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Procédure : 2009/2217(INI)
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Cycle relatif au document : A7-0333/2010

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A7-0333/2010

Débats :

PV 15/12/2010 - 16
CRE 15/12/2010 - 16

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PV 16/12/2010 - 6.5
CRE 16/12/2010 - 6.5
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Textes adoptés :

P7_TA(2010)0490

Débats
Mercredi 15 décembre 2010 - Strasbourg Edition JO

16. Une nouvelle stratégie pour l’Afghanistan (débat)
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  La Présidente. - L’ordre du jour appelle le rapport de Pino Arlacchi, au nom de la commission des affaires étrangères, sur une nouvelle stratégie pour l’Afghanistan (2009/2217(INI)) (A7-0333/2010).

 
  
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  Pino Arlacchi, rapporteur. (EN) Madame la Présidente, le rapport que nous avons examiné aujourd’hui a été approuvé à la quasi-unanimité par la commission des affaires étrangères de ce Parlement. Ce rapport est le fruit d’une année de travail accompli par une équipe dirigée par mes soins, et il s’appuie sur une longue série de consultations à Kaboul et à Bruxelles.

Ce rapport tente d’expliquer un paradoxe: pourquoi si peu de choses ont-elles été accomplies en Afghanistan malgré neuf années d’engagement international? Depuis 2001, les opérations militaires menées dans ce pays ont coûté plus de 300 milliards d’euros et plusieurs milliers de vies humaines, et au moins 40 milliards d’euros supplémentaires ont été dépensés pour le volet civil: cela équivaut au total à plus de 30 fois le PIB actuel de l’Afghanistan.

En dépit de ces efforts considérables, l’Afghanistan est toujours le premier producteur de stupéfiants. Il est toujours l’un des pays les plus pauvres du monde, où - pour la majorité de la population afghane - la vie est courte, brutale et pénible, telle qu’elle l’était sur notre continent il y a cinq siècles d’ici. La mortalité maternelle fait plus de victimes que la guerre en Afghanistan: plus de 20 000 par an contre 2 300. La réponse à ce paradoxe n’est pas simple. Le problème de l’opium et la force de l’insurrection doivent être pris en considération, au même titre que l’illusion d’une victoire militaire rapide qui dominait durant les premières années de la présence internationale. En outre, la légitimité du gouvernement central a été surestimée, tout comme l’efficacité de l’aide internationale en vue de la reconstruction du pays.

Ce rapport n’essaie pas de simplifier toutes ces questions. Il accepte le défi dans sa dimension complète, et ce document tente de suggérer de nouvelles orientations pour nos politiques. Ce rapport aborde le sujet selon un point de vue européen. Cela signifie que la crise afghane y est examinée sous un angle qui ne reflète pas simplement la perspective américaine. Les valeurs et les principes européens ont de l’importance. Ils influencent la façon dont les citoyens européens considèrent le problème afghan et n’appuient pas une solution militaire, puisqu’il y a plus de 65 ans que nous avons abandonné l’idée que la guerre et l’occupation de pays étrangers constituaient une bonne solution.

L’UE d’aujourd’hui est bâtie sur une aversion à la guerre, et ce rapport reflète ce sentiment. Concernant la question spécifique de l’Afghanistan, les citoyens de l’UE soutiennent vivement une approche civile comme alternative à l’usage de la force. Notre approche n’est pas naïve; elle ne représente pas, comme cela a été dit, la bienveillance de Vénus contre l’âpreté de Mars. Elle représente plutôt le pouvoir de la raison, de la solidarité humaine, dans une crise afghane à laquelle on ne peut pas faire face via une solution et une mentalité simplistes.

Ce rapport propose une stratégie qui n’exclut pas l’usage limité de moyens coercitifs. La protection du peuple afghan contre les terroristes et les attaques criminelles est une condition préalable au développement, et ce Parlement estime que la nouvelle stratégie gagnante, en Afghanistan comme ailleurs, doit reposer sur une combinaison d’interventions de maintien de la paix, de diplomatie multilatérale, de pourparlers de paix au niveau national, et de mesures efficaces visant à la réduction de la pauvreté, à l’établissement d’institutions démocratiques et à la protection des droits des femmes.

J’espère que la stratégie exposée dans ce rapport sera soigneusement mise en œuvre par le nouveau système, et je profite de cette occasion pour inviter la baronne Ashton à se joindre au Parlement dans ces efforts.

 
  
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  Catherine Ashton, vice-présidente de la Commission/haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. (EN) Madame la Présidente, Je voudrais tout d’abord honorer la mémoire de Richard Holbrooke, un diplomate dévoué, un chantre de la paix et un homme que j’étais fière de pouvoir appeler mon ami. Je voudrais remercier notre collègue M. Arlacchi pour son rapport complet et le travail qu’il a accompli et qui a suscité un riche débat dans cette Assemblée au cours de ces derniers mois. Je me réjouis pour ma part à l’idée de travailler avec lui et d’autres députés de ce Parlement durant les mois à venir alors que nous entamons une phase que je qualifierais de cruciale dans notre engagement en Afghanistan.

Comme l’a dit M. Arlacchi, les problèmes auxquels l’Afghanistan se trouve confronté nous concernent tous d’une certaine façon. L’extrémisme violent s’étend au-delà de la région. Les drogues cultivées et produites en Afghanistan aboutissent dans les rues d’Europe. Notre engagement s’appuie sur la nécessité d’éviter que l’Afghanistan ne devienne un havre de paix pour le terrorisme et les activités criminelles. Mais il est tout aussi important de promouvoir un avenir meilleur, plus sûr et plus prospère pour le peuple afghan. Sans cela, aucune issue n’est possible.

En réponse à ces défis, je voudrais dire tout d’abord, comme je l’ai déjà déclaré à maintes reprises, que l’Union européenne est en Afghanistan pour le long terme. Nous avons un programme d’aide jusqu’en 2013 - qui sera prolongé, j’en suis certaine - et nous avons à présent augmenté le montant de base de notre aide de 150 millions d’euros à 200 millions d’euros par an.

Grâce à ce financement, nous pourrons continuer à soutenir le bien-être social et sanitaire, ainsi que la gouvernance et l’état de droit, et même si les questions de sécurité occupent l’avant-plan dans nos esprits, je pense que nous avons réalisé des avancées notoires dans certains secteurs sociaux clés.

J’ai déjà évoqué dans cet hémicycle le secteur de la santé, dans lequel, par exemple, 80 % du pays dispose à présent de l’une ou l’autre forme d’accès à des soins de santé primaires, contre moins de 10 % en 2001. Il est vrai également que les indicateurs de santé en Afghanistan figurent encore parmi les plus mauvais au monde et qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir. Ceci étant dit, nous savons grâce aux chiffres de l’ONU que, par rapport à 2001, 40 000 bébés en moins meurent chaque année en Afghanistan et que cette baisse est due à une amélioration considérable des soins prénataux.

Nous continuons aussi de canaliser notre aide autant que possible via les structures du gouvernement afghan pour faire en sorte que les Afghans eux-mêmes prennent en charge le processus de réforme. Environ 50 % de notre aide s’inscrit dans le cadre de programmes nationaux ou de fonds fiduciaires qui soutiennent directement le gouvernement afghan. C’est positif pour la coordination des donateurs, pour le développement de la capacité locale et pour le renforcement de l’appropriation du processus par les Afghans. C’est un bon exemple pour beaucoup d’autres donateurs également.

Il y a néanmoins toujours une marge d’amélioration en matière de coordination internationale. Nous devons en faire davantage et être plus efficaces. Toutefois, quand je vois ce que l’Union européenne accomplit, j’estime que nous avons réalisé de réels progrès, consolidés par l’entrée en fonction de notre nouveau représentant spécial et chef de la délégation de l’UE Vygaudas Ušackas, qui est arrivé en Afghanistan en avril.

Notre message politique est plus cohérent, et nous renforçons la coordination de nos efforts de développement au sein de l’UE à travers le plan d’action pour l’Afghanistan et le Pakistan, qui a été approuvé en octobre de l’année dernière par le Conseil des ministres.

Le plan d’action aligne les instruments déployés collectivement et par les États membres sur nos priorités politiques - en particulier celles qui émanent de la conférence de Kaboul à laquelle j’ai assisté en juillet.

L’harmonisation de nos efforts et de notre approche est l’un des aspects essentiels de ce plan. Il identifie des domaines dans lesquels nous pensons que l’action de l’Union européenne sera très efficace. En effet, sous ma présidence, les ministres du développement de l’Union européenne ont discuté précisément de ces questions la semaine dernière à Bruxelles.

