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Débats
Jeudi 10 juillet 2008 - Strasbourg Edition JO

8. Présentation du programme de la présidence française (débat)
PV
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  Le Président. - (FR) L'ordre du jour appelle la déclaration du Conseil sur la présentation du programme de la présidence française.

Monsieur le Président du Conseil européen, Monsieur le Président Nicolas Sarkozy, je vous souhaite la bienvenue au Parlement européen.

(Applaudissements)

J'apprécie beaucoup que vous soyez présent parmi nous après ce long voyage; vous revenez maintenant du Japon. Bienvenue au Parlement européen, Monsieur le Président.

(Applaudissements)

 
  
  

(DE) Je souhaite également la bienvenue au Président de la Commission européenne, José Manuel Durão Barroso, qui, tout comme le Président du Conseil européen, revient juste du Japon. Ce voyage a dû être fatigant, je vous ferai donc grâce de remarques supplémentaires.

 
  
  

(FR) Monsieur le Président du Conseil, je voudrais, sans plus attendre, vous inviter à prendre la parole devant le Parlement européen.

 
  
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  Nicolas Sarkozy, Président en exercice du Conseil. – (FR) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les parlementaires, c'est un grand honneur pour moi de pouvoir m'exprimer devant votre Assemblée à un moment critique pour l'Europe. J'ai bien le sentiment que nous portons tous une lourde responsabilité. En tant que Président du Conseil en exercice, bien sûr que ma responsabilité est grande, mais la responsabilité de tous les Européens convaincus est la même.

Comment sortir l'Europe de la crise où elle se trouve? Comment éviter l'immobilisme? Comment surmonter nos désaccords pour les mettre au service d'un même idéal européen? Ici, nous sommes au cœur de la démocratie européenne. Chacun d'entre vous, pour avoir l'honneur de siéger, a dû recueillir le soutien de ses compatriotes. Il y a des femmes et des hommes de gauche, il y a des femmes et des hommes du centre, il y a des femmes et des hommes de droite, il y a des élus de 27 pays mais, aujourd'hui, nous devons faire de nos différences une force au service d'une Union européenne qui souffre.

Nous devons faire de ces différences une opportunité pour rassurer des Européens qui sont inquiets. Nous devons faire vivre la démocratie, donc assumer nos débats et, en même temps, donner l'image d'une Europe qui refuse l'immobilisme. Nous devons amener tout le monde, la famille, ses 27 États, nous ne devons laisser personne à la traîne. Nous sommes à quelques mois d'une échéance majeure pour le Parlement européen, et il est légitime que chacun y pense et, en même temps, nous devons ce matin donner le sentiment d'une Europe qui travaille pour tout le monde.

J'ai connu des contextes plus faciles que celui dans lequel se trouve l'Europe.

Qu'il me soit permis de parler librement, en ayant par ailleurs conscience qu'en tant que Président du Conseil, je dois parler au nom de tous, tenir compte des sensibilités de tous et, en même temps, apporter des réponses justes.

Première remarque: nous avons un problème institutionnel. Les chefs d'État et de gouvernement ont essayé de trouver une formule de compromis avec le traité de Lisbonne. Personne n'a dit que le traité de Lisbonne résolvait tous les problèmes. Mais il était et il reste l'expression d'un compromis souhaitable pour tout le monde. Moi-même, en tant que Président de la République française, j'ai dû prendre mes responsabilités. La France a voté «non» en 2005. Et ce «non» était un problème pour la France. Mesdames et Messieurs, les sujets que nous avons à affronter sont si difficiles et si complexes; essayons de donner à chacun le sentiment que nous y travaillons sans a priori et sans arrière-pensée. C'est ce qu'on attend de nous.

(Applaudissements)

J'ai proposé, avant les élections, aux Français, la ratification parlementaire du traité de Lisbonne. J'ai dit, avant les élections, que je n'organiserais pas de référendum en France. C'est démocratiquement que je l'ai dit aux Français; c'était un choix, trois jours avant mon élection, qui aurait pu être lourd de signification. Je ne regrette pas ce choix. Je pense profondément que les questions institutionnelles, les règles de fonctionnement en Europe, sont l'affaire des parlementaires plutôt que l'affaire du référendum. C'est un choix politique que j'assume (applaudissements) et c'est un choix politique que j'ai assumé dans mon pays avant les élections. C'est donc un choix parfaitement démocratique.

Nous avons maintenant le problème du «non» irlandais, et ce n'est certainement pas un Français qui peut porter un jugement sur le «non» irlandais, alors qu'il y a eu avant un «non» hollandais et un «non» français. Je me rendrai donc le 21 juillet, pour mon premier déplacement en tant que Président du Conseil, en Irlande pour écouter, pour dialoguer, pour essayer de trouver des solutions, et la Présidence française proposera une méthode et, je l'espère, une solution en accord avec le gouvernement irlandais, soit au mois d'octobre, soit au mois de décembre.

Le problème est le suivant. Il nous faut à la fois ne pas brusquer nos amis irlandais et, en même temps, savoir dans quelles conditions et avec quel traité nous allons organiser les élections européennes de 2009. Nous avons donc un peu de temps, mais pas trop de temps. Nous devons à nos concitoyens de savoir sur quelle base nous allons organiser les élections européennes. La base sera soit Lisbonne, soit Nice. Il n'y aura pas de nouvelle conférence institutionnelle. Il n'y aura pas de nouveau traité. C'est soit Lisbonne, soit Nice.

J'ajoute, pour être parfaitement clair – c'est mon opinion, ce n'est pas pour cela que c'est la vérité –, que j'ai été de ceux qui ont toujours soutenu l'élargissement de l'Europe. L'élargissement de 2004 a été une réussite. La famille est réunie, il ne faut pas le regretter. Mais je suis de ceux qui ont toujours regretté que l'Europe n'ait pas la sagesse de se doter d'institutions avant de s'élargir. Ce fut une erreur que nous payons aujourd'hui. C'eût été plus courageux de se doter d'institutions avant de faire l'élargissement.

Que les choses soient claires. L'élargissement, je ne le regrette pas, naturellement. La famille doit être unie. Mais je dis aussi avec la même force, Monsieur le Président Pöttering, que nous ne devons pas recommencer les mêmes erreurs. Si nous restons à Nice, Nice c'est l'Europe des 27. Si nous voulons – et je le veux – l'élargissement, il faut de nouvelles institutions avant de nous élargir. Qui pourrait comprendre que l'Europe à 27 n'est pas capable de se doter d'institutions et qu'elle n'a comme autre priorité que de s'élargir comme dans une fuite en avant. Il faut donc que les choses soient claires. Si on veut l'élargissement – et nous voulons l'élargissement –, alors il faut de nouvelles institutions.

(Applaudissements)

J'ajoute – et je le dis au président Martin Schulz – que je suis favorable à l'élargissement aux Balkans, que nos amis croates, comme nos amis serbes, sont incontestablement européens. Mais les pays les plus favorables à l'élargissement ne peuvent pas, dans le même temps, dire: «on ne veut pas de Lisbonne» mais «on veut de l'élargissement». C'est Lisbonne et l'élargissement. Ce n'est pas une question de chantage, parce qu'en Europe, on ne fait pas de chantage. C'est une question de cohérence, c'est une question d'honnêteté et c'est une question de logique. S'agissant de la Croatie, il faut donc continuer les négociations, mais que chacun prenne ses responsabilités. Si l'Europe doit s'élargir, et elle doit s'élargir, c'est avec de nouvelles institutions.

Je veux également dire une autre chose. J'entends dire, ici ou là dans les débats européens: «après tout, ce n'est pas grave, ce sera une Europe à plusieurs vitesses». Peut-être, hélas, un jour, serons-nous obligés d'opter pour une Europe à plusieurs vitesses. Mais cela ne peut être que la dernière, l'ultime solution. L'Europe a payé cher d'être divisée par un mur honteux. L'Europe a payé cher la dictature imposée à 80 millions d'Européens. Réfléchissons avant de laisser des pays derrière nous.

Au moment de la négociation du traité de Lisbonne à Bruxelles, la France s'est battue pour que la Pologne ait toute sa place dans le traité de Lisbonne. Comment pourrions-nous dire à 38 millions de Polonais qu'il était décidément plus facile de s'affranchir de la dictature qu'ils subissaient, dont ils se sont libérés grâce à des hommes de la qualité de Lech Walesa, de la qualité de Jean-Paul II, que de rester dans l'Europe de la liberté? La famille, c'est 27 membres. Nous ne devons laisser personne derrière nous. Nous devons amener tout le monde dans la famille européenne. C'est en tout cas dans ce sens que la Présidence française travaillera.

(Applaudissements)

S'agissant des autres dossiers, et je crois que cela pourra faire l'objet d'un consensus entre nous, rien ne serait pire qu'une Europe qui donne le sentiment d'être immobile parce que, une nouvelle fois, l'Europe connaît un psychodrame institutionnel. À ce moment-là, nous serions pris dans un piège terrible. On refuse des institutions qui nous condamnent à l'immobilisme et, dans le même temps, des Européens sont impatients parce qu'ils nous trouvent trop immobiles.

Nonobstant le problème institutionnel, peut-être même à cause du problème institutionnel, l'Europe a le devoir d'agir, et d'agir tout de suite. C'est le message que la Présidence française voudrait qu'ensemble nous adressions aux Européens. Nous sommes en train de résoudre les problèmes institutionnels, mais nous ne sommes pas condamnés à l'inaction. Quelles sont, Messieurs les Présidents, nos priorités?

La première, c'est de montrer aux Européens que l'Europe peut les protéger, et je voudrais dire un mot de ce vocabulaire, la protection. Mais depuis la plus haute antiquité, si les hommes se sont dotés d'une puissance publique, c'est parce que cette puissance publique se devait de les protéger. Monsieur le Président du Parlement européen, l'Europe doit protéger sans être protectionniste. Le protectionnisme ne conduit nulle part. Mais c'est un retour en arrière singulier que de voir aujourd'hui des citoyens d'Europe considérer que l'Europe, qui est faite pour les protéger, les inquiète au lieu de les défendre. À nous, donc, sur des dossiers concrets, de montrer comment l'Europe va les protéger.

Le premier, c'est celui du paquet énergie-climat. S'il est bien un domaine où, seules, nos nations ne peuvent rien, c'est celui de la préservation des équilibres écologiques de la planète. La pollution, le CO2, la couche d'ozone se moquent bien des frontières entre nos pays. L'enjeu est considérable parce que, depuis que les experts du GIEC se sont réunis, aujourd'hui l'on sait que nous sommes la dernière génération qui peut éviter la catastrophe. La dernière! Si nous ne faisons rien tout de suite, les générations qui nous suivront pourront limiter les dégâts, mais ne pourrons pas les empêcher.

Or, chaque pays du monde dit: «je suis prêt à faire quelque chose à condition que les autres commencent avant moi». Avec ce type de raisonnement, les petits-enfants de nos petits-enfants ne verront rien venir en termes de décisions. Si on doit, nous les Européens, attendre que les autres fassent quelque chose pour agir, nous pouvons attendre longtemps. Nous avons fait l'Europe pour porter un modèle de civilisation et pour défendre des valeurs qui sont les nôtres.

Parmi ces valeurs, il y a la certitude que le monde est condamné si nous ne décidons pas tout de suite que l'Europe doit montrer l'exemple. Pour montrer l'exemple, l'Europe doit être exemplaire. Nous avons un objectif, la conférence de 2009, cette conférence-là qui doit gérer, organiser l'après-Kyoto. L'Europe doit venir unie, en ayant décidé d'adopter le paquet énergie-climat. Si nous ne l'avons fait, nous n'aurons aucune force pour imposer aux Chinois, aux Indiens, aux pays émergents, aux Américains de faire les efforts que nous aurons décidés d'abord. Il est donc essentiel que, sous la présidence française, nous adoptions le paquet énergie-climat qui a été déposé par la Commission.

(Applaudissements)

Ce paquet est exigeant, ce paquet est difficile, mais je voudrais en appeler à la responsabilité de chacun. Si chaque pays commence à vouloir renégocier le point qui le gêne, les difficultés qu'il éprouve, Mesdames et Messieurs, nous n'arriverons jamais à un accord. C'est la raison pour laquelle la Présidence française demande au Parlement européen de se mobiliser à ses côtés pour obtenir, dans les six mois, que le paquet énergie-climat soit adopté. C'est une priorité, elle n'est ni de gauche, ni de droite. Elle est simplement celle du bon sens. Et si nous rentrons dans une négociation État par État, nous n'avons aucune chance de nous en sortir.

Alors, bien sûr, il y a des éléments, sans doute, qu'il faut préciser ou adapter. Je pense notamment à une question très difficile, qui est celle de nos entreprises, auxquelles nous allons justement imposer des règles pour préserver les équilibres planétaires. Est-ce que nous, en Europe, nous devons imposer à nos entreprises des règles vitales et continuer à importer des produits qui viennent de pays qui ne respectent aucune des règles que nous imposons à nos entreprises? Ce n'est pas une question de protectionnisme, c'est une question d'équité, de justice et de refus de la naïveté. Il y a le problème de la définition d'un mécanisme à nos frontières. Est-ce que ça doit être les quotas gratuits ou les mécanismes d'ajustement? Je ne le sais pas, mais en tout état de cause, nous devons en débattre.

(Applaudissements)

Deuxième question, j'entends bien que, pour un certain nombre de pays – je pense notamment à ceux qui nous ont rejoints en 2004, dont l'essentiel de l'énergie est composée de l'énergie fossile – les efforts demandés sont considérables. Et ces pays nous disent, à nous: «ça fait dix ans qu'on connaît de la croissance, ne venez pas casser la croissance que nous connaissons». Sans doute y a-t-il un moyen pour emmener tout le monde, et il faut qu'avec le Président de la Commission nous y travaillions, de façon à ce que chacun se dise qu'il ne sera pas condamné à la récession, à la misère, à la pauvreté et au chômage. Mais ce paquet énergie-climat est pour nous une priorité absolue. Le monde ne peut pas attendre; l'Europe doit montrer le chemin.

Deuxième élément, voici maintenant que, sur les 27 pays, nous sommes 24 dans l'espace Schengen, c'est-à-dire 24 pays sur les 27. Vous dites 23? Eh bien, 23 si vous voulez, mais c'est déjà pas mal, sans compter ceux qui ne font pas partie de l'Union européenne, mais qui font partie – c'est pour cela qu'il y a souvent des débats entre nous – de l'espace Schengen. Mais peu importe. Qu'est-ce que ça signifie? Ça signifie que nous avons donc décidé d'autoriser la libre circulation totale entre les pays de l'espace Schengen.

Je voudrais dire aux présidents de groupes et aux parlementaires qu'au nom de la France, au nom de la France, avec Bernard Kouchner et Jean-Pierre Jouyet, nous avons pris une décision qui n'était pas si facile à prendre. Depuis le 1er juillet, il n'existe plus aucune barrière pour accéder au marché du travail français, puisque j'ai annoncé que je supprimerais toutes les restrictions qui avaient été négociées par mes prédécesseurs; tous les travailleurs de tous les pays d'Europe peuvent venir travailler en France.

(Applaudissements)

Ce n'était pas si simple. Ce n'était pas si facile. D'ailleurs – je parle sous le contrôle des parlementaires français toutes tendances confondues –, on m'annonçait le pire si j'annonçais cette décision et, comme à l'accoutumée, on a pris la décision, et le pire ne s'est pas produit. Je n'avais pas aimé la polémique sur le fameux «plombier polonais», qui a donné une bien piètre image de mon pays et une bien piètre image de l'Europe. Ce n'est pas pour cela que nous avons construit, les uns et les autres, l'Union européenne.

(Applaudissements)

Pour autant, à partir du moment où nous n'avons plus de frontières entre nous, est-il légitime, est-il raisonnable de continuer à définir, chacun de notre côté, une politique d'immigration ignorant les contraintes des autres? Le Pacte européen pour l'immigration est un document essentiel pour la Présidence française, à deux égards.

Premièrement – et qu'il me soit permis de parler à la gauche de l'hémicycle d'abord –, si nous tous, les pays européens, nous nous dotons d'une politique européenne d'immigration, nous sortons alors l'immigration de débats nationaux où les extrêmes utilisent la misère des uns et la peur de autres au service de valeurs qui ne sont pas les nôtres. La seule façon de responsabiliser le débat sur l'immigration, c'est d'en faire une politique européenne, dénuée d'arrière-pensées politiciennes et obligeant des pays qui ont des sensibilités différentes à travailler ensemble.

Ce qui a été proposé par Brice Hortefeux, adopté par l'ensemble des ministres, qui doit être discuté en COREPER, puis en Conseil européen, me semble être une priorité qui démontrera que l'Europe ne veut pas être une forteresse, que l'Europe ne refuse pas d'accueillir, que l'Europe a besoin d'une immigration du travail, mais que l'Europe ne peut pas accueillir tous ceux qui voudraient venir en Europe.

J'ajoute que, s'agissant de l'asile politique, il n'est pas normal qu'une personne puisse déposer 27 dossiers dans 27 démocraties et que les réponses de ces 27 démocraties ne soient pas les mêmes face au même problème. J'ajoute que, pour le développement avec l'Afrique, nous serons plus forts en travaillant ensemble; c'est la deuxième priorité de la présidence française.

Troisième priorité, nous souhaitons faire avancer un concept dont on a souvent parlé en Europe, mais qui avance bien peu, à savoir celui de la défense européenne. Je sais parfaitement qu'autour de cette question, il y a bien des désaccords. Mais qu'il me soit permis de livrer mes convictions. Comment voudriez-vous que l'Europe soit une puissance politique parlant fort, si l'Europe n'est pas capable de se défendre et de mettre des moyens au service de sa politique?

Prenons l'exemple du Kosovo qui est, à mon sens, une réussite de l'Union européenne. C'est un problème européen, qui doit être réglé par les Européens. Comment les Européens pourraient-ils continuer à le régler si les Européens ne se dotent pas des moyens militaires et des moyens humains pour faire respecter les décisions que nous aurions prises ensemble? Comment imaginer faire de l'Europe l'espace économique le plus prospère, si nous ne sommes pas capables d'assurer notre propre défense?

Naturellement, il y a l'OTAN et il ne vient à l'idée de personne, et certainement pas à moi, de contester l'utilité de l'OTAN. Ce n'est pas la politique de défense européenne ou l'OTAN, c'est l'OTAN, l'alliance avec les Américains, et une politique de sécurité européenne autonome. C'est les deux à la fois, pas l'un contre l'autre. J'ajoute qu'on ne peut pas continuer avec une Europe qui assure sa sécurité par la contribution de quatre ou cinq pays seulement, les autres se remettant à l'effort de ces quatre ou cinq pays. On ne peut pas continuer à construire des avions chacun dans son coin, à avoir une industrie d'armement qui se concurrence, qui se ruine et qui, finalement, s'affaiblit, tout simplement parce qu'on n'a pas la force de conduire une politique européenne de la défense.

Quatrième priorité, la question si difficile de la politique agricole commune. Et j'en viendrai à ma conclusion, qui est d'ailleurs liée à cela. C'est justement parce que c'est difficile qu'il convient d'en parler. Je sais parfaitement qu'il y a, parmi nous, des États agricoles qui défendent ardemment le travail de leurs paysans et qu'il y a en même temps des États qui pensent que cette politique coûte trop cher.

Mesdames et Messieurs, qu'il me soit permis d'en appeler au bon sens de chacun. En 2050, il y aura 9 milliards d'habitants sur la planète. D'ores et déjà, il y a 800 millions d'habitants de la planète qui meurent de faim. Il y a un enfant qui meurt de faim toutes les 30 secondes. Est-ce que c'est raisonnable de demander à l'Europe de diminuer sa production agricole alors que jamais le monde n'a eu autant besoin de denrées alimentaires? Je ne pense pas que cela soit raisonnable. Ce n'est pas une question d'agriculture française, c'est une question de bon sens.

(Applaudissements)

J'ajoute un deuxième point. Qu'on soit un pays agricole ou pas, la sécurité alimentaire concerne tout le monde. Est-il raisonnable d'imposer, à juste titre, à nos éleveurs et à nos agriculteurs des règles de traçabilité et de sécurité, et de continuer à importer en Europe des viandes qui viennent d'ailleurs et qui ne respectent aucune des règles que nous imposons à nos agriculteurs?

(Applaudissements)

Troisième élément, jamais les prix agricoles n'ont été aussi élevés. Eh bien c'est justement le bon moment pour parler des prix, pour parler des subventions et pour parler de la préférence communautaire. Je pense aussi qu'entre le bilan de santé de la PAC et les arbitrages financiers, on pourrait se mettre d'accord sur des concepts comme la suffisance alimentaire pour l'Europe et la sécurité alimentaire pour l'Europe.

Mesdames et Messieurs, il y aurait bien d'autres sujets: la dimension sociale, formidable sujet. Mais qu'il me soit permis de dire une chose. Je relève parfois une certaine contradiction: il existe une pensée unique, qui dit souvent que l'Europe ne doit pas se mêler de tout, que l'Europe doit se mêler de ce qui la concerne, mais ceux-là mêmes qui reprochent à l'Europe de se mêler de tout sont les premiers à élever la voix lorsqu'on ne parle pas de la dimension sociale, alors que, jusqu'à présent, les États membres ont toujours voulu que la politique sociale soit d'abord de dimension nationale, parce que les retraites, parce que la santé sont d'abord des questions de dimension nationale.

Mesdames et Messieurs, il y a un certain nombre de directives sociales que le Président Barroso a bien fait de mettre à l'ordre du jour. Je pense aux comités d'entreprise, je pense au travail intérimaire, je pense à un certain nombre de règles minimales qui doivent être imposées à chacun en Europe; la Présidence française en fera une priorité.

J'ajoute que d'autres sujets devraient être inscrits à l'agenda de la Présidence française, même s'ils ne sont pas de la compétence européenne. Je prends l'exemple de ce qui nous touche tous, la maladie d'Alzheimer. (Commentaire hors micro de M. Cohn-Bendit: «pas encore»). Monsieur Cohn-Bendit, il ne me serait pas venu à l'idée qu'un homme si jeune que vous soit touché, pour l'instant, par un drame qui, pour peu qu'il ne vous touche pas, touche des millions d'Européens. Ces millions d'Européens comptent autant, à mes yeux, que votre santé.

(Applaudissement)

Naturellement, la subsidiarité n'en fait pas une compétence européenne. Pour autant, j'aimerais que la Présidence française organise une rencontre de tous les spécialistes de tous nos pays européens pour qu'on mette en commun les meilleures pratiques, pour qu'ensemble nos chercheurs additionnent leurs compétences et alors qu'on ne sait rien de cette maladie, pour qu'on puisse ensemble trouver une solution. Imaginez alors ce que les Européens diront de l'Europe: c'est un moyen de faire reculer des maladies épouvantables. Ce que je dis sur Alzheimer, je pourrais le dire sur le cancer qui brise des familles, et il n'y a aucune raison pour que chacun, dans son coin, travaille pour trouver des solutions au cancer alors qu'ensemble, nous aurons plus de moyens et nous serons plus forts.

(Applaudissements)

Et qu'il me soit permis enfin de dire, à propos de la culture et du sport, que c'est une grave erreur que de ne pas parler de sujets qui concernent le quotidien des Européens. Il y a une exception culturelle européenne. Nous devons faire de la culture un élément du débat quotidien en Europe. Le monde ne doit pas être aplati devant une seule langue et une seule culture. La question de la fiscalité sur la vidéo, sur le disque, comme vous avez tranché la question de la fiscalité sur le livre, doit être clairement être posée.

Et concernant le sport, qui est un élément qui transcende les clivages politiques, qu'il me soit permis de dire que j'aimerais qu'il y ait en Europe une exception sportive, comme il y a une exception culturelle. Je suis pour la liberté de circulation des personnes et des biens. Mais je n'accepte pas l'idée qu'on vienne payer nos clubs de football en détruisant l'effort de formation qu'un certain nombre de clubs fait en allant chercher des garçons de 14 ans qui doivent rester dans leur club pour répondre à l'impératif de formation. Une exception sportive, qui dirait que le sport n'obéit pas simplement à l'économie de marché, devrait rassembler l'ensemble des députés européens.

(Applaudissements)

Au fond, Mesdames et Messieurs, et Monsieur le Président, j'en terminerai, en m'excusant certainement d'avoir été trop long, par une dernière remarque. Et je sais où je vais faire cette remarque: devant le cœur battant de la démocratie européenne. L'Europe a souffert de beaucoup de choses. L'Europe a d'abord souffert de la lâcheté d'un certain nombre d'entre nous, qui étaient bien contents de lui faire payer des responsabilités qui étaient celles d'un certain nombre de dirigeants politiques qui n'avaient pas osé assumer, devant leur opinion publique, des choix qu'ils avaient refusé de défendre à Bruxelles.

(Applaudissements)

Cela s'appelle de la lâcheté, et je le dis au Président du Parlement comme au Président de la Commission, la Présidence travaillera main dans la main avec vous. Si tel ou tel État membre n'est pas d'accord, qu'il le dise. Comme j'ai eu l'occasion de le dire au président polonais, il a négocié lui-même le traité de Lisbonne, il a donné sa parole. Une parole, ça doit s'honorer. Ce n'est pas une question de politique, c'est une question de morale.

(Applaudissements)

Mais l'Europe a souffert d'autre chose. L'Europe a souffert d'un manque de débat. Je voudrais terminer par cela parce que ça me tient très à cœur. Nos institutions sont indépendantes, mais l'indépendance n'est pas synonyme d'indifférence. Si nous, les responsables politiques, nous n'avons pas le courage de débattre, qui le fera? De débattre de quoi? Quelle est la bonne stratégie économique? Quelle est la bonne stratégie monétaire? Quelle est la bonne stratégie des taux de change? Quelle est la bonne stratégie des taux d'intérêt? Bien sûr, chacun – et je le dis à nos amis allemands notamment – peut avoir sa conviction. Mais personne n'a le droit d'empêcher un débat, qui est utile.

