Le Président. - L’ordre du jour appelle le débat sur six propositions de résolution sur la Birmanie(1).
Zdzisław Zbigniew Podkański, auteur. − (PL) Monsieur le Président, la junte militaire birmane n’a pas réussi à tenir les promesses faites à la communauté internationale après ce que l’on a appelé la «révolution safran». Elle n’a pas non plus réussi à améliorer la situation d’une société en rébellion et réclamant ses droits légitimes. La démocratie et le développement ne seront pas écrasés par la répression brutale des nombreuses actions de protestation en septembre de cette année, ou par les emprisonnements massifs.
La Birmanie doit s’efforcer de respecter les principes démocratiques et de garantir la liberté d’expression, la liberté d’association et de réunion, l’existence du multipartisme et elle doit également relâcher les prisonniers politiques. Elle doit aussi favoriser une justice indépendante et lutter contre le nettoyage ethnique. Il faut aider la Birmanie. Davantage d’engagement est donc requis de la part des Nations unies, de son secrétaire général, du Comité international de la Croix-Rouge, de la Commission européenne et des gouvernements des pays qui ont une influence sur les autorités birmanes. Au nom du groupe Union pour l’Europe des Nations, pour le compte duquel j’ai pris la parole, et au nom des auteurs, je voudrais exprimer notre soutien à cette résolution que je recommande aux membres de l’Assemblée.
Marios Matsakis, auteur. − (EN) Monsieur le Président, c’est, depuis les deux dernières années, la sixième résolution du Parlement européen consacrée à la Birmanie, mais l’abominable junte militaire birmane semble ne tenir absolument aucun compte de ce que l’UE peut dire ou penser. Pendant ce temps, les citoyens ordinaires de Birmanie continuent de subir l’oppression, les persécutions et la pauvreté, qui toutes sont la conséquence des positions brutales, anachroniques et honteuses prises par le régime militaire écervelé qui contrôle ce pays. Les dictateurs continuent bien entendu de s’enrichir et de mener grand train aux dépens des souffrances de leurs concitoyens.
Les résolutions semblent n’avoir que peu d’effets sur ces criminels militaires et, selon moi, la principale raison en est que des pays comme la Chine, l’Inde et la Russie continuent d’apporter leur soutien économique et politique à la Birmanie. Il me paraît que notre attention devrait maintenant ne pas porter sur la Birmanie elle-même, mais sur ces trois pays. Il faudrait leur faire comprendre qu’ils doivent cesser d’aider les généraux cruels et stupides de Birmanie, sinon leurs relations avec l’UE en souffrirait sérieusement et irréversiblement.
Józef Pinior, auteur. − (PL) Monsieur le Président, la Birmanie est presque devenue un sujet de débat récurrent dans cette Assemblée. Nous revenons à la situation en Birmanie à chaque session du Parlement européen à Strasbourg.
Le prochain sommet de l’ASEM sera l’occasion pour l’Union européenne, représentée par la présidence française, de soulever certaines questions essentielles concernant les autorités birmanes. La première question concerne la libération des prisonniers politiques. D’après Amnesty International, il y a actuellement quelque 2 100 prisonniers politiques en Birmanie. La deuxième concerne la cessation des tortures à l’encontre de ceux qui sont détenus. La torture est un danger permanent en Birmanie. Troisièmement, l’armée birmane doit se comporter avec professionnalisme. Elle doit respecter les droits de l’homme durant ses opérations militaires contre les minorités ethniques, notamment contre le peuple Karen en ce moment. L’Union européenne ne peut tolérer la violence et les crimes contre l’humanité.
Enfin, la politique de l’Union européenne doit produire des effets tangibles. Il nous faut examiner si les sanctions frappent davantage les dirigeants birmans ou leur peuple. Notre politique doit être censée. L’Union européenne doit revoir sa politique en matière de sanctions à l’encontre de la Birmanie. D’un côté, nous devons donc insister sur la question du respect des droits de l’homme et des libertés démocratiques. De l’autre, la communauté internationale doit adopter une politique efficace envers la Birmanie.
Raül Romeva i Rueda, auteur. – (ES) Monsieur le Président, la réunion Asie-Europe (ASEM) de demain à Pékin va offrir aux chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne une excellente occasion d’aborder une fois encore la situation inquiétante des droits de l’homme en Birmanie.
