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Cycle relatif au document : O-0064/2009

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O-0064/2009

Débats :

PV 26/03/2009 - 8
CRE 26/03/2009 - 8

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Textes adoptés :


Compte rendu in extenso des débats
Jeudi 26 mars 2009 - Strasbourg Edition JO

8. Le rôle de la culture dans le développement des régions européennes (débat)
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PV
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  La Présidente. – L’ordre du jour appelle le débat sur la question orale (O-0064/2009) de Doris Pack, au nom du groupe du Parti populaire européen (Démocrates-chrétiens) et des Démocrates européens, à la Commission, sur le rôle de la culture dans le développement des régions européennes (B6-0226/2009).

 
  
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  Doris Pack, auteure.(DE) Madame la Présidente, Monsieur le Commissaire, nous nous réunissons à un moment inhabituel, mais tout de même, la question orale que nous avons soumise aujourd’hui a vu le jour au sein de l’intergroupe «Une âme pour l’Europe». Nous pensons que nous trouverons cette âme dans nos plus anciennes unités, les régions, au sein desquelles les citoyens communiquent avec un accent particulier, un dialecte spécifique, voire une langue régionale, où la cuisine locale a un goût bien particulier, où des fruits et légumes réellement locaux sont vendus sur les marchés, où résonnent encore des chansons traditionnelles, et d’où proviennent des contes et des mythes spéciaux: bref, les régions suscitent un sentiment d’appartenance, chacun s’y sent chez soi.

La mondialisation en cours menace de standardiser beaucoup de choses, de nombreuses caractéristiques uniques vont disparaître. Seules les merveilleuses régions d’Europe peuvent sauver ces particularités et elles doivent pouvoir compter sur la protection de l’Union européenne. La richesse et la variété des régions d’Europe (elles ont souvent été ennemies, occupées, divisées, détruites par la guerre, puis réunifiées) doit être conservée. Les régions sont comme nos cellules souches. L’Union européenne a conservé une sorte de culture des petites choses et est en outre liée par des droits de l’homme contraignants à ce sujet.

Notre bref débat de ce jour et la résolution devraient encourager la Commission à trouver de nouvelles manières d’octroyer encore plus de visibilité à la richesse culturelle de nos régions et à trouver des moyens pour l’UE de contribuer à sa préservation et à son développement continu. Le potentiel culturel de l’Europe doit être utilisé de manière stratégique. En 2009, année européenne de la créativité et de l’innovation, les possibilités d’intégration des idées et des initiatives provenant du secteur public et de la fonction publique au niveau local et régional doivent être dûment mises à profit.

Je souhaite signaler aux membres de la commission du développement régional que nous n’avons nullement l’intention d’entraver la politique régionale existante, nous souhaitons seulement élargir sa dimension culturelle. Nous implorons la Commission de jouer elle aussi son rôle.

 
  
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  Joe Borg, membre de la Commission. (EN) Madame la Présidente, permettez-moi tout d’abord de vous remercier, au nom du commissaire Figel, pour l’opportunité qui m’est donnée d’évoquer la place de la culture au sein de nos politiques et sa contribution spécifique au développement des régions et des villes européennes. L’importance de la culture est prise en compte de différentes façons à l’échelle communautaire.

Dans le cadre de la politique de cohésion européenne, les stratégies régionales et locales ont parfaitement intégré la culture en tant qu’élément de renforcement de la créativité et de promotion de l’innovation. À titre d’exemple, la politique de cohésion défend la protection de notre patrimoine culturel, le développement d’une infrastructure et de services culturels ainsi que de l’attractivité régionale et de sa relation avec le tourisme durable, mais également la régénération d’économies locales et la mise en œuvre de stratégies transfrontalières.

En 2007, la Commission a lancé l’agenda européen de la culture qui en est actuellement à ses premières phases d’exécution. Cette nouvelle approche stratégique de la culture propose des objectifs communs et cherche à accroître la valeur économique, sociale et politique de la culture en renforçant son rôle transversal. C’est dans ce contexte que la Commission et les États membres coopèrent maintenant via une nouvelle méthode de coopération visant à renforcer les efforts communs qu’ils déploient dans certains domaines ayant un impact direct sur les stratégies de développement locales et régionales. Cette méthode permettra entre autres de maximiser le potentiel des industries culturelles et créatives, et notamment les PME, de promouvoir l’accès à la culture et d’encourager la mobilité des professionnels de la culture.

