés au-dessus des niveaux préindustriels se fermera dans les sept ans à venir.
Les démocraties sont gérées par les crises. Souvent, les problèmes graves ne sont abordés que lorsqu’ils doivent l’être impérativement. Comme Karl-Heinz Florenz l’indique dans son excellent rapport, nous devons réduire les émissions de gaz à effet de serre non pas de 20%, mais probablement de 40%, en fonction de l’accord qui pourra être conclu avec les pays tiers lors des négociations de Copenhague l’année prochaine.
Nous recevons des signaux positifs des autres grands pollueurs, la Chine et les États-Unis. Pékin a fait preuve d’une volonté nouvelle de négocier lors du sommet de l’ONU à Bali, et les trois candidats à la présidence américaine se sont engagés à lutter contre le changement climatique. Ce que nous devons faire, en l’absence d’autres preuves et avec les ressources dont nous disposons, c’est approuver le paquet de la Commission sur le changement climatique, et je salue le travail accompli dans ce domaine par mes collègues Lena Ek, Chris Davis et Vittorio Prodi.
Nous devons également redoubler d’efforts pour promouvoir l’énergie propre, et la chose la plus étonnante est celle-ci: nous savons comment. Produire de l’électricité à partir du soleil du désert, associé aux sources d’énergie renouvelable disponibles ici en Europe, permettrait d’accélérer d’un coup la réduction des émissions de CO2. Des études par satellite réalisées par le Centre aérospatial allemand nous ont montré qu’en utilisant moins de 0,3% de la surface des déserts du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, il serait possible de produire suffisamment d’électricité à haute tension pour répondre aux besoins actuels et futurs de l’Europe, du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Il ne s’agit pas d’une technologie hypercomplexe impossible à maîtriser. Elle est en place depuis 20 ans en Californie. Des centrales sont actuellement en cours de construction en Espagne et au Maroc pour faire la même chose.
Si nous parvenions à concentrer l’enthousiasme et la détermination, le courage et l’obstination nécessaires, nous pourrions nous détourner du pétrole tout en fournissant de l’emploi, de l’eau potable et une meilleure infrastructure à ceux qui souffrent le plus du changement climatique. Nous pourrions lutter contre le changement climatique sans devoir éteindre la lumière.
Notre objectif devrait être d’utiliser les fonds de l’Europe conformément à nos paroles, d’investir dans la production d’électricité solaire thermique à haute tension et d’utiliser notre capital politique dans les relations humaines transméditerranéennes pour rendre cette approche possible. Rien ne nous placerait en meilleure position avant les négociations au sein de l’ONU pour parvenir à un accord progressiste international à Copenhague.
(Applaudissements)
Rebecca Harms , au nom du groupe Verts/ALE. – (DE) Monsieur le Président, je tiens à remercier Karl-Heinz Florenz pour l’excellente collaboration au sein de la commission temporaire sur le changement climatique. Si nous lisions le rapport Florenz en pensant: «Voici l’état de la situation, l’état des débats sur la politique climatique au sein du Parlement européen», nous pourrions en conclure qu’il règne un excellent «climat» parmi les députés du Parlement européen. À ceci près que, comme les frères Rapetou des célèbres dessins animés, que nous appelons «briseurs de chars» en allemand, nous poursuivons des objectifs différents au même endroit et au même moment!
Malheureusement, parallèlement à la commission temporaire sur le changement climatique, d’autres commissions du Parlement européen travaillent à la politique climatique: la commission de l’industrie, la commission de l’environnement et la commission du développement. Dans ces commissions, nos collègues parviennent souvent à des résultats très différents. Ils ne concluent pas que nous nous trouvons à l’aube d’une révolution verte, d’une deuxième ou d’une troisième révolution industrielle.
Prenons par exemple la controverse sur la règlementation des émissions de CO2 des voitures. Les propositions faites actuellement à ce sujet par M. Langen, le rapporteur de la commission de l’industrie, n’ont rien à voir avec une politique climatique ambitieuse ou avec des efforts visant à garantir la sécurité énergétique grâce à des technologies efficaces, alors que c’est ce que nous prescrivons pour l’industrie automobile en Europe. Depuis un an et demi, la nouvelle ère ambitieuse que défend M. Dimas a été bloquée systématiquement par différentes majorités au sein du Parlement européen.
J’aimerais savoir ce qu’il est advenu de l’esprit du débat plus large sur le climat dans cette controverse sur les voitures. Ce n’est pas à mon groupe de mettre la main sur le cœur. Ceux qui appuient sur le frein se répartissent dans tous les autres groupes de cette Assemblée.
Une autre remarque: l’échange de quotas d’émissions sera une question importante à Poznań et à Copenhague. La Commission doit veiller à ce que nous parvenions à une réduction de 20% en Europe. C’est la proposition faite par Angela Merkel lors de la présidence allemande du Conseil, et pourtant, dès que la Commission soumet sa proposition de système d’échange d’émissions, les députés se mettent immédiatement en action en qualité de bras parlementaire du lobby industriel européen. Avec pour résultat que les négociations se concentrent non pas sur la réalisation d’objectifs de réduction ambitieux, mais sur la mise en place d’exemptions et d’exceptions avant même que les règles aient été définies.
Le rapport de M. Florenz est un bon rapport. Le fait est, cependant, que ce sur quoi nous allons voter aujourd’hui est sans rapport avec la réalité de la politique climatique au sein du Parlement européen.
Liam Aylward, au nom du groupe UEN. – (EN) Monsieur le Président, j’aimerais moi aussi féliciter M. Florenz pour le travail accompli jusqu’à présent et dire à quel point nous avons la chance d’avoir un homme de sa compétence pour mener ce débat. On accuse souvent cette institution d’être distante, de ne pas être en contact avec le citoyen, mais cette fois, l’Union européenne travaille réellement pour ses citoyens. Ce n’est pas un hasard si 95% des citoyens européens pensent qu’il est important de protéger notre environnement. Plus de deux tiers d’entre eux pensent que les politiques visant à lutter contre le changement climatique doivent être élaborées au niveau européen.
Tout comme n’importe quel autre pays, mon pays, qui est une petite île, ne peut résoudre ni relever seul le défi du changement climatique. Dans le Traité de réforme, qui fait actuellement l’objet de débats intenses dans mon pays, l’Union européenne ébauche des mesures qui permettront aux 27 États membres de lutter ensemble contre le changement climatique. L’Union européenne a agi de façon constructive pour faciliter la conclusion d’un accord de l’ONU à Bali en décembre dernier, et toutes les parties concernées reconnaissent désormais la nécessite d’agir d’urgence.
Nous devons accepter les difficultés auxquelles nous sommes confrontés; les preuves scientifiques sont aujourd’hui écrasantes. Le changement climatique est une menace mondiale grave. Il va nous coûter cher. Sommes-nous réellement disposés à sacrifier non seulement notre climat et notre planète, mais aussi nos économies? Si nous continuons à ne rien faire, ce problème risque de nous coûter finalement un cinquième de notre PIB, alors qu’une action concrète implique d’y consacrer 1%.
Sommes-nous prêts à laisser notre climat se détériorer jusqu’au point de non-retour? Les scientifiques nous disent déjà que la dernière décennie a été la plus chaude jamais enregistrée et que l’année 2007 fut l’une des 10 années les plus chaudes. N’oublions pas nos réalisations et nos objectifs de Bali. Nous devons continuer à fournir une feuille de route de solutions cohérentes pour faire face à la menace du changement climatique, en plaçant au cœur de ces solutions la flexibilité des États membres.
Jens Holm, au nom du groupe GUE/NGL. – (SV) Le contenu de ce rapport est correct, mais j’aurais aimé le voir aborder davantage de mesures concrètes visant à lutter contre le changement climatique. Malgré cela, ce rapport bénéficie bien entendu du soutien du groupe GUE/NGL.
Nous notons sur base de ce rapport que les émissions mondiales ont augmenté de 70% entre 1970 et 2004, que la décennie écoulée fut la plus chaude de tous les temps et que nous sommes confrontés à plusieurs points de basculement, par exemple la fonte de la banquise du Groenland. Nous appelons donc une réduction de 60-80% des émissions de l’Union européenne d’ici 2050. Nous réclamons un label climatique pour les produits de consommation et des mesures pour compenser les émissions considérables générées par l’Union européenne dans le cadre de ses importations depuis des pays tiers. Nous invitons également les citoyens à modifier leur style de vie.
Tout cela est parfaitement correct, mais nous devons également permettre aux gens de vivre plus facilement d’une façon qui respecte l’environnement. Par exemple, nous devons manger moins de viande et voyager moins en voiture et en avion. Malheureusement, l’Union européenne verse des subsides énormes à l’industrie de la viande. De même, l’Union européenne subsidie malheureusement la construction d’autoroutes, qui entraînent une utilisation accrue de la voiture. Nos mesures visant à réduire l’utilisation de l’avion sont loin d’être adéquates. Si nous, responsables politiques, ne mettons pas en place de systèmes durables, nous ne serons pas crédibles lorsque nous encouragerons les citoyens à modifier leur style de vie.
Comme je l’ai dit, nous devons aller plus loin. Nous devons avoir davantage de mesures concrètes pour générer des changements, et nous devons avoir des objectifs de réduction plus élevés. Nous devons également faire preuve d’autocritique et remettre en question l’ordre économique qui prévaut au sein de l’Union européenne. Après tout, l’Union européenne s’est engagée à réaliser le marché intérieur et à instaurer une croissance permanente. Ceci ne peut entraîner que plus de transports, ce qui n’est pas viable.
Johannes Blokland , au nom du groupe IND/DEM. – (NL) Je souhaite tout d’abord remercier le rapporteur, M. Florenz, pour le rapport minutieux que nous avons devant nous aujourd’hui. Il est bon d’avoir rassemblé dans ce rapport toutes les informations pertinentes relatives au changement climatique. Il peut servir utilement de base au rapport définitif de la commission temporaire sur le changement climatique. Je n’ai rien à ajouter à son contenu, et c’est pourquoi je n’ai déposé aucun amendement.
Nous en savons déjà beaucoup sur le changement climatique, mais nous avons besoin de nettement plus de recherches, car de nombreux paramètres restent inconnus. Ce rapport mise activement sur ces études supplémentaires.