Bien sûr que tout le monde veut un accord, l'accord commercial qui est en train de se négocier, mais personne ne doit avoir peur de dire que l'Europe n'a pas à être naïve. Nous devons discuter des avantages du libre-échange. Mais nous devons aussi dire aux pays émergents qu'il n'y a aucune raison pour qu'ils réclament les mêmes droits sans assumer les mêmes devoirs. Le débat européen doit être posé sans crainte. Le débat européen, nous devons l'assumer en nous respectant, mais en n'ayant pas peur de défendre nos convictions.

On ne met pas en cause l'indépendance de la BCE en s'interrogeant sur le fait de savoir s'il est raisonnable qu'on porte les taux d'intérêt à 4,25 % alors que les Américains ont des taux d'intérêt à 2 %. On participe à un débat, un débat tranquille, où personne n'a la vérité – certainement pas moi –, mais pas forcément non plus des spécialistes qui ont à démontrer l'efficacité de leurs décisions.

Voilà dans quel esprit, Mesdames et Messieurs, j'ai l'intention, avec les ministres français, d'assumer cette responsabilité. Je sais parfaitement que c'est difficile. Je sais parfaitement que, quand on est Président du Conseil, on ne défend pas les intérêts de son pays, mais les intérêts de l'Union. Je sais parfaitement, Monsieur le Président, Messieurs les Présidents, qu'on doit jouer collectif pour l'intérêt de l'Europe des 27. Eh bien j'espère que, dans six mois, chacun pourra dire: «l'Europe a progressé grâce à votre participation et grâce à votre soutien».

(Vifs applaudissements)

 
  
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  Le Président. (DE) Merci, Monsieur le Président du Conseil européen. Nous vous souhaitons d'avoir le même courage, la même détermination et, surtout, du succès pendant toute la durée de votre présidence car votre succès sera celui de l'Union européenne et, donc, du Parlement européen. Sachez que le Parlement européen se tiendra à vos côtés dès lors que vous vous efforcerez résolument de faire avancer l'Union européenne vers un bel avenir. Le Parlement européen vous apportera tout son soutien.

Je voudrais également souhaiter la bienvenue aux ministres qui vous accompagnent aujourd'hui: Bernard Kouchner, notre ancien collègue Brice Hortefeux et, en particulier, votre secrétaire d'État chargé des affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, qui assiste presque toujours aux séances du Parlement. Soyez tous les bienvenus au Parlement européen.

(Applaudissements)

 
  
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  José Manuel Barroso, Président de la Commission. – (FR) Monsieur le Président du Parlement européen, Monsieur le Président du Conseil européen, Mesdames et Messieurs les députés, chers amis, je suis heureux de participer avec vous, au Parlement européen, à la présentation du semestre de présidence française du Conseil de l'Union. Je crois que ce sera une présidence pleine de dynamisme et de volontarisme et riche de résultats concrets, auxquels nous allons tous travailler. Le retour de la France en Europe que vous avez souhaité, Monsieur le Président, est incontestablement une très bonne nouvelle pour nous tous.

La présidence française suscite de nombreuses attentes en Europe, auprès des citoyens, et certainement auprès du Parlement européen, ici réuni. Comme je l'ai dit lors de notre rencontre à Paris, le 1er juillet, la Commission se tiendra aux côtés de votre Présidence pour lui apporter tout son soutien et assurer la réussite de l'Union européenne durant ce semestre. Car les défis ne manquent pas!

La mondialisation est là et la concurrence internationale est de plus en plus vive. De nouveaux défis se posent à l'échelle mondiale, comme la raréfaction des énergies fossiles et le changement climatique, auxquels nous devons trouver des solutions communes sans attendre. Tous ces paramètres placent l'Europe devant la nécessité de réformer ses économies pour augmenter sa compétitivité, de moderniser ses modèles sociaux et d'investir dans l'éducation, la recherche et l'innovation. L'Europe a beaucoup d'atouts pour réussir, notamment sa place de première puissance commerciale du monde. Mais elle doit avoir le courage de s'adapter; si nous voulons protéger, nous devons nous adapter. Voilà l'enjeu.

Il se trouve que l'Europe traverse une période délicate, inutile de le nier: le «non» irlandais et la conjoncture économique mondiale, l'envolée des cours du pétrole et des matières premières, la forte hausse des prix des produits alimentaires, la poussée inflationniste, qui est le premier ennemi du pouvoir d'achat. L'inflation est le premier ennemi de la justice sociale car, lorsqu'il y a une inflation très forte, ceux qui souffrent en premier, ce sont ceux qui ont des bas salaires ou qui vivent seulement de leur pension; tous ces éléments jettent en ce moment une ombre sur nos économies et placent les responsables politiques, que ce soit au niveau européen ou au niveau national devant des choix difficiles. Il faut regarder ces réalités en face et nous y attaquer avec réalisme et détermination.

Nous revenons du sommet du G8 au Japon et mon constat est clair: l'influence dont jouit l'Union européenne, mais aussi les attentes et le respect qu'elle suscite dans le monde contrastent très nettement avec le sentiment de pessimisme qui, très souvent, s'exprime à l'intérieur de l'Union. Je peux vous dire aujourd'hui que l'Union européenne est plus que jamais perçue en dehors de l'Europe comme un acteur positif et décisif. Un acteur qui a une grande influence sur la scène mondiale.

Prenons deux sujets concrets qui étaient au centre des débats du G8: le changement climatique et les questions de développement, deux dossiers dans lesquels l'Europe a pris l'initiative sur le plan mondial. Les États-Unis se sont désormais joints à la lutte contre le changement climatique en souscrivant très largement à nos positions. L'année passée, à Heiligendamm, je me rappelle très bien que nous avons eu beaucoup de peine – le Président Sarkozy était déjà là – à convaincre les Américains et les Russes d'accepter le principe d'un objectif obligatoire pour 2050. Et voilà, c'est fait! C'est fait, et cela a été possible grâce à notre rôle de leadership européen; j'en suis fier en tant que Président d'une institution européenne. C'est une réussite que nous devons, encore une fois, à l'unité européenne.

Deuxième exemple: le développement et, plus particulièrement, la flambée des prix alimentaires qui compromet la réalisation de tous les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Nous avons aussi pu jouer un rôle de catalyseur dans ce dossier, grâce aux conclusions du Conseil européen du mois dernier qui, je cite, s'était félicité «de la volonté de la Commission de présenter une proposition visant à instaurer un nouveau fonds de soutien à l'agriculture dans les pays en développement».

La Commission européenne adoptera cette proposition la semaine prochaine. Je compte sur le plein soutien des deux branches de l'autorité budgétaire pour que l'Europe puisse fournir rapidement l'aide visée aux agriculteurs, notamment aux agriculteurs d'Afrique, en étroite coopération avec les organisations multilatérales compétentes. Ce soutien est essentiel pour assurer «la révolution verte» dont l'Afrique a besoin pour sa stabilité et sa prospérité qui, nous le savons tous, relèvent aussi de l'intérêt direct de l'Europe. Comme le Conseil européen l'a demandé, notre proposition se situera dans les limites des perspectives financières actuelles. La logique de notre démarche consiste à attribuer les économies que la hausse des prix internationaux permet à l'Europe de réaliser dans le cadre de sa politique interne de soutien agricole à ceux qui souffrent maintenant le plus de cette augmentation. Il y a des situations de tragédie extrêmement urgentes dans le monde. Si vous aviez pu entendre directement ce que j'ai entendu de la part du Président de la Banque mondiale, si vous aviez pu entendre de la bouche de certains leaders de ces pays africains et d'autres pays qui étaient aussi représentés dans les réunions élargies, le drame, la faim qui constituent maintenant est une véritable menace pour tellement de citoyens de notre monde, vous comprendriez à quel point l'aide de l'Europe est nécessaire et indispensable.

(Applaudissements)

C'est pourquoi je crois que, là encore, nous pourrons ériger un bel exemple de solidarité entre agriculteurs européens et africains, une bonne illustration de ce que la PAC et la politique de développement peuvent et doivent aller de pair, car comme vient de le dire le Président Sarkozy, nous avons des problèmes de sécurité alimentaire dans le monde et il faut y faire face de façon solidaire, pas de façon solitaire, mais de façon solidaire.

Il y a donc des préoccupations, c'est vrai, mais il est tout aussi vrai que, plus que jamais, l'Union européenne est indispensable pour y remédier. Plutôt que de baigner dans ce que j'appelle souvent la «crisophilie» – on parle même d'une industrie du déclinisme de l'Europe – valorisons donc l'action concrète et positive de l'Union européenne! C'est la meilleure façon, d'ailleurs, de résoudre les questions institutionnelles posées par la non-ratification par l'Irlande du traité de Lisbonne. Nous devons y travailler car le traité de Lisbonne pourra nous faire travailler de façon plus efficace, plus démocratique, mais nous ne devons pas trouver là une excuse pour ne pas répondre immédiatement aux besoins de nos citoyens.

Les citoyens européens se tournent vers nous pour obtenir des réponses. La meilleure réponse à leur apporter, c'est à la fois de leur parler le langage de la vérité et de faire preuve de courage politique. Deux qualités qui ne manquent pas à la Présidence française!

Dans une Europe mise à l'épreuve, nous devons faire l'Europe par la preuve. Nous devons nous concentrer sur les politiques qui rapprochent l'Europe des citoyens et changent positivement leur vie quotidienne. Plus que jamais, notre cap reste donc l'Europe des résultats.

Pour ma part, je reste confiant. Car les priorités de votre présidence vont permettre à l'Europe de relever les défis majeurs auxquels elle est confrontée, tout en se préparant aux enjeux de demain.

Ainsi, je me félicite de la priorité qu'accorde la Présidence française à la mise en place d'une politique intégrée de l'énergie et de lutte contre le changement climatique. Vous l'avez dit, Monsieur le Président, c'est la priorité absolue de votre présidence, et nous connaissons votre détermination à conclure cet accord stratégique d'ici la fin de l'année, ce qui placerait l'Union en bonne position pour aborder les négociations de Copenhague dans un an. La Commission apportera tout son appui pour que nous parvenions à un accord ambitieux et équilibré avec le Parlement européen et les États membres. J'en ai fait une priorité pour mon institution, et je tiens à remercier encore une fois le Président Sarkozy pour le soutien sans faille qu'il a apporté au paquet climat/énergie présenté par la Commission européenne.

Il faut aussi progresser vers une politique d'immigration maîtrisée en Europe. Il faut d'abord traiter l'immigration dont a besoin une Europe vieillissante, dans certains secteurs économiques clés, et qui doit s'accompagner de conditions d'intégration dignes afin que nous puissions être fiers dans notre Europe humaniste de l'intégration que nous offrons à ceux qui veulent honnêtement travailler ici. L'adoption de la «carte bleue» sous la présidence française serait un pas très important dans ce sens.

Mais il faut aussi traiter l'immigration clandestine et l'exploitation qui en découle souvent, notamment en faisant avancer la proposition de pénaliser les employeurs de travailleurs clandestins. C'est là qu'on doit consentir effectivement l'essentiel des efforts; il ne faut pas menacer les pauvres travailleurs qui veulent travailler dignement en Europe, mais pénaliser ceux qui veulent exploiter le travail clandestin. Leur pratique n'est pas digne de notre Europe. Alors, disons-le clairement, il n'y a pas de contradiction. Il nous faut envisager cette question de l'immigration de façon très réaliste.

Je suis fermement convaincu, Mesdames, Messieurs les députés, que notre incapacité à traiter cette question de façon sérieuse et responsable est une des plus grandes menaces pour l'Europe. Ce n'est pas une politique de permissivité absolue qui nous permettra de résoudre le problème. Ce serait le meilleur prétexte pour les forces extrémistes, pour les forces xénophobes. Il nous faut être fermes, absolument fermes contre l'immigration clandestine, et, en même temps, nous montrer généreux et solidaires dans l'intégration des communautés de migrants qui veulent apporter, eux aussi, leur contribution au développement et à la croissance de notre Europe. Je crois qu'il faut être clair là-dessus; il faut être ferme contre la criminalité, mais toujours dans le respect des droits de l'homme qui sont la marque même de notre civilisation européenne et de notre projet de construction européenne.

Ce sont bien entendu des sujets sensibles, qui sont des proies faciles pour la polémique et les malentendus. C'est pourquoi la Commission a voulu proposer une base équilibrée et présenté dix grands principes pour avancer ensemble. Je suis heureux de l'accueil favorable que la Présidence française et les ministres de la justice et de l'intérieur ont réservé à cette approche intégrée lors de leur rencontre informelle à Cannes cette semaine.

Je tiens à vous dire, Mesdames et Messieurs les députés, que, dans une Europe, dans l'espace de Schengen, où la liberté de circulation est une réalité, il est absurde, j'insiste, il est absurde de continuer avec 27 politiques d'immigration différentes; il nous faut une politique européenne d'immigration.

Autre chantier d'avenir, notre Agenda social. Il ne peut pas y avoir de modèle économique dynamique et compétitif sans une vraie démarche d'investissement social pour prévenir les risques de pauvreté, d'exclusion et de marginalisation. La France a fait du nouvel Agenda social présenté par la Commission européenne, il y a quelques jours, une de ses priorités. Je m'en félicite. Pour préparer l'avenir des Européens, nous devons leur offrir des opportunités, l'accès à des services de qualité, à l'éducation, aux soins de santé, et toujours de la solidarité. Personne en Europe ne doit être laissé sur le bord du chemin. L'Europe est un projet d'ouverture et un projet de solidarité.

Mesdames et Messieurs les députés, beaucoup d'autres chantiers seront ouverts durant ce semestre, je ne peux pas les évoquer tous, mais si je peux brièvement en souligner deux, je voudrais saluer ceux de la défense européenne et de l'Union pour la Méditerranée, qui sera lancée dimanche à Paris. Je vois là deux occasions pour l'Europe d'affirmer son rôle dans le monde. Là aussi, à nous de transformer cette volonté en actions concrètes.

Je souhaite le plus grand succès à la Présidence française du Conseil, en vous assurant du soutien total de la Commission tout au long de ce semestre qui s'annonce passionnant.

Car le premier devoir des responsables politiques n'est-il pas là: savoir faire face aux défis lorsqu'ils se présentent, et redoubler de détermination pour y répondre avec succès?

Nous pourrons faire beaucoup si nous avançons ensemble. Je tiens à saluer ici les efforts entrepris depuis plusieurs mois par les autorités françaises, au plus haut niveau, pour travailler étroitement avec les institutions européennes. Institutions, Présidence, États membres: nous devons travailler main dans la main. C'est la clé de la réussite commune que nous devons aux citoyens européens et je tiens à saluer la volonté exprimée encore une fois aujourd'hui par le Président Sarkozy pour qu'on puisse ensemble, Conseil, Parlement européen, Commission, trouver des solutions concrètes aux problèmes concrets auxquels nos citoyens doivent face chaque jour.

 
  
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  Joseph Daul, au nom du groupe PPE-DE. – (FR) Monsieur le Président, Monsieur le Président du Conseil européen, Monsieur le Président de la Commission européenne, chers collègues, la France a décidé de placer sa présidence sous le signe de la volonté politique.

De la volonté politique, il en faut pour surmonter les difficultés auxquelles la construction européenne est confrontée. La plus profonde est certainement celle illustrée toute la matinée et c'est celle du non irlandais. Il faut qu'on fasse adhérer nos concitoyens au projet européen. Beaucoup de raisons peuvent expliquer leurs doutes: la crainte liée à la mondialisation, la hausse des prix, l'évolution des repères familiaux et sociaux traditionnels.

Or, si nous ne parvenons pas à convaincre chacun que les enjeux majeurs, sécurité, climat, énergie ou migration, ne peuvent être négociés efficacement qu'au niveau européen – et, au niveau des grandes régions du monde aussi, l'Europe doit être forte pour convaincre les États-Unis, l'Inde, la Chine, le Brésil – nous ne pourrons pas envisager un avenir serein.

De la volonté politique, il en faudra aussi à la Présidence française pour convaincre ses partenaires que le traité de Lisbonne nous aidera à décider, de façon plus efficace et plus démocratique, sur tous ces sujets d'intérêt commun. Avec la Présidence française, les membres PPE de mon groupe souhaitent que tous les membres qui ne l'ont pas encore fait ratifient ce traité. Nous attendons de l'Irlande, comme nous l'avons fait de la France et des Pays-Bas, qu'après un temps de réflexion et de respect, elle propose à ses vingt-six partenaires un moyen de sortir de l'impasse. Nous demandons à chaque État membre d'éviter toute surenchère et de faire preuve d'esprit de responsabilité. Notre groupe souhaite que l'on sorte enfin de ce débat institutionnel et il fait confiance à la Présidence française pour travailler à cet objectif.

Messieurs les Présidents, chers collègues, pendant que nous essayons de nous doter d'un meilleur outil décisionnel, nos problèmes s'accumulent. C'est autant d'énergie que nous ne consacrons pas à la création d'emplois, à la défense de nos intérêts, à la promotion de notre modèle social et de notre spécificité européenne. De la volonté politique, disais-je, eh bien il en faudra. Il ne faudra pas non plus manquer de cette volonté pour traiter les priorités que le Président du Conseil européen vient de nous présenter. Il y a urgence, que ce soit sur le front du climat, de l'énergie ou sur celui des migrations, de la sécurité alimentaire ou de la défense.

Sur le climat et l'énergie, l'alternative est claire. Soit nos pays estiment qu'ils doivent avancer et montrer l'exemple avant le Sommet de Copenhague, et alors nous devons prendre des décisions tranchées d'ici à décembre, quitte à exiger de nos partenaires internationaux la réciprocité, soit nos pays concluent que, malgré la dégradation des conditions climatiques et en dépit de notre dépendance énergétique, il est urgent d'attendre. Inutile de préciser de quel côté penche mon groupe parlementaire!

Sur les migrations également, nous souhaitons sortir de l'hypocrisie. Alors que nombre de pays dans le monde se sont déjà dotés d'une politique de l'immigration choisie avec des résultats assez satisfaisants, la plupart de nos pays ont différé ces choix. Il est temps de débattre et de décider sur ce sujet, de façon à la fois positive, humanitaire et responsable. Le projet de Pacte européen sur l'immigration, qui sera débattu en octobre, va dans le bon sens, et je me réjouis du très bon accueil fait cette semaine par les ministres des vingt-sept à ce projet de Brice Hortefeux – nous te soutiendrons, Brice.

Enfin, je veux évoquer deux thèmes qui me sont très chers et qui sont vitaux pour l'avenir et notre indépendance: la sécurité alimentaire et la défense. Je veux ici penser aux plus démunis dans le monde, mais aussi au sein de nos pays, pour qui la hausse des prix des denrées alimentaires est une question vitale. Je souhaite que l'Europe et la Présidence française fassent un effort pour les aider à passer ce moment difficile.

Sur la défense, je ne poserais qu'une question: comment l'Europe peut-elle être crédible sans une défense digne de ce nom? Nous avons besoin d'une défense pour assurer la paix en Europe et pour aider les plus démunis dans ce monde. Et notre groupe soutient la volonté de la Présidence française d'aller de l'avant et de faire des propositions courageuses à ses partenaires sur ces deux domaines stratégiques.

Chers collègues, l'intégration européenne est une affaire éminemment politique. Je ne doute pas que, si nous avons le courage de faire des choix politiques clairs, nos concitoyens retrouveront le goût de l'Europe. Je fais confiance à la nouvelle présidence pour nous y encourager et nous avons tout intérêt à réussir pour gagner la confiance de nos concitoyens pour les élections européennes de 2009.

 
  
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  Martin Schulz, au nom du groupe PSE. – (DE) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, nous partageons certaines de vos idées, Monsieur Sarkozy, et j'aimerais tout d'abord revenir sur quelques-unes de ces idées. Je suis ravi de voir que vous êtes revenu sain et sauf du Japon. Nous venons de rentendre la nouvelle série d'engagements sur le changement climatique. Nous devons les appliquer à présent.

Vous avez raison de dire que le paquet climat est une priorité: c'est aussi une priorité pour notre groupe. Vous avez aussi tout à fait raison de dire que les États ne peuvent pas obtenir de résultats chacun de leur côté, pas mêmes les Allemands et les Français d'ailleurs, en passant des accords à Straubing. Vingt-cinq autres pays sont concernés et, surtout, c'est le Parlement européen qui a le dernier mot. Nous devons le faire avec vous, dans un esprit de coopération, sans prendre d'initiatives à l'écart, pas même avec Angela Merkel, aussi séduisante que cette idée puisse paraître.

Puisque vous parlez de sport, j'ai jeté un œil aux journaux français ce matin, me demandant ce qu'ils pourraient bien écrire aujourd'hui au sujet de la visite de Monsieur Sarkozy au Parlement européen. Eh bien, absolument rien! Ils parlent beaucoup du Tour de France, et c'est d'ailleurs un Allemand qui porte le maillot jaune en ce moment.

(Chahut)

Je vous ai écouté attentivement, Monsieur le Président du Conseil, lorsque vous avez présenté vos autres positions sur le changement climatique et, en particulier, sur le traité de Lisbonne. En effet, si on veut avoir des résultats, il nous faut des instruments, d'où le dilemme. Les citoyens veulent plus d'efficacité, plus de transparence, plus de démocratie, et ils veulent que les parlements nationaux soient plus démocratiques et plus influents. Je suis tout à fait d'accord mais, chaque fois qu'on veut agir, on nous arrache des mains l'instrument dont on a besoin, un traité révisé.

Vous avez raison: cela veut dire qu'il nous faut une nouvelle approche, un nouveau cap. Nous devons nous efforcer de faire entrer ce traité en vigueur. Je trouve cela formidable que vous ayez décidé d'aller en Irlande pour réaliser un travail constructif avec le peuple irlandais. Mais, si je puis me permettre de vous donner un conseil personnel, laissez Bernard Kouchner à Paris cette fois. J'ai le sentiment que ses précédentes contributions ne nous ont pas vraiment aidés à convaincre les Irlandais.

(Applaudissements, chahut)

Mais je parle d'un sujet sur lequel notre position est diamétralement opposée à la vôtre. Vous avez parlé de quatre priorités pour votre présidence, et j'attendais de voir s'il y en avait une cinquième. Vous avez ensuite évoqué plusieurs autres choses que vous avez qualifiées d'importantes, mais pas de priorités. Parmi ces «autres choses», il y a l'Europe sociale qui, selon vous, est du ressort des États-nations. Cela me semble être une grave erreur.

(Applaudissements)

Je tiens à vous dire que nous attendons une démarche différente de la Présidence française. L'Europe sociale, cela ne signifie pas que nous voulons établir une caisse de sécurité sociale européenne ou créer des allocations familiales au niveau européen. L'Europe sociale, c'est autre chose. Les citoyens ont longtemps pensé, et à juste titre, que l'Europe pouvait rendre le progrès économique possible. Cela fait 50 ans que nous nous efforçons de faire en sorte que le progrès économique de l'Europe soit générateur de croissance et d'emplois, et toujours garant d'une plus grande protection sociale.

Mais les citoyens sont aujourd'hui de plus en plus nombreux à avoir le sentiment que c'est plutôt le contraire qui se produit, que le progrès économique de l'Europe profite à quelques grands conglomérats, à certaines compagnies d'assurance, aux fonds spéculatifs et aux grandes entreprises, mais pas aux citoyens. C'est à l'Union européenne de leur redonner le sentiment que la croissance de l'Europe, le progrès économique de ce continent, ne profite pas aux banques et aux grands conglomérats mais à chaque citoyen. De plus, si c'est aux États-nations que revient cette mission, alors, en tant que Président du Conseil européen, il vous appartient de dire aux autres chefs d'État ou de gouvernement qu'ils sont tenus de veiller à ce que ce soit la justice sociale, et non pas le radicalisme de l'économie de marché, qui occupe le centre de la scène dans leurs États-nations.

(Applaudissements)

J'ajoute que nous avons une Cour de justice européenne qui rend des arrêts tous les jours, et que ses arrêts peuvent faire évoluer le niveau de protection sociale dans les États membres même si ceux-ci n'ont pas les instruments nécessaires pour ce faire. C'est pourquoi nous avons besoin d'une Europe sociale, Monsieur le Président du Conseil, et c'est pourquoi j'attends de vous que vous changiez d'avis sur ce sujet d'ici le mois de décembre. Sinon, le Groupe socialiste au Parlement européen ne pourra pas vous soutenir.

Monsieur le Président, les craintes que suscite l'exclusion sociale ont des conséquences dangereuses dans la mesure où, par exemple, les gouvernements qui sont sur la défensive pensent pouvoir dissiper cette crainte de l'exclusion sociale en harcelant les minorités. C'est ce qui passe actuellement dans un État membre de l'Union européenne. Je ne sais pas quel est le pourcentage d'enfants roms dans la population italienne, mais ce que je sais, c'est que lorsqu'un gouvernement annonce son intention de les ficher et de prélever leurs empreintes digitales, soi-disant pour leur offrir une protection sociale, on est face à un cas de grave violation des droits fondamentaux garantis par l'Europe.

Votre pays, la France, a donné à la Communauté européenne des nations sa première Charte des droits fondamentaux. C'est aussi de votre pays que vient la première déclaration des droits de l'homme. En tant que Président de cette République, vous faites partie de la tradition de votre pays. Je vous demande, en votre qualité de Président du Conseil européen, d'intervenir auprès du gouvernement de Silvio Berlusconi et de lui rappeler que l'Europe est une communauté fondée sur l'état de droit, et non une union de caprices.

(Vifs applaudissements)

L'Union européenne est confrontée à une multitude de défis majeurs mais, si on ne garantit pas la protection sociale en Europe, les citoyens finiront par se détourner de cette Europe, et lorsqu'ils s'en détourneront, le traité de Lisbonne ne sera plus d'aucune utilité; tout le projet s'effondrera. Il nous faut donc faire preuve de courage. Et je sais que vous êtes un homme courageux. Nous soutenons vos priorités. À votre tour d'appuyer les nôtres – l'Europe sociale, le changement climatique, la réforme institutionnelle et les droits de l'homme – et votre présidence sera un succès.

