Le Président. – Monsieur Sampaio, Monsieur le haut-représentant pour l’Alliance des civilisations, Mesdames et Messieurs. J’ai le grand honneur et le plaisir d’accueillir M. Sampaio au sein du Parlement européen.
Vous avez visité le Parlement européen en 1988 en tant que président du Portugal. Depuis lors, l’Union européenne a progressé non seulement par le nombre de ses membres, mais aussi du point de vue de ses ambitions et de ses responsabilités.
Je me réjouis en particulier de votre présence parmi nous aujourd’hui en tant que haut-représentant pour l’Alliance des civilisations créée à l’initiative des Nations unies. En cette Année européenne du dialogue interculturel, votre visite revêt une importance particulière pour nous tous.
Par votre travail avec l’Alliance des civilisations des Nations unies, vous contribuez de façon importante à l’amélioration du respect et de la compréhension mutuels entre les nations. Je suis convaincu que votre enthousiasme et votre longue expérience bénéficieront aux nombreuses initiatives que votre organisation promeut dans les domaines de la jeunesse, de l’éducation, des médias et des migrations. L’éducation est particulièrement importante pour le dialogue interculturel, tout comme le secteur des médias et du divertissement.
Le rapport définitif du Groupe de haut niveau relatif à l’Alliance des civilisations contient des propositions détaillées et utiles sur ces deux thèmes. Il demande par exemple le développement de nouveaux matériaux pédagogiques supplémentaires, comme des manuels scolaires mieux adaptés à la promotion de la compréhension mutuelle.
Après tout, le développement réussi du dialogue interculturel ne doit pas se limiter à des mesures visibles mais isolées telles que des symposiums, des déclarations communes ou des gestes symboliques. Dans le cadre de l’Année européenne du dialogue interculturel, l’Union européenne et le Parlement européen se sont efforcés d’aller au-delà d’une simple déclaration d’intentions et de contribuer à une meilleure compréhension entre différentes cultures par le biais d’initiatives spécifiques.
De nombreux personnages importants ont été invités à participer à nos séances plénières, et vous en faites partie.
Il est important aujourd’hui de ne pas limiter ce dialogue interculturel à 2008, mais de le continuer au cours des années à venir et au-delà.
Monsieur Sampaio, nous vous sommes reconnaissants d’avoir pu nous rendre visite aujourd’hui à ce Parlement qui représente 27 pays et près de 500 millions de citoyens. C’est avec grand plaisir que je vous invite maintenant à prendre la parole. Mesdames, Messieurs, je cède la parole à M. Sampaio.
Jorge Sampaio, Haut-représentant de l’ONU pour l’Alliance des civilisations. – (PT) Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire-général, chers députés, Mesdames et Messieurs, j’aurais vraiment aimé prononcer ce premier discours dans ma langue maternelle, le portugais, mais vous comprendrez que dans ma fonction actuelle, je suis tenu d’utiliser une autre langue.
(EN) Vos Excellences, permettez-moi de remercier d’amblée M. Pöttering pour ses souhaits chaleureux de bienvenue. J’ajouterai également que c’est un honneur et un grand plaisir pour moi de m’adresser à cette auguste Assemblée au nom de Son Excellence le secrétaire-général des Nations unies et en ma qualité de haut-représentant pour l’Alliance des civilisations.
Le secrétaire-général avait été invité à s’adresser à cette séance parlementaire, mais il n’a pas pu être parmi nous aujourd’hui. Il m’a demandé de transmettre le message suivant au Parlement européen à propos de l’Année européenne du dialogue interculturel, je cite:
«C’est avec grand plaisir que je salue tous les participants à cette séance importante du Parlement européen sur le dialogue interculturel.
Tout au long de son histoire, l’Europe a connu des conflits armés horribles souvent basés sur les préjugés et la haine. Mais ce continent a également été une terre fertile pour certaines des innovations, des créations artistiques et des avancées scientifiques les plus remarquables que le monde ait connues. L’énorme diversité de l’Europe et sa position géographique stratégique, au centre des routes de migration anciennes et nouvelles, en ont fait un lieu important d’interaction interculturelle et de dialogue entre les religions. Sa relation étroite avec ses voisins de l’autre côté de la Méditerranée fait de l’Europe un pont important entre les civilisations.