Voilà qui m’amène d’une certaine façon au message clé que je voudrais transmettre aujourd’hui, à savoir que la mise en œuvre de nos stratégies existantes doit être la priorité. Le cadre stratégique est en place tant dans la sphère militaire que dans la sphère civile.

J’ai participé, en compagnie des deux présidents, à la réunion de la FIAS qui s’est tenue le mois dernier à Lisbonne et lors de laquelle le transfert de responsabilités conformément au plan de transition de l’OTAN a été approuvé. J’ai rencontré le général David Petraeus à trois reprises au cours des derniers mois et, si beaucoup reste à faire, je suis persuadée que la stratégie actuelle commence à avoir un impact réel.

Sur le plan civil, la conférence de Kaboul a été une réussite. Je voudrais féliciter le gouvernement afghan pour l’organisation et l’importance de cet événement qui s’est tenu en juin. Nous n’avons pas assisté à l’habituel défilé de demandes et de promesses de donateurs. L’ordre du jour s’est plutôt focalisé sur la façon d’optimiser l’établissement des priorités de nos ressources et engagements existants et la canalisation de nos efforts dans des programmes nationaux concertés qui ont été développés par les Afghans eux-mêmes.

Ces programmes prioritaires nationaux ont posé les jalons de la transition dans une série de secteurs et nous devons maintenant les soutenir, comme s’y emploie précisément notre plan d’action. Nous savons tous qu’il ne peut y avoir d’issue militaire durable en Afghanistan sans un cadre civil de stabilité qui sauvegarde l’unité du pays. Des institutions étatiques plus efficaces, une meilleure gouvernance, un accès aux services de base, la justice et l’état de droit sont des éléments tout aussi importants que la sécurité militaire.

Par conséquent, nous redoublerons d’efforts pour renforcer la capacité de l’Afghanistan et nous collaborerons avec le gouvernement afghan pour établir des institutions de l’État efficaces et responsables, en particulier au niveau sous-national. En effet, dans tous les domaines dans lesquels nous sommes engagés - le développement rural, l’application de la loi, la gestion des frontières ou la lutte contre le trafic de drogue -, nous œuvrerons à la mise en place d’institutions afghanes locales en insistant sur la promotion de l’état de droit et de la gouvernance et sur la lutte contre la corruption.

Concernant la question des institutions afghanes, je voudrais dire un mot, en conclusion, sur les engagements afghans. Nos efforts en matière de développement ne seront viables qu’à partir du moment où le gouvernement afghan sera plus responsable et inclusif. Nous devons les encourager à adopter cette vision à long terme. À l’heure actuelle, la moitié de la capacité humaine du pays est marginalisée. D’autres exemples dans le monde montrent pourtant que l’engagement des femmes dans les processus de gouvernance et de développement est fondamental. J’ai été marquée par ce potentiel inexploité lorsque j’ai rencontré des groupes de femmes à Kaboul en juillet dernier. Cela restera l’un des aspects essentiels de notre engagement en Afghanistan, que ce soit via le soutien politique des députées dans le nouveau parlement afghan ou via notre soutien à la participation des femmes dans des projets de développement locaux tels que le programme de solidarité nationale, qui est largement reconnu et que nous finançons à travers la Banque mondiale depuis 2002.

Pour terminer, je voudrais remercier M. Arlacchi d’avoir mis autant de questions importantes en évidence dans ce rapport. Je pense qu’il arrive à point nommé étant donné les enjeux énormes pour nos engagements militaires et civils.

 
  
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  Charles Goerens, rapporteur pour avis de la commission du développement. − Madame la Présidente, l’Afghanistan n’a plus beaucoup de choix.

Premièrement, le statu quo n’est plus une option réaliste puisque les forces de l’OTAN annoncent une à une leur retrait d’un pays dont nous ne savons pas encore s’il est à même de garantir sa propre sécurité.

Deuxièmement, le retour à la situation d’avant 2000 serait-il une option? Et bien faire le nid aux réseaux terroristes devrait de nouveau exposer le pays à un bras de fer avec les forces armées étrangères.

Troisièmement, faut-il confier le pouvoir à des talibans modérés? Je suis incapable de me prononcer sur cette option, étant donné que personne ne peut nous dire ce qu’est un Taliban modéré. Demandons-le aux femmes afghanes qui sortent de l’enfer et qui viennent de retrouver un peu de liberté.

Quatrièmement, reste la poursuite des efforts requis pour consolider les quelques acquis et continuer à lutter pour plus de démocratie et davantage de développement. Karzaï, qui veut incarner cette option, se heurte à un obstacle de taille, à savoir sa propre personne. Tant qu’il n’y a pas d’alternative crédible, c’est la seule option qui nous reste.

 
  
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  Ioannis Kasoulides, au nom du groupe PPE. (EN) Madame la Présidente, notre position clé dans ce rapport, c’est la stratégie de contre-insurrection prévue par le plan d’action de l’UE, et je remercie M. Arlacchi de l’avoir compris.

Il faut laisser à cette stratégie le temps de se mettre en œuvre selon le calendrier défini par le président Obama, l’afghanisation complète des opérations militaires et de police ayant été fixée à 2014. La phase finale sera certainement politique, avec des négociations débouchant sur un accord entre toutes les parties afghanes au conflit.

Les contacts avec les talibans relèvent de la responsabilité afghane, mais ils ne devraient débuter qu’à partir du moment où les insurgés ne se sentent plus en position de force. Il faut repenser la distribution de l’aide et le recours à des prestataires privés de façon à ce que la population locale en bénéficie - et certainement éviter de payer des insurgés locaux pour la protection des routes d’approvisionnement.

La même importance devrait être accordée aux stupéfiants, et ce dans l’intérêt vital de jeunes Européens. Nous nous opposons vivement au paragraphe 71, qui condamne l’utilisation des drones, qui font partie intégrante de la stratégie de contre-insurrection. Que penseront les soldats européens présents sur le terrain si le Parlement européen condamne une arme aussi efficace dans leur lutte contre l’insurrection? J’invite instamment les collègues à voter contre la troisième partie du paragraphe 71.

 
  
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  Norbert Neuser, au nom du groupe S&D.(DE) Madame la Présidente, Madame la Baronne Ashton, l’Union européenne prend part à une série de missions en Afghanistan sur la base de résolutions des Nations unies. De trop nombreux jeunes soldats européens ont perdu la vie en Afghanistan. Un grand nombre d’entre eux ont été gravement blessés ou souffrent de troubles psychiques engendrés par leur service dans l’armée. Des milliers de travailleurs humanitaires européens risquent leur vie chaque jour pour contribuer à bâtir un avenir meilleur en Afghanistan. Chacun d’entre eux et chacun d’entre nous a le droit de savoir comment l’engagement de l’Europe en Afghanistan peut être mené à bonne fin de manière durable et combien de temps nous maintiendrons une présence militaire dans le pays.

Quelles sont les modifications ou améliorations nécessaires et quels sont les objectifs de la nouvelle stratégie de l’UE pour l’Afghanistan? Nous devons redoubler d’efforts dans le domaine de la reconstruction civile. Nous devons enfin réaliser des progrès en matière de reconversion des forces de police et du pouvoir judiciaire afghans. Nous savons qu’il n’y a pas d’issue militaire et nous devons par conséquent accroître nos efforts pour aboutir à une solution politique du conflit à travers l’UE et une politique étrangère commune.

Nous devons nous montrer déterminés à faire avancer le processus de réconciliation interne en Afghanistan, en y intégrant des membres dits modérés des talibans. Nous devons mettre en place des initiatives spécifiques, en particulier au niveau régional, pour stabiliser la situation. Ces mesures doivent notamment englober des moyens efficaces de lutte contre la production et le trafic de drogue. Notre stratégie contient de bonnes propositions. Nous appelons le gouvernement afghan à démontrer sa volonté de mettre en place un meilleur système de gouvernance qui soit libre de corruption.

La nouvelle stratégie de l’UE ne peut toutefois être efficace si elle ne joue qu’un rôle passif et n’associe pas activement les pays voisins. Madame la Baronne Ashton, nous plaçons nos espoirs en vous, nous comptons sur vous et nous vous donnons tout notre soutien.

 
  
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  Ivo Vajgl, au nom du groupe ALDE. (SL) Madame la Présidente, je vous remercie de l’hommage rendu à l’ambassadeur Richard Holbrooke. Il est juste d’avoir une pensée pour lui aujourd’hui, au cours de ce débat sur l’Afghanistan, en hommage à tout ce qu’il a fait pour promouvoir la paix.

