Le Président. – L’ordre du jour appelle le débat sur les déclarations du Conseil et de la Commission: Europe 2020 - Suivi du Conseil européen informel du 11 février 2010.
Le Président. – Monsieur le Président Van Rompuy, comme il s’agit de votre premier discours en séance plénière du Parlement européen, nous avons accepté qu’il pourrait être un peu plus long. M. le président Van Rompuy souhaite présenter à ce Parlement son avis sur d’autres questions, sur des questions institutionnelles, au début de son mandat. Sans doute aurez-vous assez de temps avec 15 ou 20 minutes?
Herman Van Rompuy, président du Conseil européen. – (EN) Monsieur le Président, je suis ravi d’avoir l’occasion de participer à un débat avec vous, non seulement pour présenter le compte rendu de la réunion informelle des chefs d’État ou de gouvernement qui s’est tenue il y a deux semaines – il s’agissait, au fond, d’un sommet informel sans conclusion officielle à annoncer –, mais également pour avoir la possibilité de vous rencontrer au début de mon mandat. Si j’avais attendu la première occasion officielle de rendre compte d’un Conseil européen se tenant fin mars, je ne me serais pas présenté devant ce Parlement avant fin avril, soit cinq mois après ma nomination en tant que président du Conseil européen. Permettez-moi donc de profiter de cette occasion pour vous expliquer comment je conçois mon rôle et ma fonction. J’y consacrerai quelques minutes pour ne pas avoir à y revenir ultérieurement.
Bien entendu, il y a toujours eu une présidence du Conseil européen, qui n’est pas une fonction de «président de l’Europe», comme certains médias l’ont formulé. Qu’est-ce qui a donc changé? Trois petites choses, mais qui, ensemble et au fil du temps, auront le potentiel d’apporter un changement significatif.
La première de ces choses est l’élément de continuité: les présidents précédents étaient remplacés tous les six mois, c’est-à-dire après deux ou trois sommets. On avait peu l’occasion d’élaborer une stratégie à long terme. Nos partenaires des pays tiers étaient perplexes à l’idée de devoir rencontrer un chef de gouvernement différent chaque fois qu’ils participaient à un sommet avec l’Union européenne. Une plus grande continuité est fondamentale pour tisser des liens et pour accomplir un travail sérieux.
La deuxième chose est qu’il s’agit d’une fonction à temps plein. Les présidents précédents devaient gérer en même temps leur propre gouvernement national. Cela signifiait qu’ils pouvaient s’occuper tout au plus à mi-temps des affaires européennes. En créant une fonction à temps plein consacrée à la gestion du Conseil européen et à son suivi, y compris la représentation extérieure, le Conseil européen peut désormais mieux exercer son rôle au sein du système institutionnel européen.
La troisième chose est le fait que les chefs d’État ou de gouvernement désignent désormais la personne souhaitée à ce poste, tandis que la désignation se faisait auparavant au hasard du système de rotation arbitraire. J’espère que cela est également de bon augure pour le soutien sur lequel le président pourra compter.
Chacun de ces trois changements constitue une amélioration pratique de l’architecture institutionnelle précédente, mais associés au fait que le Conseil européen devient maintenant une institution européenne à part entière, ils lui permettent de mieux remplir la mission que lui confèrent les Traités, laquelle consiste à «[définir] les orientations et les priorités politiques générales [de l’Union]».
Certains commentateurs ont vu beaucoup plus dans ce rôle, d’autres moins. Certains estiment que la présidence du Conseil européen est une sorte de présidence à la manière d’un chef d’État qui remplit une fonction exécutive, comme en France, par exemple. D’autres considèrent cette fonction comme la simple présidence de la réunion des chefs de gouvernement. En réalité, ce n’est ni l’une ni l’autre. Il ne s’agit certainement pas d’un président disposant de pouvoirs exécutifs propres. La personne qui exerce ce rôle doit exprimer les opinions de l’ensemble des chefs d’État ou de gouvernement. D’autre part, cette fonction ne consiste pas simplement à jouer un rôle de président, qui donne la parole à l’un ou l’autre membre du Conseil européen lors des réunions de celui-ci. Il est clair que le travail de préparation puis de suivi des réunions du Conseil européen et de représentation de l’Union à l’extérieur – par exemple, avec le président de la Commission au sommet du G20 - et son rôle en tant qu’intermédiaire entre les capitales nationales et les institutions dépassent de loin la fonction de simple présidence de réunions.
Le rôle du président permanent est de renforcer une vision commune de la direction à suivre: rien de plus, rien de moins. Où allons-nous? Comment devons-nous traiter avec nos voisins? Qui sont nos principaux partenaires stratégiques dans le monde? Où voulons-nous nous situer dans dix ou vingt ans? Ce sont des questions cruciales.
Pour ce qui est de ma relation avec le Parlement européen, le Traité est très bref à ce sujet: il exige seulement que je vous présente un rapport «à la suite [de chacune] des réunions du Conseil européen». Cela signifie un minimum de quatre fois par an, même si, pour la plupart des années, le nombre de réunion sera plus probablement de cinq ou six, voire 10 à l’avenir. Il ne faudra pas longtemps pour que bon nombre d’entre vous se lassent de me voir! Je continuerai de multiplier les autres contacts habituels avec les députés du Parlement, comme les réunions que j’ai entamées avec les chefs de groupes et la réunion mensuelle que j'ai avec le Président du Parlement.
Bien entendu, mon rôle ne doit pas être confondu avec celui du président de la Commission. M. Barroso dirige un exécutif qui est élu par le Parlement européen et qui doit rendre des comptes à celui-ci. Il vous présente des propositions législatives et budgétaires, ce que je ne fais pas. Le président de la Commission est quotidiennement et étroitement en contact avec le Parlement européen, notamment pour travailler sur ces propositions législatives et budgétaires. Ma mission consiste plutôt à veiller à ce que les chefs d’État ou de gouvernement puissent se mettre tous d’accord sur une stratégie globale pour l’Union européenne, tant en ce qui concerne son développement interne qu’en ce qui concerne ses relations extérieures. J’ai une réunion hebdomadaire avec le président Barroso. Nous sommes tous deux pleinement conscients de la nécessité d’éviter tout conflit de compétence ou tout malentendu en ce qui concerne les responsabilités de chacun. L’opinion publique et les pays tiers pourraient éprouver des difficultés à saisir la différence entre le président de la Commission et le président du Conseil européen; je suis certain que nous sommes sur la bonne voie.
Dans ce contexte, il est également important de se rappeler que je suis le président du Conseil européen, et non le président du Conseil des ministres; il s’agit bien de deux institutions distinctes. Le Conseil ordinaire, qui représente l’autre branche du législatif avec le Parlement européen, sera toujours dirigé par une présidence que les États membres continuent d’exercer à tour de rôle tous les six mois. Ce n’est que dans la configuration du Conseil des affaires étrangères où il coordonne le pouvoir exécutif qu’il dispose d’un président permanent, qui est Catherine Ashton, vice-présidente de la Commission et haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères.
Je fais une parenthèse à ce stade pour saluer le travail accompli par Catherine Ashton. Face aux multiples défis dans le domaine des affaires étrangères et de la sécurité et en pleine préparation du service pour l’action extérieure, elle mérite notre soutien. J’aurai le privilège de collaborer étroitement avec elle en représentant l’Union sur la scène internationale.
Je voudrais dire quelques mots à propos du Conseil européen lui-même.
La première réunion officielle que je vais présider aura lieu à la fin du mois prochain. Nous avons toutefois tenu une réunion informelle utile des chefs d’État ou de gouvernement ce mois-ci, à la Bibliothèque Solvay, à quelques centaines de mètres d’ici. Que ce soit en raison du cadre plus intime de la bibliothèque ou de la proximité physique du Parlement, nos discussions ont été fructueuses.
Comme je l’ai dit, je ne puis vous présenter de conclusions officielles d’une réunion informelle. Je peux tout au plus partager avec vous les conclusions personnelles des discussions que j’ai exposées dans une lettre que j’ai adressée aux membres du Conseil européen et qui, je le sais, a circulé au Parlement. L’objectif que je poursuivais en organisant ce Conseil informel consistait principalement à préparer nos débats à venir sur la manière d’améliorer les résultats économiques de l’Europe au sortir de la crise économique actuelle. Nous devons pour cela examiner nos objectifs et nos ambitions – et nous avons là-dessus un document très utile du président de la Commission, M. Barroso –, mais nous devons également voir comment améliorer notre gouvernance sur ces questions. La manière dont abordons la gestion de notre économie européenne intégrée – qui est le plus grand marché du monde – afin d’améliorer nos résultats économiques est l’une des questions essentielles auxquelles l’Union européenne doit répondre.
Notre premier échange de vues à cet égard consistait à voir comment nous fixons des objectifs, comment nous les suivons, comment nous évaluons les résultats. Il s’agit en grande partie de coordonner l’exercice des compétences nationales tout en recourant pleinement aux compétences et aux instruments disponibles de l’Union européenne. C’est donc un travail qui convient parfaitement au Conseil européen. Au cours de la réunion de Solvay, tous les membres du Conseil européen étaient d’accord pour affirmer que, dans l’Union, nous avons besoin d’une meilleure coordination, plus ciblée, sur le plan économique, tant pour la politique macroéconomique – certainement dans la zone euro – que pour la politique microéconomique. C’est en majeure partie très technique, mais prenons simplement l’idée de réduire le nombre d’objectifs économiques communs pour nous concentrer sur quatre ou cinq. Ces objectifs devraient être quantifiables et divisibles en objectifs établis au niveau national. Il n’est pas judicieux d’avoir les résultats de, disons, 65 ensembles de données différents.
En outre, tous les membres du Conseil européen sont disposés à prendre plus de responsabilité dans une stratégie européenne commune pour la croissance et l’emploi. Cet engagement personnel est indispensable; nous devons passer des recommandations écrites à un engagement concret. J’ai été ravi de constater un tel degré d’ambition autour de la table. Que vous parliez de meilleure coordination, de meilleure gouvernance, voire d’un gouvernement économique, l’essentiel consiste à s’engager conjointement à réussir.
Nous avons également eu une discussion rapide sur la manière de mettre mieux en œuvre les actions de l’Europe dans la reconstruction d’Haïti. Nous voulons poursuivre cette discussion en vue de mieux appliquer l’article 214 du Traité portant sur la coordination de l’aide humanitaire. Le débat sur la réaction stratégique de l’Europe à la conférence de Copenhague sur le changement climatique se poursuivra au cours du prochain Conseil européen. Bien entendu, la discussion sur la situation en Grèce n’était pas prévue. J’ai veillé à ce qu’elle ait lieu dans le cadre institutionnel de l’Union européenne et non en dehors de celui-ci et à ce que l’accord obtenu soit approuvé par les 27 chefs d’État ou de gouvernement ainsi que par le président de la Commission et le président de la Banque centrale européenne. Ce degré de consensus a constitué un message sur l’acceptation par la Grèce de son obligation de réduire son déficit de manière crédible et de notre solidarité si nécessaire. Je me réjouis vraiment de connaître vos opinions sur ces questions, en particulier sur la manière dont nous pouvons faire face à tous les défis auxquels notre Union est confrontée.
Je peux vous assurer que j’ai un objectif primordial pour les prochaines années: faire en sorte que notre Union devienne assez forte pour maintenir notre modèle social au niveau interne et défendre nos intérêts et projeter nos valeurs à l’extérieur. Je pense que toutes les institutions européennes peuvent et doivent collaborer pour atteindre ces objectifs.
(Applaudissements)
José Manuel Barroso, président de la Commission. – (EN) Monsieur le Président, je voudrais tout d’abord féliciter le président Van Rompuy pour le très bon premier Conseil européen informel qu’il a présidé.
Après avoir trouvé un accord entre nous tous sur une déclaration importante concernant la Grèce, nous avons discuté de la stratégie «Europe 2020», une stratégie pour une croissance durable et l’emploi. J’ai eu l’occasion de me pencher sur les questions politiques importantes qui nous touchent, sur les défis et sur les orientations que la Commission proposera officiellement mercredi prochain.
Avant la crise, l’économie européenne progressait: nous avons observé la création de 18 millions d’emplois et d’un environnement économique plus dynamique. Toutefois, ces progrès ont été balayés par la crise financière et par ses conséquences sur bon nombre de nos domaines d’activité: une chute de 4 % du PIB en une seule année, le chômage grimpant jusqu’à 10 %, un coup sévère porté à notre prospérité, une menace réelle pesant sur nos sociétés. En même temps, notre tâche se complique en raison du vieillissement de la population, d’un fossé croissant en matière de productivité par rapport à nos concurrents et d’échecs dans les domaines de l’éducation et de la recherche. Toutefois, nous avons aussi de nombreux atouts: nous avons l’économie de marché la plus vaste du monde, nous avons le marché unique, nous avons la zone euro. Tout cela s’est avéré fondamental durant la crise.
Mais aujourd’hui, l’Europe doit faire un choix crucial; je parlerais d’un choix déterminant pour les générations futures. Espérer voir le retour des bons vieux jours n’est pas une solution. Une des solutions possibles est un changement limité, le plus petit dénominateur commun qui apporte une réforme et une croissance. Mais nous ne pourrons jamais récupérer ce que nous avons perdu durant la crise. Cette solution produirait une Europe de seconde classe dans le nouvel ordre mondial. Des changements minimaux, certaines adaptations.
Je crois que nous pouvons et que nous devons nous montrer plus ambitieux. Nous pouvons aspirer à une stratégie économique qui mettra l’Europe sur la voie de la compétitivité et permettra de créer des millions d’emplois, mais cela ne peut se faire à l’aide de demi-mesures et d’un changement progressif. Nous devons susciter un sentiment d’urgence et faire admettre que les pratiques économiques habituelles ne protégeront pas notre mode de vie européen et ne défendront pas nos modèles sociaux. Au contraire. Ces modèles sociaux seront menacés si nous ne nous adaptons pas à un environnement mondial bien plus difficile.
Cela requiert un effort commun. Nous avons besoin des États membres, nous avons besoin des institutions européennes, nous avons besoin de l’ensemble des partenaires et de la société, nous avons besoin en particulier de l’engagement et du soutien actifs de ce Parlement, du Parlement européen, pour élaborer cette stratégie et pour la communiquer aux citoyens.
La semaine prochaine, la Commission présentera les éléments essentiels de la stratégie qu’elle proposera officiellement aux institutions européennes. Celle-ci sera axée sur trois priorités: une croissance intelligente, une croissance inclusive et une croissance durable.
Premièrement, le moteur principal de la croissance doit être la connaissance, la connaissance et l’innovation qui font naître les idées de demain, les compétences de demain, les technologies de demain. Deuxièmement, pour maintenir notre modèle social européen en place, nous devons créer plus d’emplois. Notre objectif doit être des sociétés en bonne santé, prospères et stables, où chacun a le sentiment qu’il peut jouer un rôle. Cela signifie que nous devons donner des emplois et des compétences aux citoyens et que nous devons nous attaquer de front au fléau de la pauvreté. Le problème de la pauvreté n’est pas seulement un problème national; c’est un problème pour lequel nous avons besoin d’une réponse européenne commune.
Notre économie de marché sociale doit être consolidée pour saisir les futures occasions. Je fais référence à la croissance durable, à la reconnaissance de l’importance de lutter contre le changement climatique, à la reconnaissance de la pression exercée sur les ressources. J’entends par là une économie compétitive, qui renforce le marché intérieur et qui crée de meilleures conditions d’investissement, en particulier pour les PME, une économie européenne capable de s’en sortir dans un marché mondialisé.
Ces priorités ne sont pas inconnues, mais le fait que nous n’ayons pas encore réussi à atteindre ces objectifs les rend plus importantes, pas moins . Nous devons apporter un changement radical non dans notre prescription de ce dont l’économie européenne a besoin, mais dans notre approche pour y parvenir.
Que nous faut-il pour réussir? Premièrement, la stratégie doit être complète. Nous ne pouvons définir une stratégie hétéroclite qui permettrait à chacun de s’occuper des choses faciles, des éléments qui procurent une autosatisfaction, et laisserait les réels défis aux autres. Il reste encore de nombreux problèmes lorsque je pense à la réalisation du marché unique, à la qualité de nos systèmes fiscaux, à la manière dont nous dépensons l’argent en cette période de forte pression sur les finances publiques, pour ne citer que quelques exemples
Deuxièmement, notre stratégie doit impliquer tous les secteurs de nos sociétés. Nous ne réussirons pas à mettre la société européenne sur la bonne voie pour l’avenir si cela se fait au prix de conflits sociaux. C’est pourquoi une approche proactive pour créer des emplois et éradiquer le fléau de la pauvreté est fondamentale. C’est pourquoi nous avons également eu raison de réformer les marchés financiers. Nous voulons un secteur financier solide, capable de financer l’innovation et de permettre aux entreprises de croître, un secteur qui reconnaisse ses responsabilités plus larges envers la société et les gouvernements qui l’ont aidé quand il en a eu besoin, un secteur qui accepte qu’une surveillance efficace est aujourd’hui nécessaire au niveau européen.