Ainsi que l’a demandé Amnesty International dans une lettre, il serait tout à fait opportun que le président en exercice du Conseil, Nicolas Sarkozy, exprime, en tant que coprésident de l’ASEM, les très fortes préoccupations de l’Europe concernant les quelque 2 100 prisonniers politiques et plus, et demande également leur libération immédiate.
Une autre source de préoccupation concerne l’offensive militaire actuelle contre les populations Karen à l’est du pays où se déroule la plus grosse opération militaire depuis dix ans. Cette opération cible directement la population civile et elle a entraîné l’exode intérieur de 150 000 personnes. En juin 2006, Amnesty International a démontré que ce type de pratique constituait en fait un crime contre l’humanité.
En outre, à la demande de Burma Campaign Espagne et Burma Campaign International, entre autres, les problèmes politiques fondamentaux seront débattus pour la première fois lors de la visite programmée en décembre du secrétaire général des Nations unies. Le secrétaire général s’est déjà rendu récemment dans le pays à deux reprises, après le passage du cyclone «Nargis» au début de cette année.
Jamais auparavant, nous n’avons sans doute disposé d’un consensus apparemment aussi large entre Européens et Asiatiques pour joindre nos forces et faire pression sur le régime afin qu’il relâche tous les prisonniers politiques. C’est la raison pour laquelle la réunion qui débutera demain est d’une importance vitale.
Il est regrettable que les Nations unies aient depuis si longtemps ignoré, et parfois même cru, les mensonges du régime, comme le prouve le fait qu’après 37 visites effectuées par l’envoyé de l’ONU aucun progrès significatif n’ait été observé.
C’est pourquoi je dois joindre ma voix à celles qui appellent les chefs d’État et de gouvernement européens – y compris évidemment le Premier ministre espagnol, José Luis Rodríguez Zapatero – et les Nations unies à montrer qu’ils soutiennent véritablement un changement en Birmanie. Il est donc essentiel d’exiger la libération immédiate de ces détenus.
Une occasion comme celle qui s’offre demain ne doit donc pas se perdre, et les chefs d’État et de gouvernement doivent répondre à toutes les attentes.
J’espère que tous ces chefs d’État et de gouvernement, en particulier le président Sarkozy, sauront se montrer à la hauteur, en prenant notamment conscience de la gravité de la situation, et qu’ils agiront en conséquence. Si l’Union européenne veut réellement être un acteur politique crédible, doté d’une politique étrangère fondée sur la défense et la promotion des droits de l’homme, et si elle ne veut pas apparaître, comme cela se produit si souvent, comme servant uniquement les intérêts économiques de grandes sociétés telles que Total et Chevron, le moment est alors venu de le prouver. C’est dans des situations comme celle-ci que nous pourrons gagner cette crédibilité.
Beaucoup de vies humaines sont en jeu.
Colm Burke, auteur. − (EN) Monsieur le Président, demain marquera le 13e anniversaire de l’incarcération arbitraire de Aung San Suu Kyi, la prisonnière politique la plus respectée de Birmanie. Cette résolution opportune du Parlement condamne la poursuite de sa détention et soutient sa libération immédiate.
En mai, la dernière assignation à résidence de cinq ans de Aung San Suu Kyi a été prolongée d’une année supplémentaire. L’article 10 b de la loi de sûreté de l’État birman de 1975 stipule qu’une personne reconnue pour être une menace à la souveraineté et à la sécurité de l’État et de la paix de la nation ne peut être détenue plus de cinq années. Cette détention prolongée est donc illégale. Aung San Suu Kyi a passé plus de 13 ans sur les 19 dernières années confinée entre les murs de sa demeure de Rangoon.
Je déplore également le fait que le nombre des prisonniers politiques en Birmanie soit passé de 1 300 à plus de 2 100 depuis la révolution safran de septembre 2007. La junte militaire a clairement manqué à ses promesses faites à la communauté internationale à cet égard.
Alors que la libération de U Win Tin, l’ancien journaliste et secrétaire de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), et de six autres membres importants, le mois dernier, était un pas dans la bonne direction, d’autres efforts sont à accomplir pour libérer les dissidents politiques birmans.
Je lance un appel au secrétaire général des Nations unies pour qu’il se rende à nouveau en Birmanie en décembre, quelle que soit la situation en vigueur, pour lancer un appel personnel urgent en faveur de la libération de tous les prisonniers politiques et de la réintégration complète de la Ligue nationale pour la démocratie en prévision des élections de 2010.