Pour le monde, pour l’Union européenne et pour nous tous, l’Afghanistan est un problème que nous pourrions résoudre relativement rapidement et efficacement si l’époque et les méthodes étaient différentes. Il est manifeste aujourd’hui, alors que nous examinons des alternatives, que ce problème ne peut pas être résolu par des moyens militaires. Ce rapport préparé par le professeur Pino Arlacchi, un fin connaisseur de l’Afghanistan et de la face sombre de la politique internationale, contribue à rendre ces alternatives possibles. Néanmoins, ce conflit fait chaque jour de nouvelles victimes civiles et militaires.

Ce rapport fournit des informations sur les occasions d’investissement manquées, les irrégularités et les abus dans le cadre de l’aide humanitaire, les profits générés par des réseaux internationaux de trafic de drogue et les illusions qui ont bercé les dirigeants militaires. Il est clair aujourd’hui que la présence d’Al-Qaïda en Afghanistan n’est plus le problème central. C’est toutefois un problème qui exportera la lutte contre le terrorisme international vers les pays et régions avoisinants aussi longtemps que les combats perdureront en Afghanistan.

Le rapport prévient que les solutions réelles et à long terme en Afghanistan, telles que celles qui rapprocheront les droits de l’homme, la position des femmes et les perspectives des enfants des normes qui sont les nôtres, ne seront possibles qu’à la condition d’une implication active et étroite des autorités, des dirigeants religieux et de la société civile de l’Afghanistan. Nous devons nous montrer plus confiants dans leur capacité à bâtir une société et un État sur des fondations qui sont proches de leur définition de la liberté et de leurs traditions et valeurs.

Ce rapport est une tentative louable de définir les problèmes clés et les solutions possibles en Afghanistan. Le rapport incite à une politique responsable et créative de l’Union européenne en Afghanistan.

 
  
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  Nicole Kiil-Nielsen, au nom du groupe Verts/ALE. – Madame la Présidente, Madame Ashton, permettez-moi de remercier M. Arlacchi pour l’atmosphère constructive dans laquelle nous avons travaillé.

Ce rapport propose une analyse très honnête, très juste des lacunes de l’intervention internationale en Afghanistan depuis 2001. Nous en approuvons le message clé: il n’y aura pas d’issue militaire. La guerre coûte très cher. La guerre coûte en vies humaines tant parmi les soldats qu’au sein de la population, la guerre ne fait que renforcer les talibans.

La seule solution est politique. Ce qu’attendent les Afghans, c’est un véritable investissement dans le développement de leur pays, dans l’aide à la bonne gouvernance, dans la construction d’un système judiciaire. Le problème des droits fondamentaux et, en premier lieu, des droits des femmes, reste entier.

Le très récent rapport de la mission des Nations unies en Afghanistan révèle l’incapacité du gouvernement afghan à protéger pleinement les droits des femmes et des filles. Je cite: «Tant que les femmes et les filles sont soumises à des pratiques qui leur nuisent, les dégradent et les privent de leurs droits, peu de progrès significatifs et durables peuvent être faits en Afghanistan».

Pour garantir les droits des femmes afghanes, il faut non seulement des garanties juridiques et constitutionnelles sur le papier, mais le plus important c’est encore leur application rapide et adéquate.

L’Assemblée nationale n’a que peu d’influence dans le pays, l’essentiel du pouvoir étant concentré dans les mains du président Karzaï. S’il n’est pas trop tard, un soutien sans faille, pour renforcer la démocratie et l’état de droit, doit venir de l’Union européenne aux diverses institutions et, en particulier, au parlement qui vient d’être élu.

 
  
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  Struan Stevenson, au nom du groupe ECR. (EN) Madame la Présidente, au cours de l’année qui vient de s’écouler, j’ai fait office de représentant personnel du président en exercice de l’OSCE au Kazakhstan, rédigeant un rapport détaillé sur les grandes questions environnementales en Asie centrale. Madame la Baronne Ashton, je vous ai envoyé une copie de mon rapport.

L’un des problèmes majeurs qui affectent l’ensemble de l’Asie centrale est bien évidemment la question de l’utilisation transfrontalière de l’eau. Comme vous le savez, l’utilisation de l’eau suscite des tensions vives et constantes entre les pays en amont et les pays en aval en Asie centrale.

Mais il y a un aspect de ce problème, dont j’ai pris conscience dans le courant de mon enquête, qui a échappé selon moi à de nombreux décideurs occidentaux. Le pilier de l’économie afghane est l’agriculture, et toute reconstruction de l’économie en Afghanistan «post-conflit» nécessitera des investissements massifs dans l’agriculture, afin d’encourager par exemple les agriculteurs à transformer leurs champs de pavot à héroïne en champs de grenadiers. Cette transition exigera la mobilisation supplémentaire considérable de ressources en eau déjà restreintes. En d’autres termes, en contribuant à la résolution du conflit actuel en Afghanistan, nous pourrions créer par inadvertance, en aval, une série de «mini-Afghanistan» par amplification des graves pénuries d’eau.

Nous devons veiller à la conception adéquate des nouveaux programmes d’irrigation éventuels, avec des canaux et réservoirs bétonnés et des systèmes d’irrigation goutte à goutte similaires à ceux utilisés par les agriculteurs espagnols. En outre, tout nouveau projet énergétique faisant intervenir des centrales hydroélectriques doit être soigneusement conçu et mis en œuvre de manière à ce qu’il n’en résulte aucun inconvénient pour ceux qui utilisent l’eau en aval dans les pays voisins.

 
  
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  Joe Higgins, au nom du groupe GUE/NGL. (EN) Madame la Présidente, la guerre menée par les États-Unis et l’OTAN en Afghanistan est une catastrophe gravissime pour le peuple afghan. Les estimations font état de 30 000 citoyens afghans tués l’an dernier seulement. C’est aussi une catastrophe pour les jeunes hommes et femmes contraints de s’engager et de se battre au sein des armées de l’OTAN et des États-Unis, dont 500 peut-être ont déjà trouvé la mort cette année.

Comme l’expose très clairement le rapport Arlacchi, après neuf années, la situation économique et sociale en Afghanistan est désastreuse. Le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté a considérablement augmenté. Quel scandale, quand on sait que 300 milliards de dollars ont été gaspillés de façon indécente dans des armes de destruction massive et de guerre et perdus dans la corruption durant cette période. L’invasion américaine de l’Afghanistan a été entreprise pour défendre non pas les intérêts du peuple afghan, mais les intérêts géostratégiques des États-Unis en Asie centrale, qui est évidemment riche en énergie, en pétrole et en gaz.

Les armées étrangères doivent quitter l’Afghanistan et les richesses du pays doivent être ôtées des mains du gouvernement Karzaï, des propriétaires terriens corrompus et des chefs de guerre pour être placées démocratiquement sous le contrôle des organisations d’agriculteurs, des travailleurs et des pauvres Ces ressources pourront ainsi être utilisées et développées au service du peuple.

 
  
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  Bastiaan Belder, au nom du groupe EFD. (NL) Madame la Présidente, en tant que rapporteur chargé de l’élaboration de la position de l’Union européenne concernant l’Iran, je me suis focalisé, dans la résolution sur l’Afghanistan, sur le rôle de la République islamique dans le théâtre de guerre afghan.

La résolution n’aborde toutefois l’influence intéressante de l’Iran que très brièvement et, selon moi, au mépris de la réalité. En attendant, les questions cruciales demeurent: comment l’Union européenne évalue-t-elle l’influence réelle de l’Iran en Afghanistan et quelles conséquences politiques prévoit-elle? Je voudrais par conséquent poser trois questions à Mme la haute représentante et je souhaiterais, Madame Ashton, que vous y répondiez par écrit. Je préférerais également obtenir des réponses spécifiques.

1. Dans quelle mesure la déportation massive par l’Iran de réfugiés afghans a-t-elle un impact déstabilisant sur la partie occidentale de l’Afghanistan? Je pense ici à Nimrôz et Hérat.

2. Partagez-vous la position officielle afghane selon laquelle l’Iran cherche à infiltrer des terroristes étrangers dans le pays sous le couvert de ces déportations?

3. Quel type d’aide l’Union européenne fournit-elle aux autorités afghanes, dans le cadre de la déportation par l’Iran d’un grand nombre de réfugiés, afin d’empêcher Téhéran d’abuser politiquement de ce problème humanitaire sensible et de l’instrumentaliser pour rendre Kaboul dépendante et la mettre sous pression politique?

 
  
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  Nick Griffin (NI). - (EN) Madame la Présidente, ce rapport dénonce les mensonges de la classe politique britannique concernant la guerre afghane. Je ne connais le nom d’aucune des innocentes victimes afghanes de cette sale guerre, mais je sais que les intérêts britanniques ne sont pas du tout concernés. Et je connais les noms des 18 courageux jeunes hommes de ma circonscription qui, rien que l’an dernier, ont payé cette folie de leur vie.

