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Az ülések szó szerinti jegyzőkönyve
2013. február 6., Szerda - Strasbourg Lektorált változat

6. Monszef Marzuki, a Tunéziai Köztársaság elnökének beszéde
A felszólalásokról készült videofelvételek
Jegyzőkönyv
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  Der Präsident. − Meine sehr geehrten Damen und Herren, liebe Kolleginnen und Kollegen! Es ist mir eine große Ehre, den tunesischen Staatspräsidenten Moncef Marzouki im Europäischen Parlament in Straßburg begrüßen zu dürfen. Herzlich willkommen, Herr Staatspräsident!

(Beifall)

Während Sie hier zu uns gekommen sind, trauert zur gleichen Stunde Ihr Land um den Führer der Volksfront, Chokri Belaïd, der heute Morgen auf schreckliche Weise ermordet worden ist. Wir verurteilen dieses Attentat mit großem Nachdruck.

(Beifall)

Wir wissen, dass die tunesischen Behörden alles tun und die nötigen Maßnahmen ergreifen werden, um die Verantwortlichen vor Gericht zu bringen. Ein solches Verbrechen darf nicht ungesühnt bleiben. Ich möchte der Familie von Herrn Belaïd und dem tunesischen Volk unser Beileid aussprechen. Wir stehen in dieser schweren Stunde an Ihrer Seite, und ich appelliere an alle Bürgerinnen und Bürger Tunesiens, aufzustehen und einzustehen für die Demokratie, damit der Geist der Einheit und des Einvernehmens, der am 14. Januar 2011 zur Befreiung des Landes geführt hat, erhalten bleibt.

Herr Präsident, in Ihrer Person nehmen wir mit offenen Armen den Vertreter eines würdigen und mutigen Volkes in Empfang. Ihr Volk hat vor zwei Jahren einem der repressivsten und auch einem der korruptesten Regime der Welt auf friedlichem Wege ein Ende gesetzt.

Herr Präsident, mit Ihrer Präsenz hier in diesem Plenarsaal geben Sie uns die Gelegenheit, auch der Tunesierinnen und Tunesier zu gedenken, die für die Freiheit und die Würde mit ihrem Leben bezahlt haben, und schließlich, meine Damen und Herren, empfangen wir mit Herrn Staatspräsidenten, mit Ihnen, in dieser Stadt einen Mann, der sich als Arzt und als Exilant über 15 Jahre lang hier in Straßburg seinen Patienten gewidmet hat und unermüdlich für die Menschenrechte eingetreten ist.

Meine Damen und Herren, Herr Staatspräsident hat mir eben, während ich ihn in Empfang nehmen durfte, erzählt: „Ich habe als Bürger von Straßburg den Bau des alten Parlamentsgebäudes und den Bau des neuen Parlamentsgebäudes sehen können, als Nachbar, in einer anderen Straße hier, und es ist für mich ein Moment der Emotion“, so hat er gesagt, „dass ich als jemand, der 23 Jahre im Exil in der Nachbarschaft dieses Gebäudes gelebt hat, wo dieses Gebäude immer das Symbol für die Hoffnung war, dass es eines Tages zur Demokratie und Freiheit in meinem Land kommt, hier empfangen werde.“ Der Herr Staatspräsident hat mir gesagt, es sei für ihn persönlich ein großer emotionaler Augenblick, jetzt hier zu sein. Ich glaube, Herr Präsident, es ist auch für uns ein emotionaler Moment, Sie hier willkommen heißen zu dürfen.

(Beifall)

Ihr Volk hat die Fesseln der Willkür gesprengt und damit einen historischen Weg in Richtung Demokratie und Rechtsstaat eingeschlagen. Dieser Weg war weit und steinig, und er bleibt voller Herausforderungen. Er bleibt schwer und schmerzhaft. Ich bin allerdings nach wie vor davon überzeugt, dass es für Ihr Land keinen Weg zurück geben wird, sondern dass auf dem Weg zur Demokratie weiter vorangeschritten wird.

