Le Président. − L’ordre du jour appelle la brève présentation du rapport (A6-0442/2008) de Mme Madeira, au nom de la commission du développement régional, sur les aspects de développement régional de l’impact du tourisme dans les zones côtières (2008/2132(INI)).
Jamila Madeira , rapporteure. – (PT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je suis très heureuse d’être ici devant vous pour vous présenter le travail effectué par tous ceux qui ont participé à ce rapport d’initiative. À mon avis et de l’avis des personnes qui m’ont aidée à développer ce rapport, il est clair que nous avons fait notre travail. Je dois remercier chacune de ces personnes, particulièrement les rapporteurs fictifs des divers groupes politiques qui ont fait tout leur possible pour dégager des compromis viables; le personnel du développement régional, qui est toujours prêt à apporter son aide, en particulier Miguel Tell Cremades et Elisa Daffarra; le personnel du groupe socialiste au Parlement européen, Lila et Petrus, et également la Commission européenne. Cette dernière, représentée comme toujours par les diverses directions générales concernées par un rapport d’une si vaste portée, a constamment et étroitement contrôlé nos travaux et consenti un grand effort pour assurer un résultat fructueux. Je remercie également sincèrement l’ensemble de mon bureau, en particulier Joana Benzinho, au nom d’un développement plus harmonieux et plus structuré des zones côtières et du tourisme dans l’Union européenne.
L’Union européenne compte, avec ses 27 États membres, plus de 89 000 km de côtes. Cette zone côtière européenne couvre une large gamme de territoires très différenciés qui, en fonction de leur localisation, sont marqués par le cosmopolitisme, comme les villes de Lisbonne, Copenhague ou Stockholm, ou par les difficultés propres à des régions péri- ou ultrapériphériques comme l’Algarve, la Ligurie, les îles Canaries ou Madère, qui luttent pour maintenir un lien avec les grandes villes ou souffrent d’une désertification accélérée. D’une manière ou d’une autre, chacun s’identifie au concept de côte et de zones côtières et en vit chaque jour les avantages et les inconvénients qui y sont associés.
Selon les données disponibles, d’ici 2010 environ 75 % de l’humanité vivra dans les zones côtières. Considérant les liens et les relations qui les unissent, nous définissons ces régions comme étant les 50 premiers kilomètres en ligne droite qui vont de la ligne de la côte à l’intérieur continental. Il s’agit de régions, et non de bandes de territoire maritime. Elles manquent de la vision intégrée dont elles ont désespérément besoin et à laquelle nos ancêtres souscrivaient également. C’est ici que toute une population vient se concentrer, à la recherche d’opportunités et de synergies économiques et, dans de nombreux cas, avec comme unique attente que celles-ci auront un lien avec le tourisme. C’est pourquoi la nécessité évidente d’une vision pragmatique et intégrée de l’impact du tourisme sur les zones côtières s’est emparée de notre esprit et nous a conduits à nous lancer dans ce travail.
Dans le contexte de la crise financière actuelle, dont l’impact sur l’économie réelle devient de plus en plus difficile à surmonter, le tourisme semble être un secteur dont l’énorme potentiel risque d’être sévèrement affecté, directement ou indirectement. Ces régions, dont le développement dépend totalement ou lourdement du tourisme, voient leurs activités menacées et sont dans l’incertitude concernant leur avenir, d’autant que le tourisme ne relève pas, actuellement, des compétences de l’Union européenne. Toutefois, des mesures intégrées peuvent et doivent être adoptées, et l’esprit présidant au traité de Lisbonne reflète cette idée. Cependant, attendre que le Traité entre en vigueur avant d’agir, reviendrait à attendre qu’il soit trop tard.
Le tourisme tel qu’il se présente en ce moment et la situation fragile de ces régions qui en dépendent, exigent que nous agissions d’urgence et efficacement. Le fait que ces régions soient structurellement dépendantes du tourisme en tant que créateur d’emplois, même s’il s’agit souvent d’emplois saisonniers, et en tant qu’employeur dans des activités à forte intensité de main-d’œuvre ne peut être négligé dans un contexte de chômage et de pression sur les zones urbaines. Ce rapport que nous vous présentons aujourd’hui était déjà très opportun et urgent quand la commission du développement régional a décidé de le préparer. Il est désormais devenu ce qu’il faut considérer comme une priorité pour la Commission européenne et pour le Conseil européen. Nous devons donner la priorité aux innombrables initiatives incluses dans ce rapport, ainsi qu’à celles déjà développées par d’autres institutions, qu’il soutient expressément, conformément aux mesures incluses dans le plan d’urgence de la Commission. Parmi celles-ci, je dois mettre en lumière la révision du Fonds d’ajustement à la mondialisation, au moyen duquel les questions liées à ce secteur et l’impact qui le frappe actuellement doivent être traités.