(Applaudissements à gauche)

 
  
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  Graham Watson, au nom du groupe ALDE. – (EN) Monsieur le Président, je tiens à dire au Président du Conseil que le non irlandais au traité de Lisbonne rend plus problématique sa présidence remarquablement préparée. La nécessité d'une Europe apte à résoudre les problèmes en devient aussi plus impérieuse que jamais.

Le paquet énergie-climat devient chaque jour plus urgent. Plafonner la TVA n'est pas une solution durable: l'Europe devrait plutôt réduire sa dépendance au pétrole et au gaz. Il faut investir beaucoup plus dans les énergies renouvelables: il faut des investissements à petite échelle et localisés pour faire baisser la facture des ménages, mais aussi des investissements à grande échelle, par exemple en utilisant l'Union pour la Méditerranée pour investir dans la production d'énergie héliothermique haute tension en Afrique du Nord.

Mardi, le G8, qui est responsable de près des deux tiers des émissions mondiales de CO2, a approuvé un objectif de réduction de 50 %. Mais les économies émergentes signalent à juste titre que cet objectif est trop faible, qu'il aurait dû être fixé à 80 %, par exemple, avec des phases intermédiaires.

Pour stabiliser les prix des produits alimentaires, c'est de bonnes idées dont nous avons besoin, comme les récentes réformes de la PAC du Commissaire Fischer Boel, et pas de protectionnisme, aussi déguisé soit-il. La vérité, c'est que les peuples se soucient davantage du prix du pétrole et de leur budget alimentaire que des grandes ambitions de notre Union. Personne ne peut plus dire aujourd'hui: «Qu'ils mangent de la brioche».

Le Président du Conseil a raison d'insister sur l'immigration. Mais l'immigration ne sera gérable qu'à partir du moment où nous saurons gérer le désespoir qui conduit tant de personnes à prendre le risque de venir chez nous. Il faudrait créer des filières d'immigration légale, sévir contre les réseaux de passeurs et réformer notre politique agricole pour relancer la croissance dans les pays d'origine. Il est peut-être optimiste d'attendre d'une présidence française qu'elle libéralise les marchés. Mais pour assurer la sécurité à l'intérieur de notre territoire, il nous faut apporter l'espoir au-delà de ses frontières.

La Présidence française peut aussi innover d'une autre manière. C'est la France qui nous a apporté les droits de l'homme. C'est donc en premier lieu à la France qu'il appartient aujourd'hui d'en assurer la défense. Chez nous, en faisant avancer la directive anti-discrimination. À l'étranger, en ancrant la paix dans les Balkans pour l'avenir de l'Union européenne, en utilisant l'Union pour la Méditerranée pour améliorer les droits de l'homme en Afrique du Nord, en pesant dans nos relations avec la Russie et en condamnant les mesures prises par la Chine à l'encontre des dissidents.

(FR) Monsieur le Président en exercice, n'allez pas à Pékin. Jouez collectif.

(Applaudissements)

C'est Voltaire qui nous a dit: «Les mortels sont égaux; ce n'est pas la naissance, c'est la seule vertu qui fait la différence».

au nom du groupe ALDE. (EN) Et en prenant l'initiative, l'Europe peut démontrer sa vertu et exiger que la dignité de chaque homme et de chaque femme soit reconnue.

Monsieur le Président du Conseil, pour réussir, vous devrez forger un consensus. Vous aurez besoin que le Parlement, le Conseil et la Commission travaillent ensemble à la mise en œuvre d'un agenda commun établi par 27 États membres et cette Assemblée. Si nous devons débattre, c'est au sujet de cet agenda, et pas de ses messagers. Vous vous êtes lancé dans une polémique avec le Président de la BCE et deux commissaires, mais ils représentent notre Union et les politiques que nous avons définies. La stratégie du diviser pour régner n'est pas digne de notre Europe. Nous devons nous en tenir à nos principes mais travailler ensemble pour réaliser nos objectifs communs.

, au nom du groupe ALDE. (FR) Monsieur le Président, je sais, j'arrive à la fin, mais devant le mari de Mme Carla Bruni, vous me donnez «soixante petites secondes pour ma dernière minute».

(Rires)

(EN) Monsieur le Président du Conseil, si vous vous en tenez à vos principes et que vous nous laissez travailler ensemble à la réalisation de nos objectifs communs, dans ce cas, les Libéraux et les Démocrates travailleront avec vous.

(Applaudissements)

 
  
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  Cristiana Muscardini, au nom du groupe UEN.(IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, pour rapprocher les citoyens de l'Europe, il faut - comme je l'ai dit dans le cadre de la Convention européenne chargée de travailler sur le nouveau traité -, donner à l'Europe une âme qui respecte les différentes langues et les différents identités, tout en réaffirmant les racines et les valeurs communes, et, Monsieur le Président du Conseil, vous avez essayé d'exprimer cette âme tout à l'heure dans votre intervention.

Comme Strasbourg est le symbole de la paix retrouvée, le drapeau européen flotte aujourd'hui aux côtés des drapeaux nationaux, et il devrait être une représentation visible du symbole de tous les citoyens unis par un projet commun pour la défense, la sécurité, le développement économique et culturel et la transparence de la Banque centrale: c'est peut-être cela qu'il manque encore dans le nouveau traité.

La politique doit donner des objectifs précis aux jeunes. Il ne peut y avoir d'avenir économique sans respect de l'environnement, de même qu'il ne peut y avoir de respect des droits sans reconnaissance des devoirs correspondants. Nous espérons que la Présidence française fait figurer la Charte européenne des devoirs parmi ses objectifs. La démocratie et la liberté reposent sur l'application des règles. Internet ne peut être un instrument de terrorisme, de trafic d'enfants et d'incitation à la violence. Nous devons harmoniser les lois de nos pays, de l'immigration à la protection des mineurs, de l'énergie au progrès compatible.

Une nouvelle Europe pour une nouvelle relation avec l'Afrique. Il ne faut pas seulement penser en termes de certificats verts ou d'échanges commerciaux, mais aussi en termes de croissance réciproque, en se partageant le projet euro-méditerranéen. Nous devons penser aux poches de terrorisme à Mogadishu et à la violence au Zimbabwe qui empêchent le développement de la démocratie. Il y a trop d'hésitation dans l'UE : nous demandons au Conseil d'approuver le «made in» pour que le commerce international puisse être doté de règles claires.

La lutte contre la contrefaçon et l'illégalité est un problème économique qui touche aussi la santé de nos citoyens, et les petites et moyennes entreprises sont une valeur culturelle qu'il faut défendre. Nous apportons tout notre soutien à la Présidence française pour que les espoirs puissent devenir une réalité partagée par les citoyens et que, en favorisant le progrès de la recherche scientifique sur les maladies rares, nous puissions aussi éventuellement combattre l'antipathie endémique de notre brillant ami M. Schulz à l'égard du Premier ministre Berlusconi.

 
  
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  Daniel Cohn-Bendit, au nom du groupe Verts/ALE. – (FR) Monsieur le Président, votre volontarisme européen, votre ambition pour l'Europe est un défi que nous, les Verts européens, nous partageons. Je dirais même, en paraphrasant une chanson que vous connaissez: «C'est une drogue que nous partageons».

Je voudrais quand même dire une chose. Si on a l'ambition de dire que le paquet climatique, nous devons l'accepter tel qu'il est, et que, dans la phrase d'après, on se met à genoux devant le lobby de l'industrie automobile allemande, on a perdu, parce que tous les autres viendront et diront: «nous aussi». Voilà le problème. On ne peut pas aujourd'hui crier «maman» parce que l'essence est trop chère et ne pas obliger l'industrie automobile à construire des voitures qui ne consomment que 2 à 3 litres. Cela fait quinze ans que c'est possible, mais parce qu'il n'y a pas de règles qui obligent les constructeurs à le faire, ce sont les consommateurs qui paient aujourd'hui l'essence au prix où elle est. Voilà la vérité qu'il faut dire, voilà les choses telles qu'elles sont.

(Applaudissements au centre et à gauche)

Vous parlez du pacte de l'immigration. Banco sur le pacte de l'immigration. Alors faites jouer la passerelle: que pour l'émigration légale, le Parlement européen soit en codécision pour que nous ayons un vrai débat politique, un vrai débat démocratique. Car j'en ai assez qu'à chaque fois qu'on parle d'émigration, au bout de quinze secondes, Joseph Daul, on parle de l'immigration illégale, de la menace de l'immigration. Disons d'abord que si l'Europe est telle qu'elle existe aujourd'hui, c'est grâce aux hommes et aux femmes de l'immigration qui l'ont construite avec nous. Voilà la vérité.

(Applaudissements au centre et à gauche)

Et après, moi je veux bien, je ne suis pas angélique. Mais nous avons construit une maison où nous avons oublié les portes. Les gens rentrent par la fenêtre. Je vous dis: «Construisons ensemble d'abord les portes pour rentrer dans l'Europe et après, on verra ce qu'on fera de ceux qui rentrent illégalement». Vous nous dites: «Il faut des qualifiés», et en même temps, l'Europe rejette chez eux chaque année des dizaines de milliers d'étudiants qu'elle a formés et qu'elle renvoie à la maison. Laissons-les vivre ici; s'ils ont fait leurs études, ce ne sont pas des illégaux.

Continuons maintenant sur les points à propos desquels vous avez dit: «Cela ne relève pas des compétences de l'Europe dans le domaine social». Monsieur le Président, vous ne protégerez pas les Européens si nous ne nous attaquons pas, ensemble, au dumping social et au dumping fiscal. Il faut poser ce problème aux Européens. Il faut arrêter et là, nous sommes à vos côtés. Il faut discuter avec la Banque centrale? Discutons. Il faut discuter avec les Irlandais? Discutons. Mais n'acceptons plus de dire que le social ne fait pas partie des compétences européennes. On ne peut pas continuer comme cela.

(Applaudissements au centre et à gauche)

Je voudrais en venir maintenant aux problèmes qui nous divisent profondément. Vous allez manger avec des baguettes, avec le Président de la Chine, pour ouvrir les Jeux olympiques. Bon appétit! Moi, je penserai à tous les prisonniers qui croupissent dans les prisons chinoises. Moi, je penserai à tous ceux qui sont arrêtés. Moi, je penserai à tous ceux qui sont maltraités au Tibet et moi, je vous dis que vous aviez une occasion en or de défendre les valeurs européennes, de la démocratie, de la liberté, en disant: «Je ne participe pas à l'ouverture des Jeux, à la mascarade du parti communiste chinois». Voilà ce que nous voulons.

(Applaudissements au centre et à gauche)

Je vous dis que, quand vous écrirez vos mémoires, vous regretterez ce que vous avez fait. Vous le regretterez car vous verrez que ceux qui ont croupi dans les prisons pleureront parce que ceux qui les mettent en prison diront: «Vous voyez, on peut faire ce qu'on veut, le monde occidental ne veut que nos marchés». Monsieur le Président, c'est une honte, c'est minable d'aller à l'ouverture des Jeux olympiques.

(Applaudissements au centre et à gauche)

 
  
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  Francis Wurtz, au nom du groupe GUE/NGL. – (FR) Monsieur le Président, Monsieur le Président du Conseil, Monsieur le Président de la Commission, je vais concentrer mon intervention sur une double caractéristique de cette Présidence française, à savoir son incontestable point fort et son trop évident point faible.

Son point fort, par rapport aux habituels ténors de l'Union, c'est qu'elle ne dit pas que l'Europe va bien et qu'elle doit continuer ainsi, quand de plus en plus d'Européens pensent qu'elle va mal et que les choses doivent changer. Fort bien, mais après? C'est là que le bât blesse. Quelles conclusions tirez-vous, Monsieur le Président, de cette apparente lucidité sur la crise de légitimité que subit aujourd'hui l'Union, en particulier son modèle économique et son mode de fonctionnement?

Vous affirmez vouloir comprendre et respecter le malaise des Européens vis-à-vis de l'Union mais vous faites pression sur le peuple irlandais pour l'amener à se dédire alors qu'il ne fait qu'exprimer tout haut, après la France et les Pays-Bas, ce que des millions d'autres Européens ont sur le cœur. Vous critiquez avec raison la façon dont la Banque centrale européenne gère l'euro depuis sa tour d'ivoire. Mais vous ne préconisez jamais de revoir les statuts qui lui octroient cette toute-puissance, et même, qui lui fixent cette mission.

Vous affirmez, au sujet de l'immigration, vouloir, je vous cite «servir les valeurs qui sont les nôtres», mais vous avez appuyé la directive de la honte condamnée par la Haut commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, par toutes les organisations de défense des droits de l'homme, par les Églises européennes, précisément parce qu'elles violent des valeurs humaines essentielles. Vous évacuez la question sociale qui doit, selon vous, rester du seul ressort des États. Mais vous ne dites mot, cela a été dit, de la Cour européenne de justice qui rend arrêt sur arrêt, mettant en concurrence les modèles sociaux au sein même de l'Union, au demeurant en se fondant sur les articles 43 et 49 du traité.

Vous dites que vous n'avez pas aimé l'image du plombier polonais, moi non plus. C'est une formule lancée par la droite populiste et popularisée à la télévision par M. Bolkestein. Je dis, au contraire, bienvenue aux travailleurs de tous les pays à égalité de droits dans tous les domaines.

(Applaudissements à gauche)

Et c'est précisément ce que refuse l'actuel droit européen. Monsieur le Président, je rappelle que, selon la Cour, en Basse-Saxe par exemple, pour un même travail, sur un même chantier, un travailleur d'un autre État membre peut être payé moitié moins que le salaire minimum qui s'applique aux travailleurs allemands. Voilà ce dont nous ne voulons pas. Savez-vous ce que pense de ces arrêts un homme comme John Monks, secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats, qui ne peut pas être suspecté de populisme? Il juge ces décisions, je le cite, «considérablement problématiques», car souligne-t-il avec raison, elles affirment la primauté des libertés économiques sur les droits fondamentaux et le respect du droit du travail. Que répondez-vous?

Vous affirmez vouloir construire une Europe qui protège mais on ne vous entend pas critiquer toutes ces mesures structurelles qui précarisent l'existence des Européens: l'obligation d'ouvrir les entreprises de services publics à la concurrence, les pressions du Pacte de stabilité sur les salaires et les dépenses sociales, ainsi que nombre de lignes directrices préparées par la Commission et adoptées par le Conseil que vous appliquez dans votre propre pays avec zèle.

Je cite la ligne directrice n° 2, «Réforme des régimes de retraite, de sécurité sociale et des soins de santé», je cite la ligne directrice n° 5, «Flexibilité des marchés du travail», je cite la ligne directrice n° 13, «Suppression des obstacles réglementaires commerciaux et autres qui entravent indûment la concurrence», et j'en passe.

Le retournement de la position de la France et de l'Italie vient même de permettre au Conseil d'aller au-delà des obligations qu'il s'était fixées en se mettant d'accord sur un projet de directive autorisant la semaine de 65 heures, c'est Dickens sacré nouveau père de l'Europe.

Un dernier mot, Monsieur le Président. Vous avez ce week-end, devant vos invités européens, le Président du Parlement, le Président de la Commission, et face à 2 000 cadres de la droite française, conclu votre discours par une formule interprétée par la totalité du mouvement syndical comme une provocation, au demeurant fort imprudente, en affirmant que, désormais, lorsqu'il y a une grève, les Français ne s'en aperçoivent même plus. Le lendemain de ce haut fait, votre ministre de l'éducation nationale expliquait que c'était là, je le cite «une manière de rassurer nos partenaires européens en présence des plus éminents d'entre eux». Eh bien, si, pour rassurer les dirigeants européens, il faut à présent insulter les syndicats, c'est qu'il est décidément très urgent de changer l'Europe, mais pour de bon.

(Applaudissements à gauche)

 
  
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  Philippe de Villiers, au nom du groupe IND/DEM.(FR) Monsieur le Président de la République, les peuples européens ont à supporter, hélas, dans leur vie quotidienne les effets désastreux des politiques menées par les autorités européennes de Bruxelles et de Francfort. Les peuples européens constatent chaque jour davantage que tous leurs pouvoirs leur échappent, que leurs libertés sont confisquées: pouvoir d'achat, euro cher, OGM, fiscalité, pêche, absence de protection commerciale, immigration, et jusqu'au football, que vous avez vous-même évoqué il y a quelques instants. Tout leur échappe et je dirais, Monsieur le Président de la République, Monsieur le Président de l'Union européenne, tout vous échappe. Vous le dites vous-même, vous le soulignez, et pour le déplorer. Alors, il est grand temps d'agir et de mettre en conformité le langage et les actes.

Vous venez de déplorer à l'instant l'absence de préférence communautaire, et vous avez raison. Mais peut-on rappeler ici qu'elle a été supprimée par le traité de Marrakech que vous avez approuvé, et qu'elle ne figure pas dans le traité de Lisbonne que vous avez rédigé.

Vous déplorez l'irresponsabilité de la Banque centrale et vous demandez l'ouverture d'un débat. Nous, nous demandons des décisions. Peut être peut-on rappeler ici que cette indépendance de la Banque centrale, cette irresponsabilité qu'on voit à l'œuvre tous les jours a été organisée, solennisée par le traité de Maastricht. Vous regrettez d'avoir à obtenir l'accord de Bruxelles pour une baisse sur la fiscalité pétrolière. Mais ce n'est là que la conséquence des traités de Nice et d'Amsterdam, que vous avez ratifiés par la voie parlementaire.

Bref, vous avez à vous plaindre aujourd'hui et tous les jours des effets de ce que vous encouragez tous les jours, c'est-à-dire la dépossession des pouvoirs de l'État au profit d'enceintes post démocratiques, composées de fonctionnaires, de banquiers et de juges. Votre Présidence de l'Union européenne est une occasion historique de remettre l'Europe d'aplomb, une Europe enracinée dans la liberté des nations et respectueuse de la démocratie. C'est pourquoi nous vous demandons de respecter le vote du peuple irlandais et de proclamer: «Le traité de Lisbonne est mort». Ce n'est pas aux peuples européens de se réconcilier avec Bruxelles, c'est à Bruxelles de se réconcilier avec les peuples européens!

(Applaudissements de son groupe)

 
  
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  Jean-Marie Le Pen (NI).(FR) Monsieur le Président, vous voici investi pour six mois dans la fonction tournante et éphémère de Président de l'Union européenne. À l'opposé de la majorité des électeurs français, vous vous êtes révélé comme un européiste zélé, allant même jusqu'à oser représenter, sous la forme à peine différente du traité de Lisbonne, la Constitution qu'avec les Hollandais, les Français avaient rejetée en 2005. Las, votre projet vient d'achopper sur la volonté du peuple irlandais.

Le traité de Lisbonne est donc caduc malgré toutes les manœuvres qu'il chercherait à imposer aux peuples européens, la volonté de la camarilla euromondialiste dirigeante.

Jeune député, j'avais en 1957, voté contre le traité de Rome, première étape d'un processus qui devait conduire selon ses promoteurs, Monnet et Coudenhove-Kalergi entre autres, aux États-Unis d'Europe, cette tour de Babel ne pouvant être construite que sur les décombres des nations et d'abord, de ma patrie, la France. Depuis, j'en suis l'adversaire résolu.

On nous dit que la mondialisation entraîne partout des changements fondamentaux auxquels nous devons nous soumettre. Mais en vérité, dans le monde, les nations se renforcent, appuyées sur des patriotismes fervents, sauf dans un seul espace, l'Europe, où nations et patries sont bradées, démantelées, démoralisées au profit d'un projet sans puissance, sans identité, tandis que les vagues migratoires étrangères l'envahissent progressivement et que l'ouverture de nos frontières économiques la livre à la concurrence effrénée du reste du monde.

Aucune des promesses faites aux Européens pour qu'ils acceptent la perte de leur indépendance, de leur souveraineté, de leur identité, de leur culture n'a été tenue, ni la croissance, ni le plein-emploi, ni la prospérité, ni la sécurité, et c'est l'angoisse qui prévaut à l'orée de la crise systémique qui s'annonce: crises énergétique, alimentaire, financière. D'ici là, il est vrai, le manège médiatique continuera de tourner. Hier, l'Euro de football, le tennis à Roland Garros, demain les JO de Pékin, et aujourd'hui, la saga miraculeuse d'une icône, Ingrid, qui rit, qui pleure, qui prie, qui va et vient à votre bras fraternel!

Dans votre désir d'être le libertador, vous vous êtes fourvoyé dans la voie de la négociation avec les terroristes des FARC mais ce n'est ni vous, ni M. Chavez, qui avez libéré la sénatrice colombienne Mme Betancourt. C'est le Président Uribe qui, avec ténacité, contre la mobilisation générale du progressisme mondial, a remporté une victoire décisive sur le terrorisme criminel! Vous avez multiplié les démarches stériles et vous avez même été jusqu'à inviter les terroristes des FARC communistes repentis à venir bénéficier de l'asile en France, mais pour les protéger de qui? Du démocrate Uribe? Au point où vous en êtes, pourquoi pas les talibans, le Hezbollah, ou les Tigres tamouls? Vous êtes comme l'amphisbème, cher à Césaire. N'en doutez pas, Monsieur le Président, tout votre talent de metteur en scène médiatique ne suffira pas à conjurer les périls qui s'annoncent imminents et que vous devrez affronter avant la fin de l'année.

Notre Europe est un vaisseau qui part à la dérive, battu des vents et des flots, seule région du monde à avoir délibérément démantelé ses structures politiques et morales, sans frontières, progressivement envahie par une immigration de masse qui n'en est qu'à ses débuts! Ruinée économiquement par l'ultralibéralisme, socialement appauvrie, démographiquement affaiblie, sans esprit et sans force de défense, elle est vouée au mieux au protectorat américain, au pire à la servitude de la dimitude. Il n'est que temps d'abandonner l'illusion mortelle du fédéralisme et de construire une Europe des nations, unie dans des alliances concrètes plus modestes, sans doute, mais plus efficaces. Les deux échecs de la Constitution et du traité doivent servir d'avertissement. Les peuples d'Europe ne veulent pas de ces projets et ne les laisseront pas imposer car ils ne veulent pas mourir.

(Le Président retire la parole à l'orateur)

 
  
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  Nicolas Sarkozy, Président en exercice du Conseil. (FR) Mesdames et Messieurs, je vous remercie pour ces interventions.

Je voudrais d'abord remercier le président Joseph Daul pour son soutien et le soutien de son groupe. Il sera précieux à la Présidence française. Je partage vos analyses et vous comprendrez bien que je ne reviendrai pas sur chacun des points, même si votre engagement sur une politique de défense est parfaitement nécessaire.

Monsieur Martin Schulz, qu'il me soit permis de dire que j'ai apprécié le sens de la responsabilité de votre intervention. Comme le président Daul, nous nous sommes vus, nous avons discuté. Il n'y a d'ailleurs là rien de secret. La démocratie ne doit pas être un théâtre d'ombres. Elle doit nous permettre de confronter nos idées et d'essayer de trouver des compromis. Croyez bien que, comme pour le président Daul, la Présidence française apprécie le soutien de votre groupe et de vous-même sur les sujets de consensus. D'ailleurs, je ne vois pas au nom de quoi je devrais dire que ce soutien m'est moins utile parce qu'il émane du président du groupe socialiste, ou que vous-même vous devriez chercher des désaccords avec la Présidence sous le prétexte que je n'appartiens pas à la couleur politique qui est la vôtre.

Qu'il me soit permis de dire que sur le paquet «énergie-climat», je sais parfaitement, et je le dis au président Daul aussi, que c'est le Parlement qui aura le dernier mot, mais mieux que ça, ce n'est pas une question de dernier mot. C'est la mobilisation du Parlement qui permettra de faire pression sur les États qui n'ont pas la même ambition que le Parlement, la Commission et la Présidence. Je ne dirais pas, Monsieur le Président, que vous aurez le dernier mot. Je dis que votre engagement est absolument décisif.

Je me permets d'ailleurs de dire au président Cohn-Bendit qu'il ne s'agit pas de se mettre à genoux devant qui que ce soit, et surtout pas devant l'industrie automobile, qu'elle soit française, italienne ou allemande. Pourquoi cibler simplement l'industrie allemande? En l'occurrence, le président du Conseil doit tenir compte des intérêts légitimes de chacun des États membres. Il s'agit justement de résister au lobby industriel en lui permettant d'avoir des conditions d'équité. Et en expliquant bien qu'en défendant le paquet «énergie-climat», ça ne veut pas dire pour autant qu'on est naïf.

Autrement dit, Monsieur le Président Cohn-Bendit, je ne voudrais pas que nous, qui souhaitons les équilibres planétaires, nous soyons accusés de favoriser les délocalisations. Ce n'est pas respecter l'environnement et accepter les délocalisations, c'est respecter l'environnement et refuser les délocalisations. Tout autre raisonnement est un raisonnement suicidaire. Si vous demandez aux États de choisir entre l'environnement et la croissance, vous nous mettez tous dans une impasse. La croissance durable, le respect de l'environnement sont des facteurs de développement économique. C'est pourquoi, Monsieur le Président Cohn-Bendit, vous ne m'en voudrez pas de préférer l'analyse de Martin Schulz ou de Joseph Daul à la vôtre, une fois n'est pas coutume.

Alors venons-en, Monsieur le Président Schulz, à ce que vous avez identifié comme un point de désaccord. Si vous me le permettez, je ne le crois pas. Je voudrais d'ailleurs vous dire que si nos amis allemands n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur un salaire minimum, ce n'est pas l'Europe qui en est responsable, c'est le débat politique allemand qui vous a fait refuser un salaire minimum. Ne mettez pas sur le dos de l'Europe une défaillance sociale qui est due au débat politique national!

En l'occurrence, en tant que Président du Conseil, je n'ai pas à porter de jugement. Je dis tout simplement: «Ne nous demandez pas, Monsieur le Président Schulz, de résoudre des problèmes que vous, les Allemands, n'avez pas su résoudre entre vous». J'ajoute que nous, les Français, en matière sociale, nous sommes très attachés à un salaire minimum. Que voudrait dire l'harmonisation sociale? Les Allemands, vous avez refusé un salaire minimum. Nous, les Français, nous voulons garder notre salaire minimum. L'harmonisation sociale voudrait donc dire que nous devrions refuser notre salaire minimum parce que les Allemands n'en ont pas. Je refuse cette régression sociale, y compris au nom de mon idéal européen. Je vous remercie, Monsieur le Président Schulz, de m'avoir permis de préciser mes engagements sociaux.

