Le Président. – L’ordre du jour appelle le rapport de Vincent Peillon, au nom de la commission des affaires étrangères, sur l’Union pour la Méditerranée (2009/2215(INI)) (A7-0133/2010). J’accorde quatre minutes de temps de parole à notre rapporteur.
Vincent Peillon, rapporteur. − Monsieur le Président, je voudrais commencer par remercier très chaleureusement l’ensemble de mes collègues qui ont participé à ce travail; il s’agit vraiment d’une œuvre collective. Nous avons fait vingt-huit compromis et des compromis qui n’ont pas édulcoré la vision stratégique que nous voulions donner à ce rapport, à notre engagement pour la Méditerranée, mais l’ont au contraire enrichi. Je voudrais donc remercier très chaleureusement Marietta Giannakou pour le PPE, Ivo Vajgl, pour les libéraux, Hélène Flautre et puis les rapporteurs pour avis de la commission du commerce international, Mme De Sarnez, et de la commission de l’industrie, Mme Tzavela.
L’important, pour nous, est de faire comprendre qu’il y a là un enjeu stratégique pour l’Europe; en effet, il ne s’agit pas uniquement de penser que le Sud a besoin de nous, mais nous en avons également besoin, surtout en ces temps de crise. Et si nous voulons avoir une vision à long terme, si nous voulons une croissance durable, dans un monde qui est organisé de façon multipolaire, nous avons besoin aussi de notre Sud.
Par rapport à cela, l’Europe doit s’engager à faire de l’Union pour la Méditerranée un espace de paix, de sécurité, de prospérité pour 800 millions d’habitants et y voir, dans son travail, une priorité de long terme. C’est cette volonté commune qui a permis de nous rassembler, parce que nous savons que les enjeux économiques, les enjeux démographiques, les enjeux géopolitiques qui sont devant nous, comme les enjeux sociaux et culturels supposent que nous soyons capables de travailler avec l’autre rive de la Méditerranée. C’est aussi pour nous un enjeu de culture et de civilisation.
Nous le savons, le Parlement a travaillé en connaissant les difficultés de la mise en place de l’Union pour la Méditerranée depuis deux ans. Nous n’avons pas évité d’aborder la question des conflits qui ont lieu dans le sud, mais nous avons voulu affirmer avec beaucoup de force que, précisément, la démarche de l’Union pour la Méditerranée – des projets concrets, la parité entre le Nord et le Sud dans les instances de décision, la possibilité de faire siéger ensemble, par exemple, les Israéliens et les Palestiniens – était la bonne méthode pour contribuer à la résolution de ces conflits et que, par ailleurs, il ne fallait pas demander à cette Union pour la Méditerranée de poursuivre tous les objectifs en même temps et qu’il fallait la concentrer sur ces activités concrètes.
Dans ce projet – et je souhaite vraiment que le deuxième sommet des chefs d’État et de gouvernement se tienne, à Barcelone, le 7 juin – nous avons voulu, Parlement européen, adresser un message fort aux chefs d’État et de gouvernement en leur disant «Engagez-vous, il faut que ce sommet soit une réussite». Par rapport à cela, nous avons indiqué les voies qui nous semblent aujourd’hui nécessaires. Il faut d’abord lever un certain nombre d’obstacles et, parmi eux, il y a bien entendu les conditions financières et économiques.
C’est pourquoi le Parlement européen souhaite qu’il y ait un engagement financier de l’Union européenne à la hauteur des enjeux, d’abord en ce qui concerne les perspectives financières 2007-2013 pour ce qu’il en reste, mais que dans les perspectives financières 2014-2020, l’engagement de l’Union soit fortement accru pour pouvoir mener à leur terme les six grands projets qui sont sur la table. Nous avons besoin d’améliorer l’environnement économique et juridique. Il faut faire en sorte que l’intégration régionale Sud-Sud soit meilleure. Nous avons également besoin, outre les conditions économiques, de conditions politiques nouvelles, et c’est pour cela que nous avons beaucoup insisté sur l’intégration civilisationnelle, sur l’éducation, les projets culturels, les droits de l’homme et les droits de la femme.
Monsieur le Président, je conclus. L’Europe, dans cette crise, a besoin de voir loin et de voir large. Ne sacrifions pas le long terme au court terme. Prenons nos responsabilités. L’Europe a besoin de son Sud.
Štefan Füle, membre de la Commission. – (EN) Monsieur le Président, c’est un plaisir pour moi d’évoquer l’Union pour la Méditerranée et le rapport élaboré par M. Vincent Peillon. Cette contribution remarquable du Parlement européen vient à point nommé, dans la mesure où elle détaille quelques uns des principaux défis auxquels l’Union pour la Méditerranée devra faire face dans les mois à venir – et, soit dit en passant, Monsieur Peillon, j’approuve totalement l’introduction de votre rapport sur cette question.
Le traité de Lisbonne étant à présent entré en vigueur, l’Union européenne dispose d’une identité institutionnelle meilleure et plus cohérente, ainsi que d’un mandat pour agir de manière plus efficace sur la scène mondiale. Parallèlement, la plupart des gouvernements méditerranéens ont mis en œuvre un programme ambitieux de réformes économiques; et la politique européenne de proximité est en train de transformer les relations entre l’Union européenne et ses voisins méditerranéens.
Depuis 2004, les contacts politiques de premier plan se sont multipliés et intensifiés. Le commerce a atteint des taux à deux chiffres, aidé en cela par un processus régulier de libéralisation et de convergence en matière de réglementation. L’assistance de l’Union européenne a été adaptée aux impératifs de réformes de ses partenaires, et le volume de cette assistance dans le cadre financier actuel a augmenté de façon substantielle.
Ce sont là les objectifs que nous avons atteints dans le cadre de nos relations bilatérales. Toutefois, dans l’espace méditerranéen, encore plus qu’ailleurs, notre réseau de relations bilatérales entre l’Union européenne et chaque pays voisin méditerranéen doit être complété par une intégration et une coopération sud-sud, et par la création d’une zone économique véritablement régionale. L’intégration régionale peut être une contribution aussi importante que les réformes nationales pour stimuler les investissements et la croissance, pour réduire le fossé économique entre l’Europe et ses voisins méditerranéens tout en assurant la convergence autour de nos valeurs communes et dans nos pratiques démocratiques.
Les projets d’intégration sud-sud et d’intégration intra-régionale, comme l’accord de libre-échange d’Agadir, sont également essentiels pour la création des cinq millions d’emplois nécessaires chaque année pour satisfaire aux besoins de la population jeune de la région. Le lancement de l’Union pour la Méditerranée, à Paris en 2008, a donné un nouvel élan au partenariat euro-méditerranéen, et a été l’occasion d’inciter à la copropriété et à la responsabilité partagée au moyen d’un système de coprésidence, a mis davantage d’accent sur des projets concrets, et a permis la mise sur pied d’un secrétariat technique pour promouvoir l’intégration régionale et lancer les investissements.
Comme nous le savons tous, sa mise en œuvre a été ralentie par l’augmentation des tensions au Moyen-Orient; néanmoins des progrès ont été accomplis grâce au lancement des pourparlers de proximité entre Israël et l’Autorité palestinienne. Il est à présent permis de commencer à espérer que les circonstances politiques dans la région deviendront plus propices à la coopération.
Avec en toile de fond des défis mondiaux majeurs tels que la crise économique et financière internationale, les changements climatiques, et la sécurité énergétique, l’Union pour la Méditerranée devra aborder la situation politique au Moyen-Orient, lancer le fonctionnement du secrétariat de l’Union pour la Méditerranée, et évaluer les progrès accomplis par ce partenariat depuis juillet 2008.
C’est l’occasion de revoir collectivement notre engagement et notre volonté politique de créer une zone de paix, de stabilité et de prospérité partagée dans l’espace méditerranéen. Pour y parvenir, les partenaires devront aussi particulièrement avoir en vue le développement futur de cette Union et ce qu’elle peut produire sur le terrain en matière de projets, d’emplois et de croissance.
L’espace méditerranéen est extrêmement dynamique, et la jeune génération réclame plus d’emplois et de meilleures opportunités. Elle exige une attitude plus responsable et davantage de représentation démocratique, une meilleure éducation et une meilleure mobilité pour voyager et étudier. Ses exigences ne sont pas toujours faciles à satisfaire, mais, au bout du compte, elle devrait être la bénéficiaire de notre action collective.