Le caporal Simon Hornby, Liverpool; l’adjudant David Markland, Lancashire; le kingsman Sean Dawson, Stalybridge; le caporal Harvey Holmes, Hyde; le caporal Terry Webster, Chester; le vice-caporal Andrew Breeze, Manchester; le marine Steven Birdsall, Warrington; le marine Paul Warren, Preston; le sergent Steven Darbyshire, Wigan; le soldat Alex Isaac, Wirral; le soldat Douglas Halliday, Wallasey; le sergent Martyn Horton, Runcorn; le soldat Thomas Sephton, Warrington; le sergent David Monkhouse, Cumbria; le sapeur Darren Foster, Carlisle; le vice-caporal Jordan Bancroft, Burnley; le kingsman Darren Deady, Bolton; le guardsman Christopher Davies, St Helens.

Quel gâchis criminel de jeunes vies courageuses!

Il n’appartient évidemment pas à l’Union européenne de décider des guerres menées ou non par la Grande-Bretagne. C’est à notre peuple britannique et à nos élus parlementaires à Westminster d’en décider, comme il nous appartiendra de décider un beau jour de faire comparaître MM. Blair, Brown et Cameron pour crimes de guerre, car la guerre en Afghanistan, comme celle en Irak, est une guerre criminelle.

 
  
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  Mario Mauro (PPE).(IT) Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs, je partage avec le rapporteur le point de vue selon lequel il convient d’aborder les problèmes considérables qui subsistent aujourd’hui en Afghanistan d’une manière nouvelle, en modifiant l’ordre actuel des priorités.

Je me félicite comme lui de la volonté affichée par le président afghan, M. Karzaï, de confier d’ici 2014 aux seules forces armées nationales afghanes la conduite des opérations militaires dans toutes les provinces, ainsi que de l’engagement pris par le gouvernement afghan d’assurer progressivement par lui-même la pleine maîtrise de sa sécurité.

Néanmoins, tout cela ne devrait pas inciter la communauté internationale à abandonner la cause afghane. Au contraire, le partenariat avec l’Afghanistan devrait être renforcé en tous points. Tout d’abord, nous devons promouvoir les investissements dans l’économie, car c’est le véritable moyen d’investir dans la stabilité du pays. Nous devons choisir pour cela une méthode adéquate, en établissant un modèle de coopération reposant sur un dialogue inclusif entre les organismes sociaux et les institutions locales.

Mais l’élément essentiel, comme l’indique à juste titre le rapport, c’est qu’il ne peut y avoir de stabilité ou de paix en Afghanistan sans que, avant tout, l’État garantisse la sécurité de ses citoyens en toute autonomie.

À ce sujet, j’invite le rapporteur, M. Arlacchi, à reformuler si possible, peut-être via un amendement oral, le passage sur l’utilisation des drones sur le terrain, et ce afin de le rendre plus opérationnel. Autrement dit, c’est une chose de dire «il est interdit d’utiliser des drones» et une autre de dire «nous limiterons autant que possible l’utilisation de cet instrument technologique», en ajoutant peut-être «afin d’éviter les répercussions sur la population civile». Je suis certain que nous pouvons trouver un compromis, je pense que M. Arlacchi dispose de la perspicacité et des ressources pour y arriver. Nous le soutiendrons volontiers dans ce travail.

 
  
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  Kristian Vigenin (S&D). - (BG) Madame la Présidente, le débat d’aujourd’hui porte probablement sur l’un des rapports les plus importants de 2010 en matière de politique extérieure et de sécurité. Je voudrais féliciter M. Arlacchi pour les efforts accomplis et les résultats obtenus. Nous pouvons juger des résultats de notre politique actuelle vis-à-vis de l’Afghanistan au regard des chiffres édifiants indiquant une hausse de la mortalité infantile, une baisse de l’espérance de vie et un accroissement de l’analphabétisme et de la pauvreté. Par comparaison, cinq jours de guerre coûtent le prix nécessaire à l’éradication de la pauvreté, et une semaine de guerre équivaut au coût de 6 000 écoles. Je suis conscient du caractère peu orthodoxe des comparaisons de ce genre, mais elles nous donnent une idée du dilemme dans lequel nous nous trouvons actuellement. D’un autre côté, plusieurs rapports ont révélé de graves manquements, détournements de fonds et faits de corruption dans le cadre de la distribution de l’aide internationale. Depuis 2002, l’Union européenne et ses États membres ont dépensé à eux seuls plus de 8 milliards d’euros sans résultat palpable.

Il n’est pas moins alarmant de constater que la sélection et la formation des recrues des forces de police afghanes ne répondent même pas aux normes minimales: 90 % des membres des forces de police sont des citoyens illettrés et un cinquième d’entre eux sont toxicomanes. Je mentionne ces chiffres car nous ne pouvons pas parler d’une nouvelle stratégie pour l’Afghanistan si nous fermons les yeux sur la réalité des faits. Il n’y a pas de solution ni de prescription facile, mais nous exhortons tout un chacun à prendre conscience que la seule solution est une solution politique reposant sur un engagement fort des institutions et des citoyens afghans envers le développement de leur pays, un engagement qui aura un impact à long terme en créant les conditions de stabilité nécessaires à l’arrêt de la production d’opium et à l’éradication de la pauvreté.

 
  
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  Carl Haglund (ALDE).(SV) Madame la Présidente, je voudrais tout d’abord remercier M. Arlacchi, qui a réalisé un excellent travail sur cette stratégie. Il s’agit selon moi d’une magnifique illustration des défis auxquels nous faisons face, mais aussi des erreurs que nous avons commises jusqu’à présent. J’espère que nous pourrons nous appuyer sur ce document pour améliorer notre action en Afghanistan.

Quelques éléments du rapport méritent une attention plus détaillée. Il y a tout d’abord la suggestion quelque peu radicale mais importante d’entamer des pourparlers sérieux avec les talibans dits modérés. C’est assurément la seule solution. Dans le même temps, je pense que beaucoup d’entre nous se posent la question de savoir qui sont réellement les «talibans modérés». C’est une raison tout à fait valable pour organiser un débat en la matière, et je pense que les événements récents ont montré qu’aucun d’entre nous n’avait de réponse claire à cette question.

Je voudrais également aborder la question de l’aide financière et des modalités de distribution de celle-ci. Il est positif selon moi que nous ayons le courage de l’acheminer à l’avenir à travers le budget du gouvernement afghan. Après tout, c’est probablement la seule façon de procéder, même s’il faudra y accorder toute l’attention requise. Nous avons également des raisons de montrer aux électeurs de nos États membres que nous surveillons cette aide et que les abus ne seront pas trop importants.

Enfin, et ce n’est pas le moins important, il est pertinent selon moi de mentionner le rôle du Pakistan, car c’est aussi un élément capital. Je pense que nous sommes tous d’accord à ce propos, et la communauté internationale a un rôle important à jouer à cet égard en faisant pression sur le Pakistan afin que ce pays remplisse ses obligations.

Enfin, je voudrais ajouter que je suis originaire d’un pays où, dans l’état actuel des choses, le débat sur l’Afghanistan porte uniquement sur la question de savoir si les troupes finlandaises devraient y rester ou non, et ce n’est pas particulièrement constructif. Il n’y a aucun débat de fond sur le sujet. C’est le cas également par exemple en Suède, notre pays voisin, et c’est pourquoi des initiatives comme cette stratégie de grande ampleur apportent une contribution majeure au débat futur.

 
  
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  Ryszard Czarnecki (ECR).(PL) Madame la Présidente, il y a quatre ans, j’ai participé à la mission d’observation des élections à l’Autorité palestinienne, je dis bien l’Autorité palestinienne. Je me souviens du point de vue illusoire d’une personnalité majeure du Parlement européen. Cette personne m’a dit: «Ma foi, les gens du Hamas sont foncièrement sympathiques, cultivés et amicaux. Nous devrions peut-être négocier avec eux...». Les mêmes propos sont tenus aujourd’hui. J’entends aujourd’hui que nous devrions peut-être négocier avec les talibans modérés. Sauf que cette suggestion engendre les questions suivantes: qui sont les talibans modérés et n’est-ce pas un concept trop flexible? Je tiens à vous mettre en garde contre cette position.

De toute évidence, de nombreux soldats sont tués en Afghanistan - y compris des soldats de mon pays, la Pologne. Beaucoup trop de soldats sont tués, notre stratégie coûte beaucoup trop d’argent, et la stratégie de l’OTAN est également discutable. Loin de moi toutefois de jeter le bébé avec l’eau du bain, et il faut se garder selon moi d’ouvrir le dialogue avec des personnes dont les objectifs sont totalement différents des nôtres.