J'ajoute, en revanche, Monsieur le Président Schulz, que vous avez parfaitement raison sur la moralisation du capitalisme financier, sur les règles applicables aux agences de notation, sur le comportement vraiment critiquable d'un certain nombre de nos établissements financiers, et je voudrais dire quelque chose d'ailleurs: dans tous nos pays, un certain nombre de dirigeants de grandes banques aimaient à donner des leçons aux hommes politiques, aux femmes politiques sur la rigueur avec laquelle il convenait de conduire les affaires de l'État.

Quand je vois ce qui s'est passé dans un certain nombre de grandes banques privées, je dis que ceux qui donnaient des leçons étaient bien mal placés pour en donner et qu'aujourd'hui, ils doivent se préparer à en recevoir. J'ajoute, Monsieur le Président Schulz, et je le dis sous le contrôle du président Watson, que je suis contre le protectionnisme. Je suis pour la liberté mais on ne peut plus continuer dans un monde où il n'y a pas de règles, où les agences de notation font n'importe quoi, où un certain nombre d'établissements financiers veulent gagner des milliards d'euros en quelques secondes en faisant de la spéculation dans des salles de marché.

L'Europe que nous souhaitons, et la Présidence française, Monsieur le Président Schulz, fera des propositions sur le sujet, des propositions de réglementation pour moraliser un capitalisme financier, parce qu'aujourd'hui on voit bien que si depuis un an, la croissance mondiale est stoppée, c'est à cause de la crise des subprimes et de la crise de confiance contre les institutions financières, qui ont fait n'importe quoi, n'importe quand – on a prêté de l'argent à n'importe qui, dans n'importe quelles conditions –. Si l'Europe a un sens, elle doit remettre un peu d'ordre dans ce qui est devenu la loi du n'importe quoi. Je voudrais dire au président Schulz que je suis parfaitement d'accord avec lui.

Sur le pacte européen d'immigration, je le dis au président Schulz comme au président Cohn-Bendit, la Présidence française associera le Parlement européen. C'est la meilleure façon d'éviter les excès. Vous avez parlé des excès, Monsieur le Président Schulz, qui ont cours dans un pays – il ne m'appartient pas de l'évoquer – mais si chacun d'entre nous se met d'accord sur un corpus minimum pour le coût, ces excès-là, que vous avez pointés du doigt, ne se produiront plus et, Monsieur le Président Cohn-Bendit, je suis sûr que le président Daul serait d'accord, pourquoi ne pas y associer le Parlement européen? Je ne suis pas sûr que ce soit possible institutionnellement.

(Intervention hors micro de M. Cohn-Bendit)

Monsieur Cohn-Bendit, je connais votre générosité. En général, vous n'êtes jamais avare pour donner des conseils, et à moi en particulier. Votre modestie, dussé-je en souffrir, ce conseil-là, je n'en avais pas franchement besoin, je savais qu'il fallait même l'unanimité, mais indépendamment de cela, il n'y a pas besoin de l'unanimité pour que je dise au Parlement européen que la question de l'immigration est suffisamment importante pour qu'on en discute politiquement, pour que vous y soyez associés, avant même qu'il y ait Lisbonne ou quelque modification de traité. C'est un engagement politique que je prends et je viendrai avec Bernard Kouchner et Brice Hortefeux présenter le pacte, discuter avec vous. Nous verrons avec le Président du Parlement et peut-être la Conférence des présidents, dans quelles conditions vous voudriez que nous mettions cela en place.

Monsieur le Président Watson, les difficultés, elles sont une opportunité. Évidemment, quand on choisit d'être président de la République d'un pays, et qu'on a la responsabilité de la Présidence de l'Union pour six mois, si on n'aime pas les problèmes ni les difficultés, il vaut mieux ne pas être Européen et ne pas faire de politique. Moi, je pense que ces difficultés, c'est une chance. Voyez-vous pourquoi? Parce que c'est une chance pour que nous dépassions nos égoïsmes nationaux et nos préventions partisanes.

Permettez-moi de vous dire que, si tout allait bien, mon audition devant le Parlement européen ne se serait pas forcément mieux passée, parce qu'à un an des élections, quand on a le vent dans le dos et que tout va bien, chacun pense à ses intérêts partisans ou à ses intérêts nationaux. Et parce qu'ici, je le crois, l'essentielle, l'immense majorité des députés sont des Européens, ils ont conscience de la gravité de la situation. Chacun est obligé de faire un effort. Je ne suis pas sûr que le président Schulz, le président Cohn-Bendit, vous-mêmes, auriez eu à l'égard de la Présidence française la même ouverture si les choses avaient été plus faciles. Moi, je pense que ces difficultés peuvent être une opportunité.

Il y a un point, Monsieur le Président Watson, sur lequel j'ai sans doute fait une erreur. J'aurais dû parler plus longuement de la politique européenne de l'énergie. Il y a ici un certain nombre d'entre vous qui portent des T-shirts particuliers parce qu'ils sont contre une forme d'énergie. Je les respecte. D'autres ont fait d'autres choix. Mais il y a un point qui peut nous rassembler tous, c'est qu'on a besoin d'une politique énergétique européenne, de transparence sur les stocks, de mise en commun des recherches sur le solaire, sur le voltaïque, sur la biomasse, sur les énergies hydrauliques. Excusez-moi de ne pas l'avoir dit lors de ma première intervention, mais la définition d'une politique de l'énergie, nonobstant nos différences sur le nucléaire, nonobstant ces différences-là, sera une priorité de la Présidence française. Je crois pouvoir parler sous le contrôle du Président Barroso, c'est également sa priorité. C'est un point sur lequel nous ne pouvons pas perdre de temps.

Je voudrais dire d'ailleurs au président Watson que je ne suis pas protectionniste. Je ne l'ai jamais été, je ne le serai jamais. Mais vous, les libéraux, vous devez penser aussi à une chose: nous ouvrons nos frontières et nous en avons profité. Mais, en même temps, les autres ne peuvent pas nous demander de faire chez nous ce qu'ils n'acceptent pas que nous fassions chez eux. La Chine, l'Inde, le Brésil, le Mexique, les grands pays émergents ne peuvent pas dire «Ouvrez vos frontières, diminuez vos subventions, mais chez nous, on fait ce que l'on veut». Cela, ce n'est pas du libre-échange et ce n'est pas un service à leur rendre. De la même façon qu'aimer son pays, ce n'est pas du nationalisme. De la même façon que vouloir la réciprocité, la protection, ce n'est pas du protectionnisme. On peut être pour le libre-échange et vouloir instaurer l'équilibre dans ce libre-échange.

Monsieur le Président Watson, nous aurons à en reparler. Certains mettent l'accent sur la protection, d'autres sur la liberté, peut-être pourrons-nous nous retrouver à mi-chemin.

Enfin, permettez-moi de vous féliciter, Monsieur le Président Watson. Je pense que, pour les chansons, nous avons le même goût.

(Rires)

Je transmettrai à l'intéressée votre appréciation et je suis sûr qu'elle vous dédicacera son dernier disque, Monsieur le Président Watson. Sans rancune.

(Rires)

Monsieur le Président Cohn-Bendit, j'ai déjà répondu à beaucoup de vos questions. Je voudrais évoquer deux sujets. Le premier, c'est la question des étudiants. C'est une affaire extrêmement importante. Bien sûr que l'Europe doit s'ouvrir à la formation des élites du monde entier. Je pense même, voyez-vous, depuis bien longtemps que, s'ouvrir à la formation des élites du monde entier, c'est les accueillir dans nos universités et, en même temps, leur donner la chance d'une première expérience professionnelle. Je pense notamment aux médecins. Mais nous devons prendre garde, Monsieur le Président Cohn-Bendit, à ne pas piller les élites du tiers-monde. Il y a en France – et vous devez y réfléchir – plus de médecins béninois qui exercent qu'au Bénin. Je pense que le Bénin a besoin de ses élites. Ce n'est pas refuser l'immigration que refuser le pillage des élites du tiers-monde. Nous n'épuiserons pas ce débat en quelques minutes, je vous sais gré de la façon dont vous l'avez évoqué, mais comprenez qu'il mérite un débat approfondi et non pas des caricatures. Il n'y a pas d'un côté les généreux, de l'autre les sans-cœur. Il y a des femmes et des hommes d'État qui vont essayer de trouver la meilleure solution.

Un mot, si vous le permettez, sur la question de la Chine, qui est une question extrêmement sérieuse et extrêmement difficile. Je voudrais dire, Monsieur le Président Cohn-Bendit, que comme chacun ici, j'ai senti votre émotion dans votre voix, c'est tout à votre honneur, et je voudrais dire que je partage cette émotion. Je voudrais dire d'ailleurs au président Watson, qui m'appelle à jouer collectif, que c'est justement ce que j'ai fait puisqu'en tant que Président du Conseil, j'ai interrogé la totalité des pays membres pour savoir quelle était leur opinion et si l'un d'entre eux était opposé à ma participation – je vais évoquer dans un instant le fond, je parle d'abord de la forme. Je voudrais dire que j'ai reçu de tous les pays membres un accord pour me rendre à la cérémonie des Jeux olympiques. Vous savez que c'est un sujet difficile qu'il nous faut, je crois, affronter avec beaucoup de sérieux, parce que nous n'avons pas le droit de nous tromper.

Mais M. Watson m'a dit «Jouez collectif». Je veux que vous sachiez que j'ai interrogé la totalité des pays membres. Aucun ne s'est opposé à ma participation et à la minute où je vous parle, treize seront représentés à la cérémonie d'ouverture. Ce n'est pas une raison, Monsieur le Président Watson. C'est simplement la réponse à la question du collectif.

Maintenant venons-en, si vous le voulez bien, au fond des choses. J'entends ceux qui disent que les Européens ne devraient pas être présents à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Pékin. Chacun a le droit d'avoir un regard sur la meilleure façon de défendre les droits de l'homme. Et moi, je dois respecter ceux qui disent «Il faut boycotter». Mais moi je pense – et je crois que cette opinion doit être respectée, parce qu'elle est respectable – que ce n'est pas par l'humiliation de la Chine que l'on fera progresser la question des droits de l'homme, mais par un dialogue franc et direct. Je voudrais même dire une chose: je ne pense pas qu'on peut boycotter un quart de l'humanité. Je ne pense pas que ça soit un choix intelligent et responsable quand on a la responsabilité d'être le Président du Conseil que de dire à un quart de l'humanité «On ne viendra pas, on vous inflige une humiliation aux yeux du monde entier». Je veux y aller et je veux parler.

Quant au fond des choses: sur la défense des droits de l'homme, nous sommes d'accord. Sur la manière de défendre ces droits de l'homme, convenez qu'il peut y avoir un débat et que ce débat ne sera pas épuisé par la question des Jeux olympiques. Je veux donc y aller, parler des droits de l'homme et les défendre. Je vais même aller plus loin, Monsieur le Président Cohn-Bendit. Il y a des choses que je ne dirai pas à la Chine, parce que la Chine doit être respectée, mais il y a des choses que la Chine ne doit pas dire aux pays européens, et notamment à la France, parce que la France et les pays européens doivent être respectés au même titre que la Chine. Ce n'est pas à la Chine de fixer mon agenda et mes rendez-vous.

De la même façon que ce n'est pas à moi de fixer l'agenda et les rendez-vous du président chinois. Je défendrai donc la question des droits de l'homme et, en même temps, en tant que chef d'État, je dois penser à une chose. On parle toujours de contrats. Je voudrais m'inscrire en faux là-dessus, encore que, pour un chef d'État élu démocratiquement, défendre les intérêts économiques et l'emploi de ses concitoyens n'est pas illégitime. Je veux parler d'autre chose. La Chine est membre permanent du Conseil de sécurité. On a besoin de la Chine pour mettre un terme au scandale du Darfour, parce que la Chine est influente au Soudan. On a besoin de la Chine pour isoler l'Iran, pour que ni l'Iran ni quelqu'un qui ose dire qu'il faut rayer Israël de la carte n'ait accès à la bombe nucléaire. Comment peut-on dire à la Chine «Aidez-nous à faire la paix dans le monde, à assurer la stabilité dans le monde» et en même temps, boycotter le pays à un moment où elle accueille un événement essentiel pour un milliard trois cent millions d'habitants? Ça ne serait pas raisonnable, ça ne serait pas responsable, ça ne serait pas digne d'un homme d'État qui se respecte.

(Applaudissements)

Après avoir fait part de mon respect pour l'opinion et l'émotion du président Cohn-Bendit, et de chacun de ceux qui, dans l'hémicycle, pensent la même chose, je voudrais enfin ajouter ceci: respectez ceux qui, comme nous, pensent comme moi. Avant d'y aller, j'ai interrogé le président Watson, le président Martin Schulz, le président du groupe socialiste, et je crois pouvoir dire en son nom qu'il est parfaitement d'accord sur la nécessité de ne pas boycotter la Chine. Il est socialiste, je ne le suis pas. J'ai interrogé le président Daul, il est parfaitement d'accord avec ça

Je veux dire enfin un dernier mot. Regardez ce que la Chine a fait en matière de pragmatisme sur la question de Hong-Kong. Souvenez-vous, Mesdames et Messieurs, que c'était une affaire très difficile. Il y avait, il y a quinze ans, des manifestations à Hong-Kong. La Chine a su résoudre avec pragmatisme la question de Hong-Kong. Regardez Macao. La Chine a su, par le dialogue, résoudre la question de Macao. Je vais même aller plus loin. Regardez la question de Taïwan aujourd'hui, où les avancées du Président Hu Jintao sur Taïwan sont remarquables. Il y a cinq ans, chacun pensait qu'il y aurait un affrontement inévitable entre Taïwan et la Chine, ce n'est pas le cas. Est-qu'on fait avancer la Chine par le dialogue franc, courageux, direct ou par l'humiliation? J'ai choisi le dialogue, la franchise et le courage.

(Applaudissements)

Monsieur le Président, juste une minute, par courtoisie pour M. Wurtz. D'abord, je voudrais lui dire qu'il se rassure, que je n'insulte pas les syndicats mais que je le remercie d'avoir souligné qu'on peut changer la France comme on me le fait sans la paralyser. Et c'est faire insulte aux syndicats que de penser que leur seule utilité, c'est de paralyser. Les syndicats ont un rôle dans la démocratie sociale, comme les responsables politiques. Pas plus et pas moins. Mais on n'a pas le droit de prendre en otage des usagers, c'est ce que j'ai voulu dire. Je suis sûr qu'un homme aussi courtois que vous, Monsieur le Président Wurtz, qui n'avez jamais bloqué qui que ce soit, peut comprendre la remarque que je fais.

Pour le reste, Monsieur Wurtz, nous ne sommes pas d'accord, ça ne m'empêche pas d'apprécier beaucoup la façon dont vous exprimez vos désaccords.

Monsieur le Président de Villiers, je voudrais vous dire que j'entends d'autant plus votre discours que vous êtes incontestablement l'expression d'une sensibilité importante dans mon pays, dans notre pays, mais en Europe aussi. Et je vais même vous dire mieux, Monsieur le Président de Villiers. Moi, je ne prends pas le discours qui est le vôtre comme un discours contre l'Europe mais comme un appel à construire l'Europe différemment. Je ne veux pas opposer, Monsieur le Président de Villiers, les partisans du «oui» aux partisans du «non». Je veux simplement essayer d'intégrer tout le monde dans une Europe différente, qui rassemblerait autour de la démocratie, de la paix et de la croissance. J'ai bien noté vos préventions, je les connais, j'essaierai d'y répondre, non pas dans les discours, mais dans les faits.

Quant à vous, Monsieur le Président Le Pen, en vous entendant, je me disais que pendant des années, la France avait eu le grand malheur d'avoir l'extrême-droite la plus puissante d'Europe. Eh bien, en vous entendant, Monsieur le Président Le Pen, je suis bien content que ça soit terminé.

(Vifs applaudissements)

 
  
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  Philip Bushill-Matthews (PPE-DE). - (EN) Monsieur le Président, je souhaite la bienvenue au Président du Conseil européen. Tout d'abord, au nom de la délégation des conservateurs britanniques, je tiens à vous remercier, Monsieur le Président, de l'hospitalité dont vous avez fait preuve la semaine dernière et vous dire que nous avons hâte de travailler avec vous pour assurer le succès de votre présidence.

Nous n'avons aucun doute sur votre énergie et sur votre engagement et, ayant lu un très bon livre récemment, nous avons aussi confiance en votre vision. Je veux parler, bien sûr, de votre propre livre, Témoignage. Pour ceux de mes collègues qui n'auraient pas encore eu la chance de lire cette œuvre remarquable, je vous suggère de le faire et vous recommande en particulier d'ouvrir le livre à la page 146. C'est là que vous décrivez les folies des 35 heures et expliquez les avantages du «travailler plus pour gagner plus», le slogan de l'UMP. Et vous poursuivez en disant: «Plutôt qu'une politique uniforme et rigide des 35 heures et la guillotine de la retraite à 60 ans, je crois que nos concitoyens attendent une politique de libre arbitre qui permette à ceux qui souhaitent gagner plus de travailler plus et à chacun de régler son temps de travail en fonction de son mode de vie».

Monsieur le Président du Conseil, vous avez vu juste! C'est ça, l'Europe sociale. Les gouvernements n'ont pas à forcer les salariés à travailler plus ni à les contraindre à travailler moins, leur rôle est de permettre à ceux qui le souhaitent de travailler plus.

Votre parti repose sur le principe de la liberté, sur le principe du libre-arbitre, et c'est aussi ces principes que défend le Parti conservateur britannique. Et si ce sont ces principes qui guident votre présidence, alors nous resterons toujours à vos côtés. Nous défendrons la liberté et le libre-arbitre lors de la révision de la directive sur le temps de travail, de même que nous défendrons la liberté et le libre-arbitre lors du réexamen de la directive sur les travailleurs temporaires.

Pour finir, Monsieur le Président du Conseil, permettez-moi de vous dire que nos partis n'ont pas pour seule ambition de permettre le libre-arbitre; ils sont aussi attachés à la nécessité de respecter ensuite le choix que les citoyens ont eux-mêmes décidé de faire librement. Je vous invite donc à respecter le choix que le peuple irlandais a exprimé lors du récent référendum. Je vous invite à voir leur décision non pas comme un problème à résoudre, mais comme une occasion à saisir, l'occasion pour l'Europe de se rapprocher de ses citoyens. Cela exigera, bien sûr, beaucoup d'efforts de votre part et de la part de vos collègues au Conseil. Mais comme vous le dites vous-même: il faut travailler plus pour gagner plus.

 
  
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  Bernard Poignant (PSE).(FR) Monsieur le Président, je suis socialiste français et européen. Cela veut dire qu'à Paris, je ne suis pas votre partisan, mais qu'à Strasbourg, je ne suis pas tout à fait votre opposant. Surtout quand je vous vois entouré de deux sociaux-démocrates. Même si mon Président a tort dans mon pays, c'est mon Président. Et donc, je souhaite le succès de la Présidence de la France, qui sera le succès de la Présidence de l'Europe.

Depuis le début, je me détends en vous observant, car je comprends votre envie d'être dans le parlement français. Et je vous découvre, certes, chef d'État, mais un peu Premier ministre à découvert, sans jeu de mot. Quant au chapitre social et aux priorités, je pense qu'il faut faire une distinction. Il y a, en effet, des thèmes qui doivent rester nationaux. Je pense aux retraites. Par contre, pour tout ce qui touche au travail, comme il y a un marché, une monnaie, une libre circulation, il faut tendre à l'harmonisation vers le meilleur d'entre nous.

Donc, il faut faire une certaine distinction. J'ajoute, dans ce chapitre, que j'aurais aimé que vous déployiez une belle énergie afin d'établir une directive-cadre pour les services publics. Vous l'avez fait pour les restaurateurs. Il faut le faire pour les services publics!

Enfin, je ne crois pas que la crise européenne ne soit que sociale et démocratique. Je pense que c'est aussi une crise d'identité. À partir du moment où la paix est acquise, la liberté conquise, la démocratie installée, le monde tel qu'il est fait que beaucoup de nos concitoyens voient mal, comprennent mal, le sens de l'histoire de l'Union.

C'est pour cela que les thèmes comme la culture, comme l'éducation, comme la mobilité des artistes, des jeunes, des étudiants, les jumelages, tout cela est fondamental, car la conscience européenne n'est plus une évidence. Elle se construira. Et je pense qu'il faut que ces thèmes-là imprègnent la présidence française.

Enfin, évidemment, on va vous juger sur six mois. Pour un Français, c'est bien, parce qu'en France, c'est long, vous comprenez. Donc, au mois de décembre, nous aurons le bilan. Une certitude, c'est que le traité ne sera sans doute pas ratifié. Vous avez voulu un traité simplifié, vous avez une situation compliquée. Eh bien, désembourbez-la!

Je voudrais terminer par une phrase que j'emprunte à un écrivain polonais et qui dit ceci, Monsieur le Président, excusez-moi: «Être Français, c'est précisément prendre en considération autre chose que la France». C'est une réputation que nous avons, et peut-être un peu vous aussi, Monsieur le Président.

 
  
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  Nicolas Sarkozy, Président en exercice du Conseil. (FR) Monsieur le Président, je voudrais présenter toutes mes excuses à Cristiana Muscardini parce que, emporté par mon élan que vient de souligner avec tellement d'affection M. Poignant, j'ai oublié de vous répondre et de dire combien on aura besoin de votre groupe.

Je n'ignore pas qui en fait partie, et je sais que vous êtes de ceux qui aiment l'Europe et qu'il y a des parlementaires qui aiment également leur nation. Madame Muscardini, croyez bien que je tiendrai le plus grand compte de vos remarques, que j'essaierai de construire pendant six mois, avec les institutions européennes, une Europe qui réponde à vos préoccupations.

Et alors, c'est tombé sur vous que j'oublie – ça montre que ça donne raison à M. Poignant – que, dans le fond, ma réputation est surfaite.

 
  
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  Marielle De Sarnez (ALDE).(FR) Monsieur le Président, il y a quelques semaines, l'Irlande a dit «non», je pense que cela, nous le savons tous, illustre la fracture qui est de plus en plus importante entre les citoyens européens et l'Europe.

Ce «non», évidemment, ne doit pas être sous-estimé et je crois qu'au contraire, il doit obliger l'ensemble des responsables politiques à prendre en compte les attentes et les inquiétudes des peuples, et à tenter d'y apporter des réponses, quel que soit le traité en vigueur. Ce n'est pas parce que, demain, nous aurons le traité de Lisbonne que tout sera effacé d'un coup de baguette magique.

La Présidence française a choisi de se consacrer à quatre dossiers, c'est évidemment très utile, notamment pour la question du climat. Mais en cette période de crise profonde qui sévit, période de crise financière, alimentaire, explosion du prix des matières premières, pétrole de plus en plus rare, de plus en plus cher, je pense que ce que les peuples attendent, ce n'est pas seulement affaire de dossiers, c'est aussi affaire de vision; ce que les peuples attendent, c'est affaire de perspectives.

Je voudrais vous proposer, en cet instant, trois pistes de réflexion. La première touche à la question fondamentale, essentielle, de notre identité. Je pense, j'ai l'intime conviction qu'il y a un modèle européen, il y a un projet de société européen. Ce modèle européen est économique, il est durable et il est aussi social. Ce modèle européen, par exemple, essaie de combattre la montée croissante des inégalités. Il y a donc bien un modèle européen, nous devons en être fiers, nous devons le revendiquer, le porter, l'assumer, le défendre et le protéger. C'est la première piste.

Ensuite, il y a une deuxième piste. Je pense que nous avons besoin d'une vision nouvelle pour l'organisation du monde. En disant cela, je pense notamment à l'Afrique. Je pense à la question des produits agricoles et je pense que nous devons arrêter de subventionner les exportations de nos produits agricoles, que nous devons au contraire travailler à l'autosuffisance de l'Afrique dans les domaines de l'alimentation et de l'énergie. C'est la révolution nouvelle qu'il nous faut conduire pour avoir demain un monde plus équitable.

(Applaudissements)

Je pense enfin, et nous devons le rappeler sans cesse, qu'il y a des valeurs européennes auxquelles nous ne devons jamais renoncer: elles s'appellent démocratie et droits de l'homme, elles valent pour nous en Europe, elles valent demain pour l'Union pour la Méditerranée où il ne s'agira pas de faire avant tout du commerce en laissant de côté les droits de l'homme. La question des droits de l'homme est essentielle pour les décennies qui viennent; elle est l'identité profonde de l'Europe et elle mérite d'être défendue.

Monsieur le Président, voilà quelques-unes des questions qui sont, me semble-t-il, devant nous; elles portent sur l'essentiel, c'est-à-dire, au fond, sur la vision et le sens profond que nous devons, que nous voulons donner à l'Europe. Ces questions ne sont pas seulement affaire de politique, elles sont aussi affaire de conscience.

 
  
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  Brian Crowley (UEN). - (EN) Monsieur le President, je souhaite à mon tour la bienvenue à Monsieur le Président Sarkozy à Strasbourg et le félicite d'être venu débattre avec le Parlement, d'exprimer franchement ses idées alors qu'il savait qu'elles ne rassembleraient pas l'Assemblée.

Cela fait trop longtemps que nous sommes pris au piège des mauvaises idéologies du passé, de l'incapacité de nous tourner vers les nouvelles frontières qui s'ouvrent à nous et de relever les défis qui se posent. Nous avons joué la sécurité en nous repliant par commodité sur les idéaux impérialistes ou les idées post-fascistes du passé, voir même, il faut bien le dire, sur le nouveau courant de pensée du XXe siècle concernant la vie humaine et les droits de l'homme.