Si nous mettons en place des projets concrets, comme l’accès aux sources d’eau, de nourriture et d’énergie, ainsi que des moyens de protection civile améliorés, ce sera dans l’intérêt de nos populations.
L’Union pour la Méditerranée c’est avant tout mettre les gens, les entrepreneurs, les organisations non gouvernementales, les universités et, surtout, les jeunes à l’avant-plan de la société civile, de la coopération et du développement économique. La pleine participation et l’implication des représentants élus devrait permettre une plus grande implication des citoyens.
C’est pourquoi, la Commission croit fermement qu’une dimension parlementaire vivace et forte renforce la légitimité démocratique du partenariat. Le rôle de l’assemblée parlementaire euro-méditerranéenne doit être davantage consolidé et son travail mieux articulé avec les autres organes de ce partenariat.
Nous voulons tous que cette Union fonctionne, et nous savons tous qu’elle sera jugée sur sa capacité à réaliser des projets concrets pour la région. Les interconnexions énergétiques, les autoroutes maritimes pour connecter les installations portuaires sud-méditerranéennes aux européennes, ainsi que le projet solaire méditerranéen, sont des domaines d’un potentiel considérable en termes d’investissements, de création d’emplois, et de renforcement des relations commerciales. Si nous voulons exploiter ce potentiel, le secteur privé et les institutions financières majeures doivent travailler de concert. Et pour que cela soit possible, il nous faut un catalyseur, à savoir, le secrétariat de l’Union pour la Méditerranée.
Après plusieurs mois de dur labeur de la part des 43 partenaires euro-méditerranéens, nous sommes finalement parvenus à adopter le statut juridique du secrétariat, nommer le secrétaire-général, et approuver un budget provisoire pour le fonctionnement de ce secrétariat. Au cœur de nos relations avec nos pays partenaires méditerranéens se situe notre souhait d’établir la sécurité, la croissance et la stabilité dans la région. Toutefois, nous sommes aussi absolument convaincus que nous sommes en train de participer à un projet bien plus ambitieux, c’est-à-dire la construction d’une région de paix, et l’affirmation de nos objectifs et valeurs communs.
Je suis sûr qu’avec le concours du Parlement européen, des parlements des États membres de l’Union européenne et de nos partenaires, ainsi que grâce à une forte impulsion de l’assemblée parlementaire euro-méditerranéenne, nous serons à la hauteur de ce défi.
Marielle De Sarnez, rapporteure pour avis de la commission du commerce international. − Monsieur le Président, certes, le sommet de Barcelone est incertain. Certes, le conflit israélo-palestinien fait résonance, mais il n’empêche! L’UpM est la seule réponse possible dont nous disposons pour accélérer le développement des pays du sud, renforcer les liens entre eux et améliorer le dialogue des deux côtés de la Méditerranée. La région a besoin de multiplier les accords de développement économique et les échanges culturels. Elle a besoin de projets d’avenir concrets qui mobilisent les énergies et impliquent le plus grand nombre d’États.
Dans cet esprit, nous devons tout faire pour favoriser les investissements privés et publics, et la Commission européenne devra être plus allante et renforcer son rôle d’investisseur. Elle devra aussi mieux prendre en compte les effets du processus de libéralisation lors de l’élaboration des accords d’association de nouvelle génération.
Enfin, l’accord d’Agadir devra être élargi pour aboutir à un meilleur développement des échanges Sud-Sud. La politique agricole, quant à elle, devra préserver les impératifs de la souveraineté alimentaire et, nous le savons tous, l’enjeu de l’énergie est crucial. Il est important que les projets se fassent d’abord dans l’intérêt de ces pays pour répondre à leurs besoins et contribuer ainsi à leur développement malgré les difficultés et, plus encore, en raison des difficultés. L’urgence est donc plus que jamais à la relance de l’UpM.
Niki Tzavela, rapporteure pour avis de la commission de l’industrie, de la recherche et l’énergie. – (EL) Monsieur le Président, dans notre rapport sur le marché euro-méditerranéen, nous avons confirmé notre recommandation de maintenir et développer les infrastructures de base qui font qu’une économie est unique et cohérente, et il est intéressant de constater qu’à présent, avec la crise économique, la situation économique actuelle illustre très clairement l’existence d’une cohésion et de dénominateurs communs dans le sud. Nous devons garder cela à l’esprit pour certains développements futurs.
Mon rapport met particulièrement l’accent sur le GNL qui, à très court terme, pourrait être le moteur économique du marché euro-méditerranéen, non seulement en termes d’offre, mais aussi de vente, ainsi qu’en matière de sources d’énergie renouvelable, et constituer une autre forme d’économie pour la zone euro-méditerranéenne, mais à encore plus court terme. Un commentaire: la stratégie et la politique de l’Union concernant l’énergie destinée au nord de l’Europe sont très bien documentées. Monsieur le Commissaire, nous avons de graves lacunes en matière de politique et de stratégie énergétiques pour le sud de l’Europe.
(Le Président retire la parole à l’oratrice)
Marietta Giannakou, au nom du groupe PPE. – (EL) Monsieur le Président, je voudrais féliciter M. Vincent Peillon et les rapporteures des autres commissions, Mme De Sarnez et Mme Tzavela, pour leurs rapports. Le rapport sur l’Union pour la Méditerranée est important, car il met l’accent sur des objectifs immédiats et quantifiables. Leurs résultats peuvent être très spécifiques, car le Parlement demande, à travers ce rapport, que des budgets spécifiques soient alloués par la perspective financière à titre d’assistance au secrétariat de l’Union pour la Méditerranée à Barcelone et, bien sûr, pour que les différents programmes qui existent, sans affecter les objectifs propres à l’Union, qui sont la croissance, l’amélioration des droits individuels et humains, les échanges culturels, les questions énergétiques, et tout autre élément susceptible de lier au bassin méditerranéen les gens qui y vivent.
Évidemment, ici, aujourd’hui, le Conseil et la Présidence espagnole, qui, je suppose, sont particulièrement intéressés par l’Union pour la Méditerranée, sont absents et je dois avouer que cela m’étonne, car le Conseil aurait dû entendre tout ce que le rapporteur et les corapporteurs ont dit, et tout ce qui est ici mis en lumière; c’est-à-dire qu’il y a une volonté de surmonter les difficultés spécifiques qui ont empêché les programmes d’évoluer comme ils l’auraient dû.
Le conflit entre la Palestine et Israël ne peut, bien évidemment, pas être résolu par l’Union pour la Méditerranée; cependant, la présence d’officiers dans le secrétariat donne des raisons d’espérer que les conflits ne pèseront pas sur nos efforts visant à faire progresser l’Union pour la Méditerranée selon les critères décrits précédemment.
Il est particulièrement important pour l’Union pour la Méditerranée d’envoyer un message de développement démocratique, d’égalité entre hommes et femmes, et de volonté de création d’une société civile dans les pays d’Afrique du Nord également.
Raimon Obiols i Germà, au nom du groupe S&D. – (ES) Monsieur le Président, ce que j’ai le plus apprécié dans ce rapport – et je voudrais en féliciter l’auteur, M. Vincent Peillon – c’est qu’il est précis et ciblé. Si seulement la précision de ce rapport pouvait s’étendre à son sujet, à savoir, l’Union pour la Méditerranée (UpM)!
Car le moins que l’on puisse dire est que dans l’UpM, il y a, à l’heure actuelle, un manque criant de clarté. Je pense que les dirigeants, qui doivent se rencontrer – nous l’espérons – le 7 juin à Barcelone, feraient bien de suivre les priorités spécifiques et précises détaillées dans le rapport Peillon.
Premièrement, le contexte politique. L’UpM ne peut continuer à être bloquée ou paralysée par le conflit au Moyen-Orient mais, en même temps, elle ne peut l’ignorer. Elle doit contribuer de manière positive à la résolution du conflit, dans la mesure où elle en est capable.
Deuxièmement, il faut mettre sur pied de bons projets et les développer de façon professionnelle et intelligente.
Troisièmement, il faut trouver des ressources et des engagements financiers adéquats.
Quatrièmement, il faut progresser dans l’établissement d’une relation positive qui évite les obstacles et les confrontations, et qui recherche plutôt des synergies entre l’UpM et les structures méditerranéennes de l’Union européenne.