Il est vital d’assurer le développement de nouveaux segments de l’économie dans ces régions côtières, afin de garantir leur durabilité sociale et environnementale et de promouvoir une réelle intégration des diverses politiques sectorielles, comme le secteur maritime, les transports, l’énergie, les instruments de cohésion déjà en place, la nouvelle politique de qualité des produits incluse dans la révision de la politique agricole commune, comme annoncé dans le Bilan de santé de la PAC, et les nouveaux produits touristiques dans ces régions côtières, en ayant à l’esprit leur contribution cruciale à l’économie européenne. L’adoption d’une vision holistique appropriée à l’égard de cette politique doit devenir une réalité dès que possible dans l’Union européenne.
Pour conclure, Monsieur le Président, seules l’intégration décisive de ces instruments et une action rapide et efficace impliquant tous les acteurs sur le terrain peuvent garantir que nous aurons un secteur touristique côtier durable, avec un réel avenir, dans l’Union européenne.
Vladimír Špidla, membre de la Commission. – (CS) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je remercie la rapporteure, Mme Madeira, pour ce rapport et je la félicite pour la qualité et la portée de son travail: les zones côtières sont très importantes pour l’UE, puisqu’une proportion considérable de l’activité économique se concentre dans ces zones.
En outre, le rapport présente une vue d’ensemble globale du tourisme dans les zones côtières, car il inclut des questions telles que les milieux marins et côtiers, les transports maritimes, l’emploi dans les régions côtières, le soutien aux petites et moyennes entreprises et le soutien à la pêche. Il confirme la nécessité d’une politique maritime forte et intégrée pour l’Union européenne, à laquelle la Commission européenne travaille depuis 2005 et qui met en lumière les liens entre politique régionale, cohésion territoriale et politique maritime.
Afin de concrétiser cette politique, la Commission a adopté en octobre 2007 le plan d’action pour une politique maritime intégrée, qui est progressivement appliqué. Certaines des étapes que la Commission met en œuvre en ce moment sont une réaction directe aux problèmes et requêtes exprimés dans le rapport, notamment:
1) sur la base des demandes de transparence totale des financements dans les zones côtières, une base de données des projets soutenus par divers fonds communautaires sera créée d’ici l’automne 2009. Je signale à ce propos que la qualité et l’exhaustivité de cette base de données dépendra de la bonne volonté des régions à fournir des informations;
2) le renforcement de la coopération interrégionale dans le domaine du tourisme dans les régions côtières. Le programme Interreg IVC permet la création d’un réseau de régions en rapport avec les 30 thèmes prioritaires, dont deux sont liés aux questions maritimes, y compris le tourisme. Pour votre information, une deuxième invitation à soumettre des propositions dans le cadre du programme IVC jusqu’à la mi-janvier 2009 a été publiée. J’invite les zones côtières à soumettre des projets de création de réseaux visant à garantir la soumission et la mise en œuvre de procédures bien rôdées dans le cadre des régions côtières.
Je suis très heureux de déclarer que le rapport reconnaît aussi clairement l’impact favorable de la politique de cohésion de l’UE sur le développement des régions côtières. La période de programmation 2007-2013 présente de nombreuses et réelles opportunités pour ces régions et offre un cadre au soutien technique et financier européen pour leurs plans de développement. Grâce à la définition actuelle de la politique de cohésion, les zones côtières peuvent investir dans le développement de leur littoral et de leurs îles, puisque la politique accorde la priorité aux investissements dans les installations portuaires, la recherche maritime, l’énergie produite à partir de sources côtières, le patrimoine maritime et, bien sûr, le tourisme côtier. En dehors de la haute saison notamment, le tourisme peut compenser les niveaux d’activité localement réduits de la pêche, de l’agriculture, de l’industrie lourde et des transports.
Toutefois, je voudrais rappeler qu’il incombe aux zones côtières de sélectionner les meilleurs projets d’amélioration de la compétitivité de leur économie et de soutien au tourisme durable au niveau local. Je voudrais mentionner que la Commission prend toute les mesures concrètes visant à réduire la nature saisonnière des activités dans le domaine du tourisme, comme le projet pilote «Destinations européennes d’excellence». L’un des buts de cette initiative est de favoriser l’établissement d’un flux plus régulier en nombre de touristes et d’orienter ceux-ci vers des destinations non traditionnelles afin de soutenir tous les pays et toutes les régions européens.
En conclusion, permettez-moi de remercier la rapporteure pour le bon travail qu’elle a produit en élaborant ce rapport, et d’observer que le tourisme a un effet positif sur les zones côtières, à condition qu’il soit adéquatement contrôlé dans une perspective de durabilité.
Dans ce contexte, je suis très heureux de vous annoncer que, sur la base de l’intérêt exprimé dans le rapport de Mme Madeira, la Commission organisera des discussions sur des sujets relatifs au tourisme dans les zones côtières, dans le cadre de la conférence qui marquera la Journée maritime européenne, qui aura lieu les 19 et 20 mai 2009. Permettez-moi de saisir cette occasion pour inviter les députés européens à participer à la décentralisation des activités liées à la Journée maritime 2009, que la Commission soutient pleinement.
Le Président. − Le débat est clos.
Le vote aura lieu mardi 16 décembre 2008.