Je ne peux apporter mon soutien aux amendements proposés par M. Březina entre autres, pour autant qu’ils soient recevables. En ce qui concerne les amendements de Mme Doyle et d’autres, je suivrai l’avis du rapporteur. Enfin, je souhaite bonne chance à M. Florenz dans la rédaction du rapport final.
Jana Bobošíková (NI). - (CS) Monsieur le Président, le rapport dont nous débattons aujourd’hui est le symbole de l’arrogance et de l’aveuglement conformiste du Parlement. Il s’approche dangereusement de la suppression des libertés, de la démocratie et de la solidarité avec les plus faibles de notre société. En ce qui concerne la liberté d’opinion, il n’y a rien de pire que d’insister pour dire qu’une seule opinion scientifique est correcte et pour dénoncer les avis différents. En matière de démocratie, il n’y a rien de pire que de d’accorder une bénédiction politique à une telle opinion et de tenter de contrôler la vie des gens en fonction de cette opinion. En ce qui concerne la solidarité avec les plus faibles, il n’y a rien de pire que de faire le plein de sa voiture avec des aliments en regardant les gens mourir de faim. Ces politiques ne sauveront pas la planète. Les seuls qui y gagnent sont les producteurs d’huile de colza subsidié et les fabricants d’éoliennes. Étant donné que ce rapport s’efforce d’étouffer l’échange de vues, de dicter ce que doivent être les résultats de la recherche scientifique et qu’il ignore les besoins des plus pauvres de la société, je ne peux en aucun cas lui apporter mon soutien. Je pense que la commission temporaire sur le changement climatique devrait être dissoute immédiatement. En conclusion, je tiens simplement à dire que je viens de République tchèque, et je peux affirmer fièrement que, contrairement à d’autres politiciens, la pensée du président Václav Klaus ne s’échauffe pas et que son cerveau ne devient pas vert.
Le Président. − Merci, Madame Bobošíková. Je m’efforcerai de prononcer correctement votre nom à l’avenir. Je pense que nous avons tous beaucoup de choses à apprendre encore, et cela vaut sans doute aussi pour l’oratrice. Merci, Madame.
Cristina Gutiérrez-Cortines (PPE-DE). – (ES) Monsieur le Président, je tiens à remercier Karl-Heinz Florenz et l’ensemble du groupe de travail d’avoir invité des scientifiques de si haut niveau à travailler sur la question. Je pense que c’est la première fois que des scientifiques ont collaboré avec des membres de cette Assemblée. Il s’agit d’un atout que nous devons conserver, car il est clair, comme l’ont dit les scientifiques, que nous sommes confrontés à une grande incertitude quant à la forme que revêtira le changement climatique. En d’autres termes, la science progresse et change d’avis en avançant, et nous ne pouvons donc faire de la science une vérité absolue. Qu'est-ce que cela veut dire? Cela signifie que les scientifiques, dans leur travail, revoient sans cesse leurs résultats. Puisque nous les suivons, nous devons faire preuve de souplesse et adapter nos solutions en fonction de l’évolution des connaissances.
Cette symétrie entre cette connaissance sans cesse croissante et notre propre flexibilité est très importante. L’une de mes préoccupations est donc cette confiance impressionnante que nous avons en nous-mêmes en Europe. Le doute et l’incertitude sont à la base du travail scientifique, et sont nécessaires, dans notre cas, pour parvenir à une solution correcte. Nous devons admettre la possibilité que d’autres pays, ceux que nous critiquons, agissent peut-être de façon plus correcte dans certains domaines.
Je le dis, et je dois répéter que je soutiens ce projet, car je pense que les concepts de la complexité et de l’impact doivent être pris en considération, et ce qui s’est produit avec les biocarburants ne fait que le confirmer. Nous devons nous soumettre à une discipline absolue en ce qui concerne l’impact environnemental, l’impact économique et la faisabilité des solutions.
Toutefois, dans la mesure où l’objectif de ce document n’est pas d’apporter des solutions, je continue à le soutenir. Néanmoins, j’aimerais également dire que nous devons appliquer une politique combinée, et dans ce domaine, ce document doit aller plus loin dans sa deuxième partie, avec des décisions prises d’en haut au niveau de l’État, sans négliger le fait que le changement climatique est un problème qui doit être résolu par des adaptations au niveau local.
Nous devons donc commencer à envisager une politique de larges connaissances sur le changement climatique venues d’en haut, combinée à une politique venue d’en bas, dans l’industrie, dans les secteurs économiques, dans l’agriculture, dans nos différents territoires, afin de permettre à chaque pays d’élaborer son propre projet en ligne avec le projet global.
Guido Sacconi (PSE). – (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je souhaite me joindre à mes collègues parlementaires qui ont exprimé leur gratitude et leurs louanges pour le travail effectué par notre rapporteur Karl-Heinz Florenz. Je souhaite également remercier de manière informelle tous les députés et les groupes politiques qui travaillent et qui ont travaillé intensément cette année pour la commission provisoire sur le changement climatique, laquelle a réellement forgé un climat d’unité fort au-delà des sujets de discorde marginaux qui continuent à exister.
Cela me donne des raisons d’espérer, parce qu’un résumé de tout ce que nous avons déjà rassemblé, ainsi que des données que nous rassemblons actuellement pour le rapport final, sera publié prochainement. Cela nous permettra de transmettre un héritage sain au futur Parlement, qu’il pourra utiliser pour continuer le travail à accomplir conformément à la vision réellement globale qui est si nécessaire sur cette question.
Ce que nous avons aujourd’hui est le premier chapitre, la publication de l’état des connaissances scientifiques sur cette question. Nous devons dire clairement que cela ne signifie pas que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) est un mouvement scientifique, mais un forum dans lequel, après des années de travail, toute la littérature scientifique sur la question a été examinée et où un résumé, un audit, a été réalisé. Celui-ci montre des niveaux de probabilité dans différents domaines, différentes évaluations, qui s’approchent rapidement de 100%, une situation sans précédent, je pense, dans l’histoire des sciences.
Je pense que ceci doit également nous préoccuper dans une perspective plus large. On pourrait le considérer comme un modèle pour la création d’une relation intelligente, si je puis m’exprimer ainsi, entre les connaissances scientifiques et la prise de décisions politique au vu de l’extraordinaire complexité des problèmes auxquels le monde doit faire face aujourd’hui.
Le changement climatique est en train de se produire et de se produire rapidement. C’est pourquoi nous devons agir rapidement et, comme Karl-Heinz l’a dit à juste titre, il ne s’agit pas uniquement d’un problème, mais aussi d’une opportunité. Cette connaissance est précisément la base sur laquelle, en l’espace d’un an, Commissaire Dimas, le climat politique mondial a changé lui aussi, et le réchauffement planétaire n’est pas la seule chose qui se soit produite. Le climat politique mondial a changé pour atteindre son point culminant à Bali avec l’admission généralisée de la validité des recherches du GIEC et, ces derniers mois, avec les modifications réellement importantes des positions adoptées par les dirigeants.
Une partie de notre travail a impliqué plusieurs visites en Chine, en Inde et récemment à Washington, aux États-Unis. Nous avons pu noter clairement les déclarations des candidats à la présidence, selon lesquelles, mêmes aux États-Unis, des engagements très différents seront pris au cours des prochains mois. Cela nous permet réellement d’espérer une issue positive aux négociations internationales qui se termineront à Copenhague en 2009.
Je suis d’accord avec vous sur ce point, et nous produisons des résultats encore inimaginables il y a à peine un an.
Vittorio Prodi (ALDE). – (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je vous remercie, Monsieur le Commissaire, de votre présence parmi nous. En tant que scientifique, je ne peux que me féliciter de voir que l’image fournie par la science a enfin été acceptée et reconnue, même dans des instances politiques supérieures comme celle-ci. En tant que vice-président de la commission temporaire sur le changement climatique, je suis satisfait des résultats initiaux de ce travail conjoint, et je remercie le rapporteur, M. Florenz, mes collègues, ainsi que le président de cette commission, M. Sacconi.
Personnellement, cependant, je crains que toute notre bonne volonté ne soit pas suffisante pour résoudre les graves problèmes auxquels nous sommes confrontés. Je pense en particulier aux conséquences catastrophiques que le changement climatique aura, selon les prévisions, sur des problèmes déjà très difficiles actuellement, comme la pauvreté, la santé publique, l’accès aux ressources naturelles, et principalement à l’eau. Je pense qu’après la première étape de ce voyage de découverte de ce phénomène, à savoir la rédaction de ce premier rapport sur les preuves scientifiques, nous choisirons très certainement d’accepter une mission impossible.
Cette mission sera de donner des raisons d’espérer, d’élaborer des plans réalistes pour un avenir qui ne repose pas uniquement sur les conflits et les inégalités, et d’offrir une vision dans laquelle la science nous aide à redresser les déséquilibres que l’humanité a créé ou aggravés. Nous devons dire ceci à nos concitoyens: nous accepterons cette mission, et ce faisant, nous ferons un bond en avant pour la civilisation.
À LA PRÉSIDENCE: M. VIDAL-QUADRAS Vice-président
Caroline Lucas (Verts/ALE). – (EN) Monsieur le Président, ce rapport peut sembler technique au premier abord, un récapitulatif de la science telle que nous la connaissons. Mais qu’on ne s’y trompe pas, ce rapport est aussi éminemment politique, c’est un appel aux armes, parce que ce rapport démontre la nécessité et l’urgence de modifier complètement la façon dont nous gérons nos économies.
La connaissance est source de responsabilité. Savoir ce que nous savons sur les réalités du changement climatiques et ne pas agir en conséquence reviendraient à commettre un crime envers les générations futures.
La logique de ce rapport est dons la suivante: l’objectif de réduction des émissions de 20% formulé par l’Union européenne est incompatible avec la science à deux niveaux; nous devons donc prendre des mesures unilatérales pour réduire dès maintenant nos propres émissions de 30%; nous devons réagir aux faits nouveaux: le mois dernier encore, un éminent spécialiste du climat, James Hansen, a déclaré que les objectifs actuels étaient bien trop modestes, et a demandé l’engagement de ressources nettement plus importantes pour aider les pays en voie de développement à s’adapter, en consacrant tous les revenus issus de la vente des quotas d’émission à l’action contre le changement climatique.