 
  
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  Philippe Juvin (PPE). - Madame la Présidente, je sais que M. Arlacchi connaît bien l’Afghanistan. Parmi les membres de cette Assemblée, il est probablement un de ceux qui connaît le mieux ce pays et cette région complexe.

Mais disons-le tout net, ce texte, en l’état, pose un grave problème. Et je ne rejoins pas l’ensemble de nos collègues qui se félicitent et se congratulent du texte. Je vais vous expliquer pourquoi.

Je trouve que ce texte a d’abord le grand défaut de vouloir absolument faire de nous, les Occidentaux, les responsables des maux que connaît l’Afghanistan. Je vais vous citer trois exemples. Premièrement, M. Arlacchi écrit que les conditions sanitaires se sont dégradées depuis, comme par hasard, que nous sommes là-bas. C’est étonnant! Mme Ashton a dit strictement le contraire. Personne ne l’a remarqué.

Le deuxième point: dans le considérant B, lisez-le mes chers collègues, les forces occidentales sont des forces d’occupation. Les États membres de cette assemblée qui ont connu des occupations sauront juger de l’intérêt d’un tel mot.

Et troisièmement, sur le paragraphe 71, l’affaires des drones: écoutez, mes chers collègues, j’ai été officier en Afghanistan il y a deux ans, comme médecin militaire. J’ai soigné des soldats allemands, britanniques, polonais, italiens, français, afghans alliés, et j’ai même soigné des talibans. Je peux vous dire que si demain vous dites à nos militaires «Vous ne pouvez pas utiliser les drones», cela signifie que vous leur dites «Allez au contact de l’ennemi, prenez des risques». Je ne sais pas si c’est de notre responsabilité de femmes et d’hommes politiques que de dire cela à nos hommes.

Alors je ne méconnais pas la complexité de la situation. Je sais que la guerre est cruelle, mais il faut arrêter, je crois, cet antimilitarisme, cet anti-américanisme primaire, cette auto-flagellation des forces occidentales, qui fait de ces forces occidentales toutes les causes des maux des Afghans.

Je crois, mes chers collègues, que les choses sont beaucoup plus simples. L’ennemi, ce sont les talibans, ce ne sont pas les Américains et ce ne sont pas les forces occidentales. Tout cela est très complexe mais attention à la manière que nous avons de présenter les choses.

 
  
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  Thijs Berman (S&D). - (EN) Madame la Présidente, je voudrais m’associer à Mme Ashton en rendant hommage à Richard Holbrooke. Je l’ai admiré dans le cadre des accords de Dayton, je l’ai rencontré à une occasion lors d’un fascinant dîner à Bruxelles et il m’avait beaucoup impressionné.

(NL) Madame la Présidente, aucune stratégie de nature principalement militaire n’a de chance d’aboutir en Afghanistan. Notre présence militaire est passée de 20 000 soldats en 2001 à 150 000 aujourd’hui, et pourtant, l’insécurité n’a fait que progresser.

Nous enregistrons davantage de victimes civiles et de soldats tués et, que mon collègue M. Juvin veuille bien m’excuser pour ces propos, l’armée de coalition est considérée par de plus en plus d’Afghans comme une véritable force d’occupation.

La stratégie devrait se focaliser sur la reconstruction du pays, le gouvernement local, le pouvoir judiciaire, l’éducation, la santé, y compris celle des femmes, et le développement rural, mais sans opium. La coalition doit respecter ses propres principes. Nous avons entendu de belles paroles sur la lutte contre la corruption, mais rien n’a été fait contre la corruption à l’intérieur et autour du palais présidentiel. Ces agissements découragent les Afghans, et cela doit changer.

L’Union européenne devrait soutenir les efforts anti-corruption de la police afghane en instituant des procureurs publics. L’Afghanistan ne peut pas se passer d’une administration fiable.

 
  
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  Zbigniew Ziobro (ECR).(PL) Madame la Présidente, il ne sera pas possible d’instaurer un programme d’aide efficace pour l’Afghanistan sans stabiliser sa situation interne. Le principal pilier de ces mesures doit être de garantir la sécurité et la victoire dans la lutte contre les forces rebelles. À cette fin, il est nécessaire de renforcer l’engagement des États européens dans le cadre de la mission de l’OTAN et d’accroître les effectifs d’Europol qui, comme nous le savons, n’ont pas encore atteint les chiffres annoncés. Il est également essentiel d’isoler les forces talibanes de leurs bases au Pakistan et à Peshawar.

Dans ses rapports, le département d’État américain a montré que le commerce de stupéfiants était une source importante de financement des opérations des guérillas. C’est un autre domaine d’action de l’Union européenne, qui devrait accroître les fonds dégagés pour encourager les agriculteurs à ne plus cultiver le pavot. Je ne pense pas que la proposition du rapport de soutenir le programme du général Petraeus soit légitime. Les fonds doivent être obtenus sur une base régionale, mais le pouvoir doit rester central. Une nouvelle fragmentation de l’Afghanistan pourrait entraîner une «somalisation» du pays et son partage entre les différentes tribus hostiles.

 
  
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  Marietta Giannakou (PPE).(EL) Madame la Présidente, la situation de l’Afghanistan représente un problème extrêmement important pour la communauté internationale, non seulement en raison des forces militaires qui s’y trouvent, mais aussi parce que des forces ont été déployées et le seront encore à l’avenir dans le but de lancer des attaques terroristes et de causer des problèmes à la communauté internationale. La vérité, et nous devons l’accepter, c’est que de telles forces, fondamentalistes et terroristes, existent en Afghanistan depuis le 14e siècle.

Il y a vingt-quatre ans, Madame la Baronne Ashton, ce Parlement a voté en faveur d’un rapport de la commission d’enquête sur le trafic de la drogue qui comportait une section spéciale sur l’Afghanistan ainsi que des prévisions concernant la situation actuelle qui, malheureusement, se sont avérées. Le problème de la drogue ne disparaîtra pas avec la suppression des cultures. Le programme de surveillance des cultures des Nations unies a échoué dans la pratique. L’opium d’Afghanistan, qui, selon les spécialistes, passe pour être le meilleur, finance toutes les activités en Afghanistan, au Pakistan et ailleurs.

Nous devons donc l’éliminer, mais le plus important, comme vous l’avez dit, ce sont les efforts de développement à réaliser en matière de santé, de réduction de la mortalité infantile; en d’autres termes, nous devons montrer à ces personnes un modèle qui leur plaise, qu’ils vont aimer et adopter pour leur qualité de vie future, qu’ils pourront intégrer à leur perception de la vie. Bien entendu, un tel modèle devra aider les femmes, car la condition à laquelle les talibans les réduisent est un problème monumental. La condition des femmes et la pression qu’elles subissent sont déjà terribles dans les pays musulmans. Ici, les choses sont pires encore. L’Union européenne doit rester, Madame la Baronne Ashton, et vos interventions doivent se poursuivre de manière continue et garder un visage européen, comme vous l’avez souligné vous-même.

 
  
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  Ana Gomes (S&D). (PT) Madame la Présidente, Richard Holbrooke, à qui je rends également un profond hommage, a dit avant de mourir: «nous devons mettre un terme à la guerre en Afghanistan». Ce pays est en fait vital pour la sécurité européenne et mondiale et c’est la raison pour laquelle nous devons, comme le détaille très bien le rapport de Pino Arlacchi, corriger les énormes erreurs commises lors de la tentative d’«afghanisation» et donner d’abord la priorité à la sécurité du peuple afghan, ce qui implique une responsabilité de protection de la part des forces étrangères présentes.

Ne nous leurrons pas, l’état de droit et les institutions démocratiques ne peuvent pas être mis en place par des chefs de guerre corrompus, discrédités aux yeux du peuple. La fin de la guerre en Afghanistan dépend également du contrôle que le gouvernement démocratiquement élu exerce sur le pouvoir militaire de son voisin pakistanais, une puissance nucléaire qui s’est mise en marge du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Pour autant qu’ils cessent de pratiquer la politique de l’autruche en ce qui concerne ces questions politiques fondamentales, les Européens de l’Union européenne et de l’OTAN pourraient être en mesure de mettre un terme à la guerre en Afghanistan, ainsi qu’à la descente aux enfers du Pakistan.

 
  
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  Carlo Fidanza (PPE).(IT) Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs, je me joins à vous pour rendre hommage à Richard Holbrooke.

Si mon groupe politique avait été chargé de rédiger ce rapport, notre approche aurait indubitablement été très différente de celle adoptée par M. Arlacchi, bien que je lui sois reconnaissant pour la passion avec laquelle il suit ce dossier de l’Afghanistan depuis si longtemps.