Enfin, je lance un appel aux dirigeants présents demain au sommet de l’ASEM en Chine, en ce 13e anniversaire de la détention de Aung San Suu Kyi, pour qu’ils prennent conscience de leurs responsabilités concernant la poursuite de l’oppression dans l’un de leurs pays voisins et fassent par conséquent un geste décisif pour condamner la junte militaire birmane pour l’oppression continue qu’elle exerce contre les dissidents politiques.
Esko Seppänen, auteur. − (FI) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, la Birmanie ne respecte pas les droits de l’homme ni les libertés civiles. Comme beaucoup ici l’ont déjà dit, ce n’est pas la première fois que nous adoptons une position sur l’absence de liberté d’expression, la suppression de l’information, l’interdiction de la liberté de réunion et d’association, la violation des principes fondamentaux de l’État de droit et l’interdiction de toute opposition.
Le pire ennemi du peuple birman, ce sont les dirigeants mêmes du pays qui, avec le soutien de l’armée, par la force des armes et l’usage de la violence, obligent leur peuple à vivre sous le contrôle d’un monopole d’État. Les prisons de la junte contiennent plus de prisonniers politiques que jamais. La junte agit également contre son propre peuple en empêchant l’aide d’urgence internationale de parvenir dans les régions frappées par la catastrophe naturelle. La communauté internationale est le témoin impuissant de la répression qu’exercent sur le peuple birman ses propres dirigeants, et, dans le même temps, elle ne fait rien.
Dans notre déclaration, nous lançons un appel en direction du sommet de l’ASEM, de sorte que les autres pays de la région puissent faire pression sur la junte dans le sens d’une libération des prisonniers politiques. Nous avons pris un ton quelque peu moralisateur en insistant sur ce point, bien entendu, car nous savons que la Birmanie n’est pas le seul pays de la région où les droits humains sont foulés aux pieds. Notre groupe soutient la résolution commune.
Filip Kaczmarek, au nom du groupe PPE-DE. – (PL) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, un an après la répression brutale des manifestations de moines bouddhistes, la communauté internationale reste divisée autour de la question concernant le comportement à adopter à l’égard de l’un des régimes les plus répressifs au monde. Les Ètats-Unis et l’Europe imposent des sanctions plus rigoureuses et clament haut et fort leur indignation face aux violations des droits humains, comme en effet nous le faisons aujourd’hui au sein de cette Assemblée. Par ailleurs, les voisins de la Birmanie dans la région, à savoir les pays de l’ANASE, avec la Chine, l’Inde et la Russie s’abstiennent de critiquer ouvertement le régime birman en prétextant qu’ils ne veulent pas s’immiscer dans les affaires intérieures du pays. Voilà pourquoi je voudrais soutenir ce que M. Matsakis a dit précédemment. La Commission européenne devrait être plus audacieuse et soulever cette question sans retenue dans ses discussions avec la Chine, la Russie et les pays de l’ANASE.
Une difficulté supplémentaire se rapporte à l’action à l’échelle des Nations unies qui s’est révélée totalement inefficace. Avant la dernière assemblée générale, une avancée décisive sur la question de la Birmanie était prévue. Cette avancée décisive n’a pas eu lieu. La Commission européenne et les États membres devraient agir de manière déterminée afin de garantir que davantage soit fait au niveau international concernant la question de la Birmanie.
Lidia Joanna Geringer de Oedenberg, au nom du groupe PSE. – (PL) Monsieur le Président, moins de quatre mois se sont écoulés depuis la dernière résolution du Parlement européen sur la situation dramatique en Birmanie. Le régime militaire au pouvoir n’a tenu aucune des promesses faites à la communauté internationale après le soulèvement de l’année dernière. Si la situation en Birmanie ne s’améliore pas, il y a un risque de voir le secrétaire général des Nations unies annuler sa visite en décembre. Le nombre des prisonniers politiques s’est élevé à deux mille. Ils sont toujours détenus dans des conditions inhumaines et privés d’accès aux soins médicaux. Mme Aung San Suu Kyi est aux arrêts depuis 17 ans. Elle est lauréate du Prix Nobel et du Prix Sakharov. Le régime birman restreint toujours les droits humains et libertés fondamentales, dont l’accès aux sources indépendantes d’information. La minorité Karen est toujours persécutée par le pouvoir et a cherché refuge en Thaïlande où elle vit dans des conditions proches de la misère. Il en va de même pour les populations touchées par l’ouragan. Le régime n’a pas permis que l’aide humanitaire leur soit acheminée, exposant de la sorte des milliers de ses concitoyens au risque de famine.