La bonne nouvelle, c’est que l’Union européenne est dans une position idéale pour mener l’action en matière de changement climatique. Si nous relevons ce défi, nous pourrions constater que nos propres institutions s’en trouveront renforcées et que l’Union européenne se rapprochera des citoyens qu’elle est censée représenter.
Bogdan Pęk (UEN). – (PL) Monsieur le Président, voilà déjà un certain temps que j’écoute avec inquiétude les arguments pseudo-scientifiques avancés au cœur même de l’Europe. Je fais allusion aux présentations faites au sein de cette Assemblée, depuis laquelle la sagesse fondée sur les preuves scientifiques est censée se répandre dans le monde entier. En fait, cependant, il y a tout autant de scientifiques qui affirment que nous ne sommes pas en mesure d’influencer le changement climatique avec les moyens dont nous disposons qu’il existe de scientifiques affirmant que nous pouvons le faire.
Imaginez un instant, Mesdames et Messieurs, que ce premier groupe ait raison. Si tel est le cas et que nous consacrons des ressources colossales à la lutte contre le prétendu changement climatique, nuisant ainsi au bien-être de l’humanité, notamment en Europe, nous condamnerons les nations d’Europe à un déclin rapide par rapport aux autres nations qui se développeront plus rapidement.
Je peux affirmer devant cette Assemblée que le président d’une commission parlementaire ne tient compte des opinions que d’un groupe de scientifiques, et que si le commissaire Dimas ne fait pas référence à tous les travaux scientifiques connus sur ce sujet, je protesterai avec la plus grande véhémence. Je le ferai parce que des mesures de ce genre ne doivent être prises que sur la base de preuves scientifiques concluantes.
Roberto Musacchio (GUE/NGL). – (IT) Monsieur le Président, chers collègues, je remercie chaleureusement le rapporteur, M. Florenz, qui a travaillé dur et qui a évalué plusieurs mois de travail de la commission temporaire sur le changement climatique sous la direction experte de Guido Sacconi. La raison politique principale qui me fait approuver le rapport Florenz est l’acceptation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) en tant qu’organe, et partant, de l’ONU, ainsi que des lignes directrices de la conférence de Bali. On remarquera qu’il ne s’agit pas simplement d’un argument scientifique, mais aussi d’un argument de démocratie: il s’agit d’un forum démocratique mondial.
Le problème auquel nous sommes confrontés, c’est que si l’Europe veut être une force crédible et motrice de l’accord post-Kyoto à venir, nous devons tout d’abord mettre de l’ordre chez nous. Le paquet de mesures proposé doit être approuvé dans un délai spécifique et respecter les accords de Bali. Il doit donc respecter ces engagements, être transparent, appliqué et contrôlé.
Il est crucial d’éviter les exceptions et les dérogations qui entacheraient sa crédibilité au sein de l’Europe et vis-à-vis des pays tiers. Nous devons éviter les manipulations des États membres et du monde économique, bref, nous devons nous montrer sérieux!
Graham Booth (IND/DEM). – (EN) Monsieur le Président, je suis d’accord avec M. Pęk. Le 4 mars de cette année, de nombreux scientifiques éminents du monde entier ont signé la Déclaration de Manhattan. Parmi d’autres choses, cette déclaration affirme qu’«il n’existe aucune preuve convaincante que les émissions de CO2 engendrées par l’activité industrielle moderne ont provoqué, provoquent ou provoqueront une modification catastrophique du climat.» La semaine dernière, 31 000 scientifiques supplémentaires se sont rangés à cet avis dans la Pétition de l’Oregon.
Il ne s’agit plus de quelques voix discordantes, et Nigel Lawson, membre de la commission du changement climatique de la Chambre des Lords, est aussi d’accord pour dire que ce débat n’est pas terminé. Avant de nous engager sur des coûts énormes par le biais de taxes climatiques, de commerce du carbone etc., au moment même où se profile la menace d’une récession économique mondiale, nous devons écouter les deux côtés de ce débat et déterminer avec une certitude absolue qui a raison.
Roger Helmer (NI). – (EN) Monsieur le Président, j’amène pour une fois de bonnes nouvelles au Parlement: le réchauffement planétaire a cessé. L’année 1998 a été la plus chaude de mémoire d’homme. Au cours des 10 dernières années, les températures mondiales sont restées stables ou elles ont baissé. Le réchauffement modeste de ces dernières années est comparable à ce qui s’est produit lors de la période chaude médiévale; et avant cela, lors de l’optimum romain, et avant cela, lors de l’optimum de l’holocène.
Les températures actuelles sont inférieures aux maxima des 2000 dernières années. Le rôle du CO2 est de plus en plus mis en doute. Depuis 1850, on observe une corrélation nette entre les températures et les cycles solaires, et une corrélation médiocre avec la quantité de CO2 dans l’atmosphère. Le modèle du réchauffement, tant du point de vue géographique qu’à travers le temps, est entièrement différent de celui prédit par les modèles informatiques.
Le modèle de serre prédit un réchauffement maximal dans la haute atmosphère, mais les observations montrent que le peu de réchauffement constaté se produit en surface et qu’il est largement la conséquence des îlots de chaleur urbains.
L’effet de serre causé par le CO2 est logarithmique, c’est-à-dire qu’il est soumis à la loi des retours diminuant. En termes d’effet de serre, l’atmosphère est déjà saturée de CO2 et les émissions supplémentaires auront peu d’effet.
Le niveau de la mer ne s’élève pas plus qu’il ne l’a toujours fait, de 15 à 20 cm par siècle. La masse de glace dans le monde reste largement stable. Les phénomènes météorologiques extrêmes ne sont pas plus fréquents que par le passé. L’extinction des espèces n’est pas le résultat du réchauffement climatique, mais de la perte de l’habitat, due notamment à la ruée sur les biocarburants. Des études récentes montrent que les ours polaires se portent très bien.
L’hystérie climatique s’éloigne de plus en plus de la réalité. Nous devons reconsidérer nos politiques avant qu’elles ne fassent encore plus de dégâts.
(Applaudissements)
Markus Pieper (PPE-DE). – (DE) Monsieur le Président, Mme Harms, d’un point de vue pacifiste, casser les chars est plutôt positif! Les faits scientifiques sont bien connus: l’évolution du climat que nous constatons aujourd’hui est largement due à l’activité humaine. Dans cette perspective, les accomplissements de la commission temporaire sont donc exemplaires.
Ce qui me préoccupe dans ce rapport, cependant, c’est son ton de menace. Je regrette qu’aucune place ne soit faite aux opinions scientifiques divergentes. Le fait est que chaque fois que la politique se croit infaillible, elle fait forcément une erreur. Ce rapport parle de vagues de chaleur sans précédent et d’extinctions de jusqu’à 70% des espèces en raison du changement climatique. Il affirme que presque toutes les régions du monde subiront un effet négatif. Ces affirmations se fondent sur une modélisation à long terme, mais elles ne peuvent être attribuées de façon aussi simpliste au seul changement climatique causé par l’homme.
Dans ce contexte, je trouve scandaleuse pour ce Parlement l’idée que les amendements déposés par M. Březina, et qui attirent précisément l’attention sur cette situation, puissent être déclarés irrecevables. Monsieur le Président, je vous demande spécifiquement de déclarer l’amendement 15 recevable. On ne rend pas service à la protection de l’environnement en supprimant certaines opinions par le biais de simples procédures administratives. Une exagération de la menace provoquera des mesures politiques qui ne peuvent que donner une vision fausse des priorités politiques. Un exemple est l’affirmation selon laquelle le changement climatique devrait devenir une priorité de l’aide au développement. Pourtant le SIDA, la malnutrition, la malaria et les tremblements de terre sont des problèmes plus urgents à l’heure actuelle, et c’est à eux que nous devrions consacrer nos ressources politiques.
En Europe également, le débat sur le changement climatique a atteint une dimension qui met en danger les progrès sociaux. Aujourd’hui déjà, chaque famille allemande verse plus de 40% de sa facture d’électricité à l’État, et ce chiffre varie de 55% à 78% pour le carburant. Le nouveau système d’échange de quotas d’émission provoquera une augmentation supplémentaire d’au moins 30% du prix de l’électricité.
Je recommande une approche rationnelle de la question du changement climatique, afin de nous permettre d’identifier des solutions socialement et économiquement acceptables. Les amendements déposés par M. Březina constituent un certain nombre de points de départ, et je vous demande de les soutenir.
(Applaudissements)
Dorette Corbey (PSE). – (NL) Je souhaiterais remercier M. Florenz. Il a produit un excellent rapport. Le débat sur le changement climatique est très émotionnel, à juste titre évidemment. Aujourd’hui cependant, nous devons choisir une approche rationnelle. Au cours des prochains mois, nous travaillerons intensément à la question du changement climatique, et de nombreuses mesures ambitieuses sont au programme.
Il est très important que l’Europe fasse la preuve de sa crédibilité avant Copenhague et qu’elle parvienne à un accord sur le paquet climatique. Cela n’est possible que si nous partageons une base commune, et cette base est la connaissance. M. Florenz mérite notre reconnaissance pour avoir mis à plat le consensus scientifique. Les résultats du Groupe d’experts intergouvernemental sur le changement climatique (GIEC) constituent notre point de départ. Des milliers de scientifiques collaborent au sein du GIEC. Il est un fait que la Terre se réchauffe, et il est aussi un fait que ce réchauffement est dû, au moins en partie, aux actions de l’homme. Pour maintenir le changement climatique dans des limites acceptables, nous devons réduire les émissions de gaz à effet de serre de 60 à 80% d’ici 2050. Cela ne sera pas chose facile. Des intérêts importants sont en jeu. Bien sûr, la production propre peut engendrer des bénéfices importants et créer de nombreux emplois, et c’est également un bon moyen de mettre fin à notre dépendance au pétrole et d’entrer dans le monde de l’énergie durable. Toutefois, la transition vers une économie décarbonée ne sera pas facile.