Il nous faut des clarifications et des engagements sur ces quatre points essentiels, ces quatre défis majeurs, et je crois que ce rapport est un bon instrument, une bonne feuille de route, pour nous aider à trouver cet accord.
Ivo Vajgl, au nom of du groupe ALDE. – (SL) Monsieur le Vice-président, Monsieur le Commissaire Füle, je voudrais tout d’abord remercier le rapporteur, M. Peillon, pour son engagement constructif, ouvert et créatif dont le fruit est ce rapport. J’espère qu’il sera intéressant, non seulement pour ceux d’entre nous qui ont contribué à sa rédaction, mais pour d’autres également. Le rapport concerne une région qui tout au long de l’histoire a été un centre dynamique de vie culturelle et spirituelle, et d’innovation économique et commerciale. Aujourd’hui, malheureusement, elle est la source de nombreux problèmes, qui nous concernent nous tous, et le reste du monde également, et que nous aimerions voir résolus.
L’Union pour la Méditerranée est un projet important, mais, hélas, il n’a pas progressé aussi rapidement que nous l’aurions souhaité. Je voudrais que la mise en place du secrétariat à Barcelone soit suivie de rapides progrès dans la mise en œuvre des projets prioritaires. Ces projets doivent être le moteur, ou l’objectif, du travail de l’Union pour la Méditerranée. En même temps toutefois, nous devons réaliser qu’il existe des questions d’actualité de nature politique, particulièrement la question palestinienne et le statut non défini du Sahara occidental, et ces problèmes ont handicapé la bonne marche de l’évolution. C’est la raison pour laquelle nous devons faire des efforts pour développer le dialogue, la tolérance, et le renforcement de la confiance dans la région.
A cette fin, le Parlement européen peut certainement jouer un rôle très important et actif, et j’espère que toutes les parties impliquées accueilleront cette Assemblée comme l’un des acteurs pouvant contribuer à résoudre ce problème.
Enfin, permettez-moi d’ajouter qu’il est impératif que nous accordions toute l’attention nécessaire aux générations futures, que nous favorisions les échanges d’étudiants dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée, et que nous soutenions l’université EMUNI, la participation de hautes institutions, et l’organisation de forums sur l’éducation supérieure et la culture, toutes actions qui nous aideront à relever le niveau de compréhension et d’interaction mutuelles.
Malika Benarab-Attou, au nom du groupe Verts/ALE. – Monsieur le Président, chers collègues, l’Union pour la Méditerranée n’a jamais été aussi vitale pour notre avenir qu’aujourd’hui. Nous avons tenté ensemble, dans le rapport sur l’UpM, de soutenir une vision différente de notre Méditerranée. Bien plus qu’une simple zone de libre-échange, il s’agit d’une Union fondée sur une civilisation commune portée par des personnes qui partagent des valeurs fondamentales.
Je voudrais parler de l’obstacle le plus sérieux à notre ambition méditerranéenne, la violence que subit la population palestinienne occupée, expulsée, tuée par Israël, sans que l’Europe n’assume sa responsabilité historique dans ce conflit et agisse véritablement pour la paix en reconnaissant l’État palestinien, et cela, conformément aux lois internationales sur lesquelles sont fondées nos démocraties.
La semaine qui vient, une délégation officielle du Parlement se rendra dans la bande de Gaza pour comprendre pourquoi l’aide que les Européens envoient aux Palestiniens par centaines de millions d’euros n’arrive pas dans les écoles et les hôpitaux de Gaza où je me suis rendue en janvier dernier. Je suis choquée, consternée d’apprendre que le président de la commission des affaires étrangères, sans informer ni ses membres – dont je suis – ni les coprésidents de cette délégation, a décidé de ne pas se rendre à Gaza avec la délégation de notre Parlement, suite aux instructions de l’ambassade d’Israël.
En boycottant la délégation du Parlement à Gaza, le président de notre commission discrédite l’ensemble de notre Parlement qui a condamné, dans sa résolution sur le rapport Goldstone le fait que les contacts avec les populations de Gaza soient bloqués par l’armée israélienne et qui a demandé la levée immédiate du blocus. Cette résolution et la position du Parlement doivent nous le rappeler.
Dans ces conditions, je demande la démission de M. Albertini de la fonction de président de la commission des affaires étrangères dont je suis membre, car il n’a pas été à la hauteur des exigences liées à cette fonction.
Par ailleurs, à quoi bon financer et superviser des élections pour ensuite refuser de reconnaître ceux qui ont choisi la voie des urnes plutôt que la voie des armes.
Enfin, un autre obstacle à une véritable union pour la Méditerranée fraternelle sont les victimes qui se noient en venant de la rive sud, du fait, en partie, de la fermeture totale des frontières européennes à leur égard. Notre politique migratoire actuelle n’est plus acceptable. Nous devons pouvoir, comme le préconise le PNUD permettre une mobilité des citoyens du sud à l’égal de notre propre mobilité au sud. Soyons fidèles à notre projet et à nos valeurs. Nos enfants nous en seront reconnaissants et nous pourrons être fiers en tant que représentants de nos peuples.
Willy Meyer, au nom du groupe GUE/NGL. – (ES) Monsieur le Président, l’Union pour la Méditerranée est confrontée à de vrais obstacles et ce que je demande à l’Union européenne, à toutes les institutions et au Parlement, c’est de la détermination, nettement plus de détermination, quand il s’agit d’essayer de surmonter ces obstacles.
Le premier et plus important d’entre eux – cela ne fait aucun doute, et d’autres membres ont soulevé cette question – ce sont les conflits: le conflit palestinien, face à l’attitude du gouvernement israélien qui méprise systématiquement le droit international et les accords mêmes qu’il a signés, comme l’accord d’Annapolis sur les colonies; le conflit du Sahara occidental; et, bien sûr, l’occupation militaire du nord de la République de Chypre. Ce sont là des obstacles évidents pour toute institution qui souhaite voir de bonnes relations entre les deux rives de la Méditerranée. Jusqu’à ce qu’ils trouvent une solution, ces conflits constituent une véritable barrière.
Le groupe que je représente demande un plus grand engagement, une réaction plus énergique envers tous ces acteurs coupables de mépriser le droit international.
Néanmoins, nous ne devons pas non plus oublier que l’autre problème auquel nous sommes confrontés est celui des déséquilibres économiques et sociaux qui existent dans l’espace méditerranéen. Je crois que toute solution qui ne chercherait à régler ces déséquilibres commerciaux qu’en proposant seulement et carrément des accords de libre-échange, ne serait pas la bonne voie à suivre. La bonne voie serait de prendre en compte ces déséquilibres, et d’essayer d’arriver à des accords commerciaux basés sur la complémentarité et la solidarité. Le nœud du problème c’est que beaucoup de pays des rivages de la Méditerranée connaissent une situation de pauvreté absolue et d’extrême privation.
Néanmoins, et j’insiste sur ce point, l’essentiel est un plus grand engagement de la part de l’Union européenne en réponse aux conflits qui s’enveniment à l’heure actuelle; je veux parler de la Palestine et du Sahara occidental. Il existe même des conflits, tel le conflit du Sahara occidental, où l’Union européenne ne fait absolument rien. Non seulement elle ne fait rien, mais elle revoit à la hausse la relation de statut avancé, dont bénéficie actuellement le Maroc , et cherche également, dans le cas d’Israël, à hisser l’accord d’association au niveau d’un accord de statut avancé.
Nikolaos Salavrakos, au nom du groupe EFD. – (EL) Monsieur le Président, je dois féliciter le rapporteur, M. Peillon, pour le précieux rapport qu’il nous a présenté. Nous savons tous que le bassin méditerranéen est le lieu de rencontre de nombreuses cultures, tout en étant, un centre névralgique et une «marmite» en pleine ébullition depuis de nombreuses années déjà. Les changements climatiques, la crise économique et financière, l’immigration, la pollution, la surpêche, et les dégâts à l’environnement naturel sont quelques uns des problèmes qui perturbent les Européens et les non-Européens qui vivent dans le bassin méditerranéen.
Il faut accorder une importance toute particulière à la question de l’immigration clandestine et au contrôle effectif des frontières des pays du bassin méditerranéen, surtout en Grèce et en Italie, qui sont les portes d’entrée dans l’Union européenne pour les immigrés clandestins. Une bataille quotidienne a lieu aux frontières de ces pays. Il faut également prêter attention au renforcement du secteur énergétique et à l’utilisation des sources d’énergie renouvelables, ainsi qu’au programme méditerranéen d’énergie solaire, pour stimuler la croissance économique dans les pays du sud de la Méditerranée.