Troisièmement, nous ne devons pas confondre l’adoption d’une vision globale de l’économie européenne avec le fait de savoir «qui fait quoi?» Il ne doit pas s’agir d’un débat sur les compétences. Nous devons examiner la valeur ajoutée d’une approche européenne. Il est tout à fait évident en cette période de mondialisation, où nous devons discuter avec l’Amérique, avec la Chine, avec la Russie, avec d’autres, qu’une approche commune comporte une valeur ajoutée. Je cite, par exemple, une initiative qui a été lancée lors du G20 par l’Union européenne au cours de la présidence française, par le président de la République française et moi-même, lorsque nous avons proposé au président américain d’accepter ces sommets. Il est en effet nécessaire de reconnaître que nous avons une plus grande influence quand nous agissons ensemble. Cela n’aurait pas de sens de reconnaître l’interdépendance mondiale en rejetant l’interdépendance européenne. C’est pourquoi nous devons agir ensemble.
Un grand nombre de mesures devront toutefois être prises au niveau national. Bien sûr, nous nous attendons à ce que les gouvernements, surtout, assument certaines responsabilités nationales, mais nous espérons également qu’ils s’engageront sincèrement dans une approche européenne. Cette approche est capitale, non pour concentrer à nouveau les pouvoirs à Bruxelles - ce n’est pas du tout notre intention -, mais pour contribuer aux réformes indispensables dans nos sociétés, afin que celles-ci apportent plus de prospérité et un plus grand bien-être à nos concitoyens.
Nous ne réussirons que si nous sommes disposés à travailler ensemble et non contre les autres et nous devons donc assurer une maîtrise crédible à tous les niveaux. Nous avons besoin d’une solide et véritable coordination dans le domaine économique. Le traité de Lisbonne nous apporte ces instruments et nous les utiliserons.
Lors de ce Conseil européen, j’ai constaté que l’on était conscient de ce problème. Je peux comparer les discussions d’aujourd’hui avec celles que nous avons eues il y a cinq ans, lorsque nous débattions de la stratégie de Lisbonne. Je voudrais vous dire franchement et très ouvertement que j’ai observé que les chefs d’État ou de gouvernement étaient plus conscients de la nécessité d’agir ensemble, ainsi que des contraintes externes qui s’exercent sur l’économie européenne. J’espère sincèrement que cette fois-ci, les intérêts nationaux étroits ne vont pas de nouveau s’opposer au besoin d’une meilleure coordination et d’un système efficace de gouvernance européenne.
Nous avons aussi besoin de mesures phares au niveau de l’Union européenne pour définir ce que nous tâchons d’obtenir: des plans concrets. Nous allons en présenter quelques-uns, des projets tels qu’un plan d’innovation, un nouveau programme concernant les compétences, une politique industrielle propre, un agenda numérique, des technologies vertes et un plan ou une action spécifique de lutte contre la pauvreté. Des projets qui ont une valeur, qui impliquent un impact. Des projets qui montrent pourquoi l’Europe apporte une partie de la solution et qui prouvent que l’UE ne fait pas que parler, mais agit.
Je voudrais terminer en demandant au Parlement européen de soutenir résolument ces projets en tant que législateur, en tant qu’autorité budgétaire et en tant que champion de l’action européenne aux quatre coins de l’Union européenne.
Joseph Daul, au nom du groupe PPE. – Monsieur le Président, Monsieur le Président du Conseil, Monsieur le Président de la Commission, chers collègues, le Conseil européen du 11 février était le premier convoqué, présidé, par Herman Van Rompuy, dont je tiens à saluer la présence pour la première fois en session plénière du Parlement.
Cher Monsieur Van Rompuy, le groupe PPE attend beaucoup de vous. Je salue l'esprit positif et pragmatique de vos interventions depuis votre nomination, et j'approuve le ton que vous voulez imprimer au Conseil européen, mais j'attends de vous, ainsi que du Conseil des ministres, que vous preniez conscience qu'avec le traité de Lisbonne, vos relations avec nous, députés européens, ont changé de nature. Nous sommes décideurs à parité, et cela a des conséquences non seulement juridiques, mais aussi politiques.
Maintenant, j'en viens au fond des débats du 11 février, et le fond, c'est la stratégie 2020, bien sûr, mais c'est aussi l'euro et la politique économique et budgétaire, car la spéculation contre la dette grecque et l'euro étaient bien les invités-surprises de la bibliothèque Solvay.
Je pose la question suivante: l'affaiblissement de notre monnaie commune est-il seulement dû à la crise grecque ou l'euro ne ferait-il pas l'objet d'attaques directes de ceux qui ne voient pas d'un bon œil sa puissance et celle de ses États membres?
Deuxième question: allons-nous attendre que la situation dans certains pays de la zone euro empire pour réagir, comme on l'a fait avec la Grèce? Sinon, qu'est-il donc prévu pour corriger le tir dans les pays les plus à risque? Je vous le demande, mon cher Président Van Rompuy.
Si je pose ces questions, c'est que, si je me réjouis des mesures de solidarité prises le 11 février, j'ai de sérieux doutes quant au fait que nous, Européens, soyons vraiment à la hauteur de la situation. Et la situation quelle est-elle, si ce n'est que l'alerte grecque a montré combien nous devons prendre des décisions courageuses pour donner enfin à l'euro, notre monnaie, l'expression politique de la force qu'elle incarne?
Certes, on parle beaucoup, on parle de gouvernement économique, on parle aussi de gouvernance monétaire, mais on pourrait faire beaucoup plus simple et certainement plus efficace en concevant et en mettant en œuvre une réelle coordination budgétaire des membres de la zone euro. L'ancien premier ministre français, Edouard Balladur, vient lui-même de reconnaître la nécessité de nouveaux abandons de souveraineté – ce n'est pas facile pour un Français - et de plaider pour que les budgets nationaux des États de l'euro soient approuvés par l'Eurogroupe avant même d'être soumis aux parlements nationaux.
Je reprends ici cette idée audacieuse et je demande au Conseil européen de la considérer, de l'analyser sérieusement. En coordonnant vraiment leur budget, les États de l'euro se doteraient d'un poids et de marges de manœuvre sans précédent. Cette puissance leur permettrait de peser de manière déterminante sur l'élaboration de nouvelles régulations mondiales, mais elle exigerait aussi d'unir les forces européennes au sein des enceintes financières internationales où l'euro doit parler d'une seule voix.
Je prends un exemple frappant – et je crois que José Manuel l'a dit - celui du FMI, où les droits de vote sont calculés selon le poids économique des États. Avec ces critères, les États-Unis bénéficient de 16,7 % des droits de vote, le Japon, de 6 %, la Chine, de 3,6 % et les six pays fondateurs de l'Union européenne, de 18,49 %. Mais s'ils présentaient un front uni au FMI, les pays de l'euro représenteraient 23 % des votes et l'ensemble des pays de l'Union européenne, toujours unis, 32 % de votes. J'ai bien dit 32 %, soit presque le double des États-Unis.
Voilà, Messieurs les présidents, chers collègues, la réalité des rapports de force dans le monde. Mais parce qu'elle est encore divisée, l'Europe est incapable de peser de tout son poids. Est-ce plus longtemps tolérable? Le groupe PPE ne le pense pas. Il est temps, mon cher Président Van Rompuy, que les États de l'euro ouvrent les yeux sur cet état de fait et qu'ils en tirent les conséquences. Ils anticiperaient ainsi ce que la nécessité va bientôt les obliger à faire, s'unir vraiment, au lieu de s'accrocher à des apparences de souveraineté économique qui ne sont que de faux-semblants périlleux.
Stephen Hughes, au nom du groupe S&D. – (EN) Monsieur le Président, depuis le début de la crise économique et sociale, plus de sept millions de personnes sont venues gonfler les rangs des chômeurs en Europe. D’ici la fin de cette année, il est fort probable que le nombre de chômeurs atteigne 25 millions de personnes. La bonne santé de nos économies et de nos finances publiques, que nous avions restaurée dès le début des années 1990 au prix de sérieux efforts, a été ravagée en moins de deux ans. Malgré les dispendieuses mesures de relance, tout ce que nous sommes parvenus à éviter jusqu’à présent, c'est un effondrement complet du système.
La croissance économique reste extrêmement faible, et nombreux sont ceux qui ont cessé d’espérer une relance rapide. Nos sociétés craignent pour l’avenir, les inégalités de toutes les espèces se sont creusées et quelques-uns de nos États membres, devenus la cible d’une spéculation effrénée et impitoyable, ont grand besoin de la solidarité et de la protection de l'Europe. Cette crise a nui gravement à la compétitivité mondiale de l’Europe et affaibli son influence politique.
Tel est le paysage sinistre dans lequel l’Europe doit aujourd’hui réinventer son avenir afin de préserver son modèle de développement économique et social.
Monsieur le Président Barroso, vous allez demander au Conseil de printemps où nous voulons voir l’Europe d’ici 2020. C’est une question importante, mais pouvons-nous nous permettre de débattre d'un avenir si lointain sans apporter d'abord une réponse aux millions d'Européens qui ressentent aujourd'hui l'impact de la crise sur leur vie quotidienne et qui s'inquiètent de savoir ce qu’il se passera dans leur vie demain: auront-ils un emploi, auront-ils la perspective de trouver un nouvel emploi? Quelles réponses pouvez-vous leur donner?
Je ne puis retourner dans ma région demain et dire à mes concitoyens qu’ils ne doivent pas s’inquiéter, que nous avons un plan pour 2020. Je me dois de répondre à leurs inquiétudes et à leurs craintes immédiates, je veux pouvoir leur dire qu’ils pourront conserver leur emploi, que de nouveaux emplois seront bientôt créés et qu'il s'agira d'emplois décents avec des salaires décents.
À l’heure actuelle, le seul programme politique à moyen terme est celui défini par le Conseil européen de décembre: la consolidation des finances publiques. D’ici 2011, on s’attend à ce que les États membres entament cette consolidation de façon à ramener leurs déficits publics sous le seuil des 3 % en deux ans. Mais parallèlement, le chômage va continuer d’augmenter car la croissance sera trop faible pour le faire baisser.
Il y a d’autres façons de sortir l’Europe de la crise: mettre les gens au centre de notre programme politique, surtout ceux qui ont été le plus durement frappés par la crise. J'invite le président Van Rompuy et le président Barroso à réexaminer la nature de la stratégie dite «de sortie». L’Europe doit choisir une approche décente pour sortir de cette crise: une approche humaine fondée sur nos valeurs fondamentales et aussi une approche plus intelligente en termes économiques.
Ce ne sera pas le cas si la politique macroéconomique est axée entièrement sur une consolidation rapide. Cela signifierait des coupes dans les budgets finançant les investissements publics, l’éducation et la formation ou encore les services sociaux et de santé. Car l’augmentation des impôts ne suffirait pas à la consolidation. Le potentiel de croissance de l’Europe souffrirait encore plus que cela n’a été le cas jusqu’ici et en conséquence la relance serait extrêmement lente et une grande partie des chômeurs actuels deviendraient des chômeurs de longue durée.
Les Européens méritent une approche politique plus équilibrée et plus responsable du point de vue social. Nous pensons que cette approche devrait inclure une «stratégie d’entrée» sur le marché du travail, qui devrait faire partie intégrante de la stratégie 2020 et constituer sa feuille de route jusqu’en 2015.
Cette stratégie devrait concilier le programme politique macroéconomique avec des politiques structurelles dans les domaines économique, social et environnemental en vue de créer au moins cinq millions d’emplois nouveaux nets d'ici 2015, notamment dans le secteur de l'économie verte. Le Conseil européen devrait annoncer clairement cette intention lors du sommet de mars en tant qu'objectif essentiel de la nouvelle stratégie.
Une véritable coordination des politiques économiques, allant bien au-delà de la fonction de contrôle du pacte de stabilité, devrait permettre de combiner une consolidation fiscale progressive dans les différents États membres avec le maintien des investissements publics essentiels dans les domaines de croissance et dans les politiques sociales les plus importantes.
Une telle approche nécessitera un bond en avant de la pensée politique en ce qui concerne la gouvernance économique de l’Europe, en particulier dans la zone euro.
Le sommet de mars ou de juin du Conseil devrait donner mandat à son président pour soumettre, en étroite collaboration avec la Commission, un plan ambitieux visant à renforcer la gouvernance économique dans l'UE. Ce plan devrait être soumis à la décision du Conseil de décembre 2010.
Si nous voulons tirer les leçons de la crise actuelle et en sortir le plus rapidement possible, nous devons remettre en question notre façon habituelle de faire les choses. Nous avons l'occasion de rendre l'Europe pertinente pour ses citoyens et pas seulement pour les marchés. Mais la seule façon d'y parvenir est d'adopter une stratégie 2020 axée sur les citoyens et l’emploi. En d'autres termes, nous n'y arriverons que si cette stratégie intègre un programme social et un programme de création d'emplois décents ambitieux.
Au nom de mon groupe, je vous presse de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour mettre les citoyens, et surtout les plus vulnérables de nos concitoyens, au cœur du projet européen.
Guy Verhofstadt, au nom du groupe ALDE. – (EN) Monsieur le Président, avant tout, permettez-moi d’en venir directement à ce que j’appellerais le problème le plus urgent à l’heure actuelle. Nous pouvons parler de 2020, mais nous avons un problème plus urgent aujourd’hui: la zone euro et la Grèce. Nous devons trouver des solutions à ce problème.
Je pense que le Parlement européen doit prendre l'initiative en la matière. Il est important de déterminer ce qu’il s’est passé exactement en Grèce. Nous avons reçu aujourd’hui des informations contradictoires. La Grèce affirme avoir donné toutes les informations à l’Union européenne et aux institutions européennes. Et pourtant, la Commission européenne et Eurostat disent qu’ils n’ont pas reçu toutes les informations nécessaires. Et parallèlement, les banques d’investissement Goldman Sachs, Morgan Stanley, Deutsche Bank, minimisent le rôle qu’elles ont joué dans le dossier grec.
Je pense donc qu'il revient à ce Parlement d'organiser le plus rapidement possible des auditions avec la commission compétente de façon à ce que nous puissions entendre toutes les parties concernées par ce dossier et que nous comprenions enfin ce qu’il se passe exactement avec la Grèce. Nous ne pouvons pas parler de remèdes, de solutions, de réformes dans l'Union européenne si nous ne savons pas ce qu’il s'est réellement passé avec la Grèce en 2008, en 2009 et avant cela, et je pense qu'il est indispensable que le Parlement entende les différentes parties concernées.
Mon deuxième point est que nous devons aussi nous attaquer au problème de la dette grecque. Je pense qu’il existe une seule bonne solution à ce problème. Hier j’ai lu l'article de George Soros à ce sujet dans le Financial Times, et il y a quelques jours, j'ai lu l'article de Joschka Fischer dans la presse allemande. Il dit ce que disent aussi beaucoup d’autres, à savoir que la meilleure solution au problème de la dette grecque est une solution européenne: des euro-obligations ou un fonds monétaire européen, sans aucun coût pour le contribuable européen, mais avec une solution pour l'avenir. Je pense que c’est aussi le rôle de ce Parlement de demander à la Commission et au Conseil de réfléchir à cette possibilité et de dépasser les intérêts nationaux des États membres actuels de l’Union européenne pour examiner cette possibilité.
Troisièmement, je pense que la partie la plus importante de ce débat porte sur ce que nous devons faire à propos de 2020. Je pense que la Grèce est un bon exemple de ce qui n’a pas fonctionné avec la stratégie de Lisbonne. La stratégie de Lisbonne était trop faible; au cours des 10 dernières années, l'écart entre l'économie allemande et l'économie grecque s'est creusé, le fossé qui les sépare est plus large et non plus étroit après la stratégie de Lisbonne. Ce que nous devons faire, et c’est la première décision qui devra être prise par la Commission et le Conseil européen, c’est reconnaître que la méthode ouverte de coordination n’était pas une bonne méthode. Elle était trop timorée. Nous avons besoin d’un instrument plus audacieux dans l’Union européenne. Cet instrument plus audacieux, c'est la gouvernance économique au sein de l'Union européenne.
Monsieur Barroso, j’espère que d’ici quelques jours, au début de mars - je pense que c'est le 3 mars - vous nous présenterez un document à ce sujet. J'espère que ce document comprendra une stratégie plus ambitieuse que ce qui a été conclu, ou qui n'a pas été conclu, lors du sommet informel. Il s'agit toujours d'une méthode de coordination intergouvernementale ouverte. Elle est peut-être un peu meilleure, un peu plus rapide, mais en fin de compte c'est toujours une méthode de coordination ouverte basée sur les relations entre les gouvernements. Nous vous demandons de jouer un rôle moteur dans ce dossier, dans cette politique économique et cette gouvernance économique, et de nous soumettre, avec Olli Rehn, une proposition audacieuse visant à instaurer une gouvernance économique au sein de l’Union européenne. Cela n’a aucun sens d’avoir une union monétaire d’un côté sans avoir une union économique, sociale et politique de l'autre. Les problèmes de la Grèce en sont la preuve.