Deux choses sont donc importantes. Tout d’abord, notre politique doit se fonder sur les connaissances, ce qui ne signifie pas, Monsieur Piper, que le consensus du GIEC soit gravé dans la pierre. Nous pouvons attendre du GIEC qu’il soit ouvert à la critique et aux arguments fondés des sceptiques, parce que cela contribue à la connaissance. C’est pourquoi notre groupe soutient entièrement le paragraphe 10.
Le deuxième point concerne la nécessité d’un soutien public à long terme. Pour permettre au public de soutenir des mesures fermes, nous demandons que les faits scientifiques de base soient décrits dans une brochure accessible au public, afin que chacun puisse se rendre compte des défis auxquels nous sommes confrontés. C’est ainsi que nous pourrons relever ces défis ensemble. Je m’attends à ce que ce rapport de M. Florenz constitue la base d’autres actions communes et d’une politique de qualité pour 2009.
Lena Ek (ALDE). – (SV) Monsieur le Président, permettez-moi également de féliciter Karl-Heinz Florenz pour cet excellent rapport. J’aimerais souligner sa très grande importance politique et symbolique, ce que démontre le fait que les chefs des trois grands groupes politiques ont introduit ce débat.
Nous sommes tous d’accord avec le contenu du rapport Florenz. Il est par ailleurs rédigé de façon à ce que les citoyens européens ordinaires puissent lire le texte et comprendre ce que nous voulons dire. Sa présentation claire et instructive est un autre aspect positif que je tiens à souligner.
Il reste cependant des problèmes dont nous devons discuter. Je vous invite à soutenir les amendements relatifs à la mer et à l’augmentation de 1,5° de la température à la surface de la mer. Nous devons également envisager les questions relatives à la santé publique. Nous les aborderons dans le prochain rapport. Je m’attends à ce que plusieurs idées judicieuses soient présentées dans ce domaine. En tant que parlementaires européens, nous avons l’opportunité de démontrer le sérieux de notre engagement en faveur de ces questions. Avril Doyle et moi-même sommes toutes deux rapporteur sur les échanges de droits d’émission. Si nous pensons tous réellement ce qui a été dit aujourd’hui avant le vote, nous nous attendons à un soutien enthousiaste des propositions que nous soumettrons à nos différentes commissions.
Enfin, je souhaite faire remarquer que nous sommes en train de préparer la conférence de Copenhague. Ces préparations doivent avoir lieu d’une façon entièrement différente, en collaboration entre le Parlement, le Conseil et la Commission, et également en collaboration avec les pays en voie de développement. Il ne nous reste plus que 18 mois.
Dimitrios Papadimoulis (GUE/NGL). – (EL) Monsieur le Président, je félicite également M. Florenz pour ce rapport. J’apprécie particulièrement le fait qu’il se fonde sur les conclusions scientifiques de la commission compétente de l’ONU et qu’il mette en évidence la nécessité d’informer mieux et davantage les citoyens.
Cependant, Mesdames et Messieurs, Monsieur le Commissaire, passons des conclusions à l’action. Nous devons adapter nos politiques aux mesures proposées par la science. Nous avons besoin de carburants et de voitures plus propres. Nous connaissons votre lutte, Monsieur le Commissaire, même au sein de la Commission, contre les lobbies et les intérêts qui sapent les efforts de l’Union européenne pour mener le combat contre le changement climatique en tant que chef de file au niveau mondial. La grande majorité du Parlement européen est votre alliée. Le Parlement soutiendra un effort plus ambitieux de la part de la Commission et des gouvernements, parce que la vie humaine et la protection de l’environnement sont nettement plus importantes que les intérêts de certains milieux d’affaires.
Jerzy Buzek (PPE-DE). – (PL) Monsieur le Président, je ne suis pas le premier à féliciter le rapporteur pour cet excellent rapport, et je ne serai sans doute pas le dernier. La communauté internationale a récemment pris connaissance du document produit par le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC), qui contient une étude scientifique exhaustive concernant le phénomène du réchauffement planétaire. Nous y faisons référence dans notre rapport et dans notre résolution. La plupart des chercheurs ont accepté la validité de ce document, le quatrième rapport d’évaluation du GIEC. La majorité des gouvernements des 110 pays représentés au sein du Groupe ont fait de même. Pourtant, des voix se lèvent pour mettre en doute la validité de ce document. Nous les avons entendues au sein de cette Assemblée également. Il est donc approprié de commencer par évaluer la controverse.
Tout d’abord, presque tout le monde reconnaît aujourd’hui que le réchauffement planétaire est une réalité, même si certains recoins de la planète sont temporairement plus froids que par le passé. En raison notamment du rapport du GIEC, il semble que l’existence du réchauffement planétaire soit aujourd’hui reconnue. En conséquence, il n’est plus si important de faire allusion à l’apocalypse imminente liée à l’augmentation des températures. D’un autre côté, il est certainement nécessaire d’expliquer et de prouver les raisons de l’augmentation des températures.
Je demande au Parlement de se souvenir que la majorité des scientifiques qui ont étudié la question sérieusement pensent que le réchauffement planétaire est causé principalement, mais pas exclusivement, par l’homme. C’est en particulier le cas pour les émissions de gaz à effet de serre. Il serait bon de consacrer davantage d’efforts à documenter et à prouver cette théorie. La recherche des causes du réchauffement planétaire continue, et telle devrait être la principale conclusion de nos délibérations.
Il est néanmoins important de garder à l’esprit qu’il semble fort probable que les gaz à effet de serre produits par les êtres humains soient la principale cause du réchauffement planétaire, et nous devons agir en conséquence. C’est pourquoi l’Union européenne assume le rôle de pionnier dans la limitation des émissions. En conséquence, il est particulièrement important que nous, Européens, parvenions à un accord sur cette question à Poznań et à Copenhague. Nous ne devons pas oublier qu’il nous est impossible de sauver la planète seuls. Cependant, il serait impardonnable d’abandonner nos propres actions aujourd’hui. Nous ne pouvons renoncer à nos responsabilités envers la civilisation.
Riitta Myller (PSE). – (FI) Monsieur le Président, nous disposons de données reconnues sur le changement climatique dans le monde, et l’origine humaine de la tendance actuelle au réchauffement planétaire est prouvée au-delà d’un doute scientifique raisonnable et sérieux. C’est ce qu’indique M. Florenz au début des conclusions de son rapport. Après tout, l’objectif de la rédaction de ce rapport intermédiaire était précisément de trouver une base commune pour la version finale.
Le travail de la commission et du Parlement doit se fonder solidement sur le quatrième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur le changement climatique. Ce rapport présente un consensus parfaitement clair sur le fait que la température moyenne dans le monde doit être stabilisée afin de ne pas augmenter de plus de 2°C. C’est également une manière de tenir compte de l’impact économique, écologique et social du changement climatique.
Comme l’a dit M. Florenz, les faits sont sur la table. La question est maintenant de savoir comment nous comprenons ce que nous lisons - c’est une question de capacité de lecture. Cela sera évident cette année, lorsque nous discuterons des ensembles législatifs que la Commission nous a présentés. Je tiens à souligner en particulier, étant donné qu’il est question de l’impact écologique, économique et social du changement climatique, que nous devons nous concentrer davantage sur la question du rendement énergétique. J’espère que la Commission, dans ses activités futures, examinera en particulier le potentiel d’augmentation du rendement énergétique. L’énergie économisée est l’énergie la moins chère, et elle est également le meilleur moyen de lutter contre le changement climatique. J’espère donc voir de nouvelles propositions et de nouveaux stimuli émanant de la Commission.
Avril Doyle (PPE-DE). - (EN) Monsieur le Président, nous discutons ici d’un excellent rapport intermédiaire sur les données scientifiques relatives au changement climatique présenté par le rapporteur de la commission provisoire sur le changement climatique, Karl-Heinz Florenz. Je souhaite le remercier pour le travail considérable qu’il y a consacré, ainsi que tous les collègues de la commission temporaire dans l’ensemble du Parlement.
Si les législateurs devaient ignorer l’opinion, vérifiée par leurs pairs, de l’écrasante majorité des scientifiques actifs dans le domaine du changement climatique dans le monde entier, il s’agirait d’un mélange explosif d’arrogance, d’irresponsabilité et de manquement complet à leur devoir. Nous sommes les décideurs. Nous avons un mandat démocratique qui nous a été confié par nos concitoyens. Nous ne pouvons pas leur faire défaut face à ce problème, le plus grave auquel soit confrontée aujourd’hui la communauté mondiale, même et surtout si les décisions que nous devons prendre sont extrêmement difficiles.
J’encourage nos chers collègues, que l’on pourrait approximativement décrire comme des «sceptiques du climat», à nous suivre sur cette voie, ne serait-ce que sur la base du principe de précaution, galvaudé, mais si important. Oui, la science est complexe et dynamique, mais avec un rapport de cinq à un au sein de la communauté scientifique en faveur de l’argument que nous présentons, nous devons mettre en doute, et avant tout nous devons réagir - et réagir de façon adéquate - au travail des meilleurs scientifiques, évalué par leurs pairs, dans le domaine de la météorologie et de la climatologie.
Plus de deux tiers de la surface du monde est couverte par des océans, et les trois quarts des mégapoles mondiales sont au bord de la mer. Plus de 97% de l’eau présente sur la planète se trouve dans les océans, et les poissons apportent le pourcentage le plus élevé des protéines consommées par les êtres humains. 3,5 milliards de personnes en dépendent à titre de source alimentaire principale. À mesure que les émissions de gaz à effet de serre provoquées par l’homme augmentent, les scientifiques prévoient que des changements brutaux comme le réchauffement des océans, la fonte des pôles, la montée du niveau des mers et l’acidification des océans poseront un risque grave pour les écosystèmes marins et les communautés vivant de la pêche.
En ma qualité de vice-présidente de la commission de la pêche, je vous invite à tenir compte de ses points de vue informés dans ce rapport intermédiaire aujourd’hui. Deux remarques rapides: tout d’abord, c’est une grave omission de n’avoir inclus aucun membre de la commission de la pêche dans la commission temporaire sur le changement climatique. Ensuite, je regrette que la commission temporaire n’ait pu accepter l’avis de la commission de la pêche.