Nous voudrions demander aux autorités birmanes de lever toutes les restrictions concernant la fourniture de l’assistance humanitaire et de rétablir les libertés fondamentales dans le pays. Des efforts importants doivent être consentis pour garantir que la visite du secrétaire général de l’ONU aura lieu et que la Ligue nationale pour la démocratie sera impliquée dans le processus de préparation aux élections de 2010. La Chine et l’Inde devraient exercer une pression économique et politique sur le régime birman en refusant d’aider l’armée birmane. La communauté internationale devrait imposer des sanctions économiques, et geler aussi les avoirs des membres du gouvernement et des personnes ayant un rapport avec eux.
Kathy Sinnott, au nom du groupe IND/DEM. – (EN) Monsieur le Président, la Birmanie est un pays submergé par la corruption. Avec 2 000 prisonniers politiques en état d’arrestation, l’accès à des médias libres barré par le pouvoir, et l’esclavage de masse qui règne dans l’industrie, la population de ce pays a besoin d’une aide sérieuse.
Pourtant, malgré plus de 37 visites d’émissaires de l’ONU au cours des 20 dernières années et six résolutions de cette Assemblée, la junte militaire n’a pas effectué une seule réforme. En accord avec M. Matsakis, je voudrais dire qu’il ne suffit pas de montrer du doigt la Birmanie: nous devons viser les partisans de la Birmanie, et notamment la Chine qui en est le principal, son puissant allié économique et militaire. Mais c’est un M. Sarkozy tout sourire qui représentait le Conseil européen lors des Jeux olympiques de cet été. A-t-il fait pression sur les personnalités politiques chinoises de premier plan qui l’entouraient en évoquant le sort des populations birmanes, soudanaises, tibétaines et même celui des Chinois persécutés?
Je voudrais signaler en particulier le détournement des fonds d’aide à la Birmanie, car nous cherchons toujours à les faire parvenir à la population même du pays, n’ignorant pas que, souvent, ces biens sont livrés à des favoris du gouvernement birman pour être revendus au prix fort.
Paulo Casaca (PSE). – (PT) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, demain marquera le 13e anniversaire de l’incarcération arbitraire de la dirigeante birmane, Aung San Suu Kyi. Le moment est donc très favorable pour l’Union européenne et le président en exercice du Conseil, qui se trouvent à Pékin à la réunion Asie-Europe, de déclarer de manière très formelle que la situation en Birmanie est inacceptable, d’exercer une pression nécessaire, notamment sur la Chine, comme l’ont déjà suggéré plusieurs députés, de suivre l’exemple qu’ont en particulier donné les États-Unis en 2003, et de refuser de poursuivre l’importation de vêtements fabriqués dans des conditions abjectes d’esclavage. En outre, des sanctions absolument claires et cohérentes doivent être imposées. Si cela pouvait être fait, je crois que nous finirions enfin par voir des changements dans la situation en Birmanie.
Peter Skinner (PSE). - (EN) Monsieur le Président, je voudrais remercier le Commissaire de sa présence. Avec des collègues comme Glenys Kinnock, j’attends depuis longtemps le jour où des résolutions sur les droits de l’homme en Birmanie et ailleurs n’auraient pas à être examinées dans cette Assemblée, mais il nous faut sans cesse y revenir.
Je ne peux qu’être en accord avec ceux de mes collègues députés pour lesquels, quand nous examinons les tentatives renouvelées de procéder à des changements en Birmanie, nous ne voyons qu’échec sur échec. Nous devons démasquer ces pays qui, par le commerce, aident et sortent d’affaire ce régime corrompu. Nous avons nommé certains de ces pays et devrions faire en sorte, à l’échelle européenne, que leur dénonciation amorce de réels changements. Nous devons voir des changements en Birmanie qui débouchent sur la liberté de réunion et d’association, la libération des prisonniers de conscience et une transition totale vers une démocratie multipartite. Nous avons chassé les juntes d’Europe. Le monde doit chasser la junte de Birmanie.