Pour nourrir cette réflexion, la Commission lancera bientôt une étude indépendante sur la contribution de la culture au développement économique local et régional en tant que partie intégrante de la politique régionale européenne. Les résultats de cette étude permettront de souligner l’intérêt d’investir dans les secteurs culturels et créatifs et illustreront les relations existantes entre cet investissement, les objectifs de développement régional spécifiques et le programme de Lisbonne pour la croissance et l’emploi. De plus, cette étude contribuera également à la préparation du livre vert sur le potentiel des industries culturelles et créatives actuellement en préparation et qui devrait être adopté par la Commission début 2010.

La Commission organise régulièrement des conférences avec des représentants des autorités locales et régionales. Permettez-moi de mentionner rapidement les journées portes ouvertes qui constituent l’occasion pour de nombreuses parties prenantes de se donner rendez-vous chaque année Bruxelles pour débattre de toute une série de questions relatives à la politique régionale et de cohésion. Les aspects liés à la culture ont souvent été discutés dans le contexte de ces ateliers.

Rappelons également que dans le cadre d’autres politiques européennes, comme la politique maritime intégrée pour l’Europe, la Commission tente d’impliquer les agents de la société civile dans la mise en lumière du riche patrimoine maritime européen. Par conséquent, les cérémonies de la Journée européenne de la mer qui se dérouleront à Rome en mai prochain seront l’occasion pour les parties prenantes d’examiner, entre autres, les relations entre le patrimoine maritime et un tourisme régional durable.

Enfin, j’aimerais mentionner le forum culturel européen qui sera organisé pour la première fois par la Commission dans le cadre de l’agenda européen de la culture de Bruxelles. Du 29 au 30 septembre, il réunira des représentants du secteur culturel et des autorités nationales ainsi que les autorités locales et régionales.

 
  
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  Manolis Mavrommatis, au nom du groupe PPE-DE. – (EL) Madame la Présidente, Monsieur le Commissaire, je voudrais tout d’abord signaler ma satisfaction devant cette initiative qui porte sur une question aussi intéressante que le rôle de la culture dans le développement des régions de l’Union européenne. Le patrimoine culturel est un élément essentiel de l’identité et de l’histoire du développement des peuples européens. Sa protection et sa conservation sont dès lors particulièrement cruciales pour l’éducation des jeunes générations et, en même temps, pour le respect de l’identité européenne. Outre la dimension européenne, nationale ou locale, que comporte le patrimoine culturel, celui-ci représente une valeur fondamentale pour les citoyens européens. Nous savons tous que les grandes villes, où se trouvent les musées et les monuments les plus connus, sont celles qui retiennent le plus l’attention.

Pourtant, il est un fait que la campagne européenne, qui représente 90 % du territoire européen, souffre de délaissement et de stagnation économique. Les programmes européens ayant un contenu culturel contribuent donc considérablement au développement des activités économiques des régions. Non seulement en raison des emplois qu’ils fournissent, mais aussi parce qu’ils créent des pôles d’attraction pour le tourisme culturel et historique qui contribuent au développement durable de ces zones.

Par conséquent, nous estimons que la culture contribue directement au développement de l’éducation culturelle des citoyens européens et, indirectement, à la prospérité économique, en particulier dans les régions qui ont le plus besoin d’attention et de développement.

 
  
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  Mary Honeyball, au nom du groupe PSE.(EN) Madame la Présidente, c’est pour moi une grande satisfaction de pouvoir débattre de cette question. Il est malheureusement regrettable de traiter ce point un jeudi après-midi, moment où l’audience n’est peut-être pas aussi nombreuse qu’elle devrait être.

Dans le contexte économique actuel, je considère que ce débat revêt un caractère essentiel. Nous avons déjà discuté de la culture et de l’emploi et de la façon dont les industries culturelles et les personnes travaillant dans ce secteur peuvent apporter leur pierre à l’édifice de l’économie et y jouer un rôle prépondérant. Vu les temps difficiles actuels, dont nous avons déjà longuement parlé au sein de cette Assemblée, il est fondamental de débattre de ces questions dans leurs moindres détails.

Je suis ici également en tant que représentante de l’une des grandes villes mentionnées par l’orateur précédent. Comme vous le savez Londres est l’un des centres culturels de l’UE - comme nous en avons tous - qui a une très longue histoire et a énormément à nous offrir. C’est également le centre des industries culturelles britanniques. Je pense donc que je me dois de parler au nom des personnes que je représente et de lutter pour leurs emplois qui, lorsque les choses tournent mal, sont bien souvent les premiers à disparaître. Je me félicite donc des déclarations de la Commission quant au rôle des industries culturelles, à sa volonté de les préserver et de les développer et à l’importance de la culture au sein de l’économie. J’ai souvent l’impression que le rôle économique de la culture est ignoré, que nous n’y songeons même pas et qu’elle est donc reléguée dans un statut de seconde zone. Ceci est inacceptable, surtout lorsque nous savons qu’elle peut être d’une grande importance dans notre développement national et régional. J’espère que l’une des conclusions de ce débat d’aujourd’hui, que nous rapporterons à nos États membres et que la Commission et le Conseil reprendront, sera de manifester notre inquiétude face au à l’avenir de ce développement régional, à la façon dont il est géré et au rôle que peut y jouer la culture.