En conclusion, plusieurs amendements soulignent l’impact scientifique des conséquences du changement climatique sur les océans du monde entier. J’invite mes collègues à soutenir ces amendements, dans la mesure où les rapports servant aux prises de décision du Parlement doivent être aussi complets et intégrés que possible.
Agnes Schierhuber (PPE-DE). – (DE) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, Mesdames et Messieurs, j’aimerais commencer par remercier chaleureusement le rapporteur pour son travail. Ce rapport, comme l’ont indiqué d’autres orateurs avant moi, concerne exclusivement les faits scientifiques relatifs au changement climatique, abordés en détails avec des experts de renommée mondiale lors de rencontres thématiques.
Le secteur de l’agriculture et de la sylviculture est l’un des plus durement touchés par le changement climatique, il a donc tout intérêt à ce que des mesures efficaces de protection du climat soient adoptées au niveau mondial. L’implication de tous les pays, en particulier des pays en voie de développement, dans le processus post-Kyoto est essentielle. Il est important de souligner que l’agriculture n’est en rien responsable de l’augmentation des prix des aliments: dans le prix d’un pain, par exemple, le blé représente moins de 2% des coûts.
Il est également notoire que les ressources renouvelables destinées aux carburants végétaux ne libèrent pas plus de CO2 que celui qui a été emmagasiné pendant leur croissance, ce qui signifie que ces carburants sont neutres du point de vue du CO2. Il est également reconnu, sur la base de recherches scientifiques sérieuses, que les hommes sont partiellement responsables du changement climatique. C’est pourquoi il est important d’intensifier les recherches et d’économiser l’énergie en l’utilisant d’une façon plus efficace. Nous pouvons sans doute nous consoler en nous disant qu’il nous a fallu 3 000 ans pour admettre que la Terre était ronde et non plate.
J’invite ce Parlement à se lancer dans un débat sérieux qui reconnaisse l’importance du problème du changement climatique. Il s’agit d’un problème macrosocial qui ne peut être résolu par des politiques sectorielles menées séparément dans différents États membres de l’Union européenne. Une solution ne peut être obtenue qu’au niveau mondial, et l’Union européenne doit certainement jouer un rôle pionnier et de médiation dans la lutte contre le changement climatique.
Valdis Dombrovskis (PPE-DE). – (LV) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je souhaite avant tout féliciter le rapporteur pour sa position claire qui, sur base des résultats des études scientifiques, admet l’existence du réchauffement planétaire et admet qu’il est causé par l’homme. Nous devons nous souvenir qu’il y a quelques années encore, de nombreux politiciens influents, y compris les dirigeants de certaines grandes puissances, essayaient encore de le nier. «Ce rapport va plus loin et rejette, en invoquant une absence de fondement scientifique, les affirmations selon lesquelles le réchauffement planétaire ne serait qu’une illusion et une variation normale des températures. Ce rapport démontre une fois de plus que l’Union européenne est un leader mondial en matière de réchauffement planétaire. Cela ne doit pourtant pas nous réjouir. Selon les estimations actuelles, pour maintenir le réchauffement planétaire dans une limite de 2%, le volume des émissions de CO2 devra être réduit au moins de moitié d’ici 2050. Dans ce contexte, l’affirmation dans le rapport selon laquelle presque tous les États membres de l’Union européenne ont fait des progrès important pour se rapprocher des objectifs de Kyoto est exagérément optimiste. Entre 1990 et 2005, les 15 anciens États membres de l’Union européenne n’ont réduit leurs émissions que de 2%, et il est fort peu probable qu’ils parviennent à réduire leurs émissions de 6% supplémentaires au cours des cinq années à venir pour atteindre leur objectif collectif de Kyoto. C’est uniquement parce que les nouveaux États membres ont réduit leurs émissions nettement plus rapidement que l’Union européenne dans son ensemble peut se prétendre à la pointe du progrès en la matière. On s’attend à ce que les nouveaux États membres réduisent leurs émissions de CO2 de 21% d’ici 2010. C’est uniquement grâce à cela que les dirigeants européens peuvent parler de l’objectif apparemment ambitieux de réduire les émissions de 20% d’ici 2020. Cet objectif mérite évidemment d’être salué, mais il est important que les principaux pollueurs assument la plus grande part de cette réduction. Il n’est pas acceptable de permettre que les efforts des politiques européennes en matière de changement climatique se basent uniquement sur les réalisations actuelles des nouveaux États membres et de quelques anciens États membres isolés, et leur imposent des contraintes supplémentaires tout en accordant une plus grande liberté aux principaux pollueurs. Toutefois, quelle que soit la répartition des réductions d’émissions parmi les États membres de l’Union européenne, nous n’arriverons à rien sans parvenir à conclure un accord global et sans impliquer des pays comme les États-Unis, la Chine, l’Inde, la Russie et d’autres dans la résolution de ce problème. Cette question doit être une priorité de la politique étrangère et de la politique climatique de l’Union européenne. Merci pour votre attention.
Romana Jordan Cizelj (PPE-DE). – (SL) Nous n’optons en général pour des changements et pour des mesures précises que sur la base de faits bien établis. Au sein de la commission sur le changement climatique, nous avons rassemblé de nombreuses données fournies par de nombreux scientifiques. La plupart de ces données indiquent que l’évolution des écosystèmes est la conséquence d’émissions anthropogéniques et indiquent des tendances possibles pour l’avenir.
Bien que certains utilisent ces données comme une menace, nous devons également en voir le bon côté, à savoir que nous pouvons encore agir. Nous devons cependant agir vite, de façon responsable, sérieuse et coordonnée: d’abord au sein de l’Union, puis au niveau mondial. Nous ne pourrons parvenir à des accords internationaux que si nous sommes suffisamment sensibles aux problèmes des pays tiers confrontés à des problèmes de développement durable et, pour nombre d’entre eux, de lutte contre la pauvreté.
Une approche intégrée nécessite un changement de perspective au niveau européen. Jusqu’ici nous ne nous sommes préoccupés que du développement, et principalement du développement d’une société décarbonée. Cependant, nous ne parviendrons à un accord international que si nous donnons un poids identique aux mesures visant à réduire les émissions et aux mesures visant à modifier les émissions afin de les adapter à l’évolution du climat.
Je remercie le rapporteur pour cet excellent rapport, et j’espère que dans ce sens, notre travail continuera l’année prochaine.
Csaba Sándor Tabajdi (PSE). – (HU) Monsieur le Président, je félicite M. Florenz pour cet excellent rapport. Ce débat consacré aux fondements scientifiques du changement climatique est particulièrement important car malheureusement, nous autres responsables politiques, nous oublions souvent de tenir compte des faits, alors que ceux-ci sont têtus. Je suis d’accord avec Martin Schulz pour dire que nous devons oublier les débats fondés sur les convictions pour nous consacrer aux faits.
En Hongrie par exemple, le niveau de la nappe aquifère de la Plaine hongroise entre le Danube et la Tisza a chuté de 3-4 mètres au cours des 30-40 dernières années. Avec pour corollaire une désertification importante. Selon les mesures effectuées par des scientifiques, la désertification est due pour moitié à l’activité humaine et pour moitié au changement climatique.
Bref, accordons l’attention qui convient aux paroles des scientifiques. Je suis également d’accord pour dire que l’Union européenne ne peut résoudre seule ce problème. Les États-Unis, le Japon, la Chine, le Brésil et les pays en voie de développement doivent être ses alliés dans cette entreprise. Merci pour votre attention.
Anneli Jäätteenmäki (ALDE). - (FI) Monsieur le Président, l’humanité est responsable du changement climatique et l’homme peut donc aider à le combattre.
L’objectif de l’Union européenne est de faire passer à 10% la quantité de biocarburant utilisée pour le transport. Cet objectif doit être atteint. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour le réaliser, y compris intégrer la tourbe comme matière première pour le biodiesel.
Nous devons consacrer davantage de fonds à la recherche afin d’utiliser les méthodes les plus efficaces. Par exemple, certaines études montrent que la production d’énergie à partir d’algues est, par hectare, 15 fois plus abondante que la production à base de raisins, d’huile de palme ou de soja, et il faut donc mener davantage de recherches dans ce domaine. Voici donc une façon de réduire l’utilisation d’huile de palme, et peut-être d’y mettre fin complètement, car cette utilisation est loi d’être écologique. Nous devons donc prendre mesures en collaboration avec les États-Unis d’Amérique, la Chine, l’Inde et la Russie.
Péter Olajos (PPE-DE). - (HU) Merci, Monsieur le Président. Si nous voulons réussir à Copenhague fin 2009, je pense que nous devons tenir compte de deux choses que j’ai observées personnellement lors de mes visites en Inde, au Bangladesh, en Chine et en Californie au cours de ces derniers mois.
Avant tout, nous devons faire un réel effort. En d’autres termes, il ne suffit pas de nous congratuler mutuellement. Il ne suffit pas de parler de 10, 20, 30 ou 40%. Selon les chiffres de l’Agence européenne pour l’environnement, les émissions de dioxyde de carbone n’ont pas diminué depuis 2000, elles ont au contraire augmenté de 1%. Le système d’échange de quotas d’émissions (Emission Trading Scheme, ETS) est un succès retentissant. Il est actuellement en cours de réforme, mais je pense qu’il serait utile de lancer des réformes semblables dans le système non-ETS. Il faudrait peut-être même consolider les deux systèmes. Je soutiens vigoureusement la proposition du Conseil de définir 1990 et non 2005 comme année de référence.
L’autre chose importante est le Fonds d’adaptation. Si nous voulons réussir à Copenhague, nous devons créer le Fonds d’adaptation. Le rapport Stern a montré qu’en l’absence d’un Fonds d’adaptation, les autres régions du monde ont fort peu de chances d’éviter les conséquences néfastes du changement climatique. Merci.
Silvia-Adriana Ţicău (PSE). – (RO) Le changement climatique affecte déjà l’Union européenne. Ces dernières années par exemple, la Roumanie a souffert d’inondations, de sécheresses et de vagues de chaleur. Certaines régions du sud et du sud-est de la Roumanie sont en train de se transformer en déserts. L’Union a entrepris une mission importante dans la lutte contre le changement climatique, en ce qui concerne tant l’atténuation des causes que l’ajustement au changement climatique.