Car la complexité du monde d'aujourd'hui est très différente et nettement plus variée que tout ce que peut offrir une idéologie unique, un projet unique. Et vous mentionnez à juste titre l'importance des relations avec les gouvernements des autres pays du monde: avec la Chine, pour résoudre le problème du Tchad et du Soudan, et ainsi permettre d'attaquer de front les problèmes liés à l'Afrique et au monde en développement.

Nous avons déjà aujourd'hui sept victimes à déplorer au Soudan dans le cadre d'une opération de maintien de la paix organisée sous l'égide des Nations unies, et si elles y ont laissé leur vie, c'est pour la simple raison que les gouvernements n'ont pas su intervenir pour faire pression sur les autorités tchadiennes et soudanaises de façon à assurer la protection des réfugiés et des demandeurs d'asile.

Cela est très bien de parler vaguement ici, au Parlement, de l'importance de l'immigration et d'assurer la libre circulation des personnes. Mais il vaudrait mieux permettre aux populations de rester dans leur pays. Je suis originaire d'Irlande, une nation qui a dû expatrier 12 millions de citoyens sur une centaine d'années. Aucun d'eux ne souhaitait quitter l'Irlande. Ils ont été contraints de partir. Il faut offrir à chacun la possibilité de rester dans son propre pays, en ayant recours aux mécanismes des politiques que nous mettons en place, que ce soit dans le domaine du commerce ou dans les autres domaines.

Enfin, Monsieur le Président du Conseil, vous avez indiqué tout à l'heure estimer légitime votre position consistant à faire ratifier le traité de Lisbonne par la voie parlementaire, en précisant d'ailleurs que c'était le seul moyen d'y parvenir. Je suis d'accord avec vous. Cela convient dans le cas de la France. Mais le droit à un référendum est tout aussi légitime, et ce droit doit toujours être protégé. Ce n'est pas l'un ou l'autre. Le vote irlandais pose des problèmes et des difficultés, mais ceux-ci ne sont pas exclusivement liés à la relation de l'Irlande avec l'Europe. C'est le reflet d'un malaise plus profond des peuples vis-à-vis de l'Europe.

 
  
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  Mikel Irujo Amezaga (Verts/ALE).(FR) Monsieur le Président, pendant cette minute, je voudrais vous interroger sur la position de la Présidence française à propos de la diversité linguistique. L'Union européenne a pour principe fondateur la diversité. Toutes les langues du monde font partie du patrimoine de l'humanité, et c'est le devoir des institutions publiques d'agir pour les protéger.

(ES) Monsieur le Président, les conclusions du Conseil du 22 mai dernier sur le multilinguisme invitaient la Commission à élaborer un cadre détaillé sur ce sujet, et celle-ci a annoncé qu'elle le ferait d'ici l'automne.

Quelle sera la position de la Présidence française en matière de multilinguisme, et quelles mesures entend-elle prendre à cet égard? Quelle va être être la position de la Présidence et quel rôle pense-t-elle accorder aux langues non officielles de l'UE, dites langues «régionales» et «minoritaires»?

Car, Monsieur le Président, dans l'attente du vote prévu au Sénat la semaine prochaine, l'État français représente pour le moment un bien mauvais exemple pour tous ceux d'entre nous pour qui la diversité linguistique est un patrimoine commun à tous les Européens.

(L'orateur poursuit en basque)

 
  
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  Nigel Farage (IND/DEM). - (EN) Monsieur le Président, j'aimerais répondre à M. Sarkozy. Vous savez très bien parler, Monsieur Sarkozy, mais je ne suis pas sûr que vous sachiez aussi bien écouter. Le programme de votre présidence que vous nous avez présenté ce matin montre que vous voulez une Union européenne qui contrôle littéralement tous les aspects de notre vie, absolument tout depuis une politique commune de l'immigration jusqu'à la façon dont nous gérons nos hôpitaux et nos clubs de football.

Je conclus également de votre intervention que vous souhaitez nous isoler du reste du monde, en disant que nous ne ferons pas affaire avec ceux qui ne suivent pas les mêmes règles que nous. Mais le pire de tout, c'est que vous avez l'arrogance de dire, pour ce qui est du projet européen, que c'est vous qui vous y connaissez le mieux. Vous faites preuve de mépris, non pas seulement à l'égard du peuple irlandais, mais aussi du concept même de la démocratie dont vous vous dites être le champion.

Vous avez dit que le Président polonais doit tenir sa promesse, qu'il doit ratifier le traité puisqu'il s'y est engagé. Eh bien, les Irlandais se sont exprimés. Allez-vous respecter leur vote? Allez-vous tenir votre part de ce marché qui dit que le traité est mort? Je ne crois pas que vous ayez bien compris le message. Les peuples d'Europe ne veulent pas plus d'intégration politique. C'est pour cette raison que les Français ont dit «non», que les Néerlandais ont dit «non» et que les Irlandais ont dit  «non», et si on nous avait permis de voter en Grande-Bretagne, nous aurions dit «non» à une majorité écrasante.

Quel est le prix de la démocratie, Monsieur Sarkozy? Vous allez à Dublin le 21 juillet. Je vous prie de ne pas chercher à faire là-bas ce que vous avez fait en France, de ne pas chercher à éviter un deuxième référendum, de ne pas chercher à faire changer les règles et à faire ratifier ce traité par la petite porte. Ce serait faire preuve d'un total mépris de la démocratie. Je vous en supplie, ne faites pas ça.

 
  
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  Margie Sudre (PPE-DE).(FR) Monsieur le Président, Monsieur le Président du Conseil, pour être à la hauteur de nos espérances et de l'attente de nos concitoyens, le Conseil que vous présidez et notre Parlement doivent faire preuve d'une volonté politique claire, compréhensible et concrète. Votre présence à la tête du Conseil est d'ores et déjà un gage de volontarisme. À cet égard, nous avons tous pu constater, ici à Strasbourg, comme à Bruxelles, la qualité de la préparation de ce semestre de présidence et la grande disponibilité des membres du gouvernement français.

Les priorités que vous venez de nous détailler sont effectivement de nature à répondre aux préoccupations des citoyens de l'Union européenne. De même, les autres enjeux que vous avez présentés, parmi lesquels la gouvernance économique de la zone euro face à l'explosion des cours mondiaux des matières premières et des hydrocarbures, ou encore la création d'une zone de stabilité et de prospérité au sein du Bassin méditerranéen, sont tout à fait représentatifs de votre attachement à une Union européenne plus réactive face aux difficultés, et plus attentive à sa population.

Face à des opinions publiques qui doutent et qui se laissent parfois gagner par la tentation de repli sur l'échelon national pour régler les problèmes, il est plus important que jamais de rappeler que notre continent a un nombre d'atouts considérable et qu'il reste l'un des rares pôles de stabilité dans un monde de plus en plus imprévisible. L'Union européenne doit s'attacher à démontrer qu'elle ne subit pas la mondialisation sans protéger ses peuples et je salue votre engagement à en apporter la preuve.

Enfin, alors que l'Union connaît une crise de confiance importante, nous souhaitons ardemment que la Présidence française mette un point final à plus de quinze ans d'efforts pour réformer le fonctionnement de l'Europe élargie. Nous avons besoin que le traité de Lisbonne entre en vigueur le plus tôt possible, et vous l'avez affirmé avec force. Nous avons toute confiance en vous pour négocier avec nos amis irlandais et pour convaincre les rares États membres qui hésitent encore à ratifier, de le faire définitivement.

Monsieur le Président, vous avez déclaré le week-end dernier que vous n'étiez pas prêt à mettre votre drapeau européen dans votre poche. Nous avons effectivement pu constater que vous l'aviez déployé sous l'Arc-de-triomphe aux côtés du drapeau français. Nous interprétons ce geste symbolique comme un gage de votre détermination à agir au service de la Communauté, et nous vous en remercions, Monsieur le Président.

 
  
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  Poul Nyrup Rasmussen (PSE). - (EN) Monsieur le President, je voudrais simplement m'adresser au Président du Conseil pour lui dire que je suis Rasmussen I, à ne pas confondre avec Rasmussen II, et que je peux vous assurer une chose. Vous parlez sagement du nouveau traité de Lisbonne, mais je tiens à dire à M. Farage qu'il a oublié le cas danois. Nous avons voté «non» à Maastricht mais nous avons dit «oui» à l'accord d'Édimbourg, et il ne nous viendrait jamais à l'esprit de dire que parce que nous avons voté «non» la première fois, nous allons bloquer le reste de l'Europe. Cela ne nous viendrait jamais à l'esprit. M. Farage a tort: ce n'est pas cela la démocratie.

Je tiens juste à vous assurer, Monsieur le Président du Conseil, et à assurer à la France que, comme nous avons trouvé une solution pour le Danemark, nous trouverons une solution pour le peuple irlandais.

Deuxième point: j'ai une demande à vous faire au nom du Parti social-démocrate européen, au nom de tous mes collègues et de tous les responsables de ma famille politique. Je vous demande d'ajouter une nouvelle priorité à vos quatre priorités. Cette nouvelle priorité, qui est la mienne et, je l'espère, sera la vôtre, – je suis convaincu que c'est une de vos priorités –, concerne l'emploi, la croissance, la durabilité. Vous avez dit, à mon grand plaisir, qu'il faut améliorer la réglementation des marchés financiers. Je ne pourrais être plus d'accord avec vous. Nous nous efforçons en ce moment-même au sein de ce Parlement d'obtenir un rapport à ce sujet et j'espère – et j'en appelle à mes collègues des groupes PPE-DE et ALDE – que nous pourrons transmettre à la Présidence française un judicieux rapport sur l'amélioration de la réglementation.

Je parle de transparence. Je parle d'améliorer la réglementation en ce qui concerne l'équité, les primes et les stock options et tout le reste dont vous avez si judicieusement parlé. Je parle de responsabilité, de responsabilisation, pour que le marché financier soit une puissance financière capable de répondre sur la durée à nos besoins d'investissements à long terme pour des emplois plus nombreux et de meilleure qualité.

Ceci m'amène à une autre idée à vous suggérer. Vous avez raison de dire que nous sommes en train de perdre de la croissance, que nous sommes en train de perdre des emplois, surtout au Royaume-Uni et en Espagne, mais aussi en France. Pourquoi ne lançons-nous pas une nouvelle initiative pour promouvoir la croissance, une nouvelle mesure coordonnée en matière d'investissement? Imaginez le scénario suivant: si on investit ensemble seulement 1 % de plus dans l'éducation, dans les infrastructures, dans tous les domaines pertinents, on créera au moins 10 millions d'emplois supplémentaires d'ici quatre ans. Imaginez ce que nous pourrions faire ensemble.

Vous avez dit que le sport n'obéit pas simplement à l'économie de marché. Je suis d'accord, mais j'ajouterais que cela vaut pour l'Europe dans son ensemble. L'Europe est plus qu'une question d'économie de marché. L'Europe, c'est aussi l'emploi et les citoyens. Occupons-nous en. Je souhaite le plus grand succès à la Présidence française.

 
  
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  Silvana Koch-Mehrin (ALDE).(FR) Monsieur le Président, vous avez dit: «la France n'a pas à porter de jugement sur le "non" irlandais».

(DE) Je suis d'accord. Il faut respecter le «non» irlandais. Le peuple irlandais a tout à fait le droit de voter comme il l'a fait. Mais tous les autres pays européens ont aussi le droit de poursuivre sur la voie d'une Europe plus démocratique, d'une Europe plus transparente, d'une Europe à la capacité d'agir renforcée. Le traité de Lisbonne est une étape à franchir sur cette voie. Et c'est pourquoi je me félicite de la poursuite du processus de ratification. Cependant, je pense aussi, et c'est là que je ne suis pas d'accord avec vous, qu'il serait bon de parler ouvertement du fait que l'Europe à plusieurs vitesses existe déjà. Pensez à l'euro, aux accords de Schengen, à la Charte des droits fondamentaux et à bien d'autres domaines. Les sensibilités et les souhaits des États membres de l'UE se traduisent dans leur choix d'avancer à un rythme différent sur des choses qu'ils entreprennent ensemble.

Une Europe à plusieurs vitesses permet aux pays qui souhaitent aller plus loin de le faire, car il est important de préserver le principe du volontariat en Europe. Il est important que les pays qui souhaitent faire quelque chose ensemble le fassent volontairement et que tous les autres pays aient la possibilité de les rejoindre ultérieurement. Aucun pays ne doit être contraint d'accepter un degré de solidarité plus poussé.

Une Europe à plusieurs vitesses facilite aussi la poursuite des négociations d'adhésion. Je ne crois pas qu'il soit bon de punir la Croatie et la Turquie parce que la majorité des Irlandais a voté non.

Monsieur le Président du Conseil, vous avez raison d'être fier du fait que votre pays soit la patrie des droits de l'homme. Les droits de l'homme sont éternels, ils sont universels. Les Jeux olympiques sont un événement sportif et pas politique. Je crois donc que vous avez tort de vouloir aller en Chine pour assister à la cérémonie d'ouverture, et suis ravie de la décision du Président du Parlement européen, M. Pöttering, qui a choisi de ne pas s'y rendre.

Monsieur le Président du Conseil, permettez-moi d'ajouter pour conclure que vous avez trouvé sur votre siège en guise d'accueil de la part d'un grand nombre de mes collègues femmes, une rose et une lettre. Cette lettre vous demande de faire en sorte qu'un plus grand nombre de femmes dirigent les hautes instances de l'Union européenne. Les femmes placent leurs espoirs en vous, vous qui êtes un «homme à femmes». Permettez-moi de vous addresser une autre demande: en tant que représentant élu démocratiquement, j'espère que vous nous aiderez à obtenir que ce Parlement européen puisse prendre une décision indépendante en ce qui concerne son siège.

 
  
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  Adam Bielan (UEN). - (PL) Monsieur le Président, Monsieur le Président du Conseil, je tiens tout d'abord à vous faire part de mes plus sincères félicitations pour assumer à votre tour la présidence de l'Union européenne. Et ce ne sera pas chose facile vu le contexte difficile mais, bien sûr, je vous souhaite le plus grand succès. L'Irlande a rejeté le traité de Lisbonne. On ne peut exclure la possibilité que l'Irlande change d'avis à l'avenir, mais il n'est absolument pas acceptable de chercher à influencer la décision des Irlandais en brandissant des menaces. Les Français et les Néerlandais n'ont pas été menacés il y a trois ans lorsqu'ils ont rejeté le traité et ainsi déclenché les problèmes qu'on connaît aujourd'hui. Les États membres ne doivent pas être classés en bons et mauvais pays. Je vous remercie donc d'avoir dit aujourd'hui qu'aucun des 27 États membres ne peut être exclu de la famille européenne, comme l'oratrice qui est intervenue avant moi, Mme Koch-Mehrin, aurait peut-être aimé le faire.

Monsieur le Président, j'aimerais également profiter de l'occasion pour vous remercier de l'ouverture récente du marché du travail français aux Polonais, entre autres. Nous avions attendu cela longtemps, beaucoup plus longtemps que dans d'autres pays, mais mieux vaut tard que jamais.

Je n'ai pas entendu une seule allusion à notre plus grand voisin, l'Ukraine, dans les interventions d'aujourd'hui. J'espère quand même que le sommet prévu le 9 septembre 2008 à Évian nous permettra d'avancer de manière significative vers la signature d'un accord d'association avec l'Ukraine. Un signal clair de notre part revêt en effet une importance particulière pour nos amis d'Ukraine à l'heure actuelle, d'autant que les menaces de la Russie d'intensifient.

Enfin, au nom des millions d'Européens touchés par la hausse perpétuelle des prix, je tiens à vous remercier, Monsieur le Président, des efforts que vous déployez en vue de faire baisser la TVA sur les carburants. J'ose espérer que vous réussirez, durant ce semestre de présidence française, à convaincre les autres dirigeants de la pertinence de cette idée, notamment le Premier ministre de mon propre pays, la Pologne.

 
  
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  Werner Langen (PPE-DE).(DE) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, j'aimerais adresser un compliment explicite au Président du Conseil. C'est la 29e présidence du Conseil que je vis et, en toute franchise, je dois dire que je n'ai jamais vu une présentation aussi convaincante d'un programme, d'une idée européenne.

(Applaudissements)

Un seul autre Président du Conseil a été accueilli encore plus chaleureusement, mais cela n'a concerné que le début de sa présidence. Il n'avait rien accompli au terme de son mandat. Il s'agit du Premier ministre britannique, Tony Blair. Nous sommes sûrs, Monsieur le Président Sarkozy, que vous conclurez votre semestre de présidence avec de bons résultats. La façon dont vous nous avez tout expliqué aujourd'hui – la façon dont vous avez répondu aux questions soulevées par les parlementaires, le fait que vous vous soyez familiarisé avec les dossiers et que vous ne présentiez pas une «liste de souhaits» mais un ensemble de priorités définies à partir d'un bon raisonnement –, tout cela me porte à croire que vous serez vraiment capable de mener à bien votre ambitieux programme.

Si l'achèvement du paquet «climat» dépend de notre collaboration, sachez que vous pouvez compter sur le soutien de ce Parlement. Je crains toutefois qu'il risque d'y avoir de nouveaux problèmes au Conseil, des problèmes liés à la responsabilité du Conseil et des États membres: je crains en effet que les quotas envisagés ne soient pas acceptés. Nous partageons également votre point de vue selon lequel l'énergie nucléaire doit être représentée dans ce paquet «climat». Une majorité nette de ce Parlement est pour l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins civiles. Ne vous laissez pas troubler par ces tee-shirts.

Sachez également que nous serons à vos côtés si l'Allemagne et la France souhaitent prendre ensemble la direction de l'Union européenne en termes de contenu, mais pas pour des déclarations majeures à caractère politique. Je crois vraiment pouvoir dire que Mme Koch-Mehrin ne vous a pas écouté lorsque vous avez expliqué les raisons qui justifient votre prise de position sur la Chine. Cette explication aura représenté un cours d'affaires étrangères pour ce Parlement, et je ne peux que vous encourager à rester aussi cohérent et immuable que vous l'avez été sur ces questions.

 
  
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  Robert Goebbels (PSE).(FR) Monsieur le Président, Messieurs les Présidents, dix nations émettent 60 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone. Parmi ces dix pays ne figure qu'un pays européen l'Allemagne. Les 27 États membres de l'Union européenne représentent 14 % seulement des émissions mondiales. Les États-Unis, 17 %; le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine ont des émissions cumulées dépassant un tiers des émissions mondiales de dioxyde de carbone. Tout cela prouve que les initiatives européennes en matière de lutte contre le changement climatique resteront vaines s'il n'y a pas d'efforts comparables de la part des Américains, des Chinois et des autres nations industrialisées.

En attendant un tel accord, l'Europe doit lutter contre la fuite de carbone. Actuellement, aucun grand groupe industriel ne procède à des investissements en Europe. Arcelor-Mittal ferme en France, mais investit au Brésil, en Russie, en Turquie, en Inde et en Chine. ThyssenKrupp investit au Brésil, l'Autrichien Vöest investit en Inde. En Afrique du Nord se construisent actuellement dix usines de verre flottant destiné au marché européen.

En l'absence d'un engagement concret des autres États industriels, l'Europe doit montrer sa détermination à défendre son tissu industriel, son savoir-faire industriel. Cela ne servira à rien d'imposer des sacrifices aux citoyens européens, si le reste du monde ne suit pas.

(Applaudissements)

 
  
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  Jean-Marie Cavada (ALDE).(FR) Monsieur le Président, Monsieur le Président du Conseil, comme le Président du Parlement européen, comme beaucoup d'autres collègues, je suis un enfant des ruines de la Seconde guerre mondiale, et j'apprécie beaucoup le volontarisme que vous avez mis, à cause de cela, dans votre discours qui fait fi du scepticisme, le scepticisme étant pour moi quelque chose qui appartient à l'esprit de Munich, et c'est l'acide qui dissout la volonté européenne. C'est pourquoi j'ai beaucoup apprécié l'énergie que vous avez mise dans un discours que, comme Mme Lulling qui vient de le déclarer à la télévision par exemple, nous avons trouvé clair, nous avons trouvé précis et nous avons trouvé, je dis, débarrassé de toutes les modes, convaincant.

La deuxième chose que je veux dire, Monsieur le Président, c'est que, bien entendu, vous avez raison et il faut le dire dans cette enceinte. Les craintes et les peurs, en Europe, et les menaces qui pèsent sur elle, ont été certainement pour beaucoup dans la construction des années 50, mais ces craintes et ces peurs, si elles ont changé de nature, existent évidemment encore très nombreuses aujourd'hui. C'est pourquoi il y faut une réponse absolument volontariste.

J'apprécie beaucoup les priorités, je le dis franchement, car elles sont réelles, et notamment la politique d'immigration, qui sera portée par votre ministre, M. Hortefeux, notre ancien collègue. J'ai eu l'honneur de représenter en son temps, il y a deux ans, le Parlement européen à la Conférence euro-africaine de Rabat. Elle réunissait pour la première fois les pays qui avaient les mêmes responsabilités, soit dans l'origine, soit dans le transit, soit dans la réception des immigrés et, comme l'a dit M. Watson tout à l'heure, je pense que c'est très important, notamment – pourquoi pas? –, à travers la structure de l'Union pour la Méditerranée, d'avoir une politique généreuse de proximité et de surveillance.

Enfin, une dernière chose, Monsieur le Président, n'oublions pas que, si l'Europe a un poids singulier à travers le monde, c'est parce que c'est un terreau de culture, c'est parce que la culture est le ciment de nos différences, c'est parce que la culture est le socle de nos systèmes politiques, et c'est pour cela aussi qu'on nous regarde d'une manière tout à fait différente. Le volontarisme, probablement, aura besoin de votre énergie dans ce domaine de la culture aussi.

 
  
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  Jan Zahradil (PPE-DE).(CS) Monsieur le Président, j'aimerais dire tout d'abord que j'apprécie que la France ait ouvert son marché du travail aux nouveaux États membres le 1er juillet et ainsi supprimé une des dernières barrières entre anciens et nouveaux États membres. J'espère seulement que Mme Merkel suivra cet exemple. La France, la République tchèque et la Suède ont préparé ensemble un programme de 18 mois de présidence qui, à mon grand plaisir, accorde la priorité à la question de l'énergie, qui est une question absolument essentielle, ainsi qu'à la réforme de la politique agricole commune car celle-ci touche au cadre financier de l'après 2013 et donc aux fonds dont nous disposerons à l'avenir. J'apprécie le fait que la France souhaite résoudre ces questions et ces problèmes d'actualité car c'est ce qui inquiète et intéresse les peuples.

Sur les questions institutionnelles, je parle non pas en tant que membre du PPE mais comme démocrate européen, et vous ne serez dès lors sans doute pas surpris de voir que nous ne sommes pas complètement d'accord sur ces questions. Je ne crois pas qu'il faille rester figé devant le traité de Lisbonne. Ce n'est pas la fin du monde et, comme nous ne voulons pas créer un climat de crise, nous devons résoudre la situation calmement, sans pression politique, sans combine juridique et dans le respect de nos propres règles. Ces règles stipulent qu'aucun traité ne peut entrer en vigueur sans un accord unanime, et nous n'avons pas cet accord aujourd'hui. Je ne crois pas que l'élargissement soit impossible sans le traité de Lisbonne. Je crois qu'on peut au moins accepter l'adhésion de la Croatie sans le traité de Lisbonne. Je ne crois pas non plus qu'il faille faire un choix entre Nice ou Lisbonne. Il est certain que nous avons plusieurs possibilités, mais nous devons être capables de les étudier sérieusement, sans hystérie, et de résoudre la situation. Quoi qu'il en soit, Monsieur le Président, je vous souhaite le plus grand souhait à la tête de l'Union européenne.

 
  
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  Pasqualina Napoletano (PSE).(IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, nous avons suivi l'initiative de l'Union pour la Méditerranée, qui sera l'objet du sommet de dimanche prochain à Paris, et nous espérons qu'elle sera un succès.

Je tiens toutefois à clarifier certaines choses. Cette initiative vise à renforcer la dimension multilatérale du partenariat euro-méditerranéen. Cela me semble juste, et je suis donc d'avis que nous devons suivre cette direction. En revanche, je considère qu'il y a une politique qui nécessite un examen critique, celle du voisinage avec les pays du sud, car la politique de voisinage met en concurrence des pays qui sont très divisés. Nous devons donc mettre l'accent sur l'intégration entre ces pays, d'une part, et entre ces pays et l'Europe, d'autre part, notamment en canalisant des ressources.

Je peux vous dire ouvertement, Monsieur le Président du Conseil, que nous n'avons vraiment pas apprécié – et je le dis aussi au Président Barroso –, que vous ayez mis un terme au financement du programme Audiovisuel Méditerranée, le seul instrument de coproduction culturelle. Vous avez dit qu'il y a une exception culturelle européenne mais j'ajouterais, Monsieur le Président, qu'il y a une exception culturelle euro-méditerranéenne. Sur les vingt plus grands intellectuels du monde, on en trouve un grand nombre de culture musulmane et un très grand nombre d'euro-méditerranéens dans les dix premiers.

Alors laissez-nous nous entraider pour mettre en place des politiques qui permettent vraiment de changer la vie d'un grand nombre d'habitants de ces pays, en particulier des jeunes et des femmes, qui placent leurs espoirs dans l'Europe. Nous n'avons pas besoin de brillants étudiants: nous devons changer la réalité de cette relation et le Parlement est prêt à coopérer avec votre présidence si vous avez l'intention d'avancer dans ce sens.

 
  
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  José Ignacio Salafranca Sánchez-Neyra (PPE-DE).(ES) Monsieur le Président, les priorités de la Présidence française de l'UE sont des priorités réalistes qui, à mon sens, sont de nature à répondre à ce qu'a souligné M. Durão Barroso, le Président de la Commission européenne, aux critiques selon lesquelles l'Europe serait impuissante, incapable de répondre aux préoccupations quotidiennes de nos concitoyens: le problème constitutionnel, les prix des produits alimentaires et de l'énergie, l'Europe de la défense et l'immigration.

Le décès d'un migrant dans un camion frigorifique dans le tunnel sous la Manche ou, comme cela s'est produit il y a tout juste quelques heures, jeté par-dessus bord d'un bateau à destination des Canaries, est l'une des plus grandes tragédies contemporaines. C'est un grave problème auquel l'Union européenne doit apporter d'urgence une réponse adaptée.