Comme Mme Pack l’a précisé, nous ne pouvons pas non plus oublier la question de la diversité culturelle. Je pense que l’une des grandes forces de l’UE, et du Parlement européen, c’est le rassemblement de nos 27 États membres actuels malgré leurs nombreuses différences culturelles, historiques, et bien évidemment linguistiques. Et ce n’est qu’un début. Même si le monde devient de plus en plus petit et que les personnes sont de plus en plus proches, il y aura toujours ces différences importantes. Et nous devrions nous en féliciter car ces différences sont l’essence même du débat qui nous occupe. Nous voulons tous - et nous devons - conserver notre identité et notre vécu personnels.

Dans ce contexte, je pense que nous devons également prendre conscience du fait que d’autres personnes nous rejoignent sur notre continent. Nous accueillons des personnes des quatre coins du monde. Certaines sont installées dans nos États membres depuis deux ou trois générations déjà, mais leurs origines sont également différentes des nôtres. Je pense qu’il convient également d’accepter que ces personnes sont porteuses d’une culture, d’une tradition et de langues qui leur sont propres. Même si nous les intégrons et leur enseignons nos langues, ils conserveront toujours leur identité propre. Cette question n’a pas été abordée dans ce débat, or je la considère importante et j’espère que nous serons en mesure de l’y intégrer, surtout lorsqu’il s’agit de questions comme le multilinguisme, dont nous avons déjà discuté souvent. Ce point est crucial et je pense qu’il mérite que nous nous y arrêtions un peu plus longuement que par le passé, mais en veillant à l’aborder depuis la perspective d’une Europe en changement. Nous devons donc préserver nos cultures et nos diversités tout en absorbant les nouvelles diversités qui continueront d’ailleurs d’arriver sur notre continent. Toutes ces raisons font que je me félicite du soutien que nous offrons à la culture et aux industries culturelles ainsi qu’aux petites et moyennes entreprises qui, j’en suis convaincue, et étant donné ce contexte économique actuel, pourraient très bien devenir l’ossature de ce secteur d’avenir. Si les grandes sociétés et entreprises perdent leurs employés, les licencient et les envoient au chômage, il est fort possible que les petites structures, les PME, profitent de ce ralentissement économique pour se développer et créer de l’emploi pour toutes ces personnes préparées à travailler dans ce secteur.

J’espère donc que nous reconnaîtrons tous l’importance du rôle de la culture sur notre continent et pour notre société et que tous ceux qui participent à ce débat transmettront ce message à nos États membres, à nos régions et à nos électeurs. Je sais que notre message est exemplaire, alors n’hésitons pas à le diffuser.

 
  
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  Grażyna Staniszewska , au nom du groupe ALDE.(PL) Madame la Présidente, les régions sont un lieu extrêmement important pour le développement de la culture. C’est là que des programmes d’échange durables et des projets communs voient le jour entre des territoires aux traditions, aux coutumes et aux réalisations différentes. Les régions stimulent le développement de la culture, et cette culture (projets et événements attrayants et importants) devient un aimant pour les investissements économiques. C’est un effet de stimulation classique, qu’illustrent au mieux les répercussions du merveilleux programme de la capitale européenne de la culture. L’année des événements culturels est toujours suivie d’une renaissance économique. Les nombreuses villes qui présentent leur candidature pour ce programme l’ont bien compris.

La culture est une grande opportunité, en particulier dans les régions qui sont sous-développées, mais riches en ressources naturelles ou en attractions touristiques et de divertissement de par leur emplacement géographique. Dès lors, il importe particulièrement d’être conscient du rôle significatif des autorités régionales et de stimuler leur activité au moyen de programmes communautaires spécifiques. Je souhaite que la Commission présente rapidement un livre vert proposant un large éventail de mesures dans le domaine de la culture, y compris la question essentielle de l’action au niveau régional.

Mesdames et Messieurs, permettez-moi enfin d’attirer votre attention sur l’initiative relative à l’instauration de 2013, Année européenne de l’apprentissage des langues de nos voisins. Le développement dynamique de la coopération régionale en Europe est souvent entravé par des problèmes dus au manque de connaissance des langues et des cultures des pays et régions voisins et à une incapacité à communiquer pleinement. L’apprentissage de la langue d’un voisin immédiat peut constituer un grand pas vers la compréhension et la communication mutuelles et, dès lors, vers le renforcement de la coopération culturelle et économique et la consolidation de la Communauté européenne dans son ensemble.