(Le Président retire la parole à l’orateur)
Louis Bontes (NI). – (NL) En 2008, le président français, Nicolas Sarkozy, avait déclaré avoir fait le rêve d’une Union pour la Méditerranée. Cette Union était censée donner un nouvel élan aux objectifs de coopération euro-méditerranéens, objectifs basés sur la reconnaissance mutuelle et des valeurs communes comme la démocratie, l’état de droit, la bonne gouvernance, et le respect des droits de l’homme.
Je me demande comment vous pouvez parler de valeurs communes quand, dans un pays comme la Mauritanie, il n’y a pas lieu de parler de liberté religieuse car, là-bas, l’islam domine depuis plus de mille ans. Selon sa constitution, la Syrie est officiellement un État unitaire populaire démocratique, et d’orientation socialiste. En pratique cependant, la Syrie est une dictature. Le Maroc occupe le Sahara occidental, et en Tunisie les droits de l’homme sont régulièrement bafoués. Je pourrais continuer avec une longue liste de pays, mais je dois faire attention à mon temps de parole qui est limité.
Sont-ce là des pays avec lesquels nous aimerions avoir davantage d’échanges culturels? Sont-ce des pays avec lesquels nous souhaitons établir une zone de libre-échange puis le libre mouvement des personnes à travers la Méditerranée? Le résultat sera encore plus d’islam en Europe. Nous ne pouvons pas permettre à l’Europe de devenir l’Eurabie: ni aujourd’hui, ni jamais! Avant que ce rêve ne se transforme en cauchemar, nous devons donner arrêter ce processus.
Nous avions un autre rêve concernant la Méditerranée en 1995, qui a pris la forme de la déclaration de Barcelone, et ensuite nous avons remis cela en 2005. Á part coûter plusieurs milliards aux contribuables européens, ces projets n’ont abouti à rien. Cessez de gaspiller l’argent des contribuables et cessez de rêver! Mes respects à M. Albertini, toutefois, pour avoir adopté une position audacieuse. Il a le soutien de mon groupe.
Salvatore Iacolino (PPE). – (IT) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, Mesdames et Messieurs, la région Euromed représente un domaine stratégique de la politique de l’Union européenne: nous ne pouvons traiter de questions fondamentales comme l’environnement, les valeurs religieuses, la culture, les infrastructures, l’agriculture, l’énergie, la sécurité et les flux migratoires, sans le concours responsable des pays tiers qui bordent la Méditerranée.
Néanmoins, le cadre de coopération a encore du chemin à faire: nous pourrions dire de Barcelone à Barcelone, et au-delà. L’Union européenne doit accroître son implication dans le processus de renouvellement et de vérification des accords individuels d’association avec les pays tiers qui bordent la Méditerranée, et doit financer les grands projets stratégiques, à savoir, ceux relatifs aux infrastructures et aux ports.
Par ailleurs, nous devons protéger fortement les secteurs de production comparables sur les deux rives de la Méditerranée, particulièrement l’agriculture, afin de garantir un développement durable, et un cadre réglementaire qui soit aussi uniforme que possible. Nous espérons donc que le rôle de gouvernance de l’Union européenne, en ce qui concerne les pays méditerranéens, sera renforcé pour affirmer un principe fondamental, à savoir, la coopération, qui garantit le succès politique et le succès entrepreneurial, dans un cadre renforcé par des garanties protégeant les individus.
Je voudrais aussi encourager Mme Benarab-Attou à attaquer par tous les moyens M. Albertini, qui dirige fermement la commission, mais en la présence de celui-ci, afin qu’il puisse se défendre. C’est là un aspect essentiel de toute assemblée démocratiquement élue.
Pier Antonio Panzeri (S&D). – (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je pense que nous faisons un pas en avant extrêmement important en adoptant ce rapport, et il sera très utile en vue du sommet du 7 juin à Barcelone, un sommet qui, comme nous le savons, s’annonce difficile étant donné le blocage des négociations entre Israéliens et Palestiniens, et en raison aussi des diverses incertitudes et difficultés concernant la définition de l’organisation administrative du nouveau secrétariat.
Confronté à ces problèmes, le rapport Peillon a été rédigé de la seule manière possible: en mettant en exergue d’une part, que les conflits ne doivent pas faire obstacle à des progrès concrets vers une coopération multilatérale dans des secteurs spécifiques, tout en reconnaissant, que, d’autre part, l’Union pour la Méditerranée ne pourra pas pleinement réussir si ces conflits ne sont pas résolus.
Donc, le vrai défi maintenant c’est d’arriver à une implication politique claire et solide, à la suite du sommet de Barcelone, qui permettra enfin aux structures de cette nouvelle institution de fonctionner et de s’engager à allouer les fonds nécessaires aux grands projets qui sont ses principaux objectifs. L’Europe doit réaliser qu’elle doit tourner vers le sud ses efforts politiques et économiques, ainsi que ses propres intérêts, car c’est là qu’elle pourra trouver les solutions à bon nombre des problèmes auxquels elle est actuellement confrontée.
Niccolò Rinaldi (ALDE). – (IT) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, Mesdames et Messieurs, depuis des années, un chercheur indépendant, Gabriele Del Grande, publie sur l’internet le nombre des personnes mortes en essayant de traverser la Méditerranée à bord de bateaux gérés par les organisations criminelles. Sa comptabilisation méticuleuse fait état de 4 200 victimes, dont 18 sont mortes en mars dernier: c’est un véritable carnage.
Depuis de nombreuses années, à Lampedusa, le gardien âgé du cimetière donne bénévolement à chaque corps, parmi les rares qui sont récupérés, un enterrement décent avec une croix et une fleur. Ces deux citoyens européens agissent en notre nom également; ils agissent pour compenser notre échec politique. Leurs efforts spontanés mettent en lumière le besoin urgent d’une architecture et d’une substance politique nouvelles, qui contrastent avec les retours forcés par mer, employés par le gouvernement italien en violation du droit international, et qui ne font qu’accentuer le désespoir de ces personnes.
L’Union pour la Méditerranée devrait dès lors incarner une nouvelle humanité, en gardant à l’esprit que le temps presse. Aujourd’hui, du Maroc à la Turquie plus de la moitié de la population, est âgée de moins de 18 ans. L’espace méditerranéen est donc voué à changer rapidement.
Takis Hadjigeorgiou (GUE/NGL). – (EL) Je voudrais commencer par remercier M. Peillon pour le travail accompli. Ce rapport appelle les États membres de l’Union pour la Méditerranée à établir un dialogue ouvert, dans le cadre d’un respect et d’une compréhension mutuels, en favorisant les droits de l’homme et les libertés individuelles, ce que nous soutenons. En même temps, malheureusement, il n’inclut aucune proposition concrète pour combattre les problèmes politiques existants qui minent cette région. Je comprends la logique derrière les propos de M. Peillon, qui peuvent être considérés comme utiles au démarrage de l’Union pour la Méditerranée. Par ailleurs, cependant, fermer les yeux et faire comme s’il «ne se passait rien» à Gaza, par exemple, est une énorme erreur qui nous empêche de régler les problèmes.
Ce qui m’inquiète, c’est que nous commençons doucement à apprendre à vivre avec les problèmes dans l’Union européenne plutôt que de les résoudre. Nous devons devenir proactifs sur les questions fondamentales qui nous concernent. Il n’y a absolument aucune référence à la nécessité pour Israël de régler de manière immédiate, équitable et viable la question palestinienne. Il n’y a absolument aucune référence à la nécessité pour la Turquie de faire montre du respect nécessaire envers tous les États membres de l’Union pour la Méditerranée, sans exception. Faire référence à l’impératif de retrait des forces d’occupation turques d’un État membre est un acte de respect indispensable – c’est le minimum, je dirais – pour une justice européenne.
La Méditerranée balaie les rivages de plusieurs milliers de villes et villages de différentes cultures, qui sont unis par la même mer depuis plus de dix mille ans. Toutefois, une seule ville, parmi ces milliers de villes et villages des rivages de la Méditerranée, est inhabitée. Au lieu d’être habitée par des hommes, elle est habitée par des rats, des lézards et des serpents. Les maisons des hommes, ainsi que leurs souvenirs, ont été érodées. Tout ce qui reste ce sont les rêves de milliers d’hommes, dont beaucoup sont morts comme réfugiés. Le moins que nous puissions faire pour les survivants, c’est de rendre la ville de Famagouste à ses habitants. Cela aurait dû être une requête fondamentale du rapport sur l’Union pour la Méditerranée, car nous travaillons pour l’union, et non la partition de la Méditerranée.