(Applaudissements)
Je pense que nous pouvons attendre une action ambitieuse de la Commission et j’espère que le 3 mars la Commission proposera un document nettement plus ambitieux que les conclusions, décevantes à mon sens, du sommet informel.
(L’orateur accepte de répondre à une question «carton bleu» conformément à l’article 149, paragraphe 8, du règlement)
William (The Earl of) Dartmouth (EFD). – (EN) Monsieur le Président, je voudrais poser à M. Verhofstadt la question suivante: pensez-vous que les pays qui n’appartiennent pas à la zone euro devraient venir au secours des pays de la zone euro? Est-ce cela que vous préconisez?
Guy Verhofstadt, au nom du groupe ALDE. – (EN) Il sera peut-être nécessaire de venir au secours de la Grande-Bretagne dans un avenir proche, parce que j'ai vu que son déficit fiscal était plus important encore que celui de la Grèce.
(Applaudissements)
À l’heure actuelle, si je ne me trompe pas, le déficit fiscal s’élève à 12,9 % du PIB. Je pense donc que le plus important, pour le moment, est d'avoir une stratégie pour la zone euro, et je suis convaincu qu'un jour viendra, pas demain peut-être mais après-demain, où la Grande-Bretagne sera membre de la zone euro. Soyez-en sûr.
Rebecca Harms , au nom du groupe Verts/ALE. – (DE) Monsieur le Président, j’espère que le bac à sable britannique voudra bien avoir l’amabilité de nous écouter un moment.
(Tapage)
J'avais prévu de commencer mon allocution en parlant de la stratégie UE 2020, mais après l’intervention venant de la droite de cette Assemblée, je commencerai par la Grèce. Je pense que dans le débat concernant la situation et les perspectives de la Grèce, l'attitude la moins constructive que l'on puisse avoir est une attitude hellénophobe, nationaliste ou antieuropéenne. Je pense que des erreurs de longue date sont révélées aujourd’hui en Grèce - les crises révèlent souvent plus d'erreurs que les périodes prospères.
Je voudrais aborder un point soulevé par M. Verhofstadt. Si nous ne voulons pas des développements antieuropéens, nous devons nous demander qui, à Bruxelles, a permis que ces problèmes restent dissimulés en Grèce pendant des années, peut-être même tout au long de la période préparatoire à l'union monétaire. Monsieur Barroso, je pense que vous avez une part de responsabilité assez lourde à cet égard. Voilà quelque chose que vous devez divulguer, parce que nous n'avons encore vu que la pointe de l'iceberg en termes de responsabilités, nous n'avons pas encore vu le système d'irresponsabilité qui se dissimule sous la surface.
Deuxièmement, beaucoup de choses vont devoir changer en Grèce également. Nous devons avoir une discussion avec la Grèce à ce sujet, amicale de préférence, au sein de la zone Euro. Si cette aide est nécessaire, et je pense qu'elle le sera, et si nous devons faire appel une nouvelle fois à la solidarité européenne, ce que je ne veux pas exclure à ce stade, la Grèce va devoir procéder à des changements en profondeur. Il y par exemple le problème du secteur public surdimensionné. Si j’en crois les Grecs avec qui j'ai discuté, 25 % des citoyens de ce pays travaillent dans le secteur public - qui n'est même pas un secteur public de qualité. Celui-ci a absolument besoin d’une réforme.
Mais les changements ne portent pas uniquement sur les dépenses, il y a clairement un gros problème du côté des recettes également. Je pense que M. Papandreou a raison de vouloir publier les déclarations fiscales des hauts revenus en Grèce. Il n'est pas nécessaire d’acheter des CD en Suisse; il y a une autre façon de procéder. Cette mesure mettra rapidement en lumière le fait qu'en Grèce aussi il serait possible d’augmenter considérablement les recettes fiscales en empêchant l’évasion fiscale et en obligeant les Grecs qui vivent dans le luxe à payer leurs impôts comme tous les citoyens honnêtes.
Mon collègue M. Giebold parlera sans doute plus en détail des euro-obligations. Je voudrais juste dire une chose à propos de la stratégie UE 2020. Monsieur Barroso, vous n’avez absolument rien dit sur les échecs de la stratégie de Lisbonne. Je pense que l’absence d’évaluation de la stratégie de Lisbonne ne présage rien de bon pour la réussite, ou la possible réussite, de cette nouvelle stratégie. En tant que stratégie intégrée elle n’est en principe pas mauvaise, mais...
(Le Président retire la parole à l'oratrice)
Timothy Kirkhope, au nom du groupe ECR. – (EN) Monsieur le Président, je remercie M. Verhofstadt de nous avoir rappelé à tous l’échec des politiques économiques de gauche menées au Royaume-Uni. Nous lui sommes très reconnaissants du conseil et j’espère que mes collègues et moi-même saurons y remédier lors des prochaines élections législatives.
Même avant la crise récente, les économies de l’Europe perdaient du terrain face à leurs principales rivales et concurrentes. Notre taux de croissance était inférieur, notre taux de chômage était supérieur, notre position commerciale relative était sur le déclin et notre part de la production mondiale était en baisse. Nous avions lancé la stratégie de Lisbonne, mais sans faire preuve d'une conviction ni d'un engagement suffisants. La stratégie Europe 2020 ne doit pas subir le même sort. Je me réjouis que mon groupe ait été parmi les premiers à soumettre des propositions pour contribuer à la faire avancer.
Nous devons à présent définir un nouveau cap pour nos économies. Nous devons reconnaître que ce ne sont pas les gouvernements qui créent des emplois productifs ni qui font grimper le niveau de vie. Seuls les entrepreneurs couronnés de succès, seules les entreprises compétitives peuvent y parvenir. Nos États membres et les institutions de l’Union européenne doivent les soutenir en diminuant le fardeau que ces entreprises doivent supporter. Nous ne pouvons espérer des économies dynamiques en imposant des exigences plus dures encore à ceux qui créent de la croissance et de l'emploi, en imposant une fiscalité lourde et des règles par trop bureaucratiques. Nous devons encourager la recherche et le développement, améliorer l’éducation supérieure et la formation professionnelle, comme vient de le souligner le président Barroso. Il faut redynamiser le marché intérieur et l'étendre à de nouveaux domaines.
Les enjeux ne sauraient être plus élevés. Pendant près de trois siècles, les plus grandes puissances économiques du monde ont été celles qui possédaient les constitutions les plus libérales et les plus démocratiques. La cause de la liberté et celle de la prospérité économique ont progressé côte à côte. Nous abordons aujourd’hui une nouvelle ère. D’ici la fin de ce siècle, il se peut qu'une puissance économique considérable se trouve aux mains de gouvernements non démocratiques. Il n’est pas sûr que le capitalisme autoritaire se transformera en douceur pour s’aligner sur le capitalisme démocratique et responsable dont nous bénéficions aujourd’hui en Europe et en Occident.
Nous espérons que ces pays se libéraliseront. Nous les y encouragerons de façon amicale, mais nous connaissons les risques. C’est l’intérêt de nos concitoyens que le programme 2020 parvienne à stimuler la création d'emplois de qualité et à faire grimper les niveaux de vie, et c’est l'intérêt du monde libre que le programme 2020 montre la voie d'un avenir économique plus fort pour tous nos concitoyens.
Lothar Bisky, au nom du groupe GUE/NGL. – (DE) Monsieur le Président, comme le dit le proverbe, c'est dans le besoin que l'on reconnaît ses amis. L'Union européenne compte 27 gouvernements qui essayent tous, chacun à sa façon, de sauver leurs propres banques et grandes industries. Jusqu’à présent, le résultat en a été l’accroissement de la dette de chacun de ces pays et des taux d’épargne catastrophiques pour les citoyens. On parle alors par euphémismes, on mentionne la «politique de modération salariale», la diminution des coûts non salariaux de la main d'œuvre ou encore la privatisation des risques de la vie tels que l'âge, la famille, la maladie et l'éducation souhaitée.
Les banques utilisent aujourd’hui les paquets de sauvetage adoptés par les États pour spéculer contre les budgets nationaux. Les banques ont déjà mieux récupéré que les États. Hypo Real Estate et Commerzbank, sauvées de la faillite en Allemagne à coups de milliards d’euros prélevés sur les deniers publics, sont dans le peloton de tête de ceux qui profitent de la flambée des obligations d'État grecques. L’argent des contribuables sert à la spéculation et cet argent est versé par les braves travailleurs ordinaires, qui n’ont pas de comptes en Suisse comme ceux qui servent de refuge aux plus riches.
(Tapage)
Croyez-moi, je ne prends aucun plaisir à utiliser des exemples négatifs concernant l’Allemagne. Mais l’un des partis au pouvoir en Allemagne demande sans cesse un allègement de la fiscalité, alors même que nous exigeons du gouvernement grec qu'il augmente les impôts. Et qui va devoir trouver cet argent? Je crains que ce ne soient ceux qui ont déjà du mal à joindre les deux bouts. N’est-ce pas l'Allemagne, autrefois le premier pays exportateur du monde, qui a découplé il y a des années les augmentations salariales de la productivité, ce qui a débouché sur le dumping social?
Dans le théâtre grec classique, une crise représente la possibilité et, à vrai dire, l’obligation de changer de cap. Pour changer de cap, nous devons exiger que soit enfin instauré un salaire minimum garanti. Le même travail au même endroit doit être récompensé par le même salaire. Nous devons harmoniser la fiscalité au sein de l’Union européenne, et surtout, nous avons besoin d’une véritable réglementation et d'un véritable contrôle des marchés financiers au niveau européen et d’une véritable politique économique et financière européenne basée sur la solidarité, avec des objectifs sociaux et environnementaux contraignants.
Nigel Farage, au nom du groupe EFD. – (EN) Président de l’Europe... Le jour que nous attendions depuis si longtemps. On nous avait dit que le jour où nous aurions un président, nous verrions apparaître un personnage politique d’envergure mondiale, un homme qui serait le responsable politique de cinq cents millions de personnes, un homme qui nous représenterait sur la scène mondiale, un homme dont le rôle serait si important que, bien entendu, il… vous percevriez un salaire supérieur à celui du président Obama. Or ma foi, j’en ai bien peur, finalement nous n’avons eu que vous. Et je suis désolé, mais après votre prestation de ce matin... Je ne veux pas être grossier, mais vous savez, franchement, vous avez le charisme d’une loque humide et l’apparence d’un petit employé de banque.
(Protestations)
La question que je veux vous poser, et que nous allons tous vous poser, est la suivante: qui êtes-vous? Je n’avais jamais entendu parler de vous; personne en Europe n’avait jamais entendu parler de vous. Je voudrais vous demander, Monsieur le Président: qui a voté pour vous?
(Vives protestations)
Et de quel mécanisme - et je sais qu'on n’apprécie guère la démocratie dans votre clan - de quel mécanisme les citoyens de l’Europe disposent-ils pour vous relever de vos fonctions? Est-ce cela, la démocratie européenne?
Je sens pourtant que vous êtes un homme compétent, capable et dangereux, et je suis absolument convaincu que votre intention est de devenir l’assassin silencieux de la démocratie européenne et des États-nations européens. Vous semblez exécrer la notion même d’État-nation; peut-être parce que vous nous arrivez de Belgique, qui, dans une large mesure, est un non-pays.
(Réactions)
Mais depuis que vous avez pris vos fonctions, nous avons déjà vu la Grèce réduite à l’état de protectorat. Monsieur, vous n’avez pas la moindre légitimité à ce poste et je suis convaincu de parler au nom de la majorité des Britanniques en disant que nous ne vous connaissons pas, nous ne voulons pas de vous, et plus tôt on vous mettra au rancart, mieux cela vaudra.
Le Président. – Comme vous l’avez dit, Monsieur le Président, vous ne vouliez pas être grossier.
Je préfère poursuivre. Monsieur le Président, acceptez-vous une question «carton bleu»?
Joseph Daul, au nom du groupe PPE. – Monsieur Farage, est-ce que vous êtes d'accord pour appliquer l'article 9 du traité pour demander de sortir tout simplement de l'Europe? Comme ça, vous serez tranquille.
Martin Schulz , au nom du Groupe S&D. – (DE) Monsieur le Président… vous me décevez beaucoup, Monsieur Buzek. Il est inacceptable qu'un président de groupe puisse traiter le président du Conseil européen de «loque humide» au sein de ce Parlement plutôt que d’exprimer une critique d'ordre politique.
(Applaudissements)
Monsieur le Président, j’attends de vous que vous réagissiez par un rappel à l’ordre. Il est inadmissible que cet homme puisse librement fouler au pied la dignité de ce Parlement. À M. Daul, je voudrais dire que la question n’est pas de savoir si le Royaume-Uni veut quitter l’Union européenne. Il vaudrait peut-être mieux pour M. Farage qu’il renonce à son mandat s’il s’offusque à ce point de l'Union européenne et du Parlement européen.
(Applaudissements)
Le Président. – Je répète aujourd’hui à M. Farage ce que je lui ai déjà dit il y a deux mois: les interventions de ce genre, qui comportent des attaques ad hominem, sont inadmissibles au Parlement européen. J’en ai parlé à M. Farage, je le lui ai bien fait comprendre. Je tiens à dire, Monsieur Schulz, que j’ai fait et que je continue de faire précisément ce que vous suggérez.
Nigel Farage (EFD). – (EN) Vous n’aimez peut-être pas ce que je dis, mais pensez donc à votre propre comportement. Après le «non» du peuple irlandais lors du référendum, vous avez dit qu’en soutenant le «non», notre groupe avait ouvert la porte au fascisme. Vous avez dit que notre groupe s'était comporté au Parlement comme Hitler et les nazis au Reichtstag. Daniel Cohn-Bendit nous a traités de débiles mentaux. Vous savez, il faut que ce soit... On ne peut pas agir d’une façon...
(Le Président retire la parole à l'orateur)
Le Président. – Monsieur Farage, je suis désolé, mais il ne s’agissait pas d’une déclaration d’ordre personnel. Nous devons maintenir l’ordre et respecter tous les règlements de notre Parlement.
Frank Vanhecke (NI). – (NL) Tout d’abord, permettez-moi de vous rappeler calmement que ce débat a lieu dans cette enceinte à Bruxelles, en Belgique. Dans le contexte économique actuel, nous pourrions décrire la Belgique comme la Grèce de la mer du Nord sans exagérer le moins du monde. Après la Grèce et l'Italie, la Belgique présente en effet le taux d'endettement le plus élevé en Europe. Nous sommes un pays européen gravement malade, et si je puis m’exprimer ainsi, la faute en revient en grande partie à l'un des intervenants précédents, M. Verhofstadt, ancien Premier ministre belge. En matière de fraude et de manipulation du budget, il pourrait apprendre une ou deux choses aux Grecs!
Mais ne nous excitons pas exagérément à cet égard et surtout, cessons de prétendre que nous pourrons échapper à la crise en augmentant encore la dette publique, la tristement célèbre proposition Verhofstadt d’un emprunt gouvernemental européen, dont quelqu’un devra tôt ou tard régler la note. Au contraire, nous avons vu à maintes reprises que ce sont les décisions prises au niveau européen qui nous ont poussés vers la crise, les décisions d'évacuer les critères de Maastricht et le pacte de stabilité et de croissance au profit des apparences, parce qu’il fallait que l’Europe donne l’impression d'avancer.
C’est cette même obstination eurocrate qui s’efforce aujourd’hui de nous faire avaler la stratégie d'adhésion de la Turquie. Il faut aujourd’hui laisser de côté les réalités économiques et géographiques et les citoyens européens vont devoir payer une fortune pour l'adhésion potentielle d'un pays qui n'est même pas européen. La solution n’est pas «plus d'Europe». La solution, c’est la responsabilité nationale et l’obligation, pour les différents États membres, de vivre comme ils l’entendent et selon leurs moyens.
Corien Wortmann-Kool (PPE). – (NL) Monsieur le Président Buzek, Monsieur le Président Barroso, et évidemment Monsieur le Président Van Rompuy, nous sommes ravis de vous avoir parmi nous aujourd’hui. Vos remarques au début de ce débat montrent clairement que vous souhaitez vous lancer dans un travail ambitieux, mais que vous souhaitez aussi jouer votre rôle comme le prévoit le traité de Lisbonne. Je tiens à vous en féliciter d’avance.
Il est important que vous soyez ici pour discuter de la future stratégie 2020, parce que cette stratégie est essentielle pour rendre à l’Europe son rôle au niveau mondial. Monsieur le Président, et je m’adresse au président Barroso également, vous savez ce que sont nos priorités. Ces priorités sont axées sur une économie de marché verte et sociale. Cela signifie que notre première tâche doit être de remettre sur pied les petites et moyennes entreprises, qui sont le moteur de la création d'emplois en Europe. Et je ne parle pas uniquement de commerce et de services, mais aussi de notre industrie européenne, que nous devons rendre à nouveau compétitive sur la scène mondiale. Nous parlons également de notre secteur agricole et de notre production d’aliments de qualité, qui sont aussi compétitifs sur la scène mondiale. Cela signifie que nous avons besoin de PME axées sur la connaissance, l'innovation et les technologies durables.