 
  
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  Ryszard Czarnecki , au nom du groupe UEN. (PL) Madame la Présidente, je crois qu’il importe, dans ce débat, de rappeler les paroles révélatrices de Jacques Delors, ancien président de la Commission européenne. Invité, au terme de son mandat de président de la Commission, à indiquer s’il regrettait quoi que ce soit ou s’il estimait que quelque chose avait manqué, il a reconnu que l’Union européenne et la Commission n’avaient pas consacré suffisamment de temps aux questions culturelles. Je crois que cette autocritique révélatrice pourrait nous guider.

Je partage l’avis de l’intervenant qui s’est exprimé sur les étranges priorités de notre Parlement. Nous déclarons que la culture est importante et que les institutions, l’administration et la réglementation ne sont pas les seules priorités cruciales. Puis nous parlons de ces dernières le lundi, le mardi, le mercredi et le jeudi matin. Seul le débat du jeudi après-midi porte sur des questions qui pourraient être qualifiées de fondamentales, c.-à-d. la culture, car celle-ci est en effet le fondement de l’unité européenne. Non seulement la culture des régions, mais aussi la culture nationale, parce que le patrimoine européen est en effet le patrimoine des nations européennes, en particulier notre patrimoine culturel.

Je me réjouis que ce sujet ait été abordé. Je me réjouis parce que je suppose qu’il prendra de plus en plus d’importance dans le travail du Parlement, ainsi que de l’exécutif européen, notamment la Commission et le Conseil.

 
  
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  Věra Flasarová , au nom du groupe GUE/NGL. – (CS) Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs, j’approuve le libellé des questions formulées par ma collègue Doris Pack. À mon avis, le soutien multilatéral aux régions européennes est très important. L’Europe avait autrefois des frontières qui, pendant des siècles, ont séparé les États et nations les uns des autres, créant une espèce de «no-man’s land» psychologique. Par bonheur, nous avons maintenant réussi à supprimer ces frontières grâce à l’accord de Schengen, mais les régions demeurent divisées, les villes sont coupées en deux et des problèmes, psychologiques en particulier, demeurent; une partie du territoire appartenant à un pays, et l’autre partie à un autre territoire. Dans une Europe de plus en plus intégrée, ces cicatrices anciennes qui marquent la carte et l’esprit des citoyens guérissent sûrement, mais lentement. La manière la plus rapide de rassembler ces parties, de façon nettement plus efficace et pratique qu’en imposant des mesures d’en haut, est de soutenir les initiatives civiques et les activités des organisations culturelles et des institutions régionales. Les institutions régionales et les citoyens ordinaires qui habitent tel ou tel territoire savent mieux que quiconque ce qui doit être fait pour revigorer leur région.

Il existe de nombreux projets dont la mise en œuvre représenterait une avancée et une incitation à entreprendre d’autres actions. Je viens de la région de Moravie du Nord, en Silésie, une région où les territoires tchèque, polonais et slovaque se croisent. C’est précisément à ce croisement, dans la région historique de Těšín où sont aujourd’hui situées la ville tchèque de Český Těšín et la ville polonaise de Cieszyn, qu’un projet a vu le jour, intitulé «Un jardin sur les deux rives de la rivière» puisqu’une rivière coule entre ces deux villes qui formaient autrefois une seule unité urbaine. Le projet met en place des liens entre ces deux rives qui ne sont pas seulement de nature urbaine, mais aussi de nature architecturale et surtout culturelle. Les deux parties distinctes de l’ancien tout homogène doivent être reliées via les activités culturelles de leurs habitants. La rivière entre les deux villes et l’environnement de celles-ci doivent devenir un lieu d’échange et de chevauchement culturels. Toutefois, les projets de ce type comportent un aspect crucial, à savoir la création de nouvelles opportunités d’emploi, non seulement dans la période de mise en œuvre du travail, mais aussi après. Le secteur des services s’étendra certainement, augmentant l’attractivité de la région et soutenant le potentiel du tourisme et des autres activités connexes. Les auteurs du projet «Un jardin sur les deux rives de la rivière» se sont inspirés de l’exemple de Strasbourg en France et Kehl en Allemagne, qui étaient également des voisines si proches qu’elles formaient une structure urbaine naturelle. Là aussi, une rivière (le Rhin) s’écoule entre les deux villes. Ce qui a eu lieu en France et en Allemagne peut aussi se produire en République tchèque et en Pologne, et n’importe où en Europe. L’Europe centrale comprend de nombreux autres exemples de ce type. Quand nous évoquons la part de la culture dans le développement des régions d’Europe, ce sont précisément ces projets qui nous viennent à l’esprit.