(Le Président retire la parole à l’orateur)
Gerard Batten (EFD). – (EN) Monsieur le Président, les rapports reposant sur une initiative individuelle ne sont en général que du vent, mais s’ils sont adoptés, ils sont l’expression de la volonté politique du Parlement européen.
Ce rapport propose la mise sur pied d’une union de 17 pays ne faisant pas partie de l’Union européenne, avec une assemblée parlementaire et un secrétariat, ainsi qu’un financement pour des projets d’une nature réellement ambitieuse. Le financement de ces projets coûterait plusieurs milliards d’euros, qui, bien sûr, devraient être payés par les citoyens de l’Europe. On ne mentionne pas la provenance de cet argent; la réalité n’est pas autorisée à faire intrusion dans l’imaginaire.
Ce rapport est vraiment dingue! Mais, avant d’en rire, nous devrions nous souvenir que, selon le traité de Lisbonne, l’Union européenne a le droit juridique de signer le genre de traité envisagé ici. Ce rapport propose la mise sur pied d’une Union de pays non-européens qui pourraient plus tard être absorbés par l’Union européenne, c’est de cela qu’il est question dans ce rapport.
Andreas Mölzer (NI). – (DE) Monsieur le Président, lorsque l’Union pour la Méditerranée a été fondée il y a près de deux ans, l’intention, comme nous le savons, était de la lier au processus de Barcelone, afin de créer une relation plus étroite entre les pays méditerranéens et l’Union européenne. Cependant, ce processus a été manifestement interrompu en raison du conflit entre les pays arabes et Israël. L’Union européenne a conclu un accord d’association avec Israël et a fourni une aide financière, dont 440 millions d’euros d’aide à la reconstruction de la bande de Gaza. Les citoyens de l’Union européenne demandent, à juste titre, pourquoi leurs impôts sont injectés dans la bande de Gaza, quand tout y est régulièrement rasé par les bombardements, et ils demandent que l’on tire de tout cela les conclusions qui s’imposent. Il se peut aussi que le Hamas profite de cette aide.
Durant toutes ces années, l’Union européenne n’a pas réussi à agir en médiateur dans la bande de Gaza. Maintenant, le sommet de l’Union pour la Méditerranée à Barcelone, qui est prévu pour le début du mois de juin, est lui aussi susceptible d’échouer à cause du conflit entre Israël et les pays arabes. Surtout en temps de crise, il est important, à mon avis, d’évaluer les plans avec plus de minutie et, si nécessaire, de les mettre au placard. En ces temps de crise nous ne pouvons pas nous permettre des projets purement de prestige ou qui sont tout simplement des gouffres financiers.
Dominique Baudis (PPE). - Monsieur le Président, dans la continuité du processus de Barcelone, l’Union pour la Méditerranée est une chance pour le développement de nos relations avec les pays de l’est et du sud du bassin méditerranéen. Comme le souligne l’excellent rapport de Vincent Peillon, nous ne pouvons négliger, ni le potentiel de cette région, ni les périls dont elle est porteuse.
Pourtant, ayons la lucidité de le reconnaître: depuis le bombardement de Gaza et avec la poursuite de la colonisation des territoires palestiniens, l’Union pour la Méditerranée est dans une impasse. Le volet politique est bloqué. On n’est même pas certain que le sommet prévu en juin prochain à Barcelone aura bien lieu. Je ne serais pas surpris si nous apprenions dans les heures ou les jours qui viennent qu’il est ajourné sine die. Nous ne devrons pas pour autant renoncer, mais l’Union européenne doit assumer davantage ses responsabilités dans la recherche d’une solution politique. Nous ne pouvons pas laisser aux États-Unis le monopole de la gestion politique de la crise de cette région, qui est la nôtre, en nous contentant de contribuer à son développement. Le développement, la stabilité de la Méditerranée conditionnent notre sécurité et notre croissance, et pour cela, l’Union pour la Méditerranée reste le meilleur instrument à notre disposition.
Maria Eleni Koppa (S&D). – (EL) Monsieur le Président, je voudrais commencer par féliciter le rapporteur pour son rapport très exhaustif. L’Union pour la Méditerranée pourrait contribuer de façon importante à la création de relations euro-méditerranéennes équilibrées et au renforcement de la confiance entre les pays dans cette région. La Méditerranée devrait être une zone de paix, de stabilité et de sécurité, où les principes démocratiques et les droits de l’homme sont entièrement respectés. Il existe des différences sociales et économiques entre les pays méditerranéens. Le défi est encore plus grand en raison de la crise économique. Il s’agit de parvenir à un réel rapprochement entre l’Union et les pays méditerranéens par la croissance, la coopération, et le commerce. L’énergie, la sécurité, la lutte contre les changements climatiques, ainsi que l’environnement maritime, sont aussi des domaines qui nécessitent une coopération étroite.
L’Union pour la Méditerranée ne constitue naturellement pas un cadre pour aborder les conflits régionaux. Toutefois, le fait de cultiver un esprit de coopération, un dialogue politique et des efforts conjoints pour atteindre des objectifs spécifiques, contribuera énormément à bâtir la confiance, qui est nécessaire, si l’on veut trouver des solutions viables. Cependant, pour que tout cela se produise et pour que l’Union pour la Méditerranée soit une réussite, il faut des ressources financières adéquates et cette fois-ci nous ne devons pas être négligents.
Bastiaan Belder (EFD). – (NL) Merci beaucoup de m’avoir permis de me faufiler, étant donné que j’ai été retenu par une réunion d’urgence du bureau élargi de la commission des affaires étrangères. Merci pour votre compréhension.
Monsieur le Président, le paragraphe 5 du rapport de M. Peillon s’étend, à juste titre, sur la nécessité d’une solution juste et durable au conflit israélo-arabe. Le rapporteur appelle l’Union européenne et tous les États membres de l’Union pour la Méditerranée à consacrer un maximum d’efforts à cette cause. En tant que président de la délégation israélienne, j’appuie fermement de tels efforts de paix, mais je pense qu’ils ne seront efficaces que si deux conditions sont remplies, à savoir: a) que la proposition d’une solution à deux États signifie clairement la coexistence d’un État juif, c’est-à-dire israélien, et d’un État palestinien; et b) que les États membres de l’UE et ceux de l’Union pour la Méditerranée favorisent un climat de confiance réciproque entre les parties en conflit au Moyen-Orient. Là, la lutte commune contre le mal endémique de l’antisémitisme, quelle que soit la forme qu’il prend (y compris la forme de l’antisionisme), est au premier plan. Vous pourriez également nommer le même nombre d’Israéliens et de Palestiniens à votre secrétariat, mais nous devrions quand même encore lutter ensemble pour gagner la confiance réciproque. C’est là l’épreuve décisive.
Francisco José Millán Mon (PPE). – (ES) Monsieur le Président, une clarification préliminaire s’impose: selon mon point de vue, soit un représentant de la présidence du Conseil, soit, peut-être, un représentant de la coprésidence française de l’Union pour la Méditerranée (UpM), aurait dû s’exprimer au cours du débat d’aujourd’hui; leur absence est profondément regrettable.
Mesdames et Messieurs, pour l’Union européenne il est essentiel de s’assurer que ses voisins les plus proches forment une zone de paix, de prospérité, de liberté et de sécurité. Cela devrait être l’objectif primordial de l’UpM, qui je l’espère va tenir son second sommet le mois prochain.
Je voudrais féliciter M. Peillon et le remercier tout particulièrement pour son approche ouverte d’esprit et extrêmement constructive.
Malgré la proximité de l’Union européenne avec les rives méridionales de la Méditerranée, d’énormes différences nous séparent en termes économiques, politiques, sociaux, démographiques et culturels, et ainsi de suite. Quelques unes de ces disparités sont dues à de graves lacunes chez nos États voisins.
Il est impératif de favoriser un dialogue et une coopération étroits dans le cadre de l’UpM, et de promouvoir les grands projets communs que l’UpM a fixés, ainsi que la dimension bilatérale des accords d’association, afin de renforcer la relation entre les deux rives et d’être à même de réduire ces disparités. Pour y parvenir, nos voisins, doivent eux aussi mettre en œuvre des réformes. Rester à ne rien faire ne peut être une option.