Tel doivent être les fondations de la stratégie 2020. Ces fondations impliquent d'avoir une stratégie de sortie qui ira de pair avec un pacte de stabilité et de croissance fort et avec la réforme nécessaire des dépenses publiques des États membres. Monsieur le Président, l’ancienne stratégie de Lisbonne contenait trop d’objectifs vagues et a démontré l’échec de la méthode de coordination ouverte. La question que je vous pose est donc la suivante: quels objectifs spécifiques allez-vous définir pour obliger enfin les États membres à s'engager réellement en faveur de cette stratégie, tout en restant dans les limites du traité de Lisbonne du point de vue de la subsidiarité?
Marita Ulvskog (S&D). – (SV) Monsieur le Président, selon les chiffres de la Commission elle-même, 80 millions de citoyens de l'Union européenne vivent actuellement sous le seuil de pauvreté. Cette situation est indécente, et elle constitue aussi un obstacle au progrès dans d'autres domaines. Et pendant ce temps, M. Farage vient au Parlement et se lance dans des tirades insultantes à un moment où l’Europe est en crise et où nous devons traiter de nombreuses questions importantes. Il faudrait lui infliger une suspension et ne pas l’autoriser à participer à la période de session de la semaine prochaine à Strasbourg. Ce serait là une punition bien modérée pour le comportement dont il s’est rendu coupable.
Notre tâche est à présent de produire une nouvelle stratégie de Lisbonne, en d’autres termes UE 2020. Dans cette perspective, il est important de comprendre que la cohésion sociale et le développement durable sont des conditions essentielles de la croissance économique. La première société qui parviendra à se défaire de sa dépendance aux combustibles fossiles, par exemple, prendra la tête dans la création de nouveaux emplois verts. Mais nous avons besoin de ressources pour que cette stratégie réussisse. Au moins 50 % du budget réservé par l'Union européenne et par les États membres pour nous sortir de la crise doivent être investis dans un nouveau Green Deal qui permettra de créer ces nouveaux emplois verts. Le septième et le huitième programmes-cadres doivent se concentrer sur la recherche et le développement dans le domaine de l’énergie renouvelable.
La Commission doit aussi faire des efforts vigoureux pour empêcher l’exclusion sociale qui progresse actuellement dans toute l'Europe et pour renforcer les parties prenantes au marché de l'emploi. Ces dernières années, l'UE a été perçue à juste titre comme une menace pour le mouvement syndical. Il faut que cela change. Un premier pas pourrait consister à réviser la directive sur le détachement des travailleurs ou, comme on l'appelle en Europe, la «directive sur le dumping salarial», qui suscite tant de colère et tant de conflits. Nous en avons eu largement assez aujourd’hui au Parlement.
Lena Ek (ALDE). – (EN) Monsieur le Président, l'objectif d'UE 2020 devrait être de libérer le potentiel du citoyen européen. Trop souvent, nous oublions que nos stratégies de croissance sont mises en place pour bénéficier à nos concitoyens et pour améliorer l'avenir de nos enfants.
Il ne fait aucun doute que la stratégie de Lisbonne a échoué lorsqu’elle a tenté de tout inclure. Avec un programme aussi large, elle a perdu de vue sa mission première et ainsi les possibilités d'atteindre les objectifs ambitieux définis.
Pour que la stratégie 2020 soit efficace, nous devons changer de format pour créer quelque chose d’entièrement différent. Notre travail doit viser un nombre limité de domaines spécifiques et s’attaquer aux facteurs fondamentaux de la croissance durable.
En tant que seul organe directement élu de l’UE, et avec un pouvoir de codécision à part entière, le Parlement aura son mot à dire dans la stratégie 2020. Pour garantir la légitimité et l’ouverture, la Commission et le Conseil seraient donc bien avisés d'impliquer le Parlement dans les travaux en cours concernant la stratégie 2020.
Tout comme l’ouverture et la transparence sont essentielles pour créer une Europe des citoyens, elles sont également indispensables pour éviter les crises des finances publiques comme celles qui frappent actuellement différents pays de l'Union.
Tout le monde montre la Grèce du doigt, mais il y a d’autres pays qui se sont soustraits à l’étalonnage des performances, qui ont trompé l'Europe à propos de leurs déficits et qui ont maquillé leurs statistiques financières. La méthode de coordination ouverte s’est transformée en ententes secrètes puis en humiliation ouverte.
Souvenez-vous que ce qui vaut pour les citoyens vaut aussi pour les gouvernements. La liberté s'accompagne de responsabilités. Il est temps que les gouvernements d’Europe prennent cette responsabilité au sérieux, parce que les problèmes auxquels nous devons faire face sont des problèmes graves.
Philippe Lamberts (Verts/ALE). - Monsieur le Président, chers collègues, je suis d'accord avec l'idée de réduire le nombre d'objectifs de la stratégie UE-2020 à un nombre limité, à condition qu'ils soient tout d'abord ambitieux. Ambitieux, pour commencer, en ce qui concerne la réduction de notre empreinte écologique. Donc, il ne s'agit pas seulement de climat et, de ce point de vue-là, retrouver à nouveau le chiffre de -20 % nous semble tout à fait en-dessous de ce qui est vraiment nécessaire. Même 30 % n'est pas ambitieux.
Objectif ambitieux, ensuite, concernant la réduction des inégalités: on pourrait penser à réduire le niveau de pauvreté en Europe de 50 % d'ici 2020, ce ne serait pas, ce ne serait certainement pas un maximum à atteindre. Objectif ambitieux sur l'enseignement, sur la recherche, le développement, l'innovation. Objectif ambitieux aussi, bien sûr, sur la création d'emplois.
Ces objectifs – on l'a déjà dit – doivent être mesurables et doivent être contraignants; que ce soit un système bonus-malus ou un autre, peu importe, mais il nous faut des résultats. Mais nous n'atteindrons pas ces résultats sans deux ingrédients absolument indispensables.
Premièrement, il s'agit de régulations fortes des marchés et, de ce point de vue-là, Monsieur Van Rompuy, ce qu’il se passe au niveau de la supervision des marchés financiers et les positions du Conseil nous inquiètent et nous inquiètent fort.
Pour le deuxième élément, je voudrais souligner ce que M. Daul a dit: en effet, Monsieur Daul, il faudra de nouveaux abandons de souveraineté de la part des États, en particulier dans le domaine fiscal. Et là, je me demande où se trouve le PPE. Sans une convergence fiscale forte, nous ne pourrons pas rééquilibrer à la fois nos finances publiques et établir notre fiscalité sur une base soutenable. On pense à l'énergie, on pense, bien sûr, à la fiscalité sur les transactions financières.
Kay Swinburne (ECR). – (EN) Monsieur le Président, j’approuve la direction choisie pour la stratégie UE 2020, surtout en cette période de crise économique. Je crois qu'il faut absolument que l'UE se concentre sur ses avantages économiques et compétitifs comparatifs existants et qu'elle utilise tous les outils et toutes les ressources disponibles, surtout dans le domaine de la recherche et du développement, pour créer une réelle valeur ajoutée européenne.
Je pense que nous devons donner la priorité à l’achèvement du marché unique des services et des biens, et que nous devons adopter une approche ambitieuse de la création d'un marché unique de la recherche innovante. Il faut encourager vivement la recherche et le développement dans les universités comme dans les entreprises privées en Europe pour nous placer au premier plan des nouvelles industries et technologies durables.
Nous devons toutefois rester vigilants vis-à-vis des législations qui visent à entraver ces développements. Nous devons améliorer le lien entre le secteur privé et la recherche académique, et nous devons faciliter la transformation de ces connaissances en entreprises créatrices d'emplois et de richesses. En plus d’améliorer l’accès au financement pour l’innovation, nous devons alléger le fardeau administratif, en particulier pour les PME et les microentreprises. Un bon point de départ serait d’adopter des procédures de passation des marchés publics favorables aux PME et d’autoriser les PME à participer à des partenariats public-privé.
Une stratégie UE 2020 axée sur l’innovation dans les domaines où nous possédons déjà une expertise...
(Le Président retire la parole à l'oratrice)
Nikolaos Chountis (GUE/NGL). – (EL) Monsieur le Président, d’énormes manifestations contre le chômage sont organisées aujourd'hui en Grèce par les travailleurs du secteur public comme par ceux du secteur privé.
La colère a envahi les rues et les travailleurs sont scandalisés par les mesures d'austérité draconiennes prises par le gouvernement grec sur l’insistance de l’UE, et notamment du dernier Conseil européen. Lors de ce Conseil, au lieu de prendre des mesures en faveur des économies vulnérables, au lieu de prendre des mesures pour faire cesser la spéculation et pour instaurer une solidarité économique et sociale, au lieu d’accepter que le pacte de stabilité n’est pas appliqué et que son rétablissement ne ferait qu’aggraver la récession, au lieu d’accepter l’échec retentissant du traité de Lisbonne, le Conseil a préparé la stratégie 2020 comme une extension et une continuation de ce traité.
Vous faites de la Grèce un bouc émissaire, imposez des mesures hostiles aux travailleurs, qui ne sont pourtant pas responsables de la crise, et ces mesures ouvriront la voie à des mesures semblables dans d’autres pays.
Les citoyens de Grèce et d’Europe vous réserveront bientôt l’accueil que le peuple argentin a réservé au Fonds monétaire international.
Rolandas Paksas (EFD). – (LT) Il y a quelque chose de symbolique dans le fait que, 20 ans après la chute du mur qui divisait l’Europe, nous discutions aujourd’hui d’Europe 2020. Je tiens tout d’abord à exprimer mon soutien aux priorités fondamentales de la stratégie Europe 2020: la connaissance et l’innovation, une société au taux d’emploi élevé et une économie compétitive et durable. Je propose d’ajouter deux priorités supplémentaires, à savoir le développement de l’infrastructure et une politique énergétique effective. Tout en soulignant l’importance de renforcer la sécurité énergétique, l'une des principales priorités de la politique énergétique européenne, et tout en aspirant à une diversification des sources et des itinéraires d’approvisionnement en énergie, nous ne devons pas oublier les projets Rail Baltica et Via Baltica, qui ne sont pas importants seulement pour la Lituanie. Je pense qu’au moment de préparer une nouvelle stratégie, nous devons évaluer les raisons pour lesquelles nous n’avons pas pu atteindre les objectifs définis par la stratégie de Lisbonne. Nous ne devons pas uniquement définir de nouveaux objectifs et de nouvelles tâches stratégiques, mais aussi remplacer nos longues palabres par des actions concrètes avec des échéances précises.
PRÉSIDENCE DE Mme DAGMAR ROTH-BEHRENDT Vice-présidente
Francisco Sosa Wagner (NI). – (ES) Madame la Présidente, je pense que cette crise représente une occasion d'avancer avec détermination et conviction vers la création d’une Europe forte. Dans cette Europe forte, nous devrons probablement renoncer à l’expression «améliorer la coordination», celle-ci signifiant que tout dépend des sujets à coordonner, avec pour conséquence inévitable la paralysie et le manque de clarté.
Nous savons que les finances et les déficits publics des pays européens souffriront jusqu’à ce que nous avancions sur la voie de l’intégration financière européenne, et jusqu'à l'émission d'euro-obligations.
En tout état de cause, les institutions européennes peuvent déjà prendre des mesures spécifiques - je n'insisterai pas sur toutes les paroles creuses à propos de la coordination. D’un côté, nous avons la Banque centrale européenne chargée d’harmoniser la surveillance financière, et ...
(Fin de l’allocution indisponible pour des raisons techniques)
Werner Langen (PPE). – (DE) Madame la Présidente, Monsieur Barroso, Monsieur Van Rompuy, pour que la stratégie 2020 puisse réussir, il faudra - contrairement à ce qu’il s’est passé avec la stratégie de Lisbonne - la mettre en œuvre pour de bon. Contrairement à ce qu'ont affirmé d'autres intervenants, je pense que les objectifs n’étaient pas mauvais. La principale cause de l'échec de la stratégie de Lisbonne est que les États membres n'en ont pas respecté les règles, qu'ils n'ont pas respecté leurs obligations. Par ailleurs, Monsieur Barroso, la Commission n’a pas fait preuve d’un courage suffisant. Elle n’a pas eu le courage nécessaire pour la mettre en œuvre, pour exiger des réformes ou pour exécuter sa propre stratégie.
Vous avez aujourd’hui, pour votre deuxième mandat, une nouvelle Commission approuvée à une large majorité. J'espère que vous allez tout améliorer, que vous allez insuffler un nouveau dynamisme à l'Europe, que vous allez promouvoir la technologie et qu'au lieu de parler uniquement de redistribution, nous ferons concurrence aux autres régions économiques du monde. Ces régions ne se demandent pas si les Européens sont d’accord entre eux ou s’ils mettent en œuvre de nouveaux programmes de redistribution. Ils possèdent leur propre dynamique, et nous devons y réagir. Tel est la tâche que cette stratégie doit nous permettre d’accomplir.
Nous n’avons encore que des ébauches et j’espère que ces ébauches seront améliorées, parce qu'elles indiquent clairement l'intention de continuer à agir «comme d’habitude». Il n’y a pas d’approches réellement nouvelles. Il n’y a même aucun élément réellement nouveau en provenance du Conseil et du nouveau président du Conseil européen. Pourtant, nous avons besoin de cette stratégie pour ne pas nous laisser distancer par le reste du monde. Il faut pour cela définir de nouvelles conditions générales. Nous devons réexaminer avec soin les objectifs climatiques du passé. Nous devons promouvoir la technologie au lieu de continuer de mettre des obstacles sur sa route.
En tant qu’organe collégial, la Commission ne doit pas représenter les intérêts de chacun de ses commissaires, mais jouer un rôle moteur en Europe. Vous pouvez compter sur notre soutien enthousiaste. Ce n’est qu’à cette condition que la stratégie 2020 pourra réussir - pas avec la lâcheté des gouvernements, et pas en insistant pour que quelqu’un d’autre paye pour ce que les partenaires européens refusent d’assumer.
Stéphane Le Foll (S&D). - Madame la Présidente, Monsieur le Président Barroso, Monsieur Van Rompuy, je voudrais d'abord dire qu'en ce qui concerne la stratégie 2020, tout le monde est d'accord sur les objectifs. Mais le problème de notre continent aujourd'hui, c'est qu'il sort d'une crise grave et que sa caractéristique, c'est que nous avons une croissance globalement extrêmement faible, voire négative.
Cela nécessite donc une prise de conscience politique, et cela a deux objectifs pour moi. Le premier, c'est comment on s'organise politiquement. Et là, vous avez aux postes qui sont les vôtres, deux responsabilités majeures: animer une coordination des politiques économiques - c'est absolument nécessaire -, fixer des objectifs avec des outils pour les réaliser.
Et c'est là que j'en viendrai au deuxième élément qui, pour moi, est essentiel, et il sera en même temps une question. Pour réaliser des objectifs dans une politique publique, il faut un budget. Aujourd'hui, l'Europe est confrontée à ce dilemme: les États ont des déficits importants et plus leurs déficits sont importants, moins ils mettront au pot commun de l'Europe. Ce faisant, moins nous avons de capacité de pouvoir relancer notre croissance.
Comment sortons-nous de ce dilemme? C'est la question que je vous pose. Elle s'appuie sur deux éléments. Premièrement, quelles sont les lignes directrices que vous défendrez au moment de la discussion sur les perspectives budgétaires face aux États? Deuxièmement, êtes-vous en capacité d'aller vers des innovations qui permettent à la Banque européenne d'investissement, comme à la BERD, de prendre beaucoup plus de responsabilités et, pourquoi pas, à l'Europe de pouvoir emprunter pour financer cette nécessité qu’est la croissance de demain?
Sylvie Goulard (ALDE). - Messieurs les Présidents, après la stratégie de Lisbonne, voici la stratégie «Twenty-Twenty». Est-ce un simple changement de nom ou un changement de cap? Je me tourne notamment vers M. Barroso. En lisant votre contribution en vue du Conseil informel, en vous entendant aujourd'hui évoquer à juste titre le nombre de pauvres dans l'Union européenne ou la nécessité de développer la régulation financière, je me suis dit, Monsieur Barroso, quel dommage que vous n'ayez pas été Président de la Commission ces dernières années! Parce que vous auriez pu faire tout ce que vous nous proposez aujourd'hui et, aujourd'hui, vous dites que c'est la crise qui vous a empêché de le faire, mais la crise a bon dos. Enfin, à tout pécheur miséricorde, ne perdons plus de temps.