Comme de nombreuses autres régions du monde, l’Europe est confrontée à de nombreux défis dans sa promotion du dialogue interculturel. Les migrations, l’incertitude économique et les tensions politiques créent des tensions entre les différents groupes culturels, ethniques et religieux. Mais c’est précisément votre région, où des contacts constructifs à travers les siècles ont permis à l’humanité de faire des progrès considérables, qui présente des opportunités de réconciliation et de coopération.
La séance spéciale d’aujourd’hui est porteuse de grandes promesses. Je vous invite à tirer le maximum de cette opportunité et à mener des projets économiques communs, des programmes d’échanges d’étudiants et d’autres initiatives qui contribueront à améliorer la vie des citoyens et qui créeront un rempart contre l’intolérance, le fondamentalisme religieux et l’extrémisme.
Les Nations unies joueront leur rôle pour soutenir et compléter vos efforts, en Europe comme ailleurs.
L’Alliance des civilisations est l’un des principaux outils dont nous disposons pour ce travail. Son objectif est de lutter contre les divisions croissantes entre les sociétés en réaffirmant un paradigme de respect mutuel entre les peuples. Elle vise également à susciter des actions communes dans ce but. Parmi les initiatives majeures de l’Alliance, je citerai le Fonds de solidarité pour la jeunesse destiné à promouvoir le dialogue et le «Global Expert Finder», qui permet d’identifier des observateurs capables de faire la lumière sur des questions potentiellement délicates.
«Si c’était à refaire, je commencerais par la culture.» Ces paroles célèbres sont généralement attribuées à Jean Monnet, qui a travaillé sans relâche à l’unification de l’Europe. Elles restent tout à fait d’actualité.
La tolérance interculturelle, le dialogue, le respect et la compréhension doivent être les piliers du monde meilleur que nous nous efforçons de construire. Votre engagement déterminé envers cet objectif est encourageant.
Dans l’intérêt des personnes innombrables qui vivent entre les extrêmes et qui aspirent à la dignité et à la paix, nous devons travailler ensemble pour que le dialogue interculturel puisse porter ses fruits. Dans cet esprit, je vous souhaite toute la réussite possible dans vos débats.»
Ceci conclut le message de Son Excellence.
(Applaudissements)
En tant qu’ancien député, je sais que le Parlement est le foyer de la démocratie et qu’il le restera. Les députés ont le devoir parfois ingrat de garantir une vision durable de l’avenir au nom des personnes qu’ils représentent.
En ce qui concerne l’Europe, nous savons tous à quel point l’institution parlementaire s’est développée lentement et à quel point il est difficile de faire accepter un modèle démocratique européen spécifique.
Je ne peux que louer le travail déjà accompli et sa contribution à une Europe plus participative et pluraliste, à une Europe plus proche de ses citoyens et plus proche, finalement, de tous les citoyens. Tels sont les résultats de votre travail, et je tiens donc à saluer chaleureusement tous les membres de cette Assemblée, qui sont les représentants légitimes d’une communauté de nations dédiée à la réalisation d’un projet original et unique, dans lequel le siècle dernier a placé tant d’espoirs et qui devra répondre à tant d’attentes au cours de ce siècle.
Je suis ici aujourd’hui pour vous parler de l’Alliance des civilisations, un sujet qui, bien qu’il puisse sembler fort éloigné de votre vie quotidienne, prend en grande partie sa source ici. En fait, tout a commencé par une querelle académique entre les érudits qui prédisaient la fin de l’histoire et ceux qui annonçaient le choc des civilisations. Cette question est devenue un sujet social sensible, un défi pour la démocratie et une préoccupation centrale de la politique internationale dans le contexte de la mondialisation, de l’augmentation des migrations et des attentats du 11 septembre. Il s’agit, enfin, d’un thème que les Nations unies sont parvenues à mettre en tête de l’agenda mondial.
Mais quelle est cette question? Je veux parler de l’énorme diversité - ethnique, culturelle et religieuse - de nos sociétés et des difficultés croissantes que nous éprouvons à vivre ensemble. Je parle des fossés de tous types qui se creusent, de l’érosion de la cohésion sociale et des ruptures toujours plus graves entre les sociétés. Je parle également d’un malaise largement répandu qui s’est exprimé par des tensions accrues au sein des communautés et entre celles-ci, par une méfiance réciproque, par des perceptions et des visions du monde polarisées, par des conflits identitaires insolubles et, bien sûr, par la montée de l’extrémisme.