Je voudrais brièvement soulever trois autres points. Premièrement, il est très important que le secrétariat de l’UpM à Barcelone soit pleinement opérationnel dès que possible.
Deuxièmement, et étroitement lié au point précédent, l’UpM ne doit pas devenir l’otage de conflits, comme celui du Moyen-Orient. L’UpM peut faciliter la recherche d’une solution mais, elle ne prétend pas être le moyen de la solution. Elle ne doit pas non plus être bloquée par ces confrontations.
Troisièmement et pour conclure, l’UpM doit aussi prêter une attention toute particulière à ce qu’on appelle le chapitre quatre de la coopération euro-méditerranéenne: les migrations, la sécurité, l’intégration sociale, et la justice.
Le Président. – Permettez-moi simplement de vous présenter les excuses du Conseil. Le représentant du Conseil n’a pas pu être présent aujourd’hui, car nous sommes au jeudi matin, et le débat sur ce rapport était initialement prévu pour lundi.
Bernd Posselt (PPE). – (DE) Monsieur le Président, je voudrais vous demander de faire appel au trilogue, afin que le Conseil soit toujours représenté ici le jeudi matin. Dans le cas de certaines présidences du Conseil, et par pudeur je ne les nommerai pas, le représentant était ici même un jeudi après-midi. Je pense que le Conseil devrait être présent pendant la majeure partie de la session plénière.
Le Président. – Merci, je le ferai. J’essayais simplement d’expliquer ce que le Conseil a dit. Je le ferai. Merci beaucoup.
Josefa Andrés Barea (S&D). – (ES) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, au nom de la commission du commerce international, je voudrais remercier Mme De Sarnez pour la façon dont elle a travaillé avec nous.
Aujourd’hui plus que jamais, l’Union pour la Méditerranée est nécessaire pour soutenir de grands projets et pour le développement institutionnel. Aujourd’hui, plus que jamais il est nécessaire de trouver des réponses à la crise, à la recherche, aux changements climatiques, à l’eau, aux nouveaux modèles énergétiques, au développement durable. Nous devons donc encourager et conclure des relations commerciales et économiques dans cette région, grâce à des mesures à court et à moyen termes, une zone de libre-échange, la levée des barrières tarifaires, et l’ouverture des marchés nord-sud et sud-sud.
Au sommet de Barcelone, la Présidence espagnole offrira la possibilité d’un nouvel accord, d’une nouvelle situation, d’une nouvelle collaboration, d’une démocratisation, de réponses économiques et sociales. Le sommet de Barcelone peut nous mettre dans une position, où nous pouvons assumer le leadership dans la Méditerranée.
Mario Mauro (PPE). – (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, aujourd’hui la proximité des peuples méditerranéens est perçue en particulier, comme l’a fait remarquer M. Rinaldi, du point de vue du phénomène critique de l’immigration.
Ce phénomène devrait être considéré comme une priorité par l’Union européenne, car les flux migratoires peuvent donner lieu, et ont donné lieu, aux niveaux humain, social, culturel et économique, à des problèmes qui affecteront l’avenir même des deux rives opposées de la Méditerranée. La proximité mutuelle des peuples méditerranéens est également perceptible en matière de coopération économique et sociale dans l’Espace économique européen, et entre l’Union européenne et les pays méditerranéens.
À cet égard, notre enracinement à tous les niveaux dans la région doit nous permettre de jouer un rôle de premier plan pour éviter que l’Union pour la Méditerranée ne répète les incohérences de Barcelone. Combien d’erreurs ont-elles été commises, combien de fois avons-nous pensé que nous avancions, quand en fait nous étions en train de reculer?
Il nous faut donc, avant tout, lancer un dialogue social, culturel et humain basé sur une compréhension mutuelle et une promotion des valeurs positives qui sous-tendent notre civilisation; mais ce facteur indispensable dépend de la réussite de la coopération, principalement sur le plan économique .
En fait, la prolifération d’accords et d’échanges commerciaux a favorisé, et continuera de favoriser, l’établissement de relations économiques et sociales équilibrées entre les parties. En outre, sur le plan politique, il nous faut d’urgence poursuivre le dialogue permanent sur la politique de sécurité, afin de développer des relations toujours plus fortes entre les pays concernés.
Le Président. – Chers collègues, s’il vous plaît tenez-vous en à votre temps. Il est 10 h 57 et à 12 heures nous avons les votes.
Mario Pirillo (S&D). – (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, le sommet des chefs d’État ou de gouvernement, qui se tiendra les 7 et 8 juin à Barcelone, est clairement un événement important pour le lancement effectif de l’Union pour la Méditerranée. Cet événement constitue donc une occasion extraordinaire de poser les fondations durables d’une coopération réelle et plus forte pour la paix et la sécurité.
C’est précisément pour cette raison que nous devons pleinement profiter de cet événement pour établir une stratégie de développement, car ainsi nous pourrons déterminer les projets capables de redynamiser cette région et de favoriser la croissance économique. J’espère que ce sommet renforcera les initiatives comme le Solaire pour la paix et Desertec, qui sont des instruments importants pour la création d’un marché énergétique régional interdépendant.
Enfin, l’UpM doit stimuler la recherche scientifique et technologique et l’innovation, en faisant appel aux instituts de recherche existants pour accroître la compétitivité des entreprises locales, trop faibles pour affronter les défis du marché mondial. Je suis persuadé que le développement de cette Union peut renforcer l unité de l’Europe.
Cristian Dan Preda (PPE). – (RO) Je souhaite dire que, près de deux ans après le lancement de l’Union pour la Méditerranée, il est temps pour nous de faire l’évaluation de ce nouveau projet fédérateur et aussi de réfléchir sur ses perspectives de développement. De ce point de vue, je pense que le rapport rédigé par M. Peillon est opportun et moi aussi, je voudrais m’associer à mes collègues pour en féliciter l’auteur.
Les yeux tournés vers le sommet de Barcelone en juin, je pense qu’il est très important pour nous de réaffirmer l’engagement du Parlement en faveur de la réussite de ce projet dans une région qui, comme nous en sommes tous bien conscients, est située à la croisée de trois continents, et qui est manifestement importante pour l’Europe sur le plan géostratégique et culturel. Je suis quelque peu inquiet du scepticisme affiché par M. Baudis concernant la possibilité que ce sommet soit reporté. J’espère que l’on n’en arrivera pas là et que nous utiliserons toutes les ressources institutionnelles dont nous disposons pour assurer que ce sommet aura bien lieu. Il marquera non seulement une occasion de réflexion, mais aussi un succès institutionnel, car l’Union pour la Méditerranée doit surmonter les impasses politiques et les difficultés institutionnelles dans le processus de mise en œuvre des six projets stratégiques qui incarnent l’essence même de cette institution.
La durabilité et la crédibilité de l’Union pour la Méditerranée dépendent de sa capacité à fonctionner. Pour ce faire, elle n’a pas uniquement besoin d’un financement adéquat pour mettre en œuvre les projets et diriger le secrétariat, mais je pense aussi que la société civile, les groupes nationaux et parlementaires, ainsi que les députés européens doivent s’impliquer davantage pour garantir la légitimité démocratique de l’Union pour la Méditerranée.
Roberta Angelilli (PPE). – (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, l’une des priorités politiques du Parlement européen doit être de contribuer à la réussite du prochain sommet de Barcelone, après deux ans de blocage depuis le sommet de Paris de 2008. Nombreux sont les objectifs, qui ont également été mentionnés aujourd’hui, du traitement de l’immigration clandestine à la lutte contre les violations des droits de l’homme, mais il existe également un aspect économique d’importance: la Méditerranée offre un potentiel énorme, à commencer par les énergies renouvelables.
Par conséquent, nous devons donner tout notre soutien au Plan solaire méditerranéen et aux initiatives industrielles comme Desertec, en impliquant des entreprises et des universités pour développer des projets de coopération pratique. En effet, le processus de paix, qui est une priorité, doit aller de pair avec un processus de développement économique, pour garantir précisément la cohésion sociale qui peut contribuer à surmonter les conflits.