L’UE, la Commission européenne et le Parlement européen doivent soutenir les projets culturels de ce type, plus encore qu’ils ne l’ont fait jusqu’à présent. Les auteurs d’initiatives civiles se plaignent souvent du fait que ces activités sont excessivement entravées par une bureaucratie complexe ou des structures démesurément compliquées dans les ministères et les administrations concernées.

 
  
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  Christopher Heaton-Harris (PPE-DE).(EN) Madame la Présidente, j’ai deux questions pour le commissaire. Un: qu’est-ce que la culture? Et deux: en quoi cela peut-il concerner l’Union européenne?

Ma région abrite le comté historique de Northamptonshire, qui doit une partie de son ‘identité culturelle, de son ‘histoire et de sa structure aux liens historiques qui l’unissent à l’industrie de la chaussure. L’activité de la cordonnerie dans ce comté remonte à 1202, à l’époque où Pierre le Cordonnier était quasiment une célébrité régionale. En 1542, le tribunal réglementa les prix et les poids pour certains commerçants, y compris pour les artisans cordonniers et Northampton a donc toujours été le foyer de l’industrie de la chaussure.

D’après un recensement, il y avait 1 821 fabricants de chaussures dans le comté en 1841. L’équipe de football du comté, le Northampton Football Club, est d’ailleurs toujours connue sous le nom des «cordonniers». À l’heure actuelle, le Northamptonshire compte 34 usines de chaussures en activité depuis plus de 100 ans. Je porte aujourd’hui une paire de chaussures Barker qui vient d’un village appelé Earls Barton, situé au cœur de la magnifique circonscription Westminster de Daventry. Nous avons un musée et des évènements culturels en relation avec l’industrie de la chaussure, tous antérieurs à la création de l’Union Européenne.

Par conséquent, et même si je comprends parfaitement le rôle de la culture au sein des régions, je me demande si, et comment, l’Union européenne peut nous aider à ce sujet. Et qu’entendons-nous par régions européennes? Je pense que nous devrions laisser la culture se développer au sein des régions comme elle l’a toujours fait: localement, organiquement et indépendamment du gouvernement central.

 
  
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  Vittorio Prodi (ALDE). (IT) Madame la Présidente, Monsieur le Commissaire, Mesdames et Messieurs, je vous remercie de me laisser la parole. J’aimerais élargir quelque peu notre perspective et me tourner vers l’avenir, pas uniquement vers le passé. Nous sommes dans une situation où nous constatons que la croissance ne peut se poursuivre indéfiniment, mais qu’elle est restreinte par le caractère limité des ressources naturelles et de la capacité de la terre à absorber et à métaboliser nos déchets. Nous ne pouvons plus fonder notre perception uniquement sur la croissance matérielle (notre concept de développement), nous devons au lieu de cela penser la notion de développement en l’associant plus fortement à la qualité de la vie: nous devons, par essence, dématérialiser notre société.

Dans cette perspective, les régions sont tout aussi importantes pour leur richesse culturelle (c’est-à-dire la richesse de leur qualité de vie), qui est essentielle à un moment tel que celui que nous traversons actuellement, où notre mode de vie doit être totalement modifié. Dans ce contexte de dématérialisation, la richesse d’une région en matière de qualité de vie est dès lors extrêmement importante, je dirais même qu’elle est absolument indispensable.

Je souhaite donc que la Commission et le Parlement parviennent à une compréhension du changement de mode de vie que nous devons opérer, une dématérialisation de nos sociétés et donc un travail culturel, qui deviendra irremplaçable, puisque nous devons remplacer des biens matériels par une richesse immatérielle. Cette expérience régionale est ainsi quelque chose que nous devons essayer de comprendre et de préserver avant qu’elle ne soit balayée par une multitude d’impairs.

Voilà pourquoi je demande la poursuite de ce débat, parce qu’il est essentiel et parce que nous devons simplement modifier notre mode de vie.

 
  
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  Zdzisław Zbigniew Podkański (UEN) . – (PL) Madame la Présidente, la beauté de la culture réside dans sa diversité régionale et locale, qui change avec l’évolution de la société. Les cultures régionales, qui sont profondément ancrées dans les traditions, forment une base solide pour les cultures nationales et leurs nombreuses variétés. Leurs formes et expressions pittoresques leur confèrent un attrait considérable et elles fournissent une stimulation artistique, transportent des expériences et des émotions, et renforcent les liens de la société au niveau local.