M. Daul, le président de mon groupe politique, le PPE-DE, a parlé de la nécessité de mobiliser la volonté politique et je crois que ce n'est vraiment pas ce qui manque à cette Présidence.

Mais, Monsieur le Président, s'il faut de la volonté politique, cela ne saurait suffire: les circonstances comptent aussi, et même si elles sont transitoires, conjoncturelles ou temporaires, tant qu'elles existent, elles nous conditionnent, elles nous limitent, et je me félicite du fait que le Président Sarkozy ait dit qu'il faille transformer les circonstances en opportunités.

Je regrette que Monsieur Schulz ne soit pas présent parmi nous en ce moment car lorsqu'il a évoqué la question de sport, cela m'a rappelé une circonstance particulière, m'a fait penser que j'aimerais bien que le maillot jaune revienne encore à un Espagnol, comme ce fut le cas lors de la première étape du Tour de France.

Vous avez raison, Monsieur le Président du Conseil, de dire que le sport doit avoir une dimension européenne, plusieurs parlementaires m'ont d'ailleurs chargé de vous demander de bien vouloir étudier l'éventualité que les sportifs et sportives français qui vont participer aux Jeux olympiques, dont nous avons parlé ici aujourd'hui, portent un emblème européen à côté du drapeau national, pour que les autres États membres puissent se joindre volontairement à cette initiative.

Monsieur le Président du Conseil, nous espérons que la Présidence française sera capable d'unir les forces et de forger des consensus pour que, comme vous l'avez proposé, l'Union européenne puisse résolument avancer durant votre présidence.

 
  
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  Harlem Désir (PSE).(FR) Monsieur le Président, Monsieur le Président du Conseil, vous avez voulu placer votre présidence sous l'égide de l'Europe qui protège et je crois qu'il y a effectivement une attente très forte des citoyens européens. Mais c'est pourquoi il y a là contradiction – et vous avez compris le message clé du groupe des socialistes européens – avec le fait que la dimension sociale de la construction européenne n'ait pas été élevée au statut d'une des quatre grandes priorités de votre présidence.

En effet, comme on l'a vu notamment lors des derniers référendums, les peuples sont interrogés sur des institutions, sur des traités, mais en fait ils répondent sur le cours de la construction européenne et finalement, sur les politiques de l'Europe. Et je crois que le déséquilibre qui s'est créé ces dernières années, entre les avancées de la construction économique, qui se sont poursuivies et c'est un bien, et la stagnation de la dimension sociale, est aussi à l'origine de ce désamour entre les peuples et l'Union, de cette désaffection vis-à-vis des institutions européennes.

C'est pourquoi le problème n'est pas de dire que l'Europe doit se mêler de tout le social mais le problème est qu'à partir du moment où il y a un marché unifié, y compris un marché du travail, il doit y avoir des normes communes pour lutter contre des disparités qui, autrement, mènent au dumping social et pour faire en sorte que les éléments de convergence portent vers le haut, vers le meilleur, plutôt que de tirer les situations sociales vers le bas.

La Commission vient de publier un Agenda social mais si le Conseil ne s'engage pas sur des sujets concrets – vous avez parlé de l'Europe concrète – pour renforcer les pouvoirs des comités d'entreprise européens, pour protéger les travailleurs intérimaires, pour renforcer la directive sur le détachement des travailleurs, pour – et cela il faut l'ajouter – qu'il y ait une directive sur la protection des services publics et des services sociaux d'intérêt général, alors il n'y aura pas de réponse à ce besoin de protection.

Une de vos priorités est l'Europe de l'immigration, mais l'Europe de l'immigration ne peut pas se réduire à une Europe des expulsions. C'est pourquoi il faut y ajouter un pacte pour l'intégration – nous en avons parlé avec le ministre Hortefeux – et un pacte pour le développement. Vous revenez du G8; l'Europe et un certain nombre de pays membres, dont la France, ont été montrés du doigt pour ne pas avoir respecté leurs engagements en matière d'aide publique au développement. Faites en sorte que, pendant votre présidence, cet engagement de tendre vers 0,7 % du PIB soit respecté, et ce sera plus efficace que l'indigne «Directive retour», pour contribuer à mieux gérer l'immigration internationale.

 
  
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  Jerzy Buzek (PPE-DE). - (PL) Monsieur le Président, Monsieur le Président du Conseil, Monsieur le Président de la Commission, je suis d'accord avec le Président du Conseil. C'est un moment difficile pour l'Europe. Chacun de nous le ressent, moi y compris. Lorsque j'étais en charge des négociations d'adhésion de mon pays à l'Union européenne, j'ai fait tout ce que j'ai pu pour faire en sorte que la future coopération européenne produise des résultats positifs. J'aimerais également souligner qu'aujourd'hui, heureusement, les Polonais soutiennent sans problème l'UE et le traité. Une majorité considérable du parlement polonais a voté pour le traité, et près de 80 % des Polonais sont favorables à l'appartenance à l'UE.

Je partage l'appréciation réalisée par le Président du Conseil. Nous devons agir pour et au nom de nos concitoyens. La priorité pour nous, politiques, c'est le paquet énergie-climat, mais nous devons faire tout notre possible pour éviter que son application ait des incidences pour les Européens en termes de prix élevés et de perte de compétitivité de notre économie. Ce paquet doit être adopté assez rapidement, mais il ne serait pas bon de faire passer la rapidité avant la réflexion. Notre paquet doit apporter la preuve de notre rôle de leader dans la lutte contre le réchauffement de la planète. Je conviens qu'il faut le faire d'abord à Poznañ puis à Copenhague, mais ce paquet ne servira de modèle pour personne, personne ne le suivra si l'économie européenne sort perdante de sa mise en œuvre. Je suis donc ravi de constater que vous avez conscience de ces risques, Monsieur le Président du Conseil, et que vous pensez que les principes du système d'échange de quotas d'émission, car c'est bien de cela dont il s'agit surtout, seront restructurés en toute bonne foi. Nous avons de l'expérience. Le règlement REACH a été modifié de manière significative par le Parlement, avec la participation du Conseil et de la Commission, au bénéfice de tous. Nous pouvons poursuivre sur la même voie.

Monsieur le Président du Conseil, qu'il me soit permis de vous féliciter de prendre les rênes de l'Europe. Je vous souhaite le plus grand succès sur les deux plus importants dossiers du semestre à venir: le traité et le paquet énergie-climat.

 
  
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  Enrique Barón Crespo (PSE).(FR) Monsieur le Président, Monsieur le Président du Conseil, vous devez prendre par les cornes le taureau du doute sur Lisbonne; la France a déjà une longue expérience dans l'art de tantôt faire avancer, tantôt faire reculer la construction européenne. Je vous demande de trouver une sortie pour les Irlandais, tout en respectant la volonté de l'écrasante majorité des Européens qui compte aussi.

Et je vous signale que, sur le plan du social, il y a, dans le traité de Lisbonne, la charte des droits fondamentaux, il y a le modèle social européen. Ainsi, par exemple, plus d'un million de signatures ont déjà été recueillies auprès de handicapés européens – un foyer sur quatre – qui tiennent au traité parce qu'il élimine des discriminations séculaires. Vous avez donc un soutien derrière vous pour pouvoir aller de l'avant et intégrer le modèle social.

Concernant l'immigration, vous vous êtes adressé à la gauche. Mais vous reconnaîtrez aussi que des gouvernements de gauche ont eu des idées qui vous ont permis de préparer un paquet moins fermé et plus progressiste, que, je crois, le Parlement peut encore améliorer, mais il faut travailler d'arrache-pied à cette question.

Et puis aussi, Monsieur le Président – et cela a un rapport direct avec l'immigration – vous avez parlé de la PAC, mais vous n'avez pas mentionné Doha; or il est quand même important que l'Europe unie soit capable de trouver une sortie et de répondre aux objectifs du Millénaire. Parce que, tout ça, c'est le même paquet; il s'agit d'exploiter notre capacité économique pour faire avancer toute l'humanité.

 
  
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  Stefano Zappalà (PPE-DE).(IT) Monsieur le Président, Monsieur le Président du Conseil, Mesdames et Messieurs, en tant que président de la délégation italienne du groupe du Parti populaire européen (démocrates-chrétiens) et Démocrates européens, je suis ravi que vous ayez repris la barre de l'Europe et suis satisfait de ce que vous avez dit. Vous rayonnez d'enthousiasme et de fierté. Vous croyez et faites que les gens croient en une institution, l'Europe, qui se heurte à nombre de problèmes et qui a vraiment besoin de dirigeants qui soient sages, clairvoyants et avertis, comme vous avez démontré l'être vous-même.

L'Italie a toujours entretenu avec la France de profonds liens culturels et sociaux: ces deux pays ont fait de grands sacrifices pour fonder et construire l'Europe, dont tous les membres ont à présent le devoir de développer. Tous ceux qui travaillent au sein de cette institution connaissent les difficultés que l'on peut rencontrer pour faire avancer le processus de développement et d'intégration, car ce processus se construit entre des peuples qui ont une histoire et une culture différentes, un statut social différent et des traditions différentes. Les positions politiquement opportunistes que M. Schulz a exprimées à l'instant au sujet de l'actuelle popularité du gouvernement italien ne facilitent certainement pas les choses. Mais c'est un processus qu'il faut faire avancer en dépit des déceptions qu'il implique parfois.

Le traité de Lisbonne, un excellent traité, en est au point d'arrêt, et il faudra beaucoup de volonté politique pour le ranimer, sans marginaliser ceux qui ne l'ont pas compris. Mais je suis d'accord avec ce que vous avez dit: avant tout nouvel élargissement, nous devons définir de nouvelles règles sans laisser l'Irlande à l'écart. Il faut réguler les flux migratoires vers l'Europe, et en particulier vers certains États membres, dont mon propre pays et les pays du bassin méditerranéen principalement, et les considérer comme un problème commun plutôt que comme une raison d'opérer des distinctions, voire même d'exploiter la situation en pénalisant les pays qui font déjà tant de sacrifices. Il faut protéger les citoyens de nos pays et bâtir l'intégration sur une base raisonnable.

Monsieur le Président du Conseil, le gouvernement et le peuple italiens portent un regard attentif et confiant sur votre mandat, avec la certitude que l'histoire et la condition sociale que vous représentez aujourd'hui insuffleront un élan d'espoir et de développement à l'Europe.

 
  
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  Zita Gurmai (PSE). - (HU) J'ai trois remarques à faire en tant qu'unique oratrice originaire du côté est du mur de Berlin. C'est avec déception que je constate que le Président n'a pas abordé la question de l'égalité des chances dans son intervention. Mais heureusement, Monsieur le Président, nous, les femmes des sept partis politiques, avons décrit précisément ce que nous voulons dans une lettre: c'est la fleur, c'est notre fleur pour vous, cher Président.

Premier point: je me félicite des efforts que la Présidence française entend consentir au niveau européen au nom de l'égalité sociale entre les hommes et les femmes mais, dans le même temps, la fermeture des institutions locales chargées de l'égalité des chances me semble contradictoire. Serait-ce qu'il est recommandé d'appliquer au niveau européen une politique différente de celle de la France?

Deuxième point: le Président a annoncé aux citoyens français la création d'infrastructures pouvant accueillir 350 000 enfants sur les cinq prochaines années. C'est une mesure importante en ce sens où elle favorise l'égalité des chances entre les hommes et les femmes sur le marché du travail en leur offrant la possibilité de concilier vie professionnelle et vie familiale. La qualité, le caractère économiquement abordable et l'accessibilité de ces infrastructures d'accueil pour tous sont essentiels en tant qu'instrument d'égalité des chances et d'intégration.

En ce qui concerne la vie familiale, pensez-vous, Monsieur le Président du Conseil, que les femmes pourront concilier activité professionnelle et famille si elles travaillent 65 heures par semaine? Les femmes sont plus vulnérables sur le lieu de travail et ne sont généralement pas syndiquées.

Oui, nous avons besoin d'une politique européenne commune de l'immigration, mais celle-ci doit prendre en considération les droits et les obligations des citoyens et des immigrés. La politique de l'immigration doit être assortie d'une politique d'intégration prévoyant l'octroi de la nationalité du pays d'accueil. Merci beaucoup.

 
  
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  Ioannis Varvitsiotis (PPE-DE). - (EL) Monsieur le Président, j'aimerais m'adresser directement au Président du Conseil pour lui dire: j'attendais avec beaucoup d'intérêt votre intervention d'aujourd'hui. Je suis à présent convaincu que vous ferez des vagues durant votre semestre de présidence.

Le monde entier est confronté à l'une des plus graves crises économiques de ces dernières décennies, mais l'Europe connaît aussi ses propres crises.

Il est évident que l'Europe à 27 ne peut pas fonctionner avec les règles de l'Europe des Quinze. C'est de là que provient la crise institutionnelle que l'Europe traverse aujourd'hui. Il est tout aussi évident qu'il y a des États membres qui ne veulent pas d'unification politique, qui ne veulent pas que la vision de nos prédécesseurs se concrétise. C'est une crise d'identité. La crise institutionnelle sera résolue, mais comment résoudre la crise d'identité?

Je crains qu'il n'y ait qu'une solution: les États membres qui sont pour l'harmonisation politique devraient avancer, en laissant derrière ceux qui ne voient l'Europe que comme une union économique. Je crains en effet qu'en n'optant pas pour cette solution, l'Europe cesse tôt ou tard d'être un acteur sur la scène internationale.

Les crises peuvent conduire à faire de grands pas en avant, mais seulement si on en a le courage. Et je crois que vous avez aussi bien la vision que le courage. Alors, soyez courageux!

 
  
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  Othmar Karas (PPE-DE).(DE) Monsieur le Président, Monsieur le Président du Conseil, j'approuve pleinement les grandes orientations que vous avez présentées. Je crois que vous êtes le Président qu'il nous faut en cette période extrêmement difficile, car vous êtes à la fois sensible aux préoccupations des citoyens et résolu à diriger pour réconcilier. Lorsque vous avez répondu aux questions, vous avez pris vos responsabilités, vous avez appelé un chat un chat. Vous n'avez pas fui mais, au contraire, affronté vos responsabilités.

Je tiens en particulier à insister sur votre profond attachement à la démocratie parlementaire. Cet attachement est particulièrement important de nos jours car dans plusieurs États membres, y compris le mien, l'Autriche, nous avons assisté à la mise en échec de la démocratie parlementaire par la démocratie directe, d'où l'incapacité des parlements à intervenir dans les affaires européennes. Luttons ensemble pour la démocratie parlementaire et contre sa mise en échec.

(Applaudissements)

J'ai également apprécié le fait que vous ayez directement évoqué la lâcheté ou, devrait-on dire, la duplicité d'un grand nombre de gouvernements et de membres de gouvernement face à leurs responsabilités européennes communes, car cette duplicité est une des principales causes du manque de confiance et des accusations réciproques auxquelles il faut mettre un terme. Nous ne demandons pas à chacun d'être plus courageux, mais simplement d'être honnête et d'agir selon certains principes.

J'aimerais évoquer trois autres sujets. Le premier, c'est votre position sur le traité. Vous ne restez pas figé, vous n'attendez pas l'Irlande, vous poursuivez le processus de ratification tout en vous occupant de l'Irlande. J'ai la ferme conviction que nous ne trouverons un arrangement avec l'Irlande qu'à partir du moment où les 26 autres États membres auront ratifié le traité.

Mais nous ne devons pas pour autant tenir la Croatie à l'écart. Je me réjouis de votre engagement d'ouvrir tous les chapitres d'ici la fin de l'année. Il nous faut également un calendrier pour la Macédoine. J'invite aussi le Conseil à se prononcer sur le Small Business Act lors de son sommet du mois de décembre puisque ce domaine relève principalement de la compétence des États membres. C'est d'un texte juridiquement contraignant dont nous avons besoin, pas d'une autre déclaration politique publique.

 
  
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  Genowefa Grabowska (PSE). - (PL) Monsieur le Président, j'ai des bonnes nouvelles à vous communiquer concernant la Pologne. Le parlement polonais tient aujourd'hui un débat qui conduira à l'adoption d'une résolution exhortant le Président polonais à se conformer à son devoir constitutionnel et à signer le traité de Lisbonne. C'est le souhait du peuple polonais, qui soutient à 80 % l'Union européenne et est ravi d'en être membre. Citez-moi un autre État où le soutien à l'UE est si élevé. Cela montre que la Pologne remplira ses obligations concernant le traité.

Sur un autre sujet, j'ai une demande à vous faire, Monsieur le Président. Vous serait-il possible d'inscrire la situation des enfants dans l'Union européenne à l'agenda de la Présidence française et de désigner un défenseur des enfants sur le modèle du Commissaire européen aux droits de l'homme? Nous invitons le Conseil à parvenir à un accord et à accepter cette institution dont l'Europe a tant besoin.

 
  
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  Hartmut Nassauer (PPE-DE).(DE) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, si je devais résumer le débat de ce matin, je dirais qu'il est bien que ce soit la France qui exerce la présidence en ce moment, et qu'il est bien pour vous, Monsieur le Président Sarkozy, d'occuper le poste de Président du Conseil. Cela aura été une bonne journée pour l'Europe et pour ce Parlement, car cela faisait longtemps que nous n'avions pas eu devant nous quelqu'un qui parle de l'Europe avec passion, et pas seulement avec de bons arguments. C'est peut-être simplement de cela dont nous avons besoin pour convaincre les Irlandais et regagner la confiance de nos concitoyens: de passion et d'un esprit de discernement, ce qui implique que l'Europe se fixe des limites.

J'aimerais également vous donner la «recette du succès»: nous n'avons pas seulement besoin du traité en Irlande, mais aussi d'une nouvelle culture de subsidiarité. Nous avons besoin que l'Europe ait des frontières par rapport au reste du monde, mais aussi à l'intérieur de son territoire. Une nouvelle culture de subsidiarité renouvellera l'adhésion au projet européen; je suis tout à fait d'accord avec le Président Barroso sur ce point. Bonne chance, Monsieur le Président Sarkozy.

 
  
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  Marian Harkin (ALDE). - (EN) Monsieur le Président, je souhaite la bienvenue à Monsieur le Président Sarkozy au Parlement européen. J'ai évidemment apprécié sa contribution réfléchie et bien argumentée.

En tant que parlementaire irlandaise, je l'accueillerai aussi chaleureusement lorsqu'il se rendra en Irlande en sa qualité de Président de l'UE, en sa qualité de Président qui prend des mesures concrètes pour améliorer la vie des citoyens, comme ses priorités nous l'ont clairement fait comprendre.

J'ai également apprécié ses commentaires concernant la sécurité alimentaire et la nécessité de trouver un juste équilibre lorsque l'on impose des règlements et des restrictions à nos propres entreprises, à nos propres agriculteurs. Comme il l'a dit lui-même, l'Europe doit protéger sans être protectionniste.

J'ai senti son attachement à l'Europe dans son intervention et dans sa voix. Tout comme un très grand nombre d'Irlandais, je partage cet attachement. Il a parlé de surmonter nos difficultés. Cela demandera du temps et nécessitera des compromis de toutes les parties. Il ne peut être question de délais.

Ayant milité pour le «oui», je sais qu'il sera d'accord avec moi pour dire qu'un «non» irlandais est tout aussi légitime qu'un «non» français, néerlandais ou danois. On doit le respecter de la même façon pour pouvoir avancer ensuite. On peut progresser. J'attends ces progrès avec impatience, et souhaite le plus grand succès à la nouvelle présidence.

 
  
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  Jan Tadeusz Masiel (UEN).(FR) Monsieur le Président, Monsieur le Président du Conseil, la Présidence française vient d'énumérer ses objectifs. Je lui souhaite du succès. L'objectif suprême qui est devant vous, c'est le renforcement de l'Union européenne et de son pouvoir d'action. Dans cet esprit, la non-ratification du traité de Lisbonne serait une chance ratée. L'Europe a besoin de la France, surtout en ce moment difficile, de la France qui s'est convertie, avec vous, Monsieur le Président Sarkozy, après le référendum français.

Ce n'est pas la Pologne, hélas, qui fait avancer l'Europe aujourd'hui mais, un jour, ce sera le cas, et bientôt, je le crois. Je souhaite pour vous que la Présidence française, avec ses politiques d'intégration européenne, d'immigration voulue, d'élargissement aux Balkans, et pas forcément à la Turquie, redonne aux Européens la confiance en l'Europe et le goût de l'Europe.

 
  
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  Gay Mitchell (PPE-DE). - (EN) Monsieur le Président, il aura fallu 700 ans à l'Irlande pour réussir à faire sortir les Britanniques de la République d'Irlande, et il faut que je vienne ici pour entendre ceux que nous avons jetés dehors nous dire sans arrêt ce que nous devrions faire en Irlande. C'en est trop pour moi. Veuillez laisser le peuple irlandais prendre les décisions qui concernent la République d'Irlande.

Deuxièmement, j'aimerais dire au Président de la République française que s'il veut faire changer les Irlandais d'avis, il n'a qu'à emmener M. Le Pen avec lui. Cela suffira largement à les faire changer d'avis.

J'ai été directeur des élections du Fine Gael, qui est affilié au Parti populaire européen, pour quatre référendums européens - l'Acte unique européen, le traité de Maastricht, le traité d'Amsterdam et le traité de Lisbonne -, et je tiens à vous dire que le traité de Lisbonne était perdu pour diverses raisons. Les citoyens ne l'ont pas compris; le gouvernement est au pouvoir depuis 1994; des politiques comparaissent devant des commissions d'enquête; le gouvernement en place et les partis de l'opposition – l'establishment politique – voulaient qu'il soit approuvé. Il y avait des craintes concernant la défense et la conscription, l'avortement et l'euthanasie – avec la mise à disposition de seringues par des membres de cette Assemblée –, la fiscalité, l'emploi et l'immigration. Tout ceci a en grande partie été orchestré par les extrémistes de droite et de gauche.

Je n'ai qu'une chose à dire au Président du Conseil. Préparez-vous à votre visite en Irlande. S'il est important que vous contribuiez à faire évoluer la situation en Irlande, alors veuillez vous y préparer et soyez prêt à écouter. Vous serez fort bien accueilli, mais la situation étant complexe et difficile, il faudra du temps pour la résoudre.

 
  
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  Adrian Severin (PSE).(FR) Monsieur le Président, les Européens placent beaucoup d'espoir dans la Présidence française. Cet espoir devra être bien géré. Il faut que la Présidence évite d'alimenter à la fois les rêves irréalistes et les peurs déraisonnables, y compris dans les pays voisins et les pays candidats.

En ce qui concerne le traité de Lisbonne, les encouragements diplomatiques à la ratification ne sont pas suffisants. Il faut que la Présidence contribue à l'élaboration d'une stratégie de sortie ou de sauvegarde, pour le cas où les choses tourneraient mal. Pour éviter le pire, il faut montrer d'emblée que nous sommes prêts à affronter le pire.

Pour conclure, deux mots sur le dangereux phénomène de la renationalisation de l'Europe. Le national-populisme est la plus effrayante expression de ce phénomène. Il se trouve d'ailleurs à l'origine de la propagande en faveur du «non» irlandais, de la xénophobie raciale en Italie mais aussi de la rhétorique sur le caractère national des politiques sociales. Soit l'Europe sera sociale, soit elle s'effondrera. J'espère que la Présidence française sera sensible aussi à cet aspect des choses.

 
  
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  Le Président. (DE) Je suis désolé, mais je ne peux plus donner la parole à d'autres orateurs. Nous avons déjà largement dépassé le temps qui nous est imparti. Je remercie vivement Monsieur le Président Sarkozy ainsi que, bien sûr, Monsieur le Président Barroso de nous avoir consacré un peu de leur temps aujourd'hui. Je vais donc conclure en donnant la parole à Monsieur le Président Barroso, puis à Monsieur le Président Sarkozy.

 
  
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  José Manuel Barroso, Président de la Commission. (FR) Monsieur le Président, je commencerai par me joindre très brièvement aux félicitations exprimées par l'immense majorité des députés qui ont pris la parole: félicitations pour la conviction, l'enthousiasme, l'énergie, la volonté politique que le Président Sarkozy a manifestés ici aujourd'hui et dont, je suis sûr, lui-même et ses ministres et collaborateurs feront preuve tout au long de la présidence française.

Je vous dirai que, pour moi, ce n'est pas du tout une surprise. J'étais absolument convaincu que ce serait une très bonne nouvelle que la France puisse assumer la responsabilité de la présidence du Conseil en cette période particulièrement difficile. Bien sûr, le Président Sarkozy et nous tous aurions préféré que l'horizon soit plus dégagé sur le plan institutionnel, mais je crois que c'est précisément dans ces moments difficiles qu'on peut voir la capacité politique et qu'on peut mesurer toute l'importance d'une volonté politique forte.

Je suis pour ce débat politique démocratique. J'ai dit à maintes reprises que nous devons assumer politiquement les différences, la pluralité des points de vue qui existent par exemple ici, au sein de ce Parlement. Il faut savoir exprimer ces différences, car l'Europe est différente d'un système politique national. Dans nos systèmes politiques nationaux démocratiques, chaque fois qu'il y a une discussion politique, même parfois très polarisée, on ne met pas en question la légitimité même de l'État, tandis que très souvent en Europe, quand nous, ceux qui sommes pour l'Europe, exprimons avec vigueur ces oppositions, nous devons affronter ceux qui sont contre l'Europe et qui explorent toutes sortes de populismes pour nuire à nos institutions et compromettre ce grand projet de paix et de solidarité qu'est le projet européen.

(Applaudissements)

C'est pourquoi il faut vraiment savoir exprimer tous ces points de vue, mais en renforçant le camp favorable à l'Europe en cette période particulièrement difficile. Nous avons, soyons clairs, les élections européennes de juin 2009. Si les différentes forces politiques européennes et les différentes institutions européennes ne travaillent pas la main dans la main avec une position constructive, alors nous donnerons des arguments à ceux qui, dans les extrêmes, veulent exploiter le populisme, la xénophobie, le nationalisme, en établissant une correspondance entre nationalisme et patrie, ce qui est une erreur. D'ailleurs, je cite très souvent un grand auteur français qui disait: «Le patriotisme, c'est l'amour des siens; le nationalisme, c'est la haine des autres».