PRÉSIDENCE DE M. ALEJO VIDAL-QUADRAS Vice-président
Olga Sehnalová (S&D). – (CS) L’Union pour la Méditerranée est sans aucun doute aussi un projet interculturel audacieux, dont le succès dépendra notamment de la volonté d’aller au-delà de traditions culturelles et sociales différentes. La diversité culturelle mène à l’enrichissement mutuel si ses impulsions sont perçues ouvertement comme autant de chances à saisir et non comme des menaces. Une de ces occasions est la façon d’aborder l’égalité des sexes dans la société, un sujet assez délicat dans la région. L’Union pour la Méditerranée doit dès lors lui accorder l’attention qui convient, et pas seulement à cause des engagements pris à la conférence ministérielle de Marrakech de novembre 2009, qui visent à soutenir tant l’esprit que la lettre de l’égalité des sexes, à renforcer le rôle des femmes dans la société, y compris leur participation à la vie publique, et à lutter contre les actes de violence à leur encontre. C’est là un des domaines clés susceptibles de libérer un énorme potentiel humain pour l’ensemble de la région, ce qui ne peut que lui être profitable. La discrimination et la réticence au changement, que l’on justifie souvent en prétextant de la coutume et de la tradition, ne peuvent être acceptées mais doivent au contraire être rejetées comme autant d’entraves au développement de la région méditerranéenne.
Lara Comi (PPE). – (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je pense que l’Union européenne doit apporter un plus grand soutien au projet de l’Union pour la Méditerranée, tant sur le plan politique que financier. Le sommet des 43 chefs d’État ou de gouvernement de l’Union pour la Méditerranée aura lieu le 7 juin à Barcelone, et notre Assemblée doit espérer que cette rencontre sera un succès en vue du lancement des institutions de l’UpM et de la mise en œuvre des projets. En tant que rapporteure fictive pour le groupe du Parti populaire européen (Démocrates-Chrétiens), et pour avis de la commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie, j’ai attiré l’attention sur certains aspects que je considère importants, comme la création d’une zone méditerranéenne de libre-échange, la participation des secteurs de la recherche et de l’éducation, le développement du haut-débit et des technologies de l’information, ainsi qu’une augmentation des opportunités pour les petites et moyennes entreprises. En ce qui concerne plus particulièrement ce dernier point, les PME et le développement des entreprises constituent déjà un des secteurs stratégiques. Les grands projets doivent recevoir un soutien adéquat des institutions financières européennes et internationales, et par conséquent les nouveaux projets doivent s’efforcer d’associer le plus possible de partenaires européens.
Charles Tannock (ECR). – (EN) Monsieur le Président, l’Union pour la Méditerranée, proposée par le président Sarkozy, a constitué le point culminant de la Présidence française de l’UE. Depuis, cette proposition semble avoir perdu quelque peu de son éclat. Ce n’est peut-être pas une mauvaise chose, étant donné que l’UE développe elle-même la dimension méridionale, robuste et probante, de sa propre politique de voisinage, après environ deux décennies de développement du processus de Barcelone et de son appareil politique.
C’est à juste titre que les contribuables européens voient d’un mauvais œil les doubles emplois et le gaspillage des ressources. Ces processus concurrents engendrent en outre la confusion. En tout cas, quel que soit le sort de l’Union pour la Méditerranée au sommet du 8 juin, nous ne devons pas permettre que la dimension orientale de la politique de voisinage reste à la traîne. Malheureusement, nous n’avons pas encore développé l’éventuelle assemblée Euronest de la même manière que l’Assemblée Euromed, qui est active depuis très longtemps, et ce principalement à cause des problèmes posés par la participation du Belarus.
Enfin, le groupe ECR soutient totalement la décision de M. Albertini, en tant que président de la commission des affaires étrangères, de ne pas diriger la visite au Moyen-Orient. Cette question controversée a fait l’objet d’une discussion ce matin au sein du Bureau élargi. Nous nous opposerons à toute motion de censure du groupe socialiste envers la présidence de la commission des affaires étrangères.
Franz Obermayr (NI). – (DE) Monsieur le Président, la Méditerranée est le berceau de la culture européenne, et la force qui l’a animée pendant des millénaires. Je me réjouis donc de cette approche conjointe.
La région méditerranéenne est cependant aussi la porte par laquelle l’immigration pénètre dans l’UE presque sans restriction. Un des principaux problèmes de la région méditerranéenne – je veux parler de l’immigration illégale – relève, à notre sens, des six grands projets stratégiques, et nous devons donc de toute urgence l’inclure. Seule une approche conjointe menée dans les pays méditerranéens, y compris ceux d’Afrique du Nord, peut contribuer à ralentir le flux de l’immigration illégale. C’est la seule manière d’endiguer le flot de réfugiés à son point de départ. Tout en luttant contre les réseaux de passeurs, l’UE doit aussi se concentrer de plus en plus sur la lutte contre la pauvreté, la sensibilisation et l’information dans les pays dont sont originaires les immigrés. Il faut expliquer clairement aux personnes qui souhaitent émigrer que les rues d’Europe ne sont pas pavées d’or, que l’Europe ne peut assurer emploi, prospérité et asile à tout un chacun, et que bon nombre de ces voyages traumatisants se terminent par une détention et un rapatriement.
Raffaele Baldassarre (PPE). – (IT) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, Mesdames et Messieurs, malgré la création de l’Union et la tenue du sommet des chefs d’État ou de gouvernement, il nous manque encore une définition claire de la politique méditerranéenne de l’UE et une vision stratégique à long terme du développement et de la stabilisation de la région.
Pourtant, la Méditerranée a un potentiel énorme: un tiers du trafic maritime mondial emprunte désormais ses eaux, en provenance de Chine, d’Asie, des pays européens, et d’Inde, pour rejoindre nos eaux via le canal de Suez. Les pays côtiers du Moyen-Orient et d’Afrique sont des pays en développement avancé, qui revêtent une importance essentielle pour nous dans certains domaines fondamentaux, notamment celui des flux migratoires.
Nous devons dès lors mieux définir la structure de fonctionnement des institutions de l’Union pour la Méditerranée, en dotant le secrétariat de moyens financiers et de critères d’adhésion et de mise en œuvre des projets. Les points clés concernent notamment l’agriculture, les transports, les autoroutes maritimes, les corridors transnationaux, l’énergie renouvelable et le solaire. Pour reprendre les mots de Paul Morand, diplomate et écrivain français, la Méditerranée est avant tout la civilisation de l’anti-désert. Réaffirmons ces paroles.
Diane Dodds (NI). (EN) – Monsieur le Président, je laisserai de côté la question la plus pertinente de ce matin, à savoir: comment diable les contribuables européens vont-ils payer tout l’appareil et le secrétariat qui ont été proposés dans cette Assemblée ce matin? Il ne fait aucun doute, je tiens à le dire, que la stabilité en Méditerranée est certainement bonne pour l’ensemble de l’Union européenne.
Mais l’aide de l’Union européenne suppose la responsabilité des pays qui veulent bénéficier des institutions et des possibilités économiques renforcés. Je voudrais épingler rapidement un problème: le rejet de mille tonnes de pommes de terre de semence d’Irlande du Nord par les autorités marocaines cette année, alors que ce commerce dure depuis plus de 20 ans et que les pommes de terre avaient été inspectées suivant la procédure normale avant de quitter mon pays, puis d’être rejetées par les autorités marocaines sous un régime différent.
Je sais – et j’apprécie – que le commissaire De Gucht examine cette affaire, mais je tiens à souligner que ceux qui espèrent bénéficier du système doivent faire preuve d’une attitude responsable.
Štefan Füle, membre de la Commission. – (EN) Monsieur le Président, cette discussion a été vraiment positive et édifiante. Je suis d’accord avec ceux qui estiment que nous avons perdu beaucoup de temps, notamment en mettant en place un secrétariat. J’y reviendrai dans un instant.
Nous sommes toujours confrontés à des questions très importantes: comment s’assurer, avec tout ce qui se passe autour du processus du Moyen-Orient, que l’Union pour la Méditerranée ne sera pas prise en otage?; comment garantir que le sommet aura bien lieu et qu’il donnera l’élan dont vous avez parlé? Et comment trancher entre l’approche intergouvernementale et l’approche communautaire dans le cas de l’Union pour la Méditerranée? Je ferai brièvement cinq remarques.
Premièrement, je voudrais exprimer ma satisfaction de la Présidence espagnole. Nous avons travaillé d’arrache-pied avec elle au cours des derniers mois. Le 4 mars nous avons inauguré ensemble le secrétariat, et la Présidence espagnole ne ménage pas ses efforts pour que le sommet de Barcelone ait bien lieu.