Déclarations écrites (article 142)
John Attard-Montalto (PSE), par écrit. – (EN) Une proportion importante des citoyens européens vit dans les régions côtières. Beaucoup ignorent que les côtes européennes s’étirent sur près de 90 000 km. Le développement du tourisme durable, par opposition au tourisme saisonnier, doit être encouragé. Or, il ne peut l’être que par la diversification des produits et grâce à des formes nouvelles de tourisme, comme le tourisme d’affaires, les conférences, le tourisme culturel, médical, sportif, agricole, linguistique et le tourisme marin.
Promouvoir le tourisme côtier traditionnel reste toutefois une priorité. Dans mon pays, nous travaillons à augmenter la taille et le nombre des plages de sable. Malheureusement, jusqu’ici cela s’est fait dans l’amateurisme. Déverser du sable sur des plages existantes ou créer de nouvelles plages de sable sans réaliser les travaux d’infrastructure indispensables n’est qu’un gaspillage de ressources. Depuis des années, de nombreux autres pays et territoires agrandissent leurs plages de sable ou en créent de nouvelles. La différence est que cela se fait en réalisant tout d’abord les travaux d’infrastructure indispensables pour que le sable s’accumule naturellement et empêcher son érosion. Et dans ce contexte, un aspect supplémentaire et important qui semble manquer eu égard aux actuelles propositions concernant la plus grande plage de sable de Malte - Ghadira - c’est le respect et la sensibilité pour l’environnement immédiat.
Rumiana Jeleva (PPE-DE), par écrit. – (EN) Il est bien connu que l’économie de nombreuses zones côtières de l’UE dépend fortement du tourisme. Toutefois, afin de garantir que les futures générations puissent également bénéficier de nos belles plages et de notre littoral, il nous faut devenir actifs. La durabilité et l’avenir de nos zones côtières ne vont pas de soi. La dégradation de l’environnement et les planifications erronées provoquent de graves préjudices aux régions côtières. Nous devons éviter la construction excessive de logements et d’hôtels et veiller à ce que toute construction de ce type aille de pair avec une amélioration des infrastructures, notamment des systèmes d’égouts et de gestion des déchets. Bref, nous devons faire le maximum pour préserver et protéger les régions côtières. Une option consiste à encourager les programmes axés sur l’écotourisme et à lancer un meilleur système de bonnes pratiques dans les régions côtières. Une chose devient évidente, c’est que nous devons prévenir toute pollution environnementale. Je suis très préoccupée, notamment, par les raffineries et installations similaires qui représentent un risque grave pour nos régions côtières. En conséquence, j’appelle tous les États membres à veiller à ce que ces installations satisfassent aux technologies les plus récentes disponibles et à ce qu’elles ne représentent aucun risque environnemental pour les écosystèmes fragiles de nos régions côtières.
Maria Petre (PPE-DE), par écrit. – (RO) Dans la perspective de la cohésion territoriale, économique et sociale, l’impact du tourisme sur les zones côtières est considérable, un fait que l’examen à mi-parcours du budget 2007-2013 devra prendre en compte.
La Roumanie possède une importante région côtière sur le bord de la mer Noire, de même que la Bulgarie, l’Ukraine et également la Turquie.
En prenant cette réalité comme point de départ et en y associant le fait que les embouchures des fleuves qui se jettent dans la mer devraient également être prises en considération, il faut que le plan national intégré pour le tourisme, conçu spécifiquement pour cette région, ait pour objectifs à la fois le tourisme durable et une meilleure qualité de vie au niveau local.
Les autorités nationales roumaines, avec les autorités régionales et locales, doivent donner la priorité à l’utilisation des Fonds structurels pour développer le tourisme durable dans la région côtière de la mer Noire. Pour ce faire, la coopération et la synergie au plan régional sont absolument vitales, la coopération devant inclure l’application des instruments politiques européens.
Afin de créer des synergies et d’éviter des mesures conflictuelles, il est nécessaire que les politiques communautaires relatives à la cohésion, aux transports, à l’énergie, au bien-être social, à la santé, à l’agriculture, à la mer et à la pêche, mais avant tout à l’environnement, incluent une approche intégrée.
Silvia-Adriana Ţicău (PSE), par écrit. – (RO) Le tourisme représente un important potentiel de développement social et économique, ainsi que de cohésion sociale et territoriale. Nous devons être parfaitement conscients des caractéristiques géographiques spéciales des régions côtières. Leur développement dépend dans une très large mesure des recettes générées par les activités associées à la proximité de la mer, d’un estuaire ou d’un delta, ainsi que du tourisme, de la pêche et des transports.
En général, les zones côtières ne sont accessibles que si des infrastructures de transport efficientes et modernes sont disponibles. Je pense qu’il est important pour les États membres qu’ils élaborent des stratégies spécifiques et qu’ils entreprennent des actions concrètes visant à développer le tourisme dans les régions côtières, en tenant compte de la nature spéciale de l’environnement afin de le protéger.
Les États membres doivent diversifier leurs services touristiques en fonction des caractéristiques propres à chaque région (culture, sports, activités balnéaires, histoire) afin de réduire l’impact négatif du tourisme saisonnier.
Aux fins du développement du tourisme, je recommande que les États membres utilisent les Fonds structurels, non seulement pour le développement régional, mais également pour la compétitivité économique et la relance.