Nous pouvons aimer notre patrie et, en même temps, défendre avec conviction notre projet européen, comme l'a dit tout à l'heure le Président Sarkozy. Donc, j'espère que le débat qui se déroulera pendant ces six mois pourra renforcer les institutions européennes, pourra renforcer aussi notre projet pour une Europe d'avenir.

Je tiens à répondre à une question concrète. C'est la seule question concrète qui m'ait été posée; les autres, bien sûr, je les laisse au Président Sarkozy qui a beaucoup plus de compétences que moi-même pour les traiter. Cette question concrète était celle de Mme Napolitano à propos du programme Euromed en matière culturelle.

Je tiens à vous informer que le programme actuel, ce programme culturel relatif à Euromed, bénéficie encore d'une dotation de 15 millions d'euros pour cette année. Pour 2009-2010, c'est vrai, rien n'est encore décidé, mais il y a une pression forte sur les dépenses extérieures et, dans ces cas-là, ce qui se passe, très franchement, c'est que les pays tiers concernés tendent à privilégier la coopération bilatérale au détriment des enveloppes régionales. C'est donc une question dont il convient de discuter avec les pays Euromed. Et, précisément, l'un des aspects intéressants de l'initiative de la France visant à créer une Union pour la Méditerranée, que d'ailleurs j'ai soutenue dès le premier moment, c'est d'apporter un élément de coopération régionale plus forte.

Parfois, on me demande ce que l'Union pour la Méditerranée apporte de plus par rapport au processus de Barcelone. C'est, bien sûr, un élément de plus grande appropriation politique, c'est aussi un upgrading politique, notamment grâce au sommet bisannuel, mais c'est aussi la dimension apportée par des projets concrets régionaux et, je l'espère aussi maintenant, par des projets très concrets auxquels on pourra ajouter une dimension du secteur privé plus forte car il nous faut encore plus de ressources.

Voilà, c'est dans ce domaine concret que nous travaillons et, pour conclure, je ne tiens qu'à dire: «Bonne chance la France, bonne chance, mon cher ami Président Sarkozy!».

(Applaudissements)

 
  
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  Le Président.(FR) Je voudrais remercier Monsieur le Président Barroso ainsi que le Vice-président Jacques Barrot pour leur présence ininterrompue pendant 3 heures.

 
  
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  Nicolas Sarkozy, Président en exercice du Conseil. (FR) Monsieur le Président, je voudrais d'abord préciser qu'il m'apparaît naturel, quand on a l'honneur d'être le Président du Conseil en exercice, d'être devant le Parlement autant d'heures que le Parlement européen le souhaitera. Pas simplement le premier jour de la Présidence mais, je vous le dis, Monsieur le Président du Parlement européen, comme je le dis à chacun des présidents de groupe et à la Conférence des présidents, si vous souhaitez, à un moment ou à un autre de la Présidence, que je vienne, je suis à la disposition du Parlement. Il faut jouer le jeu des institutions européennes.

Le Parlement européen s'est inscrit au cœur de la démocratie parlementaire. Ce n'est pas une affaire de disponibilité, c'est une affaire de priorité. La Présidence a besoin du Parlement européen, elle est donc à sa disposition.

(Applaudissements)

Je voudrais dire, naturellement en m'excusant auprès des orateurs, un mot à chacun. Je voudrais dire d'abord à M. Bushill-Matthews que je suis de ceux qui pensent que l'Europe a besoin du Royaume-Uni. Je n'ai jamais été de ces Européens ou de ces Français qui pensaient qu'on devait se méfier, si peu que ce soit, de nos amis anglais. L'Angleterre peut apporter beaucoup plus qu'elle ne le croit elle-même à l'Europe. L'Angleterre, c'est l'ouverture sur le monde anglo-saxon, c'est la première langue du monde, c'est un dynamisme économique, démontré toutes ces dernières années. Je dis à nos amis conservateurs britanniques: «pensez bien que l'Europe a besoin de vous, que vous y avez toute votre place, et qu'une Europe avec les Anglais, un pied dedans et un pied dehors, ça serait une Europe affaiblie». L'Angleterre est une grande nation. Elle n'a rien à craindre de l'Europe et l'Europe a beaucoup à attendre de l'Angleterre.

Je voudrais dire à M. Poignant – il m'a percé au plus profond de moi-même, il a donc compris que j'aimais la politique et que le Parlement était un peu comme mon jardin –, oui Monsieur Poignant, le Parlement, c'est le lieu de la démocratie, et je ne respecte pas et je ne comprendrais pas ces responsables politiques qui ne seraient pas heureux de s'exprimer et de défendre leurs idées au berceau de la démocratie parlementaire. J'espère que, dans votre remarque, il y avait comme un regret, et non comme un trop-perçu sur l'harmonisation du marché du travail.

C'est comme pour Harlem Désir d'ailleurs; je vous rejoins parfaitement, je suis contre une harmonisation totale, parce que les peuples refuseraient. En revanche, des règles minimums dans le cadre d'un marché du travail, dans le cadre même d'un marché unique économique, c'est parfaitement naturel.

Soyons conscients, les uns et les autres, des difficultés. Prenez l'Autriche par exemple, dirigée par un Premier ministre et un gouvernement socialistes; ils vous expliqueront que l'âge de la retraite, c'est 65 ans, et que les durées de cotisation, c'est 45 ans. Vous savez quelles difficultés j'ai eues à porter la cotisation à 40 ans, et le soutien du parti socialiste français ne m'a pas été acquis spontanément.

Alors expliquez-moi un peu comment, ayant eu autant de difficultés pour obtenir 40 ans de cotisation en France, il suffirait que je sois Président de l'Europe, pendant six mois, pour en faire une priorité, pris entre les 45 ans de cotisation en Autriche et les 40 ans en France. Comment faire? Il y a loin du rêve à la réalisation, mais c'est peut-être là la différence entre le parti socialiste français et le parti socialiste européen. Il m'arrive de me sentir plus proche du parti socialiste européen que du parti socialiste français; je confesse ma faute, sans doute pour m'en excuser.

(Intervention hors micro de Monsieur Martin Schulz)

 
  
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  Le Président. (DE) Ce n'est pas comme ça que ça marche. Ce n'est pas à vous de dire qui a la parole. Le temps de parole ne peut être réparti entre le groupe socialiste au Parlement européen et le Président du Conseil. Monsieur le Président Sarkozy, permettez-vous que Monsieur Schulz vous pose une question? Si c'est le cas, je lui donnerai la parole.

 
  
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  Nicolas Sarkozy, Président en exercice du Conseil. (FR) Monsieur le Président, oui, à condition que je ne prenne pas une balle perdue dans un débat allemand/allemand.

 
  
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  Martin Schulz (PSE).(DE) Merci, Monsieur le Président, c'est très gentil de votre part. Monsieur le Président Sarkozy, je me réjouis de ce que vous souhaitiez vous rapprocher ainsi du socialisme. Puisque vous avez vivement soutenu les positions des sociaux-démocrates allemands dans votre intervention et que vous vous êtes ainsi distancié de la Chancelière Angela Merkel, je vous propose de procéder de la manière suivante. Si vous vous sentez si bien parmi les sociaux-démocrates européens, venez d'abord goûter à la social-démocratie allemande et nous vous rapprocherons progressivement de la social-démocratie française pour faire finalement de vous un vrai camarade.

 
  
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  Le Président. (DE) Monsieur Schulz, tout ceci ne concerne pas tant la camaraderie que le respect des procédures auxquelles nous tenons en Europe.

 
  
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  Nicolas Sarkozy, Président en exercice du Conseil. (FR) Monsieur le Président, vous remarquerez que j'ai déjà un socialiste à ma droite, mais il y a une place pour un socialiste à ma gauche.

(Applaudissements)

Vous savez, Mesdames et Messieurs, je ne pense pas que ce que nous faisons soit du temps perdu parce que je pense que la démocratie au niveau européen peut être débarrassée de la violence qu'elle a parfois au niveau national. En effet, le niveau européen permet à chacun de prendre un peu de distance avec les contingences électorales qui sont brutales, souvent injustes et toujours difficiles et, finalement, le fait que l'on puisse, dans une enceinte comme la vôtre, parler en souriant et en se respectant, c'est peut-être aussi comme ça qu'on fera aimer l'idéal européen et que chacun pourra se l'approprier. En tout cas, pour moi, ce n'est pas du temps perdu, que M. Poignant et M. Schulz le comprennent bien.

Mme De Sarnez a tout à fait raison. Il faut changer notre politique du développement en permettant de faire de l'agriculture vivrière une priorité. C'est parfaitement indispensable; il faut que les pays d'Afrique aient les moyens de devenir autosuffisants en matière alimentaire, et il faut sans doute qu'une partie de l'argent que nous avons consacré au développement de grandes infrastructures soit investie dans des microprojets sur l'agriculture. C'est un point sur lequel je partage pleinement votre avis.

Vous m'avez également appelé à défendre une vision de l'Europe. Je partage cette ambition. J'espère que vous serez aussi généreuse pour me conseiller sur le contenu de cette vision. Et vous savez parfaitement bien que, là aussi, entre le grand idéal un peu désincarné et tous les dossiers techniques de la vie quotidienne, le problème pour chacun d'entre nous consiste à décider en permanence où on met les grandes idées qui passent parfois au-delà du quotidien difficile de nos citoyens et où on met la résolution du problème technique qui influe sur leur vie quotidienne. Ce n'est pas si simple; en tout cas, je m'y essayerai.

Pour vous répondre, Monsieur Brian Crowley, oui, il faut le développement pour éviter l'immigration clandestine. D'ailleurs, la meilleure réponse à la question de l'immigration, chacun en est conscient, c'est le développement. Il y a 475 millions de jeunes Africains qui ont moins de 17 ans, et il y a 12 km par le détroit de Gibraltar entre l'Europe et l'Afrique. Le désastre de l'Afrique sera le désastre de l'Europe. Il n'y aura aucune barrière, aucune frontière qui y résistera. Il faut donc bien une politique du développement. Là aussi, il est bien difficile de trancher entre le multilatéralisme et le bilatéralisme. C'est un sujet considérable; j'ai l'intention d'y accorder beaucoup d'attention.

M. Irujo m'a parlé de la diversité linguistique. Je suis parfaitement d'accord, y compris, – si j'ai bien compris, vous n'aimez pas l'expression «langue régionale» – en ce qui concerne les langues officielles. Je suis de ceux, voyez-vous, qui pensent que c'est un grand service à rendre. Ce serait un grand service à rendre à tous les mouvements dits autonomistes ou indépendantistes que de leur donner le monopole de la défense des langues régionales. Et c'est une erreur très grave. Je le dis pour la Corse, République française; il y a des gens qui sont Corses, qui aiment la Corse, et qui au village, parlent le corse; ça ne met pas en cause l'unité nationale. Et donc, la diversité linguistique est, à mes yeux, aussi importante que la diversité culturelle. D'ailleurs, il n'y aura pas de diversité culturelle s'il n'y a qu'une seule langue.

Monsieur Nigel Farage, j'ai bien aimé votre intervention, mais je vais vous dire une chose: vous étiez bien contents de me trouver, vous les Anglais, pour fermer Sangatte, parce que c'est quand même moi qui ai fermé Sangatte, et c'est vous qui me l'avez demandé. Y compris quand on est un Anglais qui aime son pays, on ne peut pas résoudre tout seul les problèmes d'immigration et, moi, je dois vous dire que la France n'a pas l'intention d'être le garde-frontière de l'Angleterre. Permettez-moi de vous dire que c'est bien beau de dire: «chez moi, je ne veux pas de carte d'identité, je ne veux pas de politique d'immigration commune», mais n'empêche que vous êtes bien contents que les étrangers en situation irrégulière, on les arrête en France pour que vous ne les ayez pas en Angleterre. L'Angleterre, pas plus que la France, ne peut se débrouiller toute seule.

J'ajoute, Monsieur Nigel Farage, que les Polonais, je les respecte, mais ce n'est pas vous qui étiez dans mon bureau pour négocier, avec un certain nombre de collègues, le traité de Lisbonne. Nous étions à Bruxelles, et qui y avait-il dans mon bureau? Pas le Premier ministre Tusk car le Premier ministre à l'époque, c'était le frère de M. Kaczynski. Il y avait le Président Kaczynski et je dis une chose: c'est un homme en qui j'ai confiance, c'est un homme que je respecte. Mais en Europe, quand on appose sa signature, si on commence par ne pas la respecter, il n'y a plus d'Europe, il n'y a plus rien du tout, il n'y a plus de négociations. Quand l'un d'entre nous engage son pays, à Bruxelles, il doit l'engager chez lui aussi. J'ai dit cela, ni plus ni moins.

(Applaudissements)

C'est parfaitement respectueux des Polonais: Monsieur Farage, la Pologne, je crois que je l'ai défendue. Le Président Barroso pourra en parler mieux que quiconque. Nous avons besoin de la Pologne, mais nous avons besoin aussi du respect de la parole donnée.

Madame Margie Sudre, merci de votre soutien, je partage en tous points votre analyse, et je vous en remercie profondément. M. Rasmussen, dont j'ai bien compris qu'il était le numéro 1, – et je vois à peu près qui peut être le numéro 2 –, je voudrais vous dire que l'exemple danois est un bon exemple de pays qui a su faire un chemin, et cela me permet de répondre à tous les orateurs sur la question irlandaise.

Bien sûr qu'il ne faut pas forcer la main aux Irlandais et qu'il faut les respecter, mais il faut avoir le courage de dire à nos amis irlandais: «Vous devez aussi respecter les autres pays qui ont ratifié. Nous n'avons aucune leçon à vous donner, mais pensez que les autres aussi ont une opinion à formuler et que, forcément, à un moment donné, il faudra se retrouver sur un chemin commun. L'Europe ne veut pas continuer sans vous, mais l'Europe ne peut pas s'arrêter uniquement à cause de vous.» Je le dis avec tout le respect que j'ai pour un pays qui a voté «non».

Nous les Français, nous vous avons valu bien des problèmes et bien des difficultés, mais il faudra bien qu'à un moment donné, on sorte de cette situation où chacun se regarde en attendant que l'autre prenne une initiative. La Présidence française, avec la Présidence de la Commission et avec la Présidence du Parlement européen, il faudra bien qu'on prenne une initiative. Après, les uns ou les autres diront oui ou diront non. Moi, je pense qu'il y a une solution, mais elle n'est certainement pas dans l'immobilisme et dans la situation qui consistera à dire: «on attend et on laisse le temps faire». Moi, je pense que le temps travaille contre nous, que cela fait des années que l'Europe attend et qu'elle n'a pas intérêt à continuer à attendre. On trouvera cette solution, j'en suis persuadé, comme les Danois l'avaient trouvée.

Madame Silvana Mehrin, j'ai été très touché de votre appréciation sur «homme à femmes». Je vous laisse maître du contenu; je ne sais pas exactement ce que cela signifie en vérité et je me garderai bien d'aller sur ce terrain-là. Je ne voudrais pas que vous vous mépreniez. L'Europe à plusieurs vitesses, je sais qu'elle existe. Nous ne sommes pas tous dans l'euro, et nous ne sommes pas tous dans Schengen. Mais enfin, avant de faire une Europe institutionnelle à plusieurs vitesses, j'aimerais qu'on essaie d'y aller tous, et ne reprochez pas à la Présidence d'avoir l'ambition d'emmener tout le monde. Parce que si, avant même d'avoir commencé, Madame, on dit: «De toute manière, ce n'est pas grave, laissons derrière», un jour, on négocie une exception sociale pour les Britanniques, un autre jour, on négocie une exception institutionnelle pour les Irlandais, un troisième jour, on négociera une exception pour les Polonais. À ce moment-là, je crains que nous n'en arrivions à une situation où tous les pays demanderont, à juste titre, une exception, et où sera l'Union européenne? Où sera le projet que les pères fondateurs ont porté sur les fonts baptismaux? Voilà ce que je dis. Peut-être qu'on sera obligé d'y venir, mais alors, j'aimerais qu'on y vienne après avoir essayé d'emmener toute la famille.

Je dis, d'ailleurs, pour ceux qui craignent pour la Croatie que moi, bien sûr, je suis partisan qu'on continue les négociations, et je considère que ce serait une grave erreur que de fermer la porte de l'Europe aux Balkans parce que les Balkans ont besoin de la paix, de la démocratie que l'Union peut leur apporter, mais je ne reviendrai pas sur le débat de Lisbonne.

Je voudrais dire à M. Bielan que je ne veux pas menacer l'Irlande; d'ailleurs j'en serais bien incapable et ça ne me viendrait même pas à l'idée. D'ailleurs, je m'y rends pour écouter mais, en même temps, que chacun comprenne. C'est un peuple qui dit dans les sondages à 80 % qu'il est pour l'Europe; il y a quand même quelque chose à faire avec lui sans le menacer.

La TVA sur les carburants, c'est une proposition française; je ne veux l'imposer à personne. J'attire simplement votre attention sur le fait que ma conviction, c'est que le pétrole va continuer à augmenter. Il faut avoir le courage de le dire à nos concitoyens.

Il y a 3 % de production de pétrole en moins chaque année en raison de l'épuisement de la ressource et 2 à 3 % de consommation de pétrole en plus, du fait de la croissance des pays émergents. Ma réflexion, c'est simplement que la TVA est une fiscalité proportionnelle sur les prix. Si demain, le pétrole est à 175 dollars le baril, pourra-t-on continuer, sans rien dire, à prélever 20 % proportionnels sur un baril qui explose? C'est une question que je veux poser. Avec la Présidence de la Commission, nous ferons rapport à ce sujet au mois d'octobre. J'essaierai de pousser dans le sens de mes convictions, et on verra bien quel sera le résultat.

Sur l'Ukraine, il y aura un sommet, nous ferons avancer les choses. Il faut encourager l'Ukraine sur le chemin de la démocratie, il faut l'associer à l'Union européenne. L'Ukraine, ce n'est pas rien, c'est 42 millions d'habitants. Ce n'est pas une petite décision. Pour l'instant, nous en sommes à l'association, mais celui qui se promène dans les rues de Kiev voit bien qu'il s'agit d'une capitale européenne.

Monsieur Werner Langen, je voudrais vous remercier de vos compliments, qui m'ont beaucoup touché. La référence à Tony Blair me fait plutôt plaisir. Je ne sais pas si vous l'avez fait pour cela, mais je considère que Tony Blair est un des hommes d'État qui a fait beaucoup pour l'Europe, qui a fait beaucoup pour son pays, et franchement, je ne sais pas si ça le gênerait que je dise ça, mais sur bien des sujets, je trouve que c'est en tout cas un homme qui a redonné du crédit, de la force, au débat politique anglais et au débat politique européen. Je pense qu'en Europe, on a besoin de leaders, et qu'incontestablement, Tony Blair, à son époque, a été l'un de ces leaders.

Voilà qui va me marquer un peu plus à gauche, encore que je n'observe pas que, de ce côté-là de l'échiquier politique, on dise toujours des compliments de M. Blair.

Oui, Monsieur Goebbels, les autres doivent faire des efforts et c'est bien toute la question qui sera posée dans la négociation sur le climat, mais l'Europe doit montrer l'exemple. Je ne suis pas naïf en disant cela. Je pense qu'on est plus crédible quand on fait soi-même ce qu'on demande aux autres de faire. Certains peuvent me dire qu'il vaut mieux attendre. Moi, je pense qu'il faut prendre le risque de l'action. Au fond, Monsieur Goebbels, ma philosophie politique consiste à dire que rien n'est pire que l'immobilisme. Le pire des risques, c'est celui qui consiste à n'en prendre aucun.

Monsieur Jean-Marie Cavada, vous avez parfaitement raison, il faut répondre aux peurs. Merci de votre soutien.

Quant à l'Union pour la Méditerranée, je voudrais dire qu'il n'y a, dans mon esprit, à la suite du Président Barroso, aucune critique du processus de Barcelone. Je voudrais quand même dire une chose. Barcelone, c'était une très bonne intuition, mais il y avait un problème au Sommet de Barcelone. C'est que d'après mes souvenirs, il y avait un seul chef d'État arabe, le Président Abou Mazen. Comment voulez-vous faire l'Union pour la Méditerranée, rapprocher la rive nord de la rive sud, si la rive sud ne vient pas?

Au Sommet de Paris, je parle sous le contrôle de Bernard Kouchner, il y aura la totalité des chefs d'État arabes. C'est peut-être une différence anecdotique, mais pour moi, elle est fondamentale.

Je voudrais dire également à M. Zahradil qu'il ne s'agit pas de faire une crise à propos de Lisbonne, mais il ne faut pas non plus faire comme si rien ne se passait. Il ne s'agit pas de dramatiser, mais en même temps, c'est quand même ennuyeux que les trois derniers référendums sur l'Union européenne se soient terminés par un vote négatif, certes pour d'autres raisons, mais il n'en reste pas moins que ce n'est pas un signal extrêmement encourageant, c'est le moins que l'on puisse dire.

Madame Napoletano, je ne lui répondrai pas puisque le Président Barroso lui a bien répondu.

Monsieur Salafranca Sánchez-Neyra, oui, il faut une dimension européenne du sport et, pour ma part, je ne verrais que des avantages à ce que, dans les statistiques sur les Jeux olympiques, on comptabilise les statistiques nation par nation, mais qu'il y ait une colonne spécifique pour les médailles européennes. Ce serait une façon de montrer que nous existons également dans l'Europe du sport.

Monsieur Désir, je vous ai répondu concernant les normes sur le marché du travail. Sur la politique sociale, on a un fameux débat. Il ne suffit pas de faire les 35 heures pour gagner les élections, et il ne suffit pas de faire les 35 heures pour avoir une vraie politique sociale. J'ajoute que si j'ai eu tant de mal à démonter le côté automatique et rigide des 35 heures en France, c'est justement au nom de l'harmonisation européenne, car aucun autre pays ne vous avait suivis sur ce chemin-là. Aucun. Pas un seul. Y compris les gouvernements socialistes européens. Donc, voyez-vous, j'aime bien volontiers qu'on appelle à l'harmonisation sociale, mais je voudrais dire à nos amis socialistes français que l'harmonisation sociale consiste à ne pas défendre en France des idées qu'aucun autre ne défend en Europe, parce que cela, c'est une exception, et notre pays en souffre.

Je voudrais remercier M. Jerzy Buzek pour l'engagement européen de la Pologne. Je n'ai jamais douté, jamais, de l'engagement européen de la Pologne. La Pologne, c'est un des six pays les plus peuplés d'Europe, et c'est justement pour cela que je dis au Président Kaczynski qu'on a besoin de sa signature, parce que la Pologne n'est pas n'importe quel pays en Europe. C'est un pays extraordinairement important, c'est un symbole, et naturellement, il faut réduire la crise institutionnelle à la seule question de l'Irlande.

Monsieur le Président Barón Crespo, Doha, oui, je l'ai dit au Président Barroso, je l'ai dit à Gordon Brown, mais enfin, Doha, pas à n'importe quel prix. Je voudrais défendre deux idées qui me tiennent à cœur. D'abord, on me dit que, s'il n'y a pas d'accord, il n'y a pas de croissance. Excusez-moi, mais cela fait sept ans qu'il n'y a pas d'accord. Et pendant six ans, le monde a connu une croissance sans précédent. L'accord à l'OMC est préférable au non-accord. Mais qu'on ne vienne pas dire que sans accord, il ne peut pas y avoir de croissance. Pendant six ans, on en a eu.

Deuxièmement, quand j'entends ce que dit le Président Barroso, quand j'entends ce que dit le Premier ministre du Canada, et même Angela Merkel; ils disent aujourd'hui que le compte n'y est pas. Que le Brésil n'a fait aucun effort sur la baisse des barrières tarifaires dans l'industrie, qu'il n'y a aucun effort sur les services. Et que dire de la fermeture du marché chinois? Il n'y a pas d'exception française de ce point de vue. D'abord, en tant que Président du Conseil, je dois défendre loyalement la position de l'Union. Mais la position de l'Union, je n'ai entendu personne, même pas le gouvernement britannique, dire qu'il faut signer en l'état actuel de la négociation. Nous sommes donc unanimes en Europe, même si ce n'est pas pour les mêmes raisons, à dire qu'en l'état actuel des choses, le compte n'y est pas, que l'Europe a fait tous les efforts, que l'Europe ne peut pas continuer à faire des efforts si les autres grandes régions du monde ne sont pas décidées à avancer. De ce point de vue, il me semble que nous sommes tous d'accord.

Je voudrais dire à M. Zappalà que je le remercie de son soutien à la politique d'immigration européenne, à Mme Gurmai que je suis très attaché à l'égalité entre les femmes et les hommes, mais je ne sais pas si sa remarque m'était également adressée. Mais enfin, le fait qu'elle soit hongroise est déjà pour moi déjà un atout incontournable.

Je voudrais dire à M. Varvitsiotis que je suis parfaitement conscient qu'il y a une crise de l'identité européenne, et peut-être d'ailleurs que le Parlement européen, sur cette question, pourrait aider toutes les institutions. Pourquoi ne pas imaginer qu'il y ait un vrai débat, Monsieur le Président Pöttering, sur ce qu'est l'identité européenne? Et ce sujet d'identité européenne est un sujet du débat parlementaire européen, bien plus encore qu'un sujet de chef d'État ou de gouvernement. Et peut-être même que le Parlement européen pourrait organiser des débats sur le sujet. Nous viendrons, à ce moment-là, donner notre opinion. Moi je pense que c'est davantage au Parlement de définir l'identité européenne qu'aux gouvernements qui sont confrontés naturellement aux affaires quotidiennes de la gestion, chacun au niveau de leur grand pays. S'il y a bien un lieu où on doit définir ce qu'est l'identité européenne, je le crois – j'espère que le Président Barroso sera d'accord – ce n'est pas au Conseil européen, ce n'est pas à la Commission, c'est d'abord au Parlement européen.