Les cultures régionales sont écartées par les artistes professionnels qui en tirent leur inspiration. On considère souvent que la culture régionale doit être un mouvement amateur, en opposition aux mouvements professionnels qui doivent recevoir un soutien financier solide. Cette perception est probablement à l’origine de la tendance, constatée également dans l’UE, au financement de projets de grande taille et coûteux, y compris de projets internationaux auxquels participent des artistes professionnels de différents pays. Les cultures régionales et locales disparaissent progressivement et nombre de leurs formes d’expression, de leurs disciplines et des compétences créatives qu’elles comportent sont en voie de disparition.

Aujourd’hui, nous pouvons parler d’une culture traditionnelle et folklorique dans des régions historiquement peu développées, mais nous ne pouvons pas dire grand-chose de son existence dans les régions en voie de développement. Par conséquent, il existe un besoin urgent de développer un programme de recherche pour documenter la protection et le développement des cultures régionales dans toutes leurs expressions spirituelles et artistiques. Ces expressions sont décrites avec plus de détails dans l’amendement à la résolution en cours d’examen que j’ai déposé. J’espère que les députés soutiendront cet amendement.

 
  
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  Pál Schmitt (PPE-DE). (HU) La culture crée de la valeur au sens intellectuel comme au sens matériel. L’industrie culturelle et l’industrie créative emploient des millions de personnes dans toute l’Europe, les films, la publication de livres, les compositions et les publications musicales (souvent appelées «l’industrie musicale») figurant parmi les secteurs présentant la croissance la plus dynamique.

Le fait que les initiatives les plus fructueuses et les plus populaires de l’UE soient étroitement liées à la culture ne tient pas au hasard. Dans le cadre du programme d’échange de collections d’œuvres d’art européennes, le public de Budapest peut actuellement voir des expositions sans précédent d’œuvres de Gustave Moreau et d’Alfons Mucha dans un musée important.

Le programme relatif aux capitales européennes de la culture est une autre initiative du même type qui met en avant et promeut non seulement des villes, mais des régions entières. Dans moins d’un an, en 2010, Pécs, une petite ville peu connue du Sud de la Hongrie recevra ce titre honorable, et les centaines de milliers de visiteurs qui s’y rendront stimuleront la croissance de toute la région.

Je suis convaincu que c’est par la culture que l’UE pourra se rapprocher de ses citoyens et les rapprocher les uns des autres. Parler de l’identité régionale dans l’Union européenne, c’est bien entendu parler de la culture. J’espère que davantage d’initiatives et de ressources seront mises à disposition de la culture et de l’éducation dans la période qui suivra la stratégie de Lisbonne. Pour les modernes, le moteur économique de cette société basée sur la connaissance est l’esprit d’inventivité et d’originalité, c’est à dire l’innovation et la créativité.

 
  
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  Bernd Posselt (PPE-DE).(DE) Madame la Présidente, il y a trente ans, j’étais ici, à Strasbourg, quand le Parlement européen élu au suffrage universel direct s’est réuni pour la première fois. La doyenne en était Louise Weiss; elle a donné son nom à ce bâtiment, qui constitue lui-même une pièce splendide de la culture européenne. Son discours fut le document de référence intellectuelle du Parlement européen. À l’époque, elle a parlé du type d’Européens dont nous avions besoin, des citoyens unis autour d’une culture européenne commune.

Cette culture européenne n’a rien de nouveau, contrairement à ce que croient nombre de personnes, c’est une redécouverte de quelque chose de nettement plus ancien que les États nations, M. Heaton-Harris. Les frontières, sur ce continent tout au moins, sont, pour la plupart, plutôt artificielles. La culture est profondément ancrée dans des régions qui sont souvent divisées par des frontières artificielles, et la culture régionale est un ciment essentiel entre les nations. Le poète bohémien Adalbert Stifter, qui a travaillé en Bavière, en Haute-Autriche et en Bohème, unissant les peuples tchèque et allemand, fut une personnalité culturelle des plus éminentes. Cette tradition doit être conservée, ainsi que la culture qui est détruite par le nationalisme et les déplacements, la culture des minorités, la culture régionale, la culture des régions européennes qui traversent les frontières et, en particulier, la diversité que nous ne parviendrons à protéger qu’ensemble.

Franz Josef Strauß, ce grand Européen bavarois, a dit un jour que nous ne pourrions rester Bavarois, Basques, Allemands ou Britanniques que si nous devenions Européens à temps, l’Europe n’étant pas un facteur de centralisation, mais un toit commun qui nous protège de la pluie de la mondialisation et de la standardisation.