Deuxièmement, il est certes très important que le secrétariat commence ses activités, mais aussi qu’il soit financé. Actuellement, il n’est financé que par la Commission. Nous enverrons un expert pour nous assurer de la compatibilité entre le projet et la politique de l’UE. Le secrétariat devrait être de taille réduite – environ 40 personnes – et être cet instrument qui nous permettra d’avoir de plus en plus de projets au bénéfice des membres de l’Union pour la Méditerranée.
À cet égard, il importe aussi de dire que plusieurs réunions sectorielles auront lieu, qui seront bien utiles. La semaine prochaine, il y aura une réunion des ministres des finances à Marseille, et le mois prochain, les ministres de l’agriculture se rencontreront au Caire.
Alors que l’Union pour la Méditerranée représente un élément très important de notre politique de voisinage, l’essentiel de nos activités avec ces pays réside dans les relations bilatérales, dans le cadre desquelles nos partenaires du Sud souhaiteraient bénéficier d’un statut avancé. À mon sens, un statut avancé implique aussi un engagement accru de nos partenaires sur tous les plans, y compris les droits de l’homme et la mobilité, qui sont aussi des questions très importantes. Je suis d’accord avec les députés qui nous ont appelés à assurer une plus grande synergie entre les approches bilatérale et multilatérale.
Dernière remarque: nous sommes déterminés à collaborer avec le Parlement européen. La prochaine occasion sera fournie par la discussion sur le «paquet voisinage», où nous évaluerons le cadre tant bilatéral que multilatéral de notre voisinage.
Vincent Peillon, rapporteur. − Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, je voudrais faire trois rapides observations.
D’abord, nous n’avons manqué de respect à l’égard de personne, surtout pas à l’égard de gens qui seraient des victimes, mais nous avons considéré que la compassion, l’indignation morale ou l’injure ne faisaient pas une politique.
Deuxièmement, nous n’avons pas ignoré les conflits qui existent, évidemment, ni à Chypre, ni au Sahara, ni, bien entendu, sur le territoire palestinien. Mais soyons sérieux. Avons–nous conçu, dans la politique étrangère et de sécurité commune ou, dans les négociations diverses qui ont lieu, qu’il revenait à l’UpM de traiter ces questions? Tout n’est pas dans tout et la confusion d’esprit n’entretient jamais non plus l’efficacité.
Troisièmement, je regrette aussi l’absence du Conseil. Ce n’est pas bon signe lorsque l’on apprend que ce défaut de volonté politique nous amène – effectivement, Dominique Baudis avait raison – à penser que le sommet du 7 est aujourd’hui en question. Le Parlement, en tout cas, aura pris ses responsabilités. Ceux qui ont construit l’Europe l’ont construite avec une vision de long terme, mais aussi un sens étroit – après les guerres fratricides qui nous avaient divisées – de l’importance de politiques concrètes. C’est l’esprit même que nous avons voulu développer avec la Méditerranée dans ce rapport.
Au moment où l’Europe traverse une crise importante, il faut être capable de définir une stratégie de croissance, je l’ai dit tout à l’heure. Il faut aussi veiller à ne pas nous replier sur nous-mêmes. Quand on se replie sur soi, lorsqu’on arrête d’avoir des échanges avec l’extérieur, c’est qu’on est en train de mourir. C’est pour cela que je crois que ce travail collectif qui a été mené est un travail important, et je souhaite que les chefs d’État et de gouvernement – qui n’ont pas toujours été ces derniers temps à la hauteur de leur responsabilité historique – l’entendent et en tiennent compte.
Le Président. – Le débat est clos.
Le vote aura lieu aujourd’hui à 12 heures.
Déclarations écrites (article 149)
Petru Constantin Luhan (PPE), par écrit. – (RO) L’Union pour la Méditerranée (UpM) et le Partenariat oriental sont deux initiatives de coopération qui visent à consolider la politique de voisinage de l’Union européenne. Je crois que le Parlement européen doit surveiller de près l’évolution de ces initiatives, surtout en cette période où les équilibres géopolitiques et économiques mondiaux se redéfinissent. Cette initiative contribuera à entretenir un climat adéquat de confiance qui permettra la réalisation d’objectifs communs, qu’ils soient économiques, culturels, éducationnels ou liés à la sécurité régionale.
Je tiens à souligner que de véritables progrès dans le sens d’une coopération régionale forte ne pourront être réalisés que par la mise en œuvre de projets de grande envergure et par un dialogue à tous les niveaux. En plus des six secteurs stratégiques d’investissement définis, je pense que de nouveaux projets doivent être lancés dans des domaines tels que l’alimentation, l’agriculture et la culture.
Erminia Mazzoni (PPE), par écrit. – (IT) Le processus de Barcelone est bloqué pour des raisons politiques, d’abord et avant tout à cause des conflits régionaux dans le bassin méditerranéen, mais d’un point de vue technique il est toujours actif, comme le montrent les grands projets d’intégration que l’Union finance de ses propres deniers et par les progrès réalisés dans la définition de la structure institutionnelle de l’UpM. Depuis sa création à Naples en 2003, l’Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne a mené ses activités de coordination et de contrôle démocratique concernant la mise en œuvre de ces projets, qui répondent à une série de grands défis régionaux: dépollution de la mer, transports, énergies renouvelables, éducation, petites et moyennes entreprises, et protection civile. La volonté politique nécessaire pour lancer la stratégie euro-méditerranéenne fait toutefois défaut. La résolution sur l’Union pour la Méditerranée est un acte politique important qui, après plus de deux décennies d’efforts considérables consacrés à l’expansion vers l’est, attire l’attention du Conseil, de la Commission et des États membres sur la nécessité de modifier leurs perspectives géopolitiques et de mettre la promotion des relations avec les pays du bassin méditerranéen au cœur de leur politique étrangère, à commencer par l’adoption d’une position commune sur le conflit au Proche-Orient.
Tokia Saïfi (PPE), par écrit. – L’élaboration de ce rapport sur l’Union pour la Méditerranée marque l’intérêt et l’investissement du Parlement européen pour le dialogue entre les deux rives de la Méditerranée. L’inauguration du siège de l’UpM à Barcelone et la désignation de son premier Secrétaire général constituent une étape capitale pour la concrétisation des projets qui seront menés dans le cadre de cette union. Il s’avère néanmoins que l’UpM est confrontée à certaines tensions politiques. Le conflit israélo-palestinien n’a cessé de bloquer les développements de celle-ci: interruption du processus après les événements de Gaza, boycott d’un précédent sommet à Istanbul, les exemples sont nombreux. Dans ce contexte difficile, nous souhaitons vivement que le 2ème sommet de l’UpM prévu à Barcelone le 7 juin puisse lui donner un nouvel élan et une nouvelle dynamique, ainsi qu’aux missions qu’elle doit remplir. Certes, la persistance des conflits régionaux rend la mission difficile s’ils ne sont pas réglés, mais nous demandons aux chefs d’État et de gouvernements des pays membres de l’UpM de prendre la mesure de leurs responsabilités politiques et historiques. Le rendez-vous de Barcelone sera la marque de notre engagement pour la Méditerranée.
Richard Seeber (PPE), par écrit. – (DE) L’Union pour la Méditerranée, qui a été créée il y a près de deux ans sur la base du processus de Barcelone et sous l’égide de la France, reste confrontée à de nombreux défis. Le dialogue politique entre l’UE et ses voisins du Sud ne se limite pas aux questions de la migration et des accords économiques. Il couvre aussi des domaines tels que la protection civile, l’énergie et l’environnement.
Les régions méditerranéennes sont durement touchées par la pénurie d’eau et la sécheresse. En 2007, un tiers des Européens vivaient dans des régions où les ressources en eau étaient limitées. Ce problème est encore plus aigu dans les pays du Maghreb, qui n’ont pas les moyens techniques et financiers nécessaires pour utiliser l’eau plus efficacement. En cas d’averses soudaines, les inondations peuvent causer encore plus de dégâts à cause des problèmes d’infrastructures dans ces régions.
L’eau est essentielle à toute forme de vie, et nous devons donc renforcer notre coopération financière et économique. Les projets qui améliorent la protection de l’environnement ne peuvent être mis en œuvre que sur la base d’une collaboration renforcée entre les pays de la région méditerranéenne.