Le traité de Lisbonne comprend des dispositions relatives au changement climatique, et j’apprécie également la clause de solidarité en cas de catastrophes naturelles. Malheureusement, la gouvernance mondiale dans le domaine de la protection environnementale est décentralisée, et parfois les décisions manquent de cohérence; 18 institutions multilatérales sont chargées de contrôler l’application de 500 accords internationaux, dont 300 au niveau régional. L’Union européenne doit jouer un rôle de chef de file dans ce domaine.
Il existe des solutions. Nous avons besoin d’actions cohérentes sur le changement climatique, de transports plus écologiques, de programmes de recherche et de développement, d’adapter l’agriculture à une consommation adéquate de l’eau, de reforestation et, en particulier, d’une meilleure gestion des déchets. Je félicite le rapporteur.
Miroslav Mikolášik (PPE-DE). – (SK) Le changement climatique a des conséquences graves, non seulement pour les écosystèmes, mais également pour l’économie, la santé publique, la sécurité alimentaire et de l’approvisionnement en eau, ou encore les migrations. Les dernières études scientifiques apportent la certitude que l’activité de l’homme a contribué au réchauffement mondial, et c’est donc à notre société qu’il revient d’appliquer des mesures politiques efficaces.
Je salue le rapport intermédiaire de la commission temporaire sur le changement climatique et ses recommandations quant à la future politique européenne intégrée en matière de changement climatique. Je soutiens vivement l’approche consistant à limiter à 2°C l’augmentation de la température moyenne dans le monde. En outre, l’Union européenne devrait consentir les efforts nécessaires pour réduire ses émissions d’une façon qui permette de garder les températures largement en-deçà de ce maximum de deux degrés. La publication de données scientifiques prouvées et la sensibilisation accrue du public à cette question doivent constituer un instrument important des politiques de lutte contre le changement climatique.
Anni Podimata (PSE). - (EL) Monsieur le Président, permettez-moi tout d’abord de saluer le rapport intermédiaire sur les données scientifiques du changement climatique. Je suis particulièrement heureuse de constater qu’il souligne le consensus des scientifiques quant à la gravité de ce problème. Ce rapport souligne également l’importance capitale du facteur humain, et en particulier de l’énergie, sur le changement climatique.
Le quatrième rapport d’évaluation du GIEC indique que les émissions globales de CO2 ont augmenté d’environ 80% entre 1970 et 2004, et que cette augmentation est due principalement à l’utilisation de combustibles fossiles. Étant donné le lien étroit indéniable entre le climat et la planification énergétique, j’aimerais souligner la nécessité de créer un plan intégré au niveau européen afin de savoir quels sont les choix les plus efficaces et les plus conseillés en matière d’énergie.
Marios Matsakis (ALDE). - (EN) Monsieur le Président, après avoir écouté le débat de ce matin, je ressens le besoin de faire quelques commentaires.
Tout d’abord, les preuves scientifiques. Il ne fait aucun doute que démontrer l’existence du réchauffement planétaire est compliqué, tout comme il est difficile de prouver ses causes. Il ne s’agit pas d’une situation théorique qu’une expérience en laboratoire permet de confirmer ou d’infirmer. La preuve est basée sur des observations à long terme et des procédures compliquées. Il reste bien sûr quelques sceptiques, quelques scientifiques dont l’opinion est différente. Cela n’est pas nouveau. Les scientifiques sont connus pour leurs divergences d’opinion: n’oublions pas que de nombreux scientifiques ont longtemps douté du lien de cause à effet entre le tabagisme et le cancer, et qu’ils continuent à en douter à ce jour. Nous savons bien sûr tous quelle est la vérité. Il en a été de même pour la thalidomide et la phocomélie chez l’embryon humain.
Deuxième point: il convient d’insister sur une approche globale, car nous savons tous que les pays qui polluent le plus, à savoir les USA, la Chine et l’Inde, sont ceux qui font le moins pour lutter contre le réchauffement planétaire.
Janez Podobnik, président en exercice. − (SL) J’ai suivi avec grand intérêt votre discussion très animée, qui est une excellente base pour le rapport intermédiaire présenté par le rapporteur, M. Karl-Heinz Florenz, que je remercie et que je félicite.
Votre échange de vues, tel qu’il s’est présenté, serait bénéfique à n’importe quel parlement. Il a été très engagé; je l’ai entendu comme étant une critique positive, puisque toutes les opinions sont précieuses, y compris les opinions critiques.
Sur la base de vos discussions, je peux résumer deux conclusions principales. L’Union européenne est et restera une force capable de faire face à ... bien sûr, en collaboration avec tous ses partenaires mondiaux, pour continuer à encourager une confrontation sérieuse en matière de changement climatique. Une autre conclusion est que le changement climatique n’est pas seulement un problème, mais qu’il peut aussi représenter une opportunité. Toutefois, la meilleure façon d’y faire face est d’agir au niveau mondial.
Je souhaite également dire que, avec l’ensemble législatif sur le climat et l’énergie, l’Union européenne prépare minutieusement et avec succès toutes ces mesures qui nous permettront de faire face efficacement au changement climatique.
La transition vers une économie décarbonée sûre et durable influencera de nombreuses politiques, y compris l’économie et la vie quotidienne des citoyens. Des mesures politiques coordonnées sont requises dans de nombreux domaines de l’Union européenne. C’est ici que je soutiendrais vos opinions pour dire que nous devons nous serrer les coudes, non seulement pour les décisions globales, mais aussi pour nous montrer unanimes en ce qui concerne les détails de ces mesures politiques.
Je tiens en particulier à mentionner les synergies entre le changement climatique et l’énergie. Dans cette perspective, il convient de créer des politiques européennes et nationales homogènes dans le domaine de la recherche, du développement et de l’innovation. Nous devons encourager la création d’un système de transport durable pour permettre aux États membres d’adopter les mesures nécessaires pour lutter contre le changement climatique; nous devons améliorer le rendement énergétique, en particulier celui des bâtiments, ainsi que d’autres sources d’énergie dans tous les secteurs, et continuer à informer les consommateurs à propos de l’utilisation efficace de l’énergie afin de réduire les conséquences sociales et de profiter au maximum des nouvelles opportunités.
Comme le mentionne le rapport de M. Florenz, la science du changement climatique est bien établie et reconnue, et le fait que le réchauffement planétaire actuel est la conséquence des activités humaines est scientifiquement irréfutable.
Permettez-moi de commenter brièvement vos divergences d’opinions concernant le cadre scientifique du GIEC. Dans ce domaine, je recommande de respecter le domaine politique. Le Parlement européen est une arène politique éminente. Nous devons bien sûr respecter le domaine de la science, qui est toutefois lié par les principes éthiques de la recherche et de l’exactitude scientifique.
Mais nous ne devons pas non plus oublier l’espace du citoyen, de l’homme ordinaire, qui sera touché par les différentes mesures au niveau de sa qualité de vie, y compris au moment d’élaborer son budget familial et de planifier son avenir.
Je tiens particulièrement à dire qu’il me semble important que la commission temporaire sur le changement climatique ait, selon M. Sacconi, travaillé efficacement et discuté des questions relatives au changement climatique dans une atmosphère positive au cours de ses séances, et qu’elle ait adopté à une large majorité un rapport sur les données scientifiques du changement climatique.
Nous saluons particulièrement la décision du Parlement européen de prolonger le mandat de la commission temporaire sur le changement climatique jusqu’en février 2009. Monsieur le Président, nous considérons qu’il s’agit d’une preuve supplémentaire indiquant que dans le domaine du changement climatique, le Parlement européen soutient la politique ambitieuse de l’Union européenne au niveau international de par ses actions en prenant soin de fonder ses décisions politiques sur les dernières découvertes scientifiques.
Nous sommes également heureux de l’annonce faite lors du débat d’aujourd’hui quant à l’imminence du débat prochain consacré au paquet législatif sur le changement climatique, ce qui permettrait de respecter les engagements pris par le Conseil européen en mars 2008.
Stavros Dimas, membre de la Commission. − (EL) Monsieur le Président, j’aimerais remercier tous les intervenants du débat d’aujourd’hui pour leurs interventions particulièrement intéressantes.
En particulier, permettez-moi de signaler que l’Union européenne, à 15 ou à 27 États membres, respectera les objectifs de Kyoto, cela ne fait aucun doute. Dans la mesure où je serai, du moins je l’espère, Commissaire pendant encore 18 mois, je vous assure qu’en aucun cas nous n’échouerons dans la réalisation des objectifs de Kyoto. Je vous l’affirme parce que les mesures que nous avons déjà prises, et celles que nous prenons actuellement, garantissent la réalisation des objectifs de Kyoto. C’est la moindre des choses que nous puissions faire au cours des années à venir. Les chiffres que vous avez fournis précédemment sont corrects. Il faut dire que l’Union européenne réduit ses émissions de gaz à effet de serre alors que d’autres pays comme les États-Unis les augmentent, et à une vitesse nettement plus importante qu’en 1990. En 2005, comme vous l’avez souligné, nous étions 2% en dessous du niveau de 1990, et près de 3% en dessous de ce niveau en 2006 pour les pays de l’Union européenne à 15, qui ont un objectif commun. Notre réussite est toutefois plus importante encore en tant qu’Union européenne à 27, dans la mesure où nous nous trouvons environ 8% en dessous du niveau de 1990. Au terme du délai que le protocole de Kyoto nous donne pour respecter nos obligations, l’Union européenne à 15 sera au moins 8% sous le niveau de 1990, et l’Union européenne à 27 sera 11% en dessous. Je tiens à faire remarquer que notre diminution de 8% est très positive, car elle nous aidera à atteindre l’objectif pour 2020 et au-delà.
Selon le rapport intermédiaire, les résultats de la recherche scientifique joueront un rôle important dans les négociations internationales dans la mesure où ils nous permettront de prendre des mesures audacieuses. Ils serviront à évaluer l’adéquation des propositions à soumettre à la négociation en préparation de la conférence de Copenhague.
Cette résolution nous rappelle les dangers d’un changement climatique incontrôlé, qui touchera la société humaine à divers niveaux et qui aura un impact important sur nos économies et sur nos traditions culturelles.