 
  
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  Iosif Matula (PPE-DE) . – (RO) Le projet de l’Union européenne, conçu plutôt comme un mécanisme d’intégration économique, doit beaucoup au «ciment» que représente la culture européenne. En même temps, l’un des objectifs de l’agenda culturel européen de la présente législature était d’encourager la diversité, ainsi que de promouvoir la culture comme un moyen de croissance économique et de l’intégrer aux relations avec les pays tiers.

La culture doit être appréhendée avec une perspective légèrement différente, si l’on tient compte du fait que ce secteur, qui permet à des millions de salariés de gagner leur vie, génère plus de richesses que l’industrie chimique européenne, par exemple.

Il peut contribuer au développement des régions défavorisées via l’octroi de subventions pour des projets de coopération culturelle dans les domaines de l’art et de la culture. Par exemple, la Roumanie a montré qu’elle pouvait mettre en œuvre des projets à grande échelle en partenariat avec des régions européennes via le programme «Sibiu, capitale européenne de la culture en 2007», qui a eu des répercussions économiques majeures dans la région.

Parallèlement, nous devons encourager les programmes de promotion de la mobilité transfrontalière auprès de ceux qui travaillent dans le secteur culturel et l’organisation d’événements culturels et artistiques sur une base transnationale.

Je mentionne ces questions en tant que membre de la commission de la culture et de l’éducation et de la commission du développement régional, et en tant qu’ancien président d’une région frontalière européenne.

 
  
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  Zbigniew Zaleski (PPE-DE).(PL) Madame la Présidente, les gens doivent manger, se déplacer et s’abriter du froid et de la pluie. Ces éléments de production et de commerce servent des besoins fondamentaux. Pourtant, le type de fourchette avec laquelle on mange, l’aspect de notre vélo ou du toit de notre maison n’ont rien à voir avec l’économie, ils sont une expression de notre culture. Les hommes ont un besoin spirituel de créer pour créer. Ils sont fiers de leur travail quand celui-ci suscite l’admiration de ceux qui le voient ou le touchent, et ils se sentent mieux grâce à ce travail. Il importe de souligner que la diversité culturelle est souvent associée aux régions. Jamais nous ne devrions unifier ces régions et leur culture – en effet, nous devrions soutenir cette diversité. La culture est une expression de l’âme des régions. L’UE serait un lieu totalement dépourvu d’intérêt sans les richesses culturelles qu’elle possède aujourd’hui. La conservation de la culture coûte cher, et notre rôle est de la soutenir. Sans culture, il n’y aura ni économie, ni bonheur dans l’Union européenne.

 
  
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  Ewa Tomaszewska (UEN) . – (PL) Madame la Présidente, la richesse culturelle de l’Europe provient de la grande diversité de ses régions. Cette diversité doit être protégée. La dentelle de Koniaków diffère grandement de celle de Bruges. Le mélange créé par une reproduction superficielle d’idées tirées de la culture entraîne un appauvrissement. Nous devons préserver cette diversité des formes et des expressions culturelles, y compris le multilinguisme et la culture matérielle, parce que notre diversité est notre identité, c’est une source de développement créatif et de fertilisation croisée enrichissante. Cela offre également un objectif pour le tourisme culturel. La culture des régions doit être soutenue et protégée. Je souhaite demander à la Commission européenne de développer un programme pour cela.

 
  
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  Janusz Onyszkiewicz (ALDE).(PL) Madame la Présidente, la devise de l’Union européenne est «Unie dans la diversité». Cette diversité rend l’ensemble de l’UE exceptionnellement attirante et signifie également que nous sommes très différents de pays comme les États-Unis. La diversité culturelle est en réalité fondée, entre autres, sur l’immense diversité de nos cultures régionales, une diversité qui rend ces régions et des pays entiers extrêmement attrayants pour les touristes. Ils sont intéressants pour nous, Européens, mais attirent aussi largement les autres, qui viennent en Europe pour voir, expérimenter et apprécier son insolite diversité.

La culture régionale devrait donc être soutenue, ne serait-ce que pour cette raison. Mais nous ne devons pas non plus oublier que la culture régionale est un pont qui permet aux habitants d’une région de participer à ce que l’on appelle la haute culture. Sans elle, il est difficile de parler d’harmonisation et de popularisation de certains modèles de culture et de leur perception.

 
  
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  Czesław Adam Siekierski (PPE-DE).(PL) Madame la Présidente, réaliser l’unité de l’Europe tout en préservant sa diversité, son identité et son patrimoine culturel est le grand mérite de notre Communauté. Toutes les nations, les régions et les différentes communautés locales cultivent et développent leur culture et tradition, et apportent cet héritage dans une Europe unie. Elles partagent leur culture avec d’autres régions et, en échange, apprennent ce que d’autres ont accompli et réalisé. Elles donnent ainsi quelque chose aux autres et reçoivent quelque chose en retour.