Je pense également aux religions manipulées comme des outils par tous et n’importe qui, et qui sont utilisées et exploitées pour accomplir différents objectifs. Je pense également à une certaine désorientation des pouvoirs politiques confrontés aux faiblesses d’une approche purement sécuritaire et/ou répressive, et à l’absence de politiques et d’instruments adaptés permettant une gestion correcte de la diversité culturelle.
Tout ceci souligne ce que je considère comme une évidence irréfutable: la diversité culturelle est devenue un problème politique majeur qui met en difficulté les démocraties modernes, le pluralisme, la citoyenneté, la cohésion sociale ainsi que la paix et la stabilité entre les nations.
Il s’agit d’une évidence limpide pour moi, et même si de graves problèmes tels que la crise financière et économique actuelle monopolisent l’attention, je pense que nous ne devons pas laisser les urgences immédiates nous empêcher de faire face aux problèmes profonds d’aujourd’hui et de prévenir les crises de demain.
Pour le dire en termes crus, qu’est-ce que cela veut dire pour nous, l’Union européenne, réduite à ses caractéristiques essentielles? Cela veut dire: comment intégrer les minorités, toutes les minorités, mais en particulier les musulmans d’Europe? Comment développer nos relations avec les pays de la Méditerranée? Où tracer les limites du projet européen? Comment améliorer la politique étrangère européenne afin de projeter dans le monde entier les valeurs qui nous paraissent essentielles?
Selon moi, il s’agit tout simplement de questions fondamentales relatives aux valeurs, aux croyances, aux attitudes et aux comportements. C’est une question de démocratie, de règle de droit, de droits de l’homme et de respect de la diversité culturelle. Mais c’est aussi une question de justice, de cohésion sociale, et de création de sociétés inclusives. Une question d’États, de sécularisation et de laïcité. Une question qui concerne la sphère publique, les actes privés et le renouveau religieux. C’est une question d’identité et de valeurs européennes. Voilà comment je vois les choses.
(Applaudissements)
Le temps me manque bien entendu, et je ne serai pas en mesure d’aborder toutes ces questions. Je vais donc me focaliser sur la question des minorités musulmanes en Europe.
Pourquoi observons-nous une anxiété croissante à propos de l’intégration des musulmans en Europe? Parce qu’il s’agit d’un problème démographique? Oui, évidemment! Parce qu’il s’agit d’un problème d’intégration? Sans aucun doute! Je pense que la présence de musulmans en Europe ne pose pas le problème de l’Islam face à l’Occident, mais plutôt un grave problème d’intégration.
Mais je pense qu’il y a encore autre chose: il y a un problème d’identité. Il est clair que l’arrivée d’immigrants dans n’importe quelle société a un impact sur le sentiment d’identité du pays d’accueil. Mais ce qui se passe ici, comme l’a dit quelqu’un d’autre, est qu’«une brèche est apparue dans la digue séparant l’Europe chrétienne de l’Orient musulman, et que cette brèche modifie la culture de l’Europe».
Comment se fait-il par exemple que les discussions relatives au préambule de la Constitution européenne aient provoqué à l’époque des débats aussi échauffés? Pourquoi la question de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne provoque-t-elle des débats aussi passionnés et belliqueux? Toutes ces questions sont liées et elles concernent toutes ce qu’il est convenu d’appeler les valeurs et l’identité européennes.
Pour se renforcer, l’identité européenne devrait englober les différentes loyautés individuelles et intégrer les héritages culturels.
(Applaudissements)
En tant que lieu où nous pouvons vivre ensemble sur un pied d’égalité, l’Europe a besoin d’une citoyenneté de plus en plus inclusive et d’une meilleure gouvernance des diversités culturelles.
Pour permettre l’intégration des musulmans en Europe et dans nos sociétés européennes, nous avons besoin de politiques nouvelles à tous les niveaux. Nous avons besoin de mesures européennes, mais aussi d’initiatives de la part des gouvernements nationaux et des autorités locales. Nous avons besoin d’une gouvernance démocratique de la diversité culturelle. Nous avons besoin de perspectives et de politiques intégrées en matière d’éducation, de jeunesse et d’intégration des immigrants.