Je me tourne donc avec espoir vers M. Van Rompuy, d'abord pour lui souhaiter la bienvenue de manière plus aimable que cela n'a été fait auparavant par un des députés, pas les autres. C'est sur vous que nous comptons, c'est un peu un paradoxe, Monsieur Van Rompuy, mais c'est sur vous que nous comptons pour la relance d'une Europe qui soit authentiquement communautaire, et vous venez d'un pays qui sait ce que veut dire le mot «communautaire» dans l'intérêt général.
Si vous vous y attelez, vous aurez le soutien de ce Parlement, et je crois que concernant la stratégie «Twenty-Twenty», il ne faut pas se laisser abuser par les mots. Si les mots ont un sens, nous devons surtout penser à moyen terme, penser global, penser au-delà du nationalisme. Et je rejoins ce qu'a dit M. Lamberts: les membres du Conseil sur la supervision financière ne nous donnent pas en ce moment de grandes visions européennes. Ils ont les deux pieds sur le frein.
Pour ma part, je vous propose donc un seul objectif, que vous mentionnez d'ailleurs dans votre propre papier pour le Conseil, c'est l'Union économique et monétaire dans tous ses aspects, consolider les disciplines, bien sûr, consolider la solidarité; rappeler au Conseil que s'il y a des problèmes en Grèce, c'est en partie en raison des Grecs et en partie à cause du manque de solidarité.
Reinhard Bütikofer (Verts/ALE). – (DE) Madame la Présidente, il est facile de se fixer de beaux objectifs. Nous le faisons au début de chaque année, nous nous fixons des objectifs, mais pour que ces objectifs ne restent pas de simples rêves, de beaux discours, pour qu’ils deviennent de véritables programmes d’action, il faut répondre précisément à la question de savoir qui, quoi, comment, combien et quand. Voilà ce que nous devons voir pour le programme Europe 2020. Je pense que M. Daul a fait mouche au début de ce débat. La question est la suivante: sommes-nous prêts à renoncer à la souveraineté nationale dans le domaine de la politique économique ou préférons-nous nous passer de la cohésion de l’Union, de l’Euro ou de ce que nous avons passé des décennies à construire? Le choix est réellement aussi marqué. J’aurais aimé entendre des déclarations claires de la part du représentant de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) allemande, parce que comme nous le savons, ce sont les conservateurs allemands qui se sont souvent opposés à cette politique.
Madame la Présidente, Monsieur Van Rompuy, Monsieur Barroso, je voudrais ne pas entendre uniquement le président du Conseil européen nous dire, avec une confiance calme, que le Conseil a l'intention de définir des orientations dans ce domaine. Je voudrais aussi que la Commission, en collaboration avec le Parlement, s'attèle activement et énergiquement à l’élaboration de ces orientations pour une gouvernance économique européenne commune. Dans cette tâche, la Commission ne devra pas laisser simplement Mme Merkel et M. Sarkozy la mener par le bout du nez. Elle devra faire un effort sincère pour rassembler l'Europe dans une politique économique commune.
Charalampos Angourakis (GUE/NGL) . – (EL) Madame la Présidente, comme vous le savez, tandis que nous discutons des résultats du Conseil européen informel, les travailleurs grecs sont en grève, jusqu'au dernier, pour protester précisément contre ces mesures, précisément contre ces résultats. Ils protestent contre l’Union européenne elle-même et contre la politique des gouvernements de centre-gauche et de centre-droite, qui prennent systématiquement des mesures hostiles à la base, aux travailleurs, dans le seul but de protéger les bénéfices des monopoles.
L’Union européenne, les gouvernements et la Commission essayent de terroriser les travailleurs dans toute l’Union européenne pour leur faire courber l'échine face à l'avalanche de mesures hostiles au peuple. Mais dans cette guerre, les travailleurs réagissent par des grèves, des manifestations et des rassemblements de masse dont vous n'avez pas dit un mot, Monsieur Barroso, par des manifestations et des grèves organisées dans de nombreux pays de l'Union européenne par les syndicats conscients des problèmes de classes.
Les travailleurs n’ont qu’une seule réponse à opposer au front des partis du capital, au sens unique européen, aux dirigeants syndicaux compromis et aux attaques en règle des gouvernements contre les salaires et les pensions: le développement de leurs intérêts.
Mario Borghezio (EFD). – (IT) Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs, nous avons assisté à une manifestation formelle de solidarité avec la Grèce, mais le véritable objectif est d'imposer une politique d'austérité rigide aux États membres de l'Union européenne.
Lors de la conférence de presse de clôture, M. Van Rompuy a clairement indiqué que l’idée était de créer une espèce de dictature dans l'Union européenne et de transformer le Conseil en une junte impériale avec toujours plus d'emprise sur les États membres.
Le journal The Independent a révélé qu’avant ce sommet, M. Van Rompuy a envoyé aux chefs d'État ou de gouvernement une lettre dans laquelle il écrivait, dans l'une des pièces jointes, que les membres du Conseil étaient responsables de la stratégie économique au sein de leurs gouvernements respectifs, et qu'ils devraient en être responsables également au niveau de l'UE. Que l’on appelle cela la coordination des politiques ou la gouvernance économique, seul le Conseil est en mesure de formuler et de défendre une stratégie européenne. Il a également ajouté que le Conseil européen était très ambitieux, qu'il voulait le contrôle et qu'il voulait jouer un rôle de dirigeant, dans les limites de la consultation bien sûr, et que c'est pour cette raison qu'il avait proposé que le Conseil se réunisse tous les mois.
Telles sont les visées impériales des architectes de l’Union européenne. On les retrouve également dans un projet qui circule dans les couloirs de la Commission et qui demande que 80 % de la dette des États membres de l'UE devienne une dette de l'Union européenne.
La campagne lancée ces derniers jours en faveur d’un super-État économique ne transformera pas seulement la Grèce, mais les 27 États membres de l'Union européenne en protectorats.
Andreas Mölzer (NI). – (DE) Madame la Présidente, l’UE a désormais adopté une stratégie de l'après-Lisbonne dans laquelle elle a bien pris soin de ne se fixer aucun objectif vérifiable. Le fait de se focaliser sur l’économie verte ne suffira pas à garantir la compétitivité de l’Europe en tant que centre de production. Selon moi, en plus des infrastructures et des approvisionnements énergétiques fonctionnels, cet objectif nécessite des travailleurs bien formés et non des vagues successives de travailleurs immigrés inondant le marché de l’emploi de main-d’œuvre au rabais.
S’il s'avère nécessaire d’assouplir les marchés nationaux du travail, cette flexibilité ne doit pas donner lieu à une abrogation en douce des périodes transitoires pour les nouveaux États membres. Une période de crise, alors que de plus en plus de gens se retrouvent au chômage ou gagnent difficilement leur vie à temps partiel ou dans des «emplois à un euro», est un moment mal choisi pour que l'Europe relance la concurrence impitoyable qui existe déjà sur le marché du travail.
De façon générale, l’Union européenne ne doit pas recourir au despotisme. Elle ne doit pas priver immédiatement d’aides financières les régions structurellement vulnérables parce que les réformes se font attendre, et elle ne doit même pas menacer de le faire. Nous n’avons certainement pas besoin d’un nouveau comité consultatif pour évaluer des objectifs qui finiront probablement à nouveau au fond d’un tiroir. Au lieu d’une centralisation croissante, nous devons renvoyer la gestion des subventions au niveau national. La stratégie Europe 2020 ne doit pas déclencher un nouveau marathon de la concurrence et un exode de la privatisation. Elle doit au contraire garantir la prospérité des citoyens de l’Europe.
L’UE a aujourd’hui la possibilité de se poser en rempart contre la mondialisation, et ce sera probablement sa seule chance.
Mario Mauro (PPE). – (IT) Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs, Monsieur le Président du Conseil, vous n’êtes peut-être pas très connu, comme l’affirme M. Farage, mais je sais que vos idéaux sont profondément ancrés dans la tradition et la culture européennes. Je vous admire et je vous respecte pour cela.
Pour cette raison précisément, je me permettrai de commenter votre allocution très rationnelle par une analogie issue du monde du football. Vous semblez envisager votre rôle comme celui d’un demi, d'un milieu de terrain chargé de remettre de l'ordre dans le jeu d'une équipe qui, après les changements apportés par le traité de Lisbonne, risque d'éprouver des difficultés à marquer des buts, à atteindre ses objectifs.
À la lumière de cet exemple, je pense que c’est au Parlement qu’il revient de prendre plus de risques que les autres joueurs, d’être un attaquant qui réinvente sans cesse le jeu, qui s’inspire des nouvelles règles pour renforcer la capacité d’attaque de l’équipe et pour offrir des chances de but à notre avant-centre, la Commission Barroso.
Que se passera-t-il si nous ne suivons pas cette approche, que je soutiens avec enthousiasme? Nous nous replierons en défense, et nous finirons par marquer dans nos propres filets aux dépens de nos concitoyens.
C’est justement pour cette raison, Monsieur Van Rompuy, que je vous demande de soutenir le nouveau rôle moteur joué par le Parlement et de le considérer non comme un obstacle, mais comme une chance. Nous devons nous montrer à la hauteur de cette occasion historique, nous devons jouer un rôle historique, accomplir une tâche historique, et je suis convaincu que vous êtes l’homme qui convient pour nous guider.
Juan Fernando López Aguilar (S&D). – (ES) (Début de l'intervention non disponible pour des raisons techniques) ... Si nous parlons de la stratégie 2020, nous parlons non seulement de la stratégie de l’après-Lisbonne, mais aussi de la stratégie visant à reconnaître la non-réalisation des objectifs de Lisbonne, ou, pour le dire crûment, la stratégie de reconnaissance de l'échec de Lisbonne. La stratégie de Lisbonne était censée assurer la croissance et la durabilité, mais elle n’a pas abouti. En effet, elle n'est pas parvenue à assurer la durabilité du point de vue financier, environnemental ou social.
Du point de vue financier, l’Europe a certes développé une union monétaire, mais elle est loin d'avoir mis en place une union économique, et elle est même bien loin de coordonner les politiques économiques et les incitants fiscaux qui devraient accompagner l’union monétaire.
En ce qui concerne l’énergie, une politique unique européenne reste à inventer. Du point de vue social, la colère gronde parmi les travailleurs, les syndicats et les classes défavorisées de toute l’Europe. Ces gens s’inquiètent de la viabilité du modèle qui nous a rendus meilleurs quand il nous a rendus plus européens, ce même modèle qui était parvenu à garantir la prospérité et la cohésion sociale.
Après la réunion informelle du Conseil du 11 février dernier, je voudrais demander quels engagements le Conseil, la Commission et toutes les institutions européennes comptent prendre pour renforcer l’engagement en faveur du pacte social mentionné dans le discours de celui qui occupera la Présidence de l’Union au cours des six prochains mois, le Premier ministre espagnol José Luis Rodríguez Zapatero?
Un pacte social capable d’affirmer clairement que cette fois l’Europe va s’engager en faveur de la viabilité financière et environnementale et en faveur du maintien du modèle social qui nous a rendus meilleurs en nous rendant plus européens.
Jean Lambert (Verts/ALE). – (EN) Monsieur le Président, Monsieur Barroso a dit vouloir une stratégie européenne, et il est vrai que certaines parties du document UE 2020 font preuve d'ambition. Le chiffre relatif aux émissions de gaz à effet de serre, par contre, est bien loin d'être ambitieux: il est lamentable, et il ne nous permettra pas d’atteindre nos objectifs. Nous devrions viser 40 % d’ici 2020. Bien sûr, cette question ne concerne pas uniquement le climat mais aussi la disponibilité des ressources et le renforcement de l’efficacité dans l’utilisation des ressources.
Cette stratégie contient également de nombreux éléments déjà vus, notamment la croissance économique considérée de plus en plus comme un objectif en soi que comme un indicateur. Ceci ne devrait pas être le but de cette stratégie. L'UE compte de nombreux domaines dans lesquels nous nous sommes efforcés de dissocier la croissance du transport, de l’utilisation de l’énergie et du reste, et il y longtemps qu’elle est dissociée des emplois. Et ne pourrions-nous donc pas parler comme si, d’une façon ou d’une autre, la croissance allait créer des emplois?
Nous devons aussi penser à lutter non seulement contre la pauvreté mais aussi contre les inégalités. La réduction des inégalités a en effet des avantages prouvés, et nous devons veiller à ce que nos institutions financières ne sapent pas les objectifs ambitieux que nous pourrions nous fixer.
Othmar Karas (PPE). – (DE) Monsieur Van Rompuy, je voudrais avant tout vous remercier de la lettre que vous nous avez envoyée. Je dois vous dire que je partage tout à fait les principes, les valeurs et la direction que vous envisagez dans cette lettre. Je me réjouis de votre intention annoncée de réunir le Conseil une fois par mois, parce que vous devez effectivement rapprocher les chefs d'État ou de gouvernement et les États membres de l'Europe. La stratégie de Lisbonne n'était pas mauvaise en soi, mais les méthodes étaient mauvaises. C’est votre rôle de coordonner les États membres dans les domaines où la Commission européenne et l’Union ne disposent pas de pouvoirs adéquats.
Vous avez dit très clairement que le marché ne suffisait pas. Oui, effectivement, nous voulons une économie sociale de marché. L’union monétaire ne suffit pas. Nous avons besoin d’une union politique. Notre première épreuve à tous sera le budget 2011, qui devra déjà être basé sur la stratégie Europe 2020. Europe 2020 n’est pas l’objectif; c’est l'instrument par lequel nous ferons ce que nous devons faire pour réagir à la crise financière et économique. Nous avons besoin d’une coordination accrue en matière de politique budgétaire, de politique de la recherche et de politique de l'éducation, parce que nous ne pourrons pas renforcer notre compétitivité en nous fixant uniquement des objectifs économiques. Il faut donc que les États membres appliquent le Small Business Act. Notre devise devrait être «les petites entreprises d’abord», parce que ce sont ces entreprises qui vont créer des emplois dans les régions.
J'aimerais voir trois choses. Monsieur Barroso, nous avons besoin d’une étude des effets de toutes les mesures de la Commission sur l’économie réelle, et pas seulement sur le secteur bancaire. Nous devons réexaminer nos finances d’une façon qui prenne également en compte l’évolution démographique, la sécurité sociale et les systèmes de pensions. Nous avons aussi besoin d’un paquet commun couvrant la coordination, la procédure en cas de déficit excessif, la stratégie de sortie et Europe 2020, de façon à ce que ces initiatives ne se contredisent pas mutuellement.
Alejandro Cercas (S&D). – (ES) Monsieur le Président Van Rompuy, Monsieur le Président Barroso, j'aime beaucoup la musique de ce que j'ai entendu aujourd'hui. J’espère que les paroles seront les mêmes la semaine prochaine, parce que comme nous l'avons tous compris, et comme vous l'avez compris également, cela voudrait dire que nous pouvons et que nous devons nous fixer des objectifs et que nous pouvons choisir notre avenir.
Cela signifierait qu’il n’y a pas de déterminisme économique, qu’il y a une voix pour la politique, une voix pour les citoyens, une voix pour notre avenir dans nos mains. Cela signifierait que l'économie nous impose des limites et nous donne des moyens, mais que c’est nous qui définissons les objectifs, et que l’économie doit être au service de la société et non le contraire.
Cela signifierait, comme on l’a dit ici même cet après-midi, que nous avons besoin d’une stratégie à long terme et pas seulement à court terme, parce que je pense que telle est la leçon que nous pouvons tirer du passé. La leçon que nous pouvons tirer du passé est que nous avons connu une croissance économique considérable, mais que cette croissance, qui reposait sur la spéculation, a ignoré la justice, l’équité, l’environnement, l’avenir et les générations futures.
J’espère donc sincèrement, Monsieur le Président en exercice du Conseil, que nous aurons la semaine prochaine des documents contenant un programme ambitieux, un programme orienté vers la durabilité, un programme qui concilie les préoccupations économiques, sociales et environnementales, parce que ces préoccupations sont interdépendantes.
Je voudrais maintenant dire quelques mots concernant la dimension sociale de ce programme: c’est dans cette dimension que s’expriment les attentes, les rêves et les craintes des citoyens, les rêves et les craintes de ceux qui sont sur le marché du travail ou qui en sont exclus, de ceux qui sont victimes de l’arrogance des marchés financiers qui ont pris le contrôle de l’économie réelle et l'ont détruite.
C’est ici que se trouve l'espoir que nous allons mettre fin à cette situation, que nous allons mener une politique de plein emploi, une politique de création d'emplois de qualité, d’emplois inclusifs pour tous, et que nous allons enfin donner comme objectif à l'Europe l'excellence et non la réduction des protections sociales.
Sven Giegold (Verts/ALE). – (DE) Madame la Présidente, Monsieur Barroso, Monsieur Van Rompuy, la crise de l’économie européenne est si profonde que nous devons attendre des propositions très spécifiques dans cette situation - des propositions spécifiques dans la lignée de celles faites ici par différents intervenants. Le Parlement a demandé de différentes façons la mise en place d’une gouvernance économique européenne.