Afin de préserver le patrimoine culturel des régions et des entités plus petites, il est également important que des fonds du budget de l’UE soient disponibles. Ceux qui craignaient de perdre leur culture et leur identité après l’intégration prennent conscience que, bien au contraire, l’UE soutient la culture locale, populaire et régionale.

 
  
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  Christopher Beazley (PPE-DE).(EN) Madame la Présidente, je me lève pour manifester mon soutien envers mon collègue, Zbigniew Zaleski.

Quelqu’un a dit un jour: «Quand j’entends le mot culture, je sors mon revolver». Je pense qu’à l’instar de nos parlements et de nos gouvernements nationaux, le Parlement européen sous-estime aujourd’hui l’importance de l’éducation et de la culture. Nous sommes toujours les derniers de la file.

Ils disent que «la main qui berce l’enfant est la main qui domine le monde». Je pense, et c’est bien entendu mon opinion personnelle, que la Grèce a été le berceau de la civilisation européenne. L’un ou l’autre Anglais, lord Byron et quelques autres, ont bien fait certaines choses. M. Borg, commissaire de Malte, pays de la Croix de George, pourra peut-être rétorquer: pourquoi ne pouvons-nous pas dépenser un peu plus d’argent pour l’avenir de la culture de notre civilisation? Nous dépensons je ne sais combien de millions ou de milliards d’euros sur ceci et sur cela mais, je vous en prie, songez à la musique, à la poésie, à l’histoire et à l’harmonie. Laissez-nous une chance.

 
  
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  Joe Borg, membre de la Commission.(EN) Madame la Présidente, j’aimerais remercier les députés pour tous les points qui ont été soulevés. Je ne manquerai pas de transmettre vos commentaires et vos préoccupations au commissaire Figel. J’aimerais cependant exprimer quelques réactions et commentaires.

Mme Pack a parlé de l’harmonisation des réglementations à l’échelle européenne et de leurs conséquences sur la diversité régionale. J’aimerais signaler qu’une harmonisation à l’échelle européenne est indispensable si nous voulons garantir des règles du jeu équitables sur l’ensemble du territoire européen afin que les citoyens puissent bénéficier des avantages d’un marché intérieur unique. Bien entendu, ceci ne veut pas dire qu’une telle harmonisation entraîne une réduction de la diversité culturelle. En fait, l’Année européenne du dialogue interculturel est justement parvenue à cette conclusion.

De plus, la politique régionale de la Commission vise à promouvoir la diversité culturelle et l’investissement dans la culture en impliquant directement et indirectement les autorités régionales et les parties prenantes. La Commission cherche à promouvoir la diversité en respectant les spécificités régionales de l’Union européenne dans divers domaines politiques.

En ce qui concerne les commentaires sur la question de la culture, de la crise économique et de la contribution générale en termes de croissance et de création d’emplois, laissez-moi seulement vous rappeler que cette année la Commission réalise une étude visant à évaluer à quel point la dimension culturelle a été intégrée dans les stratégies de développement régional pour 2007-2013. Les résultats de l’étude mettront en exergue l’importance de l’investissement dans le secteur culturel, et notamment dans les industries culturelles et créatives, et établiront les liens entre un tel investissement, les objectifs spécifiques du développement régional et le programme de Lisbonne.

En ce qui concerne le livre vert, j’aimerais répéter ce que j’ai déjà dit au début; ce document de politique est attendu pour le premier trimestre de 2010 et son objectif sera de lancer un processus de consultation ouvert. Il présente trois objectifs principaux. Tout d’abord, adopter une approche plus stratégique. Ensuite, libérer le potentiel des industries culturelles et créatives européennes et, enfin, contribuer au développement de stratégies visant à encourager de meilleures relations entre les industries culturelles et créatives et les autres secteurs de l’économie, afin de concilier la culture et la créativité avec l’innovation et l’économie au sens large. La dimension régionale fera évidemment partie intégrante de ce contexte.

J’aimerais conclure sur le commentaire de M. Posselt selon lequel la culture est souvent mise à mal par les nationalismes. Ce n’est certainement pas le cas de l’Union européenne: elle croit fermement en l’unité et en la diversité et elle les soutient.

 
  
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  Le Président. – J’ai reçu trois propositions de résolution conformément à l’article 108, paragraphe 5, du règlement.

Le débat est clos.

Le vote aura lieu lors de la prochaine session.

 
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