Je voudrais répondre à M. Karas, qui me dit qu'il faut faire preuve de doigté. Oui, ça j'ai compris, j'essaierai d'en faire preuve. J'espère que, de son côté, il ne doutait pas que mon tempérament ne m'empêchait pas de faire preuve de doigté. Il ne s'agit pas simplement d'être mou pour être habile, ou d'être dynamique pour être maladroit. Peut-être même qu'on peut à la fois être dynamique et adroit, en tout cas, merci de m'avoir donné l'occasion d'en faire la démonstration.

(Vifs applaudissements)

 
  
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  Le Président. (DE) Merci, Monsieur le Président Sarkozy. Cela fait 29 ans que je suis député au Parlement européen et je ne crois pas qu'un autre Président du Conseil ait déjà consacré trois heures et demie à un débat au Parlement et répondu à chaque intervenant. Nous attendons votre prochaine visite avec impatience.

Ce point est clos.

Déclarations écrites (article 142)

 
  
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  Roberta Alma Anastase (PPE-DE), par écrit. (RO) La France assume la présidence de l'Union européenne à un moment crucial où l'Europe est à la recherche de réponses adaptées aux nombreux défis à caractère stratégique.

La France a pour mission d'assurer la poursuite du processus de ratification du traité de Lisbonne, de se centrer sur le domaine de l'énergie et de consolider la politique de sécurité et de défense de l'Union européenne. Je soutiens ces priorités de la Présidence française et espère que leur mise en œuvre sera un succès.

En tant que membre de la commission des affaires étrangères et rapporteur sur la coopération dans la région de la mer Noire, j'aimerais insister sur un aspect important à promouvoir dans le cadre de la politique étrangère de l'UE. Je me félicite de l'initiative de la France visant à consolider la politique européenne de voisinage, mais j'insiste sur le fait que sa dimension orientale devrait faire l'objet de la même attention et de la même implication que la dimension méditerranéenne.

Cet objectif devrait s'appliquer à la fois aux relations bilatérales, dans le cadre des négociations sur les futures relations contractuelles de l'UE, et aux relations multilatérales, dans le cadre de l'initiative «Synergie mer Noire».

Enfin, puisqu'elle exerce la présidence durant l'Année européenne du dialogue interculturel, la France devrait poursuivre les actions menées dans ce domaine.

 
  
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  Jean-Pierre Audy (PPE-DE), par écrit.(FR) Mes premiers mots sont pour saluer l'engagement européen du président en exercice du Conseil, Nicolas Sarkozy, et sa vision face aux défis actuels de l'Union.

Je soutiens l'affirmation politique selon laquelle de nouvelles institutions basées sur le traité de Lisbonne sont indispensables, en l'absence desquelles il serait irresponsable d'envisager de nouvelles adhésions. L'Europe des résultats doit prendre en compte les attentes des citoyens et apparaître comme une solution, et non un problème.

Je soutiens l'idée d'avoir un mécanisme aux frontières permettant une concurrence loyale et non faussée prenant en compte l'impact des mesures environnementales liées aux questions d'énergie/climat.

De même, la priorité d'une politique européenne de l'immigration légale est une nécessité humaine, économique et sociale. Je félicite Brice Hortefeux pour son excellent travail sur le pacte européen pour l'immigration.

Sur la défense européenne, les positions courageuses du Président permettront d'avancer sur ce difficile dossier, notamment par l'implication des soldats de tous les peuples, et en soutenant l'émergence d'une industrie européenne de l'armement.

Le Président a raison de défendre la PAC qui n'a jamais été aussi nécessaire.

Enfin, je soutiens la nécessité d'un meilleur dialogue politique avec la BCE, pour avoir une gouvernance économique européenne adaptée aux exigences planétaires d'aujourd'hui.

 
  
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  Alessandro Battilocchio (PSE), par écrit. (IT) Merci, Monsieur le Président. Je souhaite tous mes meilleurs vœux de réussite à Monsieur le Président Sarkozy durant ces six mois durant lesquels le sort du Conseil sera entre ses mains. Malheureusement, l'avenir de l'UE s'assombrit: le vote paradoxal des Irlandais (l'Irlande étant devenue, grâce à des financements européens, le «Tigre celtique» que nous connaissons), la crise gouvernementale en Autriche, les déclarations du Président polonais, tous ces signes sont inquiétants. Nous devons trouver la force et la capacité de relancer une voie européenne pour susciter un regain d'enthousiasme et d'émotion chez les citoyens qui perçoivent encore l'Union comme quelque chose de distant et d'assez abstrus. Je profite de l'occasion pour offrir une piste de réflexion au Président du Conseil: pour rapprocher les citoyens de l'UE, il faut envoyer des signaux concrets. Ce serait formidable si la Présidence française pouvait lancer un débat sérieux en vue de régler la question des deux sièges du Parlement. Concentrons toutes les activités à Bruxelles pour éviter d'avoir à nous rendre une fois par mois à Strasbourg, où les locaux pourraient être utilisés à d'autres fins, pour le centre d'excellence technologique par exemple. Ce déplacement représente en effet un énorme gaspillage injustifié de ressources financières et énergétiques.

 
  
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  Ivo Belet (PPE-DE), par écrit. – (NL) La Présidence française a fixé les bonnes priorités, comme le climat, l'immigration et la défense, mais j'aimerais me centrer sur un aspect auquel on s'intéresse moins et qui est pourtant extrêmement important pour nos jeunes et pour tout le domaine du sport en Europe.

La Présidence française soutient la règle du «6 + 5», qui restreint le nombre de joueurs étrangers. Les objectifs sont satisfaisants: il s'agit d'obliger les clubs à investir plus dans la formation de leurs jeunes pour ainsi contribuer à rétablir l'équilibre compétitif. Ce Parlement est d'accord à 100 % sur ces objectifs.

D'où notre soutien à la règle sur le nombre minimum de joueurs formés par chaque club qui, quoique de manière plus modeste, vise les mêmes objectifs. La question est de savoir si la règle du «6 + 5» peut être applicable au niveau européen. Cette règle n'est pas compatible avec le principe de libre circulation des travailleurs et ne peut s'appliquer que par dérogation au traité sur l'UE, dérogation que nous sommes loin d'être disposés à accepter. Il n'est d'ailleurs pas du tout certain que la Cour de justice puisse accepter une telle chose, pas même à la lumière du nouvel article sur le sport que comporte le traité de Lisbonne.

Nous, députés au Parlement européen, souhaitons nous associer à la recherche d'une solution qui soit profitable au football. Nous demandons simplement une solution solide, une solution qui ne sème pas la pagaille dans le football. Nous n'avons nullement besoin d'un deuxième Bosman.

 
  
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  Ilda Figueiredo (GUE/NGL), par écrit.(PT) Le Président Sarkozy a consacré environ un tiers de son intervention à défendre le traité de Lisbonne, à continuer à faire pression sur l'Irlande et à lui faire du chantage, oubliant les règles mêmes de l'Union européenne qui exigent, pour qu'un nouveau traité entre en vigueur, sa ratification par tous les États membres. Eh bien, si une majorité d'Irlandais l'a rejeté, cela veut dire que le traité est mort. Il ne faut pas poursuivre les ratifications. Insister sur la ratification du traité est anti-démocratique.

Une autre priorité concerne le renforcement de la politique de l'immigration, dans le cadre de laquelle il convient particulièrement de mentionner la directive «retour», cette directive de la honte qui méprise les droits fondamentaux de l'homme et traite les immigrés clandestins, non pas comme des personnes qui, fuyant la faim dont elles souffraient dans leur pays, sont en quête d'un avenir meilleur pour elles-mêmes et leur famille, mais comme des criminels.

Il n'a été tenu aucun compte du social. Le Président Sarkozy a tout à fait conscience de l'opposition que suscitent la proposition de modification de la directive sur le temps de travail, ainsi que les propositions que le Conseil a approuvées et transmises au Parlement européen et qui visent à affaiblir les droits des travailleurs, en ouvrant la voie à un allongement de la durée moyenne du travail à 60 ou 65 heures par semaine, à la déréglementation du travail et à une baisse des salaires.

 
  
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  Bogdan Golik (PSE), par écrit. (PL) J'espère vivement que ce semestre de Présidence française sera caractérisé par des efforts efficaces et fructueux au bénéfice de tous les citoyens d'une Europe unie.

Je tiens à insister sur l'importance considérable que revêt l'agriculture pour la Communauté européenne. En Pologne, par exemple, plus de 17 % des salariés travaillaient dans l'agriculture en 2005. L'agriculture revêt une importance indirecte pour les États membres – je pense surtout au problème de la sécurité alimentaire dans le contexte de la hausse des prix des produits alimentaires sur les marchés mondiaux.

J'espère que la Présidence française apportera une solution aux différents litiges concernant le modèle agricole européen. L'Europe ne dispose pas d'un climat ni de conditions agraires de nature à lui permettre de cesser complètement de verser des aides à ses agriculteurs. Le coût de production de la viande, du lait ou des céréales sera toujours plus élevé sur notre continent qu'en Amérique du Sud, aux États-Unis ou en Australie. Il ne faut pas oublier que ces pays aussi aident leurs agriculteurs.

Pour ma part, je considère que les prix plus élevés des produits agricoles créent une opportunité de développement de l'agriculture européenne. Il existe toutefois le risque que les intermédiaires interceptent le revenu supplémentaire; autrement dit, une hausse des prix alimentaires provoque une augmentation disproportionnée du coût de la production agricole. Résultat: le gain supplémentaire est absorbé par les intermédiaires.

L'agriculture reste un secteur économique important. Ses conditions de fonctionnement ont évolué, mais les grandes priorités – assurer un revenu décent aux agriculteurs et la sécurité alimentaire – restent les mêmes.

 
  
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  Pedro Guerreiro (GUE/NGL), par écrit.(PT) Après avoir dupé son peuple en déclarant qu'il respecterait la volonté exprimée lors du référendum organisé en 2005 – qui a rejeté la «Constitution européenne» –, tout en persévérant en proposant un «mini-traité» reprenant fondamentalement le contenu du traité rejeté, mais en le présentant sous une forme différente afin d'éviter un nouveau référendum, Sarkozy se trouve à présent en charge du processus lancé par Angela Merkel, c'est-à-dire chargé de chercher une fois de plus à imposer le traité fédéraliste, néolibéral et militariste qui a déjà été rejeté trois fois.

Compte tenu de l'aggravation de la crise du capitalisme, les grandes entreprises et les grandes puissances européennes, en particulier la France et l'Allemagne, cherchent une issue en faisant avancer leurs politiques fédéralistes, néolibérales et militaristes ainsi que ce projet de traité, en cherchant à consolider les fondements d'un super-État pour renforcer les mécanismes d'intervention impérialiste en étroite collaboration avec les États-Unis et l'OTAN.

Et elles n'hésitent pas à utiliser tous les moyens de pression et de chantage possibles (élargissement, l'Europe à deux vitesses, etc.) pour parvenir à leurs fins. Sourde, muette et aveugle devant la volonté exprimée par le peuple irlandais, l'UE conspire pour que l'Irlande organise un autre référendum en 2009, avant même les élections au PE.

 
  
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  Gyula Hegyi (PSE), par écrit. (HU) L'une des tâches les plus importantes de la Présidence française consistera à coordonner les obligations des États membres en matière de lutte contre le changement climatique. Il est très important de réduire les émissions de gaz à effet de serre au niveau de l'Union. On peut y parvenir en prenant le protocole de Kyoto au sérieux, en réduisant les émissions de manière progressive et significative par rapport au niveau de 1990, conformément aux dispositions du protocole.

Il serait scandaleux que les États membres qui n'ont pas réduit mais plutôt augmenté leurs émissions entre 1990 et 2005 soient aujourd'hui récompensés par l'Union européenne et qu'ils continuent de bénéficier de cet avantage qui est contraire au protocole de Kyoto. Il serait encore plus scandaleux de punir, par l'imposition de nouvelles restrictions, les États membres qui, comme la Hongrie par exemple, prennent le protocole de Kyoto au sérieux et ont l'honnêteté de réduire leurs émissions. J'espère que la Présidence française n'acceptera jamais que le protocole de Kyoto soit bafoué de la sorte ni que les nouveaux États membres, dont ma patrie, soient victimes de discrimination négative.

 
  
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  Mieczysław Edmund Janowski (UEN), par écrit. (PL) Je tiens à remercier le Président français d'avoir évoqué dans son intervention un grand nombre des problèmes fondamentaux de l'UE. Il est vrai que nous devons trouver un moyen de sortir l'Europe de sa crise. Ce n'est guère une consolation que le monde entier se trouve pour ainsi dire dans une situation critique. Cette situation revêt une importante dimension économique et sociale. Je veux parler de la faim qui menace un grand nombre de régions du monde compte tenu de la flambée des prix alimentaires, de la sécurité énergétique, mais aussi de l'état de l'environnement. Le système financier mondial devient de plus en plus instable. Pourquoi est-ce que j'insiste là-dessus? Parce que nous n'avons pas être satisfaits de nous. Les quelque 500 millions de citoyens de l'UE représentent aujourd'hui moins de 8 % de la population mondiale et, d'ici 40 ans, cette proportion atteindra à peine le seuil électoral de 5 %. Notre vision européenne ne doit donc pas négliger les valeurs de plus haut rang liées à la préservation de la civilisation euro-atlantique. Il y a donc aussi une dimension éthique.

Dans chaque pays de l'UE, il faut donc bien s'occuper de la famille qui est, certes une toute petite communauté, mais à la fois la pierre angulaire de toute la Communauté européenne. Nous ne devons jamais perdre cela de vue, sous peine de nous écarter de la réalité, comme c'est le cas à présent, en qualifiant abusivement de «mariage» des unions qui n'en sont pas. Il est vrai que nous avons besoin de nouveaux cadres juridiques, mais il faut que les citoyens puissent les comprendre. Les citoyens de l'UE sont les destinataires des mesures prises par le Parlement, le Conseil et la Commission. Nous ne faisons que leur rendre service. C'est précisément sous cet angle que nous envisageons le cas de l'Irlande.

 
  
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  Filip Kaczmarek (PPE-DE), par écrit. (PL) Comme chacun s'y attendait, la question de la ratification du traité de Lisbonne est devenue une des priorités de la Présidence française. Mais, à la surprise de la plupart des observateurs, le personnage principal du début de la Présidence française est la Pologne ou, pour être plus précis, le Président polonais, Lech Kaczyñski. Je ne comprends pas les arguments invoqués par le Président de la Pologne pour justifier son refus de signer les documents de ratification du traité de Lisbonne. Le traité a été ratifié par le Sejm et le Sénat. Aucun événement de nature à retarder la signature du Président ne s'est produit. Le traité n'a pas, par exemple, été renvoyé à la cour constitutionnelle. Il semblerait plutôt que nous soyons face à un cas de manque de respect à l'égard du parlement et de violation d'un accord passé avec le Premier ministre, Donald Tusk. Je partage l'avis du Président du Conseil selon lequel ce n'est pas une question de politique, mais une question d'éthique. La Pologne a négocié le traité, la Pologne a signé le traité et, en vertu du droit international, la Pologne est tenue de procéder à sa ratification. J'espère très sincèrement que la situation évoluera bientôt quant à la ratification du traité et que les attitudes se seront nettement améliorées d'ici la fin de la Présidence française.

 
  
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  Eija-Riitta Korhola (PPE-DE), par écrit. (FI) Monsieur le Président, je respecte la volonté claire du Président en exercice du Conseil, Nicolas Sarkozy, d'adopter une attitude ambitieuse à l'égard du paquet énergie-climat et d'obtenir une convention à cet égard durant la Présidence française. J'espère qu'il s'agit surtout de placer enfin les défis du changement climatique au cœur de la politique.

J'aimerais quand même rappeler au Président du Conseil la gravité de la tâche: le système d'échange de quotas d'émission est un instrument de marché très important qui concerne tant de personnes que nous ne pouvons pas nous permettre d'aspirer à un calendrier politique qui s'éternise au détriment de l'environnement et du développement durable. Sinon, la France pourrait finir par se faire jeter des œufs, ce dont elle ne pourrait certainement pas être fière.

Le mois dernier, j'ai organisé un séminaire durant lequel des organisations environnementales, des instituts de recherche et d'autres organismes concernés par le système d'échange de quotas d'émission ont pu exprimer leurs points de vue sur ses effets économiques. Le message qu'ils m'ont fait passer est clair: la proposition de la Commission fera augmenter les coûts de manière significative sans profiter à l'environnement dans des proportions comparables. Je fais référence à l'analyse inquiétante qui a été faite par McKinsey sur le sujet. Il faut améliorer le système d'échange de quotas d'émission. La situation est grave. L'industrie européenne, qui a bien géré ses propres affaires, ne pourra pas nous resservir de cobaye à moins de négliger le fonctionnement du système. Mieux vaut ne pas réussir ce que l'on cherche à accomplir qu'accomplir des échecs.

Je crois que nous pouvons obtenir un bon résultat en temps voulu moyennant certaines adaptations indispensables. Les pieuses promesses et les pieux espoirs n'empêcheront pas les émissions de carbone s'ils ne sont pas intégrés dans la directive. Nous devons rester fermes sur les obligations tout en sachant que la procédure est tout à fait négociable. Au Parlement, nous avons présenté un large front en réponse à la façon dont la Commission a abordé les possibilités examinées. Je vous demande d'en prendre connaissance, Monsieur le Président du Conseil.

 
  
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  Marian-Jean Marinescu (PPE-DE), par écrit. (RO) Monsieur le Président, vous avez présenté un programme extrêmement ambitieux que, je l'espère, vous réussirez à mettre en application.

Le pacte pour l'immigration est une priorité nécessaire pour pouvoir réduire l'immigration clandestine et bâtir une politique commune de l'immigration légale.

J'aimerais tout de même insister sur un point que vous devriez prendre en considération avant de lancer les mesures prévues: le pacte devrait comporter un ensemble de mesures tenant compte des restrictions qui sont imposées à l'égard des travailleurs originaires de certains nouveaux États membres sur le marché du travail européen.

Il n'est pas normal que les migrations économiques en provenance des pays tiers l'emportent sur la libre circulation entre les États membres de l'Union.

Il y a, dans certains États membres, des dispositions transitoires qui réglementent l'accès des citoyens européens au marché du travail.

Il existe le risque que les citoyens européens soient désavantagés par rapport aux ressortissants des pays tiers suite à l'entrée en vigueur de la politique de l'immigration légale.

Je tiens d'ailleurs à féliciter la France qui a fait un premier pas en ce sens le 1er juillet en ouvrant son marché du travail aux citoyens des États qui ont adhéré à l'Union en 2004.

J'espère que la Roumanie et la Bulgarie bénéficieront du même traitement dans les plus brefs délais, et j'encourage les autres États membres à suivre l'exemple de la France.

 
  
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  Nicolae Vlad Popa (PPE-DE), par écrit.(EN) La France a assumé la mission de diriger l'Europe pendant six mois dans le difficile contexte créé par le rejet du traité de Lisbonne par l'Irlande.

Certes, le programme de la Présidence française de l'UE est ambitieux, mais il devrait également tenir compte des attentes de la population. Le dernier sondage Eurobaromètre montre que seulement 52 % des citoyens européens voient l'appartenance de leur pays à l'UE comme une bonne chose. Il faut mettre en place une stratégie pour faire comprendre aux citoyens européens que les intérêts communs sont bien plus importants du point de vue économique et politique que les choses qui nous différencient.

Manifestement, la Présidence française a pour priorité d'identifier le moyen de résorber la faille irlandaise puisque le processus européen doit se poursuivre et que le traité de Nice bloque l'élargissement.

Pour ce qui est de la deuxième priorité de la Présidence française de l'UE – la politique agricole commune et sa préparation aux défis de demain –, il convient de préciser que le système de paiement unique sera applicable en Roumanie à partir de 2013. La Roumanie, également bénéficiaire de la PAC, recevra cette année 735 millions d'euros d'aides directes pour ses agriculteurs.

 
  
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  Martine Roure (PSE), par écrit.(FR) Je limiterai mon propos à deux points:

- Il est absolument impossible de déposer une demande d'asile dans 27 pays. Nous avons le règlement Dublin II qui règle le problème de la responsabilité du pays d'accueil. Par contre, il est vrai qu'il reste des divergences entre États membres pour la reconnaissance de la protection internationale et, là, c'est un vrai problème.

- Le deuxième point que je souhaite aborder, c'est le problème essentiel de la personne humaine dans ce monde. Comment pouvons-nous vivre tous ensemble dans un monde globalisé? Nous devons nous attaquer aux causes profondes qui poussent certaines personnes désespérées à quitter leur pays et, à mon sens, l'équilibre juste entre lutte contre les passeurs, promotion de l'immigration légale et mise en place de politiques de co-développement ambitieuse n'est pas assuré par le pacte européen sur l'immigration.

 
  
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  Katrin Saks (PSE), par écrit. (ET) Cette année est pour l'Union européenne l'occasion de prendre du recul et de voir si les décisions que nous avons prises l'année dernière ont porté leurs fruits. C'est en effet l'année dernière qu'a débuté la mise en œuvre du plan d'action environnement/énergie visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à lutter contre le changement climatique. Nous avons discuté d'une politique européenne commune de l'immigration et entendu il y a peu de temps des témoignages attestant la forte hausse de l'immigration clandestine. Nous avons également abordé les questions de protection: des forces européennes communes mènent des opérations militaires dans le monde entier et nous avons créé en 2004 des groupements tactiques et des unités d'intervention en cas d'urgence.

En la personne de Monsieur le Président Nicolas Sarkozy, la nouvelle présidence a apporté fraîcheur et engagement à la politique européenne, nous a donné l'idée d'un mini-traité et adopté une nouvelle approche à l'égard des nouveaux États membres. Les exemples ne manquent pas. Son esprit d'initiative lui permettra très certainement de lancer ou d'accélérer un grand nombre de projets difficiles.

C'est aussi pour cette raison que je tiens à souligner que le pays qui exerce la présidence ne dirige pas seul les affaires européennes, même s'il a le droit de proposer l'inscription de certains points à l'ordre des travaux. Le fait que la présidence ne soit pas seule responsable des décisions prises au Conseil européen est un point fondamental, et c'est sur cela que la présidence devrait se concentrer, et non sur un parti aux promesses vides. Mais surtout, j'espère vivement que la Présidence française pourra redonner espoir aux Européens au travers de projets spécifiques.

 
  
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  Toomas Savi (ALDE), par écrit.(EN) Monsieur le Président du Conseil, lors du dernier Sommet européen à Bruxelles, il a été question de la création de l'Union pour la Méditerranée – une initiative importante pour toute la région méditerranéenne et une priorité de la Présidence française.

Mais j'espère sincèrement qu'en insistant sur l'Union pour la Méditerranée, cette Présidence ne négligera pas pour autant la région de la mer Baltique et la stratégie pour la mer Noire. La mer Baltique est pour ainsi dire devenue un lac de l'Union européenne, huit États membres en étant riverains depuis 2004. La stratégie concernant la mer Baltique, qui couvre l'environnement, l'économie, la culture, l'éducation et la sécurité, définit un projet durable axé sur le développement de cette région.

Je serais grandement reconnaissant à la Présidence française de bien vouloir prendre le temps de s'occuper des questions liées à la mer Baltique et de faire en sorte que la priorité donnée à la Méditerranée n'accapare pas toute l'attention au détriment de la région de la mer Baltique.

Sachant que la Suède exercera bientôt la présidence de l'UE, il serait raisonnable de commencer à s'occuper de la stratégie pour la mer Baltique afin d'assurer la cohérence entre les présidences.

 
  
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  Silvia-Adriana Ţicău (PSE), par écrit. (RO) La Présidence française assume pour six mois la responsabilité de l'avenir de l'Union européenne.

L'Union a besoin du traité de Lisbonne. Le cadre institutionnel existant, qui exige l'unanimité pour certaines décisions, est un cadre lourd. De plus, le traité de Lisbonne augmente le degré de démocratisation en renforçant les pouvoirs des parlements nationaux et en introduisant la procédure de codécision dans la plupart des domaines.

La Présidence française devrait également faire en sorte que la politique agricole commune permette aux agriculteurs de produire plus.

Avec tous les États membres, la Présidence française devrait trouver des solutions à l'impasse dans laquelle l'Union se trouve depuis le référendum irlandais.

La Présidence française a annoncé ses priorités pour le semestre à venir: climat, immigration, politique agricole commune, défense et sécurité.

L'automne prochain, à Copenhague, l'Union participera à la conclusion d'un accord post-Kyoto avec la communauté internationale. L'Union devrait donner l'exemple dans la lutte contre le changement climatique. Aussi l'adoption du paquet énergie-climat devrait-il être l'un des principaux objectifs de la Présidence française.

 
  
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  Bernard Wojciechowski (IND/DEM), par écrit. – (EN) Nul ne peut expliquer le résultat du référendum irlandais.

Une norme devient une loi dès lors qu'elle a obtenu l'approbation universelle du peuple. Son sens devrait correspondre à la conviction de l'unité de tous. Le penseur Rousseau, votre compatriote qui repose au Panthéon, a écrit que «toute loi que le peuple en personne n'a pas ratifiée est nulle; ce n'est point une loi». Aussi le peuple devrait-il contrôler les gouvernements qui représentent un risque d'usurpation de ses droits. Mais comment le peuple est-il censé exercer ce contrôle avec un instrument qu'il ne comprend pas, avec un instrument dont la structure est aussi compliquée et floue que le récent traité?

Je ne doute pas que, pour paraphraser Dominique de Villepin, dans ce «temple» du Parlement européen, vous souhaitiez apparaître comme le «gardien d'un idéal», comme le «gardien d'une conscience». Je crois quand même que vous vous soucierez plus d'informer l'opinion publique des réalisations communes au service des intérêts européens, ce qui permettra peut-être de détourner l'attention des médias de votre vie privée au profit de votre vie politique.

 
  
  

(DE) (La séance est suspendue à 13 h 40 et reprend à 15 heures.)

 
  
  

PRÉSIDENCE DE GÉRARD ONESTA
Vice-président

 
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