La résolution souligne à juste titre l’importance d’éviter les perturbations majeures du climat, comme l’assèchement des affluents de l’Amazone ou l’effondrement de volumes importants de glace aux deux pôles.
Je pense qu’il est tout aussi important de souligner les conséquences probables du changement climatique en termes de sécurité internationale, de pénuries d’eau et de nourriture et de conflits relatifs au contrôle des ressources et aux flux migratoires. La communauté internationale subit une pression toujours plus forte du fait des urgences environnementales causées par les conditions météorologiques extrêmes et des conflits violents causés par le changement climatique. La crise récente du prix des denrées alimentaires est l’exemple le plus tangible à ce jour de ce qui risque de se produire: des conditions météorologiques extrêmes dans de nombreuses parties du monde provoquent une chute des récoltes. Malheureusement, cette situation ne semble pas être temporaire ni exceptionnelle; elle va sans doute devenir systématique et récurrente et ne pourra être maîtrisée sans une modification radicale de la politique et des pratiques agricoles.
Permettez-moi d’aborder quelques autres sujets mentionnés dans le rapport. Je commencerai par la réduction des émissions de gaz à effet de serre grâce à des mesures appropriées au niveau national dans les pays en voie de développement. L’aide et le soutien de la technologie sont nécessaires. Nous devons financer le transfert technologique à destination de ces pays et améliorer leurs capacités administratives afin de pouvoir mesurer, archiver et vérifier ces réductions. Cette idée est au cœur des négociations sur le plan d’action de Bali. Comme nous l’avons remarqué à Bali, tout mesure prise par les pays en voie de développement dépendra non seulement d’engagements sérieux de la part des pays développés à réduire leurs propres émissions, mais aussi d’efforts importants de la part de ces pays pour assurer un financement, notamment pour le transfert technologique et la création d’une capacité administrative suffisante.
Il est important que l’Union européenne profite de toutes les opportunités de dialogue avec les principaux pays en voie de développement, afin de parvenir à un accord sur ce que cela signifie exactement et sur la façon dont l’Union européenne peut soutenir ces actions, par exemple via la collaboration à l’élaboration des politiques, une assistance technique, un transfert d’expertise et la création d’incitants sur le marché du CO2, ou via une aide financière. Il y a des mesures à prendre dans tous les secteurs, y compris des mesures relatives aux émissions issues de l’utilisation de l’énergie et à la déforestation.
Je me tourne à présent vers l’aspect scientifique de cette discussion. La Commission est tout à fait d’accord pour dire que les résultats de la recherche scientifique doivent être communiqués au grand public. Les consommateurs doivent être préparés et sensibilisés à la quantité de gaz à effet de serre générés par leur style de vie et leurs habitudes de consommation. Toutefois, cette sensibilisation accrue doit s’accompagner d’incitants financiers forts pour encourager les entreprises à réduire les émissions de gaz à effet de serre des produits et services qu’elles proposent.
Il faut passer à une économie décarbonée à l’échelle mondiale. Ce n’est possible que via des efforts systématiques et coordonnés visant à réduire les émissions dans tous les secteurs.
L’ensemble de mesures relatives au changement climatique et à l’énergie actuellement en phase de codécision nous donnera une avance dans cette transition. Il nous permet également de montrer qu’une politique ambitieuse de lutte contre le changement climatique est faisable et qu’elle peut profiter à nos économies et à nos sociétés.
Nous allons continuer notre coopération constructive sur cet important paquet de mesures politiques, et j’espère que nous parviendrons à un accord dès que possible cette année.
En conclusion, permettez-moi de féliciter le Parlement européen pour sa contribution importante à la lutte contre le changement climatique et de saluer M. Florenz pour son excellent travail.
J’espère que le Parlement continuera à travailler de cette manière constructive. Puissent notre coopération et nos échanges de vues continuer, aussi bien sur le paquet de mesures relatives au climat et à l’énergie que sur les négociations internationales en préparation de Poznań et de Copenhague.
Karl-Heinz Florenz, rapporteur. − (DE) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, Monsieur le Président en exercice, je vous remercie de vos conclusions encourageantes. Je pense que nous sommes parvenus à identifier un consensus au sein de cette Assemblée, et ce consensus nous oblige naturellement à entreprendre d’autres études scientifiques pour éliminer les doutes résiduels, parce qu’après tout, dans quel domaine des connaissances humaines ne reste-t-il pas de doutes? C’est quelque chose qu’en tant que rapporteur, j’appelle certainement de mes vœux.
Je suis reconnaissant des éloges exprimés aujourd’hui, et je souhaite les transmettre aux équipes de l’ombre qui ont travaillé extrêmement dur sur ce rapport. Permettez-moi de saisir cette opportunité pour les remercier à nouveau chaleureusement.
En écoutant le débat d’aujourd’hui, on pourrait avoir l’impression que nous discutons du CO2. Permettez-moi de dire ceci: nous aurons bien d’autres problèmes à débattre, car les émissions de CO2 ne sont que la pointe de l’iceberg. Bien sûr, elles posent un problème grave, cela ne fait aucun doute, mais le vrai défi est la gestion de nos stratégies en matière de durabilité. Comment prendre soin de la planète Terre, que nous devons laisser à nos enfants? Les sources d’énergie que nous consommons actuellement se sont créées sur des millions d’années, et nous sommes en train de les gaspiller en un millier d’années. Le défi est donc de parvenir à faire durer un litre de carburant deux fois plus longtemps qu’aujourd’hui. C’est ce à quoi nous devons parvenir, et alors nous aurons fait notre devoir. Tel est le grand défi qui nous attend: augmenter le rendement énergétique en Europe, développer des technologies de pointe, utiliser ces technologies chez nous - cela va sans dire - puis les vendre à profit dans le monde entier pour créer de l’emploi. Telle est notre opportunité, telle que je la comprends, et je vous demande à tous de saisir cette opportunité à deux mains.
Je souhaite remercier chacun d’entre vous, mais eu égard au règlement, je souhaite attirer votre attention sur un dernier point. Depuis le tout début de ce débat, une erreur regrettable s’est glissée dans la traduction de l’article 10, qui prétend que je condamne quelque chose. Cela n’est pas dans ma nature. Il m’arrive de désapprouver une chose ou l’autre, mais je ne condamne jamais rien. Je ne mâcherai pas mes mots: je pense qu’il est important de mentionner que la mauvaise qualité des traductions pose un problème à cette Assemblée, comme on peut le voir sur l’ensemble du rapport, et je tiens à attirer votre attention sur les amendements correctement formulés qui ont été déposés au Parlement.
Je tiens à remercier toutes les personnes concernées, et je vous invite à collaborer avec nous lors de l’étape suivante, et plus difficile, de ce processus, à savoir la question de comment réagir à ces données scientifiques.
Le Président. − Le débat est clos.
Le vote aura lieu à midi.
Déclarations écrites (article 142)
Neena Gill (PSE), par écrit. – (EN) Pour faire face au changement climatique, il faut que les marchés évoluent pour tenir compte du coût environnemental du carbone. Les pollueurs doivent payer. Nous devons utiliser tous les instruments de politique disponibles, y compris les réductions de TVA, le commerce des émissions et les subventions pour modifier le comportement des consommateurs et des entreprises afin de les inciter davantage à choisir des options écologiques. Comme l’a souligné Sir Nicholas Stern, les coûts sociaux et économiques du changement climatique seront catastrophiques.
Je m’oppose donc vivement aux membres de cette Assemblée qui nient le changement climatique. Il leur suffit de considérer le nombre et la fréquence croissants des catastrophes naturelles dans le monde pour constater son impact. Ces catastrophes sont de toute évidence un signal qui doit nous pousser à prendre des mesures plus radicales.
L’Union européenne a un rôle légitime à jouer dans la lutte contre le changement climatique, et elle doit montrer l’exemple et guider les autres pays. Nous avons besoin d’un meilleur dialogue avec les économies émergentes que sont l’Inde et la Chine, afin d’assurer que leur croissance génère moins d’émissions globales que la croissance de l’Union européenne et des États-Unis au cours de ce dernier siècle. Il y a d’excellents arguments en faveur d’un transfert technologique depuis l’Union européenne vers les pays en voie de développement pour leur éviter un développement industriel à forte consommation de carbone et leur permettre de passer directement à une économie décarbonée.
András Gyürk (PPE-DE) par écrit. – (HU) Il est absolument vital de tenir compte des faits du changement climatique sur base des preuves scientifiques pour prendre des décisions dans ce domaine. Après tout, le risque lié à la prise de mauvaises décisions sur base de conclusions erronées est au moins aussi important que le risque lié à l’inaction. Il convient de remarquer une chose: le changement climatique est un fait scientifiquement prouvé, et des mesures rapides et efficaces sont nécessaires pour y remédier.
L’examen objectif des réalités scientifiques peut également nous aider à évaluer comment des instruments de protection de l’environnement basés sur le marché peuvent contribuer à améliorer la qualité de l’environnement. Selon nous, des efforts plus importants sont nécessaires de la part des États membres pour populariser les incitants basés sur le marché. La création du système d’échange d’émissions, qui approche la question de la réduction des émissions sur la base des mécanismes du marché, est une évolution à saluer. Le fait que le système fonctionne est la preuve que le marché, la concurrence et la protection de l’environnement ne sont pas des idées qui s’excluent mutuellement.
En Hongrie aussi, de nombreux exemples démontrent comment des conclusions erronées peuvent entraîner de mauvaises décisions. La production de biomasse revient en fait à brûler du bois. Les conséquences néfastes du soutien forcé aux biocarburants deviennent de plus en plus apparentes. Les mesures mises en place dans ces deux domaines ne répondent pas aux exigences en matière de durabilité, et par ailleurs, elles n’apportent pas au problème une solution compatible avec le marché.
Nous tenons à souligner le fait que le changement climatique nécessite des mesures qui tiennent compte des connaissances scientifiques, tout en permettant aux mécanismes du marché de jouer un rôle.