Zbigniew Zaleski (PPE-DE). – (PL) Monsieur le Président, si une seule voix individuelle s’élève contre le pouvoir, cette voix se fera à peine entendre. Mais si tous les membres de cette Assemblée élèvent leurs voix et sont rejoints par celles d’autres pays, alors les citoyens des pays subissant la répression comprendront que la vérité est bonne à dire et que la résistance à de tels régimes vaut la peine. Ils comprendront que leurs efforts finiront par porter leurs fruits et leur volonté en sera raffermie. Cependant il est également vrai que des mesures spécifiques sont indispensables au-delà des simples paroles, afin de démontrer à la junte que persévérer dans l’oppression jusqu’à la fin ne payera pas, à cause de ses conséquences sur la nation et le pouvoir lui-même. Deux actions déterminées doivent donc être entreprises et menées à bien. Je suis persuadé que la vérité l’emportera et que, plus il y aura de gens pour proclamer la vérité en Birmanie, plus ils seront forts.
Gerard Batten (IND/DEM). - (EN) Monsieur le Président, dans les premiers mois de cette année, nous avons vu à quel point le gouvernement birman s’est montré incapable de gérer les conséquences d’une catastrophe naturelle dans le pays. Étant donné les sommes d’argent dépensées par l’armée pour ses propres frais d’entretien et l’emprise qu’elle a sur la vie du pays, on aurait au moins été en droit de penser que ce gouvernement pouvait répondre aux besoins de son propre peuple en situation de crise humanitaire. Il ne l’a pas fait, parce qu’il n’a pas de fonctions réelles, exceptée celles de perpétuer sa propre existence et de monopoliser le pouvoir.
Me référant à ce que j’ai dit précédemment à propos du Congo, je me demande combien de membres de la junte militaire disposent de comptes bancaires dans les banques occidentales et font des voyages d’agrément à Londres, Paris et Rome. Un moyen direct de montrer notre soutien au peuple birman serait, pour les pays démocratiques, de les empêcher de venir tant que les droits de l’homme et la démocratie ne sont pas mis en pratique en Birmanie.
Justas Vincas Paleckis (PSE). - (LT) J’ai attentivement suivi ce débat et je voudrais attirer votre attention sur deux points. Je crois que M. Matsakis a très justement souligné que la clé de la situation en Birmanie se trouve à Moscou et, en particulier, à Pékin et New Delhi. La pression doit redoubler non seulement sur la Birmanie, mais aussi sur ces autres pays. En second lieu, la remarque faite par M. Pinior est très importante et je suis de tout cœur avec lui sur le fait que nous devions observer à quel point cette pression sur la Birmanie et ces sanctions à l’encontre de la Birmanie affectent la junte, et à quel point elles affectent la population. Je voudrais inviter la Commission européenne à se pencher sur le degré d’efficacité de ces mesures sur les activités de la junte, et leurs répercussions sur la population. Il me semble que la Birmanie doit être encouragée à s’ouvrir au reste du monde par tous les moyens. Alors seulement ce pays pourra s’engager sur la voie de la démocratie.
Marios Matsakis (ALDE). - (EN) Monsieur le Président, touchant à la fin du débat de cette période de session consacré aux droits de l’homme ici à Strasbourg, cela vaut la peine d’évoquer le retour à la normalité: la petite poignée de collègues fidèles et déterminés encore présents, les représentants de la Commission à laquelle nous sommes reconnaissants de leur présence constante à ces débats et, bien entendu, l’absence de tout représentant du Conseil. Tous, nous devrions juste être reconnaissants que ce toit ne nous soit pas tombé sur la tête. Espérons que cela n’arrive jamais!
Andris Piebalgs, membre de la Commission. − (EN) Monsieur le Président, je voudrais commencer en vous rappelant que la réponse de la Commission au cyclone de mai dernier a été rapide et substantiel. Nous avons fourni une aide humanitaire et alimentaire et travaillé au mécanisme de protection civile en coopération avec les États membres.
Nous sommes satisfaits du rôle actif de l’ANASE dans la coordination des efforts internationaux. La Commission a financé la plus grande part de l’évaluation des besoins entreprise conjointement avec l’ANASE, les Nations unies et le gouvernement. La période d’urgence humanitaire n’est pas terminée, mais nous allons à présent nous pencher sur les problèmes liés à la reconstruction. Le plus remarquable pendant cette période a été l’élan de solidarité dont ont fait preuve les personnes, les ONG locales et la Croix-Rouge du Myanmar. C’est un signe clair qu’il n’est pas possible de renoncer à l’engagement de la société civile.