Soumettez-nous une proposition sur la façon de distribuer les risques relatifs aux taux d’endettement élevés, de façon à ce que la Grèce et d’autres pays ne soient pas écrasés par des taux d’intérêts élevés. Soumettez-nous une proposition - comme l'a demandé hier la commission des affaires économiques et monétaires - sur la façon de lutter contre les déséquilibres. Ce ne sont pas seulement les pays en déficit qui doivent être pénalisés et apporter des changements. Les pays qui présentent des surplus excessifs doivent aussi entreprendre des réformes. Nous avons besoin de statistiques européennes indépendantes et nous devons prendre des mesures efficaces pour lutter contre la concurrence fiscale. Des propositions de cet ordre ont été avancées au sein du Parlement. C’est à vous qu’il revient de mettre enfin ces éléments sur la table.
Jean-Pierre Audy (PPE). - Monsieur le Président du Conseil européen, Monsieur le Ministre, Monsieur le Président de la Commission européenne, chers collègues.
Enfin, vous êtes parmi nous, Monsieur le Président du Conseil européen, bienvenue! Mais mes premiers mots seront pour réitérer mon immense déception que vous n'ayez pas eu comme première démarche politique de venir vous présenter devant la représentation des peuples européens depuis le 1er décembre, date de votre prise de fonctions officielle.
Comme nous, cher Président, vous faites de la politique, et l'on ne peut pas faire de politique sans la démocratie. Et l'enseignement démocratique des référendums français et néerlandais de 2005 et de nombreux autres peuples, s'ils avaient été consultés, est que les citoyens nous disent: «Ce n'est pas que nous sommes contre l'Europe, mais nous avons le sentiment qu'elle se fait sans nous, parfois contre nous.»
Merci donc à Angela Merkel, qui était à votre place en 2007, et à Nicolas Sarkozy, fraîchement élu Président de la République française, qui ont remis les citoyens au cœur de la construction européenne avec le traité de Lisbonne qui crée la haute charge que vous occupez.
Vous devez le comprendre, Monsieur le Président, plus rien ne se fera sans les citoyens et leurs représentants, de même que notre Parlement doit comprendre que plus rien ne se fera sans les États et donc les chefs d'État ou de gouvernement.
Venons-en au fond: les peuples européens souffrent car ils ne comprennent plus le sens des grandes turbulences planétaires qui se déroulent sous leurs yeux. Vous avez le devoir de donner du sens, de fixer le cap, de convaincre le Conseil européen que l'Europe, ce n'est pas un problème, c'est une solution. L'Europe n'expose pas, elle protège. L'Europe ne subit pas, elle agit.
Quelle est votre vision du monde et de la place de l'Union? Pourriez-vous nous dire la part de l'intergouvernementalité dans votre stratégie européenne, tout particulièrement en ce qui concerne la gouvernance économique qui nous fait défaut et la mise en place du service extérieur?
Monsieur le Président, l'Union européenne marche sur deux jambes. Les États et les gouvernements et les peuples. Nous cherchons la tête, c'est vous la tête! D'ailleurs vous ne devriez pas être à la place numéro deux, mais à la première place, et c'est de votre capacité à entraîner les États vers une Union politique dont dépendra l'avenir de l'Union. Merci d'être là, Monsieur le Président. Vous êtes un homme de grande qualité. N'ayez pas peur des peuples et de leurs représentants. Aimez-les, ils vous le rendront.
Sergio Gaetano Cofferati (S&D). – (IT) Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs, au moment de définir sa stratégie à moyen terme, l’Union devra prendre en considération les effets de la crise économique qui frappe aujourd'hui cette partie du monde - et d’autres parties du monde - ainsi que, bien entendu, les lacunes qui ont été la cause des résultats en demi-teinte de la stratégie précédente, la stratégie de Lisbonne de 2000.
La crise nous a donné certains repères précis en ce qui concerne le développement et le plein emploi, si nous souhaitons intégrer cet objectif à notre action - comme je crois qu'il le faudra.
Tout d’abord, des instruments réglementaires et la surveillance du système financier et des banques sont nécessaires pour s’assurer de ne pas reproduire les conditions négatives qui nous pénalisent gravement aujourd’hui.
Deuxièmement, nous allons devoir investir massivement dans l’innovation, la recherche et la formation, surtout si nous voulons progresser vers une économie verte. Mais pour pouvoir faire des investissements substantiels, l’Europe doit se doter d’euro-obligations et d’un système de récompenses et de sanctions pour atteindre ses objectifs économiques. Telles étaient les principales lacunes de Lisbonne I.
Nous devrons instaurer des politiques redistributives uniformes en matière de fiscalité et de salaires. En outre, une politique industrielle coordonnée est nécessaire pour les différents secteurs afin de protéger la structure manufacturière historique de notre région du monde. Enfin, nous devons reformer et relancer le dialogue social en tant que force de cohésion et pour endiguer les dangers du chômage de longue durée auquel nous allons devoir faire face.
Pilar del Castillo Vera (PPE). – (ES) Madame la Présidente, Monsieur le Président Van Rompuy, Monsieur le Président Barroso - qui n'est plus là, mais auquel je m'adresse également - la vérité est que je me réjouis de vous avoir vus ensemble, et je pense que c'est parce que nous avons constaté une volonté d'avancer et une focalisation sur ce que devront être les fondations de la stratégie commune au cours des dix prochaines années, et selon moi c'est extrêmement important.
Ce qui m’a le plus intéressée dans la proposition que nous avons vue par écrit et dans ce que vous nous avez dit, c’est que nous avons uniquement besoin d’un petit nombre d’objectifs: uniquement des objectifs prioritaires; ces objectifs doivent être tangibles, nous devons pouvoir les mesurer et ils doivent être évalués en permanence afin de voir si nous faisons ou non des progrès dans leur direction.
Je pense que ceci est fondamental, et représente un changement important par rapport à la stratégie de Lisbonne.
Je vais souligner un objectif en particulier: le marché intérieur. Le marché intérieur européen a été conçu il y a plus de vingt ans. Vingt ans plus tard, nous sommes encore loin de posséder un véritable marché intérieur européen dans la plupart des secteurs. Dans certains cas, cela s’explique par le fait qu'il s'agit de nouveaux secteurs, comme le marché numérique. Dans d'autres secteurs, il y a un tel degré de fragmentation et de telles barrières que nous privons l’économie européenne du grand cadre dont elle a besoin pour développer réellement toute la compétitivité dont elle a besoin, la compétitivité qui sera source de croissance et donc d’emplois.
Monsieur Van Rompuy, Monsieur Barroso, nous avons besoin d’un grand élan politique: nous ne pouvons plus recourir au «comme d’habitude». Nous avons besoin d’une bonne dose de leadership, et vous avez une responsabilité importante. Vous avez évidemment tout mon soutien pour rendre cette approche possible.
Udo Bullmann (S&D). – (DE) Madame la Présidente, Monsieur le Président du Conseil européen, Monsieur le Commissaire, Mesdames et Messieurs, je voudrais aborder brièvement deux points. Tout d’abord, avons-nous déjà une stratégie Europe 2020 qui promette la réussite? Non, pas encore. Et je vais vous dire pourquoi. Si, à la Commission et dans les États membres, vous dites que nous allons d'abord consolider rapidement les budgets avant de nous attaquer à l’économie et à l’emploi, vous faites un mauvais calcul. Si vous ne nous croyez pas, lisez la déclaration publiée hier par le Fonds monétaire international. La demande dans le secteur privé est encore bien loin d'être rétablie. Nous nous inquiétons des investissements publics. Si vous ne menez pas une stratégie intégrée axée sur des objectifs spécifiques en matière d’emploi, nous n’aurons aucune chance de faire face à la crise.
Deuxièmement, avons-nous une réponse à la crise de la dette dans les pays qui subissent la pression la plus forte? Non, pas encore. Plusieurs pays ont fait des erreurs. Mais si vous lisez les données attentivement et si vous écoutez les analystes, vous savez que la moitié au moins des excès grecs est due aux spéculateurs. À ces mêmes spéculateurs que la Commission n’a pas voulu réguler pendant cinq ans, à savoir les fonds alternatifs. Nous allons enfin instaurer cette régulation, mais qu'est-ce que cela signifie réellement en pratique? Nous avons besoin d’un Fonds monétaire européen, d’un fonds destiné à aider ces pays. Nous devons être en mesure de proposer des crédits à un taux raisonnable non seulement en dehors de la zone euro mais aussi à l’intérieur de celle-ci, avec des conditions précises. Mais nous devons instaurer une politique européenne pour résoudre cette crise, et nous devons le faire maintenant.
Enikő Győri (PPE). – (HU) Mesdames et Messieurs, en tant que membre de la triple présidence et en tant que député européen hongrois, je suis avec une grande appréciation l’action du président Van Rompuy. J’admire l’engagement et la conviction avec lesquels il a assumé ses nouvelles fonctions. Il est tout à fait vrai que nous devons déterminer dès maintenant comment va fonctionner la présidence du Conseil européen. Je suis convaincue que l’Europe, en proie à la crise, a besoin d’une main ferme qui tienne bon la barre. C'est aussi une question de crédibilité: il faut que le nouveau programme évite de subir le même sort que son prédécesseur, la stratégie de Lisbonne. Je dis cela aussi en tant que députée originaire d’un pays anciennement communiste. Dans ce coin de l’Europe, nous avons une aversion naturelle bien compréhensible pour les plans à long terme grandiloquents.
J’ai un commentaire institutionnel et un commentaire de fond à faire. En ce qui concerne l’aspect institutionnel, nous devons décider à qui s'adresse cette stratégie. Si elle s’adresse aux dirigeants européens, ce qui a été fait jusqu’à présent ne suffit pas et le calendrier serré est une bonne chose. Si par contre nous pensons qu’elle s’adresse aux citoyens de l’UE, que nous voulons gagner à notre cause, que nous voulons avoir à nos côtés et non contre nous pour créer une Europe plus forte et plus compétitive qui apporte plus d'avantages aux citoyens qu'elle ne le fait actuellement, alors nous devons respecter le traité de Lisbonne et impliquer honnêtement le Parlement européen, mais aussi les parlements nationaux. Le débat d’aujourd’hui ne nous dispensera pas de traiter ce dossier au Parlement de la façon habituelle, avec la déclaration du rapporteur, dans les commissions et dans les groupes politiques.
En ce qui concerne ma remarque de fond, l’objectif le plus important doit être la création d’emplois. Tel doit être le point de départ de toute nouvelle stratégie. Comment y parvenir? Nous savons très peu de choses à ce sujet à ce stade. Nous savons ceci: un nombre réduit de priorités, l’identification des goulots d’étranglement, une coordination plus précise des politiques économiques. Tout cela est très bien, mais vous devrez faire attention à plusieurs choses. Tout d’abord, ne renonçons pas aux mesures qui ont bien fonctionné. Les politiques communautaires existantes ont renforcé l’Europe, et de plus, il serait contraire aux traités fondateurs de renoncer aux politiques de cohésion et aux politiques agricoles qui ont servi les intérêts des citoyens de l'UE. Deuxièmement, la nouvelle stratégie doit servir les intérêts de toutes les régions et pas uniquement ceux de certaines entreprises ou de certains pays. La cohésion fera progresser aussi la compétitivité de l’UE. Et troisièmement, adaptons la stratégie aux différents pays. Ce travail sur mesure donnera davantage de crédibilité à toute l’entreprise.
Anni Podimata (S&D). – (EL) Madame la Présidente, nous avons aujourd'hui un débat très intéressant sur la stratégie pour 2020, mais nous savons tous fort bien que le Conseil européen informel du 11 février a été dominé par ce que l'on appelle la «question grecque». Nous savons tous aussi que ce sommet informel a abouti à une déclaration des chefs d’État ou de gouvernement exprimant leur soutien politique à la Grèce, leur volonté de prendre des mesures pour stabiliser l’euro, et soulignant que la Grèce n'a demandé aucune assistance financière à l'Union européenne.
Je profite de cette occasion pour rappeler au Parlement que le gouvernement grec et le Premier ministre grec ont souligné à plusieurs reprises que la Grèce ne demandait pas d'argent. Elle ne demande pas aux contribuables allemands, autrichiens, suédois ou autres de payer ses dettes, dont elle se chargera et qu'elle contrôlera par ses propres efforts basés sur les mesures déjà annoncées.
Tant que nous sommes sur ce sujet, Monsieur Verhofstadt, la Grèce n’a pas dit qu’elle avait communiqué toutes les informations concernant l’obligation Goldman Sachs. Elle a dit qu’elle le ferait sous peu. De plus - je ne vois pas le président de la Commission européenne - je voudrais exprimer ma perplexité face au fait qu’elle n'a demandé des explications qu’à la Grèce et aux autorités grecques, alors qu’il s’agit d’une pratique utilisée jusqu’à la saturation par de nombreux États membres de la zone euro pendant dix ans, entre 1998 et 2008, comme l’ont signalé de nombreux articles parus récemment dans la presse étrangère.
La Grèce ne demande pas d'argent. Elle demande autre chose. Quelque chose qui devrait être évident pour un membre de la zone euro mais aussi, de façon plus générale, pour un pays membre de l'Union européenne: elle demande l’expression d’un soutien politique, elle demande la solidarité et une confiance fondamentale et honnête, un soutien qui ne se limite pas à des paroles, un soutien qui ait de la substance et qui ne lui sera pas retiré dès que nous ne serons plus à huis clos.
La Grèce demande à ses partenaires de ne rien faire ou dire qui serait susceptible d'alimenter les spéculations, d’arrêter de semer le doute quant à la capacité de la Grèce d’obtenir des résultats avec les mesures annoncées, parce qu'en dernière analyse, ces propos risquent de saper les efforts déployés par ce pays.
Ne nous voilons pas la face. Nous savons tous qu’à travers la Grèce, les spéculateurs s’attaquent à la zone euro et à l’euro. Prenons donc toutes les mesures nécessaires pour protéger la zone euro et l’euro.
(Applaudissements)
Paolo De Castro (S&D). – (IT) Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs, je dois exprimer mon profond regret, et celui de toute la commission de l'agriculture et du développement rural que j'ai l'honneur de présider, que la stratégie 2020 ne fasse pas la moindre référence au secteur agroalimentaire.
Il est absurde que la stratégie de la Commission pour les dix prochaines années ne mentionne pas le défi essentiel de la sécurité alimentaire, de la croissance et du maintien de l’emploi dans les zones rurales.
Madame la Présidente, comment peut-on imaginer une Europe verte et durable sans tenir compte du fait que plus de 45 % du territoire européen sont gérés par des agriculteurs? Comment peut-on ignorer les quelque 30 millions de personnes qui travaillent dans ce secteur? Il s’agit de travailleurs qu’il faut protéger. Avant de nous concentrer sur les nouveaux emplois, nous devons protéger ceux qui existent.
Je vous rappelle que l’agriculture assure de nombreux services essentiels en matière d’alimentation, de biodiversité, de paysages et d’environnement, et ces tâches sont accomplies dans l’intérêt de la vie sociale et économique des régions rurales.
La Présidence espagnole a aussi insisté lourdement sur la nécessité d'une politique agricole commune forte. Je m’inquiète donc de cette grave omission, dont j’espère que le Parlement saura la corriger.
Liisa Jaakonsaari (S&D). – (FI) Madame la Présidente, nous entrons dans l’année du tigre, et la Chine est un tigre économique.
L’Inde n’est actuellement qu’un gigantesque chantier de construction, et je pense que son développement aura un impact énorme sur l’Europe. C’est précisément pour cette raison que nous avons besoin d'un nouveau rythme, du nouveau départ que symbolise la stratégie UE 2020. Nous avons besoin d’une politique économique commune, d'une politique fiscale intelligente et du courage d'admettre nos faiblesses structurelles: la recherche et le développement de produits. Ces problèmes ont été très bien présentés ici même.
J’ai deux questions. Face à la tragédie grecque et aux leçons que nous en avons tirées, comment allons-nous contrôler à l’avenir l’application du pacte de stabilité et de croissance? Mon autre question est la suivante: quelles carottes et quels bâtons allons-nous utiliser pour nous assurer que la stratégie UE 2020 connaîtra plus de succès que la tragédie de Lisbonne, que les États membres ont ignorée royalement?
Marian-Jean Marinescu (PPE). – (RO) Madame la Présidente, Monsieur le Président en exercice du Conseil, je me réjouis de vous voir parmi nous aujourd'hui. Je ne comprends pas pourquoi le Conseil s’efforce de prendre une décision aussi précipitée sans consulter sérieusement le Parlement européen. Nous avons besoin de la stratégie 2020 parce que la stratégie de Lisbonne s’est révélée inefficace. Mais les documents qui circulent restent généraux et ne contiennent pas de déclarations claires concernant les défis futurs.
Un exemple est l'aspect social. Les principaux problèmes sociaux en Europe concernent le vieillissement de la population et le niveau de qualification insuffisant des travailleurs.
Dans ces circonstances, le fait d’allouer moins de 2 % du PIB à la recherche, au développement et à l’innovation est une première erreur que nous allons devoir corriger rapidement. La recherche et le développement pourraient être basés sur des partenariats public-privé et nous pourrions encourager les entrepreneurs à investir dans des laboratoires et des instituts de recherche afin d'endiguer la fuite des cerveaux à destination des États-Unis ou du Japon.