Eija-Riitta Korhola (PPE-DE), par écrit. – (FI) Monsieur le Président, notre résolution sur les données scientifiques du changement climatique contient plusieurs observations importantes avec lesquelles il est difficile de ne pas être d’accord. Néanmoins, il convient de dire qu’elle contient également certaines remarques irritantes. L’histoire des sciences présente quelques exemples semblables qui devraient nous servir de mise en garde. En tant que philosophe, il ne me semble pas entièrement anodin de voir un politicien interpréter des résultats scientifiques, en tirer des conclusions hâtives et s’efforcer ensuite de les contrôler, voire de «condamner» toute interprétation différente. À quoi bon cette attitude, et pourquoi ces choses doivent-elles être affirmées en tant que règle générale? Il y va de notre crédibilité, quelque chose dont nous allons avoir grandement besoin dans notre combat contre le changement climatique.
Le point 5 affirme qu’il est «scientifiquement prouvé» que l’homme est la cause principale du changement climatique. C’est une affirmation que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat ne fait à aucun moment. Son rapport parle de probabilités. La contribution de l’homme au réchauffement de cette dernière décennie est une forte probabilité.
Le point 7 souligne que les résultats scientifiques «montrent clairement quelle forme prendra le changement climatique dans un futur proche, ces données s'appuyant sur différents modèles régionaux.» C’est précisément ce que nous ignorons. La semaine dernière, dans leur déclaration de Reading, les simulateurs de climat ont souligné la nécessité de superordinateurs. Les météorologues sont actuellement incapables de déterminer les effets régionaux à venir du changement climatique, et ce en partie par manque de capacité de calcul informatique suffisante.
Le point 8 mentionne la déglaciation du Groenland et la fonte de la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental comme des exemples de points de basculement du changement climatique. Les données relatives à la déglaciation sont cependant fort contradictoires à l’heure actuelle, car l’épaisseur de la glace est en fait en train d’augmenter dans des zones centrales du Groenland et de l’Antarctique.
De même, je m’abstiendrais d’accuser ou de condamner les sceptiques et les détracteurs du changement climatique. Les responsables politiques, en particuliers, feraient bien de s’en abstenir également. Ils devraient laisser cette question aux scientifiques.
Marian-Jean Marinescu (PPE-DE), par écrit. – (RO) La commission CLIM peut faire des recommandations et proposer des solutions pour les futures politiques de l’Union européenne dans ce domaine, des recommandations et des solutions fondées sur des preuves scientifiques claires, et en particulier sur le soutien ferme des citoyens européens.
Les preuves scientifiques sont irréfutables. Le rapport de Karl-Heinz Florenz est complet, prouvant que les données scientifiques sont suffisantes pour prendre des décisions politiques fermes et pour lancer des actions concrètes non seulement au niveau européen, mais aussi au niveau mondial, afin de réduire considérablement les phénomènes anthropiques responsables du changement climatique et d’atténuer leurs effets.
Les efforts de recherche doivent continuer, notamment dans le domaine des nouvelles technologies, de l’énergie renouvelable et des biocarburants afin de trouver l’équilibre nécessaire pour maintenir la compétitivité économique et le développement social et assurer la sécurité alimentaire et énergétique, qui est essentielle au bien-être des citoyens européens.
La communauté scientifique et les représentants politiques doivent unir leurs forces et soutenir les activités visant à sensibiliser l’opinion publique et à stimuler la participation des citoyens à des activités concrètes, parce que l’échange de bonnes pratiques, la coopération et le dialogue au niveau international, régional et en particulier transfrontalier, ainsi que l’implication directe des citoyens, constituent le moyen le plus efficace de lutter contre le changement climatique.
Sirpa Pietikäinen (PPE-DE), par écrit. – (EN) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, ces dernières années, l’Union européenne a été l’un des pionniers, sur la scène internationale, en matière de développement d’une politique climatique viable. L’Union européenne doit garder cette position à l’avenir également.
J’aimerais remercier le rapporteur et la commission pour ce rapport réussi. Il contribuera à renforcer la perception de la base scientifique sur laquelle doivent reposer les actions visant à contrôler le changement climatique. Il est bon de noter que la science, et les connaissances qu’elle apporte, changent constamment suite à l’invention de nouvelles technologies et à de nouvelles découvertes. En conséquence, nous devons rester ouverts à toutes les informations relatives à ce phénomène, et respecter également les opinions divergentes.
Il est extrêmement important de réagir de façon décidée au changement climatique. Jusqu’à présent, chacun des quatre groupes intergouvernementaux a dû réviser les estimations faites par son prédécesseur concernant la vitesse du changement climatique. Ce phénomène a progressé plus rapidement que les estimations antérieures de la Communauté à ce sujet. Aujourd’hui, il semble qu’il faille également réviser les estimations antérieures du GIEC. Des études réalisées par l’agence spatiale américaine, la NASA, montrent que le contrôle du changement climatique nécessitera des actions plus radicales: la teneur en gaz de l’atmosphère causée par le changement climatique doit être réduite de façon plus stricte pour permettre d’éviter ces changements radicaux.
L’Union européenne doit tenir compte du consensus scientifique naissant selon lequel il faudra réduire davantage les émissions de dioxyde de carbone pour ralentir le réchauffement planétaire, comme le GIEC l’a recommandé. Ayant examiné de près ce développement, je crains que les objectifs définis par le paquet climatique de l’Union européenne ne soient pas suffisamment ambitieux. L’Union doit maintenant faire des efforts largement plus déterminés pour instaurer des sociétés éco-efficaces au sein de l’Union. L’éco-modernisation doit être le principe fondateur de tous les domaines politiques de l’Union européenne. La capacité à changer face à cette révolution sera également le facteur principal influençant la compétitivité internationale de l’Union européenne.
Daciana Octavia Sârbu (PSE) , par écrit. – (RO) La lutte contre le changement climatique est devenue un sujet de plus en plus présent à l’agenda des organisations internationales. Depuis le sommet de 2007, qui a fixé l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 20% et d’utilisation de sources d’énergie renouvelables d’ici 2020, le réchauffement planétaire est devenu une priorité pour tous les pays du monde.
Cette décision a été suivie d’autres événements internationaux importants comme le sommet du G8 d’Heiligendamm, le débat du Conseil des Nations Unies sur le changement climatique ou le plan d’action de Bali. À la suite de ces événements internationaux, un consensus scientifique s’est dégagé, selon lequel la tendance au réchauffement planétaire est causée par l’activité humaine, d’une part, et les résultats de la recherche et de la collecte de données sont suffisants pour prendre des mesures et des décisions politiques urgentes de réduction des émissions de gaz à effet de serre, d’autre part. Il est essentiel de créer le Fonds d’adaptation et d’inclure les forêts dans un nouvel accord de protection du climat destiné à éviter la poursuite de la déforestation et les émissions de carbone causées par les incendies de forêt.
La sensibilisation du grand public par la communication des preuves scientifiques de l’impact de l’homme sur le climat mondial jouera un rôle clé dans l’obtention du soutien des citoyens européens en faveur des actions politiques visant à diminuer les émissions de carbone.
Andres Tarand (PSE), par écrit. – (ET) Le climat change, et il change à cause de l’activité humaine. Il y a quarante ans, lorsque je prélevais des échantillons de glace dans une station de recherche dans l’Antarctique, nous n’en avions pas encore conscience. Aujourd’hui le GIEC, qui rassemble le travail de milliers de scientifiques, a apporté des preuves suffisantes du changement climatique, et notre travail est de réagir au lieu de continuer à apporter encore plus de preuves. Sur ce point, je suis entièrement d’accord avec l’approche du rapporteur, M. Florenz.
L’Union européenne doit faire preuve d’ambition et adopter un objectif plus proche d’une réduction de 30% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020. Dans le cas contraire, le problème se compliquera en attendant les véritables contributions d’autres pays. Il est étonnant de voir un forum supérieur voter à l’unanimité sur le détail d’objectifs généraux, avant d’hésiter au moment de se prononcer sur les objectifs en matière de teneur en CO2 des gaz d’échappement ou sur un certain nombre d’autres mesures spécifiques. Ce n’est pas une façon efficace de faire face au changement climatique.
Je soutiens les propositions d’amendements qui concentrent l’attention sur la nécessité de réaliser des études et des modèles plus détaillés de la situation des océans et des mers et de l’impact du changement climatique sur les poissons. Par contre, je ne peux me ranger à plusieurs propositions d’amendements qui expriment des doutes quant à la réalité du changement climatique, qui insistent sur l’importance des combustibles fossiles ou de l’énergie nucléaire ou qui tournent en ridicule le développement des énergies renouvelables.
Je pense que la commission temporaire du Parlement sur le changement climatique a contribué à sensibiliser à ce problème les députés de toutes origines et à définir une position commune. La prolongation du mandat de la commission pendant neuf mois jusqu’à la réunion de Poznań est raisonnable. Une échéance plus lointaine nous aurait contraints à faire un travail important en pleine période électorale.
Gabriele Zimmer (GUE/NGL), par écrit. – (DE) J'ai voté en faveur de ce rapport. Le débat sur le changement climatique, une nécessité urgente, doit être soutenu par des faits scientifiques solides. Le rapport intermédiaire de M. Florenz apporte ces faits. Ce rapport devrait jouer un rôle important tant dans la société qu’au sein de la Commission et du Conseil. La science étudie l’«effet de serre» depuis plus de 180 ans.
Cette connaissance de la menace pesant sur le fondement naturel et climatique de notre vie a été ignorée en raison de conditions sociales spécifiques, qui continuent aujourd’hui encore à empêcher la prise de mesures en temps opportun. Nous avons le choix entre commencer à agir maintenant sur base d’une coopération internationale pour limiter les dégâts et éviter les catastrophes prévues qui toucheront d’abord de plein fouet les populations les plus pauvres, ou continuer sur la voie de la destruction. Les faits démontrent de façon convaincante la nécessité de prendre rapidement des mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, tout comme ils démontrent la nécessité de limiter le réchauffement à moins de 2°C en modifiant nos styles de vie et notre comportement de consommation et en adoptant des critères et des cadres politiques et sociaux. Je me range à l’avis du rapporteur quand il affirme qu’il ne s’agit pas de débattre des taux d’émission; le débat doit désormais se concentrer sur la durabilité.
La stratégie de développement durable de l’Union européenne doit tenir compte de ces problèmes et élaborer enfin des politiques sur une base durable. Ceci nécessite une modification des priorités politiques. Chaque jour perdu est potentiellement désastreux et injustifiable.