Ich war im Dezember Ihr Gast in Tunis. Ich war zum ersten Mal in Ihrem Land, und ich muss zugeben, dass ich voller Befangenheit da war, weil ich nicht wusste, wie ein Land in Transformation ist. Aber ich muss Ihnen sagen, der Mut, die Courage und der Aufbruch in Ihrem Land ist faszinierend.

Sie haben mir in freundschaftlichen und offenen Worten erklärt, dass es Ihre Rolle als Präsident sei, allen Tunesiern Zuversicht zu vermitteln. „Denjenigen, die für den Erhalt ihres Lebensstandards kämpfen, und denjenigen, die für die Verbesserung der Demokratie kämpfen, eine Hoffnung zu geben“, haben Sie mir gesagt, „ist die Aufgabe eines Staatspräsidenten.“ Dazu braucht ein Staatspräsident Unterstützung, und diese Unterstützung werden Sie hier in diesem Parlament ganz sicher finden.

Herzlich willkommen, Herr Staatspräsident!

(Beifall)

 
  
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  Moncef Marzouki, Président de la République tunisienne. Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députés, chers amis, de 1996 à 2001, la dictature m'avait interdit de quitter la Tunisie. Le Parlement européen y a répondu par ce document, "Le passeport de la liberté", remis à ma fille cadette en ce lieu en 2000.

Ce passeport symbolique a été parrainé par Hélène Flautre, Jean-Pierre Thierry, Michel Rocard, Astrid Thors, Gianfranco Dell'Alba, Daniel Cohn-Bendit, Daniel Ducarme, José María Mendiluce, Alain Lipietz, Fodé Sylla, Alima Thierry-Boumediene, Cecilia Malmström, Marie-Arlette Carlotti, Françoise Grossetête et François Zimeray.

Qu'il me soit permis de leur exprimer ma profonde gratitude et, par-delà mon cas et leurs personnes, la gratitude de tous les démocrates tunisiens et arabes qui ont toujours trouvé dans cette institution représentant les peuples de l'Europe un soutien sans équivoque.

(Applaudissements)

Mesdames et Messieurs, à la fin des années 90, j'avais écrit que, si le XVIIIe siècle a été le siècle des révolutions française et américaine, le XXe celui des révolutions russe et chinoise, le XXIe siècle sera le siècle de la révolution arabe. Ce n'était pas à force de lire dans le marc de café, mais dans le livre de l'Histoire. Les grandes nations ne se suicident pas, ne se laissent pas mourir. Au plus profond d'elles-mêmes, elles finissent, quand tout semble perdu, par retrouver l'énergie de rebondir. Plus long est le calvaire, plus profonde est la chute, plus forte est l'énergie qui va les propulser hors du trou où elles sont tombées.

Les révolutions arabes, inscrites dans une sorte de fatalité de l'Histoire, ont donc fini par arriver. La question fondamentale et légitime qui se pose à vous comme à tous les Européens est simple: ces révolutions sont-elles pour nous un bien ou un mal, une chance ou un danger? Pour comprendre les événements, les peuples, les êtres humains, voire les animaux ou même les choses, il faut une dose minimale d'empathie. Sans elle, ce que nous voyons se ferme au regard et se dérobe à l'entendement. Je ne demande pas simplement votre attention mais aussi votre empathie, Mesdames et Messieurs, sans laquelle il n'y a aucune chance que nous puissions communiquer et nous rencontrer.

Oui, les révolutions arabes peuvent poser à l'Europe de sérieux problèmes. On voit déjà se profiler les principaux. Il y a le risque de les voir dégénérer en désordres, en guerre civiles voire en guerres régionales, comme c'est déjà le cas en Syrie, avec tout l'impact que cela peut avoir sur la sécurité de l'Europe.

Le deuxième risque, nous l'avons vécu au lendemain de la chute de la dictature en Tunisie. Nos jeunes, profitant de l'effondrement de l'appareil sécuritaire et connaissant mal les difficultés économiques de l'Europe, se sont précipités sur les bateaux pour prendre d'assaut vos côtes dans l'espoir d'une vie immédiatement meilleure.