Grâce notamment aux nombreux amendements décisifs déposés par notre groupe politique, ce rapport est à présent moins idéologique et certainement à même d’identifier les points critiques rencontrés au cours de cette période de neuf ans, ainsi que les points positifs et les lignes de développement les plus efficaces à suivre afin de contribuer au rétablissement de la pleine souveraineté des autorités afghanes.

Bien qu’une réponse militaire ne soit pas suffisante à elle seule, il faut à nouveau souligner fermement, d’une part, que d’importants succès militaires ont eu lieu au cours de ces derniers mois - tels que les opérations dans les régions d’Almondo et de Kandahar - et, d’autre part, qu’une action plus incisive envers les insurgés est également une condition préalable essentielle pour calmer les forces talibanes que nous souhaitons asseoir autour de la table des négociations.

Nous ne pouvons qu’être fiers de cet engagement militaire, qui a vu le sacrifice de milliers de jeunes soldats du contingent de la Force internationale d’assistance et de sécurité, parmi lesquels de nombreux Européens et de nombreux jeunes de mon propre pays, car il ne s’agit pas simplement d’un engagement militaire, mais aussi d’un engagement à la reconstruction. Nous construisons dans ces pays infortunés des écoles, des ponts et des ouvrages de génie civil qui contribueront au développement de ces régions dévastées.

Malgré les compromis obtenus, je pense que le rapport comporte toujours quelques problèmes critiques, en particulier le passage déjà mentionné concernant l’utilisation des drones. Je pense que c’est une grave erreur de nous priver sans réserve de la possibilité d’utiliser cet outil qui s’avère très utile dans certaines régions du nord-est du pays, où il est plus difficile de débusquer et de vaincre les forces talibanes.

J’espère que le rapporteur jugera opportun de revoir ce point, sans quoi je voterai, comme mon groupe, contre ce rapport.

 
  
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  Zoran Thaler (S&D).(SL) Madame la Présidente, je voudrais féliciter M. Arlacchi pour son rapport courageux.

Aujourd’hui, alors que l’on se remémore à raison le diplomate M. Holbrooke et ce qu’il a accompli pour la paix, particulièrement dans les Balkans, permettez-moi de le citer à propos des ressources allouées à la lutte contre le trafic de drogue en Afghanistan (1,61 milliard de dollars):

(EN) «Le programme le plus ruineux et le plus inefficace que j’aie eu l’occasion de voir, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur d’un gouvernement».

(SL) Fin de citation.

Cette situation est similaire à tous les événements qui ont émaillé ces dix funestes années de guerre en Afghanistan. Je n’ai pas le temps de passer en revue les raisons pour lesquelles nous sommes tombés dans le piège du gouvernement Bush, mais il est un fait que nos concitoyens souhaitent que nous mettions enfin un terme à cette folie qui nous a coûté plus de 300 milliards d’euros et d’innombrables vies humaines. Si, en 2001, certains étaient plus que contents de partir en guerre, il est temps à présent de prendre le risque difficile de la paix. C’est ce que nos concitoyens attendent de nous. Ils attendent également de nous que nous trouvions une solution politique et que nous soyons moins confiants dans une issue militaire.

 
  
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  Elena Băsescu (PPE).(RO) Madame la Présidente, je suis ravie que les groupes politiques au sein de la commission des affaires étrangères aient pu trouver un consensus en faveur de ce rapport. Le texte qui en résulte est beaucoup plus persuasif que la proposition initiale.

La situation en Afghanistan est encore loin d’être optimale après neuf années d’intervention internationale. Les indicateurs socioéconomiques et de sécurité ne se sont pas améliorés de manière visible et les décisions prises l’ont souvent été sans une association suffisante des Afghans. C’est pourquoi je pense que ce ne sont ni le cadre ni les instruments qui font défaut. En réalité, nous avons besoin d’une stratégie en accord avec les engagements pris à l’égard de l’Afghanistan. L’UE doit assumer avec l’OTAN son rôle de leader dans un effort international visant à traiter l’Afghanistan comme un État souverain. Je dois souligner que la seule solution politique et diplomatique consiste à renforcer l’implication du gouvernement afghan. À cet égard, je pense que l’un des éléments clés de ce rapport est le soutien en faveur de la nouvelle stratégie de contre-insurrection.

Le sommet de Lisbonne a esquissé le passage à la phase de transition, qui prévoit le transfert progressif de responsabilités en matière de sécurité au profit des forces afghanes d’ici à 2014. En accord avec l’engagement qu’il a pris juste au début de sa mission, mon pays ne retirera pas ses troupes avant que le territoire afghan soit complètement sécurisé. Je dois également mentionner ici l’importante contribution de la Russie, qui a accepté de laisser transiter nos troupes et équipements sur son territoire.

Je termine en soulignant la nécessité, lorsque la transition sera bien en route, de relocaliser les troupes de la FIAS, qui se chargeront de mener à bien cette opération, dans les régions où la sécurité restera incertaine. Cette mesure est d’une importance capitale pour les effectifs militaires roumains en poste dans le sud de l’Afghanistan. L’instabilité persistera dans la région, malgré le succès des opérations de la FIAS.

 
  
  

PRÉSIDENCE DE MME KRATSA-TSAGAROPOULOU
Vice-présidente

 
  
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  Cristian Dan Preda (PPE).(RO) Madame la Présidente, je voudrais dire tout d’abord que j’approuve le point de vue exposé précédemment par M. Juvin, et je voudrais débuter mon intervention en déplorant que le rapport ne comporte pas «Union européenne» dans son titre. Je ne pense pas que nous devions nous exprimer au nom de la communauté internationale, mais seulement au nom de l’Union européenne. Je me suis dès lors efforcé de le mettre en évidence dans les amendements que j’ai déposés. Cela ne signifie bien évidemment pas que nous devions ignorer toute coopération avec nos alliés, en particulier les États-Unis, comme l’a mentionné mon collègue M. Juvin.

Je ne pense pas qu’il soit véritablement nécessaire de nous focaliser aujourd’hui sur une toute nouvelle stratégie. Je pense qu’il est préférable de mettre en œuvre la vision stratégique définie lors du sommet de l’OTAN à Bucarest il y a deux ans. À cet égard, il ne s’agit pas selon moi de concevoir une nouvelle stratégie, mais de rester cohérent par rapport à cette vision stratégique.

D’un autre côté, nous devons reconnaître les erreurs qui ont été commises par la coalition militaire en Afghanistan et en tirer des leçons. Toutefois, nous devons éviter de voir la situation antérieure à l’intervention comme la situation idéale. Comme on l’a déjà précisé, il est important de souligner que l’objectif principal de notre stratégie en Afghanistan est de débarrasser le pays des groupes de talibans.

Nous devons cependant également souligner les aspects positifs de l’intervention, et en particulier du programme Petraeus. Aujourd’hui, en Afghanistan, les femmes ont plus de droits, les enfants vont à l’école en plus grand nombre, les usines sont plus nombreuses et on construit plus de routes. Cela peut être attribué à la manière dont nous nous sommes comportés dans ce pays. L’intégration de mesures civiles telles que des programmes d’éducation et des programmes visant à éradiquer la pauvreté, à la reconstruction et au développement est une étape essentielle pour la sauvegarde de la paix en Afghanistan.

Pour conclure, je voudrais souligner la nécessité d’avoir une vision pragmatique, comme l’a proposé mon groupe politique. N’oublions pas que 400 amendements ont été déposés pour le rapport Arlacchi.

 
  
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  Marielle De Sarnez (ALDE). - Madame la Présidente, très rapidement trois choses.

Premièrement, je crois, contrairement à ce qui a été dit, que l’Union européenne devrait avoir sa propre stratégie. En Afghanistan, nous avons des hommes, des soldats, des militaires qui sont engagés, nous avons des moyens, beaucoup de moyens que nous avons donnés, et il est important d’avoir notre propre réflexion.

Deuxièmement, je considère qu’il faudrait vraiment que l’argent de la communauté internationale profite aux Afghans. Ce n’est malheureusement pas le cas depuis 10 ans, nous le constatons tous les jours sur le terrain. Je crois que c’est en partie, probablement, de la responsabilité des ONG ou des humanitaires, mais c’est aussi en grande partie, et peut-être le rapport ne le dit pas suffisamment, dû, je le crains, à la corruption gouvernementale et à un gouvernement qui, honnêtement, n’est pas très juste et n’est pas très efficace.

Troisième chose: la question du dialogue politique est posée. En fait, elle essaie de se nouer avec les talibans depuis plusieurs années, ce n’est pas nouveau. Je crois, pour ma part, que c’est nécessaire, mais je crois que ce sera très difficile, parce que conduire un dialogue alors même que nous sommes sur le terrain en position de faiblesse et que le retrait des troupes est avancé, sera, évidemment, très compliqué.