Monika Flašíková Beňová (S&D). – (SK) Je serai brève de façon à respecter le temps de parole qui m’est imparti. Je suis déçue que le président de la Commission ne soit plus ici, mais je pense que l’homme responsable de la coopération interinstitutionnelle est parmi nous.
Je voudrais aborder en particulier un facteur essentiel pour la réussite de la stratégie 2020, à savoir la nécessité absolue, pour les différentes institutions de l'UE, de cesser de se faire concurrence et de collaborer au contraire à l’élaboration de l’instrument sans lequel il sera impossible d'atteindre les objectifs de la stratégie 2020.
Il est donc essentiel de transformer les égoïsmes nationaux en un sentiment de responsabilité nationale et en un sentiment de responsabilité au niveau européen, parce que si nous n’harmonisons pas le plus tôt possible les politiques sociales et fiscales, il ne sera pas possible de réaliser les objectifs de la politique économique de notre économie européenne commune, une politique qui vise à faire de l'Europe une région réellement compétitive dans un monde globalisé.
Andrew Duff (ALDE). – (EN) Monsieur le Président, je suis reconnaissant à M. le président Van Rompuy de nous avoir fait la description de ses fonctions, mais je ne comprends toujours pas pourquoi il refuse de répondre à ma question parlementaire. Je voudrais lui demander de réexaminer son approche des questions parlementaires.
Je présente également mes excuses au président Van Rompuy pour le comportement scandaleux de Nigel Farage. Je tiens à lui dire que la plupart des députés européens britanniques entendent le traiter avec respect.
Georgios Papanikolaou (PPE). – (EL) Madame la Présidente, les yeux du monde entier - et pas seulement de l'Europe - se sont tournés vers la Grèce ces derniers temps, comme de nombreux intervenants l’ont déjà fait remarquer.
Dans le contexte de la crise économique mondiale, la Grèce n’est évidemment pas la seule à connaître de graves problèmes économiques. Il y a d’autres pays également, comme nous le savons tous.
Nous sommes les témoins d’une attaque spéculative sans précédent qui, je regrette de devoir le dire, a suscité des calomnies de la pire espèce dans une certaine partie des médias.
En tout état de cause, vos pouvez tous être sûrs que la Grèce n’est pas en faillite, qu’elle n’est pas en train de s'effondrer. Qui plus est, notre pays n’a jamais demandé d’aide financière. Ce qu’il a demandé, et ce qu’il continue de demander, c’est un soutien politique. Ce qu’il a demandé et ce qu’il demande, c’est une véritable preuve de solidarité de la part des autres États membres dans le cadre de l’union monétaire européenne, parce qu’en fin de compte, c’est bien ce qui est en jeu.
Silvia-Adriana Ţicău (S&D). – (RO) Le taux de chômage a atteint 10 % au début de cette année, tandis que le déficit s’est creusé dans de nombreux États membres. Les citoyens de l’Europe attendent des solutions immédiates face aux défis fondamentaux actuels: les changements démographiques et les changements climatiques, ainsi que la crise économique et financière.
L’Union européenne doit investir en priorité dans la création et la sauvegarde d’emplois dans l’éducation, les soins de santé, l’agriculture et les infrastructures en matière de transports et d'énergie. L’Union européenne a besoin d’une stratégie énergétique durable et d’une infrastructure de transports moderne, sûre et efficace. Nous devons investir dans des mesures d’efficacité énergétique dans les logements et pour moderniser les installations industrielles, ce qui nous permettra de créer plus de deux millions de nouveaux emplois d'ici à 2020.
De plus, la diminution des émissions polluantes implique de moderniser les infrastructures européennes dans l’ensemble de l’Union européenne et non de délocaliser l’industrie européenne vers des pays tiers. Dernier point mais non des moindres, le vieillissement démographique et la chute du taux de natalité nécessitent de réformer les systèmes de protection sociale pour garantir un niveau de vie décent à tous les citoyens de l’Union européenne
PRÉSIDENCE DE M. STAVROS LAMBRIDINIS Vice-président
Maroš Šefčovič, membre de la Commission. – (EN) Madame la Présidente, chers membres du Parlement européen, cette séance a légèrement dépassé le temps prévu et le président de la Commission a dû partir en raison d’autres obligations, mais c'est un honneur pour moi de vous répondre au nom du président Barroso et au nom de la Commission.
Je voudrais tout d’abord vous remercier tous pour ce débat fascinant, pour les nombreuses idées intéressantes exprimées et pour l’enthousiasme dont vous faites preuve ainsi que le soutien que vous avez exprimé à la stratégie UE 2020. Sans votre soutien, la stratégie UE 2020 ne peut pas réussir et ne réussira pas. Je puis vous assurer que la Commission fera preuve de beaucoup d'audace; la stratégie UE 2020 mettra les citoyens, l'emploi et la lutte contre la pauvreté au cœur de son action. Je puis également vous assurer que nous avons tiré les leçons de la stratégie de Lisbonne. Par conséquent, nous nous concentrerons sur un plus petit nombre d'objectifs et nous améliorerons en tout cas la gouvernance.
À la Commission, nous sommes très encouragés par l’intérêt exprimé par le Parlement européen et par le soutien décidé que nous espérons de sa part. Nous sommes également encouragés par le sentiment d’urgence exprimé au sein du don européen, où il est clair que l’atmosphère actuelle est très différente de ce qu’elle était il y a cinq ans, au moment où nous discutions des paramètres de la stratégie de Lisbonne.
Mais nous devons en faire plus; nous devons obtenir un soutien local et régional pour cette stratégie et, plus important encore, nous devons obtenir l'adhésion de nos concitoyens. Nous devons faire en sorte qu’ils ne considèrent pas cela comme un nouvel exercice administratif, mais qu’ils voient dans cette stratégie une approche visant à améliorer la vie en Europe et dans leurs pays et régions. Je vous demande, chers députés, de nous aider dans cette tâche. Ne nous faisons pas concurrence entre institutions, collaborons au contraire, concentrons-nous sur les priorités et obtenons des résultats concrets.
Dans la stratégie UE 2020, nous souhaitons instaurer un système à trois piliers interconnectés basé sur une économie intelligente, plus verte et inclusive, et nous souhaitons lancer, sur la base de ces piliers, des initiatives flexibles destinées à lutter contre les goulots d'étranglement, contre les problèmes qui ralentissent l'économie européenne et qui l'empêchent d'utiliser pleinement son potentiel. Nous voudrions nous focaliser davantage sur l'éducation et la formation, de façon à ce que les travailleurs européens gardent l'avantage compétitif que l'Europe mérite. Nous continuerons d’associer la stratégie UE 2020 au pacte de stabilité et de croissance, parce qu'une position fiscale solide est essentielle pour garantir la stabilité économique.
Nous avons beaucoup parlé de la Grèce aujourd’hui, et je puis vous garantir que les États membres de la zone euro sont tous disposés à prendre des mesures déterminées et coordonnées, si nécessaire, pour préserver la stabilité financière de la zone euro. La Commission travaillera en étroite collaboration avec la Grèce et contrôlera la mise en œuvre des recommandations. Une mission dirigée par la Commission avec la BCE et faisant appel à l'assistance technique du FMI se trouve actuellement à Athènes pour évaluer la nécessité de mesures supplémentaires à prendre par la Grèce.
Permettez-moi d’être clair; nous possédons les outils nécessaires pour sauvegarder au besoin la stabilité de la zone euro; ceci concerne en particulier les membres de la zone Euro, la commission et la Banque centrale européenne, et nous sommes prêts à mettre en place un cadre européen destiné à coordonner cette action. Mais nous devons laisser à chaque étape de ce processus le temps de suivre son cours, et la Grèce doit maintenant poursuivre les réformes et mettre en place les mesures nécessaires. Je pense que nous sommes prêts à lancer des actions audacieuses, que ce soit sur la stratégie UE 2020 ou face à la situation en Grèce.
Herman Van Rompuy, président du Conseil européen. − Monsieur le Président, chers collègues, je me réjouis d'avoir eu ce débat, je me réjouis d'avoir accepté votre invitation à venir ici, tout au début du processus de la stratégie 2020, parce qu'on est uniquement au tout début de la discussion. On vient d'avoir une discussion le 11 février, on aura un Conseil de printemps fin mars et on finalisera la stratégie 2020, ou la stratégie pour l'emploi et pour la croissance économique en juin. On a donc toute une période pour échanger des vues et pour déterminer définitivement l'action.
Je me réjouis donc de cette ambition européenne que j'ai retrouvée ici cet après-midi et je me réjouis de ce sens de l'urgence que j'ai retrouvé cet après-midi. Il y a une intervention pour laquelle je n'ai que du mépris, mais je n'interviendrai pas là-dessus.
Concernant la stratégie économique, je ferai une distinction entre trois périodes. La première période, c'est la période qu'on est en train de vivre encore actuellement, c'est-à-dire la crise financière et toutes ses conséquences. Permettez-moi d'utiliser un autre langage que celui que j'ai entendu cet après-midi tout au long du débat. Je vais m'expliquer. Je veux employer aussi un langage reflétant ce qu'il y de positif dans l'Union européenne, parce que figurez-vous qu'il y a aussi des choses positives qui se sont passées ces derniers temps. On a tiré les conséquences, les leçons de la crise des années 30. Nous sommes maintenant une année après la grande crise et, en fait, on a maintenant à nouveau, en 2010, dans la plupart des pays, une croissance positive. Cela ne s'est pas fait pendant les années 30. La crise a duré en fait jusqu'à la fin de la décennie.
Pourquoi a-t-on maintenant cette croissance positive? Parce qu'on a pris des mesures. On a pris des mesures pour sauver les institutions financières, non pas parce qu'on les aime tellement en tant que telles, mais parce que sans elles, il n'y a pas d'économie. On a mené une politique monétaire intelligente. On a injecté des liquidités dans l'économie, ce que l'on n'a pas fait il y a septante ans. On a créé pour seize pays au moins une zone – malgré tous les problèmes - de stabilité monétaire. Dans les années 30, on avait des dévaluations compétitives. On ne les a pas eues aujourd'hui. On a mené une politique budgétaire risquée en utilisant des déficits budgétaires pour stimuler l'économie. On n'a pas fait comme dans les années 30, à savoir retourner le plus vite possible à l'équilibre budgétaire. Donc, on a sauvegardé notre marché intérieur, qui n'est pas parfait. Il faut l'approfondir, et M. Monti nous fera des propositions concrètes. Mais on n'est pas retombé dans le protectionnisme des années 30. Et donc, on a tiré certaines leçons de la grande crise qu'on vient de vivre.
Je vais encore un pas plus loin. C'est grâce à l'Union européenne que le G20 est né, qu'on a pris l'initiative, nous autres, de créer cet embryon de world governance. C'est la première fois que les grandes puissances, les nouvelles et les anciennes, se mettent ensemble pour combattre la crise, d'une façon imparfaite, mais on continuera sur cet élan. Et donc, l'Europe, l'Union européenne n'est pas … on ne peut pas toujours mettre l'Union européenne dans le camp de la défensive. Il y a aussi des choses très positives qui se sont produites.
Maintenant, il faut quitter cette stratégie, ce qu'on appelle maintenant l'exit strategy. Il faut trouver un équilibre entre l'abandon trop rapide des stimulants budgétaires et le retour, à moyen terme, à un équilibre budgétaire, qui est tout à fait nécessaire pour financer notre système de pensions, pour financer notre système de sécurité sociale, pour financer notre système de soins de santé. Donc, c'est un difficile équilibre qu'on doit trouver, et le pacte de stabilité et de croissance donne les moyens de le faire, parce qu'il ne demande pas un retour immédiat à l'équilibre budgétaire. Il demande que, pas à pas, on arrive d'abord à l'étape des 3 % et, ensuite, à moyen terme, à l'équilibre budgétaire. Je crois qu'on a mené, et qu'on est en train de mener, une politique sage.
Alors, en ce qui concerne la stratégie de Lisbonne, on connaît ses handicaps, mais il ne faut pas oublier non plus que la crise financière, la crise économique a totalement perturbé l'exécution de l'agenda de Lisbonne. Il y a bien sûr eu des lacunes; on ne va pas les énumérer ici, elles sont bien connues. Mais je tiens à dire ceci: il faut certaines grandes réformes, ou des réformes importantes, et ces réformes importantes, au niveau européen et sur le plan national, exigeront des choix budgétaires. Et ce n'est pas par hasard, et je l'ai repris dans les conclusions par lettre dont vous avez pris connaissance, qu'on veut lier la discussion budgétaire, effectivement dans son cadre légal du pacte de stabilité, aux réformes économiques. Parce que, si on dit qu'il faut faire davantage, par exemple, de recherche et de développement, il faut le prévoir dans les budgets nationaux et dans les perspectives financières de l'Union européenne. Cela exige certains choix budgétaires.
Une autre conséquence des choix que nous faisons pour la stratégie de Lisbonne, c'est que tous les objectifs que nous proposons ne sont pas toujours des objectifs soft. Cela pourrait être, figurez-vous, des objectifs hard. C'est là que viendra le moment difficile. Il y a, d'une part, la demande des réformes et, d'autre part, l'exécution des réformes. Je ne dis pas que je l'ai entendu ici, mais en dehors de cette enceinte, on exige, sur le plan européen, des mesures dures, des grandes réformes, des réformes hard, et quand on rentre dans son pays, je vois peu de résultats de tout cela. Il faut donc une position cohérente. Ce n'est pas uniquement l'Union européenne qui va mettre en œuvre des réformes. On peut les encourager, les inciter, les encadrer, mais c'est sur le plan national qu'un grand nombre de réformes devront se faire et, donc, il s'agit de faire preuve d'une très grande volonté politique, et l'engagement politique est le plus important.
On dit souvent qu'il faut davantage de mesures contraignantes. Mais il faut réfléchir. J'ai fait bon nombre de propositions qui, je crois, sont plus intelligentes que des mesures contraignantes. Mais même le pacte de stabilité, qui comprend beaucoup de mesures contraignantes, n'a pas réussi à faire rentrer dans l'ordre certains pays. Donc, la méthode ne dit pas tout, la méthode ne résout pas tout, la méthode sans engagement politique, sans commitment ne vaut rien du tout.
Pour la stratégie économique, je veux bien que certains disent qu'il faut plus de contrainte. Mais le traité de Lisbonne, pour les economic guidelines, ne le prévoit pas. Je n'ai pas fait moi-même le traité de Lisbonne, d'autres l'ont fait, mais il ne prévoit pas de sanctions, de pénalités, de mesures négatives quand il s'agit de l'application des economic guidelines. Regardez de près l'article 121 pour en être tout à fait conscients. L'engagement politique tant au niveau européen que national est donc crucial, et sans cet engagement politique, rien ne se fera.
Un dernier mot sur la Grèce. Je crois qu'on a lancé le bon message. On a fait passer le message de responsabilité du gouvernement grec qui doit gérer une situation extrêmement difficile, une situation aussi qu'il a héritée. Il prend des mesures courageuses. Il nous a dit, le 11 février, que si les mesures actuelles ne suffisent pas pour atteindre une diminution du déficit de 4 % du PIB en 2010, on prendrait des mesures supplémentaires. Nous nous sommes engagés à davantage de monitoring non seulement sur l'initiative de la Commission européenne, mais aussi avec l'aide de la Banque centrale européenne et même d'une expertise du Fonds monétaire international. Je crois donc qu'on a vraiment bien encadré, bien délimité l'aspect de la responsabilité. Il y a bien sûr, si nécessaire, un élément de solidarité. La Grèce a dit qu'elle ne veut pas y faire appel, mais nous avons prévu deux messages: un message de responsabilité et un message de solidarité, si nécessaire.
Bien sûr, on doit tirer des conclusions de ce qu’il s'est passé en Grèce ces dernières années. Il faut être, au niveau de la zone euro aussi, plus proactif aussi bien dans la collecte des données que dans la politique elle-même. Cette crise était aussi un défi, un défi dans le sens qu'on doit davantage pratiquer la politique de coordination. En fait, chaque crise est un défi. De chaque crise on doit tirer des leçons. Et bien, on les tirera. Comme on a tiré les leçons de la crise des années 30, on doit tirer maintenant aussi les leçons de la crise financière: davantage de régulation, davantage de contrôle des bonus, une politique bancaire plus poussée. Mais on doit aussi tirer toutes les leçons de l'expérience grecque et d'autres.
Chers collègues, je crois que j'ai ressenti ici la même ambition, la même volonté politique de mener une politique économique, une stratégie économique qui est à la mesure des difficultés que nous rencontrons aujourd'hui. Nous nous trouvons effectivement, comme beaucoup d'entre vous l'ont dit – et ce n'est pas uniquement la responsabilité d'une ou de deux personnes –, devant une responsabilité collective de toutes les institutions européennes et de tous les États membres. Sinon on ne sauvera pas notre modèle social, sinon on perdra notre position dans le monde. C'est donc dans cet état d'esprit que je suis venu vous rencontrer ici, cet après-midi, et c'est dans cet état d'esprit que je continuerai mon travail.