Il y a enfin la troisième menace: l'extrémisme islamiste armé, que nous appelons le salafisme djihadiste, qui pourrait retrouver une nouvelle vigueur à l'occasion de la poussée de fièvre que connaît cette région du monde. Menace mondiale dans le cas d'Al Qaïda, menace régionale comme dans le nord du Mali, à l'origine de la nécessaire intervention française, il est surtout une menace nationale dans chaque pays du printemps arabe, car c'est lui, et non les suppôts de l'ancien régime, qui constitue la partie la plus dangereuse de la contre-révolution. Et pour cause, la révolution démocratique lui a coupé l'herbe sous le pied et l'a frustré de ce qu'il croyait être sa chance historique d'hériter des dictatures déchues.

(Applaudissements)

Mesdames et Messieurs, le verre est aussi à moitié plein. Non, il n'y a rien à craindre des révolutions arabes, car ce ne sont pas des révolutions nationalistes ou xénophobes. Lors de leurs déclenchements, on n'a pas entendu les habituels slogans antioccidentaux ou anti-israéliens. Et pour cause, la liberté n'est plus arrachée à l'occupant étranger, mais à une dictature corrompue et brutale qui a fini par se constituer en véritable occupation interne. Les dernières manifestations violentes de salafistes djihadistes contre les ambassades occidentales, lors de cette lamentable histoire de la vidéo islamophobe, n'ont réuni que quelques centaines d'individus, sous le regard inquiet et désapprobateur de l'écrasante majorité.

Non, il n'y a vraiment rien à craindre des révolutions arabes, car ces révolutions sont d'abord et avant tout des révolutions sociales, se battant pour les mêmes droits sociaux et économiques qui ont été à l'origine de vos propres évolutions ou révolutions. Non, il n'y a rien à craindre des révolutions arabes, car ce sont des révolutions démocratiques.

Certes, les partis islamistes ont remporté des victoires électorales indéniables en Tunisie, en Libye, en Égypte. Mais n'est-ce pas la démocratie qui a amené une fraction importante de l'islamisme dans son camp? N'est-ce pas elle qui leur a imposé ses règles, son éthique et, en arrière-plan, sa vision du monde?

Non, ce n'est pas l'islamisme qui a triomphé dans le sillage du printemps arabe, qu'il pervertirait ou récupérerait, comme le craignent certains, ce ne sont pas les démocrates qui se sont "convertis" à cette idéologie politique appelée l'islamisme, mais ce sont bel et bien les tenants de cette doctrine – du moins la fraction modérée largement majoritaire dans le spectre islamiste tunisien – qui se sont convertis à la démocratie.

Sont-ils sincères ou manœuvrent-ils? Qui le dira mieux que le temps? Ils devront apprendre le jeu et le jouer selon les règles de la démocratie, sinon ils auront à réinstaller une dictature religieuse, que les Arabes liquideront comme ils ont liquidé celles à visage dit nationaliste ou dit socialiste.

(Applaudissements)

Quant à ceux qui parlent déjà de l'hiver islamiste succédant au printemps arabe, ils ne semblent pas connaître le nombre d'années, voire de décennies, qu'il a fallu à d'autres peuples pour retrouver un équilibre après une révolution.

Mesdames et Messieurs, pour ce qui est du devenir de ces révolutions, tout est en jeu, rien n'est encore joué. En Tunisie, mon pays, celui que je connais le mieux, nous sommes fiers d'avoir fait une révolution au plus faible coût humain possible. Je pense ici avec une grande émotion au calvaire du peuple syrien qui, lui, paie sa liberté au plus fort prix et qui a besoin plus que jamais du soutien humanitaire et politique de tous les peuples libres et surtout de l'Europe.

(Applaudissements)

Nous avons mis en place un gouvernement de coalition entre laïcs modérés et islamistes modérés, pour que les deux composantes, moderniste et traditionaliste, de notre peuple se retrouvent dans ceux qui conduisent leurs affaires.