 
  
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  Giovanni Collino (PPE).(IT) Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs, maintenant que les différents amendements ont été approuvés, nous marquons notre accord avec le rapport de M. Arlacchi et avec les priorités qui ont été mises en évidence dans le rapport pour le développement futur de l’Afghanistan. La transparence du système d’aide financière, la formation des forces de police nationales, la lutte contre le trafic de drogue et la coordination de l’aide internationale sont les principaux éléments de la stratégie politique et militaire qui ont été renforcés.

Il est important d’insister à nouveau sur la nécessité d’assurer le contrôle et la stabilisation de la région afin d’affaiblir l’action des forces talibanes et de revitaliser les processus de paix. Enfin, je voudrais mettre en évidence la contribution apportée par le groupe du Parti populaire européen (Démocrates-Chrétiens) au travers de ce texte équilibré et je voudrais aussi rendre hommage aux efforts et au sacrifice des soldats de la Force internationale d’assistance à la sécurité pour leur présence sur le terrain afin de défendre la liberté et les populations locales.

 
  
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  Katarína Neveďalová (S&D). – (SK) Madame la Présidente, selon moi, aucune armée ne peut apporter la paix et la prospérité, et cela vaut également pour l’Afghanistan.

Nous devrions aussi nous interroger sur le fait que, si certains collègues députés, principalement du PPE, s’inquiètent de savoir si nous soutiendrons un certain type d’avion - je ne suis pas une experte militaire et je ne comprends rien à ce débat - alors je crois que nous devrions accorder une attention bien plus grande au contenu du rapport de M. Arlacchi, car c’est très important. Il évoque la situation des femmes et des enfants dans ce pays. Il est absolument nécessaire que nous axions davantage nos efforts sur le soutien de la non-discrimination à l’égard des femmes et de la lutte contre la discrimination. Nous devrions aussi nous intéresser au fait que de nombreux enfants afghans n’ont pas la possibilité d’aller à l’école, par exemple, et que beaucoup d’autres vivent sous le seuil de pauvreté.

Si nous ne soutenons pas des projets en matière d’enseignement et de santé et si nous continuons à investir dans des solutions militaires à ce conflit, nous n’arriverons à rien.

 
  
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  Andrew Henry William Brons (NI). - (EN) Madame la Présidente, le rapport de M. Arlacchi est bien documenté et instructif. Je dénonce simplement le fait qu’il semble déplorer que l’Afghanistan ne soit pas une démocratie libérale dirigée par une coalition d’écologistes et de libéraux-démocrates à Brighton.

L’horrible guerre en Afghanistan a causé la mort de 346 soldats britanniques, de beaucoup d’autres soldats alliés et de milliers d’Afghans innocents. Durant cette période, la mortalité infantile et maternelle s’est accrue et l’espérance de vie a chuté. Il nous dit que pas un seul plan de pavot à opium n’était cultivé en Afghanistan en 2001, alors qu’aujourd’hui, après neuf années de conflit et d’influence alliée, plus de 90 % de l’héroïne présente en Europe provient de l’Afghanistan.

Signaler que les femmes sont soumises à une certaine discrimination revient un peu à perdre le sens des proportions. Notre réponse doit consister à soutenir nos troupes en mettant fin à la guerre et en les ramenant à la maison pour protéger nos propres concitoyens contre des terroristes locaux mais importés.

 
  
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  Norica Nicolai (ALDE).(RO) Madame la Présidente, si les femmes et les enfants constituent une thématique majeure, c’est la clarté du rapport de M. Arlacchi qui est importante. Je veux dire par là qu’il nous présente la légitimité de l’intervention internationale en Afghanistan sans la remettre en cause. Il est toutefois naturel et politiquement responsable de débattre de l’efficacité de cette intervention. La raison en est la suivante: toute sentimentalité à part, une intervention qui dure 10 ans peut avoir des répercussions totalement négatives sur l’efficacité de la décision politique prise en la matière. Je pense que nous devons tous, par responsabilité envers ceux qui nous ont élus, trouver une réponse à cette question.

Je me réjouis également de la clarté de ce rapport parce qu’il évoque des questions que nous évitons généralement d’aborder pour diverses raisons. Je pense que ce rapport ne constitue qu’un point de départ. Nous devons avoir le courage de procéder régulièrement à une analyse et à une évaluation de nos actions, d’admettre les erreurs que nous avons commises et, le cas échéant, de trouver d’autres solutions. C’est le principe même d’une action à la fois responsable et démocratique.

 
  
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  Jaroslav Paška (EFD). – (SK) Madame la Présidente, nous savons par expérience que l’aide apportée sous la forme d’une intervention extérieure fonctionne si la majorité de la population soutient cette aide extérieure. Après des années d’intervention en Afghanistan, on constate que les Afghans ne nous comprennent pas, ne veulent pas de notre aide, et ne comprennent pas notre civilisation ou nos valeurs culturelles.

Il y a un adage qui dit en Slovaquie «celui qui n’accepte aucun conseil ne peut pas être aidé». Je ne veux pas dire que les Afghans ne peuvent pas être aidés, mais je ne peux pas voter pour des méthodes explicitement percutantes et violentes. Nous devrions avant tout nous interroger sur la façon de modifier notre aide et de la structurer pour qu’elle réponde aux besoins du peuple afghan.

Je pense que nous devons absolument entamer le retrait progressif de nos forces armées, transférer graduellement le pouvoir à l’administration et aux responsables politiques locaux, puis apporter notre aide au peuple afghan, par l’intermédiaire des élus politiques locaux, de manière à ce que les Afghans puissent s’identifier aux valeurs de notre civilisation et nous comprendre. Peut-être seront-ils ensuite désireux et en mesure d’accepter notre aide.

 
  
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  Ioan Mircea Paşcu (S&D). - (EN) Madame la Présidente, notre engagement à l’égard d’un Afghanistan autonome et stable, capable d’empêcher la reconstitution d’un sanctuaire terroriste dans le pays, est fort et sur le long terme, puisqu’il a été réaffirmé par l’UE et l’OTAN. Toutefois, c’est précisément parce que notre engagement porte sur la durée que j’anticipe au moins trois défis majeurs.

Le premier est que le type de modèle étatique que nous voulons mettre en place en Afghanistan ne correspond pas à la tradition afghane. Si les Afghans doivent s’adapter, nous le devons aussi, en les aidant à opter pour un modèle d’État réalisable qui allie la modernité à la tradition afghane.

Le deuxième défi, c’est le fait que la situation sécuritaire pourrait très bien nous contraindre à prolonger notre intervention militaire internationale au-delà de 2014, lorsque les Afghans prendront les choses en main. Nous devrions être prêts à envisager sérieusement soit de prolonger le délai, soit de faire face aux conséquences.

Enfin, le troisième défi sera l’épuisement de la patience de notre opinion publique, qui pourrait nous contraindre à accélérer notre calendrier actuel afin d’éviter l’alternative d’une simple déclaration de victoire et d’un départ. Cela ruinerait notre crédibilité.

 
  
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  Catherine Ashton, vice-présidente de la Commission/haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. (EN) Madame la Présidente, Je voudrais juste formuler quelques remarques finales.

Premièrement, je voudrais remercier le Parlement européen. Ce débat a été intéressant et varié, et je vous félicite pour l’intérêt et l’énergie permanents dont vous faites preuve dans le cadre de notre engagement en Afghanistan. Le débat d’aujourd’hui en a apporté la preuve irréfutable.

Comme je l’ai dit au début, l’Afghanistan est important pour nous tous et pour nos concitoyens, et l’Union européenne doit y rester un acteur clé. J’espère que j’ai correctement exposé dans ma première intervention les priorités et projets pour la période à venir, ainsi que l’importance d’établir un équilibre entre la canalisation des ressources via le gouvernement afghan et l’assurance de mener une lutte adéquate contre la corruption afin de sauvegarder les ressources dont nous disposons.

Nous restons engagés dans des secteurs clés: la santé (comme je l’ai décrit), la police, la justice, le développement rural et les gouvernements subnationaux - et l’état de droit est évidemment essentiel. En outre, comme je l’ai expliqué, il convient de mettre l’accent, dans le cadre de tous ces programmes, sur l’amélioration de la capacité des structures locales afghanes et de veiller au respect total des priorités du gouvernement en matière de lutte contre l’industrie de la drogue et contre la corruption.

J’ai également souligné dans mon intervention l’importance d’associer et d’impliquer les femmes à tous les niveaux de la société afghane et, de fait, au sein des structures politiques. J’ai pris note du rapport de M. Stevenson et je m’accorde à reconnaître que l’eau et l’irrigation représentent, comme dans de nombreuses régions du monde, un problème de plus en plus épineux.