Pour pouvoir développer des politiques culturelles adéquates, nous devons établir des statistiques et des indicateurs culturels afin d’informer les décideurs et le processus décisionnel et de permettre le contrôle et l’évaluation de ces politiques. Nous devons développer la citoyenneté démocratique et la participation.
Nous avons besoin d’éducation en matière de droits de l’homme, de citoyenneté et de respect des autres, d’éducation à la compréhension et au dialogue interculturels, d’éducation à la compréhension des médias, d’éducation en matière de religions et de croyances et en matière de dialogue au sein des religions et entre les religions. Nous devons acquérir des compétences interculturelles et les enseigner à nos citoyens.
Nous devons créer des stratégies pour les villes et des politiques pour le dialogue interculturel. Nous avons besoin de politiques de la jeunesse basées sur l’égalité des chances. Nous devons impliquer la société civile au sens large, la jeunesse, les responsables religieux et les médias. Mais nous devons aussi élargir et développer le programme de dialogue interculturel dans le contexte des relations internationales et, évidemment, lui accorder la priorité.
Comment allons-nous faire pour vivre ensemble en ces temps de mondialisation, où les conflits locaux concernent le monde entier et alors que nos sociétés souffrent de ruptures culturelles et religieuses? Tel est le défi mondial auquel l’Alliance des civilisations est confrontée et auquel elle doit faire face de façon concrète.
La principale mission de l’Alliance est donc de transformer ce défi mondial en résultats «glocaux». Par «glocaux», je veux dire que ces résultats doivent être le fruit d’une approche globale mais qu’ils doivent être mis en œuvre au niveau local.
Cela signifie que l’Alliance compte sur l’Union européenne pour mettre en œuvre un programme de bonne gouvernance de la diversité culturelle dans la région européenne, c’est-à-dire non seulement dans l’Union européenne elle-même mais aussi les pays voisins, et en particulier les pays méditerranéens.
C’est pourquoi je suis si heureux que nous ayons défini un plan d’action pour la coopération entre l’Union européenne et l’Alliance des civilisations. Ce plan constituera une base solide pour la réalisation d’objectifs concrets et la mise en œuvre de projets pratiques.
À cet égard, permettez-moi de souligner à quel point il serait important et significatif de transformer cette Année européenne du dialogue interculturel en un cadre viable à long terme destiné à promouvoir la bonne gouvernance de la diversité interculturelle. Je félicite M. le Président pour les propos qu’il a tenus à ce sujet.
Je suis convaincu que cela permettrait de renforcer considérablement les stratégies nationales de dialogue interculturel comprenant des mesures et des programmes en matière d’éducation, de médias, de migration et de jeunesse que j’ai demandées aux pays de concevoir et de mettre en œuvre. C’est une suggestion que j’ai faite en avril dernier et sur laquelle j’aimerais attirer votre attention en vous demandant, chers députés, de lui apporter votre soutien.
L’Union pour la Méditerranée est un autre domaine dans lequel l’Alliance tient à collaborer afin de contribuer à améliorer et à gérer la diversité et le dialogue interculturels, y compris les relations entre les religions, au sein des sociétés et communautés européennes et musulmanes et entre celles-ci.
Je veux le dire sans ambages: les difficultés internationales actuelles et l’anxiété croissante que nous ressentons tous quant à la possibilité de vivre côte à côte dans le respect mutuel ont encouragé le développement de l’opinion erronée selon laquelle les différentes cultures sont condamnées à entrer en conflit dans un choc des civilisations.
Nous sommes confrontés à des polarisations accrues qui se développent dans le contexte de tensions croissantes au sujet de questions politiques et de la prolifération de stéréotypes culturels. Il va sans dire que les conflits politiques ne peuvent être résolus que par des négociations politiques. Il sera impossible de résoudre définitivement les tensions entre les sociétés musulmanes et occidentales, par exemple, tant que nous n’aurons pas supprimé certaines sources d’hostilité bien connues.
Mais il est tout aussi vrai que les accords de paix tiennent rarement sans le soutien déterminé des communautés concernées. De nombreux accords de paix ont échoué par le passé parce qu’il restait des suspicions et des hostilités profondes déchirant les peuples selon des critères culturels et religieux.