Ce gouvernement fonctionne. Il a restauré un État qui avait cessé d'exister en 2011. Il a remis en marche la machine économique qui fait que la Tunisie est passée d'un taux de croissance de -1,8 % en 2011 à + 3,5 % en 2012. Certes, le gouvernement dysfonctionne du fait de tous les conflits personnels et politiques propres à toutes les coalitions, mais nous n'avons pas cependant de meilleur choix et il faudra bien s'en accommoder jusqu'aux prochaines élections, que nous voulons aussi proches que possible.

Nous rédigeons depuis des mois la constitution d'un État démocratique et civil, d'une société plurielle, avec les difficultés que vous imaginez, mais, là aussi, l'esprit du consensus l'emporte, et nous espérons nous mettre d'accord sur le texte dans les deux ou trois mois.

Nous sommes absolument déterminés à promouvoir et à défendre toutes les libertés, à protéger les acquis de la femme, mais on ne change pas les attitudes et les comportements de plus de cinquante ans en deux années.

Nous sommes déterminés à protéger le mode de vie des Tunisiens, de la Tunisie moderniste et à élever le niveau de vie de la Tunisie pauvre et oubliée, mais les défis socio-économiques sont colossaux, tant l'héritage de la dictature, soigneusement camouflé pendant plus de vingt ans, se révèle lourd.

Nous sommes absolument déterminés à continuer notre stratégie d'absorption de la fraction moderniste, modérée de l'islamisme – car elle existe, n'en déplaise aux idéologues qui ne voient ni la complexité, ni la dynamique de la chose politique – et tout aussi déterminés à faire face à sa fraction insoluble dans la démocratie, et ce par les moyens sécuritaires dans le cadre de la loi et du respect des droits de l'homme, mais surtout par le développement social, économique et culturel. Nous n'accepterons jamais que ce courant, l'équivalent de votre extrême droite, mette en danger notre modèle de société profondément arrimé à son héritage arabo-musulman mais résolument tourné vers la modernité. Nous ne le laisserons pas mettre en danger les acquis de la femme, les droits de l'homme ou la relation à l'Occident, que nous voulons pacifiée, amicale et basée sur le respect mutuel, et le partenariat profitable à nos deux communautés.

(Applaudissements)

Ce chemin, Mesdames et Messieurs, est semé d'embûches, de beaucoup d'embûches, car cette révolution pacifique compte de nombreux ennemis, qui sont décidés à la faire échouer. Une violence verbale orchestrée, des marabouts brûlés, pour dresser les musulmans contre les musulmans, et aujourd'hui, cet odieux assassinat d'un leader politique que je connais bien, qui a été pour moi un ami de longue date, Chokri Belaïd. Cet assassinat politique aujourd'hui même, alors que j'allais m'adresser à vous, c'est une menace, c'est une lettre envoyée, mais qui ne sera pas reçue. Nous refusons cette lettre, nous refusons ce message et nous continuerons, d'abord à démasquer les ennemis de la révolution...

(Applaudissements)

... et aussi à mener notre politique.

Tout ce processus de démocratisation de l'État et de la société, de mise en place d'un développement durable se révèle être donc plus difficile, plus complexe et surtout plus long que prévu, mais il avance.

Beaucoup de facteurs vont décider du sort de notre révolution et des révolutions arabes: la détermination des peuples ou leur découragement, la sagesse des hommes ou leur folie, cet effet papillon si difficile à identifier et à contrôler et qu'on désigne, à défaut d'autre vocable, sous les termes de chance ou de providence. Mais vous pouvez parier sur la Tunisie, qui est aujourd'hui le véritable laboratoire d'une grande transition ayant vocation de réussir.

Mesdames et Messieurs, nous avons beaucoup souffert en Tunisie de l'absence de l'état de droit national mais aussi de son absence sur le plan international. Face aux élections présidentielles organisées par le dictateur et gagnées sur l'éternel score de 99 %, nous, démocrates et militants des droits de l'homme, n'avions aucun recours pour demander l'invalidation de ces élections truquées. Pas de cour constitutionnelle nationale, pas de cour constitutionnelle internationale. D'où l'idée de cette dernière: une instance supranationale chargée de statuer à partir de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, des pactes et traités internationaux, sur la validité d'une élection et sur la conformité d'une constitution nationale avec les standards internationaux.