Monsieur Belder, je promets de vous répondre par écrit, comme vous l’avez spécifiquement demandé.

Je termine en remerciant à nouveau M. Arlacchi pour son rapport. Je suis impatiente de poursuivre la discussion relative aux points clés de ce rapport et au-delà. Enfin, je me joins à ce qui a été dit à propos de l’ambassadeur Richard Holbrooke et au fait que ses dernières paroles avant sa dernière opération concernaient l’Afghanistan. C’est tout à fait à son image. Il me manquera énormément.

 
  
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  Pino Arlacchi, rapporteur. (EN) Madame la Présidente, ce débat a été extrêmement intéressant et animé. Je voudrais juste formuler quelques observations.

Tout d’abord, je suis très content que personne n’ait émis de critiques à l’égard des quatre points principaux du rapport. Le rapport demande une réforme de l’aide internationale, l’élimination de la culture du pavot, une meilleure coordination de la formation des policiers et le soutien au processus de paix. Toutes les remarques ont porté sur d’autres questions et je suis heureux qu’après une année de discussions au sein de la commission des affaires étrangères, des collègues aient confirmé leur soutien à la structure du rapport - qui n’est pas «le rapport Arlacchi». À la suite de son approbation par la commission des affaires étrangères, c’est le rapport de la commission qui a été approuvé à la quasi-unanimité –60 votes pour et un vote contre. Il englobe également plusieurs compromis approuvés par tous les groupes politiques, d’où l’importance de renvoyer au véritable texte du rapport, à savoir le texte final.

À M. Juvin, je voudrais dire que le rapport ne fait pas mention de forces d’occupation en Afghanistan. C’était dans le texte original. Le texte final dit «coalition de forces internationales en place» en Afghanistan. Cette partie du rapport a été modifiée par les amendements.

Le passage qui pose le plus grand problème est celui sur les drones. Ce n’est pas un rapport sur les drones. Cette question est à peine évoquée dans deux lignes de compromis entre les groupes politiques. Je pense qu’un accord aurait pu être conclu plus tôt en la matière, mais je fais confiance à mes interlocuteurs et aux différentes positions, ainsi qu’au compromis que nous avons atteint. Le rapport ne demande pas une interdiction de l’usage des drones. Ceux-ci font l’objet d’une critique modérée, mais je crois qu’un accord peut être trouvé entre les groupes à ce propos.

Je vous remercie, et je remercie également la baronne Ashton. J’espère qu’elle tiendra pleinement compte du contenu de ce rapport très concret qui appelle à une stratégie de sortie de l’Afghanistan.

 
  
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  Csanád Szegedi (NI).(HU) Madame la Présidente, je m’excuse d’intervenir maintenant, sur un point technique. Je n’ai pas de question à poser à M. Arlacchi, mais je voudrais seulement adresser respectueusement à Mme la Présidente un petit rappel sous forme de demande. Je suis un député indépendant, et nous avons rarement l’occasion de nous exprimer. Je n’ai même pas eu la possibilité de m’exprimer aujourd’hui. Je suis arrivé une heure à l’avance pour ce débat, je suis descendu très poliment et j’y ai informé le staff de mon souhait d’intervenir. J’accepte qu’il n’y ait pas eu le temps nécessaire aujourd’hui ou durant ce débat, et je soumettrai bien entendu mon intervention par écrit pour la session d’aujourd’hui. Ce que je voudrais demander à Mme la Présidente, c’est que l’on accorde une plus grande attention et empathie aux députés indépendants, qui ne disposent malheureusement que de peu de temps d’intervention. Merci beaucoup et bon travail.

 
  
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  Arnaud Danjean (PPE). - Madame la Présidente, pour corriger ce qui a été dit, M. Arlacchi a tout à fait raison, le texte final qui nous est proposé ne contient plus, dans le considérant B, le mot de force d’occupation. Simplement, les traductions et, notamment, la traduction française n’a pas été correcte sur la dernière version, et la traduction française, jusqu’à ce matin, contenait toujours cette expression de force d’occupation, d’où l’intervention de mon collègue Juvin.

 
  
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  La Présidente. – Le débat est clos.

Le vote aura lieu demain.

Déclarations écrites (article 149)

 
  
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  Corina Creţu (S&D), par écrit. (RO) La stratégie présentée et approuvée à Lisbonne prévoit un transfert progressif de la responsabilité du contrôle de la zone, région par région, de la FIAS aux forces armées afghanes. Son succès dépend des agissements du Pakistan, qui est une partie du problème et constituera inévitablement aussi une partie de la solution. En outre, je pense que nous ne pouvons pas ignorer le rôle de plus en plus manifeste de l’Iran en Afghanistan. Les récents événements liés à cette influence de l’Iran suscitent des préoccupations.

Je pense que cette stratégie doit s’accompagner de projets civils plus vastes et retentissants en vue de soutenir le développement de ces régions où la pauvreté est omniprésente et où la présence des forces de la FIAS et des États-Unis n’a pas été à l’origine de changements fondamentaux. Lorsque nous partirons, nous ne pourrons pas laisser derrière nous les mêmes problèmes qui ont été à la base de la prise de pouvoir des talibans au cours de la dernière décennie. J’espère que cette nouvelle stratégie fonctionnera et permettra à l’Afghanistan de retrouver la paix et la stabilité.

 
  
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  Krzysztof Lisek (PPE), par écrit.(PL) La stratégie poursuivie jusqu’à présent en Afghanistan n’a pas abouti aux résultats escomptés. J’ai été ravi d’apprendre l’établissement d’un calendrier pour la participation de l’OTAN en Afghanistan ainsi que la signature d’une déclaration sur le partenariat à long terme avec ce pays lors du sommet de l’OTAN à Lisbonne. De son côté, l’UE présente également une approche plus cohérente et mieux coordonnée à l’égard de la région, une approche qui prend en considération des aspects civils et l’importance de la coopération régionale.

Nous devrions continuer à appuyer les réformes visant à combattre la pauvreté, la discrimination à l’égard des femmes et la production d’opium. Nos efforts doivent se concentrer sur le renforcement du respect des droits de l’homme et de l’ordre public, l’instauration d’un État de droit et l’intégration à part entière de l’Afghanistan au sein de la communauté internationale. Ils devraient également viser à bâtir et à réformer l’administration et la fonction publique au moyen de programmes de formation, et contribuer à la construction et à l’utilisation des infrastructures existantes et des conseils de l’UE.

L’Afghanistan devrait prendre part à la définition et à la mise en œuvre des priorités qui l’aideront à bâtir la société civile et à faire en sorte que les Afghans assument la responsabilité du pays. Parallèlement, nous devons veiller à garantir la sécurité de ceux que nous envoyons en Afghanistan - les formateurs et les membres des forces armées dont la mission est de contrôler la mise en œuvre de ces programmes. Nous sommes opposés à la suppression des avions commandés à distance, car cela compromettrait grandement la sécurité de ces personnes. Notre stratégie devrait tenir compte à la fois de la sécurité des citoyens d’Afghanistan et de nos représentants, qui travaillent au développement du pays.

 
  
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  Helmut Scholz (GUE/NGL), par écrit. – (DE) Le rapport relatif à une nouvelle stratégie pour l’Afghanistan dresse le tableau critique absolument nécessaire de la situation dans ce pays. Le rapport montre clairement que la stratégie de l’OTAN, qui consiste à résoudre par des moyens militaires des problèmes politiques et militaires complexes, a échoué. Il appelle donc explicitement la communauté internationale à mettre en place une nouvelle stratégie axée sur la reconstruction civile. Je me félicite que le Parlement européen, contrairement à de nombreux parlements nationaux dans les États membres, envoie le message clair, via ce rapport, qu’il convient de mettre un terme à ce conflit et qu’un changement de politique est nécessaire pour garantir le développement politique, économique et démocratique durable en Afghanistan. Nous devons appuyer le message fondamental de ce rapport. Toutefois, je ne suis pas d’accord avec le diagnostic selon lequel la stratégie pour l’Afghanistan adoptée lors du dernier sommet de l’OTAN produira des résultats positifs. J’appelle au retrait des troupes étrangères de l’Afghanistan. La mission de police de l’Union européenne en Afghanistan (EUPOL) a échoué et ne devrait pas être étendue ou développée. Les votes par appel nominal sur les paragraphes relatifs à certaines de ces questions m’ont permis d’exprimer mon désaccord avec ce rapport. Je déplore également que le rapport ne soit pas plus critique à l’égard de la tendance qui consiste à donner aux stratégies militaires une priorité plus élevée qu’à la reconstruction civile et qu’il n’accorde pas une attention suffisante à la situation des droits de l’homme, en particulier en ce qui concerne les femmes.

 
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