(Applaudissements)
Le Président. – Merci beaucoup, Monsieur le Président. Ce fut effectivement un grand plaisir de vous avoir parmi nous pour votre première intervention en séance plénière. En Grèce, nous avons une expression destinée à ceux qui assument de nouvelles fonctions difficiles: nous disons: «σιδηροκέφαλος», ce qui signifie «puissiez-vous avoir une tête en fer» pour supporter tout ce qui tombera dessus au cours d’une mission difficile». Je pense que vous avez fait la preuve de cette qualité. Et si vous ne l'avez pas encore, vous apprenez vite. Merci beaucoup pour votre présence parmi nous.
Le débat est clos.
Déclarations écrites (article 149)
Elena Oana Antonescu (PPE), par écrit. – (RO) La crise économique a profondément affecté le potentiel de croissance économique des pays de l’UE. Nous avons suivi les débats sur ce thème et nous avons vu que l’attention se focalisait sur les mesures visant à sortir et à relancer financièrement la croissance économique. Il est clairement indiqué d’aborder les problèmes par ordre de gravité. Mais il est important que nous comprenions que la situation est différente de ce qu’elle était avant la crise. En fait, c’est le modèle économique qui doit changer. Ce modèle doit reposer davantage sur l'innovation et les sources d'énergie non polluantes et donner la priorité à la santé des citoyens. Nous ne pouvons pas avoir une économie dynamique sans travailleurs motivés. Nous n’aurons pas non plus une économie durable si nous ne soutenons la protection de l’environnement que par des demi-mesures. Je pense que pour rétablir le potentiel de croissance économique, nous devons avant tout changer le modèle économique lui-même, qui doit être axé sur les facteurs propices à l’innovation et à la motivation individuelle. La sortie de la crise n'est pas réellement une question de politique économique ou fiscale.
Vilija Blinkevičiūtė (S&D), par écrit. – (LT) L'Europe a déjà reçu une leçon avec son incapacité à mettre en œuvre les objectifs de la stratégie de Lisbonne, et j’espère qu’elle tirera les enseignements des erreurs qui ont provoqué la crise économique et financière. À l’avenir donc, je vous invite à accorder une plus grande attention tout d'abord à la création d’emplois, et pas de n’importe quels emplois, mais aussi à viser un plein emploi de qualité en tenant compte des besoins du marché du travail et en garantissant l'inclusion sociale. Deuxièmement, il est très important de lutter pour l'égalité entre les hommes et les femmes et pour l'élimination de la pauvreté, surtout en ce qui concerne ceux qui appartiennent aux groupes les plus vulnérables, les plus durement touchés par la pauvreté en ces temps difficiles. Je voudrais également attirer votre attention sur les systèmes éducatifs et sur l'importance d'acquérir de nouvelles compétences. Comme les marchés du travail des États membres de l’Union européenne connaissent un changement dynamique, il est nécessaire de faire en sorte que les travailleurs possèdent les compétences requises pour les marchés de l’emploi futurs. Il est donc impératif d’investir dans la formation en interne du personnel et dans l’apprentissage tout au long de la vie. Nous devons accorder un maximum d’attention à l’un des problèmes les plus graves de la société, à savoir le chômage des jeunes. Si les jeunes n’ont pas la possibilité d’accéder au marché du travail, l’Europe risque de perdre toute une génération de jeunes. Lors de la rencontre informelle des chefs d’État ou de gouvernement de l’UE consacrée à la stratégie Europe 2020 du 11 février dernier, la question essentielle de la gouvernance a été soulevée. Bien que le Conseil européen ait beaucoup d’ambition dans ce domaine, je vous invite malgré tout à garantir une participation plus active encore du Parlement européen, des parlements européens et des différents secteurs du Conseil.
Ilda Figueiredo (GUE/NGL), par écrit. – (PT) Dans ce débat, les responsables de l’Union européenne restent fort éloignés des vrais problèmes des citoyens. Les exemples que nous continuons de constater lors de nos visites et dans nos contacts avec les travailleurs, les agriculteurs, les pêcheurs et les propriétaires de petites et moyennes entreprises démontrent que les approches et les politiques de l'Union européenne servent uniquement à rendre l'emploi plus précaire et à aggraver le chômage et l'exploitation.
À un moment où les chiffres du chômage ont dépassé les 23 millions et où la pauvreté touche plus de 85 millions de personnes, il est inadmissible de poursuivre les politiques qui ont provoqué cette situation.
Nous insistons donc sur la nécessité d'abroger le pacte de stabilité et de le remplacer par un pacte pour le développement et l’emploi donnant la priorité à la création d'emplois assortis de droits et à l'augmentation de la production.
Il faut rompre avec la stratégie dite «de Lisbonne» et soutenir plutôt une stratégie de progrès social qui donnera la priorité à la lutte contre la pauvreté, défendra des services publics de qualité et des ressources sociales et fera progresser l’égalité et les droits des femmes. Il faut pour cela développer une stratégie budgétaire qui accélèrera l'attribution des fonds communautaires de soutien et qui les transfèrera plus rapidement et plus facilement aux États membres...
(Explication de vote écourtée en application de l’article 170 du règlement)
Kinga Göncz (S&D), par écrit. – (HU) La stratégie UE 2020 ne peut réussir que si les États membres font preuve d’un engagement suffisant à la mettre en œuvre. Outre l'acceptation sans équivoque des responsabilités nationales, la clef du succès réside dans la mise en œuvre des politiques communautaires, avec leurs ressources concomitantes mises à disposition pour le rattrapage, pour le développement régional et l'agriculture, qui contribueront tous à la croissance économique et à la création d’emploi. La méthode de travail par le haut qui prend forme actuellement, fondée sur une responsabilité politique accrue des Premiers ministres, apporte aussi une meilleure garantie d’une exécution réussie que ce n’était le cas pour la stratégie de Lisbonne. La stratégie 2020 définit également les priorités de la prochaine période budgétaire sans entamer dès à présent une discussion détaillée. Il faut donc souligner dès maintenant l’importance d’une politique agricole et de cohésion commune pour la prochaine période budgétaire de sept ans qui commencera en 2014. Sans cohésion économique, sociale et territoriale, il n’y aura pas d’Europe forte et compétitive. La convergence entre les régions renforcera la compétitivité de l’Europe.
Lívia Járóka (PPE), par écrit. – (HU) Mesdames et Messieurs, l’un des principaux défis auxquels l’UE se trouve confrontée est la réévaluation de la stratégie de Lisbonne, avec la lutte contre la pauvreté et l’exclusion et le renforcement de la cohésion sociale. L’initiative 2020, qui constitue l’un des piliers de la triple présidence hispano-belgo-hongroise, doit réagir aux défis démographiques et sociaux à long terme auxquels le continent est confronté. Il faudra pour cela repenser le marché de l’emploi et le système éducatif européens. Face à l’échec de l'actuelle stratégie européenne pour l'emploi, le programme 2020 doit effectivement créer des emplois plus nombreux et de meilleure qualité en accordant la priorité à une participation accrue des femmes et des groupes défavorisés au marché de l'emploi. Tant le programme de la Commission que le plan d'action de la triple présidence méritent d’être salués pour l’accent qu’ils mettent sur les facteurs indispensables à la réussite du programme, comme par exemple les mesures de lutte contre le travail non déclaré, l'économie souterraine et l'interruption précoce de la scolarité, ou encore l'amélioration des conditions du travail indépendant. Étant donné que l’exclusion socio-économique est le résultat de nombreux facteurs indépendants, il se peut que les solutions proviennent d'un plan d'action plus global s’attaquant à tous ces problèmes ensemble plutôt que des initiatives à base de projets qui ont prévalu jusqu'à présent. Pour réussir, nous devons renoncer aux initiatives isolées et nous orienter vers des mesures intégrées à un paquet équilibré de politiques qui se focalisera sur les interventions précoces et pourra garantir une véritable amélioration dans chacune des véritables mesures de l'exclusion sociale reflétées par les indicateurs de Laeken.
Iosif Matula (PPE), par écrit. -– (RO) La crise économique actuelle est la plus grave de ces dernières décennies et son impact se traduit par une réduction de moitié du potentiel de croissance de l’UE. Ce déclin économique va de pair avec une accélération du vieillissement de la population, ce qui entrave les efforts de relance des économies européennes. Dans ce contexte la stratégie 2020, qui se veut la continuation de la stratégie de Lisbonne, doit créer les conditions requises pour une croissance durable et pour une consolidation fiscale. En fait, l’apprentissage tout au long de la vie doit être nettement plus accessible et les universités doivent être nettement plus ouvertes à l’inscription d’étudiants hors normes. Une meilleure correspondance entre l’offre et la demande et une plus grande mobilité de la main-d’œuvre donneront aux travailleurs davantage de chances dans les endroits où leurs compétences sont particulièrement recherchées. Des systèmes modernes de sécurité sociale et de pensions sont nécessaires pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion. La politique de l’emploi doit être axée sur la flexibilité du marché de l’emploi, avec des travailleurs qui assument la responsabilité de leur carrière par une formation continue, l’adaptation au changement et la mobilité. Il est essentiel de nous adapter au climat actuel de crise économique et de vieillissement de la population de façon à ce que nous puissions proposer un soutien suffisant aux personnes qui se trouvent temporairement au chômage.
Rareş-Lucian Niculescu (PPE), par écrit. – (RO) Je partage le sentiment de mes collègues députés qui ont évoqué le problème de l’absence de l’agriculture dans la stratégie UE 2020. Je pense que l’agriculture est un secteur qui peut contribuer au développement de l’Union européenne. Il s’agit aussi d’un secteur important au cœur du mode de vie européen. Dernier point mais non des moindres, l’agriculture mérite une attention particulière parce qu’elle a été extrêmement touchée par la crise économique. Pour se rendre compte de l’étendue des dégâts, il suffit de considérer la diminution des revenus réels moyens par travailleur agricole, qui a atteint 35 % dans certains États membres de l’Union européenne.
Ioan Mircea Paşcu (S&D), par écrit. – (EN) Conformément à l’allocution introductive du président Van Rompuy, mon intervention est consacrée à la mise en œuvre du traité de Lisbonne. Même si la création d’un haut-représentant à double casquette semble être une bonne chose en théorie, dans la pratique, son caractère «unique» engendre des problèmes que le traité n’avait pas prévus. En l’absence d’un adjoint porteur lui aussi d’une double casquette, la haute-représentante devra de plus en plus faire un choix entre rester à Bruxelles et être présente au Parlement européen, par exemple, et visiter les capitales européennes où l’UE a besoin d’une représentation de haut niveau également. Bien sûr Lady Ashton peut «déléguer», mais elle devra le faire de façon ad hoc aux dépens soit du Conseil, soit de la Commission. Et si la «présidence tournante» intervient pour rétablir l’équilibre, nous finirons avec plus de bureaucratie encore, et non moins.
Czesław Adam Siekierski (PPE), par écrit. – (PL) Europe 2020 ne doit pas reproduire les erreurs de sa devancière, la stratégie de Lisbonne. Cette nouvelle stratégie a été façonnée dans une large mesure par la crise économique dont elle va devoir combattre les effets. Mais nous devons aussi réparer notre négligence. Si les dispositions du pacte de stabilité et de croissance sont si strictes, comment nous sommes-nous retrouvés avec un déficit de 7 % et un endettement égal à 80 % du PIB? Qui en est responsable? Nous voulons avant tout que l’Union européenne retrouve le chemin d’une croissance rapide et c’est la première chose que cette stratégie doit contribuer à accomplir. Les dispositions actuelles de la stratégie ne montrent pas comment y parvenir. Elles n’indiquent pas non plus comment conserver les acquis sociaux de l’Europe face aux problèmes démographiques, aux mauvaises performances du système d’assurance santé ou à la faillite des systèmes de retraites et d’allocations. Et qu’en est-il de la durée du travail? Et enfin, quid de la mise en place d’un système de surveillance et de contrôle des banques et des autres établissements financiers? Et comment comptons-nous augmenter la productivité? Nous avons besoin d’une nouvelle approche face à ces nouveaux défis.
Bogusław Sonik (PPE) , par écrit. – (PL) La priorité de la nouvelle stratégie Europe 2020 est de faire de l’Europe une économie de marché de la connaissance, plus intelligente et plus écologique. Pour atteindre cet objectif, nous devons avant tout nous concentrer sur la consolidation du marché unique et l’amélioration de la libre circulation des services. Le rôle de la Communauté européenne devrait être de promouvoir l’esprit d’entreprise et de simplifier l’enregistrement des entreprises en levant les obstacles juridiques et économiques. L’aide, surtout pour les petites et moyennes entreprises, est un sujet important. La levée de l’obligation pour les micro-entreprises de déposer des états financiers annuels et l’amélioration de l’accès au crédit peuvent constituer des étapes importantes dans cette direction. Les résultats de l’enquête Eurobaromètre consacrée à l’esprit d’entreprise des citoyens montrent que l’Union européenne reste à la traîne par rapport aux États-Unis, mais ils révèlent aussi que plus de la moitié des jeunes Européens voudraient fonder leur entreprise au cours des cinq prochaines années. Je pense aussi qu’il est important de nous concentrer sur la stimulation d’une croissance économique basée sur la connaissance et sur la création d’une économie compétitive, cohésive et plus respectueuse de l’environnement. C’est pour cette raison également que nous devons accorder une attention suffisante et des moyens supplémentaires à la préparation des jeunes à faire face aux défis à long terme.
L’Union européenne devrait mettre en œuvre le plus rapidement possible un programme numérique européen pour contribuer à la création d’un véritable marché commun unique du commerce sur l’internet, pour que les consommateurs puissent tirer parti des prix compétitifs proposés dans d’autres États membres et pour que les PME puissent opérer sans entraves sur l’ensemble du marché européen.
Csaba Sándor Tabajdi (S&D) , par écrit. – (HU) La stratégie UE 2020 doit reposer sur deux piliers. D’un côté la solidarité entre États membres, pour garantir qu’aucun État membre ne sera abandonné à son sort en cas de crise. D’un autre côté, les États membres doivent aussi se montrer solidaires de la Communauté en respectant scrupuleusement les obligations décidées en commun. Au cours du débat sur l’avenir de l’UE, nous ne devons jamais perdre de vue les politiques déjà en place. Les politiques communes en matière d’agriculture et de cohésion sont les véritables résultats de l’intégration européenne, elles sont des symboles de la solidarité entre les États membres. En tant que député hongrois et en tant qu’homme politique originaire d’un nouvel État membre, j’estime que les nouvelles priorités énoncées par la Commission européenne sont tout aussi importantes: construire une société de la connaissance, encourager l’innovation, renforcer l’inclusion sociale, créer de nouveaux emplois et lutter de façon plus décidée contre le changement climatique dans le cadre du développement durable.
Nous ne pouvons pas permettre que le prix à payer pour une coopération renforcée dans les domaines ci-dessus soit un affaiblissement des politiques communes précédentes. La sécurité alimentaire garantie par la politique agricole commune devient de plus en plus importante au XXIe siècle à mesure que les denrées alimentaires et l’eau potable acquièrent une importance stratégique qui rappelle celle du pétrole au XXe siècle. Si nous voulons réellement renforcer la position concurrentielle mondiale de l’Union européenne, nous ne pouvons pas permettre que certaines régions restent à la traîne en raison d’infrastructures obsolètes et de services médiocres en matière d’éducation, de protection sociale et de soins de santé. Il faut donc poursuivre une politique de cohésion forte fondée sur la solidarité.
Traian Ungureanu (PPE), par écrit. – (RO) La stratégie UE 2020 doit marquer une percée. Dans le cas contraire UE 2020 sera un Lisbonne 2, une stratégie qui devra être remplacée dans 10 ans par une autre nouvelle stratégie. UE 2020 doit marquer clairement le début de l’après-Lisbonne. Nous devons définir les priorités de la stratégie que nous nous apprêtons à lancer pour que les réformes qui seront réalisées d’ici 2020 survivent à moyen et à long terme.
Trois domaines prioritaires doivent absolument figurer dans la stratégie UE 2020. La première est un soutien actif en faveur des PME, sur la base d’une mise en correspondance des programmes communautaires avec les politiques macro-économiques. Cette approche garantira un environnement économique sain pour les entreprises privées. La deuxième est un système éducatif qui prépare les travailleurs en fonction des demandes du marché. Ce processus permettra un meilleur taux d’emploi dans les États membres. Enfin, il faut renforcer et élargir le rôle du Parlement européen. Cela nous permettra d’utiliser les informations réelles en provenance des États membres et d’éviter le creusement des disparités entre les économies des États membres. Une stratégie UE 2020 organisée selon des priorités claires permettra de relancer rapidement la croissance économique dans l’UE, surtout dans le contexte des pressions financières et économiques actuelles.