Cet organisme dont j'ai rêvé en intellectuel persécuté est aujourd'hui un projet ficelé qui a eu l'aval du sommet de l'Union africaine à Addis-Abeba la semaine dernière. Il a recueilli l'appui de plusieurs États sud-américains et je suis là pour vous demander, au nom de la Tunisie, de l'appuyer afin que l'état de droit sur le plan mondial continue d'avancer et la démocratie de se renforcer.

Mesdames et Messieurs, nous devons certes compter sur nous-mêmes, mais nous voulons aussi pouvoir compter sur l'Europe, surtout que pour la première fois dans notre histoire commune, nos intérêts et idéaux concordent.

Nous comprenons les difficultés de nos partenaires de la rive nord de notre mer commune mais, à moyen terme, nous sommes sûrs qu'investir et s'investir dans la consolidation de notre économie, c'est aussi consolider notre démocratie naissante et donc consolider la démocratie tout court.

Je voudrais ici remercier l'Allemagne pour avoir accepté de reconvertir une partie de notre dette – l'équivalent de 60 millions d'euros – en projets de développement. Nous espérons que nos autres partenaires, et notamment le premier d'entre eux, la France, fassent de même.

Mesdames et Messieurs, au-delà cet aspect strictement économique, il y a dans les relations entre nos deux mondes quelque chose de plus profond. Les astronomes identifient les galaxies et les groupements de galaxies. Nous pouvons identifier de la même façon des cultures et des groupes de cultures. Quelqu'un a dit à juste titre que l'Orient commençait quelque part à l'est de l'Iran. "Maghreb" signifie en arabe "occident", et dans un certain sens nous sommes des sud-occidentaux partageant avec les nord-occidentaux que vous êtes le même héritage grec, judéo-chrétien et musulman, une histoire douloureuse partagée, des croisades à la colonisation. Tout cela a tissé des relations complexes, mais puissantes, entre deux communautés.

On sait ce que l'Occident naissant doit à la culture arabo-musulmane. On sait aussi que la modernité de la culture arabo-musulmane est en grande partie l'appropriation de ce que l'Europe a créé de mieux dans le domaine des arts, de la culture, des sciences et de la politique. J'aimerais rappeler que les échanges humains ne sont enrichissants pour les uns et pour les autres, surtout s'ils se veulent pérennes, que dans l'égalité. Les trois cent millions d'Arabes ont promu plusieurs langues européennes qui font aujourd'hui partie intégrante de leur culture. Laissez-moi ici exprimer le vœu que l'Europe saura donner à la langue et la culture arabes une place injustement refusée dans le cadre des relations inégales qui seront de moins en moins acceptées par nos nouvelles générations.

(Applaudissements)

Mesdames et Messieurs, l'influence européenne sur le monde arabe est aussi idéologique et cela ne date pas d'aujourd'hui. Durant le vingtième siècle, tour à tour, l'Égypte, l'Irak ou la Libye se sont vus dans le rôle de la Prusse, Nasser, Saddam et Kadhafi se voyant être les Bismarck arabes. Ce modèle de l'unité arabe fondé sur la force des armes et le charisme d'un chef a fait faillite, et tant mieux pour les Arabes et le monde. Aujourd'hui, ce qui nous fait rêver c'est une union maghrébine, et plus tard arabe, sur le modèle de l'Union européenne, c'est-à-dire une union d'États démocratiques et de peuples libres, travaillant ensemble pour le bien de tous.

(Applaudissements)

L'Union européenne nous fascine aussi par ce qu'elle a réussi de plus remarquable, pour ne pas dire de miraculeux: la réconciliation franco-allemande. L'existence d'un tel miracle montre sa possibilité et aussi la possibilité de sa reproduction, malgré la rareté des miracles.

Laissez-moi ici vous demander de préparer la venue de cette paix que nous attendons tous au Proche-Orient.

Demandez à tous vos collègues israéliens, face au blocage actuel, gros de toutes les menaces futures sur la paix dans cette région et dans le monde, de réfléchir à une paix qui ne rime ni avec reddition, ni avec une longue trêve que chaque camp utilise pour fourbir ses armes en vue d'un nouveau round dans la guerre éternelle.