Maintenant, la situation est précisément que toutes les observations sont unanimes et montrent une rupture importante dans la façon dont les Occidentaux et les musulmans se perçoivent mutuellement. Les musulmans trouvent les Occidentaux condescendants et dominateurs, et les Occidentaux considèrent que les musulmans sont fanatiques et intolérants. En outre, la marginalisation et la discrimination socioéconomiques suscitent le mécontentement et l’intolérance et creusent l’écart entre les populations musulmanes et occidentales.
Ce fossé opposant deux blocs monolithiques qui n’ont jamais réellement existé, l’Islam et l’Occident, encourage les stéréotypes, la polarisation et l’extrémisme. Je tiens cependant à souligner que la grande majorité des peuples rejettent l’extrémisme dans toutes les sociétés et prônent le respect de la diversité culturelle et religieuse. Les problèmes de sécurité et la menace de la polarisation sociale touchent aussi bien les musulmans que les non-musulmans. Des millions de familles musulmanes craignent de voir leurs enfants tomber victimes de l’extrémisme religieux et politique.
Pour lutter contre ce problème, nous devons développer de nouvelles stratégies visant à gérer et à promouvoir le dialogue interreligieux dans le cadre d’une diversité culturelle basée sur les droits de l’homme. En d’autres termes, la création des conditions nécessaires à une paix durable nécessite des efforts différents destinés à provoquer un changement de perception au sein des communautés divisées. Telle est ma première conclusion.
Ma deuxième conclusion concerne la nécessité d’accorder la priorité politique au développement d’une gouvernance démocratique de la diversité culturelle.
Dans l’Union européenne, cela implique de créer une identité collective entre ses citoyens - indépendamment de leurs origines, de leur ethnicité, de leur langue, de leurs convictions philosophiques, de leurs affiliations politiques et religieuses - afin de leur permettre de partager des valeurs, des attitudes et des projets et de construire ensemble un avenir commun. C’est pourquoi la diversité culturelle doit aller de pair avec la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales, l’égalité des chances pour tous, la solidarité économique et la cohésion sociale.
Ces questions ne seront pas résolues rapidement, malheureusement, et il faut donc prévoir des efforts à long terme. Nous serons d’ailleurs souvent tentés de renoncer, mais nous ne devons jamais nous résigner parce qu’après tout, des changements de circonstances mineurs peuvent provoquer des différences de comportement importantes. C’est exactement ce dont nous avons besoin pour générer la volonté de vivre ensemble dans le respect mutuel et dans l’appréciation de nos différences ethniques, linguistiques, culturelles et religieuses.
Il ne faut pas sous-estimer l’urgence de cette tâche. Je suis cependant convaincu que grâce à notre travail et à notre engagement, nous parviendrons à vivre ensemble dans des communautés intégrées. Merci beaucoup pour votre attention.
(L’Assemblée se lève et ovationne l’orateur)
Le Président. − Monsieur le Président Sampaio, au nom du Parlement européen, je vous remercie pour ce discours magnifique et je vous remercie pour votre engagement déterminé, en tant que haut-représentant de l’ONU, envers l’Alliance des civilisations et le dialogue interculturel.
Puisque vous avez mentionné l’Union pour la Méditerranée, je profite de cette opportunité pour vous informer que lors de sa séance plénière extraordinaire des 12 et 13 octobre derniers en Jordanie, l’Assemblée parlementaire euro-méditerranée - qui inclut des représentants d’Israël, de Palestine, des pays arabes, du Parlement européen et des parlements nationaux de l’Union européenne - a adopté une déclaration relative au processus de paix au Moyen-Orient.
En novembre, plusieurs centaines de jeunes gens de tous les pays qui participent à la création de l’Union pour la Méditerranée se rencontreront ici, dans la salle du Parlement européen de Strasbourg, et participeront à un dialogue des civilisations, un dialogue des cultures. Nous partageons vos objectifs, Monsieur le Président, et nous espérons que votre engagement en faveur de l’Alliance des civilisations sera couronné de succès. Le Parlement européen vous soutient. Votre ambition est notre ambition.
Monsieur le Président Sampaio, je vous remercie pour votre visite au Parlement européen. Obrigado.