Les problèmes à aborder sont les suivants:
Premièrement, nous devons réduire l’isolement de la population birmane. La société civile doit être renforcée. La Commission est l’un des hôtes d’une conférence consacrée au rôle de la société civile au Myanmar, qui se tiendra à Bruxelles le 29 octobre.
Deuxièmement, nous devons laisser ouverts tous les canaux possibles de communication avec le gouvernement. Lors du sommet de l’ASEM, qui se déroulera à Pékin le 26 octobre, le président Barroso devrait prendre la parole. En outre, la Commission a établi des relations de travail avec différents ministères dans les domaines de la santé, de l’éducation et des moyens de subsistance.
Troisièmement, nous devons maintenir et renforcer le rôle moteur des Nations unies. Il n’y a pas d’autre alternative aux bons offices du secrétaire général des Nations unies et du conseiller spécial, Ibrahim Gambari. La Commission soutient fermement les efforts du rapporteur spécial des Nations unies pour les droits de l’homme au Myanmar, M. Tomás Ojea Quintana.
La réconciliation nationale requiert également un dialogue entre toutes les parties. Il ne pourra avoir lieu si des acteurs politiques sont en prison ou assignés à résidence. Nous continuerons de demander la libération de toutes les personnes détenues pour raisons politiques. La Commission soutient également les efforts de l’OIT visant à mettre fin aux pratiques de travail forcé utilisées pour des programmes militaires ou d’infrastructure.
La Commission utilise tous ses canaux pour exprimer ses préoccupations concernant le travail forcé et le non respect des libertés fondamentales. Le peuple du Myanmar mérite toute notre attention et notre aide, et la Commission continuera de faire tout ce qui est en son pouvoir dans ce sens.
Le Président. - Le débat est clos.
Déclarations écrites (article 142)
Sebastian Valentin Bodu (PPE-DE), par écrit. – (RO) Le Parlement européen doit adopter un front uni en condamnant le Myanmar, où la situation est devenue dramatique, pour des crimes contre l’humanité. D’après des organisations non gouvernementales dignes de foi, environ 70 000 civils ont été contraints à abandonner leurs maisons au cours des six derniers mois, pour pouvoir échapper aux mauvais traitements systématiques infligés par la junte militaire.
L’histoire du Myanmar est marquée depuis près de 50 ans par la dictature militaire, et nous condamnons le fait que ses habitants n’aient pu mener une vie normale depuis un demi-siècle.
Vu le degré de persécution, la torture, les travaux forcés, la confiscation des terres et la restriction des droits de circulation au Myanmar, le pouvoir peut sans aucun doute être accusé de crimes contre l’humanité.
En tant que membre de l’Union européenne, d’une institution tenant le respect des droits de l’homme pour son principe fondamental, j’estime qu’il est indispensable que les autorités du Myanmar soient publiquement informées du fait que le respect des droits de l’homme constitue la base de la prospérité économique d’un pays. La libération de tous les détenus politiques du Myanmar, à commencer par la lauréate du Prix Nobel de la Paix, Aung San Suu Kyi, serait un geste hautement symbolique de la part des autorités de cet État, indiquant par là qu’elles sont ouvertes au dialogue international et n’ont pas l’intention de se tenir complètement à l’écart du reste du monde.
Jules Maaten (ALDE), par écrit. – (NL) Lors du prochain sommet de l’ASEM, le 24 octobre 2008 à Pékin, cela fera en tout 13 années exactement que la dirigeante de l’opposition birmane et lauréate du Prix Nobel, Aung San Suu Kyi, est gardée en captivité. Le secrétaire général des Nation unies, Ban Ki-Moon, a fait connaître son intention de se rendre en Birmanie en décembre, mais il a précisé qu’il ne le ferait qu’à la condition que de sérieux progrès puissent être accomplis dans la situation politique et des droits humains en Birmanie; dans le cas contraire, il se verrait contraint de reporter sa visite. Le prochain sommet de l’ASEM est une excellente occasion de faire pression sur la Birmanie, l’obligeant à satisfaire rapidement aux conditions de l’ONU et hâtant ainsi la visite de Ban Ki-Moon.