Demandez-leur de libérer Marwan Barghouti, parlementaire comme vous... (Applaudissements)

... et de le laisser venir en Tunisie récupérer une santé détruite par dix années de prison en isolement total.

Mesdames et Messieurs, j'ai commencé par un souvenir personnel, permettez-moi de terminer par un autre souvenir personnel.

Strasbourg est la ville où j'ai fait mes études, appris mon métier, la ville dont les habitants m'ont profondément marqué, par leur sens du travail, de la discipline et de la modestie, la ville où sont nées mes deux filles. C'est aussi la ville où se sont décidés les choix fondamentaux qui ont dirigé le reste de ma vie.

Jeune interne, au début des années 70, je me suis présenté devant l'un de mes maîtres les plus prestigieux de la faculté de médecine de Strasbourg, pour lui demander un sujet de thèse pour mon doctorat. Il me proposa de travailler sur la question de l'expérimentation humaine en médecine. J'ai tout de suite accepté, pas parce que le sujet m'intéressait, mais parce que je voulais me dire l'élève de Marc Klein. Ce que je ne savais pas, c'est que mon vénéré maître, parce qu'il était juif, avait été envoyé dans un camp de concentration, et parce qu'il était médecin, il avait été affecté à une unité d'expérimentation médicale sur les prisonniers.

La préparation de la thèse fut un voyage dans l'horreur, l'horreur d'une science sans conscience, l'horreur d'une nature humaine capable du pire, l'horreur de régimes politiques déments, l'horreur de la banalité du mal.

C'est lors de mes recherches que j'ai lu pour la première fois la déclaration universelle des droits de l'homme, et c'est là que tout a basculé.

Je ne pense pas que Marc Klein ait réalisé un instant l'impact qu'il allait exercer sur la vie de ce jeune interne étranger venu lui demander l'honneur d'être son élève, ni l'impact que cela allait avoir, par des voies mystérieuses, sur le destin de milliers d'autres hommes. Il était à mille lieues d'imaginer ce que son influence allait me coûter en termes de combats, de prison, d'exil, d'années de persécution, mais aussi en termes de combats, d'accomplissements et de victoires.

Parce que cette victoire, qui me permet d'être aujourd'hui ici, en ce haut lieu de la démocratie, de la paix et de la fraternité entre les peuples, d'y prendre la parole en homme libre parlant au nom d'un peuple libre, est aussi la sienne, permettez-moi de la lui dédier.

(Applaudissements)

Permettez-moi enfin de saluer par la même occasion Strasbourg, l'Alsace, l'amitié franco-tunisienne et l'amitié euro-arabe.

Je termine par le plus beau salut échangé entre les hommes: As-salâm

aleïkoum, Que la paix soit sur vous.

(L'Assemblée, debout, applaudit l'orateur)

 
  
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  Der Präsident. − Meine Damen und Herren, ich glaube, ich brauche den Worten des Präsidenten und Ihrem Beifall nichts hinzuzufügen. Aber ich habe gerade mit dem Herrn Staatspräsidenten vereinbart – weil ich während der Rede des Präsidenten eine Reihe von Bitten bekommen habe –, dass dieses Haus auch symbolisch über den Beifall hinaus dem Opfer und den Opfern eine Ehrung zuteil werden lässt, indem es am Ende dieser Sitzung eine Schweigeminute einlegt. Ich würde Sie bitten, sich von Ihren Plätzen zu erheben.

(Das Parlament legt eine Schweigeminute ein.)

Ich darf mich herzlich bei Ihnen bedanken. Ich danke dem Staatspräsidenten von Tunesien. Ich glaube, das war ein bewegender Moment.

Vive la Tunisie, vive la liberté et vive la démocratie, Monsieur le Président!

(Vifs applaudissements)

 
  
  

ΠΡΟΕΔΡΙΑ: ΑΝΝΥ ΠΟΔΗΜΑΤΑ
Αντιπρόεδρος

 
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